À la veille des vacances d’hiver, plusieurs centaines d’étudiants et d’étudiantes ont eu la bonne surprise de manger gratuitement au restaurant universitaire de la cité Paul Appell à l’Esplanade, jeudi 10 février. L’opération s’est passée de manière très simple : des étudiants qui avaient imaginé cette action ont annoncé aux caisses leur intention de laisser passer tout le monde, sans présenter la carte de paiement. Et le personnel du Crous n’a pas opposé de résistance.
L’action avait un double objectif. D’abord, interpeller sur la précarité étudiante en France. « En octobre, le repas est repassé de 1€ à 3,30€ pour les non-boursiers », fustige par exemple Louis, du syndicat Solidaires étudiants. Il pointe que l’inflation de ce début d’année touche les étudiants les plus fragiles, dont les faibles revenus restent identiques.
Fermeture le 31 mars
L’autre raison est beaucoup plus locale. Il s’agit d’alerter sur la situation des étudiants de la résidence Paul Appell. Trois bâtiments vont fermer le 31 mars pour une grande rénovation à 50 millions d’euros. Mais les habitants n’ont, pour l’instant, aucune information sur leur relogement.
C’est le cas de Lyna, étudiante en Histoire :
« En octobre, on a été informés de cette fermeture et on nous a demandé et si l’on voulait être relogés au même tarif, 175€ par mois, ou avec d’autres prestations supplémentaires, comme des sanitaires mais pour plus cher. La plupart des personnes voulaient rester au même loyer. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas où nous serons logés, ni à quel tarif. Le déménagement interviendrait en pleine période de révisions et d’examens avec tout le stress que ça génère. Un déménagement prend du temps et de l’argent. Pourquoi ne pas attendre l’été quand les chambres se vident ? »
Et encore, comme Lyna est en deuxième année, son bail renouvelé courait jusqu’à l’été. Mais pour les nouveaux arrivants, leur contrat n’est valable que jusqu’au 31 mars. Sans certitude pour la suite.
Une centaine d’étudiants sans bail après le 31 mars
Cette situation concerne « une centaine » d’étudiants selon Éléonore Schmitt, élue au conseil d’administration du Crous et présidente de la nouvelle association locale Alternative étudiants de Strasbourg (AES) :
« On a interpellé les pouvoirs publics sur le manque de logements Crous et notamment l’Eurométropole dont c’est la compétence pour des solutions d’urgence. On attend une réponse. L’une des possibilités est que les personnes de Paul Appell aillent à la Robertsau. Mais c’est aussi une résidence à problèmes, qui est plus éloignée du campus. »
« On est assez confiant sur le fait qu’il y ait des relogements mais ce que l’on dénonce particulièrement, c’est le manque de transparence », relativise Louis, de Solidaires Étudiants.
Dans le restaurant, des étudiants surpris
Dans le restaurant, une dizaine d’étudiants engagés expliquent à leurs homologues, qu’ils n’ont pas à badger leur carte Izly. Certains s’arrêtent pour écouter les raisons de cette gratuité soudaine. D’autres sont surpris. « C’est pas une fraude ou quoi si je passe ? », demande un étudiant étranger qui a besoin d’être rassuré.
Paulina, du syndicat Solidaires est satisfaite que l’action puisse se dérouler sur toute la durée du repas. Elle s’inquiète des évolutions du Crous à moyen terme :
« Notre crainte c’est qu’après les rénovations il n’y ait plus de logements à moins de 200€ à Strasbourg, alors que le parc privé est très cher. La rénovation est nécessaire mais ce n’est pas aux étudiants de payer ».
Le début de mouvement étudiant agrège une cinquantaine de personnes mobilisées dans plusieurs jeunes organisations dont la CGT-SELA (pour Syndicat étudiants Lycéens et apprentis) dont l’une des revendications est « des bourses plus élevées en nombre et en montant pour contrer l’inflation actuelle », explique Martin, l’un des membres.
La plupart des organisateurs souhaitent reproduire des actions similaires au retour des vacances scolaires.
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