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Sans ballon ni contact, la délicate reprise des clubs sportifs amateurs

La pratique des sports collectifs a repris lundi 22 juin. Mais les contraintes du protocole sanitaire rendent souvent impossible la tenue des entraînements.

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Sans ballon ni contact, la délicate reprise des clubs sportifs amateurs

Les passionnés de sport attendaient ce moment avec impatience. Lundi 22 juin, le gouvernement a autorisé la reprise des entraînements pour les sports collectifs. Mais tous les clubs amateurs n’ont pas les moyens de se conformer aux règles sanitaires. 

Sport collectif sans adversaire ni contact

« Hop, sans se toucher ! Contact in-ter-dit ! » martèle Jean-Michel Turin, entraîneur à l’ASPTT Strasbourg Handball. Les filles de l’équipe -18 (ans, ndlr) renouent enfin avec le jeu en salle. Depuis mars, elles ont dû se contenter de 23 séances de musculation à domicile, avec quelques gestes à travailler chez soi.

Mais pour la reprise en groupe, le guide des mesures sanitaires du gouvernement précise que « les disciplines collectives doivent se pratiquer sans contact, sans opposition et sans partage de ballon. » Chacune le sien, donc, impossible de se faire des passes ni de tirer au but. Toutes les 15 minutes, à chaque pause boisson, les coéquipières se lavent les mains au gel hydroalcoolique.

Sur le terrain, pas facile de respecter la distanciation physique (photo Alice Ferber / Rue89 Strasbourg)

Afin de contourner la limite de dix personnes, le groupe est séparé en deux, chacun son demi-terrain. Pour le coach Jean-Michel Turin, la situation exige de l’imagination :

« C’est très difficile d’intégrer toutes les préconisations sanitaires. Mais en tant qu’entraîneur, notre rôle est de s’adapter, d’imaginer des exercices spécifiques qui permettent quand même aux filles de travailler et d’entretenir la cohésion de groupe. »

Pour Léa et Camille, 14 ans, appliquer du gel hydroalcoolique toutes les 15 minutes est devenu une habitude (photo Alice Ferber / Rue89 Strasbourg)

La reprise sans contact est encore plus complexe pour les sports de combat. « Au taekwondo, on peut prendre nos distances », assure Fanny Simon, en charge de cette section à l’ASPTT. Les athlètes peuvent taper le pao, un coussin de frappe, tenu par un partenaire. « Seul le travail de la technique est compatible avec les règles sanitaires », poursuit l’entraîneuse, « pas les combats. » 

Pour éviter des difficultés financières, la plupart des 33 sections du club omnisports de l’ASPTT ont décidé de ne pas rembourser les adhésions. Mais pour ne pas délaisser ses 300 licenciés, Fanny Simon organise des séances en ligne : 

« Trente taekwondoïstes ont déjà réussi leur passage de grade (l’équivalent des ceintures au judo, ndlr). Ils filment leurs mouvements dans le vide, comme s’ils travaillaient avec quelqu’un d’imaginaire et nous les évaluons à distance. »

Des instructions gouvernementales imprécises

Pour les adeptes du football, la désillusion est palpable. « Jouer à 5 contre 5, ce n’est pas intéressant », regrette Nicolas Baumgartner. Le coach de l’équipe senior du SUC Strasbourg déplore un manque d’informations de la part du gouvernement : « On avait un guide jusqu’au 22 juin et maintenant que cette date est passée, plus rien. C’est le flou total ». La reprise des entraînements est envisagée fin août.

Au SUC Volley, le gymnase reste fermé mais les terrains de beach-volley, sur herbe et en plein air, offrent un peu d’oxygène au club. Pour le président Josselin Plot, difficile de concrétiser les directives pour ses 360 membres :

« Notre club sollicite des médecins afin de compléter le guide du gouvernement. Mieux vaut patienter et faire des mécontents plutôt que de prendre des risques inutiles. »

Les membres du SUC Volley Strasbourg s’entraînent en plein air (doc remis)

En utilisant une dizaine de terrains au lieu d’une quinzaine, tous les licenciés ne peuvent être accueillis. Même si le club n’enregistre aucune perte financière à ce jour, la prochaine saison préoccupe le président du SUC Volley. « Les subventions d’État ne cessent de baisser et les sponsors se montrent frileux », s’inquiète-t-il. En prévision de la prochaine saison, Josselin Plot fait appel aux dons des particuliers pour épauler le club.


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