Plusieurs banderoles et cartons ont décoré l’école Louise Scheppler pour le retour des élèves ce 1er septembre. « École en danger » ; « Ici on « sape comme jamais l’instruction » des enfants » ou encore « des classes à taille humaine, c’est-à-dire qui ne dépassent jamais 24 élèves », un propos d’Emmanuel Macron en 2019.
Après des signaux rassurants sur le nombre d’inscriptions depuis le printemps, les parents ont appris le week-end avant la rentrée 2020, que la reprise se ferait avec quatre classes, contre cinq les années précédentes. « Le maître arrivé l’an dernier est reparti. On a dû monter la mobilisation en urgence ce week-end », raconte sur le parvis Virgine Longchamps, trésorière de l’Association des Parents d’élèves de l’école Louise Scheppler (Apeels).
Sur le portail, quatre classes de 29 élèves sont accrochées, soit 116 enfants, sont affichées. Avec des mélanges curieux comme un cours double de « petits-grands », tandis que 13 autres « petits » sont mélangés dans une autre classe avec 16 « moyens ». Pour atteindre ce seuil de 29 écoliers par classe, on compte trois cours-double, contre un seul cours unique de 29 « petits ».
Proche du seuil de la cinquième classe
Le nombre d’inscrits est le cœur du sujet. Par le passé, il a été indiqué aux parents qu’à 118 élèves, la cinquième classe serait maintenue, soit 24 élèves par classe.
Virginie Longchamps constate que les effectifs sont un peu moindres qu’anticipés :
« On sait que certaines familles ont obtenu des dérogations, par exemple quand les plus grands sont à l’école Finkwiller ou Sainte-Aurélie, hier. À 29 par classe, on est au maximum. On espère que le Rectorat ne va pas jouer là-dessus. On sait que c’est une école avec des arrivées en cours d’année donc on risque de passer au-dessus. Ce ne sont pas des conditions pédagogiques idéales après une année tronquée. Les locaux et le matériel sont déjà là. »
Le cas atypique de cette école maternelle est documenté depuis quelques années (voir notre article). L’établissement n’est pas classé REP ou REP+ mais accueille un grand nombre d’élèves issus du Quartier Prioritaire de la Ville (QPV) de la Laiterie.
« L’éducation nationale se retranche derrière l’égalité de traitement. Mais c’est un quartier avec beaucoup de mixité, ce qui est génial, mais c’est aussi des enfants qui parlent peu le Français. Pour certains parents il y a une stratégie d’évitement », regrette Adrien Vuillemin, un parent d’élèves.
Selon l’association de parents d’élèves et certains syndicats, le cas Louise Scheppler, qui n’est pas rattachée à un groupe scolaire, mérite un peu souplesse dans l’application des seuils d’élèves.
Décision mercredi
Un inspecteur était attendu dans la matinée, notamment pour se rendre compte du nombre d’élèves réellement présents. Certains sont en effet listés « sous réserve ». En raison de cette visite, il n’y a pas eu de rentrée « échelonnée » entre mardi et jeudi comme initialement prévu. Virginie Longchamps aurait aimé échanger avec un fonctionnaire du Rectorat pour le sensibiliser. Mais personne ne s’est présenté comme tel entre 7h50 et 8h45. Les parents n’ont jamais obtenu de réponses écrites à leurs multiples courriers et mails depuis le printemps. Les informations circulent par interlocuteurs interposés, les élus, les syndicats ou les enseignants.
Le prochain Comité Technique spécial départemental (CTSD), qui décide des ouvertures de classe, se tiendra jeudi 3 septembre. Pour le SNUIPP, le secrétaire départemental adjoint du syndicat, François Schill, compte alerter l’administration sur cette situation singulière à Strasbourg.
La nouvelle élue de quartier, Marie-Dominque Dreyssé (EELV), s’est rendue sur place dans le cadre de sa tournée de rentrée des différentes écoles de son secteur. Comme ses concurrentes, la liste « Strasbourg écologiste et citoyenne » avait pris position dans l’entre-deux tours des élections municipales pour le maintien de cette cinquième classe.
En dehors de l’interpellation politique, la municipalité n’a pas de réel pouvoir sur le nombre de classes. Sauf à refuser des dérogations pour maintenir un certain nombre d’enfants inscrits, au-dessus des seuils du Rectorat. Dans son courrier aux parents d’élève, la tête de liste Jeanne Barseghian avait promis de « tout mettre en œuvre tout ce qui sera en notre pouvoir pour maintenir à la rentrée 2020 cette 5ème classe » et solliciter « immédiatement un rendez-vous des services du Rectorat ».
Le 29 avril, le binôme de conseillers départementaux du secteur, Éric Elkouby et Martine Jung (PS), avait demandé de son côté « l’annulation pure et simple de cette mesure discriminatoire pour tout un quartier » en notant qu’elle « s’inscrit dans le sens contraire de l’histoire qui vise à dédoubler les classes de l’école élémentaire ». Éric Elkoby a réitéré son soutien via un post Facebook.
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