Les Rencontres à tisser, c’est « vivre une expérience hors scène, dans un lieu improbable transformé en lieu de partage artistique toujours plus proche de chacune et chacun, pour ressentir la fragilité de nos existences et la beauté du monde. » Voilà comment Yoko Nguyen, directrice du Centre international de rencontres artistiques (Cira) installé à la Meinau, présente ce jeune festival de danse contemporaine.
Après une première édition au Port du Rhin en 2022, les Rencontres à tisser auront lieu au cœur du quartier de Koenigshoffen, dans la Maison des projets, les 7, 8 et 9 juillet. Pendant ces trois jours, des performances d’artistes aguerris, mais également de compagnies émergentes se succéderont avec en outre un projet participatif réalisé avec les habitants.
Partir à la rencontre d’un quartier et le mettre en lumière
Mélanger les publics est depuis toujours un des projets phares du Cira. Avec ce festival nomade qui part à la rencontre des quartiers, le Centre fait un pas de plus sur cette voie, explique Yoko Nguyen :
« Réaliser ce festival hors les murs nous permet de toucher un public qui ne côtoie pas forcément les lieux de culture et de leur donner à voir des créations de qualité. Pensées pour tous, les Rencontres à tisser sont entièrement gratuites et proposent aux habitants du quartier de participer à une collaboration avec un artiste reconnu. »
Samedi 8 juillet à 19h30, sera présenté le projet Dans la foule, mené par la compagnie Calabash avec des danseurs amateurs du quartier. Pour réaliser cette performance, une vingtaine d’habitants ont travaillé sur une chorégraphie de l’artiste Wayne Barbaste qui s’interroge sur la place de l’individu dans le collectif et la place de la société dans notre monde individualiste. Des rencontres, des ateliers et une projection ont également eu lieu en amont du festival pour impliquer au mieux les habitants.
Le quartier en lui-même – et plus particulièrement la Maison des projets, construite en 1901, aura également toute sa place dans les représentations, puisque deux demandes ont été faites à tous les artistes : penser leur performance « in situ », c’est-à-dire en intégrant entièrement le lieu dans la performance, avec le minimum d’ajouts techniques, et proposer un spectacle d’une trentaine de minutes. Une scène ouverte pour les associations du quartier sera organisée le dimanche à 13 h.
Des artistes issus de la diaspora pour danser le monde
Huit spectacles d’artistes confirmés seront proposés gratuitement cette année, portés notamment par des personnes issues de la diaspora. « Mettre en lumière ces artistes d’origine variées, c’est rappeler que nous sommes tous des citoyens du monde et que chacun a une histoire à partager », souligne Yoko Nguyen.
Née à Kobe, au Japon, Yumi Fujitani se produit en France depuis 1985 et se produira au festival vendredi 7 juillet à 20h30. Danseuse de buto, elle travaillera avec la couleur rouge et les différentes facettes du corps de la femme, parfois sorcière, chamade, femme-enfant ou femme sacrée. Le lendemain, Raji Michel, venu en France à l’âge de douze ans après une enfance au Maroc, présentera son spectacle à 20h15. Initialement formé aux techniques classiques et contemporaines, il partagera avec les spectateurs sa propre approche de la danse, devenue plus spirituelle et qu’il a lui-même nommé « Chorésophie », nom de sa performance.
Dimanche 9 juillet à partir de 14h30, Miradi Kanbumbi Koko et sa compagnie Mlit proposeront deux créations abordant le sujet de l’intégration quand on vient d’un autre pays. « Qu’est-ce que le regard de l’autre fait de nous ? Comment je dois m’intégrer, tout en me reconstruisant et en ayant hérité d’une autre culture ? Ce sont les questions auxquelles nous essayons de répondre dans Loin de la mer et Par-delà les chaînes de l’histoire », raconte Miradi Koko, qui donne également des cours de danse à Koenigsoffen.
Découvrir des compagnies émergentes
L’après-midi du samedi 8 juillet sera dédié aux Émergentes, un projet de soutien aux jeunes auteurs chorégraphiques de la région. Dans ce cadre, trois compagnies ont pu bénéficier de résidences dans les locaux du Cira, situé dans la Plaine des bouchers, pour préparer les performances qui seront présentées pendant le festival.
Parmi eux, la compagnie Métronome(s), qui présentera à 14h30 le spectacle Jeu de dames, dans lequel quatre danseuses manipuleront des toiles blanches pour, chacune à sa manière, « sortir du cadre ». Il a été co-créé Elsa Markou, plasticienne et scénographe :
« C’est une très belle opportunité pour nous, d’abord d’avoir un lieu où travailler notre spectacle, qui se trouve à la frontière entre le théâtre d’objet et la danse ; ensuite pour pouvoir en présenter un extrait lors du festival. C’est un temps important pendant lequel nous pourrons rencontrer le public, mais aussi d’autres professionnels. »
En plus des compagnies accueillies en résidence, une invitée surprise a été programmée. Il s’agit de Paola Gay, la lauréate nationale du concours national étudiant de « Danse avec ton Crous ». Mêlant la voix et le geste, elle questionne dans sa performance les manières d’exprimer « le monde désordonné qui est dans (sa) tête ». Pour la directrice du Cira, Yoko Nguyen, « Il était important de proposer un espace d’expression pour les compagnies émergentes d’Alsace. À Strasbourg, on manque encore beaucoup de scènes intermédiaires pour la danse, entre les amateurs et les professionnels confirmés. » Ce week-end sera donc l’occasion de découvrir dans un décor singulier des artistes de tous niveaux.
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