Mise à jour, lundi 07 décembre à 12h21 : Lundi 7 décembre dans une déclaration commune à la mi-journée, le député et président du groupe socialiste à Strasbourg Philippe Bies, le sénateur et maire d’Illkirch, ancien président de la CUS, Jacques Bigot, le président de l’Eurométropole Robert Herrmann, le maire de Strasbourg Roland Ries et Matthieu Cahn, adjoint au maire et ancien secrétaire fédéral du PS 67 appellent au retrait de la liste conduite par Jean-Pierre Masseret :
« Nous faisons le constat que Philippe Richert n’a pas su ou pas voulu engager une dynamique républicaine de regroupement des listes LR-PS-EELV. Il en porte la responsabilité. Malgré les déclarations politiciennes du président des Républicains, Nicolas Sarkozy, et pour faire barrage au Front National, nous appelons aujourd’hui au retrait immédiat de la liste conduite par Jean Pierre Masseret.«
À l’annonce des résultats, Roland Ries était solennel. Peu après 20h, le maire PS de Strasbourg demande dans un bref message sur sa page Facebook « à tout mettre en œuvre » pour que le FN ne dirige pas la future grande région.
Plus tard dans la soirée, il souhaite, lors d’une plus longue allocution un retrait pur et simple de la liste conduite par Jean-Pierre Masseret (PS) :
« Ce qui se passe ce soir est grave. Les conséquences potentielles sont lourdes. Je n’ai pas envie d’avoir Florian Philippot comme président de Région. Sur des questions comme les relations européennes, l’accueil des réfugiés ou la culture nous n’avons aucune perspective. Ce serait une blessure pour Strasbourg. Dans ces conditions, il faut hiérarchiser nos priorités. J’ai des désaccords avec Philippe Richert mais nous partageons les valeurs de la République. Après en avoir discuté avec Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, Philippe Richert et Jean-Pierre Masseret qui reste sur ses positions, j’appelle au retrait de la liste socialiste et au vote contre l’extrême-droite. »
Pendant ce temps, Jean-Pierre Masseret répète à toutes les radios et télévisions que son devoir est « de faire exister la gauche », quand bien même elle serait réduite à une petite opposition d’élus qui en dehors de leurs prises de parole ne pourront infléchir la politique du FN, peu disposé à s’ouvrir aux autres formations.
À Strasbourg, tout le monde ne partage pas la position du maire, notamment dans l’entourage de la tête de liste bas-rhinoise Pernelle Richardot, adjointe au maire à Strasbourg, qui précise « ne pas avoir été contactée » par le maire lors de sa décision.
Le député Philippe Bies, président du groupe socialiste à la Ville de Strasbourg, a par exemple fustigé l’attitude de Philippe Richert (« Les Républicains » ; UDI ; Modem) qui prétend qu’il est trop compliqué de fusionner des listes en deux jours.
https://twitter.com/PhilippeBIES/status/673621476612927488.
Catherine Trautmann opposée au retrait
Même Catherine Trautmann, pour qui Pernelle Richardot a travaillé comme attachée parlementaire, défendait sur France 3 Alsace la campagne et les positions de Jean-Pierre Masseret. Pour l’ancienne maire de Strasbourg, qui menait les cortèges de manifestants contre la tenue du congrès FN à Strasbourg en 1997, il ne peut y avoir de retrait des listes et plus d’élus socialistes dans les futures régions.
Pour Pernelle Richardot, la priorité est une fusion, dont les contours restent à définir :
« Il n’y a pas de position ferme. Nous vivons un tsunami politique qui touche toutes les formations politiques dites traditionnelles. Le bipartisme est terminé. Nous sommes pour un barrage au Front national. Florian Philippot qui explique aux frontaliers qu’ils trahissent la France est hors-sujet. Un retrait n’assure pas mathématiquement un barrage. Avec cette nouvelle région nous devons imaginer une nouvelle gouvernance comme une coalition démocrate. Elle ne se construira pas sur le mépris de la gauche. Les 50% d’abstentionnistes doivent se positionner, c’est un enjeu de société pour l’avenir. Veut-on d’un modèle basé sur le rejet de l’autre ou quelque chose de démocratique ? À nous d’imaginer un modèle où nos élus pourraient gouverner ou être dans l’opposition. La situation rebat les cartes. »
Reste à s’assurer que tous les colistiers soient sur cette ligne. Car au sein du PS, on est divisé sur le risque de vivre six années dans une région gérée par le FN, celui de disparaître de l’échiquier politique, voire les deux. « J’ai davantage de messages qui me demandent de maintenir la liste », soutient la candidate.
Évolution des scores en pourcentage à Strasbourg
Côté Europe Écologie Les Verts (EELV), qui avec 6,7% peut fusionner sa liste mais pas la maintenir seule, un bureau politique régional se tenait aussi dans la nuit. Il semble déjà clair que la seule fusion possible soit dans le cadre d’une « coalition républicaine », c’est-à-dire que Philippe Richert ouvre sa liste à quelques candidats PS comme EELV. Se rassembler juste avec le PS et accroître les chances du FN n’est pas d’actualité.
Le FN troisième à Strasbourg mais se rapproche du PS
Les résultats strasbourgeois tranchent avec le reste de la grande région et même de l’Alsace. Alors que droite et gauche étaient au coude à coude aux départementales en mars (212 voix d’écart). La droite l’emporte largement avec 31,78% contre 22,2 %. Le FN n’arrive qu’en troisième position (18,73%). Europe Écologie Les Verts est aussi quatrième, mais avec 12%. Parmi les plus petits scores, le Front de gauche dépasse les 5% là où Debout la France est plus faible qu’ailleurs.
Évolution des voix à Strasbourg sur les 4 dernières élections
Une analyse des scores des dernières élections montre que seul le FN gagne des voix aux quatre dernières élections, même s’il ne gagne que 610 voix par rapport aux départementales du mois du mars. Mais comme l’abstention progresse (56,50% hier), il monte mécaniquement dans les scores.
EELV s’affirme
À gauche, le rapport de force évolue en faveur des écologistes, puisqu’en gagnant 1 000 voix par rapport au premier tour des municipales, l’allié du PS compte pour 35% des voix de la majorité contre 21% auparavant, d’un ensemble qui perd 7 000 voix au total. Côté PS on fait valoir que l’addition des forces des deux partis de la majorité reste supérieur à celui de la droite.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Régionales : après la poussée du FN en ALCA, intense pression sur Masseret
Sur Rue89 Strasbourg : la carte des résultats par région, par département et par commune
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur les régionales
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