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Comment la Région Grand Est prévoit de dépenser 2,8 milliards d’euros

Philippe Richert a présenté les orientations pour le premier budget de la Région Grand Est, 2,8 milliards d’euros. Son objectif est de réduire le déficit, tout en préservant une large part à l’investissement et en développant les transports ferroviaires.

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Les ascenseurs du conseil régional (Photo JPDelPhoto / FlickR / cc)

Officiellement, le tout premier budget de la Région Grand Est, née en janvier de la fusion de l’Alsace, de la Lorraine et de Champagne-Ardenne, doit prioriser quatre axes : « l’emploi, la jeunesse, l’attractivité et l’action en faveur des territoires. » C’est finalement tout ce qu’on attend d’une région, sorte de super collectivité qui va désormais de Givet à Saint-Louis et qui sert de tampon entre l’État, les entreprises, les collectivités locales et les Français.

Mis bout à bout, les budgets des trois anciennes régions culminent à 2,8 milliards d’euros, un chiffre impressionnant mais pas suffisant pour mener à bien toutes les missions confiées aux nouvelles région, selon le président du Grand Est, Philippe Richert (Les Républicains) qui a présenté jeudi ses orientations pour 2017.

 

Ainsi la Région prévoit d’injecter 965 millions d’euros dans les « territoires », c’est à dire les transports (trains et bus) ainsi qu’un vaste plan de développement des réseaux numériques devant déboucher sur la création de 900 000 prises en Lorraine et Champagne-Ardenne. La formation, le soutien aux entreprises et à l’agriculture dépensera 461 millions d’euros tandis que les lycées et l’apprentissage recevront 512 millions d’euros.

Chaque année, l’endettement des anciennes collectivités a progressé. Au 1er janvier 2016, la dette totale de la Région Grand Est était de 2,3 milliards d’euros. Et elle devrait augmenter d’au moins 50 millions d’euros en 2017.

 

Philippe Richert veut plus de sous !

Philippe Richert précise ses ambitions :

« Nous voulons garder un fort niveau d’investissement, à hauteur de 800 millions d’euros. Pour ça, nous devons bien entendu maîtriser nos dépenses de fonctionnement. Mais l’État nous a retiré chaque année 40 millions d’euros de notre dotation de fonctionnement, tout en nous transférant de nouvelles compétences. Tout l’enjeu de notre négociation avec le gouvernement a été de leur faire admettre qu’ils nous devaient de l’argent. Maintenant qu’on en est là, on espère que le gouvernement autorisera le transfert d’une partie de la TVA, dès 2017, vers les régions. »

Également président de l’Association des régions de France, Philippe Richert n’a pas lâché le gouvernement pour qu’il octroie aux nouvelles grandes régions des recettes supplémentaires de fonctionnement. Après l’idée d’une nouvelle taxe sur les entreprises, qui a failli prendre le nom de taxe Richert ce qui l’aurait assurément comblé de bonheur, le gouvernement a finalement opté pour une fraction de TVA, directement transférées aux régions.

Les ascenseurs du conseil régional (Photo JPDelPhoto / FlickR / cc)
Les ascenseurs du conseil régional (Photo JPDelPhoto / FlickR / cc)

Dans l’idée du gouvernement, allouer des recettes dynamiques aux régions, en hausse, à la place d’une dotation de fonctionnement, en baisse, les affranchira de la tutelle de l’État. Philippe Richert y est favorable mais il aimerait que le gouvernement organise ce transfert dès 2017, en non pas pour 2018 comme il l’envisage aujourd’hui. « Ce gouvernement n’est pas certain d’être reconduit », indique pudiquement Philippe Richert.

Au final, Philippe Richert espère recevoir de l’État environ 600 millions de recettes, contre 402 actuellement. Les autres ressources de la région proviennent d’une part de la cotisation sur les valeurs ajoutées des entreprises (CVAE), qui devrait passer de 25 à 50%, de la taxe sur les immatriculations (dont la Région espère 165 M€ et qui sera harmonisée à 42€ par cheval vapeur en 2019, là où elle était de 35€ / ch en Alsace), et la taxe intérieure sur les produits énergétiques (TICPE).

Rudes négos avec la SNCF et l’État

La principale dépense de la Région sera la contribution versée à la SNCF pour les trains express régionaux (TER). Elle a été stabilisée à 431 millions d’euros pour 2017 mais, claironne Philippe Richert, pour la circulation de 1 700 trains contre 1 500 l’an dernier. Les négociations avec la SNCF se sont tendues récemment, Philippe Richert goûtant peu les suppressions de trains décidées par l’opérateur face aux pénuries de conducteurs.

La part d’autofinancement des TER est de 33% en Alsace contre 25% en Lorraine et en Champagne-Ardenne. L’objectif de Philippe Richert est de parvenir à ce que tous les TER du Grand Est s’autofinancent au même niveaux que les trains alsaciens.

Le budget transports devrait progresser en 2017 puisque Philippe Richert a demandé à l’État de transférer à la Région quatre lignes Intercités : Reims – Dijon, Hirson – Metz, Bâle – Luxembourg et Paris – Troyes – Mulhouse. Ces lignes perdent 45 M€ par an mais Philippe Richert pense qu’il fera mieux, grâce à une aide de l’État d’une part, 13 M€ par an, à de nouvelles motrices, 19 Régiolis de dernière génération, également payées par l’État et à l’intégration de ces lignes dans le réseau régional. Ce transfert devrait être acté dans les prochaines semaines, Philippe Richert vise l’équilibre de ces lignes en trois ans.

Le vaste chantier de la convergence

Réunir les trois anciennes collectivités, aux pratiques et aux traditions différentes, en une seule n’a pas été aisé, confesse Philippe Richert. Les fonctionnaires de la Région ont dû s’habituer aux réunions par visio-conférences, aux conversations téléphoniques à plusieurs, il y a même un service d’auto-partage interne, qui a encore besoin d’être développé. Mais, assure le président du Grand Est, « on en voit la fin ».

L’opposition socialiste accuse Philippe Richert de centralisme et d’autoritarisme, les syndicats font remonter des critiques similaires. Mais pour le président, pas question de changer ses méthodes appliquées alors qu’il était aux commandes de la Région Alsace :

« C’est vrai, je relis et je signe personnellement tous les courriers qui partent à mon nom, quand je connais le destinataire, je rajoute un petit mot. Je relis et paraphe tous les rapports. Et je me déplace beaucoup aussi parce que je pense qu’il est nécessaire d’incarner la grande région, qu’on accuse d’être lointaine. »

Philippe Richert assure ne pas avoir trouvé de dossiers vérolés dans les placards de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne. Il a néanmoins revu le plan d’investissements prévu pour l’Université de Reims, dont la Région devait financer 60%. L’enveloppe globale a été réduite de 200 à 80 millions d’euros.


#budget 2017

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