Vincent Greff, Mathieu Souhil et Marc Arenz, âgés de 22 à 23 ans, finissent leurs études spécialisées en ingénierie des polymères. Ensemble, ils comptent créer la société Your Upgraded Plastic ! (YUP!). Elle aura pour but de produire des filaments en plastique recyclés utilisables par les imprimantes 3D.
Ils comptent faire fondre de l’acide polylactique (PLA), un plastique, notamment utilisé dans l’emballage alimentaire. Mais leur projet permettra de réutiliser également des plastiques à base de polypropylène (PP), de polyéthylène (PE) et de polytéréphtalate d’éthylène (PET). Dans un second temps, l’équipe envisage de recycler du polystyrène.
Qui a du plastique en trop ?
Pour fournir la matière première, Marc, Vincent et Mathieu cherchent des entreprises ou des associations en Alsace qui voudraient se débarrasser de leurs déchets plastiques. Ils ont besoin de 150 kg de plastique par mois pour équilibrer les frais de production. Par exemple, 50 kg de PLA, 50 kg de PET, 50 kg de PE, selon leurs sources d’approvisionnement.
Pour s’approvisionner, YUP! vise les chutes et les erreurs de production, quand un produit n’est pas conforme par exemple. Les trois ingénieurs de formation souhaitent également récupérer les chutes issues des imprimeurs 3D et d’ordinaire jetées. Autre source potentielle : des emballages déjà utilisés. Les trois entrepreneurs pensent pouvoir récupérer gratuitement ces matériaux. Mathieu ajoute :
« Nous ciblons globalement les entités qui génèrent du plastique dans la région. Nous revaloriserons des produits plastiques qui ont déjà rempli leur première fonction. Ainsi, nous souhaitons favoriser l’économie circulaire car nous contrôlerons toute la chaîne de valeur. C’est ce qui est innovant. Nous récupérons les déchets, nous les trions puis nous les transformons en filaments pour les bobines. »
Mathieu, membre de Your Upgraded project ! (YUP!)
Une extrudeuse, une machine qu’ils ont appris à manier à l’école, permet ensuite de fondre les matériaux plastiques pour les transformer en filaments. Ces derniers sont assemblés en bobines rigides et utilisés pour imprimer en 3D.
Pendant la transformation du plastique, Mathieu explique qu’il y a moins de 1% de pertes : « Tout ce qui rentre dans l’extrudeuse ressort en filament. Donc il n’y a quasiment pas de pertes dans le processus ».
Devenir une start-up et trouver des investisseurs
Pour débuter ce projet, les futurs fondateurs doivent lever environ 200 000€ de fonds. Cette somme servira en grande partie à financer une extrudeuse performante et des machines comme un broyeur.
À la recherche d’investisseurs, les jeunes ont décidé de candidater pour rejoindre le Semia, un incubateur de start-up à Strasbourg financé par la Région Grand Est. Ils présenteront leur projet en septembre. S’ils sont sélectionnés, ils suivront une formation de trois mois avant d’être présentés à des investisseurs.
Un cycle écologique pour l’impression 3D
Côté clients, la start-up visera des entreprises qui commercialisent les imprimantes 3D et leurs recharges de filaments. Grâce à un sondage, Mathieu, Vincent et Marc ont constaté, notamment pendant la crise sanitaire, que des imprimeurs 3D de Strasbourg s’intéressaient également à l’aspect écologique que présentent ces bobines. Ils précisent :
« Nous voulons vendre directement aux makers, spécialisés dans le service d’impression 3D. Nous avons remarqué que les écoles d’art utilisaient aussi ces imprimantes. Elles demeurent des clients potentiels. Ce qui pousse les utilisateurs de bobines de filaments plastiques à s’intéresser à nos futurs produits, c’est l’enjeu écologique. Le plastique est un polluant, s’il est recyclé localement, il devient plus responsable. »
Selon leur étude de marché, il n’existe en France qu’une seule autre entreprise de production de filaments en plastique recyclé, à Nantes.
Sur le marché actuel, une bobine d’un kilogramme de filaments en plastique pour imprimante 3D coûte entre 20 et 70€. La gamme varie selon l’utilisation prévue du produit, sa résistance à l’eau ou à la chaleur. Mathieu précise les prix que la future start-up envisage :
« Selon nos prévisions, une bobine de fil recyclé coûtera entre 30€ et 50€ le kilogramme. Mais les prix varient en fonction de la matière. Par exemple, un plastique qui nécessite une résistance importante à la lumière du soleil coûtera plus cher qu’un plastique prévu pour faire des produits décoratifs, comme des figurines. Les prix varient aussi en fonction de la l’importance de la commande. »
Mathieu, membre de Your Upgraded project ! (YUP!)
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