« Même si on a été licenciés, pour passer à autre chose, il faut que la direction arrête de nous mettre des bâtons dans les roues ». Amar Ladraa, ancien délégué syndical de l’entreprise de cloisons amovibles basée à Illkirch-Graffenstaden, et responsable régional de la CGT Métallurgie, n’a rien perdu de sa verve et de son énergie. Il parle au nom des 126 salariés licenciés le 3 octobre après avoir mené une grève pendant plus de trois mois. Jeudi 22 février, à midi, la CGT Clestra et la CGT Métallurgie organisent à un rassemblement, devant l’usine Mobidecor (la filiale du groupe Jestia, qui avait racheté Clestra et où ont été transférés les actifs), au Port du Rhin à Strasbourg.
Rétention de documents administratifs
Alors que plus de 80 anciens salariés ont lancé une procédure devant le conseil des prud’hommes contre le groupe Jestia, Amar Ladraa explique les difficultés qu’ont les ouvriers pour reprendre une vie « normale » :
« Nous avons besoin de documents administratifs, notamment pour Pôle emploi : des certificats, des feuilles de paie, etc. Mais la direction refuse de nous les fournir. Or, pour certains d’entre nous qui y avons bossé pendant 30 ou 40 ans, sans ces documents, c’est compliqué de faire valoir les droits aux allocations chômage. »
De même, les salariés licenciés auraient dû recevoir une prime d’intéressement selon Amar Ladraa, d’environ 600€ par personne :
« L’organisme qui doit nous fournir cet argent doit passer par la direction, pour avoir notre taux de présence, nos horaires etc. Mais là encore, comme la direction refuse de donner quoi que ce soit, on est bloqué. Ça fait six mois qu’on attend. »
Une quinzaine de salariés ont repris le travail chez Mobidecor
Autre raison de la mobilisation, l’appel du pied fait par la nouvelle direction de Mobidecor aux anciens de Clestra. « Ils appellent les salariés licenciés, pour leur proposer de travailler dans la nouvelle usine ». Très bien mais Amar Ladraa dénonce que les conditions proposées par Mobidecor sont bien moins bonnes qu’à Clestra. C’est exactement ce qu’on disait dès le début du conflit en juillet : l’usine ne peut pas tourner sans nous ». Aujourd’hui, l’effectif de la nouvelle usine est de 50 salariés, un effectif qui semble insuffisant selon le syndicaliste :
« Ils tentent de proposer des nouveaux contrats avec des salariés qui ne bossent plus aux 35 heures, ne sont plus payés pendant leur pause, ne sont plus dans la convention métallurgie mais ameublement – qui est beaucoup moins bonne, il n’y a pas de prime d’ancienneté… Il n’y a plus de syndicat non plus. Bref, c’est du grand n’importe quoi. »
Selon un pointage d’Amar Ladraa, une quinzaine d’anciens salariés de Clestra ont pris le chemin de l’usine Mobidecor, sur les 126 ouvriers licenciés. La direction de Jestia n’a pas été contactée pour réagir à cet article.
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