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Le Racing en Ligue 2, ça change quoi pour le supporter ?

Le Racing est en deuxième division après six ans dans les étages inférieurs. C’est heureux. Qu’est-ce que ça change pour le supporter ?

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Guess who's back : le Racing !

Ca y est. On y est. Le Racing a rejoué dans une division professionnelle le 29 Juillet. La fois précédente, c’était le 14 Mai 2010 et cette sinistre défaite 1-2 à Chateauroux. On ne va pas vous faire la liste des recrues, le bilan sur le budget, etc. De nombreux sites s’en sont chargés, et l’ont très bien fait, et on n’y comprend rien. Regardons plutôt les changements que cette montée implique dans la vie de supporter.

Des tarifs « professionnels »

Là, le changement est clair : division professionnelle, tarifs professionnels. Il va falloir faire tomber des ronds.

On sent qu’on change de dimension. Le club a visiblement misé sur l’engouement populaire. Ailleurs, on écrirait qu’il a décidé de surfer sur la vague de l’euphorie de la glorieuse montée acquise la saison dernière. Les tarifs augmentent dans toutes les tribunes, sauf celles qui sont désormais inaccessibles à l’abonnement : les quart-de-virages et les populaires, réservées aux tickets « au match ». De plus, le transfert du Kop du Quart-de-Virage Nord-Ouest à la Ouest Haute pourrait induire quelques frictions avec les anciens abonnés de la tribune, au départ.

L’abonnement le plus abordable est en Ouest Haute, où le Kop se déplace, donc, afin, lui aussi, de tenter de fédérer plus de supporters que ce que le bon vieux quart-de-virage nord-ouest est capable. L’afflux des suiveurs de la victoire en fin de saison dernière a clairement souligné les limites du quart en terme de capacité. Lorsque tout va bien, bien sûr… On ne sait pas encore quelle sera la réaction des habitués de la Ouest Haute qui vont voir débarquer une foule chamarrée et facilement vociférante. Sans parler du fait qu’il s’agira d’être debout afin de s’époumoner plus efficacement. Et puis le football, ça se vit debout de toute façon. On espère que le club a prévu des compensations pour ceux qui ne se sentent pas de vivre ainsi le football et qui sont habitués à leur siège depuis des saisons.

Guess who's back : le Racing !
Guess who’s back ! (JPDarky / Capture d’écran / CC)

Il est assez triste, bien que absolument pas surprenant, qu’aucun geste n’a été pensé pour ceux qui soutiennent le club depuis de très longues années, y compris depuis le CFA2, ceux qui ont objectivement participé à la sauvegarde et la reconstruction du club, au delà d’une attitude consumériste de base. Un geste pour ceux pouvant exhiber leurs « cartes d’abo 2011/2012 » et suivantes n’aurait pas fait une jolie séquence sur Canal+ mais aurait montré une certaine reconnaissance au moment de basculer complètement dans le monde insipide, sans valeurs humaines ni convivialité du professionnalisme.

Après cette tribune à 149€ on passe directement à 279€ en Nord, pour grimper jusqu’à « à partir » de 499€ en Sud. La tribune Est devient une tribune « Famille », avec mascotte, jeux et autres clowneries, parce que le foot ne se suffit pas à lui même, évidemment. Le stade est grand, il y a de la place pour tout le monde. On a clairement pas la même passion, mais on achète les mêmes maillots.

Dans la comparaison faite par France Bleu des tarifs d’abo par club, le Racing est déjà promu, puisqu’il est deuxième. Et ça, ce n’est qu’en tenant compte de l’abonnement le moins cher. Vu le grand écart avec le tarif suivant, il n’est pas impossible que le Racing ait décroché un titre de champion avant même de démarrer la saison. Chapeau. Cependant, et malgré son age, il faut bien admettre que la Meinau, stade mythique, offre des prestations et un confort bien au dessus de la grande majorité des stades de l’ex-D2. L’exemple (peut-être extrême) du grotesque stade Marcel Verchère où le Racing a évolué vendredi dernier montre l’écart abyssal entre les différentes enceintes de Ligue 2.

Quoi qu’on pense de cette politique tarifaire, les faits donnent raison à la direction. Le club annonce que la barre des 5 000 abonnements a été franchie, alors que la campagne complète la saison dernière avait conduit 4 700 fidèles à prendre le sésame pour la saison. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud, tel semble être le parti-pris choisi. Et ça marche.

Grand retour sur le site de L’Équipe

Là aussi, le changement est grand. Non seulement le passionné peut retrouver la Ligue 2 sur le site de l’Equipe directement dans la barre de navigation principale. Plus besoin, comme au temps du National, de fouiner dans les recoins obscurs, entre le water polo et le tchouk-ball transgenre. Mais, en plus, les médias courants couvrent la L2 chaque semaine. De France Info aux chaînes d’information télévisées en continu, les infos de base qui suffisent en général au suiveur lambda (agagné ? apasgagné ?) sont aisément accessibles. Même si aller sur le Racingstub ou Foot-National n’est pas très compliqué; en ces temps de nivellement par le bas, où même évoquer un schéma tactique est considéré comme trop abscons dans des émissions radiophoniques de football sur des chaînes nationales de grande écoute, pouvoir entendre les résultats déclamés par Matteu Maestracci sur les ondes, ça a de la gueule.

En ce qui concerne l’offre télévisuelle, BeIn Sports semble mettre le paquet. Il est possible de suivre tous les matchs du Racing (ou de Tours) sur les chaînes dédiées BeIn Max. Et aussi, pour les nostalgiques du « But à Laval ! », de suivre un multiplex le vendredi soir sur BeIn Sport 1. Le commentaire est assez amateur, ce qui peut agacer ou attendrir, selon l’humeur. On aura bien rigolé en entendant le speaker parler à un ami imaginaire, au micro probablement coupé, qui ne lui répondait jamais pendant la rencontre de vendredi dernier. Sans parler des commentaires sur les supporters burgiens pendant que l’unique caméra filmait les supporters strasbourgeois qui ont littéralement mis le feu au stade Marcel Verchère.

Séquences cultes à « No Comment »

La caméra fixe sur le groupe strasbourgeois pendant la mi-temps, sans commentaires, dans une séquence qui n’est pas sans rappeler le culte « no comment » de Euronews permet de voir les strasbourgeois en déplacement en train de téléphoner, de se gratter le nez, discuter ou boire une bière pépère au soleil. Ca évite les tunnels de pubs et de commentaires insipides en plateau. Pour peu que l’écran soit grand et qu’on ajoute les odeurs de clopes et bière soi même à la maison, on peut rêver y être.

Evidemment, comme tout n’est jamais parfait, il reste un match décalé le samedi après-midi et un le … lundi soir, afin d’assouvir on ne sait quel désir de football de début de semaine. Si tu aimes être assis chez toi, entre un abo « à partir de » 249€ et un abo mensuel BeIn Sports à 13€, soit la saison à 130€, ça peut faire hésiter. Sauf que le Racing, c’est au stade que ça se vit. Mais enfin pourquoi pas.

Jusqu’à maintenant nous bénéficions du travail de passionnés acharnés, Karim et Mediasoc, puis Karim tout seul. Les compères filmaient les rencontres depuis le CFA2 et mettaient à disposition les résumés, indépendemment, ou plus tard, via la LAFA. Il y avait aussi les mythiques « Grands Formats » et « Film de Match » de Mediasoc permettant, sans commentaire voix-off horipilant, de vivre les à-côtés et des bouts de matchs dans un style post-moderne de fort bon aloi.

Maintenant, droits télé obligent, il faut attendre que la chaine youtube de la Ligue daigne publier son résumé, soit plus de 24 heures après le match pour la première rencontre de la saison. Mais nos amis supporters expatriés en dehors des frontières françaises ne peuvent pas voir les résumés, à moins d’investir dans un service de VPN. Merci la Ligue, c’est beau la marchandisation du football.

Restons prudent sur le niveau de jeu

Après un seul match, et avec une préparation physique tronquée d’une semaine par rapport aux autres clubs, difficile de tirer des enseignements précis de la rencontre de vendredi disputée à Bourg-en-Bresse. Et puis en plus, on ne comprend rien au football de toute façon. Cependant, on peut déjà noter une constante et un changement positif.

Zéro Zéro entre Bourg et le Racing
Le Racing a obtenu un nul à Bourg-en-Bresse pour la première journée de deuxième division. (JPDarky / Capture d’écran / CC)

La constante, c’est la solidité défensive. Avec un back four plus le gardien et le milieu récupérateur identiques à l’année dernière les automatismes sont là, et ça s’est senti contre l’équipe (limitée) de Bourg-en-Bresse vendredi 29 juillet. Les Bressans n’ont cadré que très peu de tirs, moins de 5, probablement (on n’a pas vraiment compté). Ce qui change, et en mieux, c’est le milieu et l’attaque. L’entraîneur prône un 4-4-2 losange assez original (même si tu as sûrement tenté le fameux 4-4-2 diamond dans championsip manager en 2001 toi aussi), on ne sait pas si c’est cette organisation ou le fait qu’il n’y a que des nouveaux joueurs sur les 5 postes restants, mais on a vu plus d’animation, de liant et pour tout dire d’occasions dans la première mi-temps que pendant une bonne partie de la saison passée. Ce fut plus difficile en deuxième période. Les spécialistes et l’entraîneur attribuent cette baisse de rythme à cette préparation d’avant-saison tronquée.

En face, on n’a pas vu grand chose. On peut espérer de la L2 un meilleur niveau, une meilleure intelligence tactique et peut-être juste des meilleurs matchs, comparé au National, cette division étrange ni vraiment amateur, ni vraiment professionnelle. Nous n’avons pas regardé les autres matchs de la première journée, il ne faut pas abuser, mais il semble que nos attentes risquent d’être déçues, quant au niveau de jeu de la division (six 0-0 pour la première journée). Sans aucune certitude, et dans une mauvaise foi absolue assumée, nous avons l’impression que pour ce qui est des autres équipes, on aura droit au même brouet que le National pour une grande partie des équipes : bloc défensif, contre et défi physique sans imagination.

Espérons que les belles ambitions de projet de jeu affichées par Thierry Laurey, notre nouvel entraîneur, ne se fracasseront pas sur le mur des blocs besogneux et de la gestion bétonnière du football. On n’est pas hyper rassurés. Mais on ne l’est jamais, plusieurs décennies de supportariat du Racing, ça protège de l’euphorie de début de saison.

Dans un prochain épisode, qui n’arrivera peut-être jamais, nous nous pencherons sur d’autres changements cruciaux et leurs effets sur les supporters. L’augmentation du nombre de pommeaux de douche dans le vestiaire visiteurs ainsi qu’un banc d’essai des mascottes en tribune « Famille » (ex-tribune Est).


Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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