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rcsA : l’avenir d’une illusion

Vendredi soir, le Racing se rend à Colomiers pour la reprise du championnat national. Sauvés miraculeusement de la noyade en CFA, les joueurs strasbourgeois vont tenter d’entretenir l’illusion que leur club a un avenir. Car au-delà des apparences (et encore…), il n’y a toujours pas de quoi être rassuré. État des lieux.

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Le brouillard peut-il se dissiper au Racing ? (Photo Paolo / Blog Fièvre Bleue)

Le brouillard peut-il se dissiper au Racing ? (Photo Paolo / Blog Rue89 Strasbourg Fièvre Bleue)
Le brouillard peut-il se dissiper au Racing ? (Photo Paolo / Blog Rue89 Strasbourg Fièvre Bleue)

BlogÇa y est, les hostilités reprennent. Achevée la kermesse brésilienne, c’est le retour du bretzel quotidien. Le Racing Club de Strasbourg, 108 ans d’âge, champion de France 1979, mais légèrement égaré. Comme il est de plus en plus âpre de suivre ses tribulations, rappelons les épisodes précédents.

Sur le terrain, le Racing vient de boucler la pire saison de son histoire. Au-delà des détails scabreux, il suffit de penser que le « rcsAlsace » (à savoir l’avatar actuel du glorieux RCS) a réussi la prouesse de descendre de National en CFA avec le plus gros budget, les plus belles infrastructures et le meilleur public de sa division. Le tout après avoir pourtant (très poussivement, il est vrai) enchaîné deux montées. Qui dit mieux ?

Jusqu’en 2010, jamais le Racing n’avait connu pire que les tréfonds de la deuxième division. En 2010-2011, avec le valeureux Laurent Fournier sur le banc et le folklorique Jafar Hilali dans les pattes, le Racing avait bouclé sa toute première saison de National avec les honneurs : trois défaites seulement en quarante matches. S’en était suivi une rétrogradation administrative en CFA2, en raison de la liquidation du club.

En 2013-2014, le Racing engrange l’exploit d’une relégation – sportive cette fois – en-deçà du niveau 3, humilié entre autres par les terrifiques Poiré-sur-Vie, Luçon, Carquefou et j’en passe.

Sauvetage impromptu

Malgré une bonne Coupe du monde, la France demeure un nain footballistique à l’échelle internationale, bridée par l’amateurisme de ses dirigeants, son manque de vision stratégique et ses règlements à géométrie variable. Dernièrement, la DNCG (direction nationale de contrôle de gestion) s’est illustrée par des décisions bien surprenantes et, en l’occurrence, cela profite au Racing. La DNCG, c’est cet organisme impartial chargé de plonger le nez dans les comptes des clubs et de brandir le carton rouge en cas de déficit aggravé. Impartial, vraiment ? À Luzenac, on a quelques doutes.

Luzenac ou ce petit village ariégeois monté sportivement en D2, mais interdit d’accession par une DNCG finalement déboutée en dernière instance par le tribunal administratif. Le LAP (Luzenac Ariège Pyrénées) doit donc être réintégré en Ligue 2, alors que le championnat vient de débuter ce week-end… sans les Ariégeois !

À Strasbourg on s’en fout, sans vergogne et avec « d’la bonne » on sabrait le champagne ; au moment où Luzenac disparaissait même (provisoirement) du paysage footballistique français, le rcsA était repêché en National (le 15 juillet). Une aubaine ? En réalité, pas vraiment. Car ce sauvetage impromptu risque une nouvelle fois d’occulter l’essentiel, à savoir le projet foireux dans lequel ce pseudo-nouveau-Racing est engagé.

Du neuf avec du vieux

Avec Marc Keller, comme je le subodorais il y a deux ans, on ne peut que faire du neuf avec du vieux. Malgré d’éphémères protestations dans les tribunes, la « révolution des géraniums » s’est accomplie et la municipalité a fini par reprendre la main. Comme au bon vieux temps, les dinosaures tiennent le spot et se vautrent dans la fange.

2013-2014 fut la démonstration empirique que cette direction est incapable de maintenir le cap à la moindre houle. L’entraîneur François Keller, le frère de Marc, fut certes remplacé mais beaucoup trop tard. Pour le suppléer, Jacky Duguépéroux, avait pris le relais à quelques matches de l’épilogue.

« Dugué », une légende du Racing, héros de 1979, déjà entraîneur du club dans les années 1990 et 2000, avec un certain talent et des titres à la clé. Je respecte et admire Duguépéroux, mais pourquoi être revenu ? En mars 2011, au cours d’une rencontre avec les supporters (10/03/2011), celui-ci avait pourtant juré mordicus que jamais plus on ne le reprendrait à occuper un poste au Racing. À quelques mètres de moi, je le revois encore marteler de son air bourru : « Jamais je ne reviendrai ! ». On peut changer d’avis, bien sûr, reste à savoir ce qui a bien pu motiver Jacky à sortir de sa retraite. La passion pour le club ? Peut-être, mais à mon avis il y a autre chose.

Question de projet

Toujours est-il que Dugué sera bien sur le banc pour entamer la saison, dès vendredi à Colomiers. C’est d’ailleurs la seule garantie à l’horizon. Pour le reste, ça risque d’être chaud. Vu le recrutement concocté et la permanence de joueurs tant décriés en interne, le Racing ne se donne pas les moyens de ses ambitions. En a-t-il seulement ? Et comme le management des hommes n’est pas trop la spécialité maison (on l’a vu dernièrement), le rcsA risque de souffrir. Souffrir toujours souffrir…

Fondamentalement, c’est une question de projet. N’y a-t-il décidément aucune alternative entre un Racing financiarisé et un Racing féodalisé ? J’estime qu’il faudrait s’inspirer de la gouvernance des clubs allemands pour sortir de l’ornière. En tous cas ne plus se réfugier dans la nostalgie d’un petit Racing géré en bon (?) père de famille, comme la supérette du coin. En particulier, les supporters ne sont pas que des gentils animateurs et doivent être mieux intégrés dans la vie du club.

En attendant que les géraniums dépérissent, on peut toujours danser, faire semblant d’être heureux, puis aller gentiment se coucher. Demain ça ira mieux ? Rien n’est moins sûr. Wait and see comme ils disent tous, lorsque la résignation fait son œuvre et que le bonheur ne tient plus qu’à des illusions fragiles. Pour ma part, je rêve d’autre chose.

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Le football est ma religion, le Racing ma confession. Je ne suis pas baptisé, si ce n’est à la sueur de mes premières émotions de supporter. Déjà 20 ans que ça dure et ce n’est pas prêt de s’arrêter…

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