Depuis 17 ans, c’était devenu un objet lié aux tramways et TER du matin. Le quotidien gratuit « 20 Minutes » ne sera plus distribué à Strasbourg dans les prochains mois. La conséquence d’un plan social pour le média fondé en 2002. Il avait ouvert une édition Strasbourg en 2005.
Trois autres villes, Rennes, Nantes et Nice, sont également concernées par cette disparition. « La direction nous a dit que c’était les agences les moins rentables », raconte Gilles Durand, délégué syndical SNJ-CGT et élu au comité social et économique (CSE) de l’entreprise.
Deux départs parmi les trois journalistes plus la commerciale
La rédaction locale de « 20 Minutes Strasbourg », située rue du Saumon en centre-ville, compte trois journalistes à temps plein, ainsi qu’une commerciale. Le journal a une ligne éditoriale généraliste, avec de courts articles sur le sport alsacien, les sujets de société, la politique, les faits-divers, ainsi que beaucoup de sujets sur les transports, là où le journal est le plus lu.
Le plan de départ de 33 postes (sur environ 200 salariés) vise à diminuer les effectifs en région, puisque 9 commerciaux et 4 journalistes sont concernés par ces départs contraints. Ainsi, un journaliste strasbourgeois et la commerciale vont cesser leur activité selon le délégué syndical SNJ-CGT. Quant aux deux journalistes restants, ils resteraient salariés mais auraient une sorte de rôle de correspondant pour le site et les journaux qui resteront distribués dans sept villes (Lille, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Montpellier et Paris). « 20 Minutes » ne compterait plus qu’une édition Paris et une édition « régions ».
La crainte d’une fermeture totale à Strasbourg
Gilles Durand redoute les conséquences à moyen-terme de cette réorganisation :
« On ne voit pas pourquoi un annonceur local à Lille serait un intéressé pour un journal qui n’a plus de spécificité locale. On a très peur que si cette édition régions ne marche pas, la suite soit de supprimer tous les journalistes en région. »
Le représentant de l’intersyndicale (avec la CFDT et le SNJ) revient sur la spécificité de ces rédactions locales :
« 20 Minutes était le seul journal national avec des agences locales, avec un travail quotidien de localier. Ça nous permettait d’être proche du lectorat et en avance sur certaines informations. Les employés paient des erreurs stratégiques. Il y a huit ans, on a basculé la priorité sur le web, mais les annonceurs n’ont pas suivi, ils ne sont pas intéressés par un site national. On a eu deux ans de perte avec le Covid, où le papier a dégringolé, mais ça repartait depuis trois mois… »
« Il n’y a aucune stratégie »
Le média dont les revenus sont tirés de la publicité indique vouloir se recentrer sur les 18-30 ans et le numérique. « Mais il n’y a aucune stratégie pour y arriver. Il y a trois ans, on nous disait que les régions était la plus-value de 20 Minutes », reproche un autre élu du personnel, qui reste anonyme.
Le basculement sur le web a fait perdre le lien avec un lectorat plus jeune pour Gilles Durand :
« On s’est mis à écrire pour une machine, pour remplir des règles de référencement… On a uniformisé notre écriture, et comme les articles étaient ensuite repris dans le papier, on a perdu le ton 20 Minutes, un style plus jeune qui nous différenciait. »
Tous les gratuits ont disparu
Le chiffre de 33 départs ne prend pas en compte les personnes qui distribuent le journal aux arrêts de transport en commun, employées par l’agence Adrexo à Strasbourg. 20 Minutes était le dernier journal gratuit distribué à Strasbourg, après la disparition de Metro, puis CNews, qui n’avaient pas d’édition locale.
20 Minutes est codétenu par le groupe de presse belge Rossel (qui possède notamment La Voix du Nord) et le groupe Ouest-France. Ce dernier, via sa filiale Publihebdos, a lancé en 2019 une édition « Strasbourg » d’actu.fr, un site web gratuit qui traite de l’actualité quotidienne.
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