Dans la cour de l’Institut national de service public (INSP) mercredi 11 octobre, plus de 200 personnes affluent pour participer à une réunion publique organisée par la Ville de Strasbourg, baptisée « Ville à vivre ». Sur l’estrade d’un amphithéâtre sombre, Alain Jund – vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) en charge des mobilités – dévoile, cartes à l’appui, l’avancement des chantiers entamés dans le quartier.
Tram nord, ring vélo et piéton, nouvelles lignes de bus et surtout, rénovation du plan de circulation ont tous, selon l’élu, le même objectif : « réduire le flux automobile ». Dans un périlleux exercice d’équilibre, il affirme cependant que « tout un chacun devra pouvoir continuer à accéder à Strasbourg en voiture ». Une tentative de ménager toutes les susceptibilités. Pas sûr qu’elle ait totalement abouti…
Le boulevard de Lyon à sens unique
Au cœur des tensions : la mise en sens unique du boulevard de Lyon, où passent chaque jour 28 000 véhicules. Dès fin novembre, circuleront donc à la fois ces milliers d’automobilistes mais aussi les bus de la ligne G (voir encadré).
Un bus circule déjà toutes les 7 minutes dans les deux sens sur le nouveau tracé de circulation. De quoi inquiéter les habitants qui vivent sur le nouveau tracé, et sur les quais qui seront réaménagés dans le cadre du nouveau plan de circulation. Les habitants du boulevard de Lyon et du quai Saint-Jean sont les plus inquiets au micro : « Mon immeuble tremble lorsqu’un bus passe, avez-vous prévu d’évaluer ce genre de nuisances ? », « Combien de décibels ça fait, un bus qui roule au gaz ? », « Est-ce que c’est vraiment mieux, des bus, que des voitures ? » Les questions s’enchaînent au micro, les élus, eux prennent des notes en silence.
Autre sujet de discorde : les changements de sens de circulation d’une rue à l’autre. Par exemple, la rue de Molsheim est désormais en sens unique alors que celle d’Obernai est à double sens. Une grande partie des participants à cette réunion publique déplore le nombre de voitures qui passent devant chez eux. « Le trafic a été multiplié par trois, il n’y a plus de trottoir et plus de piste cyclable, est-ce vraiment ça, l’apaisement ? » Après son intervention, cet habitant de la rue d’Obernai annonce vouloir intenter un recours contre la mairie. Applaudissements dans l’amphithéâtre.
Face aux véhémentes doléances, Clément Gerber, responsable de département à la Direction des mobilités de la Ville et de l’Eurométropole, tente d’expliquer les enjeux de ces changements et explique que les aménagements sont voués à évoluer :
« Les aménagements que nous faisons pour les piétons et les cyclistes imposent que nous changions le plan de circulation pour les voitures. Les riverains pourront continuer à accéder à leurs rues et nous sommes attentifs aux nombreuses livraisons qui se font Grand’Rue, mais il faut être prêts à repartager l’espace public. »
Tous les parkings du centre ville resteront accessibles et certains quais seront réservés à la circulation automobile des riverains, des bus et des taxis. Des boucles de circulation de voiture seront mises en place afin de permettre l’accès à ces endroits.
Le ring vélo-piéton en travaux dès 2024
Au milieu du tumulte, Sophie Dupressoir, conseillère municipale en charge de « la ville cyclable et marchable », tente de son côté de rassurer les cyclistes sur le ring vélo-piéton, supposé voir le jour en 2026. Ce contournement de Strasbourg, autour de la Grande Île, doit permettre à la fois un aménagement des quais pour les piétons, les cyclistes et les bus d’un côté, et pour les voitures de l’autre.
« Il faut penser les deux côtés des quais, ensemble. Nous allons créer des espaces de circulation pour chacun, une piste pour les vélos et un espace pour les piétons. »
Avec 500 arceaux à vélo disposés tout le long des 4 kilomètres de la boucle, Sophie Dupressoir explique que le contournement aura pour principal avantage de diminuer les conflits d’usage sur la Grande Île, entre vélos et piétons. Les travaux sont annoncés pour 2024 et une autre réunion publique autour des mobilités est prévue le 9 novembre, à la Manufacture des tabacs pour aborder le côté sud du ring, qui traversera le quartier de la Krutenau.
L’itinéraire, qui prévoit que les cyclistes passent par les Ponts couverts, inquiète aussi les représentants de Strasbourg à Vélo, en raison des pavés. « Nous attendons l’autorisation de l’architecte des Bâtiments de France pour voir si nous pouvons les raboter », explique Sophie Dupressoir.
Disparition confirmée de la gare routière des Halles
Entre deux interpellations des habitants mécontents, Alain Jund expose tout sourire le futur de la gare routière des Halles. « Nous allons la transformer en parc », explique-t-il, et les bus qui y stationnent ne feront plus qu’y passer.
Les lignes de bus L6 et L3 en provenance du nord de la ville seront par ailleurs renommées C3 et C9, et feront une boucle, avec des arrêts aux Halles mais n’y stationneront plus. Puis, à l’aide de modélisations (toujours largement enjolivées), Alain Jund montre le futur square des Halles, censé voir le jour à la place de l’actuelle gare routière.
À la fin de cette réunion qui aura duré plus de deux heures, mouvementées et houleuses, Alain Jund se veut malgré tout positif et optimiste, sans donner pour autant de date précise sur la mise en œuvre des annonces faites sur le secteur.
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