Premier gros festival de l’été en France, les Eurocks font office de rendez-vous incontournable des aficionados de grand-messe musicale en plein air, de surcroît sur le site exceptionnel d’une presqu’île ceinte par un lac. Un cadre propice à la fête et au butinage parmi les 63 noms mariés le temps d’un week-end sur les quatre scènes du Malsaucy.
Vendredi 4 juillet
Une tête d’affiche, incontestable et évidente, marquera de son empreinte le début du week-end : The Pixies. La bande à Frank Black (Joey Santiago et David Lovering) se produira sur la grande scène, toujours mythique mais amputée désormais de son âme acide Kim Deal puisque la bassiste avait annoncé son départ du groupe l’an dernier. Qu’à cela ne tienne, les Pixies reviennent fin avril avec un nouvel album, Indie Cindy, leur premier depuis Trompe le Monde en 1991. Cela n’empêchera pas le néo-trio, en tournée permanente depuis la reformation de l’équipe en 2003 (avec un passage marquant aux Eurocks en 2004) de jouer cet immense classique, comme il y a dix ans :
Autres poids lourds du vendredi, l’omniprésent Stromae ainsi que le quatuor anglais Metronomy, revenu cette année avec un troisième album, Love Letters, qui confirme l’immense succès du précédent opus The English Riviera. C’est toujours électro-pop à souhait, ultra-dansant et efficace, bref Metronomy ne cesse de se bonifier ! Bertrand Cantat, quant à lui, refoule les terres franc-comtoises en habitué des lieux, avec Noir Désir en 1989, 1993, 1997 (revoir le concert ici) et 2002 puis en « guest » en 2012 avec Amadou & Mariam (excellente reprise de Led Zeppelin, « Whole Lotta Love ») et Shaka Ponk (sur le titre « Palabra Mi Amor »). Cette année, l’ex-leader de Noir Désir revient avec son alter ego Pascal Humbert dans le cadre de leur projet commun, Détroit, auteur de Horizons publié fin 2013.
Détroit ne s’en tiendra assurément pas qu’à ses propres compositions et plusieurs classiques de Noir Désir figureront sur la setlist comme ce fut déjà le cas ces derniers mois durant les premières dates du groupe.
Egalement à l’affiche du vendredi : le hip hop hexagonal de Casseurs Flowters (Orelsan, Gringe et DJ Pone aux machines) et Odezenne, le punk hardcore des Américains de Trash Talk, le blues punk de Reignwolf, la pop psychédélique de Temples (officiellement adoubé par l’ex d’Oasis Noel Gallagher), l’électro slovène frénétique de Gramatik et des Français de Salut C’est Cool, le rock sans fioritures de la belle Mancunienne Findlay et plus culotté de ses cousins londoniens The Fat White Family ainsi que l’électro-énigmatique Islandais Hermigervill et la sirène danoise électro Mo. Sans oublier la Super Soul Revue du label américain Daptone Records regroupant sur scène Sharon Jones & The Dap-Kings, Charles Bradley & His Extraordinaires, The Sugarman 3 et le combo afrobeat Antibalas.
Samedi 5 juillet
Pour les amateurs de rythmes percutants qui font exploser les décibelmètres, il y aura de quoi faire ! A commencer par Skrillex et son dubstep tapageur et fracassant. Idem pour les tumultueux Français de Shaka Ponk conduits par la belle Samaha. Adeptes de hip hop, vous trouverez de quoi vous satisfaire avec le son sucré de MIA (et son célèbre Paper Planes), les Mulhousiens fêlés du collectif D-Bangerz, venus en voisins et surtout le flow tranchant du Texan Travi$ Scott (chouchou de Kanye West), le gangsta rap de Freddie Gibbs et les beats renversants des Ecossais Young Fathers.
Programmés dans le cadre de la Playa del Brodi orchestrée par le DJ et producteur rémois Brodinski, l’électro tiendra aussi une place de choix ce samedi avec le Canadien Kaytranada, le Norvégien Cashmere Cat (champion de turntablism), les Anglais pailletés et dorés de Jungle ou encore l’incontrôlable Américaine Louisahhh !!!, les quatre cavaliers fougueux de Club Cheval et le pionnier français de la techno hardcore Manu le Malin. En somme, une ambiance frénétique et sous acides pour bien poursuivre jusqu’à l’aube dominicale. Mais avant ce déluge électronique, le rock plus rugueux et mouvementé sera à l’honneur, en provenance de Grande-Bretagne : Drenge (entre stoner, grunge et post-punk), Bondax (garage) et Circa Waves, quatre jeunes gars de Liverpool au son abrupt et frontal qui assureront aux Eurocks leur unique date française de l’été :
Mais LA sensation scénique du samedi, elle aussi britannique, porte le patronyme d’un archiduc d’Autriche assassiné il y a pile un siècle : Franz Ferdinand. Quel plus bel hommage à l’Histoire que de programmer les Ecossais, revenus en force l’an dernier avec leur détonant Right Thoughts, Right Words, Right Action, porté par cet entêtant single :
Egalement à l’affiche du samedi : le rock psyché du tandem australien Jagwar Ma, l’électro aérienne de Little Dragon, le swing électro de Parov Stelar Band et le magicien hors pair et inclassable Gaëtan Roussel.
Dimanche 6 juillet
Pour bien refermer le chapitre 2014 des Eurocks et savourer pleinement ce cru goûtu, autant prendre une bonne dose de blues rock terreux avec les Français Catfish et surtout l’immense Robert Plant, présent avec un nouveau groupe, The Sensational Space Shifters. Chez l’ex-chanteur de Led Zeppelin, la flamme reste vive et animée. Et le feu s’avère même ravageur chez deux de ses héritiers, le binôme Dan Auerbach-Pat Carney connu à la ville et au monde en tant que Black Keys.
L’atmosphère dominicale sera aussi l’occasion de se frotter virilement aux sonorités métal de plusieurs pointures du genre tels Volbeat, ces Danois orfèvres d’un rockab heavy et hard rock à la fois ou encore les Suédois Ghost, chantres d’un doom metal jouissif, à la musique sombre et à la scénographie fantomatique. Du grand spectacle frissonnant, mystique, masqué et encapuchonné !
Dans un registre plus proche du heavy metal originel, proche de Black Sabbath, les Anglais Uncle Acid and the Deadbeats seront aussi au menu.
A suivre et (re)découvrir, pêle-mêle, le dimanche 6 juillet : le hip hop de Jonwayne, Crew Peligrosos, Schoolboy Q et I am Legion, le rock masqué de Suédois en transe (Goat), l’électro de SBTRKT et A Tribe Called Red, le maloya des Réunionnais Nathalie Natiembé et Dakhabrakha, le reggae de Patrice, le spoken word de Fauve, le rock sombre de Biffy Clyro et la pop souriante de Foster the People.
Y aller
Les Eurockéennes de Belfort, sur la presqu’île du Malsaucy, du 4 au 6 juillet 2014. Informations et tarifs sur le site internet du festival.
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