À moins d’avoir tout fait pour ne pas se tenir informé ou que la politique vous donne des boutons, vous devez savoir que la droite française a recours à une élection primaire pour choisir son candidat à l’élection présidentielle 2017. Une primaire est un concept américain qui vise à voter pour son candidat au sein d’un camp politique dans un premier temps, avant l’élection générale. Le concept a été importé.
S’il y avait déjà eu quelques primaires réservées aux adhérents d’un parti, le Parti socialiste avait innové en 2011 en l’ouvrant à tous les électeurs. Elle avait abouti sur le choix de François Hollande. Cette année, Europe Écologie Les Verts a aussi ouvert sa primaire, qui a désigné Yannick Jadot, mais le vote était par correspondance. Une primaire citoyenne hors partis, sur trois tentatives, arrive à son terme : La Primaire.org.
Comparez les programmes
Pour la version de droite de la primaire, sept candidats sont en lice : Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy. Tous sont issus du parti « Les Républicains », à l’exception de Jean-Frédéric Poisson, président du parti démocrate-chrétien de Christine Boutin. Les médias nationaux se sont fait l’écho dans de grandes largeurs de cette campagne. Si votre choix n’est pas fait, vous pouvez utiliser le comparateur de programme de Voxe.org.
Les bureaux de vote à Strasbourg et dans les environs
On ne choisit pas son bureau de vote
Les dimanches 20 et 27 novembre, 32 bureaux de vote sont ouverts à Strasbourg (voir ci-dessus), 248 en Alsace (voir ci-dessous). Le lieu de vote auquel chaque électeur dépend de son bureau de vote habituel. Si ce n’est pas le même bureau, il est situé dans le même quartier ou secteur. Les procurations ne sont pas admises. Les horaires sont les mêmes partout en France, soit de 8h à 19h. Enfin, les bureaux de votes sont identiques pour les deux tours.
Les bureaux de vote en Alsace
Dans le Bas-Rhin, 171 bureaux ont été implantés contre 77 dans le Haut-Rhin. Les salles seront parfois divisées en plusieurs « bureaux » comme au parc des expositions de Mulhouse où 14 isoloirs et urnes seront installées.
2€ par tour, l’appoint à prévoir
Pour voter, il faut s’acquitter de la somme de 2 euros par tour. Il est possible de voter uniquement au deuxième tour, le 27 novembre. Les équipes n’ont pas spécialement prévu de fonds de caisse, donc mieux vaut prévoir d’avoir le bon montant sur soi ou alors de venir en milieu ou en fin de journée. Cet argent est sensé couvrir les frais d’organisation (l’utilisation de salles est parfois facturé par les municipalités). S’il y a des excédents, ils seront reversés aux comptes de campagne du candidat vainqueur.
La charte, une bombe atomique anti-gauchistes (non, on rigole)
On savait qu’il existait des électeurs français, les candidats ont inventé le concept « d’électeur de droite » ou « électeur de gauche », comme si cela était une étiquette qui colle toute la vie, quand bien même des électeurs ont voté pour plusieurs partis dans leur vie (citons par exemple les membres du PS du Grand Est lors des dernières régionales qui avaient affirmé leur préférence pour la droite au second tour alors que leur liste s’était maintenue).
Mais pour éviter que cette espèce en voie de disparition, « l’électeur de gauche », renaisse le temps d’un dimanche pour se payer l’élimination d’un candidat pour 2 ou 4 euros, la droite a dégainé… une charte. Vus les enjeux, à savoir peut-être désigner le futur président de la République, ce « garde-fou » semble assez risible. Le texte stipule :
« Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France. »
Les candidats ont donc le droit d’avoir été condamné en justice ou d’avoir participé à un gouvernement qui n’a pas tenu tous ses engagements, mais un simple électeur n’aurait, lui, pas le droit de se contredire dans ses votes à cinq mois d’écart. Les plus malins diront qu’ils s’associent aux « valeurs républicaines » de la droite, mais pas à toutes ses valeurs. Quant à l’engagement pour l’alternance, il y a au moins une trentaine de candidats déclarés qui promettent une alternative à François Hollande, dont on ne sait pas encore s’il sera sera candidat. Et surprise… Ils veulent tous « redresser » la France !
Les listes de votants détruites
Contrairement à ce qu’indiquaient les éphémères menaces du camp Sarkozy, la liste des votants est envoyée à la haute autorité du parti le lendemain de chaque tour pour une destruction totale. À moins de croiser des connaissances au bureau de vote ou de poster un selfie sur les réseaux sociaux, il ne sera pas possible de savoir qui a voté ou non à cette primaire.
Quels impacts locaux ?
Si certains espéraient que la renaissance de l’ex-conseil régional d’Alsace soit un sujet de campagne, les candidats ont pris peu d’engagements. Ils ont plutôt demandé à la droite alsacienne de se mettre d’accord, ce qui n’est pas une mince affaire. Le cas d’une agence économique d’une vingtaine de salariés, l’Adira, suscite déjà des communiqués virulents entre Région et Départements, pourtant tous à droite. Si des changements doivent intervenir à l’avenir, cela sera plutôt par une loi (comme pour la Corse, le Grand Lyon ou la fusion de Paris et de son département) après les législatives.
Les répercussions de la primaire de la droite seront surtout nationales, mais les soutiens du camp vainqueur (ou auteur d’un bon score) se verraient renforcés dans leur légitimité locale, tandis que d’autres pourraient être gentiment écartés. Mais rien n’est jamais aussi simple en politique et pour s’assurer que les perdants ne mettent pas la zizanie dans le parti, il faudra aussi leur donner des gages.
Parmi les soutiens notables, le président du Grand Est, Philippe Richert, a intégré la garde-rapprochée de Nicolas Sarkozy. Un ralliement qui a détonné chez ses alliés centristes au conseil régional, une famille politique dont il est originaire. Son vice-président et maire de Mulhouse Jean Rottner a pris fait et cause pour le même candidat. Les présidents des deux départements (Éric Straumann et Frédéric Bierry) ont apporté leur soutien à Bruno Le Maire, tandis que l’ancienne maire de Strasbourg et sénatrice Fabienne Keller fait campagne pour Alain Juppé. Beaucoup de députés ont fait le choix de François Fillon, alors que le président du parti bas-rhinois, Laurent Furst, soutient Jean-François Copé.
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