Sous la pression, le gouvernement renonce à supprimer des places d’hébergement d’urgence

Depuis la rentrée, près de 2 000 enfants dorment dans la rue, dont plusieurs dizaines à Strasbourg. Le gouvernement devait supprimer 14 000 places d’hébergement d’urgence et a finalement renoncé devant le tollé suscité par cette décision au moment où l’inflation et l’explosion des factures d’énergie risquent d’augmenter les impayés de loyer. Dans le Bas-Rhin, la préfecture avait annoncé et amorcé la suppression de 1000 places d’ici la fin de l’année 2022.

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Lucie Delaporte (Mediapart)

Publié le 1 novembre 2022 ·

6 minutes

Photo : doc remis

Olivier Klein a finalement renoncé. Le ministre délégué au logement et à la ville avait assuré qu’il n’y aurait « aucun enfant à la rue cet hiver ». Une promesse qui collait mal avec l’annonce simultanée de la suppression de 14 000 places d’hébergement d’urgence prévue dans le budget 2023. Sous la pression, Olivier Klein a finalement annoncé vendredi 28 octobre à l’AFP qu’ « après un gros travail entre le gouvernement et la majorité gouvernementale », le gouvernement avait « décidé de réinscrire 40 millions d’euros sur le budget 2023 sur l’hébergement d’urgence. Ça correspond à une stabilisation du nombre de places pour l’année 2023. Donc la baisse qui était annoncée est supprimée ».

Strasbourg particulièrement concernée

Avec la promesse de n’avoir « aucun enfant à la rue cet hiver », l’engagement du gouvernement impliquerait un changement de pratiques à Strasbourg, puisqu’il y avait 43 enfants rien qu’au camp de l’Étoile selon un décompte du 20 octobre par la Ville et cinq associations. Lorsque l’objectif précédent était de supprimer 10 000 places en 2022 en France, le Bas-Rhin était particulièrement concerné avec 1 000 suppressions dont 700 dans l’Eurométropole. Des fermetures déjà amorcées depuis l’été.

Avec l’association d’élus l’Anvita (association nationale des villes et territoires accueillants) qu’elle co-préside, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EELV) avait interpellé le gouvernement quelques jours avant cette annonce. Puis réitéré en co-signant un courrier avec 10 maires, notamment de Lyon, Nantes, Rennes, Bordeaux ou Nancy. Depuis le revirement du gouvernement, Jeanne Barseghian a salué « un premier pas ».

J-F. G.

Depuis la rentrée, près de deux mille enfants dorment dans la rue, selon la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), faute de places en hébergement d’urgence, accessibles lorsque l’on appelle le « 115 ». Un chiffre qui a presque doublé depuis 2021, et qui ne prend donc pas en compte tous ceux qui se sont découragés de contacter un service notoirement engorgé. La Fondation abbé Pierre estime que 300 000 personnes sont actuellement sans domicile en France, et parmi elles des milliers d’enfants.

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