Les déboires judiciaires de Marine Le Pen et de François Fillon n’ont pas découragé l’électorat alsacien. La candidate frontiste est largement en tête avec 25,7% des voix. Elle devance François Fillon (22,1%), talonné de près par Emmanuel Macron (21,3%).
La droite classique baisse
À croire que le candidat « En Marche » a su capter un partie de l’électorat « centriste alsacien » qui ne votait pas pour le PS par le passé mais qui ne s’est pas non plus retrouvé dans les positions du candidat de la droite.
Par rapport à 2012, François Fillon réalise 10 points de moins que Nicolas Sarkozy. Une différence notamment suite au vote des villes, très contrasté par rapport à celui des campagnes (voire la carte en fin d’article).
Jean-Luc Mélenchon est quatrième mais à distance (14,6%). C’est néanmoins le double de son score de 2012. Il a remporté quatre communes : Bischheim (23,2%) et Schiltigheim (27%), soit des villes dirigées par des maire « Les Républicains » et UDI, ainsi que Lapoutroie et Aubure dans le Haut-Rhin.
À noter que le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan arrive cinquième (6,77%), devant le socialiste Benoît Hamon (5,5%), soit une inversion de leur classement au niveau national.
Le Haut Rhin, plus à droite que le Bas-Rhin
La participation est de 79,9% dans le Bas-Rhin et 79% Haut-Rhin, soit un peu plus que la moyenne nationale (estimée à 77,3%).
Mais différence notable entre les deux départements, Emmanuel Macron est arrivé de justesse devant François Fillon dans le Bas-Rhin (22,3% contre 22%), là où l’écart est de 2,5 points dans le Haut-Rhin (22,3% pour François Fillon contre 19,8% pour Emmanuel Macron.
Dans les deux départements, le score de Marine Le Pen est meilleur qu’à l’échelle française : 27,2% dans le Haut-Rhin, 24,7% dans le Bas-Rhin et 21,7% au total en France.
Le FN a d’ailleurs remporté les dix départements du Grand Est largement : 27,8% contre 20,7% pour Emmanuel Macron et 19,7% pour François Fillon.
Les élus retrouvent de la voix, pour voter Macron
Au soir du premier tour, les élus, qui pour certains plupart avaient perdu leur voix pendant les derniers mois de campagne, ont vite pris position.
L’ancienne maire (2001-2008) et sénatrice de Strasbourg Fabienne Keller, le président du Grand Est, l’alsacien Philippe Richert, ou le président du Bas-Rhin Frédéric Bierry ont vite réagi par communiqué pour regretter la campagne et à degré diverses le comportement de leur candidat (des réactions à retrouver dans notre direct d’hier soir). Ils appellent à voter pour Emmanuel Macron.
Seul Éric Straumann, président du Haut-Rhin et candidat pour être ré-élu député à Colmar dénote. Il a simplement indiqué sur son profil Facebook que « Ce soir, le grand gagnant est François Hollande ». Colmar et plusieurs communes limitrophes ont pourtant placé Emmanuel Macron en tête.
À Strasbourg, les dirigeants socialistes ont également apporté leur soutien à Emmanuel Macron, ce qui est moins surprenant. Certains l’avaient déjà rejoint, le maire Roland Ries laissé entendre que ce serait son choix ou s’étaient murés dans le silence.
Des réactions qui in fine devraient aller dans le sens de la rhétorique du Front national, qui veut montrer que le clivage entre les partis « mondialistes » de gouvernement et sa formation est net et flagrant.
Où l’on parle déjà des législatives
Tout le monde se montre bien confiant pour la victoire d’Emmanuel Macron. Certes, une partie de l’électorat de Benoît Hamon et de François Fillon (lui-même ayant indiqué que ce serait son choix) devrait voter pour l’ancien ministre de l’Économie sans trop sourciller.
Mais il ne faut pas oublier qu’environ 55% des électeurs n’ont pas choisi l’un des deux candidats qualifiés pour le second tour. De même, des électeurs du premier tour, convaincus que le vote « barrage » se fera si l’on additionne les scores peuvent aussi se démobiliser.
En particulier à droite, le message est de concentrer les efforts sur les élections législatives, en juin. Chez « Les Républicains », on ne pense avoir été battu sur « les idées », mais sur l’effet repoussoir de François Fillon. Et au sein de l’actuel PS, on doute que le mouvement « En Marche » dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale et qu’il y a donc un espace pour participer à la future majorité.
Une des difficultés d’En Marche est qu’on ne connait pas encore les candidats et qui seront pour moitié des nouvelles têtes. Ils feront souvent face à des députés sortants, qui jouissent d’une petite notoriété locale. Mais avant cela, il y a un second tour le 7 mai.
Chargement des commentaires…