« Ma mère m’a rappelé que ma première pétition, je l’ai lancée à l’école primaire contre la nourriture de la cantine » sourit Clémentine. Premier acte militant ? Plus ou moins. A la même époque, l’écolière était élue déléguée de classe tous les ans « parce que… parce que…les autres élèves m’aimaient bien, et moi j’aimais présenter à la classe les comptes-rendus des conseils » confie, dans un mélange de gêne et de fierté, l’ancienne étudiante en médecine, aujourd’hui en réorientation. « Mes parents me disent que j’aurais dû faire Sciences Po, mais je n’envisage pas la politique comme une carrière ».
Pas de rôle des parents déterminant
Mais d’où vient son engagement ? La question, Clémentine l’a déjà entendue, et sait y répondre. Avec un papa dentiste, exerçant en libéral, et une maman cadre supérieure dans les ressources humaines, quelle place pour ses idées de gauche ? « J’ai grandi avec des piles de Courrier International à disposition et un Canard enchaîné par ci par là. Mes parents ont toujours laissé mon frère et moi nous faire nos propres idées ». Elle se sent aujourd’hui « moins modérée » qu’eux. Son frère n’a pas d’engagement déterminé.
« Et même si parfois cela étonne les gens, j’évite les conflits quand je ne peux pas parler politique avec mes amis ». Clémentine n’est pas du genre à imposer l’abandon du nucléaire ou le vote des étrangers aux élections locales attablée avec ses amis autour de quelques bières. Au contraire, son truc à elle, c’est la discussion. Volubile, la jeune femme explique comment elle a adhéré au MJS. «Ça faisait déjà quelques temps que je n’avais plus trop l’occasion d’échanger des idées autour de moi, surtout en médecine, où tout le monde a plus son nez dans les cahiers que dans les journaux d’actu».
Le hasard des rencontres a fait que, lors d’une soirée, elle discute avec des membres du MJS (Mouvement des jeunes socialistes), « un peu plus âgés, mais avec qui [on] s’est compris». Clémentine, qui avait « toujours eu envie de faire plus », adhère sur Internet un peu avant les primaires citoyennes, pour lesquelles elle avait déjà choisi François Hollande.
« Puisqu’il faut tracter, je tracte »
«En 2007, j’étais encore jeune mais j’ai lu les programmes reçus par mes parents et j’étais frustrée de ne pas pouvoir voter». Cette année, au printemps, Clémentine fêtera ses 20 ans, et ses premiers bulletins de vote glissés dans une urne électorale. Selon elle, le militantisme aujourd’hui, «c’est prendre part au débat, se faire connaître, animer des bureaux de vote, et puisqu’il faut tracter, je tracte ». Quand Clémentine parle de son engagement, ses bras s’agitent et sa montre orange fluo contraste avec les sages rayures de son chemisier. Clairement passionnée par la politique, il est difficile d’imaginer qu’elle aura suivi une autre voie un jour…
La néo-militante participe, en parallèle, aux Etats Généraux de la Jeunesse. Cycle de débats et réflexions menés au niveau national pour constituer le Livre Blanc de la Jeunesse, qui sera remis au candidat socialiste. Les rapports, les livres blancs, les commissions… Clémentine y croit. Elle a même choisi d’animer une table ronde, autour de la santé évidemment.
Et quand on ose demander si elle croit en 2012, si François Hollande, c’est vraiment le changement, l’enthousiaste militante sait garder son calme. Même si elle ne se protège pas d’une éventuelle défaite, Clémentine Degrève a bien conscience que le militantisme continuera après les élections, « peut-être même encore plus si [notre] candidat n’est pas élu ». « Mais, quand j’étais au lycée », conclut-elle, «j’ai entendu que l’alternance politique est le signe de la bonne santé démocratique d’un pays. Je garde donc espoir».
La semaine prochaine: la première campagne de Méliké Sahin, militante UMP.
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