Depuis un mois, les militants du NPA du Bas-Rhin avait tracté, affiché, communiqué sur cet évènement politique. Ce jeudi 12 octobre à 19h, ils avaient prévu de projeter le film « Fedayin », sorti en 2020 sur Georges Ibrahim Abdallah, militant communiste libanais proche de la cause palestinienne. Âgé de 72 ans, il est emprisonné en France depuis 1984 après avoir été condamné à perpétuité pour complicité dans les assassinats de diplomates et d’ambassadeur israéliens et américain à Paris et au Liban, en 1982 et 1984.
Présenté comme « le plus vieux prisonnier politique d’Europe » par ses défenseurs, Georges Ibrahim Abdallah – libérable depuis 1999 – demande l’aménagement de sa peine depuis plus de 20 ans. En juin 2023, il a déposé sa 10e demande devant le tribunal anti-terroriste d’application des peines. C’est dans le cadre de cette campagne pour sa libération que le film était projeté.
Crainte de « propos antisémites » et de « troubles à l’ordre public »
Mais la préfecture du Bas-Rhin a interdit l’évènement, en envoyant un arrêté d’interdiction par mail, mercredi soir, au NPA. L’arrêté détaille en longueur les motifs de cette interdiction, en évoquant notamment le « contexte de tensions vives au Moyen-Orient en raison des attaques terroristes perpétrées par le Hamas à l’encontre de citoyens israéliens le samedi 7 octobre » qui ont fait plus d’un millier de morts.
Aussi, « alors même que la programmation (du film) est antérieure à ces évènements, le maintien d’une telle projection pourrait être ressenti par une partie de la population, dont en particulier la communauté juive, comme une provocation ou un soutien à ces actions terroristes ».
Selon la préfecture du Bas-Rhin, cette projection pourrait également entraîner la « tenue de propos pénalement répréhensibles d’apologie du terrorisme, à caractère antisémite ou mettant en cause la cohésion nationale ». Enfin, vu « le climat de vive tension », l’évènement « représente un risque majeur et sérieux de trouble à l’ordre public ».
« Une atteinte à la liberté d’expression » selon le NPA
Pour le NPA du Bas-Rhin, cette décision est une « entrave à la liberté d’expression » et « un dangereux précédent qui doit être dénoncé ». Le Nouveau parti anti-capitaliste souligne que cette interdiction « intervient alors qu’une série d’interdictions de rassemblements et réunions publiques en soutien à la Palestine dans plusieurs villes de France ont été prononcées ». Des manifestations pro-palestiniennes à Lille, Paris, Brest, Bordeaux, Vienne ont en effet été interdites ces derniers jours. Dans son communiqué, le NPA du Bas-Rhin affirme « condamner la répression contre le mouvement de solidarité avec la Palestine en France menée par les autorités françaises ».
Antonio Gomez, membre du NPA du Bas-Rhin, dénonce une « ambiance et une atmosphère pas très saine à Strasbourg et en France » depuis ce nouvel épisode du conflit israélo-palestinien. Il affirme qu’environ 150 personnes devaient assister à la projection.
Au matin du jeudi 12 octobre, le bilan de l’assaut terroriste du Hamas contre des civils israéliens était de plus de 1 200 morts tandis que les bombardements et les opérations de l’armée israélienne à Gaza ont fait plus de 1 200 morts côté palestinien, ainsi que des milliers de blessés de part et d’autre. Six jours après ces attaques, la bande de Gaza est soumise à un siège complet par l’État hébreu privant la population d’accès à l’eau, à l’électricité et au gaz.
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