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Pourquoi un café associatif aura du mal à réveiller Koenigshoffen

Des habitants de Koenigshoffen, un quartier ouest de Strasbourg, ont ouvert un café associatif dans la tour du Schloessel, au cœur du Parc naturel urbain. Un projet bienvenu pour animer un quartier encore endormi.

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Pourquoi un café associatif aura du mal à réveiller Koenigshoffen

Vendredi 23 juin, devant la tour du Schloessel, au cœur du Parc Naturel Urbain (PNU) de Strasbourg, une demi-douzaine de bénévoles inauguraient le premier café associatif de Koenigshoffen. Sous le soleil d’été, les habitants du quartier étaient ravis de pouvoir profiter de la beauté du lieu et de la chaleur à l’ombre des arbres. Les anciens du quartier ont occupé plusieurs tables, les familles qui revenaient de l’école se sont installées à côté, les ados s’étaient regroupés un peu à part, et les enfants gambadaient.

Un chouette tableau, à compléter avec des gâteaux faits maison, biscuits, jus de fruits et quelques courageux qui ont préparé des pommes de terre pour des frites en soirée. Au final, une trentaine de personnes ont participé à cette inauguration.

Soleil, sourire et goûter à l’inauguration du café associatif de la Tour du Schlœssel. (Photo : JM)

Créer un « lieu accueillant et convivial »

L’objectif des bénévoles de ce nouveau bar associatif est de créer un « lieu accueillant et convivial » à Koenigshoffen. Parce que ça manque dans ce quartier de l’ouest de Strasbourg, le plus ancien de la ville. Depuis quelques années, en raison de l’accessibilité de l’immobilier, de plus en plus de Strasbourgeois décident de s’y installer. Mais malgré cela, de nombreux habitants, rencontrés à l’occasion de l’inauguration du café, regrettent l’absence de lieux chaleureux où l’on peut s’installer « pour discuter et boire un verre. » Il y a bien quelques bistrots et restaurants, mais rares sont les familles ou les jeunes qui s’y installent en terrasse aux beaux jours.

Souvent destinés à servir de lieux de rencontres, ces cafés sont tenus par des bénévoles, avec l’appui d’associations. L’équipe du café de Koenigshoffen repose sur une poignée de membres d’associations de quartier mais pas suffisamment. Compte-tenu des bonnes volontés, le café n’occupera le rez-de-chaussée de la tour du Schloessel que trois vendredis par mois, dans le cadre d’une convention avec la Ville.

Le jardin de la tour du Schloessel. (Photo : Ville et eurométropole de Strasbourg)

La tour du Schloessel a été rénovée entre 2013 et 2016. Devenu la maison des associations du PNU, la Ville loue désormais les locaux aux associations mais aussi aux entreprises et aux services de la ville.

Olivier Joual, chargée de la programmation de la tour du Schloessel, précise :

« Le projet du café associatif correspondait à nos attentes : c’est un projet ouvert à tous, créé par des habitants et des associations du quartier et qui s’inscrit dans une politique de développement durable. Nous n’avons rien imposé au collectif ni refusé. On reste assez souple sur la gestion du lieu tant que les locaux sont peu utilisés. Mais idéalement, on aimerait que la tour soit occupée tous les jours. »

Les résidents de la maison de retraite Emmaüs étaient présents à l’inauguration. (Photo JM / Rue89 Strasbourg / cc)

Entre l’école Steiner et la maison de retraite d’Emmaüs

Situé à côté de l’école Steiner, mais aussi de l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Emmaüs-Diaconesses, les générations vont se croiser au café associatif. Matthias, l’animateur de la maison de retraite, se dit ravi :

« C’est une opportunité pour nos résidents ! Cela leur permet de rester en contact avec l’extérieur et de voir des jeunes. En plus ils connaissent bien les lieux, ils sont contents de revenir ici. »

Les familles du quartier elles aussi se réjouissent, comme Murielle, mère de deux enfants scolarisés à l’école Steiner :

« C’est vraiment sympa de pouvoir se retrouver ici à la sortie de l’école. Et puis le lieu est magnifique. »

Co-construit par 7 associations

Le projet de café a été « co-construit » avec sept associations dont certaines sont déjà bien implantées dans le quartier : PAR’enchantement, Koenigshoffen Demain, La Maison du compost, le conseil de quartier, le centre socio-culturel Camille-Clauss, l’école Steiner et la maison de retraite Emmaüs-Diaconesses.

Autre but mis en avant par les promoteurs du projet, telle Christine Hebting, directrice de l’association Koenigshoffen Demain, faire connaître le quartier à ses propres habitants. Elle explique :

« La plupart des habitants ignorent l’emplacement voire l’existence de la tour du Schloessel. C’est dommage que toute la vie du quartier se concentre route des Romains… Il est du ressort des associations de faire découvrir à ses habitants leur quartier. Koenigshoffen Demain cherche justement à revaloriser et à faire découvrir le patrimoine du faubourg. Les écoles ont elles aussi leur rôle à jouer dans la découverte de la ville. Des promenades peuvent amener les enfants à mieux connaitre leur quartier et le faire découvrir à leur tour à leurs parents… »

La route des romains, axe central de Koenigshoffen, sépare le quartier en deux. (Image : Capture d’écran Google Maps)

La route des Romains, seul axe de vie du quartier

La route des Romains, axe central de Koenigshoffen, est effectivement le lieu où tout se passe, sans être pour autant agréable ni propice à la promenade. Ce n’est pas Pierre Ozenne, habitant très impliqué dans le quartier, notamment sur le dossier du tram, qui va dire le contraire :

« Les gens emménagent ici car les prix de l’immobilier sont plus bas qu’ailleurs, mais ils s’installent avec l’idée de repartir rapidement. Tant que les gens ne viennent pas ici par choix, il sera difficile d’améliorer la vie du quartier. La plupart des habitants ne travaillent pas dans le quartier et quand ils sortent, ils vont au centre-ville. Les aménagements manquent car les financements manquent. Mais l’arrivée prochaine du tram est peut-être une chance. »

L’enjeu et la difficulté d’un quartier comme celui de Koenigshoffen, qui accueille des populations d’origines sociales diverses, c’est de faire en sorte que les différentes communautés se rencontrent et se côtoient. Or, les cafés déjà existants sont pour la grande majorité des cafés communautaires. Un schéma que le café associatif pourrait bien reproduire malgré lui, en n’accueillant que des familles aux revenus corrects par exemple.

Marie-Christine Carayol, directrice de l’association Par’Enchantement, déplore :

« Idéalement, il faudrait rencontrer de la mixité dans tous les lieux investis. Cette mixité naît dans les lieux de rencontres comme les cafés, mais aussi dans les marchés ou les bibliothèques. Mais ces lieux n’existent pas à Koenigshoffen… »

Jardin partagé, habitat participatif, bientôt un début de tram et maintenant un café associatif… Les forces vives du quartier sont prêtes pour que Koenigshoffen sorte de sa torpeur résidentielle. Pour le café de la tour du Schloessel, l’aventure commence seulement. Elee Déconseille, bénévole très engagée dans le projet, aimerait par la suite, ouvrir un bar permanent.


#Tour du Schloessel

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