Devenu adulte, qui ne se souvient des différentes « aventures animalières » rencontrées au fil de ses années de classe ? La sortie de fin d’année au zoo menée par un enseignant motivé, la sortie en forêt en début d’année pour « observer les traces » laissées par quelque mammifère ou le Graal des années passées, la classe verte, souvent organisée dans les Vosges avec ses sorties quotidiennes riches de collectes diverses ont fait la joie de bien des écoliers au cours de ces dernières décennies.
Aujourd’hui, l’école corsetée de réglementations de plus en plus contraignantes, aux première loges des évolutions de notre société, doit amener l’enfant à découvrir un rapport à la nature respectueux de l’environnement. De surcroît, on doit composer avec des budgets plus restreints. Il n’est plus possible de passer autant de « commandes de car » que par le passé ni de solliciter trop lourdement la participation des familles.
Des animaux oui, mais lesquels ?
Au fil de mes années strasbourgeoises d’enseignement, j’ai tenté… les escargots, les phasmes, les têtards qui deviennent des grenouilles, les poissons… L’intérêt des enfants a toujours été immédiat. Le côté fédérateur du projet est réel, il y a comme une curiosité du matin qui donne envie d’aller « voir » ce que les animaux deviennent et de pousser la porte de la classe.
J’ai toujours évité les petits mammifères en cage, n’ayant pas envie de transformer un paisible animal de jardinerie en « otage pédagogique ». Lorsque j’avais des classes de petits, je préférais amener mon lapin nain personnel, nommé Chocolat, à la journée, la classe s’organisant ce jour-là autour de la cage. Le risque d’allergie aux poils d’animaux se trouvent ainsi limité pour les enfants sensibles qu’il peut y avoir dans le groupe.
Des nouvelles pistes, des associations intéressantes
Cette année j’ai opté une nouvelle fois pour un partenariat scientifique avec l’association Saumon Rhin, basée à Oberschaeffolsheim. Elle propose des interventions dans les écoles par une personne ayant une formation scientifique et aux enfants de découvrir en classe le cycle de vie du saumon de l’Atlantique. Sur plusieurs mois, se succèdent plusieurs actions : d’abord un diaporama permettant de découvrir les caractéristiques de cette espèce de salmonidé suivie de la remise d’un carnet individuel à compléter, riche de croquis.
Puis vient l’installation d’un aquarium et de ses systèmes de régulation dans lequel on place les œufs sur un lit de gravier. Au fil des semaines, les enfants observent l’évolution des alevins, les photographient, les nourrissent et participent à l’entretien de l’aquarium. L’association fournit la nourriture et assure une assistance téléphonique en cas de problème. La maîtresse organise bien évidemment le « qui fait quoi ? » aujourd’hui afin d’éviter conflits et bousculades.
Donner du sens à ce que l’on fait à l’école
La dernière étape de ce projet, au début de printemps, consiste à organiser une sortie au bord d’une rivière affluent du Rhin, afin d’y lâcher ces jeunes alevins. Un lieu sans danger pour les enfants ayant été repéré par l’association, c’est dans la Bruche que nos alevins ont regagné le milieu naturel. L’accompagnement de l’enfant est bien fait, à l’issue de cette matinée, chacun se voit remettre un diplôme certifiant qu’il a participé à une action favorable à l’environnement.
Parions que certaines chambres d’enfants s’en trouveront décorées. Quelques jour plus tard, à l’occasion d’une discussion en classe portant sur le bonheur, une élève nous expliqua qu’il y a du bonheur à « faire des choses bien » ensemble. Cette affirmation lui valu l’assentiment du groupe, un moment d’émotion pour Maîtresse Charlotte.
Chargement des commentaires…