Les évacuations se suivent. En plus d’un an, la quatrième intervention des forces de l’ordre sur la place de l’Étoile a eu lieu en début de matinée ce jeudi 17 août. Mais cet énième démantèlement du camp de l’Étoile ne ressemble pas aux précédents. Un cordon a été déployé tout autour des tentes. Les responsables d’associations humanitaires, comme Les Petites Roues, ne peuvent accéder aux personnes sans-abris qu’elles aident régulièrement. Les journalistes aussi doivent attendre devant le ruban bleu blanc rouge. Plus d’une cinquantaine de personnes vivaient à quelques pas du centre administratif de la Ville de Strasbourg. Combien ont été prises en charge ? Vers quel gymnase ont-elles été amenées pour que leur situation administrative soit étudiée ? Sur place, police et préfecture refusent de répondre à ces questions.
Une évacuation en retard, des sans-abris exclus
Autre différence importante pour cette énième évacuation : l’heure de l’intervention des forces de l’ordre. D’ordinaire, ces démantèlements de camp ont lieu aux alentours de 6h. Plusieurs militants associatifs et habitants de la place étaient ainsi présents aux aurores ce matin, place de l’Étoile. Vers 7h30, ils ont fini par quitter les lieux en pensant que l’évacuation était reportée. Certains sont allés au travail, d’autres avaient un rendez-vous dans un centre pour personnes sans-abri ou chez un professionnel de santé.
Ainsi, vers 10h, une vingtaine de personnes patientaient derrière le cordon de police, demandant à être prises en charge dans le cadre de l’évacuation. Il y a un couple, dont la femme est enceinte de six mois. Un petit groupe de trois habitants du camp interpelle la police pour récupérer leurs affaires dans leurs tentes. « Je veux juste récupérer ma nourriture », clame l’un d’eux en anglais. Pas de réponse du policier face à lui.
« On est livré à nous-mêmes »
Parmi ces sans-abris qui n’étaient pas présents au moment de l’évacuation, Ahmed Ali explique avoir quitté les lieux en début de matinée pour chercher du travail. Derrière le cordon, il raconte un cycle absurde qu’il connaît bien :
« On appelle toujours le 115. Ils nous disent qu’ils nous hébergent mais ils ne nous hébergent pas car il n’y a pas de place. Une fois on nous a hébergé, on est resté deux semaines et on nous a dit « monsieur quittez les lieux ». « On dort ici depuis trois mois. Si on dort ici, c’est parce que c’est un lieu en sécurité. Il y a beaucoup de monde. Dans les autres secteurs, on se fait parfois agresser. On est livré à nous-mêmes. »
Sur les 115 personnes prises en charge, 39 ont refusé les propositions d’hébergement selon la préfecture. Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites roues, est en lien avec plusieurs de ces personnes :
« Il y a notamment des familles syriennes et afghanes, avec des gens qui avaient du travail ou des propositions d’emploi à Strasbourg. Les hébergements se trouvaient dans d’autres régions, dans des villages en Moselle par exemple. Ils ont été contraints de refuser. »
L’évacuation du camp de l’Etoile s’est effectuée à la demande de la maire de Strasbourg. Josiane Chevalier, préfète du Bas-Rhin, a ordonné cette évacuation autorisée par le tribunal administratif de Strasbourg le 7 août 2023. C’est la quatrième fois que ce camp de l’Etoile est évacué. Les précédentes évacuations datent du 12 juillet 2022, du 6 décembre 2022 et 23 juin 2023.
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