Devant la base logistique du SAMU, dans le quartier de Hautepierre à Strasbourg, la fumée rouge se diffuse, jeudi 23 janvier. Entre deux fumigènes, une pancarte se révèle. « Nos véhicules ne sont pas des salles d’attente ». Devant elle, une soixantaine de pompiers en tenue, rassemblés autour d’un même objectif : une meilleure gestion de l’urgence des situations qui leur sont confiées par le SAMU.
Si les pompiers de Strasbourg manifestent, c’est pour réclamer des changements dans le système d’attribution de leurs missions. Lorsque le SAMU les sollicitent, ils sont en effet obligés de se rendre sur place, quelle que soit l’urgence, même relative. « Ce n’est pas normal de faire déplacer un camion de pompier pour une grippe », estime Cédric Hatzenberger secrétaire général Force Ouvrière des pompiers du Bas-Rhin. « On en a marre de servir de taxis« , peste-t-il.
Les manifestants dénoncent également des délais d’attente excessifs lorsqu’ils conduisent un patient dans les services hospitaliers. En France, le délai d’attente moyen est de 30 minutes, selon Cédric Hatzenberger. Dans le Bas-Rhin, il l’estime plutôt à une heure en moyenne. « Un jour, on a attendu 7h aux urgences », déclare-t-il, avant d’ajouter : « C’est l’équivalent d’un trajet jusqu’à Montpellier ! »
Un problème structurel
Pourtant, la situation n’est pas nouvelle. Nathanaël Winkelsass, président de la section bas-rhinoise du syndicat Avenir secours, explique s’être déjà adressé à plusieurs reprises à l’Agence Régionale de Santé pour réclamer des changements. Il évoque une lettre ouverte en 2024 également diffusée dans la presse, restée sans réponse.
Selon lui, l’incapacité de l’ARS à trouver des solutions reflète la crise de l’hopital public. Il identifie que le manque de médecins libéraux participe au recours systématique aux pompiers, pour amener les patients aux urgences. S’ajoute à cela un manque de places dans les hôpitaux, qui entraîne des délais d’attente aux urgences toujours plus élevés.
Résultat, les pompiers manquent de personnel et de matériel pour intervenir sur des situations de réelles urgences, telles que les incendies. Le temps d’attente excessif aux urgences est susceptible de crée « une tension avec les équipages, qui peuvent mener à des agressions physiques », souligne Nathanaël Winkelsass.
Le syndicaliste remarque une perte de sens du métier aux yeux de ceux qui l’exercent. « C’est une profession porteuse de valeurs, malheureusement aujourd’hui certains pompiers ne s’y retrouvent plus », explique-t-il. Ainsi, certains pompiers bénévoles ont déjà commencé à cesser d’exercer, le faisant crainde un futur problème d’effectifs.
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