La directrice de Pôle Sud, Joëlle Smadja, se sentait un peu seule lundi matin pour la présentation de la saison 2014-2015 de Pôle Sud. D’habitude, elle coprésentait avec Philippe Ochem, directeur de Jazzdor, une saison culturelle alternant spectacles de danse et concerts de jazz pour cette institution implantée au cœur de la Meinau à Strasbourg. Mais depuis plus d’un an, Pôle Sud est engagé dans une démarche de labellisation pour devenir un centre de développement chorégraphique (CDC) tandis que Jazzdor, de son côté, est devenu une scène des musiques actuelles (Smac).
C’est un peu administratif tout ça, mais l’essentiel est que ces deux univers culturels ont pris désormais des chemins différents. Joëlle Smadja a donc présenté 18 rendez-vous et deux festivals, des scènes parfois hybrides mais toutes issues de la danse. En 2014 – 2015, Pôle Sud financera 4 créations, 9 coproductions et accueillera en résidence une douzaine d’artistes.
À la fin de cette saison, le ministère de la Culture réalisera une inspection de Pôle Sud. Du résultat de cette inspection dépendra la labellisation en centre chorégraphique de Pôle Sud ou son report. Cette saison est donc déterminante pour cette structure qui compte 17 salariés. Pour Joëlle Smadja, c’est la dernière ligne droite après trois années de préparation :
« Pôle Sud avait l’ambition d’obtenir le label CDC depuis plusieurs années, mais nous sommes entrés activement dans le processus lorsque j’ai pris la direction. C’est l’équivalent d’une “démarche qualité” pour nous, ça nous engage dans un processus d’entrainement et de stimulation. On deviendra un pôle de ressource pour le monde de la danse dans tout l’Est de la France et on rentre dans un réseau de structure, ce qui nous autorise à de nouvelles ambitions créatrices. On est tous très heureux des perspectives de développement que cette démarche nous ouvre, ça va nous permettre de réenchanter notre programmation. »
1,7 million d’euros, 100% danse
En outre, cette spécialisation va permettre à Pôle Sud de développer ses relations avec les structures strasbourgeoises dans un « esprit de complémentarité plutôt que de concurrence » même si évidemment, le public n’est pas extensible. Des spectacles proposés au Maillon et au TJP seront proposés aux habitués de Pôle Sud, ces deux premières structures renvoyant l’ascenseur pour leurs publics respectifs. L’Opéra du Rhin, autre structure proposant régulièrement des spectacles de danse à son public, n’est pas dans la boucle.
Le budget de Pôle Sud s’établit autour de 1,7 million d’euros, financé à 80% par la Ville de Strasbourg (1,08 million d’euros), puis par la Drac (180 000€), la Région Alsace (50 000€) et le Conseil général du Bas-Rhin (20 000€). Ce budget consacre 350 000€ à la création, une somme stable mais qui sera pour la première fois entièrement dédiée à la danse. Auparavant, Pôle Sud consacrait 50 à 60 000€ aux concerts de jazz. La labellisation de Pôle Sud en CDC n’augmentera pas la participation de l’État dans son budget, mais assure Joëlle Smedja, permettra à la structure de se tourner vers des financements européens.
18 rendez-vous, 4 créations, 9 coproductions
En 2014 – 2015, Pôle Sud a concentré ses efforts sur quatre créations. The Knights of the Invisible par Iona Kewney et Joe Quimby en novembre avec Les Migrateurs, Pour en découdre avec Étienne Fanteguzzi et Damien Briançon en décembre (voir ci-dessous), Rhapsodie démente en janvier de François Verret, encore avec Les Migrateurs, et Quand vient la nuit – Enfin de Louis Ziegler en mars. Pôle Sud participe en outre à neuf coproduction dont une menée par l’association des centres chorégraphiques, Mes mains sont plus âgées que moi.
D’autres dates sont des valeurs sûres qui tournent depuis plusieurs mois en France. Ainsi en novembre, les planches de Pôle Sud accueilleront Cartel de Michel Schweizer, un spectacle qui a reçu un très bon accueil de la presse. Particularité de ce rendez-vous : faire cohabiter le danseur étoile couronné en 1973 Jean Guizerix avec le jeune et vibrionnant Romain di Fazio. Tout l’énergie consommée pendant le spectacle étant par ailleurs produite par les efforts de trois cyclistes…
À noter également en novembre, le « portrait » du danseur Cédric Andrieux par Jérôme Bel, un bel exercice d’auto-mise en scène sur sa propre personnalité. Qu’est-ce qu’un danseur aujourd’hui ?
Autre rendez-vous décalé, Vader, par la compagnie Peeping Tom, happening surréaliste autour d’un père dans sa maison de retraite, recréée pour l’occasion sur scène. Pôle Sud cherche des figurants pour cette pièce, prendre contact avec le département gériatrie du Maillon, puisque la pièce sera jouée là-bas.
Deux festivals en avril et mai
En avril, la saison de Pôle Sud s’effacera devant la nouvelle version du festival « Nouvelles Danse – Performance » qui s’appelle désormais « Pôle Danse ». Du 8 au 23 avril, une dizaine d’artistes nationaux et internationaux, annonce Pôle Sud, investiront les scènes de Pôle Sud, du théâtre de Hautepierre. Sont annoncés une version d’Antigone par Trajal Harrell, Samedi Détente sur le génocide au Rwanda par Dorothée Munyaneza, Dragging the bone de Miet Warlop, D’après une histoire vraie de Christian Rizzo avec L’Association Fragile et Matter de Julie Nioche.
Un autre festival de danse suivra, en mai, avec cette fois comme ambition de sortir des scènes, pour investir la ville donc. La programmation de ce festival, qui s’appellera « ExtraPôle » n’a pas encore été dévoilée.
Aller plus loin
Sur l’agenda Rue89 Strasbourg : toute la programmation de Pôle Sud en détail.
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