La carte de Strasbourg a une toute autre allure sur Pokeweb Go, un site qui recense les « Pokéstops », arènes et autres Pokémons. Si on en croit les utilisateurs de ce jeu sur téléphone portable, lancé au début de l’été en France et massivement adopté, on constate qu’un Flagadoss a été aperçu au lycée international tandis qu’un Soporifik est déjà apparu au collège Saint Étienne…
Ces établissements, comme quatre autres collèges et lycées de Strasbourg, sont des Pokestop, c’est-à-dire des lieux où les joueurs peuvent se recharger en pokeball (pour attraper les pokemon), potion (pour les soigner) et autres accessoires . On peut aussi y poser des appâts, qui attirent des Pokemon sauvages pendant 30 minutes.
Toute personne pourrait légitimement ignorer ces renseignements qui ne prennent de sens que sur les écrans de téléphones, mais pas les responsables des établissements scolaires concernés. Déjà en état de vigilance, ils sont partagés sur la marche à suivre pour éviter les attroupements d’élèves et les intrusions de personnes extérieures dans leurs établissements.
Au lycée Marcel Rudloff, la proviseure adjointe Viviane Risch souhaite dès la rentrée réagir avec son équipe pédagogique pour éviter que le phénomène ne prenne trop d’ampleur :
« On va immédiatement mettre le holà. Nous avons 1 200 élèves et nous sommes en milieu urbain, donc il y en aura forcément un nombre important d’élèves concernés. Nous allons dès la rentrée rappeler le règlement intérieur, qui régit déjà l’utilisation de dispositifs électroniques et nous resterons très vigilants sur les accès à l’établissement. »
Pokémons marins aux Pontonniers
Au lycée International des Pontonniers, le secrétariat de direction s’inquiète. Ce beau lycée du centre-ville situé au bord de l’eau attire déjà les touristes, voilà maintenant qu’il génère des Pokémons marins ! La crainte qu’il y ait encore plus de monde qui tentent de rentrer dans la cour est réelle, bien qu’il soit possible de profiter des bienfaits du Pokestop en restant sur le trottoir.
De l’autre côté des quais, au collège Épiscopal Saint-Etienne, le proviseur par la voix de sa secrétaire rappelle qu’ils ont toujours dû gérer les intrusions :
« Vu les circonstances actuelles, nous sommes déjà très vigilants par rapport à la sécurité, Pokémons ou pas. »
Elektek au collège Vauban, pas une bonne nouvelle
D’autres établissements sont vernis, ou jouent de malchance selon qu’on soit joueur ou en charge de la sécurité. Ainsi le collège Vauban est devenu un Pokéstop pendant l’été mais en plus un Elektek – un Pokémon plutôt rare qui attire encore plus de joueurs – y a déjà élu domicile. L’apparition de ces Pokémons a provoqué plusieurs mouvements de foules, avec des conséquences parfois dramatiques.
C’est pourquoi la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a elle-même pris la mesure de la menace et prévoit de demander à Niantic, l’éditeur de Pokémon Go, d’empêcher l’apparition de Pokémons rares dans les établissements scolaires. L’entourage de la ministre précise que les établissements ne sont pas en mesure d’empêcher une intrusion massive. Lors de sa conférence de presse de rentrée mardi, la ministre a rappelé aux responsables d’établissements que Niantic met à disposition un formulaire pour signaler les Pokéstops et Arènes indésirables dans les écoles, collèges et lycées…
Au collège de la Robertsau, la principale, Dominique Caminade, a d’autres priorités pour la rentrée :
« Je vais attendre un peu de voir comment ça se passe avec les élèves. J’ai l’impression que le jeu concerne un public un peu plus âgé que les collégiens, mais si cela pose des problèmes, je vais faire une demande à l’éditeur pour supprimer le Pokéstop. »
« Ah, c’était pour ça ces rassemblements d’élèves »
Rachelle Marks, principale du collège Vauban, ne savait pas que son établissement était devenu un Pokéstop, mais chose inhabituelle avant la rentrée, elle a déjà remarqué des rassemblements d’élèves sur des marches devant l’établissement :
« Cette situation peut générer des accidents. Nous allons redoubler de vigilance et je vais prévenir les services du rectorat pour voir comment nous pouvons remédier à ce problème. »
Du côté du rectorat justement, la nouvelle rectrice, Sophie Béjean, s’est placée dans les pas de sa ministre et se dit « attentive à l’évolution de la situation » pour prévenir les abus :
« J’ai confiance dans nos équipes de direction. De tous temps, il y a eu des jeux, et ils ont toujours su gérer les réactions parfois imprévisibles des élèves. »
Il reste qu’on a rarement vu un jeu aussi populaire, rassemblant des joueurs bien au-delà des élèves, et motivés par des conditions qui surviennent au même moment pour tous… Les conséquences de ces deux composantes ne cessent d’être découvertes depuis le lancement de Pokémon Go.
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