Entrant dans l’espace du Syndicat potentiel, je me suis retrouvée dans une salle assombrie dans laquelle des tableaux sont accrochés. Seul un ordinateur dont l’image est projetée sur l’un des murs sert de source lumineuse. Les images sont étranges, il s’agit en fait de photos d’archives qu’un programme sélectionne dans une base de données, il les mêle et propose une nouvelle image à partir d’une superposition, étonnant ! Détournement et découvertes, voilà ce que nous propose Vincent Chevillon avec ce programme: c’est à regarder longtemps pour réussir à voir toutes les possibilités de montages et tous les mondes proposés.
Mais comment vais-je pouvoir voir les œuvres dans cette obscurité ? Un son entêtant est diffusé dans l’espace, des bruits d’oiseaux mais aussi autre chose, quelque chose d’assez sourd et sombre. Il ajoute à l’étrangeté de ce que je suis venue voir. Les œuvres accrochées aux murs ont été réalisées par Steffen Osvath à partir de photos trouvées dans des puces, qu’il a ensuite retouchées, modifiées, réencadrées. Elles ont un côté désuet, on dirait effectivement des photos d’archives qui nous seraient données à voir pour rendre compte d’un passé qui est en fait altéré. Il s’en dégage une atmosphère surnaturelle, qui est renforcée par le jeu des lumières et l’ambiance sonore. Quelle ne fut pas ma surprise quand les lumières se sont allumées alors que je suis passée devant. Je sais bien que j’ai des ondes bizarres (je perturbe souvent la réception de ma radio) mais quand même pas au point que la lumière soit quand j’entre dans une pièce, après avoir marché sur la mer ça ferait beaucoup, non ?
Le collage et les retouches d’images qui sont le dénominateur commun de ces deux artistes, l’atmosphère qui s’en dégage inquiète. Étrangement, même si il y a une certaine appréhension à voir cette expo, elle invite aussi à la surprise et au jeu. J’ai eu envie (et en fait c’était nécessaire) de jouer avec cette lumière qui ne s’allumait que par intermittence, à chaque fois elle permettait de voir une photo, un détail mais pas plus, il fallait bien choisir ce que je regardais, façon originale de visiter ce lieu transformé en cabinet de curiosités surnaturelles !
Au Syndicat potentiel, il y a deux pièces. Pour cette exposition, ils ont modifié l’accès à la seconde : on est obligé de passer par une sorte de sas et des escaliers pour voir une salle recouverte de terre qui semble aride, en tout cas, je n’imagine pas que quelque chose pourrait y pousser. Mais pourquoi pas, qui sait ? Au centre, se trouve suspendue une étrange sculpture, tout autant épouvantail que mirador, que surveille-t-elle ? Après, il ne s’agit que de mon impression… Qu’en dites-vous ? Quoiqu’il en soit, j’y retournerai bien pour revoir tel ou tel détail et en découvrir d’autres qui m’ont sans doute échappée !
Y aller
« Ego non te baptisto in nomine… » jusqu’au 26 avril 2012, de 15h à 19h, sauf dimanche et lundi au Syndicat Potentiel, 13 rue des Couples à Strasbourg – Entrée libre. Tél. 03 88 37 08 72. http://syndicatpotentiel.free.fr/yacs/
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