Devant les associations de défense des victimes de la maladie de Lyme, Marisol Touraine, ministre de de la Santé, a présenté jeudi matin un « Plan national de lutte contre les maladies transmises par les tiques. » L’objectif de la ministre est d’accroître la notoriété de ces pathologies, souvent difficilement détectables :
« Ce plan vise à éviter le sentiment d’abandon et l’errance thérapeutique auxquels sont confrontés des malades de Lyme. Il permet de mieux comprendre la maladie, de soigner plus efficacement les patients et de mobiliser tous les outils disponibles pour prévenir la maladie. »
Des objectifs ambitieux, mais qui n’ont pas été chiffrés cependant. Concrètement, le plan prévoit une quinzaine de mesures devant prévenir, améliorer le diagnostic et accélérer la recherche. D’abord, l’Office national des forêts (ONF) est chargé d’installer des panneaux d’information pour les promeneurs à l’entrée des forêts, une application pour smartphones permettant de signaler la présence de tiques (on aura bientôt un « pack gouvernement » dans les portables, ici attentat, là des moustiques tigre, ici des tiques…), des actions d’information à destination de la population et un plan de formation des professionnels de santé.
De l’info pour les médecins
Sur la prise en charge, le plan prévoit de mettre à disposition des médecins un bilan standardisé décrivant la liste des examens permettant un diagnostic complet chez toute personne présentant des symptômes évocateurs, et la mise en place d’un protocole national de diagnostic et de soins (PNDS), élaboré en lien avec les associations. En 2017, des centres de prise en charge spécialisés devraient ouvrir dans les zones impactées, donc en Alsace.
En outre, le plan du Gouvernement prévoit d’améliorer la recherche, en regroupant les malades et en confiant le pilotage à l’Institut Pasteur.
La maladie de Lyme toucherait plus de 26 000 personnes supplémentaires chaque année. Mais elle présente des signes cliniques subjectifs (maux de tête, troubles de la mémoire) dans ses formes tardives, ce qui rend le diagnostic difficile à poser d’autant que les tests d’aide au diagnostic sont controversés. À Strasbourg, la pharmacienne Viviane Schaller a été condamnée pour avoir systématiquement fait réaliser deux tests sur les patients qui venaient dans son laboratoire d’analyses. Son procès en appel doit se tenir à Colmar en octobre.
Mais la communauté scientifique est très divisée sur son épidémiologie comme sur sa prise en charge. À Strasbourg, les Pr Christmann et Jaulhac, responsables du centre national de référence des Borrellia, le nom scientifique des maladies transmises par les tiques, sont plutôt sur une ligne conservatrice. Ils réfutent que les infections aient pris un caractère épidémique et considèrent les tests comme fiables, « lorsqu’ils sont bien employés. » Tous les deux sont allés défendre cette position le 20 septembre devant l’Académie de médecine.
« Face aux médecins divisés, il ne m’appartient pas de trancher », a indiqué la ministre jeudi matin.
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