Pierre, Strasbourgeois de 22 ans, a obtenu deux CAP : maçon et tailleur de pierre. Mais on ne le verra pas sur un chantier. Dans la Zone d’expression prioritaire (ZEP), un média d’accompagnement des jeunes à l’expression, il raconte dans un récit glaçant comment s’est déroulé son apprentissage chez les Compagnons du devoir lorsqu’il avait entre 16 et 19 ans : un calvaire dans les Vosges et en Alsace.
Logement insalubre, intrusion dans sa vie privée, heures supplémentaires non payées, interdiction de sorties, brimades et punitions… Rien de lui aura été épargné, jusqu’aux travaux inutiles et présentés comme tels comme laver la voiture du patron et recommencer. Éloigné de sa famille et seul face à ses patrons, Pierre a bien failli s’en prendre à lui-même :
« Un jour, j’étais tellement mal que j’ai tenté de me casser la main en me l’écrasant avec deux panneaux de coffrage. Je ne savais plus quoi faire et je me sentais seul. Je suis allé chez le médecin. Il m’a proposé de m’arrêter pour dépression, jusqu’à ce que je passe mon diplôme. Je n’ai pas voulu. Il fallait que j’acquière encore des compétences en vue de l’examen. »
Fort heureusement, Pierre a fini par trouver une oreille attentive auprès de la direction du CFA d’Illkirch-Graffenstaden. Il a pu terminer ses études mais pour se diriger dans la vente. Plus question pour lui de retourner sur un chantier. Son témoignage montre à quel point les apprentis peuvent se retrouver seuls face à des cas de harcèlement dans de très petites entreprises.
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