Les habitants du quai Finkwiller et de la Petite-France ont reçu un courrier inhabituel dans leurs boîtes aux lettres en cette mi-mars. La feuille simple appelle à contacter la police municipale pour signaler les « débordements et nuisances nocturnes » dans le but qu’un maximum d’appels « soient comptabilisés ».
Et surtout, elle vise à constituer un collectif de riverains localisé dans ce secteur. « Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de poids », fait savoir le texte. Le collectif garantit l’anonymat à ceux qui souhaitent rejoindre sa cause. La liste de nuisances constatées est longue : bruit, incivilités, saletés, tags, vomis urine et même… barbecues et djembés (l’été).
Notons que Paris a ainsi vu des associations similaires se multiplier. Leur objet se limite à quelques rues des quartiers animés (le réseau « Vivre Paris » fédère 19 associations) nous avait raconté « le maire de la nuit de Paris » lorsque nous l’avions rencontré en 2015.
Un ballon d’essai
Derrière ce collectif naissant, un numéro de portable. Celui d’Olivier Chalvignac, un Strasbourgeois qui a déjà traité de ces sujets par le passé au sein de « l’Association pour le respect des riverains des établissements de nuit » (Arren). Ce sont les alertes de son locataire qui habite le secteur et d’autres voisins qui lui ont fait prendre cette nouvelle initiative :
« Depuis cet été, on remarque des dégradations dans ce secteur, notamment autour de la boîte de nuit le Next, l’ancien Vog, qui a changé de nom. La clientèle est devenue plus jeune et ne respecte rien. Je ne revendique rien dans ce collectif, mais j’ai un peu d’expérience car j’avais suivi l’élaboration de la charte de la nuit. Au début, il n’y avait que les commerçants et la municipalité qui souhaitent développer l’activité nocturne et on avait pu intégrer le point de vue des habitants. Mais on se demande s’il y a vraiment des PV pour tapage nocturne qui sont adressés à des personnes dans les rues. Les riverains du secteur Finkwiller manquent d’expérience et ont parfois peur de donner leur nom. Selon comment ça se passe, on verra les démarches que l’on peut entreprendre. »
L’épineuse question de la vie nocturne avait beaucoup agité l’actualité strasbourgeoise en 2014. Le débat s’était cristallisé autour des vidéos de fêtards et de dégradations tournées par Calme Gutenberg.
Concernant cette association de riverains en colère, Olivier Chalvignac estime qu’elle « fait du bon boulot » mais se retrouve « souvent dénigrée ». Néanmoins, ce nouveau collectif ne vise pas à être présent sur les réseaux sociaux ce qui pourrait l’éloigner de certaines polémiques numériques. Du côté de la Ville de Strasbourg, une campagne anti-bruit dans les établissement serait en cours de préparation.
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