Rumex patienta (oseille-épinard) et choux perpétuel Daubenton, pimprenelle et carottes, noix de terre, mizuna, urui, blettes, rhubarbe, oignons et ail d’hiver, fraisiers et framboisiers, roquette, menthe, mélisse… Et bientôt, rhubarbe, soucis, haricots, salades, betteraves ou radis. Le « Jardin à croquer », situé sur un terrain de 8 000 m² (80 ares) à proximité du cimetière Saint-Gall à Kœnigshoffen, s’éveille avec le printemps. Tous les samedis, se retrouvent quelques-uns des 40 jardiniers, dont une vingtaine très actifs, dispatchés sur six jardins. Mais en semaine, le lieu est généralement peu fréquenté.
Et pour cause, ce jardin, unique en son genre à Strasbourg, mais également en France, voire « dans le monde », assure son initiateur Christophe Köppel, est cultivé en permaculture, une approche naturelle de l’agriculture qui, par ses pratiques, nécessite peu d’intervention humaine.
Trois règles essentielles et déroutantes pour le jardinier « classique » : pas de labour (on ne retourne pas la terre), pas d’engrais (encore moins de pesticides) ni de désherbage et des associations de cultures, qui limitent les attaques de la faune (limaces, oiseaux, etc.), la présence de plantes invasives (les « mauvaises herbes ») et surtout l’arrosage.
Le sol est couvert 12 mois sur 12
Grosse différence entre un jardin habituel et celui de Saint-Gall : alors qu’à cette époque de l’année, les jardins familiaux à proximité présentent une terre à nu, le sol du jardin de l’association Brin de paille Alsace est à 100% couvert, et ce, 12 mois sur 12. De plus, il est déjà partiellement vert. Une impression donnée notamment par le trèfle très présent, qui amende le sol et matérialise les allées sur lesquelles on peut marcher. Là où l’on ne voit encore aucune pousse, le paillis et le BRF (bois raméal fragmenté) recouvrent le sol, protégeant la terre du froid, de l’érosion par le vent ou les pluies, et l’enrichissant en matière organique.
En 18 mois, le terrain a changé de visage : 80 ares ont été clôturés pour délimiter la partie en culture. Le reste est couvert d’arbres et arbustes, d’un verger fruitier, de culture de champignons, de céréales et, pourquoi pas bientôt, de petits élevages. Dans la partie close, le gros du travail a d’abord consisté à créer des arcs de cercle, paillés puis recouverts de BRF, à planter des grands végétaux (440 buissons de petits fruits et grands arbres fruitiers), à créer des tables et bancs, des mini-serres en bois imputrescible, des treilles pour les plantes grimpantes et cucurbitacées (haricots, tomates, courges…), deux mares.
Contre les ravageurs : deux mares et des tas de bois
Dans ces dernières, des plantes aquatiques hébergent désormais une faune auxiliaire utile pour lutter contre les insectes nuisibles aux cultures, comme les limaces, pucerons ou escargots, chenilles. Des tas de vieux bois ont également été disposés en plusieurs endroits, qui abritent hérissons, lézards et autres prédateurs, également friands de ces ravageurs. Une quinzaine de nichoirs à mésange ont été installés pour réduire la population de chenilles, cochenilles et limaces.
Depuis début 2014, 25 à 30% des têtes ont changé. Si plusieurs petits groupes de jardiniers assidus et motivés se sont créés au fil des mois, d’autres ont baissé les bras, faute de temps ou ne trouvant pas leur compte dans le concept du lieu. Le gros œuvre et la météo de l’année dernière (printemps sec, été humide et liseron ultra-présent) n’ont pas non plus aidé.
Christophe Köppel se rappelle :
« Au départ, c’était du travail physique. Certains, des personnes plus âgées par exemple, ne sont pas restés. Dans les mois qui ont suivi, on a encore eu un peu de perte… Mais depuis, par le bouche-à-oreille, les places ont à nouveau été prises. Des gens du quartier nous ont rejoints. On a un bon capital sympathie dans le coin… »
Alors qu’à l’origine du projet, on trouvait surtout parmi les permaculteurs des « planificateurs », architectes, paysagistes, artisans ou maraîchers, les profils se diversifient donc peu à peu.
Densifier les cultures, bientôt perpétuelles
Cette année, les petits groupes travaillent à densifier les cultures, qui bientôt reviendront en grande partie d’année en année, d’elles mêmes. Les samedis sont consacrés à des activités collectives, plantations, paillage, installation de nichoirs… Christophe et les trois ou quatre autres jardiniers les plus expérimentés, habitués à cultiver ou cueillir des plantes sauvages, proposent aux débutants des ateliers semis (voir les vidéos Vie et Bien-être), mises en conserves, fabrication de ruches, etc.
Alors que le Jardin à croquer entame son deuxième printemps, il ouvre ses allées au public ce samedi 18 avril, à l’occasion des journées portes ouvertes du parc naturel urbain. A 16 heures, un buffet dégustation est proposé aux visiteurs, avec atelier de cuisine des plantes sauvages et introduction à la permaculture.
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Samedi 18 avril, à 14 heures, portes ouvertes au Jardin à croquer, tout au bout du chemin du Marais-Saint-Gall (accès par les jardins familiaux – le plan). Au programme : introduction à la permaculture (14h) et atelier de cuisine des plantes sauvages, buffet dégustation (16h).
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