Il y avait déjà la Route du Vin, il y a maintenant, la Véloroute du Vignoble. Pour l’emprunter depuis Strasbourg, deux possibilités : rejoindre Marlenheim par les collines du Kochersberg ou zapper les premiers kilomètres du parcours officiel et rejoindre directement Molsheim via la piste toute plate du canal de la Bruche.
Et c’est parti pour trois belle journées à pédaler à flanc de coteaux, dans une mer de vignes et des paysages somptueux.
D’un côté la plaine du Rhin avec au loin la Forêt Noire, de l’autre les Vosges piquetées de châteaux forts. Et en chemin une centaine de villes et villages tous plus pimpants les uns que les autres.
Éviter Riritueg
Une Alsace de carte postale mais ne boudons pas notre plaisir, c’est très beau. Et puis on peut éviter ou traverser rapidement le touristodrome de Riritueg (Ribeauvillé, Riquewihr, Turckheim, Eguisheim) d’ailleurs assez difficiles à visiter à vélo tant il y a de monde et découvrir à la place d’autres lieux tout aussi médiévaux et charmants mais moins courus : Dambach, Scherwiller, Châtenois, Rouffach…
Le cheminement se fait essentiellement sur des chemins d’exploitation viticole fraîchement goudronnés, bien à l’abri de la circulation automobile. Un régal.
Manger, dormir, déguster…
Question intendance, aucun problème pour se restaurer et se loger, la Véloroute de Vignoble est un itinéraire gastronomique qui offre aussi une grande variété de lieux d’hébergement, du camping municipal à l’hôtel cinq étoiles avec piscine et spa.
Le parcours est jalonné par des centaines de caves. Grande est la tentation d’y faire halte. Il va sans dire que l’œnologie n’est pas forcément l’alliée du cyclotourisme. Mais en dégustation on ne vous sert qu’un minuscule fond de verre dont il est de bon ton de ne boire qu’une gorgée et reverser le reste dans un seau. Une bonne façon de limiter le risque d’excès consiste à ne s’intéresser qu’aux vins Demeter, les plus rares et les plus anciens des vins bio dont plusieurs ont, paraît-il, les faveurs des grands de ce monde.
Quelques petits souvenirs de voyage
- A Achenheim, au bar de l’Arbre Vert, où il y a un perroquet, gris du Gabon, qui parle l’alsacien. Quand ça lui chante.
- Le carillon de l’église de Dambach-la-Ville sonne comme Big Ben mais complètement faux. Rigolade assurée toutes les heures.
- A Dieffentahl, le goût des poires cueillies sur l’arbre par des paysans en train de les récolter. Et une sympathique conversation sur les mérites respectifs de l’agriculture raisonnée et du bio.
- Une nuit inoubliable au camping « médiéval » de Turckheim : la tente montée sur du gravier (moyen !) et les sympathiques voisins du Solex club de Belgique venus rendre visite, avec leurs engins de collection, au musée du Solex.
Encore un effort camarades !
Seul bémol à cette belle aventure. La Véloroute du Vignoble n’en est pas encore vraiment une. Elle ne répond pas au cahier des charges des véloroutes et voies vertes. D’abord à cause d’un balisage catastrophique. Aucune signalétique cohérente : on croise le logo, une grappe de raisin stylisée, environ tous les dix kilomètres, et le fléchage est très insuffisant. On se perd souvent.
Idem pour la cartographie. Il n’existe pas de carte spécifique de la Véloroute. Il faut se référer aux cartes générales des itinéraires cyclables du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui ne se sont manifestement pas concertés pour en établir les légendes. On subodore d’ubuesques chicaneries interdépartementales. Ces cartes font aussi l’impasse sur des indications précieuses pour les voyageurs à vélo : les distances en km et les chevrons pour signaler les côtes à déclivité sérieuse. Sur celle du Haut-Rhin, il manque aussi les emplacements de terrains de campings et de réparateurs vélo. En revanche, y figurent golfs et stations de ski. Qui part aux sports d’hiver à vélo ?
Enfin, il y a sur le parcours deux ou trois côtes impossibles à gravir sans un triple plateaux et de solides jarrets qui semblent elles aussi déroger aux critères d’une Véloroute. L’une d’elle, entre Hunawihr et Riquewihr, est particulièrement rude. Mais peut-être nous étions nous, une fois de plus, trompés de chemin.
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