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Pâtes à emporter : Mezzo di Pasta en redressement judiciaire

Le réseau alsacien de pâtes à emporter Mezzo di pasta, né à Strasbourg en 2002, a demandé lundi à être placé en redressement judiciaire. L’enseigne devrait se séparer d’une dizaine de succursales et cherche à faire appel à de nouveaux investisseurs.

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Pâtes à emporter : Mezzo di Pasta en redressement judiciaire

Le restaurant Mezzo di Pasta rue des Balayeurs (Photo PHR / Rue89 Strasbourg / CC)
Le restaurant Mezzo di Pasta rue des Balayeurs (Photo PHR / Rue89 Strasbourg / CC)

Toute l’équipe de direction de Mezzo di Pasta était lundi après-midi devant la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg. Le réseau de vente de pâtes à emporter a demandé à la justice d’être placé en redressement judiciaire, assorti d’un mandat ad-hoc pendant six mois, pour faire « une pause dans les créances », selon le mot de son P-DG Robert Ostermann :

« Nous payons quelques erreurs du passé. Nous nous sommes développés trop vite et nous avons parfois ouvert des points de vente sans tenir compte du tissu économique local. Notre trésorerie ne nous permet plus de faire face aux coups du sort… Donc nous envisageons de fermer une dizaine de magasins, gérés en direct, pour sauvegarder la marque, le réseau de 135 enseignes dont 100 en franchise, et le « cœur du réacteur », qui fonctionne correctement. Le réseau de franchises continuera de se développer en revanche, nous avons une quinzaine d’enseignes en projet. »

Pas de plan social prévu

Mezzo Di Pasta a fait état devant la chambre commerciale d’un plan stratégique et de discussions avec de nouveaux investisseurs. Le tribunal a accordé le redressement judiciaire pour six mois et a donné rendez-vous  à l’entreprise le 2 septembre pour faire le point. D’ici là, l’activité continue et il ne devrait pas y avoir de licenciements parmi les 150 employés, ni de plan social, selon Robert Ostermann.

L’entreprise mère du réseau, MDP développement, basée à Schiltigheim, a été fondée par Emmanuel Guth, avec Denis Sutter, en 2002. Après un premier point de vente exigu mais très fréquenté rue des Frères à Strasbourg, l’entrepreneur alsacien était parvenu à ouvrir, en franchise ou en direct, plus de 120 points de vente entre 2002 et 2010. Pour financer ce développement, notamment à l’international, il s‘est associé avec BridgePoint Capital Développement (BDC), un fonds de capital-investissement qui a acheté 60% des parts de l’entreprise en juillet 2011.

Le fondateur débarqué en octobre

Mais en octobre 2012, c’est le divorce. Emmanuel Guth est brutalement écarté de la direction de l’entreprise qu’il a fondée par BDC, qui nomme Robert Ostermann à sa place, ancien directeur général des boulangeries Paul en France (groupe Holder). Ce dernier évoque en mars un « plan de développement 2013-2016 » basé sur une relance marketing de la marque, confrontée à une concurrence accrue et ambitionne de passer le chiffre d’affaires généré par l’ensemble du réseau de 49 à 55 M€.

Mais à ses actionnaires, Robert Ostermann tient un autre discours, parsemé d’alertes, et commence à préparer le plan de redressement présenté lundi au tribunal de Strasbourg :

« Nous préparons cette procédure depuis plus de deux mois, elle n’est pas réjouissante mais pas catastrophique. Nous sommes en discussion avec de nouveaux investisseurs, nous avons simplement besoin d’un peu de temps. La rentabilité du produit a certes baissé quelque peu, mais ce n’est pas le problème de cette entreprise. Ce concept bien placé et bien géré rapporte de l’argent. »

D’autres spécialistes du secteur ont un avis plus partagé. Le marché de la restauration à emporter est en baisse, même McDonald’s affiche des résultats en recul. Les consommateurs économisent en préférant parfois des pâtes Sodebo, vendues froides en supermarché et réchauffées dans le micro-onde de l’entreprise. On est très loin des pâtes fraîches et des sauces de Mezzo di Pasta, mais très loin aussi des prix : 3,70€ contre 5 à 8€. L’âge d’or des pâtes à emporter est peut-être révolu.


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