Eh oui, c’est la reprise. Zizou le disait déjà en son temps. Après une année 2012 amputée d’une session plénière, suite à la fronde de 75% des eurodéputés, l’hémicycle strasbourgeois retrouve un calendrier normal, à savoir 12 sessions, dont deux en octobre (7-10 et 21-24 octobre) pour compenser la relâche estivale du mois d’août.
La diplomatie européenne a une nouvelle fois brillé par sa discrétion sur la crise syrienne, ne faisant même plus semblant d’avoir une position commune. Bien que le programme puisse être chamboulé, comme ce fut le cas pendant la session de juillet suite aux révélations concernant Prism, rien de particulier n’est à attendre de cette session plénière sur le cas syrien. Le Parlement européen légifère, mais n’a pas de réel pouvoir en termes de politique étrangère de l’Union européenne, quand bien même l’on considère que cette dernière en a une. En revanche, si une intervention est finalement décidée par un pays membre, le Parlement pourrait alors décider de la manière d’accompagner l’intervention et la reconstruction politique de la Syrie. Les votes sur les demandes d’urgence sont programmés le mardi matin par le règlement du Parlement. A suivre…
Discours sur l’État de l’Union et bilan du médiateur au menu
Le point d’orgue de cette première session de l’année 2013-2014 devrait être la journée de mercredi, avec le quatrième discours sur l’Etat de l’Union (Européenne). Un exercice tout droit inspiré du discours sur l’Etat de l’Union que prononce le président américain chaque année en janvier. Avec Barroso à la place d’Obama. L’année dernière le président de la Commission européenne avait plaidé pour une « fédération d’Etats-nations » en Europe, une Union bancaire pour la zone Euro et un budget européen à la hausse. Un discours à suivre en direct ou en différé sur le site Internet du Parlement, à 9 heures.
Le jeudi matin sera consacré au rapport d’activité du médiateur européen, dont le siège est lui aussi à Strasbourg. Une personnalité de l’ombre, qui a pour tâche de défendre les droits de tout citoyen de l’Union ou d’un de ses résidents, face aux institutions européennes. Le rapport pourrait avoir un semblant d’intérêt, car, après dix ans de services, le Grec Nikiforos Diamandouros prend sa retraite le 1er octobre et sera remplacé par l’ancienne journaliste irlandaise Emily O’Reilly, élue le 3 juillet 2013 par le Parlement, qui a occupé depuis dix ans le poste de médiateur d’Irlande. En 2012, le médiateur européen a reçu 2 442 plaintes pour 390 enquêtes clôturées. Plus de la moitié concernent le Commission européenne et 16% émanent du Luxembourg.
Les autres débats et votes attendus concernent en particulier les textes portant sur la fabrication, la présentation et la vente du tabac et de ses produits, ainsi que sur les jeux d’argent et hasard.
Les élections européennes en ligne de mire
Vous l’aurez compris, un programme chargé attend la politique européenne en cet automne 2013. Avec en ligne de mire, les élections européennes du 22 au 25 mai 2014. Cette année, l’enjeu principal sera, une fois encore, l’abstention, mais aussi de voir si les partis eurosceptiques, de droite comme de gauche, arrivent à concurrencer les partis pro-européens traditionnels, voire à les dépasser. Pour les partis de gouvernement, il sera difficile de passionner les foules. Le vice-président du Parlement, Libor Roucek, expliquait sur ce blog la difficulté d’avoir des programmes communs dans tous les pays européens sur certaines thématiques, comme l’immigration. A ces partis de me faire mentir et d’investir, enfin, pleinement cette campagne souvent considérée comme secondaire. En France, les élections municipales ont lieu deux mois avant seulement. Difficile de mener deux campagnes exigeantes, avec peu de points communs.
Le traité de Lisbonne s’est pourtant efforcé de rendre ces élections plus attrayantes. Pour la première fois, le Parlement européen choisira le président de la Commission européenne, alors qu’avant il se contentait d’avaliser le choix des chefs d’Etats. De Martin Schulz à Michel Barnier, en passant par José Bové, les candidats se bousculent déjà au portillon, mais les partis européens n’ont pas encore investi de candidats. Après deux mandats (2004-2009 et 2009-2013) au cours desquels même les plus europhiles ont eu du mal à lui attribuer de bons points, José Manuel Barroso devrait faire ses valises. Bien que toujours apprécié au sein de sa famille politique, l’homme souffre d’un déficit d’image et semble, de toute façon, davantage préoccupé par d’autres horizons, comme la présidence de l’OTAN. Néanmoins, si l’embryon de reprise économique constatée partout en Europe ces dernières semaines devait se confirmer, sa cote pourrait remonter.
La task-force strasbourgeoise
Côté strasbourgeois, la « task-force » pilotée par Catherine Trautmann s’efforcera de valoriser les atouts de la capitale auprès des députés européens, mais la question du siège du Parlement ne devrait pas être un sujet de campagne, ou rester du domaine de l’anecdotique. En 2014, ce sont 751 députés qui seront élus, avec beaucoup de nouvelles têtes, qui se dirigeront vers Strasbourg. L’occasion rêvée de convertir ces nouveaux venus aux atouts alsaciens. Le Parlement sera néanmoins amputé d’une de ses figures les plus emblématiques, en la personne de Daniel Cohn-Bendit, qui ne se représentera pas, préférant nous faire part de son humeur du jour, dans la matinale d’Europe 1 et poursuivant une carrière à la Roselyne Bachelot.
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