Inauguré mercredi 16 juillet, le « Parcours d’Europe » fait partie d’un grand plan de réappropriation par la Ville de ses institutions européennes, souvent méconnues, parfois boudées. Il doit même, d’après le maire de Strasbourg Roland Ries, « rapprocher les citoyens de l’Europe ».
Se perdre en Europe, se perdre à Strasbourg
L’Europe c’est tellement compliqué qu’on s’y perd. À ce niveau le parcours d’Europe se veut peut-être représentatif. Difficile de savoir où est le début ou la fin, puisqu’à chaque panneau où un plan est proposé, on nous indique que l’on se trouve au point de départ. Cela tombe plutôt bien, le parcours est une boucle sans chronologie. Tels les cailloux du petit poucet, des plaques rondes métalliques indiquent le chemin. Ouvrez l’œil, les directions ne sont pas toujours très claires, voire contradictoires. Un conseil : munissez-vous d’un bon plan du quartier. Et comme il est difficile à trouver en ligne le voici. Cliquez dessus pour l’agrandir.
Le circuit rappelle le Freedom Trail (la promenade de la liberté) de Boston, qui retrace l’Histoire de la ville au moment de la déclaration d’indépendance américaine. La capitale du Massachussetts, avec qui Strasbourg est jumelée, a signalé l’itinéraire avec une ligne au sol, ce qui est plus simple pour se repérer.
La durée du « Parcours d’Europe » est annoncée à 1h30 pour 2,5 kilomètres, comptez plutôt 2 heures si vous lisez vraiment les textes sur les panneaux. Regrettons qu’il n’y ait pas grand-chose ni pour s’asseoir ni pour s’abriter, sans parler d’un café ou d’un restaurant.
Des flashcodes, mais qui ne servent à rien
Des QR code à flasher (ou à toucher avec la technologie NFC) avec votre téléphone mobile sont disponibles à chaque étape pour « aller plus loin ». Mais là où l’on s’attend à ce que le potentiel de cette bonne idée soit exploité avec des vidéos, des jeux, des photos d’intérieur d’archives, on a droit qu’au nom de l’architecte ou à la surface des bureaux de chaque bâtiment. Au bout du troisième QR code, on préfère économiser sa batterie et sa 3G.
Devant le Parlement, des panneaux difficiles à trouver
Le Parlement européen, qui reste l’attraction principale du quartier, a droit à trois bornes d’informations pour lui tout seul. Mais peut-être est-ce la couleur turquoise ou leur localisation, nombre de visiteurs passent à côté des agrès sans même les remarquer. « On ne l’a pas vu », s’excuse presque une famille. Et c’est dommage, car sur ces panneaux, les informations inscrites dépassent le niveau du premier paragraphe de Wikipédia. Mais aucun panneau n’invite les visiteurs à se rendre dans la cour intérieure, accessible au public alors que beaucoup de visiteurs n’osent pas s’y aventurer à cause des barrières.
Des installations ludiques parfois réussies, parfois moins
Comme l’Europe c’est vite technique et ennuyant, la promenade est agrémentée de « représentations concrètes » de ce qu’est l’Europe. Ainsi, pour représenter le travail de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), on nous propose de faire tenir une bille en équilibre, symbole du juste milieu entre libertés individuelles et collectives. C’est futile, mais c’est plus efficace qu’un article de droit international.
Devant les bureaux du médiateur européen (Rue89 Strasbourg vous en parlait d’ailleurs en septembre 2013), on nous propose de le retrouver dans une photo de foule, tel un « Où est Charlie ? » (ou plutôt où est Emily) grandeur nature. Belle initiative pour s’identifier à un des responsables européens les plus méconnus, mais la réponse est disponible… nulle part.
Pour représenter la politique du Parlement : un feu rouge
Le plus drôle ce sont les longues vues « L’Europe c’est aussi ça », des trous dans les panneaux qui pointent sur un détail environnant. Elles doivent donner un aperçu concret du travail de l’Union européenne. Pour représenter la politique de protection des cours d’eau on regarde un bras de l’Ill. Mais devant le Parlement européen, la longue vue pointe sur… un feu rouge. La métaphore m’échappe.
Ces « longues vues » tentent de montrer aux usagers que l’Europe est bien concrète, mais finalement, le meilleur exemple de la coopération européenne, c’est bien quand on est devant Arte. Certes, la chaîne est avant tout franco-allemande, mais sa ligne éditoriale ou ses différents contrats d’association en font aujourd’hui un média vraiment européen.
Mais sinon, il n’y a pas trop d’énormités racontées ?
Les informations, en allemand, en anglais ou en français sont claires et plutôt intéressantes. Le jonglage entre l’Union européenne des 28, le Conseil de l’Europe à 47, la pharmacopée à 37, ou les coopérations européennes indépendantes de toute institution a naturellement de quoi déboussoler, mais l’essentiel est ailleurs.
On relèvera tout de même un panneau qui explique que l’intérêt de l’Union européenne est de créer plus de concurrence et des prix toujours plus bas, pour le bien-être de tous, ce qui n’est pas forcément la vision des députés européens. On apprend aussi que recevoir un appel depuis le Portugal n’a pas de prix (sauf sur la facture, mais peut-être plus après 2015 si les chefs d’État le veulent bien) ou que l’Union européenne a une politique commune de sécurité et de défense.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : L’Europe à Strasbourg sur le blog «Du côté de l’Europe»
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