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Les 13 syndicats n’entendent pas mettre un terme au mouvement de contestation de la réforme des retraites menée par le gouvernement. Ils demandent toujours que l’âge de départ minimal ne soit pas repoussé (de 62 à 64 ans), et que la durée de cotisation nécessaire pour une pension à taux plein reste identique (de 42 à 43 ans) et appellent à une nouvelle journée de manifestations, jeudi 13 avril.
À Strasbourg, le 12e cortège partira à 14h de l’avenue de la Liberté pour passer par le centre-ville puis revenir par les quais selon un parcours désormais bien rôdé. Au vu des incidents qui ont émaillé le 11e cortège cependant (lire notre compte-rendu), la préfecture pourrait vouloir modifier ce parcours (cet article sera mis à jour si le parcours est modifié).
D’après le ministère de l’intérieur, quelque 570 000 personnes ont défilé jeudi 6 avril, jusqu’à 2 millions selon les syndicats. Des chiffres de participation en baisse sur l’ensemble du territoire mais qui restent importants.
L’intersyndicale attend une décision du Conseil constitutionnel, vendredi 14 avril, sur la validité de la loi sur le financement de la Sécurité sociale contenant la réforme des retraites, adoptée sans vote par le Parlement. Le but de la mobilisation de jeudi « n’est pas de faire pression » sur les juges a précisé Marylise Léon de la CFDT. « On s’en remet à eux et on a des arguments à faire valoir », a-t-elle complété.
Cependant, si le Conseil constitutionnel devait valider la loi, l’intersyndicale appellerait à une nouvelle mobilisation, dès le vendredi 14 avril, afin d’appeler le président de la République, Emmanuel Macron, à ne pas promulguer le texte. L’ultime solution consiste à lancer un référendum d’initiative partagée mais cette procédure nécessite une validation du Conseil constitutionnel. Et si c’est le cas, le référendum a besoin de 4,8 millions de signatures pour prendre effet.
Comme lors de chaque journée de mobilisation, une série de perturbations sont à prévoir. D’une part, les raffineries et les dépôts de carburants devraient à nouveau subir des blocages. Ensuite, tous les services de transports en commun (ITBR, CTS, SNCF…) devraient connaître des perturbations, avec une interruption totale de service probable pour les trains régionaux alsaciens. Les cantines des écoles de Strasbourg devraient également être toutes fermées, comme à chaque journée de mobilisation.
Jade (prénom modifié à sa demande), 31 ans, est chercheuse à l’Université de Strasbourg. Elle était présente lors du jet de gaz lacrymogène qui a eu lieu au milieu du cortège de la manifestation du lundi 20 mars, sur les quais des Bateliers. Retrouvée coincée entre deux nuages de gaz, elle suit paniquée un groupe d’une quarantaine de manifestants dans une cour d’immeuble pour se réfugier. Impression de suffoquer, étoiles dans les yeux, vertiges et fortes nausées, elle sort de la cour une vingtaine de minutes plus tard lorsque ces effets se sont calmés. Suite à ce premier gazage, elle remarque immédiatement un « gros mal de ventre ».
Le lendemain de cet évènement, la chercheuse fait face à des saignements vaginaux abondants, douloureux et imprévus :
« Je me suis inquiétée car mes règles n’étaient pas prévues et sont toujours courtes avec un flux léger. Là, j’ai cru être enceinte et faire une fausse couche. Ces saignements ont duré un peu plus d’une semaine. »
En se renseignant en ligne, elle tombe sur des enquêtes liant les effets du gaz lacrymogène à des dérèglements menstruels. Elle fait un appel à témoignages, afin de voir si d’autres personnes sont victimes de dérèglements similaires. Suite à notre entretien, Rue89 Strasbourg a pris contact avec une partie de ces personnes.
Juliette, 26 ans, était dans un nuage de gaz lundi 20 mars dans la petite rue des Dentelles. Interrogée par Rue89 Strasbourg, elle relate avoir été aussi sujette à des saignements imprévus le lendemain. Elle trouve ensuite l’appel à témoignages de Jade sur Facebook :
« J’ai un implant contraceptif, ça m’arrive très peu d’avoir mes règles depuis six ans, peut-être une à deux fois par an. Mais le lendemain de mon exposition au gaz, j’ai saigné abondamment donc pour moi, les deux événements sont liés. »
Noémie, étudiante de 20 ans, est gazée jeudi 23 mars peu après le départ d’une manifestation spontanée :
« J’étais dans le premier nuage de gaz, dès le départ du cortège sauvage, vers 16h. J’étais devant dans le cortège, derrière la banderole. On s’est fait gazer encore plusieurs fois sur la durée de la manifestation. »
Le lendemain matin, son cycle menstruel se déclenche. Eda et Nora, étudiantes de 19 ans, ont aussi remarqué un dérèglement menstruel suite au contact avec le gaz lacrymogène lors des cortèges des jeudi 23 et mardi 28 mars. Eda explique qu’elle a eu des douleurs à un ovaire quelques minutes après son premier gazage le mardi. Ses règles sont apparues mercredi :
« J’ai paniqué, je me suis demandée pourquoi j’avais mes règles en avance. Quelqu’un m’a parlé du lien entre dérèglement menstruel et gaz lacrymogène, et depuis, je pense que c’est bien la raison du déclenchement de mes règles. Je n’avais jamais été déréglée auparavant. »
Nora ajoute avoir eu des règles douloureuses deux ou trois jours après son exposition au gaz, en avance sur son cycle.
Adèle, étudiante de 19 ans, participe à presque chaque mobilisation annoncée contre la réforme des retraites. Après un jet de gaz lacrymogène le jeudi 16 mars, elle a de fortes crampes à l’utérus et ses règles se déclenchent le même jour. Au premier abord, ce n’est pas surprenant pour l’étudiante, dont les règles sont habituellement douloureuses. Mais après sa participation aux différentes manifestations, ses saignements se poursuivent pendant deux semaines.
« J’ai pris un rendez-vous avec ma gynécologue parce que j’ai vraiment eu très mal au début. Mes règles sont devenues plus abondantes et plus douloureuses les jours où j’étais au contact de la lacrymo. »
Adèle n’avait pas encore de diagnostic au moment de publier cet article. Camille, tatoueuse de 27 ans, explique avoir été près des nuages de gaz à plusieurs reprises mardi 28 mars. « Sur le chemin du retour de la manif, j’avais très mal au ventre. Comme si j’allais avoir mes règles. » Trois jours de crampes et de douleurs plus tard, ses règles sont là :
« Ce mois-ci j’ai eu un gros retard dans mon cycle. Je suis persuadée que c’est l’exposition au gaz qui a déclenché l’arrivée de mes règles tardives. J’ai beaucoup plus mal que d’habitude et surtout je perds énormément de sang. »
Très peu d’études se sont intéressées à ce lien entre dérèglement hormonal et exposition au gaz lacrymogène. Docteur en biologie moléculaire et ancien Gilet jaune, Alexander Samuel s’est penché sur cette question dès 2019. Pour lui, le dérèglement menstruel pourrait être « la conséquence d’une absence d’oxygène dans le corps » :
« Si on induit une hypoxie de façon non-naturelle, avec une exposition au gaz lacrymogène par exemple, la paroi utérine peut se gonfler préventivement et pourrait expliquer le dérèglement menstruel. On manque de données scientifiques fiables sur le sujet, mais il y a beaucoup de témoignages et de plaintes. »
Le professeur Philippe Deruelle, chef du pôle gynécologie obstétrique et fertilité au CHU de Strasbourg, souligne :
« Il existe des publications suggérant que les gaz lacrymogènes pourraient modifier les cycles menstruels et les règles, en particulier une étude de 2021 de B. Torgrimson-Ojerio. Néanmoins, la manière dont cette étude a été menée, en particulier l’absence de prise en compte de biais éventuels, ne permet pas de conclure à un lien entre une exposition aux gaz lacrymogènes et un trouble des règles. Par exemple, le stress lié à la manifestation pourrait tout autant être responsable des symptômes. »
Pour Jade et Eda, le potentiel risque sur la santé du gaz lacrymogène ne les empêchera pas d’aller en manifestation, mais elles éviteront désormais « les têtes de cortèges ». Juliette, après « avoir fait des cauchemars », affirme qu’elle continuera de se mobiliser, mais qu’elle quittera les manifestations avant leur dispersion, afin d’éviter une nouvelle exposition aux gaz lacrymogènes.
Et soudain, sonne la cloche. Enfin libérés, des bataillons d’élèves sortent de l’école du Rhin vers les bras de leurs parents. Face à l’établissement, les bâtiments plus ou moins rénovés de la Cité Loucher s’étendent. Malgré les coups de peintures, la pauvreté de ce quartier historique du Port du Rhin perce encore.
Les enfants du quartier sont-ils susceptibles d’être pénalisés à l’école, en grandissant dans un secteur plus précaire ? À l’unisson, la sociologie et les sciences de l’éducation l’affirment depuis longtemps. Même l’Éducation nationale reconnaît cette évidence et cherche à limiter les effets de la reproduction sociale. Méritocratie oblige. Pour orienter son action, le ministère de l’Éducation a créé un outil statistique, permettant d’établir le profil socio-économique des secteurs scolaires : l’Indice de position sociale (IPS).
Entre autres, « l’IPS » prend en compte des indicateurs matériels (niveau de revenu des parents, le nombre de pièces, l’accès à un ordinateur…) et des indicateurs culturels (temps devant la télévision, nombre de livres, pratiques culturelles), qui livrent une image plus précise de la situation des familles.
Selon les statistiques de l’Éducation nationale, l’indice de position sociale de l’école du Rhin est très faible. En d’autres termes, les enfants inscrits dans cet établissement viennent de familles plus pauvres et moins diplômées. Leurs conditions d’apprentissage sont moins favorables que pour les élèves des quartiers riches. En principe, l’État tente de compenser cette inégalité en allouant des moyens supplémentaires aux écoles de ces secteurs là. En principe seulement. Car l’école du Rhin ne bénéficie pas du précieux label « Réseau d’éducation prioritaire » (REP) qui permet un dédoublement des classes, 12 élèves maximum, une prime pour les instituteurs (1 482€ nets par an en REP, 4 371€ en REP+) et l’accès à du personnel socio-éducatif en renfort.
« Attendez, quoi ? » Venue récupérer son fils du périscolaire, Edna n’avait jamais imaginé que l’école ne puisse ne pas être en REP. « J’avoue que je n’y comprends rien aux cartes scolaires. Moi, ça me paraissait évident vu la pauvreté du quartier. » Même refrain pour la dizaine de parents d’élèves interrogés sur le parvis.
D’autres écoles, appelées « orphelines » dans le jargon de l’éducation prioritaire, se trouvent dans la même situation. Au sein de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), on retrouve des exemples similaires à l’école Ampère du Neuhof ou à l’école At Home à Bischheim. Ces établissements accueillent les enfants de familles défavorisées, sans être labellisées REP ni REP+, car elles sont rattachées à un collège qui n’est pas assez « prioritaire ».
Comment expliquer une telle distorsion entre la réalité sociale et le classement administratif ? La logique de l’Éducation nationale repose sur une articulation en réseau, entre un collège et les écoles primaires qui l’alimentent. Si le collège est considéré REP / REP+, alors toutes les écoles liées bénéficient du dispositif. Mais à l’inverse, aucune école primaire ne sera considérée REP ni REP+ si son collège de secteur n’est pas prioritaire. Ainsi l’école primaire du Rhin n’est pas considérée comme REP parce que son établissement de secteur, le collège Vauban, n’est pas prioritaire.
« Nous aussi, on est confronté au même cas de figure », commence Matthieu (prénom modifié), enseignant d’une école de l’Eurométropole, qui souhaite rester anonyme :
« On comprend l’argument technique, mais pas la logique humaine. Nous sommes dans une zone enclavée et pauvre, avec beaucoup d’élèves en difficultés. Une bonne partie d’entre eux parle mal français, quelques-uns pas du tout. Ça nécessite une attention particulière de l’instituteur. C’est pour ça qu’il nous faut moins d’élèves par classe. »
Comme presque tous les personnels interrogés, il attend beaucoup de la mise à jour de la carte de l’éducation prioritaire (datant de 2015), promise par le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye. « La refonte, on en parle depuis longtemps, souffle Mathieu, je ne sais plus exactement ce qu’on peut en attendre. »
L’Éducation nationale elle-même se contredit. Selon ses propres chiffres, l’Indice de position sociale (IPS) moyen des écoles primaires est de 102,77 en France pour l’année 2022. L’IPS le plus bas pour une école en France est de 49,6 contre 155,6 pour l’IPS l’école la plus favorisée.
Si l’on regarde le chiffre des écoles orphelines de l’Eurométropole, l’école du Rhin se situe à 70,3, celle d’Ampère à 70,9, l’école At Home à Bischheim est à 71,5 et l’école primaire du Neuhof à 87,5. Donc largement en dessous de la moyenne des écoles qui bénéficient du statut REP ou REP+.
« Pour cette dernière école, nous ne la considérons pas comme une école orpheline, il y a plus de mixité sociale, on n’a pas les mêmes problématiques sociales », précise Jean-Baptiste Ladaique, adjoint au directeur de l’Académie de Strasbourg, chargé du premier degré. Selon lui, le cas des écoles orphelines est une anomalie bien connu de ses services :
« Ces écoles souffrent de leurs positions géographiques. Elles sont particulièrement enclavées. On essaye d’y palier ; nous avons un poste d’enseignant supplémentaire sur l’école du Rhin par exemple. Et nous tenons régulièrement des conseils d’écoles, où les enseignants du primaire et du collège se rencontrent trois fois par an pour préparer l’arrivée des élèves ayant des difficultés au collège. »
Comme le ministre, il réitère la promesse d’une mise à jour prochaine de la carte de l’éducation prioritaire. « Pour l’instant, on n’a pas de visibilité là-dessus. Mais ça ne devrait pas tarder. »
Reste que l’absence de classement REP ou REP+ reste un handicap lourd pour les écoles orphelines. Concernant la moyenne d’enfant par classe notamment. À l’école du Rhin, le nombre d’élèves par classe est de 21,8 en moyenne, contre 12 enfants maximum par classe dans les établissements considérés comme prioritaires.
Parfois, l’absence du sigle REP est encore plus cruelle, pour les écoles orphelines. À l’école At Home de Bischheim, une fermeture de classe était prévue, alors que l’établissement affiche un IPS très faible de 71,5. « J’ai directement appelé le député de la circonscription et le rectorat, pour tenter de faire bouger les lignes », raconte le maire de la commune, Jean-Louis Hoerlé (LR). « Malheureusement, ce sont des sujets sur lesquels les élus locaux ont peu de poids, » avoue-t-il. Après une mobilisation des parents d’élèves, le rectorat a fini par maintenir la classe.
Pour Bernadette Gillot, adjointe au maire de Bischheim en charge des affaires scolaires, la situation de l’école était contradictoire :
« C’est une population encore plus en difficulté que dans d’autres écoles REP de la commune. Mais elle ne bénéficiait pas du dédoublement des classes. Pour la prochaine rentrée, on bénéficiera cependant d’un contrat local d’accompagnement, qui nous donne plus de moyens financiers. Ce n’est pas encore le classement REP, mais c’est déjà une avancée. »
Loin du béton strasbourgeois, dans les milieux scolaires ruraux, on scrute aussi avec beaucoup de méfiance les évolutions des chiffres et des indicateurs de l’Éducation nationale. Le journal Le Monde relevait l’existence d’un biais de classement des collèges en faveur des villes : 48,3% des collèges en zone rurale auraient un IPS en dessous de la moyenne, sans pour autant bénéficier du dispositif REP / REP+.
Même actualisés, ces indicateurs restent une façon imparfaite de saisir la réalité d’un territoire, plaide Hélène, enseignante à l’école de Barembach (IPS de 97,2), dans la vallée de la Bruche :
« On est rattaché au collège de la Haute-Bruche qui n’est pas REP. Mais on a beaucoup de difficultés dans nos classes, on est beaucoup plus loin des théâtres et des lieux de cultures et on a des résultats faibles lors des évaluations nationales ».
Réalisées deux fois par an, en début et fin d’année, ces évaluations permettent de détecter les problèmes et l’évolution des élèves. En français, Hélène constate que plus de 30% des CP et 37% des CE1 ont un niveau fragile. En mathématiques, ce nombre s’élève à 46% des CE1. Hélène ne comprend pas que l’école ne bénéficie pas de moyens supplémentaires :
« On se sent démunis. Il y a une grande partie de ces élèves qui n’arrive pas à lire et comprendre un texte court, avec une capacité à lire un nombre de mots par minute très faible. En mathématiques, c’est pareil, ils ont besoin de manipuler et compter avec des objets pour que ce soit concret. L’enjeu du nombre d’élèves par classe est là, on ne peut pas faire des manipulations suffisamment souvent avec une classe trop nombreuse. »
Même s’il est imparfait, Jean-Baptiste Ladaique assure que les réseaux d’éducation prioritaire permet une « continuité » dans le suivi des parcours, de la maternelle au lycée. « On n’a pas trouvé mieux pour l’instant ». L’actuelle carte de l’éducation prioritaire date de 2015, s’appuyant sur des données de 2011.
Lorsqu’au début des années 90, Catherine Trautmann, tout récemment élue maire de Strasbourg, lance la construction d’une première ligne de tramway, elle n’a pas attendu pour piétonniser . . .
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En octobre 2020, Florent Lacombe contracte une première fois le Covid-19. Il est touché par la maladie une deuxième fois en mars 2022, malgré sa couverture vaccinale (les personnes vaccinées diminuent de 40% le risque de développer un Covid long selon une étude menée sur 250 000 patients).
Le 4 avril 2022, il reçoit un certificat médical attestant qu’il est atteint de Covid long, vu la persistance de symptômes de fatigue, d’une sensation de « brouillard cérébral », d’un épuisement musculaire ou encore de troubles neurologiques. Sur ce même certificat, il est écrit que sa maladie « ne relève d’aucune stratégie thérapeutique validée en France ».
Un an plus tard, en avril 2023, il n’existe toujours aucun traitement curatif du Covid long, seulement des traitements qui visent à alléger les symptômes. Afin d’atténuer sa souffrance, Florent n’a trouvé que les anxiolytiques pour « soulager les pétages de plombs », de la mélatonine et parfois des somnifères qui l’aident à dormir. En octobre 2022, vu sa dépendance de plus en plus marquée, il quitte sa colocation pour vivre chez ses parents, à Colmar.
Joint par Rue89 Strasbourg, le jeune homme de 28 ans préfère décrire son état par messages écrits plutôt qu’au téléphone. Il n’est pas en capacité de tenir une conversation de plusieurs minutes :
« J’ai des maux de ventre, des troubles du sommeil, des pics d’acouphènes, parfois très forts, des troubles de la vision… Il me faut désormais rester entre 22 et 23 heures par jour sans bruit, dans la pénombre, sans aucune activité. Le temps qui reste est dispatché en petites sessions de 10 / 15 minutes d’activités douces : manger, m’étirer, me laver, écouter un livre audio, écrire des messages… Si je dépasse ce temps-là, je déclenche le jour même ou les jours suivants une dégradation très forte de mon état, avec un épuisement, des douleurs, qui se dissipent, ou pas. »
Florent est suivi par Paolo Licinio, médecin coordinateur de la cellule Covid long des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Selon ce dernier, comme d’autres patients atteints de symptômes similaires, le virus a vraisemblablement causé l’apparition d’une encéphalomyélite myalgique, communément appelée syndrome de fatigue chronique :
« C’est l’une des formes du Covid long. Tout ce que l’on peut faire, c’est de la rééducation, avec parfois des améliorations. Pour Florent, à ce stade, c’est très limité car il ne peut faire quasiment aucun effort, sinon son état se dégrade. Ce que je vais lui proposer, c’est donc une forme de rééducation très douce, en position couchée, pour qu’il reste actif. »
Sophie Lacombe, la mère de Florent, est médecin diabétologue. C’est elle qui est contrainte de « piloter le dossier médical » de son fils :
« D’abord, les autres médecins généralistes étaient démunis, ou ne prenaient pas le cas de Florent au sérieux. Surtout, je vois l’état de mon fils se dégrader, donc j’essaye de trouver des solutions, mais en France il n’y a rien, donc on regarde ce qui se fait à l’étranger. »
L’une des hypothèses pour expliquer les symptômes du Covid long, c’est la présence de micro-caillots dans le sang. Pour essayer d’aller mieux, Florent s’est donc tourné vers l’Allemagne, où certaines cliniques pratiquent « l’aphérèse » : un lavage du sang par filtration. « Nous n’avons pas assez de données aujourd’hui pour proposer l’aphérèse à Strasbourg », indique le Dr Licinio.
Peu d’études ont été réalisées sur ce procédé, mais il semble efficace, dans certains cas, pour atténuer les symptômes du Covid long. Cependant, la pratique est très expérimentale et comporte des risques. Florent, par exemple, n’a pas supporté le traitement, comme l’explique son père, Pascal Lacombe :
« Nous sommes allés dans une clinique à Witten. Florent devait réaliser quatre aphérèses de trois heures chacune, à une semaine d’intervalle. Le sang était prélevé au niveau d’un coude, passait dans la machine et revenait par l’autre coude. Après la première séance, certains symptômes se sont amoindris, par exemple une sensation de froid dans les orteils et les doigts, qu’il a en permanence. Mais il n’a pas supporté la position assise pendant aussi longtemps, donc le lendemain et les jours qui ont suivi, il était effondré.
Nous sommes restés trois semaines sur place, le temps qu’il récupère, puis nous sommes partis, mais impossible de faire les autres aphérèses. Celle qu’il a réalisée nous a coûté 1 300 euros. S’il avait fait les quatre, on aurait payé 5 200 euros. En plus de cela, nous avons loué un appartement près de la clinique. Je me demande comment font les personnes atteintes de Covid long, qui n’ont pas nos moyens financiers et notre réseau. »
Désormais, Florent envisage une autre technique d’aphérèse avec laquelle il pourrait être en position couchée, en faisant circuler le sang par les veines jugulaires, derrière les clavicules. « Ma plus grande source d’espoir, c’est de voir que des pays comme l’Allemagne débloquent des millions d’euros en urgence pour financer la recherche et des essais cliniques. Je ne doute pas qu’à long terme, une vraie cure sera trouvée », témoigne t-il. Florent est évidemment très affecté par la situation :
« Psychologiquement, c’est d’une violence inouïe. J’ai dû quitter ma copine, mes amis, mon lieu de vie, pour retourner chez mes parents, dans un état où je n’arrive même plus vraiment à marcher. Je tiens bon, parce que j’aime ma vie, mes proches, que j’ai plein de projets, et que je sais que d’autres malades très sévères du Covid long ont pu, parfois, remonter la pente. Tout peut repartir. Mais ce n’est pas facile de se le répéter tous les jours. »
Ne pouvant plus travailler, en juillet 2022, Florent a demandé la reconnaissance de son Affection de longue durée (ALD) – avec l’aide de son médecin – pour obtenir une meilleure prise en charge financière de ses soins. En l’absence de réponse, quatre demandes consécutives ont été réalisées, jusqu’à l’obtention, enfin, d’une ALD « hors liste », le 13 mars 2023, et non pas reconnue pour le « Covid long ».
Pourtant, selon Santé publique France, deux millions de personnes souffrent de cette pathologie dans le pays, sans compter les mineurs. Et une loi promulguée le 24 janvier 2022 vise à créer une plateforme de référencement et la prise en charge intégrale des soins et analyses des malades du Covid long par l’assurance maladie et les complémentaires santé. Mais fin mars 2023, son décret d’application n’a toujours pas été publié. Et il n’existe toujours pas d’ALD « Covid long ».
Sophie Lacombe a adressé une lettre datée du 27 février à l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est et au ministère de la Santé pour demander l’application de cette loi :
« Les millions de Français qui souffrent d’un Covid long ne peuvent pas disposer de la reconnaissance de leur état de santé, ni d’une assistance sanitaire suffisante, ni d’indemnités journalières. De nombreux malades se retrouvent dans une situation d’errance médicale, de précarité financière, perdent leur emploi, leur autonomie, et basculent peu à peu dans une situation de handicap sévère. »
L’association #AprèsJ20 Covid long France (qui défend les droits des malades atteints de Covid long en France) milite pour le recensement, la recherche, la reconnaissance en ALD et la création de centres pluridisciplinaires pour une prise en charge adaptée de la maladie.
Son porte parole Matthieu Lestage, ancien militaire aujourd’hui en fauteuil roulant à cause du Covid long, dénonce une « honte sanitaire » en France :
« Face à l’absence de solution et le défaut de prise en charge, beaucoup de personnes dans notre situation ont des pensées suicidaires. Malheureusement, le cas de Florent est loin d’être isolé. Il y a de nombreuses formes différentes du Covid long. De mon côté, je perds connaissance si je dépasse mes limites, si je sors trop longtemps par exemple. »
Sollicité par Rue89 Strasbourg, le ministère de la Santé n’a pas répondu au sujet de la non application de la loi du 24 janvier, et des solutions médicales et financières à prévoir pour les personnes atteintes de Covid long. Sophie Lacombe a cependant réceptionné un courrier provenant du chef de cabinet de la Première ministre, Thomas Lavielle, daté du 31 mars, indiquant que le décret d’application devrait être publié fin 2023.
D’après l’ARS Grand Est, il est difficile d’estimer combien de personnes sont atteintes dans la région, car elles sont nombreuses à être suivies par des médecins généralistes. L’institution « a permis la création de cellules Covid long sur huit départements dans le Grand Est », avec des recrutements dédiés dans certains établissements. Micro-caillots sanguins, dérèglement du système immunitaire, persistance du virus dans l’organisme… les hypothèses sur les causes du Covid long se précisent, et les scientifiques explorent des pistes pour traiter ses différentes formes.
La cellule Covid long des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, censée couvrir les besoins du département de la Collectivité européenne d’Alsace, a ouvert ses portes en janvier 2023. « Je suis les dossiers d’une soixantaine de personnes », indique Paolo Licinio, qui n’a plus de rendez-vous disponibles jusqu’en juillet.
Avec des ingrédients étonnants – l’art, les sciences et l’humour –, le Curieux Festival est une recette qu’on recommande plutôt deux fois qu’une. Après une première édition qui a trouvé son public l’année dernière avec plus de 1 800 entrées, les deux associations strasbourgeoises « Esprit Joueur » et « Va Savoir » remettent le couvert. Toutes deux impliquées dans le théâtre à caractère scientifique, elles ont conçu un événement qui « fait le pari de la symbiose entre Art et Sciences, humour et connaissance, imaginaire et rationnel. »
Pendant dix jours, neuf spectacles, cinq rencontres, une conférence, une déambulation, des ateliers et des moments conviviaux se succéderont dans différents lieux de Strasbourg et alentours : du Planétarium du Jardin des Sciences au cinéma Vox, en passant par le PréO d’Oberhausbergen, le Point d’Eau d’Ostwald, le Vaisseau, l’Iliade d’Illkirch et les Ateliers éclairés.
Cette année, le festival sera parrainé par Guillaume Meurice, humoriste et chroniqueur sur France Inter. Pour l’occasion, il jouera pour la première fois son nouveau spectacle, Vers l’infini… et pas au-delà!, co-écrit avec l’astrophysicien Eric Lagadec, le dimanche 16 avril à 18h au Point d’Eau d’Ostwald. Ils y mettront en perspective l’infini de l’univers et celui de la bêtise humaine, en discutant des galaxies, des exoplanètes, d’Eric Ciotti, des millionnaires qui mangent de l’or ou encore des fausses étoiles à potassium.
Les deux hommes seront également présents le samedi 15 avril au tout nouveau Planétarium du Jardin des Sciences pour une conférence « co(s)mique », intitulée Nous sommes des poussières d’étoiles (et les bières aussi !).
Ce sera également l’occasion de retrouver les Curieuses rencontres, qui consistent à faire dialoguer des intervenants issus d’univers très différents autour d’un même sujet. La première journée du festival sera ainsi marquée, à 18h au Point d’Eau, par un dialogue entre la botaniste Audrey Muratet et le compositeur Daniel d’Adamo autour de petites pièces musicales dédiées à différentes espèces végétales et interprétées par le collectif Lovemusic.
Mardi 18 avril, à 18h au PréO, ce sera au tour du magicien Dan Leclaire et du spécialiste du cerveau Aurélien Benoilid d’étudier ce qui se passe dans nos têtes quand on détourne notre attention, ou nous influence pour nous faire rire ou rêver.
Des spectacles de danse, théâtre et musique permettront d’aborder certains sujet, parfois jugés rébarbatifs, avec humour et poésie. Et ce, à n’importe quel âge. Les plus grands pourront assister au Turing test, de la compagnie Nokill, mardi 18 avril à 20h au PréO Scène. Une occasion de questionner le rapport entre l’humain et les machines qu’il a lui-même créées, avec une attention particulière portée sur l’intelligence artificielle (IA).
Un thème particulièrement d’actualité à l’heure où ChatGPT (un prototype d’agent conversationnel synthétisant le résultat de recherches en les traduisant en textes proches de la production humaine), est devenu accessible au grand public. La compagnie transportera le spectateur dans l’imaginaire et le quotidien d’un laboratoire foisonnant de robots. La représentation sera suivie par un échange avec des spécialistes de l’éthique et de l’IA.
À noter également, la venue des québécoises Julie Dirwimmer et Stephanie Jolicoeur le lundi 17 avril à 20h au Vaisseau. Leur spectacle La Liberté des particules suit les aventures Madame Cosinus, dépassée par son quotidien (enfants, ménages, trafic…) et qui décide de faire appel à une IA pour l’aider. La soirée du mercredi 19 avril sera dédiée à la danse et aux mathématiques, avec l’étonnant spectacle Corps irrationnels de la compagnie Les Herbes Folles. Trois danseuses se posent le défi de présenter les maths autrement, avec émotion et humour, le tout doublé en langue des signes.
Le Curieux Festival propose aussi d’éveiller l’intérêt des plus jeunes à travers une sélection de trois rendez-vous. Indomptable, le mercredi 12 avril à 15h au Point d’Eau, joue avec la force magnétique. Deux explorateurs découvriront devant les spectateurs les pouvoirs des aimants, cet étrange pouvoir invisible (le spectacle affiche déjà complet).
Le PréO Scène acceuillera samedi 15 avril, à 15h puis 17h, L’Univers a un goût de framboise, où Zoé Grossot questionne notre manière de voir le monde, avec pertinence et pédagogie. Enfin, du mardi 18 au vendredi 21 avril, le Vaisseau accueillera tous les jours le spectacle Zéro, histoire d’un nul, de la compagnie Les Arts Pitres.
« La programmation sera collective et pensée par un conseil de programmation dont les membres seront notamment issu·es des collèges de la coopérative », annonce fièrement le nouveau cinéma Cosmos (anciennement Odyssée), sur son site. Repris par l’association du Troisième Souffle, le cinéma municipal (qui devrait rouvrir ses portes avant l’été, après quelques travaux), se veut « l’affaire de toutes et tous ».
Pour ce faire, l’association s’est transformée en janvier 2023 en SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) à capital variable. Tous les usagers qui le souhaitent peuvent désormais l’intégrer en s’acquittant d’au moins une part sociale pour les personnes physiques, et de deux pour les personnes morales, au prix de 20€ l’unité. Cette mutation entraîne un renversement intéressant, puisque la programmation des films ou des événements ne reposera donc pas sur une seule personne, comme il en est fréquemment l’usage, mais sera « collective » et pensée par un conseil de programmation.
En attendant la réouverture prochaine de ce cinéma municipal, Étienne Hunsinger, nouveau directeur du Cosmos, se réjouit de cette forme beaucoup plus participative :
« En plus de permettre de nouer des liens forts avec les différents futurs usagers, leur permettre de s’exprimer et de prendre des décisions sur la programmation, cela va permettre également un enrichissement certain. Le but est d’ouvrir les horizons, confronter les visions, trouver des consensus, surprendre… Qu’on soit un expert en cinéma ou non, les spectateurs pourront faire des propositions et les porter jusqu’à la projection. »
Le conseil de programmation réunira dix personnes provenant des six collèges décisionnaires. Celui des salariés, des membres initiateurs du projet, du bar, des partenaires culturels, des partenaires publics et – bien sûr – des spectateurs. Deux représentants de ce dernier collège seront chargés de faire remonter les propositions de films ou de cycles thématiques.
S’il était important pour les nouveaux membres de proposer un cinéma participatif dans sa forme – la coopérative – des formats plus informels seront testés pour inclure toujours davantage les spectateurs, décrit Étienne Hunsinger :
« Le fonctionnement du cinéma s’affinera après l’ouverture, mais nous avons déjà l’idée d’une ”séance des spectateurs”. Les usagers pourront proposer des films qui seront validés ensuite par un sondage. Le but serait que la personne qui l’a proposé puisse ensuite animer la séance et expliquer son choix. On assisterait alors à un véritable partage de la culture. »
Les spectateurs pourront également se porter bénévoles – sans nécessairement appartenir à la coopérative – lors d’événements de différentes tailles pour participer à la vie du cinéma, que ce soit en accueil, en médiation, etc.
Si l’exemple du Cosmos est le plus marquant dans la façon dont il laissera une place particulièrement importante à ses spectateurs, d’autres lieux de culture s’ouvrent actuellement à la possibilité d’impliquer davantage leur public.
Les cinémas Star ont créé, il y a près d’un an, un Club Jeunes Cinéphiles, ouvert aux 15-25 ans. Si l’adhésion au club (5€ la carte) donne accès à des tarifs préférentiels, des goodies et des rencontres avec des artistes, elle permet également aux jeunes spectateurs d’échanger sur les films dans une conversation Whatsapp ou lors d’apéros. Ses membres les plus motivés peuvent également devenir ambassadeur et s’investir encore davantage dans la vie du cinéma.
C’est le cas d’Élise, 20 ans, qui a rejoint le Club dès les débuts, en janvier 2022. Passionnée, elle va voir des films toutes les semaines et est connue dans sa promo comme « la fille qui va au cinéma ». Pour elle, ce club est une vraie opportunité.
« On est vraiment poussé à voir beaucoup de films et à donner notre avis, mais en même temps, on est très libre. Il y a une réelle volonté du directeur pour qu’on soit autonome. Par exemple, on peut proposer des événements. On a lancé des quizz autour du cinéma et nous présentons aussi certaines séances ! »
Élise est également en charge du compte Instagram du club, sur lequel, avec d’autres membres, ils réalisent des critiques de film en vidéo ou à l’écrit. Elles sont parfois publiées dans le programme du cinéma.
Des clubs, on en retrouve aussi au théâtre. Le plus récent est celui du TNS (Théâtre National de Strasbourg), couplé à sa nouvelle carte de fidélité. Nathalie Trotta, en charge du nouveau « club des adhérent·es » explique son origine :
« Après le Covid, les spectateurs sont nombreux à avoir changé leurs habitudes. Aujourd’hui, ils sont à la recherche de plus de souplesse et ne réservent plus forcément les spectacles longtemps à l’avance. »
Les abonnements qui se prenaient en début de saison et qui imposaient aux spectateurs de choisir d’un seul coup plusieurs pièces et dates ont été abandonnés au profit d’une carte de fidélité (20€ en plein tarif et 5€ pour les moins de 28 ans). En plus de tarifs préférentiels, elle donne accès au club des adhérent.es pour les spectateurs qui le souhaitent.
« Nous cherchions une manière d’impliquer plus les spectateurs que lorsqu’ils viennent pour une représentation puis s’en vont. L’idée est de se rencontrer autrement, d’attirer toujours un nouveau public tout en répondant aux attentes des fidèles, qui ont parfois envie d’aller plus loin dans une œuvre, de découvrir les coulisses, la création… »
Nathalie Trotta, en charge du nouveau « club des adhérent·es »
Une première rencontre des adhérents a eu lieu en février. Près de 90 personnes ont pu visiter le bâtiment de la place de la République, puis échanger sur leur vision du club. « C’est à nous de donner l’impulsion, mais nous souhaitons idéalement que les spectateurs s’emparent ensuite majoritairement du club, échangent entre eux, proposent des événements que nous pourrions programmer par la suite, si c’est possible », décrit Nathalie Trotta. Des rencontres avec des artistes, des ateliers d’écriture, des études de textes et des visites seront régulièrement organisés. Un compte WhatsApp a également été créé pour que les adhérents puissent directement échanger entre eux.
Si ces nouveaux liens avec les spectateurs remontent à l’année 2022, et montrent un réel changement récent dans la manière dont les institutions culturelles sont en lien avec leur public, un théâtre strasbourgeois était pionnier dans ce rapport : le Maillon. En septembre 2006, des spectateurs particulièrement passionnés créent l’association Maillon +.
Elle regroupe aujourd’hui 800 adhérents, soit un peu moins d’un tiers du public total du lieu. « Un chiffre en augmentation puisqu’il y a encore quelques années, nous étions 400. Nous sommes fiers aussi de la diversité des personnes qui nous rejoignent. On a des adhérents de 15 à 80 ans ! », souligne en souriant Yvan Jeanneret, l’actuel président.
Maillon + est « née d’une idée simple : créer une association de spectateurs·trices qui pourraient inventer, proposer, organiser, au fil de la saison et en dialogue avec l’équipe du Maillon, des activités en lien avec la vie du théâtre, sa programmation, ses résidences, ses artistes accueillis », peut-on lire sur le site du théâtre.
Visite des coulisses, ouverture des répétitions, rencontre avec des professionnels du théâtre, visite d’expositions à La Chambre, Stammtisch… Depuis 16 ans, être membre de Maillon + donne la possibilité de participer gratuitement à une petite quinzaine d’événements par an. Ils ont tous un même objectif, comme le précise le président de l’association :
« Le principal but de l’association est de créer un lien privilégié entre les spectateurs et le théâtre. En découvrant les coulisses, en partant à la rencontre des différents métiers et en échangeant sur les spectacles entre nous, on se sent intégrés à la vie du Maillon, qui est par ailleurs toujours très à l’écoute de ce qu’on peut leur faire remonter sur l’expérience des spectateurs. »
Yvan Jeanneret, 48 ans, est lui-même passionné par le théâtre depuis près de 30 ans. Aujourd’hui il est fier de présider une structure qui peut aussi accueillir et accompagner les nouveaux spectateurs :
« Je viens d’une famille qui n’allait jamais au théâtre et c’est grâce à l’école que je suis tombé amoureux de cet art. Je vois environ 40 spectacles par an, et je me suis calmé. À une période, j’en voyais près de 90 ! »
Tout spectateur du Maillon peut devenir membre de l’association à tout moment de l’année, en payant une adhésion de 5 €. Au programme des prochaines semaines : deux visites d’exposition, une rencontre avec la secrétaire générale du théâtre le 13 avril et la traditionnelle Assemblée Générale qui aura lieu cette année le 1er juillet. Toujours festif, ce temps est marqué par un spectacle programmé par l’association, avec cette année, la compagnie de danse Mira.
La réunion publique du mercredi 29 mars sur le tram Nord, qui s’est déroulée au Palais des Fêtes à Strasbourg, a généré beaucoup de frustrations, pour des raisons de fond et de méthode (voir le compte-rendu de Rue89 Strasbourg).
Sur le plan de la méthode, tout d’abord, les organisateurs répètent en boucle qu’il y a eu « quatre mois de concertation » sur les tracés de tram, alors que les premières réunions ont eu lieu mi-juin et que les documents précis sur l’insertion du tram dans les voiries concernées ont été mis en circulation peu de temps avant la clôture de la concertation fin septembre. Soyons exacts, à Schiltigheim et Bischheim, la concertation a duré à peine plus de trois mois, dont les deux mois d’été.
Enfin, la « concertation » sur « l’apaisement » de la route de Bischwiller a été bâclée en décembre / janvier, avec deux « ateliers » le même jour, en plein air sous la neige, aux heures de bureau, annoncés la veille… et, cerise sur le gâteau, aucun scénario présenté n’évoquait la piétonisation du sud de la route de Bischwiller.
Sur ce projet déterminant pour l’avenir de notre commune, force est de constater un déni de la démocratie participative, concept dont les Verts se gargarisent à longueur de discours !
Pour les Schilikois, c’est la double peine : l’unique réunion publique s’est déroulée à Strasbourg et ils doivent consulter le site internet strasbourgeois pour s’informer (aucun lien sur le site de la Ville de Schiltigheim).
Au final, présenter en une seule réunion un projet aussi vaste que le tram Nord et la piétonisation de la route de Bischwiller permet de rester dans les grandes déclarations et de ne pas aborder les détails qui fâchent. Résultat : les habitants sortent frustrés de ne pas avoir de réponses à leurs questions.
Pourtant les questions de fond sont nombreuses et légitimes :
La plupart des habitants partage l’objectif de vivre dans une ville plus apaisée, moins polluée et de lutter contre le réchauffement climatique. Au lieu de tenter de construire un consensus, de faire preuve de pédagogie, d’essayer de convaincre, de faire confiance à l’intelligence collective tout en prenant en compte les contraintes des habitants, le tandem des maires écologistes de Schiltigheim et Strasbourg décide de caricaturer les habitants inquiets en défenseurs du tout voiture.
Les vitrines et l’entrée des Galeries Lafayette brisées ou arrachées, les devantures d’un Starbucks, d’un Mc Donald’s, d’agences bancaires taguées et fendues, des panneaux publicitaires JC Decaux dégradés… Après l’annonce du recours à l’article 49-3 de . . .
Comme une routine. Syndicalistes, manifestants et CRS prennent leurs positions respectives, autour de la place de la République, pour la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce jeudi 6 avril. Pour la onzième fois, les journalistes piochent dans les mêmes images du folklore militant : les tambours tambourinent, les camions roulent au pas, les sonos crachent leurs décibels… « En 38 ans de syndicalisme, je n’ai jamais vu une mobilisation entrainer autant de monde, pour une période aussi longue », glisse Sabine Gies, responsable de la CFDT Alsace.
La syndicaliste est beaucoup moins enthousiaste lorsqu’on évoque la réunion de la veille, entre les dirigeants de l’intersyndicale et la Première ministre Élisabeth Borne. Après une heure seulement – au lieu des trois prévues dans l’agenda de la Première ministre – les leaders syndicaux quittent l’hôtel de Matignon l’air hagard, actant l’impossibilité de s’entendre avec l’exécutif. « La réunion d’hier est à l’image de l’attitude du gouvernement depuis le début. C’est toujours le même mépris », conclut Sabine Gies.
Dans les cortèges syndicaux, peu de monde croyaient vraiment à l’ouverture d’un dialogue. Déjà la semaine précédente, les tentatives d’ouverture du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, étaient mal passées au sein des manifestants. Nicolas Libes, représentant de la CGT dans la commission nationale de la formation et de l’emploi audiovisuel, affiche une moue réprobatrice :
« Je fais partie des gens qui pensent que ce n’était pas nécessaire d’y aller, puisque le gouvernement avait déjà annoncé qu’il resterait sur ses positions. Maintenant, c’est la rue qui doit faire parler la contestation démocratique. »
Même constat, pour Pierre Flanet, professeur engagé au syndicat Sud Alsace :
« Bien sûr qu’on aurait pu s’éviter ça. D’un autre côté, c’était bien d’y aller et de repartir ensemble, c’était l’occasion de faire à nouveau la démonstration de notre unité. Maintenant, en l’absence de concession, ça ne sert clairement plus à rien de rencontrer le gouvernement. Il faut rester dans la rue. »
Si tous les syndicalistes s’accordent sur la poursuite de la mobilisation, sa nature soulève quelques interrogations. Nicolas Liebes ne souhaite pas attendre la décision du Conseil constitutionnel, attendue le 14 avril, sur la conformité de la loi : « C’est un peu illusoire, vu leur composition. Ce ne sont pas des gens élus, mais nommés ». Sur les neufs membres du Conseil, trois le sont par décision du Président en exercice, trois par le président de l’Assemblée nationale et trois par celui du Sénat.
Un peu plus loin, vers l’arrière du cortège, Joël et Julien partagent les doutes du représentant de la CGT. Tous deux sont membres du Syndicat national des artistes et des professionnels du spectacle et de l’audiovisuel (Snapsa), affilié à la CFE-CGC. « Si le Conseil constitutionnel valide la loi, il faudra poursuivre. Avec peut être des manifs plus espacées mais plus fortes », commence Joël, hésitant. Julien se montre plus décidé :
« J’entends toujours les mêmes débats, les mêmes matinales à la radio les jours de manifs. J’aimerais bien que la mobilisation prennent d’autres formes maintenant. Moi, j’attends que les syndicats nous donnent des consignes différentes, comme des actions de désobéissance civile par exemple. »
La prochaine journée de mobilisation a été annoncée jeudi soir par l’intersyndicale : ce sera le jeudi 13 avril. A la veille de la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites.
C’est la fin de ce direct, merci à vous de l’avoir suivi. Voici les informations principales à connaître sur cette 11e journée de mobilisation contre la réforme des retraites :
Camille Gantzer, Roni Gocer et Thibault Vetter étaient auprès des militants et des manifestants toute la journée jusqu’au début de la soirée pour vous rendre compte de cette 11ème journée de mobilisation.
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Vous vous donnez ainsi le pouvoir de lire une information indépendante et locale. Pour donner de la voix à la colère qui s’exprime dans la rue, n’hésitez pas à cliquer sur l’image ci-dessous.
Plusieurs témoins confirment le recours au gaz lacrymogène et des coups de matraque des forces de l’ordre contre le service d’ordre intersyndical. Une vidéo publiée par l’Union Locale CGT du Bas-Rhin en atteste aussi :
Un important dispositif policier a été déployé dans le quartier Esplanade. Le cortège restant se disperse progressivement.
La « manifestation sauvage » se poursuit mais la partie la plus organisée du black bloc semble s’être dispersée. Les dégradations des panneaux JC Decaux et des banques se poursuivent.
Dans la banque Société Générale de la place de la Bourse, des participants au black bloc sont entrés dans l’agence et ont détruit des ordinateurs à l’intérieur.
Le service d’ordre intersyndical victime de coups de matraque et de gazage par les forces de l’ordre. Gilles Dimnet, secrétaire général adjoint de la CGT Eurométropole, rapporte :
« À l’entrée de la partie piétonne du quai des bateliers, nous avons vu les policiers venir vers nous. Nous avons voulu les empêcher de couper le cortège en deux puisque nous avons la responsabilité de la sécurité de la manifestation. On a été pris en tenaille par la police, donc on a commencé à négocier. On a laissé passer plusieurs policiers et une voiture de police passait quand une fenêtre s’est ouverte et un policier a commencé à gazer puis ils ont commencé à nous cogner dans les jambes. On a fui dans un nuage de gaz. Une chose pareille n’est jamais arrivée. »
Point sur la participation : entre 5 600 participants selon la préfecture et 12 000 manifestants d’après les syndicats.
Autre ambiance place de la République, où le cortège de l’intersyndicale se disperse progressivement.
Fait extrêmement rare pour une manifestation strasbourgeoise : un important black bloc entre en confrontation directe avec les forces de l’ordre.
Selon notre reporter sur place, les manifestants sont parvenus à forcer le barrage de police situé au niveau du palais Rohan.
Le début du cortège se trouve actuellement vers l’arrêt de tram Gallia, au croisement Quai des Pêcheurs et du Boulevard de la Victoire.
Quelques feux de poubelles jonchent le parcours des manifestants, quai des Bateliers à Strasbourg.
Comme lors de chaque journée de mobilisation, le cortège de la HEAR (Haute école des arts du Rhin) attire énormément de manifestants, à coups de slogans divers : « À bas l’État, les flics et les fachos », ou « Police nationale, milice du capital! ».
Le service d’ordre intersyndical se place entre les manifestants et la police pour « protéger le cortège, éviter les débordements et les violences des forces de l’ordre ».
Selon notre reporter sur place Thibault Vetter, les manifestants seraient un peu moins de 10 000 pour cette 11e journée de mobilisation. Ils étaient 12 000 selon nos estimations le 28 mars, pour la 10e journée.
En direct de la tête du cortège des manifestants, rue de la Première Armée, avec les étudiants.
Mounir est conducteur de tram à la CTS, non syndiqué : « Le seul moyen, c’est de bloquer. On doit sortir l’artillerie lourde. »
« Quand l’intersyndicale a rencontré Mme Borne, c’était une mascarade, tout le monde savait que ça n’allait aboutir à rien. Le seul moyen, c’est de bloquer la production économique, les raffineries et les autres secteurs stratégiques, comme le rail et l’éducation. Il y a des caisses de grève, il faut s’en servir, on doit sortir l’artillerie lourde, il n’y a que ça qui les fera vraiment reculer.
Ceux qui n’ont pas les moyens de faire une grève paralysante doivent alimenter les caisses de grève pour soutenir celles des secteurs stratégiques. Il ne faut pas attendre que Macron recule, mais l’obliger. Et il faut bloquer des endroits stratégiques, comme ceux qui ont bloqué le port au pétrole ce matin. »
Un important dispositif policier est déployé pour encadrer le cortège de cette 11e journée de mobilisation. Ici, devant les Galeries Lafayettes.
De nombreux jeunes et d’étudiants dans le cortège des manifestants, marchent en musique et dans une ambiance plutôt joyeuse. Ici un seul slogan : « Macron nous méprise, la jeunesse explose ».
Bettina Winterstein est secrétaire générale CGT métallurgie du Bas-Rhin :
« Dans le privé, une grève reconductible c’est compliqué pour les salariés, vu leur précarité… Par contre, comme Macron nous méprise, on se tient prêts à durcir les actions en faisant des barrages ou des vrais blocages de routes et de ronds points par exemple. C’est Macron qui cherche la violence, pas nous. On va répondre par des actions plus radicales, on ne va pas passer par 4 chemins. Le gouvernement n’aura plus le choix. On ne lâche rien jusqu’au retrait c’est une certitude. »
Et ici, en milieu de cortège avec notre reporter Camille Gantzer.
Le cortège continue d’avancer, ici Place Broglie, avec la CGT Cheminot de Bischheim.
Bertrand est professeur des écoles. Il manifeste depuis le début de la mobilisation en janvier.
« Être en grève et manifester, ça a un coût financier, c’est certain. Jusqu’à maintenant, on a tenu mais après les vacances, ça sera compliqué… Ce qu’il s’est passé hier à Matignon (avec les syndicats reçus par la Première ministre, NDLR), c’était malheureusement prévisible. Ils ont invité les syndicats pour faire plaisir, mais on savait que c’était une farce. »
Francis est adhérent CGT et cheminot. Il croit en la grève et son pouvoir politique, pour, il l’espère, faire plier le gouvernement.
« Moi je suis cheminot, j’étais en grève reconductible plusieurs jours d’affilés. Le contexte fait que c’est très difficile financièrement pour tout le monde. Souvent, ceux qui ont le pouvoir de paralyser le pays parce qu’ils ont des boulots essentiels, sont aussi précaires, et ne peuvent pas perdre trop d’argent. Mais on a le soutien du public. Je ne crois pas en une décision du Conseil constitutionnel en notre faveur. Mon espoir, c’est qu’on continue, et que ça devienne une grève générale si nécessaire. Si on tient longtemps, ils vont finir par plier. C’est la seule solution pour moi, mais je sais que c’est compliqué. En tout cas il ne faut rien lâcher. »
Départ du cortège de la place de la République, direction la place Broglie pour commencer.
Les syndicalistes de la CGT s’échauffent et se préparent sur leur camion, Avenue de la Liberté, à quelques minutes du départ du cortège.
Emmanuel Printz est président de l’Union départementale CFTC du Bas Rhin. Il dit attendre avec impatience le 14 avril et la décision du Conseil constitutionnel, et redoute l’idée d’une grève générale :
« Nous ne souhaitons pas en arriver à la grève générale car pour nous, les manifestations pacifistes et massives devraient suffire. Aujourd’hui, au bout de onze journées de mobilisation, on est toujours unis, on arrive toujours à mobiliser. Cette réforme n’est pas applicable. En arriver à la grève générale serait déjà un aveu d’échec démocratique, on n’est pas d’accord avec ça. Par contre, on est déterminé à continuer à lutter dans la durée avec des grèves ciblées sur des journées de mobilisation, pour ne pas trop impacter les grévistes. On ne lâchera pas, on maintiendra, ils seront obligés de reculer. »
C’est parti pour la 11e journée de mobilisation à Strasbourg. Place de la République, les manifestants se regroupent. Ils semblent a priori moins nombreux que la semaine dernière. Pour vous faire vivre cette manifestation en direct, trois journalistes de Rue89 Strasbourg sont sur place : Camille Gantzer, Roni Gocer et Thibault Vetter.
Nouvelle ambiance en amont des manifestations à Strasbourg. Aux alentours de 13h30, place d’Austerlitz, des policiers fouillaient les bosquets à la recherche de pavés et autres projectiles susceptibles d’être lancés sur les forces de l’ordre.
Quartier Krutenau, de nombreuses banques ferment leurs portes lors de la manifestation.
Selon les organisateurs, près de 200 lycéens ont manifesté dans la matinée du jeudi 6 avril à Haguenau. Dès 7h30, des membres de l’Union locale CGT et des enseignants ont tracté devant le lycée Robert Schumann pour convaincre la jeunesse du Nord de l’Alsace de rejoindre le mouvement. À 100 jours du début des épreuves du baccalauréat, les élèves étaient déguisés. La manifestation a eu lieu dans une ambiance festive.
Samy Ahmed-Yahia, membre de l’Union Locale CGT de Haguenau et ancien candidat Nupes pour les élections législatives de la huitième circonscription du Bas-Rhin, se félicite de cette mobilisation : « Vers 10 heures, on a constitué un cortège pour se rendre devant le permanence du député où l’on a demandé le retrait de la réforme des retraites. Le cortège s’est ensuite dispersé dans le calme. »
Mercredi 5 avril, les organisations de l’intersyndicale se sont rendues à Matignon pour une réunion avec la Première ministre. Comme le rapporte notre partenaire Mediapart, la discussion a rapidement tourné au dialogue de sourds. Les syndicats demandent le retrait de la réforme des retraites. Elisabeth Borne refuse et souhaite initier une discussion sur une future loi travail, ce que refusent les représentants syndicaux. La rencontre aura duré moins d’une heure.
« On avait une crise sociale qui se transforme en crise démocratique », a poursuivi le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger. Un jour avant la onzième journée nationale de mobilisation organisée par les syndicats, il a appelé « un maximum de travailleurs et de travailleuses, de citoyens dans ce pays, à rejoindre les cortèges partout en France », afin de « démontre[r] la force de la démocratie sociale dans le calme, sans violence ».
La centrale hydroélectrique de Vogelgrun (Haut-Rhin) est occupée par quelques dizaines de salariés, comme le rapporte France Bleu Alsace. L’objectif de la CGT est de poursuivre le blocage de la circulation sur le Rhin jusque midi pour ensuite rejoindre les manifestations à Colmar et Mulhouse.
8h15 : la sonnerie résonne mais personne ne rentre, cris de joie des personnes mobilisées. La foule est devenue beaucoup plus dense avec les nouveaux arrivants.
Julien Wind, professeur de SES, membre du syndicat enseignants Snes, soutient le blocage de l’établissement :
« Ici c’est assez dur de mobiliser les profs, qui sont déjà en action depuis deux mois. La perte accumulée des journées de grève fait qu’il y avait moins de gens motivés. Mais ça ne fait aucun doute que dans la salle des profs, quasiment tout le monde est contre la réforme. »
Thaïs, 17 ans, est vice-présidente du conseil de vie lycéenne et élève de terminale. Elle explique cette action menée après les épreuves du baccalauréat du mois de mars, « pour ne pas pénaliser les lycéens » :
« Le but de l’action, c’est d’envoyer un signal fort au gouvernement, pour dire qu’ils ne faut infantiliser les lycéens et leurs opinions politiques. En l’occurrence, on s’oppose au 49-3 à la réforme des retraites, à la mise en place de Parcoursup et au Service national universel. »
Une trentaine de personnes bloquent l’entrée du lycée Fustel de Coulanges au centre de Strasbourg. Parmi les militants, des lycéens, des étudiants et quelques syndicalistes de la CGT Éduc’Action.
Les camions redémarrent vers 6h43. Les militants avaient proposé une levée du blocage à partir à 9h mais ça n’a pas été accepté. Au vu de l’attente générée, une légère perturbation pourrait se sentir dans les stations services aujourd’hui.
La police n’a procédé à aucune interpellation.
La police décide de procéder à la dispersion vers 6h41.
À 6h30, la police procède au démantèlement de la barrière.
Vers 6h, la police a reçu des renforts pour procéder à une évacuation.
À 5 heures, près d’une trentaine de camions attendaient de pouvoir accéder au terminal.
Des camionneurs viennent boire un café avec les militants. Selon eux, si le blocage dure toute la journée, des stations-services pourraient se retrouver en rupture sur certains types de carburants.
Élie (prénom modifié), membre du collectif On crèvera pas au boulot :
« On a décidé de bloquer un dépôt de carburant, c’est une action stratégique pour apporter notre soutien aux travailleurs en grève dans les raffineries et dépôts pétroliers. On compte bloquer les camions qui viennent chercher l’essence aussi longtemps que possible. Le week-end de Pâques commence demain, donc le dépôt ne refonctionnera correctement que mardi à nouveau. L’approvisionnement des stations service pourrait être touché ces prochains jours. Parmi les activistes, il y a des gens qui ne travaillent pas dans des secteurs essentiels, ça leur permet d’apporter leur pierre à l’édifice. »
Dès 4h ce matin, un blocage a été mis en place route de Rouen au port aux pétroles de Strasbourg.
Une soixantaine de personnes ont installé des barrières, empêchant les camions ravitaillant les stations services d’accéder au terminal.
Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Ce nouvel appel intersyndical à manifester contre la réforme des retraites intervient alors que le gouvernement estime que le dossier est clos, après avoir été adopté sans vote du parlement grâce à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution. Mais pour les syndicats, la lutte se poursuit avec toujours comme objectif le retrait de la réforme.
Les opposants Strasbourgeois à la réforme des retraites regorgent d’idées pour diversifier leurs actions. Au rythme des manifestations intersyndicales et de moments plus informels, la mobilisation perdure. Et s’amplifie. Le lycée Marie Curie est venu s’ajouter aux lieux de rencontre pour discuter de la réforme et se rassembler avant les manifestations. Mardi 28 mars ils sont une petite vingtaine dès la pause de 10 heures à s’installer dans le sas de la cour du lycée, à même le sol. L’opération création de banderoles et de panneaux est en cours. « Je suis contre la réforme depuis le début. Mais ça ne fait que deux semaines que je me mobilise activement », sourit Marion, lycéenne.
« La retraite c’est dans longtemps, on la vivra en même temps que tous les effets du réchauffement climatique, c’est pour ça qu’on est en colère », explique Charlotte, feutre à la main. Après l’atelier a lieu un temps d’échange où les lycéens sont invités à prendre la parole. « Ce sont les élèves qui s’organisent entre eux, sur les réseaux sociaux et qui appellent les personnels du lycée à les rejoindre », explique Jean-Luc, professeur. Sa classe de terminale lui a déjà annoncé qu’elle sècherait les cours pour battre le pavé.
En même temps à quelques centaines de mètres de là, les étudiants sont aussi mobilisés. Pour une fois, ils n’ont bloqué aucun bâtiment sur le campus central mais passent d’amphi en amphi, mégaphone en main, pour tracter et appeler leurs pairs à les rejoindre dans la mobilisation. La plupart des professeurs les laissent faire. « En même temps c’est plus rapide s’ils ne nous interdisent pas d’intervenir », sourit Emma, l’une des étudiantes mobilisées. De nombreuses actions ont été organisées depuis plusieurs semaines, après avoir été décidées en AG : blocages, occupations, opérations de tractage, barbecue militant, rassemblements pré-manifestation, kermesse footballistique…
Depuis le 3 février, un bâtiment à disposition des étudiants et baptisé Algecommune fait office de lieu de rassemblement et de stockage, sous la bibliothèque Alinéa. S’y tiennent les AG lorsqu’aucun amphi n’est disponible mais aussi des conférences autour de la mobilisation, ouvertes à tous. « Ce sont les collectifs ou les intervenants qui nous contactent pour proposer des évènements », précise Raphaël (le prénom a été modifié). De l’histoire du système des retraites en France à la sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles, ces évènements sont partagés par des comptes Instagram et Twitter créés par les étudiants mobilisés.
C’est via ces réseaux que communiquent aussi les étudiants de Sciences Po, dont le bâtiment central est éloigné du campus de l’Esplanade. Les jours de manifs, ils organisent des moments de rencontre, des ateliers et des conférences. Mardi 28 mars, il s’agit de prises de paroles autour du thème « Réforme, répression, révolution » par exemple.
Aux Arts Déco, les étudiants « occupent » leur école depuis presque un mois. Les cours ne sont pas suspendus mais certains sont dédiés à la création de pancartes, des AG quasi quotidiennes déterminent la suite des actions et des chars ont été confectionnés pour animer les cortèges. Des mouvements similaires s’organisent en philosophie, multipliant les moments festifs, de discussion ou d’information.
En plein centre ville, plusieurs places font office d’agora publiques, à l’occasion de réunions joyeuses comme un barbecue organisé par l’intersyndicale des cheminots. Depuis le 7 mars et le blocage de l’entrepôt Amazon, le collectif « On crèvera pas au boulot » appelle régulièrement à des rassemblements citoyens place Kléber, place de la Gare ou place de la République, pour « discuter, s’organiser et agir ». Il regroupe à chaque fois plus d’une centaine de personnes aux profils divers, d’anciens gilets jaunes, des travailleurs, retraités, chômeurs, syndicalistes…
Amplifiée par une grosse enceinte lundi 27 mars, une militante précise à l’assemblée place Kléber le but du collectif, sous les yeux d’une quarantaine de CRS mobilisés pour l’occasion. « Notre rassemblement est légal, vous n’avez rien à craindre », précise-t-elle aux manifestants. Au micro, les témoignages s’enchaînent. Une étudiante raconte la soirée du 20 mars où elle s’est retrouvée au milieu des gaz lacrymogènes, un intermittent du spectacle avoue son désarroi de n’avoir aucun impact lorsqu’il se met en grève, un député explique avoir fait un signalement au parquet et recueillir des témoignages sur les violences policières…
Suite à chaque prise de parole, les applaudissements sont bruyants et des slogans de manif scandés, contre la réforme ou les violence policières parfois. À la fin, les participants décident de la date et du lieu de la prochaine réunion.
En marge du rassemblement, deux personnes aux casques et gilets blancs observent. Et pour cause. L’observatoire strasbourgeois des libertés publiques créé par la Ligue des Droits de l’Homme et le Syndicat des avocats de France est présent à presque toutes les manifestations pour prendre note de leur déroulement et documenter les évènements strasbourgeois. Ces deux structures cherchent des bénévoles pour participer aux missions d’observation.
Tous les jours où Strasbourg est dans la rue, une équipe légale se mobilise pour assurer une permanence téléphonique. Les membres de ce « collectif autonome et spontané » souhaitent rester anonymes. Ils font circuler un tract sur lequel le contact de deux avocats sont précisés, ainsi que des conseils aux manifestants. Depuis courant mars, l’équipe est aussi joignable par mail. À travers sa mobilisation, le collectif espère assurer la « protection des manifestant·es face à la brutalité policière et à la justice complice ».
Pour venir en soutien aux manifestants, les street medics sont eux aussi de plus en plus mobilisés. Jean (le prénom a été modifié), 30 ans, asperge de maalox dilué les manifestants pris dans les nuages de gaz lacrymogène sur le campus, mardi 28 mars. Avec son casque à croix rouge et son matériel, il est mobilisé depuis le 19 janvier. Seul street medic au début du mouvement, il constate qu’ils sont de plus en plus nombreux depuis le recours au 49-3 pour faire passer la réforme. « Depuis une semaine, j’ai un binôme avec lequel je reste en contact du début à la fin des manifs », illustre-t-il. Une structuration spontanée et construite au fil de la mobilisation. Jean est identifié par les militants qui sollicitent son aide et par les forces de l’ordre qui le laissent passer pour mener à bien sa mission.
« Les street medics, c’est une tactique d’auto-défense : tu es un militant qui dispose de matériel et de compétences pour aider les autres », résume Jean. Distribution de sérum physiologique, aide aux personnes prises dans les gaz, assistance à ceux qui se sentent mal… « Il n’y a pas besoin de beaucoup de savoir-faire pour s’entraider, simplement une notion de quelles armes de la police causent quels dommages », conclut-il.
Pour l’instant, aucun collectif actif ne réunit les street medics à Strasbourg, mais ils comptent s’organiser dans les semaines à venir et proposer des formations à toutes les personnes intéressées.
Pour alimenter les caisses de grève ou de lutte et permettre aux opposants de continuer à se mobiliser, certains vendent des t-shirts, des affiches ou encore des stickers colorés. Les chariots se baladent pendant les journées de grève et appellent les manifestants qui le peuvent au don.
Samedi 1er avril à 17 heures, le collectif On Crèvera Pas Au Boulot a organisé une projection de trois films à prix libre. À l’Algeocmmune aussi, les étudiants ont projeté un fil lundi 3 avril selon le même principe. Les bénéfices ont tous été reversés aux caisses de grève.
De nombreux artistes comme Ariane Pinel ou Victor Le Foll se sont engagés à reverser à ces mêmes caisses les recettes de leurs ventes. Après avoir choisi une œuvre et s’être assuré de sa disponibilité auprès de son auteur, le client est invité à faire un don du montant à une caisse de grève et à envoyer une preuve du don, en guise de paiement.
« On ne peut pas retourner dans notre pays », souffle Santiljiana, d’un air résigné. Devant le Centre administratif à Strasbourg, un rassemblement se tenait ce mercredi 5 avril pour interpeller la mairie sur l’expulsion imminente des habitants du squat « Bourgogne » et réclamer une solution d’hébergement collective. Les militants dénoncent l’ingérence des services de police et de la préfecture. Le rassemblement se constitue d’habitants du squat, de personnes en exil, de militants et de membres d’associations.
En décembre 2021, plus de 200 personnes, dont beaucoup de familles avec enfants, ont trouvé refuge dans un immeuble rue de Bourgogne, à la Meinau, voué à la démolition. En novembre 2022, la justice a ordonné leur expulsion.
« On est dans une situation qui n’est pas normale, ça fait cinq ans et demi qu’on est là » reprend Santiljiana, mère de deux enfants âgés de sept et quinze ans. Avec ses enfants – scolarisés à Strasbourg – et sa mère, elle est actuellement hébergée chez une famille à Lampertheim. Elle a reçu une obligation de quitter le territoire français. « Ça fait bientôt six ans qu’on est là, ma fille a grandi en France », plaide Santiljiana. Elle relate aussi l’absence fréquente de réponse du 115. « Ils ne répondent presque jamais, et quand ils le font, ils nous disent qu’il n’y a pas de place pour les familles. »
Aux côtés de Santiljiana se trouve Lali, mère elle aussi. Venue de Géorgie, elle vit à Strasbourg depuis près de sept ans. Et a rejoint le squat Bourgogne en janvier 2023 avec son fils, actuellement en classe de 3ème.
« On cherche une solution, la préfecture nous propose des gymnases, sans plus de précision. On dit non parce qu’après, on risque d’être envoyé à Bouxwiller. Et après Bouxwilller, on sait qu’on nous renverra dans notre pays. Mais si on refuse, ils nous disent de rester à la rue. Alors on n’a pas de solution, on va de squat en squat. À celui de Bourgogne au moins, on est entre familles, on s’entraide. »
Au total, entre 70 et 75 familles qui habitent dans le squat de Bourgogne, précise Gabriel Cardoen. Militant et membre de la Marche des Solidarités, il se décrit comme « celui qui transmet les informations et les contacts », aux personnes qui en ont besoin.
« Les gens ici mènent un combat contre le temps. La durée de présence de plus de cinq ans de certaines personnes ouvre la possibilité d’obtenir des papiers d’identité, en principe. Ça se fait par la circulaire Valls, à la discrétion de la préfecture évidemment. Les gens ici mènent un combat contre le temps. […]La préfecture dispatche les personnes à droite et à gauche. Ils veulent pas de groupement, quand ils sont tous ensemble c’est aussi plus facile d’avoir une solidarité, une communauté et une voix.
En évoquant les familles, il insiste sur leur situation intenable :
Il y a une vraie détresse, surtout de la part des mamans. On m’appelle parfois en me demandant de l’aide, en m’exprimant des pensées suicidaires. La plupart ne tiennent le coup que grâce à leurs enfants. On le voit aussi : quand on fait des réunions, il n’y a que les mères. »
Floriane Varieras, adjointe à la Maire en charge notamment du soutien aux personnes vulnérables et à la solidarité, affirme que la Ville a déjà alerté sur la situation : « On demande une mise à l’abri, parce qu’un squat n’est pas une situation souhaitable non plus. »
Elle rappelle que 500 places d’hébergement pérenne ont été créées par l’Eurométropole depuis le début du mandat. Les dernières places, ouvertes en novembre dernier, sont toutes occupées.
Mardi 4 avril, 18h10. Des fidèles entrent dans la cathédrale de Strasbourg pour assister à la messe chrismale. Une quinzaine de personnes leur font face, en silence, feuilles A4 à la main. Pour cette manifestation spontanée, les membres du mouvement catholique Jonas, qui militent pour des positions et un fonctionnement plus progressiste de l’Église, tiennent vigoureusement leur message. Le papier pourrait être froissé par le vent glacial qui souffle sur le parvis. Marie-Anne, Robert, Jean-Paul ou Vincent tiennent à faire passer leurs slogans, inscrits en lettres capitales : « Il fait nuit dans le diocèse de Strasbourg », « Non à un évêque qui flingue ». La pancarte la plus présente demande la fin du mandat de l’actuel archevêque de Strasbourg : « Luc Ravel démission ».
Les réactions varient dans la file des fidèles venus écouter l’archevêque de Strasbourg. Une croyante venue de Nancy n’est pas au courant des reproches adressés à Luc Ravel. Un autre catholique a un avis sur la question, mais pas pour Rue89 Strasbourg. Deux jeunes, François et Pio, commentent cette scène de contestation : « L’obéissance, dans l’Église, c’est important », affirme le premier. Le second approuve : « La volonté des supérieurs n’est pas toujours la bonne. Mais réaliser la volonté des supérieurs est toujours une bonne chose. »
Mais de quel supérieur parle-t-on ici ? En juin 2022, le Pape a ordonné une enquête interne au diocèse de Strasbourg concernant notamment des accusations de management brutal de la part de l’archevêque Luc Ravel. Plus de neuf mois plus tard, aucune information officielle n’a été publiée sur le dossier. Plusieurs sources ont témoigné auprès de Rue89 Strasbourg d’une ambiance étouffante à l’archevêché : « Ça devient très long. Pour les personnes qui espèrent un dénouement et un renouvellement, c’est pesant », affirmait un ancien membre de la curie diocésaine de Strasbourg.
Responsable du mouvement Jonas à Strasbourg, Jean-Paul Blatz explique cette manifestation par un article publié dans la matinée par les Dernières Nouvelles d’Alsace. Ce denier révèle que l’évêque auxiliaire de Strasbourg Mgr Kratz a appris son éviction le jeudi 23 mars. Selon les DNA, cette décision serait liée à la gestion de l’affaire Emmanuel Walch, un aumônier du collège épiscopal Saint-Etienne à la fin des années 2000. Accusé de viol par une ancienne élève âgée de 15 ans à l’époque, cet ancien prêtre s’est suicidé avec sa mère en se jetant sous un train à Bernolsheim le 1er janvier 2023.
Pour Jean-Paul Blatz, « Mgr Kratz n’avait pas à intervenir dans ce dossier. C’était à l’archevêque (prédécesseur de Luc Ravel, NDLR) Mgr Grallet de le faire. Cet argument, ce n’est qu’un prétexte pour éliminer Mgr Kratz ». Dans le petit groupe de manifestants, Marianne parle de cette éviction comme « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase » et déplore la méthode employée : « Luc Ravel écrit un livre sur le care (notion de prendre soin, NDLR) et il annonce cette éviction par une lettre glissée sous la porte… Mon sang n’a fait qu’un tour quand j’ai lu la nouvelle. »
À sa droite, Marie-Anne dénonce un archevêque « trop individuel dans sa gouvernance » et rappelle l’implantation décidée par Luc Ravel de la paroisse réactionnaire de la Croix-Glorieuse à Colmar (lire notre enquête). La croyante strasbourgeoise critique enfin un archevêque éloigné de ses fidèles : « Le Pape François demande que l’archevêque soit comme le berger qui sente l’odeur du troupeau. Mais ici, le troupeau n’intéresse pas du tout Luc Ravel. »
Pour les manifestants du parvis de la cathédrale, la décision du Vatican ne fait aucun doute : Mgr Luc Ravel doit démissionner. Mais l’archevêque de Strasbourg semble user de toutes les dispositions du Concordat qui lui sont favorables pour retarder l’échéance. Médecin strasbourgeoise, proche de l’évêque auxiliaire Mgr Christian Kratz, Madeleine trouve scandaleux que « Luc Ravel démette l’évêque auxiliaire alors que le Vatican attend sa démission. »
En retrait, l’ancien curé Vincent Steyert dit aussi savoir que « l’archevêque était prié par Rome de présenter sa démission. » Il ajoute : « On dirait que Luc Ravel veut flinguer des gens avant de partir. Il agit comme s’il éprouvait de la haine vis-à-vis de ses prédécesseurs, comme s’il vivait encore la déception de ne pas être archevêque à Lyon ou à Paris. »