Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

« Stocamine : comme un poison dans l’eau » : révélations sur un État qui choisit l’intoxication

« Stocamine : comme un poison dans l’eau » : révélations sur un État qui choisit l’intoxication

Dans le dossier Stocamine, l’État n’a pas seulement renié sa promesse initiale de déstocker les déchets ultimes. Il a délibérément fermé les yeux sur la faisabilité du déstockage. Il continue de nier les risques pour la qualité de l’eau potable et semble oublier la gestion chaotique du centre d’enfouissement avant sa fermeture.

Deux journalistes d’investigation, des heures d’entretien et des centaines de pages de documents… Pendant quatre mois, Rue89 Strasbourg et la Badische Zeitung ont enquêté sur le dossier Stocamine, un centre d’enfouissement de déchets ultimes à Wittelsheim dans le Haut-Rhin, grâce à une bourse du fonds de soutien au journalisme d’enquête transfrontalier IJ4EU.

Mardi 19 septembre, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a annoncé à plusieurs élus alsaciens qu’aucun déchet ne sera remonté à la surface et que les travaux de confinement définitifs de Stocamine devraient être achevés au plus tard en 2027. Nous publions donc le fruit de notre enquête. Le dossier « Stocamine – Comme un poison dans l’eau », c’est l’histoire d’un État qui décide de prendre le risque de contaminer la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale tout en ignorant l’opposition des associations environnementales, des élus locaux et des Alsaciens. Lors de l’enquête publique pour le confinement des déchets au printemps 2023, 98% des 1571 contributions étaient pourtant défavorables au projet.

Des déchets irréguliers, un incendie

Le premier volet de cette investigation revient sur la fin de l’exploitation du site de Stocamine. Après avoir récupéré un dossier de plus d’un millier de pages, Thibault Vetter s’est plongé dans l’enquête qui a suivi l’incendie du bloc 15 en 2002. Son article révèle avec tous les détails que le groupe Séché a envoyé des déchets interdits à Stocamine. De nombreux documents attestent d’un processus d’acceptation des déchets mené au forceps par l’ancien directeur de Stocamine, au mépris de la réglementation et des alertes internes. À l’issue du procès, il avait été condamné à 5 000 euros d’amende pour « mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’obligations particulières de sécurité et de prudence ».

Le deuxième article de notre série révèle le jeu de dupes mené par le ministère de la Transition écologique quelques mois avant l’annonce du confinement définitif des déchets. L’État a d’abord fait miroiter la possibilité d’une dernière expertise sur la faisabilité du déstockage. Puis il a retiré sa main tendue aux organisations environnementales en déplorant le positionnement pro-déstockage des experts proposés par Alsace Nature et France Nature Environnement.

La fin de l’affaire ?

Un troisième volet de ce dossier se déroule Outre-rhin. Notre consœur du Badische Zeitung Bärbel Nückles est allée interroger les associations écologistes et autres élus inquiets pour la qualité de l’eau potable de la nappe phréatique rhénane qui alimente des millions d’Allemands. Ils demandent le déstockage le plus important possible des déchets toxiques de Stocamine.

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a pris sa décision. Mais est-ce la fin définitive de l’affaire Stocamine ? En janvier 2021, Barbara Pompili avait déjà fait le même choix que son successeur. S’en sont ensuivis deux ans de bataille judiciaire entre tribunal administratif de Strasbourg et cour d’appel administrative de Nancy. L’État pro-confinement définitif en est sorti défait, contraint de produire un nouvel arrêté préfectoral pour lancer les travaux d’enfouissement. Mais les opposants comptent bien maintenir la pression pour éviter la contamination de la ressource en eau de plus de 5,6 millions de personnes. Entre une plainte déposée par Alsace Nature contre les gestionnaires de Stocamine et la manifestation prévue par Extinction Rebellion, les Soulèvements de la Terre et le collectif Destocamine le samedi 23 septembre à Wittelsheim, le dossier Stocamine devrait connaître encore quelques rebondissements.

Stocamine : l’État annule une étude car deux de ses auteurs sont favorables au déstockage

Stocamine : l’État annule une étude car deux de ses auteurs sont favorables au déstockage

Alsace Nature négocie avec le ministère de la Transition écologique depuis janvier pour réaliser une expertise sur la faisabilité d’une extraction des déchets de Stocamine. Mais l’État refuse les géologues proposés par l’association, alors que l’un d’eux a déjà piloté une opération semblable en Suisse.

23 décembre 2022. Arnaud Schwartz, président de France nature environnement (FNE), fédération à laquelle appartient Alsace Nature, rencontre Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Il évoque alors différents sujets d’actualité, dont Stocamine, une décharge contenant 42 000 tonnes de déchets toxiques sous la nappe phréatique à Wittelsheim, près de Mulhouse. FNE et Alsace Nature militent pour l’extraction de ces déchets alors que l’État finalise la procédure administrative pour obtenir l’autorisation de les confiner définitivement par un sarcophage de béton.

Ce jour là, Arnaud Schwartz obtient l’ouverture d’une discussion entre le ministère et Alsace Nature sur la faisabilité d’un déstockage. Dans ce contexte, Christophe Béchu demande à Cédric Bourillet, directeur de la prévention des risques (un poste important rattaché au ministère de la Transition écologique), de se rendre à Strasbourg le 20 janvier. Il y rencontre le préfet du Haut-Rhin, des membres d’Alsace Nature et Arnaud Schwartz.

Une dernière expertise

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Actionnaire de Stocamine, le groupe Séché a envoyé des déchets interdits jusqu’à l’incendie

Actionnaire de Stocamine, le groupe Séché a envoyé des déchets interdits jusqu’à l’incendie

Le groupe Séché est entré au capital de Stocamine au printemps 2002. Cette même entreprise a amené 400 tonnes de déchets interdits dans les galeries, qui ont causé un incendie en septembre 2002 et la fin de l’activité du site. Séché a ensuite quitté l’actionnariat de Stocamine et n’a jamais été inquiété par la justice.

15 avril 2009. Patrice Dadaux, ex-directeur de Stocamine, une décharge souterraine de déchets industriels ultimes localisée à Wittelsheim, est condamné par la cour d’appel de Colmar à 5 000 euros d’amende. Il est jugé coupable de « mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’obligations particulières de sécurité et de prudence ». Le procès porte sur un incendie en septembre 2002, causé par des déchets interdits à Stocamine, qui a mis fin à l’activité du site. Mais « des questions sont restées en suspens », observe Me André Chamy, avocat de la CFDT des mineurs :

« Je reste persuadé que quelqu’un a donné l’ordre à Patrice Dadaux de se comporter de la sorte, qu’il y a un autre responsable. Sinon, on ne peut pas expliquer son attitude, mais il n’a pas accepté d’en parler quand je l’ai interrogé pendant l’audience. »

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Pour les femmes enceintes, Strasbourg développe le bio sur ordonnance

Pour les femmes enceintes, Strasbourg développe le bio sur ordonnance

Pendant près d’un an, 800 femmes enceintes ont bénéficié de la distribution de paniers de légumes bio dans le cadre des « ordonnances vertes ». La mairie de Strasbourg dresse un bilan positif de l’expérimentation, qu’elle souhaite généraliser.

Avec un grand sourire, Jeanne Barseghian tend à une femme enceinte un sac de légumes bios. La scène ressemble à une pub, conçue pour promouvoir le dispositif des ordonnances vertes. Lancé en novembre 2022 par la mairie, le programme a pour objectif de lutter contre les perturbateurs endocriniens, des composés perturbant le fonctionnement du système hormonal, présents dans de nombreux produits du quotidien et l’alimentation. Ces composés chimiques sont corrélés à de nombreux problèmes de santé, de la puberté précoce à certains cancers, en passant par des troubles du comportement.

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, distribue des paniers de légumes bios devant la maison urbaine de santé de l’Ill. Photo : AL/Rue89 Strasbourg

Délivrée par un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme, l’ordonnance verte permet aux femmes enceintes de bénéficier d’un panier de légumes bio gratuit chaque semaine pendant sept mois. Ce changement d’alimentation réduit l’exposition des futures mamans. « On a des éléments objectifs qui montrent la nocivité des perturbateurs endocriniens, c’est pour cela que nous avons décidé d’agir », déclare le docteur Alexandre Feltz, adjoint à la santé publique et environnementale.

« Ce ne sont pas des efforts énormes ou coûteux »

Médecin de profession, l’élu à l’origine du dispositif détaille les trois périodes de la vie auxquelles l’exposition à ces substances est la plus à risques : « Lors de la grossesse, dans la petite enfance et à l’adolescence. » En plus des paniers, les bénéficiaires doivent également suivre deux ateliers de formation sur les perturbateurs endocriniens. Pour le docteur Feltz, adjoint en charge de la santé publique et environnementale à la Ville de Strasbourg, l’objectif est d’amener les familles à changer leurs habitudes de consommation.

Alexandre Feltz, adjoint à la santé publique et environnementale. Photo : AL / Rue89 Strasbourg

Othnielle est infirmière, en début de grossesse et vient de suivre un de ces ateliers :

« Sur le coup, c’est très stressant parce qu’on se rend compte que tout ce que l’on consomme est touché par les perturbateurs endocriniens, l’eau en bouteille par exemple. On se demande comment on va pouvoir changer nos habitudes, mais on découvre aussi que c’est possible. »

Rien de déroutant pour Blandine, qui a accouché fin juillet et témoigne :

« On ne peut pas tout faire d’un coup, on y va progressivement. Surtout, on se rend compte que ce ne sont pas des efforts énormes ou coûteux, ce sont surtout des habitudes à changer. »

Un quart des femmes enceintes à Strasbourg

Depuis novembre 2022, 800 femmes ont bénéficié des ordonnances vertes, soit un quart des Strasbourgeoises enceintes. En s’adressant aux futures mères, ces conseils de santé touchent l’ensemble de la famille et les proches. « Ce sont plusieurs milliers de Strasbourgeoises qui ont eu accès à la prévention santé. On voit aussi un effet très fort, en interrogeant ces femmes, on s’est rendu compte que 90% d’entre elles voulaient continuer à manger bio. » Alexandre Feltz relate en revanche qu’une sur dix a quitté le dispositif en cours de route. « C’est un pourcentage très faible, mais on travaille à identifier les causes. »

Photo : AL/Rue89 Strasbourg

En 10 mois, 11 000 paniers ont été distribués et 80 ateliers se sont tenus dans tous les quartiers de la ville. « La CPAM nous a aussi permis de cibler les personnes les plus en difficultés, celles qui sont souvent les moins informées sur les questions de santé », explique l’adjoint à la maire de Strasbourg. Coût pour la collectivité : 500 000 euros, dont 315 000 euros sous forme de subventions. Une dépense à mettre en balance avec le bénéfice en termes de santé publique selon Jeanne Barseghian. Selon une étude de 2015 du journal of Clinical Endocrinology & Métabolism, le coût des perturbateurs endocriniens est estimé à 157 milliards d’euros pour les système de santé européen.

Objectif 1500 Strasbourgeoises accompagnées en 2024

« Le bilan est si positif qu’on ne va pas s’arrêter, on espère monter en puissance », explique Jeanne Barseghian avant de détailler les contours du dispositif à partir de 2024. Le 26 juin 2023, le conseil municipal votait à l’unanimité la reconduction des ordonnances vertes pour trois ans.

Si la forme reste la même, la municipalité se fixe l’objectif d’accompagner 1 500 femmes. Dans les ordonnances vertes nouvelle mouture, un critère social sera introduit. La durée pendant laquelle les futures mamans pourront bénéficier de la distribution des paniers étant modulée selon le quotient familial. « De sept mois pour les plus pauvres à deux pour les plus aisées », détaille la maire de Strasbourg, avant d’annoncer que les femmes peuvent déjà s’inscrire pour l’année prochaine.

Sandra Regol, députée EELV du Bas-Rhin a déposé un projet de loi pour d’étendre le dispositif des ordonnances vertes à l’ensemble de la France. Photo : AL/Rue89 Strasbourg

Pour la Ville, le nouveau budget alloué aux ordonnances vertes s’établit à 655 000 euros par an. La CAF, la CPAM et l’ARS pourraient bientôt rejoindre la municipalité comme financeur du dispositif. Surtout, Strasbourg espère voir son idée inspirer d’autres villes et pourquoi pas l’État. Sandra Regol, députée EELV du Bas-Rhin, a déposé le 12 septembre une proposition de loi allant dans ce sens.

#Ordonnances vertes

Stocamine : Extinction Rebellion et Les Soulèvements de la Terre appellent à manifester samedi à Wittelsheim

Stocamine : Extinction Rebellion et Les Soulèvements de la Terre appellent à manifester samedi à Wittelsheim

Extinction Rebellion, Les Soulèvements de la Terre, la Confédération paysanne, Destocamine et le Chaudron des alternatives appellent à manifester contre le projet d’enfouissement des déchets toxiques de Stocamine samedi 23 septembre à Wittelsheim.

« Mobilisation internationale, festive et déterminée. » Dans un visuel diffusé sur les réseaux sociaux, de nombreuses organisations écologistes appellent à manifester contre l’enfouissement définitif de 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes sous la nappe phréatique à Stocamine. Le tract est signé par plusieurs organisations : les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion, la Confédération paysanne, Destocamine et le Chaudron des alternatives. Le rassemblement est fixé à 12h, place de la mairie à Wittelsheim. Yann Flory, du collectif Destocamine, a déclaré la manifestation en préfecture. Il espère une mobilisation internationale :

« Nous avons annoncé une mobilisation festive, avec un pique-nique et des prises de parole. Le côté international est intéressant. Il y a des Allemands et des Suisses qui devraient venir, car la nappe phréatique menacée de pollution passe aussi par chez eux. »

L’eau potable de millions d’Européens

Framboise (prénom modifié), membre d’Extinction Rebellion Strasbourg, se mobilise car il refuse que « l’on prenne le risque de contaminer la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale. Elle alimente des millions d’Européens ainsi que le reste du vivant dans la vallée rhénane en eau potable. »

Le collectif Destocamine avait manifesté sur la place de la mairie de Wittelsheim le 10 mai. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

L’activiste d’Extinction Rebellion précise que certains militants allemands de son mouvement hésitent à venir « de peur de la violence de la police française » après les nombreux blessés lors de « la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline en mars ». « Des street-medics (soignants de manifestation, NDLR) seront présents », ajoute Framboise.

« On ne fait que gérer la pénurie » : en Alsace, le syndicat FSU corrige le gouvernement sur la rentrée scolaire

« On ne fait que gérer la pénurie » : en Alsace, le syndicat FSU corrige le gouvernement sur la rentrée scolaire

« Égalité des chances », « un prof devant chaque classe » et effectifs plafonnés… Trois promesses du ministre de l’Éducation Gabriel Attal pour cette rentrée 2023. En Alsace, les représentants syndicaux FSU dénoncent une communication déconnectée de la réalité.

Fatigue. C’est le premier terme employé par la secrétaire départementale du syndicat FSU-SNUipp 67 lorsqu’on l’interroge sur le sentiment des enseignants alsaciens en cette rentrée. « Des collègues nous parlent déjà d’épuisement, deux semaines après la rentrée », ajoute Agathe Konieczka. Lors d’une conférence de presse du syndicat FSU dans la matinée du mardi 20 septembre, une lassitude, teintée de colère, est palpable parmi les six responsables syndicaux présents pour faire le point sur la rentrée de l’année scolaire 2023/2024. « Plus les années passent, plus le gouvernement est déconnecté du terrain », souffle Géraldine Delaye, secrétaire départementale du syndicat FSU 67.

De gauche à droite : Valérie Sibert, secrétaire départementale FSU 68, Géraldine Delaye, secrétaire académique SNUEP-FSU et Agathe Konieczka, secrétaire départementale FSU-SNUipp 67. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Un prof devant chaque classe » : faux, dit le syndicat FSU

Pour la rentrée de septembre 2023, le ministre de l’Éducation Nationale Gabriel Attal s’est targué d’avoir « un prof devant chaque classe ». Une affirmation démentie par le secrétaire académique SNES-FSU Arnaud Sigrist. Le professeur de Sciences Économiques et Sociales (SES) estime qu’en Alsace, comme au niveau national, un collège/lycée sur deux manque d’au moins un enseignant. L’allemand et l’économie-gestion sont deux matières particulièrement touchées par le sous-effectif.

Le syndicat enseignant réfute aussi le terme de « un prof devant chaque classe » : « Parlons plutôt d’un adulte devant chaque classe », indique le dossier de presse de la rentrée 2023 du FSU Alsace. Et la formation syndicale de rappeler le niveau de formation très variable des professeurs. Dans le Bas-Rhin, 35 contractuels ont été recrutés sans formation. 27 candidats ayant échoué au concours des professeurs ont aussi été embauchés. À cela s’ajoute encore des professeurs des écoles dont les stages permettent de faire l’économie de 247 postes d’enseignant, selon le syndicat des enseignants du premier degré FSU SNUipp.

Conférence de presse du syndicat FSU sur la rentrée scolaire 2023/2024. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

« Égalité des chances » : un mirage pour le syndicat

Un tract du ministère de l’Éducation nationale promet de développer « l’accueil en milieu scolaire dès deux ans dans les quartiers populaires ». Sur ce point encore, les responsables syndicaux FSU tiennent à présenter les chiffres locaux. Dans le Bas-Rhin, les effectifs d’élèves de moins de trois ans scolarisés en école publique sont passés de 727 en 2019 à 531 en 2022. « Dans le Haut-Rhin, deux classes de toute petite section ont fermé pour la rentrée 2023 », ajoute la secrétaire départementale du FSU 68, Marianne Brosse.

Les effets secondaires des effectifs plafonnés

Pour cette rentrée, le ministre Gabriel Attal promet aussi des effectifs plafonnés à 12 élèves maximum dans les classes de CP, de CE1 et de grande section en Zone d’éducation prioritaire. La secrétaire du FSU haut-rhinois Marianne Brosse s’étonne face à une telle promesse : « Chez nous, en moyenne, on est plutôt à 15 élèves par classe. »

Dans son dossier de presse de la rentrée 2023, le syndicat déplore aussi « que les effectifs limités à 24 élèves en grande section, CP et CE1 se font souvent au détriment des autres niveaux (qui finissent par obtenir des classes plus nombreuses, NDLR) ». Le FSU-SNUipp 67 considère qu’il manque 140 postes d’enseignants dans le Bas-Rhin pour obtenir les effectifs promis par le gouvernement.

Pour le syndicat FSU, il est clair que la situation se dégradera au fil de l’année scolaire, entre arrêt maladie, congés maternité et potentielle hausse des cas de Covid : « Cette année, seuls dix postes de remplaçants ont été créés dans le Bas-Rhin, et huit postes dans le Haut-Rhin. Pour une réelle continuité du service public, la FSU-SNUipp 67 considère qu’il manque 174 postes dans les écoles élémentaires du Bas-Rhin. » Pour la continuité des enseignements dans le second degré, ce serait 250 professeurs qui manquent dans le Bas-Rhin, toujours selon le syndicat FSU.

Unique décision saluée par les représentantes syndicales : le retour du baccalauréat au mois de juin. Le secrétaire académique SNES-FSU Arnaud Sigrist ne peut s’empêcher d’ironiser sur cette mesure de l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer : « On ne pouvait vraiment pas prévoir que les élèves seraient moins motivés à aller en cours après les examens… » Et le représentant syndical de conclure, amer : « Maintenant qu’on a la date de l’examen, il ne nous manque plus que le nouveau programme. C’est ça l’Éducation nationale, même les bonnes nouvelles suscitent de l’angoisse. »

Alsace Nature porte plainte contre des dirigeants de Stocamine pour escroquerie

Alsace Nature porte plainte contre des dirigeants de Stocamine pour escroquerie

Alsace Nature a porté plainte ce 15 septembre contre des dirigeants de Stocamine pour faux, escroquerie et atteinte à la sécurité du personnel. L’association considère qu’ils trompent le public en présentant l’extraction des déchets comme impossible, et dénonce l’absence d’entretien de la mine depuis 2017.

L’État est sur le point de publier l’arrêté préfectoral lui permettant de confiner les 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes de Stocamine sous la nappe phréatique à Wittelsheim. Mais Alsace Nature, qui souhaite extraire ces produits toxiques de la mine pour protéger l’eau potable, lance une nouvelle offensive juridique.

Lundi 18 septembre, l’AFP a révélé que l’association a déposé une plainte contre les Mines de potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaires du site, contre la dirigeante actuelle de la décharge souterraine et contre son prédécesseur, pour faux, escroquerie et atteinte à la sécurité du personnel.

Défaut d’entretien de la mine

Rue89 Strasbourg a pu consulter la plainte. Les écologistes reprochent notamment aux dirigeants de Stocamine de présenter 2027 comme date limite pour agir dans la mine, afin de justifier l’urgence de confiner les déchets et l’impossibilité de les extraire. Ce délai ne se base pas sur des études scientifiques d’après Alsace Nature, mais simplement sur « l’échéance des 30 années d’exploitation autorisée » du site. « L’omission de cette information [auprès du] public et de l’administration » constitue un délit de faux pour l’association, c’est-à-dire une altération frauduleuse de la vérité.

Pour rappel, ces déchets ont été placés dans la mine entre 1999 et 2002. Après 20 ans d’inaction, l’État et les MDPA assurent désormais que la mine est trop détériorée pour réaliser une extraction. La dernière possibilité serait donc de construire un sarcophage de béton afin de limiter la pollution de l’eau potable.

L’entrée du site de Stocamine, à Wittelsheim, près de Mulhouse. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Alsace Nature estime aussi que le délit de faux est constitué en ce que les MDPA ont omis de préciser que la dégradation du site est liée à « un défaut d’entretien » de la mine depuis 2017. Pour affirmer cela, l’association se base sur plusieurs rapports, notamment celui du bureau d’études GEOS daté de 2022 qui stipule : « Il n’y a pas eu de maintenance importante depuis 7 ans. Cela explique l’état actuellement fortement dégradé de la zone. » D’après l’arrêté préfectoral de 1997 encadrant le fonctionnement de Stocamine, la possibilité de ressortir les déchets devait pourtant être maintenue. Me François Zind, avocat d’Alsace Nature, commente :

« Il faut bien comprendre que leur argument principal pour ne pas sortir les déchets, c’est de dire que la mine est trop détériorée. Mais ils ont créé cette situation eux-mêmes. »

Saisine du juge des libertés

Ces mêmes faits constituent un délit d’escroquerie pour Me François Zind, comme il l’expose dans la plainte : « Le fait de tromper le public et l’administration sur l’alternative à l’enfouissement définitif a pour effet de ne donner qu’une option à l’autorité décisionnaire, celle de l’enfouissement. » Alsace Nature souligne enfin que le fait de ne pas avoir entretenu la mine entraîne une mise en danger du personnel qui sera en charge des opérations de déstockage ou de confinement des déchets.

Alsace Nature a également saisi le juge des libertés pour demander « la suspension de tous travaux autre que la maintenance des galeries en vue d’assurer » le déstockage, afin de préserver les preuves et les indices matériels nécessaires à la manifestation de la vérité dans le cadre de la potentielle enquête qui suivra la plainte.

À 69 ans, il est condamné pour vente de stupéfiants : « Cela ferait sourire s’il n’y avait pas toute cette misère »

À 69 ans, il est condamné pour vente de stupéfiants : « Cela ferait sourire s’il n’y avait pas toute cette misère »

Vendredi 15 septembre, un homme de 69 ans a été jugé pour vente de stupéfiants au tribunal judiciaire de Strasbourg. Lors d’une descente, la police a retrouvé plus de deux kilos de cannabis dans son appartement qu’il partage avec son fils de dix ans.

Maachou rentre dans le box des prévenus entouré par deux policiers. Cet après-midi du vendredi 15 septembre, il est le plus vieux de tous, plutôt âgés d’une vingtaine ou trentaine d’années. Avec ses petites lunettes, sa chemise à carreaux et sa démarche lente, l’Algérien de 69 ans détonne. La semaine précédente, lors d’un repérage de la brigade anticriminalité (BAC) dans le quartier gare-Laiterie, le chien renifleur « stups » a foncé sur la porte de Maachou au quatrième étage. Dans l’appartement, les policiers y ont trouvé plus de 2,2 kilogrammes de résine de cannabis et quatorze grammes d’herbe. Dès le début de l’audience, le sexagénaire avoue avoir vendu des stupéfiants. Mais il jure se fournir uniquement dans les cachettes des jeunes dealers de son quartier.

« Une situation humaine compliquée »

Ancien manutentionnaire, le vieil homme vit avec son fils de dix ans. Sa mère a quitté le domicile quand l’enfant n’avait que trois mois. Lorsque le juge lui demande : « Pourquoi vous vendez de la drogue ? » Maachou lui répond : « J’y arrive pas avec le petit ». Le père ajoute que sa retraite de 900 euros et les 600 euros d’aides financières de la Caisse d’allocations familiales ne suffisent pas à payer son loyer de 300 euros, ses charges et l’éducation de son enfant. L’avocat de Maachou, Me Éric Lefebvre, souligne la situation précaire du vieil homme face au juge :

« Je vous renvoie à un point sur la réalité pécuniaire de monsieur : quand on lui demande ce qu’il faisait de cet argent, il disait que c’était pour payer la cantine de son fils. On voit une personne qui paie uniquement le nécessaire, il n’y a rien de superflu. On est dans le cas d’une personne qui vit au jour le jour et qui n’a quasiment pas d’enrichissement personnel. »

Loin du portrait d’un trafiquant chevronné, Me Lefebvre insiste sur l’amateurisme de son client. En plus de son téléphone personnel, Maachou avait un téléphone « business » pour échanger exclusivement avec ses clients. Naïvement, il l’avait sur lui en permanence et signait ses messages de son propre nom.

Surnommé « Monsieur Moustache »

Selon le compte-rendu de l’enquête repris par le juge tout au long de l’audience, plusieurs clients ont désigné Maachou comme leur dealer depuis un an. Dans son appartement, les policiers ont aussi trouvé tout le matériel nécessaire au conditionnement des stupéfiants (balance, couteau, cellophane). Enfin, l’activité du vieil homme a aussi suscité des menaces. Des lettres menaçantes – « tu vas bientôt mourir », « arrête de vendre » – ont aussi été retrouvées au domicile de Maachou. Pour Me Lefebvre, le retraité avait « repris le commerce de quelqu’un. »

En fin d’après-midi, le président du tribunal Louis-Albert Devillairs a déclaré Maachou coupable de vente de stupéfiants. Le père de 69 ans s’en sort avec quatorze mois d’emprisonnement avec sursis et 1 500 euros d’amende.

Croissance d’Airbnb et manque de chambres Crous : à Strasbourg, les raisons de la galère des étudiants

Croissance d’Airbnb et manque de chambres Crous : à Strasbourg, les raisons de la galère des étudiants

Des dizaines d’étudiants n’ont pas trouvé de logement à Strasbourg en cette rentrée 2023. Par manque de foncier disponible, le Crous peine à augmenter le nombre de logements étudiants tandis que les propriétaires sont de plus en plus nombreux à louer leur appartement sur Airbnb.

« Pendant les cours, je ne peux pas m’empêcher de me demander si je trouverai un appartement », souffle Mohammed. Le jeune Marocain est arrivé à Strasbourg en août pour un master en ingénierie des systèmes numériques. Comme 27 autres personnes, à la mi-septembre, il bénéficie du dispositif d’urgence de l’association étudiante Afges, qui a loué trois dortoirs dans l’auberge de jeunesse The People à la Krutenau et sept chambres dans un hôtel à Illkirch. Dans un dortoir voisin, Nabila confie qu’elle n’a pas osé parlé de ses difficultés à ses parents :

« Ça ne sert à rien qu’ils s’inquiètent. J’ai la chance de ne pas avoir dormi dehors. Mais je ne sais pas où je serai dans quelques jours, c’est très stressant, je pleure beaucoup. »

L’Afges paye des dortoirs à l’auberge de jeunesse The People pour des étudiants sans logement. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Alexa Foulon, présidente de l’Afges, estime que la situation empire d’année en année :

« C’est un fléau à Strasbourg. En 2022, on a logé 70 personnes jusqu’en octobre ou novembre. Là, on est déjà à plus de 100 demandes. Mais on ne peut pas toutes les prendre en charge. Nous avons été obligés de dire à des étudiants d’appeler le 115 (numéro pour l’hébergement d’urgence, NDLR). Et on parle seulement de ceux qui nous sollicitent nous. »

Alexa Foulon est la présidente de l’Afges. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

L’Afges a été soutenue à hauteur de 72 000 euros par l’Université de Strasbourg (15 000 euros), l’Eurométropole (15 000 euros) et des dons privés (42 000 euros) pour mettre en place son dispositif. Les fonds ont été débloqués entre juin et fin juillet. « Quand on a essayé de contacter les hôtels pour trouver des places, la plupart étaient déjà complets. On aurait pu proposer davantage de chambres si on avait reçu l’argent avant », se désole Alexa Foulon. L’Eurométropole et la Ville soutiennent aussi à hauteur de 32 000 euros par an des projets de colocations solidaires associatives.

Plus d’étudiants, pas assez de logements

D’autres dispositifs de solidarité ont été mis en place à Strasbourg. L’association des étudiants de l’Institut National des Sciences Appliqués (INSA) propose des colocations aux personnes en difficulté, en attendant qu’elles trouvent un logement. Sur les réseaux sociaux, chaque jour, des étudiants publient des posts pour tenter de bricoler une solution d’hébergement temporaire.

Ce phénomène de tension immobilière pour les étudiants s’explique par un déséquilibre entre le nombre de logements disponibles et le nombre de personnes qui cherchent un appartement en septembre. Selon l’Agence d’urbanisme de Strasbourg Rhin supérieur (Adeus), entre 2011 et 2021, le nombre d’étudiants est passé de 60 000 à 70 000 dans le Bas-Rhin. Parmi ces 70 000 étudiants, environ 40 000 ne sont pas chez leurs parents et doivent donc se loger par leurs propres moyens.

À Strasbourg, ils sont désormais près de 60 000 à étudier, un chiffre resté stable pour les rentrées 2022 et 2023. En tout, 89% des étudiants strasbourgeois sont installés dans le parc privé. Les 11% restants sont dans des logements étudiants dédiés, par exemple du Crous. Les étudiants cherchent principalement de petites surfaces pour limiter les loyers.

Les logements étudiants transformés en Airbnb

« Beaucoup de ces petits appartements du centre-ville ciblés par les étudiants sont transformés en meublés touristiques par les propriétaires ces dernières années. C’est plus avantageux pour eux », analyse Caroline Zorn, vice-présidente de l’Eurométropole en charge de la vie étudiante. Le nombre de meublés touristiques en location via des plateformes comme Airbnb ou Abritel recensés sur l’Eurométropole ne cesse d’augmenter d’après des données fournies par la collectivité. Il est passé de 1 172 en 2018 à 3 189 en 2023. 2 817 se situent dans la commune de Strasbourg. Autant d’appartements qui ont donc disparu de l’offre pour les étudiants.

La municipalité strasbourgeoise tente de limiter la progression d’Airbnb avec des mesures prises dès 2021 qui ont réduit la durée de location en meublé touristique de neuf à six ans. L’Eurométropole avait aussi tenté de compliquer la demande de changement d’usage des appartements, obligatoire pour les transformer en meublé touristique. Mais le tribunal administratif de Nancy a retoqué la mesure en mars 2023. Suzanne Brolly assure aussi militer auprès du ministre de la Ville et du Logement pour obtenir des limitations du logement touristique au niveau national. En attendant, la collectivité mise sur « la communication avec les propriétaires », expose Caroline Zorn :

« À l’agence du climat, qui aide les propriétaires dans différents projets comme les rénovations énergétiques, on discute avec eux pour les pousser à privilégier le logement étudiant. On appelle les entreprises qui possèdent des appartements vacants afin de les convaincre de les remettre sur le marché. Nous réfléchissons même à faire une campagne de porte-à-porte pour aller directement discuter avec les propriétaires. »

Mohammed n’a pas trouvé d’appartement alors que sa rentrée a eu lieu début septembre. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Plus de difficultés pour les étrangers

L’augmentation des loyers complexifie également l’accès au logement des étudiants. L’Afges estime que la moyenne pour un studio de 20 à 30 mètres carrés à Strasbourg est de 545 euros en 2023, contre 539 euros en 2022 et 529 euros en 2021. Amine, étudiant en biologie logé par l’Afges à l’auberge The People, ne trouve pas d’appartement accessible : « Les propriétaires demandent des garants en France, mais mes parents sont en Algérie. Comme il y a beaucoup de concurrence, ils choisissent des profils qu’ils jugent plus sûrs. »

Alexa Foulon remarque que la majorité des étudiants qui n’ont aucune solution et qui sont logés par l’Afges sont des étudiants étrangers. Ces derniers ont aussi « moins de chance de connaitre des personnes qui pourront les accueillir quelques jours ». Amine poursuit :

« Mon profil a été refusé deux fois par des propriétaires. En plus il y a des arnaques et des appartements tout petits avec des loyers de plus de 600 euros, c’est hors de prix. L’idéal serait vraiment une chambre étudiante. Mais on m’a dit qu’il n’y a plus de place. »

Certaines chambres proposées par le Crous sont à moins de 250 euros par mois charges comprises, des prix avantageux pour Strasbourg. Mais il existe aussi des logements Crous à plus de 500 euros par mois, par exemple à la résidence Gallia. Le coût moyen des chambres universitaires du Crous à Strasbourg de moins de 20 mètres carrés est de 371,4 euros selon l’Afges, soit environ 200 euros que moins que les logements étudiants privés (545 euros en moyenne, NDLR).

Manque de foncier

À la rentrée 2023, le Crous propose 4 748 logements étudiants. Une offre bien en-dessous de la demande. 10 206 vœux de logements ont été formulés. « C’est un chiffre à prendre avec des pincettes étant donné qu’un étudiant a la possibilité de faire des demandes sur trois académies », tempère le Crous. Ainsi certains étudiants qui ont demandé une chambre à Strasbourg sont finalement dans une autre ville.

Directrice du Crous jusqu’en février 2022, Lina Rustom évoque les difficultés auxquelles elle a fait face pour augmenter le nombre de chambres :

« Le principal obstacle dans une ville comme Strasbourg, c’est le manque de foncier. Il n’y a quasiment aucun terrain disponible. Et ensuite il faut trouver les fonds. Pour ça, on doit convaincre l’État qu’il y a un besoin en logement. C’est un combat permanent. »

Avec la rénovation de la résidence Paul Appell qui a commencé en 2018, le Crous a gagné 450 logements étudiants en optimisant l’espace. Le nombre de places du Crous augmentera encore à la rentrée 2024 grâce à la rénovation de la résidence de la Somme, qui apportera 231 chambres supplémentaires. Le prochain projet d’envergure sera un bâtiment place d’Islande d’une capacité d’accueil de 500 places pour un budget d’environ 40 millions d’euros. Mais le projet devrait être livré à l’horizon 2027-2028. Un rythme bien lent en comparaison avec l’urgence de la situation des étudiants les plus précaires.

1 357 logements étudiants de plus en 2028-2030

Suzanne Brolly, adjointe à la maire en charge de l’urbanisme, détaille les actions de la municipalité pour créer des logements, notamment dédiés aux étudiants :

« Nous démarchons les propriétaires de biens vacants pour les pousser à les mettre sur le marché. Dès août 2020, nous avons commencé un état des lieux du patrimoine bâti et non bâti de la Ville et de l’Eurométropole afin d’identifier des sites pour répondre aux besoins en logement, notamment des étudiants. Ainsi, nous avons vendu un terrain à Cronenbourg rue Jean-Pierre Clause pour créer une résidence étudiante de 85 studios. »

Ces chambres sont construites par Nexity. Contacté, le promoteur indique qu’elles seront livrées en septembre 2025. Seul huit des 85 logements seront des appartements sociaux. Les autres devraient avoir des loyers similaires à ceux proposés dans une résidence étudiante Nexity voisine : plus de 550 euros par mois pour des chambres de 20 mètres carrés.

En tout, la Ville a mobilisé du foncier pour la construction de 1 357 logements étudiants à partir de 2024-2025. Les projets sont portés par les bailleurs Vilogia, Domial, Habitation Moderne, Batigere ou encore CDC Habitat selon Suzanne Brolly. Leurs livraisons prévisionnelles sont prévues sur une période s’étalant de 2028 à 2030.

Semaine de quatre jours et congés menstruels… L’Eurométropole veut bousculer l’organisation du travail

Semaine de quatre jours et congés menstruels… L’Eurométropole veut bousculer l’organisation du travail

Pour être plus « attractive » sur le marché de l’emploi, l’Eurométropole expérimente une nouvelle organisation du travail laissant davantage de libertés aux agents de la collectivité pour organiser leur semaine.

« L’image de la maison Eurométropole n’est plus ce qu’elle a été. » Au fil de la conférence de presse qu’il a convoqué, ce lundi 18 septembre, Valentin Rabot (sans étiquette) aura répété le mot « maison » une bonne dizaine de fois. Derrière sa prose un brin corpo, le 13e vice-président de l’Eurométropole chargé des ressources humaines assume les problèmes « d’attractivité » de l’Eurométropole. « C’est un problème que rencontrent toutes les collectivités », ajoute à sa gauche le vice-président en charge des finances, Syamak Agha Babaei (Strasbourg écologistes et citoyennes).

À droite, le vice-président en charge des ressources humaines et maire d’Achenheim, Valentin Rabot. Photo : RG / Rue89Strasbourg / cc

Pour réduire leurs difficultés de recrutement, les deux élus exposent plusieurs pistes d’aménagement du travail. Valentin Rabot résume la méthode en deux mots : « expérimentation » et « volontariat ». La semaine de quatre jours ou les congés menstruels restent des essais, qui reposeront sur le bon vouloir des 7000 salariés de l’Eurométropole.

« Cela se fera avec discernement »

La mesure la plus iconique, et présentée d’emblée, c’est la semaine de quatre jours. Déjà mise en place pour cette rentrée à Lyon, la mesure concernera tous les agents volontaires, à partir du 1er janvier 2024. « Nous sommes vraiment aux prémices, » explique Valentin Rabot, avant d’exposer la démarche :

« La direction générale teste les services. Ce ne sera pas possible de proposer la semaine de quatre jours partout. Et puis, nous prenons en compte les réticences, de ceux qui ne veulent pas travailler 8 heures 45 sur quatre jours, comme les parents seuls par exemple. Ils pourront continuer de travailler cinq jours. Tout cela se fera avec discernement. »

Valentin Rabot, vice-président chargé du personnel, de la politique des ressources humaines et du dialogue social.

Opinant du chef, Syamak Agha Babaei précise qu’une telle organisation est déjà mise en place pour les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem), qui représentent 390 salariés parmi les agents de l’Eurométropole. Les retours des Atsem faisait état d’une surcharge de travail. Leur volume horaire passera à 32 heures sur quatre jours, payées comme 35 heures.

Expérimentation sur les congés menstruels

Dans un autre volet, la collectivité va également proposer à ses agentes la mise en place de « congés menstruels ». L’élu en charge des finances explique l’état des débats :

« Certaines communes en font un jour maladie, qui peut être vécu comme stigmatisant. Cela créé un clivage au sein même des associations féministes, qui n’ont pas toutes le même avis sur la question. (…) L’objectif est d’arriver à proposer un dispositif finalisé au cours de l’année 2024. »

Syamak Agha Babaei, vice-président de l’Eurométropole chargé des finances et premier adjoint à Strasbourg.
Le vice-président chargé des finances, Syamak Agha Babaei. Photo : RG / Rue89Strasbourg / cc

Syamak Agha Babaei assure que le sujet sera étudié par un groupe de travail en interne, mêlant notamment des agentes et des associations. Il précise que le congé menstruel n’est pas la seule question examinée. D’autres points pourraient faire l’objet d’une réflexion, comme l’endométriose ou les maladies chroniques.

Moins de contrôle au travail

L’autre mesure mise en avant est le contrôle du temps de travail. L’Eurométropole s’attaque là à un symbole : la badgeuse. Mais sans précipitation, rassure tout de suite Valentin Rabot :

« La badgeuse n’est pas supprimée, puisque des agents ne le souhaitent pas. Pour certains, c’est une forme de reconnaissance de leur temps de travail. (…) Mais pour les autres agents, on propose la suppression de la badgeuse et une simplification (du contrôle). »

En dehors de la diminution du temps de travail des Atsem, qui serait imminente, les deux élus restent flous sur la pérennisation de la semaine de quatre jours ou des congés menstruels. Ces nouvelles organisations du travail pourraient être entérinées « courant 2024 ».

Affaire du Mulhouse Olympic Natation : l’agglomération visée par une plainte

Affaire du Mulhouse Olympic Natation : l’agglomération visée par une plainte

Info Rue89 strasbourg. Le 16 novembre 2023, la famille Horter, gestionnaire du Mulhouse Olympic Natation sera convoquée par le tribunal correctionnel de Mulhouse pour « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ». L’association AC !! anti-corruption estime que l’agglomération doit aussi être sur le banc des accusés. Elle porte plainte, contre x, dans ce but.

L’affaire du MON (Mulhouse Olympic Natation) n’est pas nouvelle. Dès octobre 2020, nos confrères de la cellule investigation de Radio France ont publié une enquête édifiante sur les dérives financières de ce prestigieux club de natation, financé en grande partie par des subventions publiques.

Connu nationalement pour avoir formé des champions olympiques comme Roxana Maracineanu (ancienne ministre des Sports), Yannick Agnel, Amaury Levaux ou encore Laure Manaudou, le club est ensuite devenu célèbre pour ses déboires judiciaires. Le président du MON Franck Horter, son frère Lionel (l’entraîneur), l’épouse de ce dernier Marjorie (gérante de la société privée MON Club) et leur mère Marie-Octavie sont soupçonnés d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance.

« Il leur est reproché d’avoir profité d’un certain nombre de détournements », a indiqué la procureure de Mulhouse, Edwige Roux-Morizot, en juin 2023. Le préjudice « se calcule en centaines de milliers d’euros », selon le parquet. Ils seront jugés le 16 novembre 2023 par le tribunal correctionnel de Mulhouse.

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Aura fantasque sur le Festival du film fantastique avec Terry Gilliam

Aura fantasque sur le Festival du film fantastique avec Terry Gilliam

L’édition 2023 du Festival européen du film fantastique accueille l’immense réalisateur américano-britannique Terry Gilliam. En dix jours, une sélection de ses meilleures œuvres sera présentée, mais aussi plus d’une centaine de longs et courts-métrages rares, mythiques ou précieux.

Après avoir vu 350 courts-métrages et 200 longs-métrages, l’équipe du Festival du film fantastique a fini de peaufiner sa sélection. Au final, 111 films seront proposés au public en 175 séances, dont 2 spéciales, du 22 septembre au 1er octobre. Parmi ces films, 16 premières françaises et 7 premières européennes à voir dans tous les cinémas strasbourgeois, dont Le Cosmos pour la première fois.

Comme chaque année, 14 longs-métrages se disputeront le titre de Méliès d’argent lors de la compétition officielle ; le lauréat décroche le droit de concourir pour le Méliès d’or lors du festival mondial du film fantastique, à Sitges en Espagne. Parmi ces films, citons une version revue de Conan le Barbare, appelée Conann, où le héro se transforme en héroïne et se déploie dans six âges différents… pour lutter à chaque fois contre le totalitarisme. Conan en gauchiste, on ne l’avait pas vu venir.

Bande annonce de Conann, de Bertrand Mandico.

Autre proposition française en compétition, l’histoire de Vincent, dont la vie devient un enfer lorsque que toutes les personnes qu’il croise l’agressent. Vincent Doit Mourir de Stéphan Castang est un film de survie, où la violence et la méchanceté des autres s’impose aussi au public, qui ne sort pas indemne de la projection.

Bande annonce de Vincent doit mourir…

Il faut citer aussi l’impressionnant Gueules noires, qui mêle le film de genre au cinéma social, avec un travail d’histoire documenté sur les conditions de travail des derniers mineurs en France. À noter également, dans les compétitions « crossovers », l’incroyable performance de Willem Dafoe, seul acteur du film, dans À l’intérieur.

Bande annonce de Inside (À l’intérieur)

Le festival est également doté d’une compétition de films d’animation de plus en plus fournie. Cette année, plusieurs équipes françaises sont en compétition avec Mars Express, une coproduction de la société strasbourgeoise Amopix, Mon ami robot et Sirocco et le royaume des courants d’air très inspiré du travail des studios Ghibli.

Le phénomène Terry Gilliam

L’immense Terry Gilliam est l’invité d’honneur du festival. Membre des Monty Python, le réalisateur américain a signé des monuments du cinéma contemporain comme Brazil, Le Roi Pêcheur, L’Armée Des Douze Singes… Tous ces films seront à l’affiche du festival dans le cadre d’une rétrospective dédiée à laquelle l’équipe du FEFFS a ajouté Lost in la Mancha, l’excellent documentaire sur les coulisses d’un film qui n’a jamais pu être terminé, avec le regretté Jean Rochefort en Don Quichotte.

Bande annonce de Lost in la Mancha

De son côté, Terry Gilliam a choisi deux films pour sa carte blanche : le très dérangeant La Grande Bouffe de Marco Ferreri avec notamment Marcello Mastroianni, Philippe Noiret et Michel Piccoli, et Les Sentiers de la Gloire, œuvre antimilitariste, longtemps interdite en France, de Stanley Kubrick sur la Grande guerre avec un Kirk Douglas impérial.

Pour sa rétrospective, l’équipe du FEFFS a choisi les excès du sport et de la société du spectacle, avec des films aussi essentiels que Rollerball (1975) et Le Prix Du Danger (1983) avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli, ainsi que La Mort En Direct (1980) de Bertrand Tavernier avec Romy Schneider et Harvey Keitel. The Truman Show, où Jim Carrey commence à se frotter aux limites d’un monde idéal dans lequel il a toujours vécu, est également au programme.

Bande annonce de Rollerball

Le Festival du film fantastique n’a plus sa fameuse zombie walk, devenue impossible à organiser dans notre monde effrayé par lui-même. Il garde toutefois sa « Nuit excentrique », une suite de projection des films les plus ratés de la création. Au programme à partir de minuit samedi 30 septembre : L’Invincible Kid du Kung-Fu, Les Rues De l’Enfer et l’Homme Des Cavernes.

« Je veux juste que mes enfants continuent d’aller à l’école » : menacées d’expulsion, des familles désemparées

« Je veux juste que mes enfants continuent d’aller à l’école » : menacées d’expulsion, des familles désemparées

Avant le 25 septembre, 95 personnes logées par Adoma dans une résidence du Neuhof doivent avoir quitté les lieux. Mais les solutions de relogement proposées ne permettent pas à ces familles de conserver un cadre de vie décent et menacent la scolarisation des enfants.

« Si on nous déplace à Geispolsheim, il faudra que mon fils se lève à 5 heures du matin pour continuer d’aller à l’école à l’heure ». Maka, 39 ans, semble décontenancée. Dans la cour du complexe Adoma au 18 rue Welsch, jeudi 14 septembre, la mère de famille attend son tour. « La directrice va nous rencontrer pour trouver des solutions », poursuit-elle sans grande conviction. Au milieu des bâtiments jaunâtres récemment rénovés, une trentaine de personnes patientent.

En cause, la fin du dispositif « plan des réductions des nuitées hôtelières » (PRNH) de 95 places, géré par la société anonyme d’économie mixte Adoma. « Fin juin, nous avons décidé de ne pas renouveler notre convention avec les services de l’État car nous travaillons à d’autres projets », explique au téléphone Nathalie Burger, la directrice territoriale de la structure.

Réorientées « selon leurs situations »

La représentante d’Adoma, qui a rencontré la famille de Maka la veille au soir, poursuit :

« Les familles sont réorientées selon leur situation administrative vers d’autres dispositifs. Elles n’ont plus de place dans les dispositifs que nous avons dans cette résidence pour cette raison-là. Dès lors qu’elles ont une solution qui leur est proposée, il n’y a pas de raison qu’elles n’y aillent pas. »

Les personnes logées dans ce dispositif attendent d’être régularisées et ont passé pour la plupart plus de cinq ans en France. Leurs demandes d’asile ont pour la plupart déjà été rejetées, même si certains enfants sont nés en France et ne parlent pas un mot de la langue maternelle de leurs parents – l’albanais ou le géorgien pour beaucoup.

adoma 14 septembre 2023 expulsion
Jeudi 14 septembre 2023, une trentaine de personnes avaient rendez-vous avec deux responsables d’Adoma pour discuter des propositions d’hébergement après le 25 septembre. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Pourtant, la proposition qui est arrivée le 26 août par courrier recommandé à Maka et ses deux enfants lui fait peur. « Mon contrat d’hébergement avec Adoma allait jusqu’au 12 décembre 2023 », explique-t-elle, document à l’appui. « Et là, je dois partir au plus tard le 25 septembre pour déménager au centre d’hébergement d’urgence de Geispolsheim géré par Coallia », poursuit-elle.

Une solution trop loin des écoles

Après avoir étudié les trajets nécessaires pour amener ses enfants de sept et neuf ans à l’école, les craintes de Maka se sont accentuées:

« Je n’ai pas de voiture, ni de vélo. Mes enfants ont leurs amis ici, ils y sont à l’école depuis la crèche. Je veux simplement pouvoir rester à un endroit où il y a plus d’un bus par heure. En plus, les enfants ont des activités comme la piscine ou le judo, ça participe à leur intégration et je ne veux pas qu’ils soient obligés de les arrêter. »

Peu après 18 heures, les enfants courent dans l’allée de la résidence. Soudain, une jeune femme sort du bureau de la directrice avec sa pochette cartonnée. Les autres familles guettent sa réaction, a-t-elle eu plus de précision sur cette échéance du 25 septembre ? « On m’a dit que si on ne partait pas à temps, la police viendrait nous chercher », assène Celaj, 32 ans. L’albanaise semble sonnée. « C’est comme si ma tête était bloquée », poursuit-elle.

Au téléphone, Nathalie Burger se veut rassurante. « Si les familles ne partent pas d’elles-mêmes, nous n’envisageons pas de faire appel aux forces de l’ordre », assure-t-elle d’abord.

Avant de préciser :

« Nous les avons rencontrées pour leur faire comprendre que la fin du dispositif dans lequel elles vivent ne signifie pas la fin de leur prise en charge par les services de l’État. C’est juste un autre hébergement qui leur est proposé. »

Un centre de préparation au retour pour une famille qui veut rester

Celaj, son mari et leurs trois enfants ont été invités à déménager à Bouxwiller, au « centre de préparation au retour ». Un établissement a priori destiné aux étrangers sans papiers qui acceptent de retourner dans leur pays d’origine. À Bouxwiller, pas d’école, pas de collège (voir notre reportage). « Je ne veux pas rentrer en Albanie », rétorque Celaj à la lecture de sa lettre de relogement.

Elle est en France depuis dix ans. Son mari a travaillé pendant deux ans en CDI et ensemble, avec leurs trois enfants, ils ont demandé à la préfecture de les régulariser. « Je veux juste qu’on soit honnête avec moi et et qu’on me dise ce qui se passe, mes enfants ont peur de devoir abandonner l’école, ils sont choqués, ils ne comprennent pas ».

À ses côtés Morina, 41 ans, a aussi été redirigée vers le centre de Bouxwiller :

« Pourtant j’ai un certificat du médecin qui explique que je dois rester proche de l’hôpital car je me suis faite opérer. Et un autre certificat du collège qui atteste que mon fils est un excellent élève. Et un autre du psychologue disant qu’il souffre de troubles anxieux liés à notre situation administrative. »

Des lieux excentrés et une intégration plus compliquée

Au-delà de la peur de devoir interrompre la scolarité de son fils, Bobo, 50 ans, craint de ne plus pouvoir être bénévole aux Restos du coeur. Elle a été redirigée à Geispolsheim elle aussi, au centre d’hébergement d’urgence. « Je cherche des moyens de faire partie de la société, de la ville, bref de m’intégrer, là ça va être plus difficile ».

Sans papiers, la mère de famille craint aussi de ne pas pouvoir s’alimenter correctement une fois logée à Geispolsheim :

« Il n’y a pas de cuisine. Dans les colis alimentaires qui nous permettent de nous nourrir, il y a des aliments qu’il faut cuisiner, je ne sais pas du tout comment on pourra faire. »

Destinés eux aussi à l’hôtel Coallia de Geispolsheim, Ekatarina, ses enfants et son mari craignent eux la promiscuité. « On va être dans une chambre à quatre, ce n’est pas idéal pour faire ses devoirs le soir ».

En filigrane, la crainte de l’expulsion

Au bout de quelques minutes de discussion, la géorgienne de 33 ans continue de tordre ses doigts vernis de nacre dans tous les sens en expliquant son inquiétude pour la scolarisation de ses enfants. Puis finalement, elle concède : « Moi ce qui me fait vraiment peur, c’est que si je refuse l’hébergement, on ne me donne pas de papiers. »

Nathalie Burger insiste au téléphone : il n’y a pas de lien entre la situation d’hébergement et le fait d’obtenir ou non des papiers. Seule la priorité d’accès à l’hébergement diminue dans le cas où une famille refuse une orientation.

À l’écrit, Ekararina explique qu’elle a finalement compris que ses papiers et son logement n’étaient pas dépendants. « Je dois tellement à la France et j’aimerais tellement pouvoir lui rendre tout ce qu’elle m’a donné, à mes enfants et moi », insiste-t-elle.

Toutes les personnes rencontrées dans la cour de la résidence Adoma jeudi 14 septembre ont expliqué avoir peur de l’arrivée de la police si elles ne partent pas avant la date butoir.

Mort de Nahel : manifestation contre les violences policières et les discriminations le 23 septembre

Mort de Nahel : manifestation contre les violences policières et les discriminations le 23 septembre

Suite à la mort de Nahel par un policier en juin, une centaine d’organisations appellent à se mobiliser samedi 23 septembre contre les violences d’État, le racisme systémique et pour la justice sociale. À Strasbourg, la manifestation aura lieu à 14h au départ de la place de la République.

En réaction à la mort du jeune Nahel tué par un policier fin juin, une centaine de syndicats, associations, collectifs et partis politiques de gauche (liste consultable en fin d’article) appellent à une marche samedi 23 septembre. La CGT du Bas-Rhin a annoncé dans un communiqué que la manifestation partira à 14h de la place de la République à Strasbourg.

Cette marche s’inscrira dans le prolongement de la dernière manifestation organisée le 8 juillet, sur la même thématique. Outre la mort de Nahel, l’appel à manifester dénonce plus généralement les violences policières et les inégalités sociales, subies de plein fouet par les habitants des quartiers populaires et des territoires ultramarins notamment. Il invite également à se soulever contre la répression des mouvements sociaux.

Les organisations demandent une réforme de la police

Laurent Feisthauer, secrétaire général de l’Union Départementale (UD) CGT 67, s’inquiète des pratiques de maintien de l’ordre utilisées, notamment pendant la mobilisation contre la réforme des retraites :

« On a de plus en plus de nassages (encerclement des militants pour les empêcher de passer), des techniques qu’on n’a jamais vues, des interdictions de manifestation, des parcours modifiés au dernier moment. Après l’utilisation du 49.3 et la colère des gens, tout est parti en vrille. Quand on voit les blessures de certains manifestants, et c’était aussi le cas pendant les Gilets jaunes, on a des bilans de guerre civile. On a des tensions de plus en plus importantes entre la police et le service d’ordre (le service d’ordre avait été gazé par la police le 6 avril, ndlr). »

Les organisations demandent « une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement », « le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique, le renforcement des moyens de lutte contre le racisme dans la police, ou encore le rétablissement des services publics dans les quartiers populaires… »

La mobilisation du 23 septembre devrait être la première manifestation sociale de l’année. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

« On doit agir plus concrètement »

En commençant par cette manifestation, Laurent Feisthauer espère conserver l’engouement du mouvement contre la réforme des retraites ces prochains mois :

« Lors du mouvement contre la réforme des retraites, on a retrouvé de la créativité, du dynamisme, avec de nombreuses actions différentes. Il y a de nouvelles personnes qui sont venues en manif. Et pour l’instant, l’intersyndicale tient toujours dans les négociations sur d’autres sujets avec le gouvernement. Maintenant, on doit agir plus concrètement, au niveau des grèves et de leur reconduction. Les manifs ne suffisent plus. Il faut davantage de blocages de l’économie, de grèves dans les entreprises… »

#violence d'Etat

Soirée de soutien aux grévistes de Clestra, jeudi 21 septembre au Molodoï

Soirée de soutien aux grévistes de Clestra, jeudi 21 septembre au Molodoï

Pour soutenir les grévistes de Clestra, quatre organisations militantes proposent une soirée de solidarité – « Solid’agité.e.s » – au Molodoï, à 18h ce jeudi 21 septembre.

Pour appuyer leur soutien aux grévistes de Clestra, l’association AIM Strossburi, le label de musique Amor Y Rabia et le syndicat CNT-STP 67 organisent une soirée Solid’agité.e.s à prix libre, jeudi 21 septembre à 18h au Molodoï. L’Assemblée féministe Strasbourg participera aussi à cet événement.

Plusieurs temps se succéderont au fil de la soirée : d’abord un « Drag queer show » à 19h, puis des prises de parole et une série de concerts mêlant trip-hop, ska et punk. Un DJ set viendra clôturer la soirée à partir de 23h.

Journée nature le 1er juin au Molodoi à Strasbourg (Wiki Commons)
Le Molodoï se définit comme un lieu auto-géré à Strasbourg. Photo : Wiki Commons

Il sera également possible de s’y restaurer à partir de 18h30, puisque la « Cuisine à crocs » du collectif La Louvetière, proposera de la nourriture végan à prix libre.

Lumière sur les ouvriers de Clestra en lutte

Suite au licenciement qu’ils estiment abusif d’un de leurs collègues, des salariés de Clestra s’étaient mis en grève le 3 juillet. Deux mois plus tard, la mobilisation ne faiblit pas. Au-delà d’un cas individuel, ils dénoncent un plan social déguisé de la part des repreneurs de l’entreprise, le groupe Jestia.

Une cinquantaine d’ouvriers de Clestra ont manifesté jusqu’à la mairie d’Illkirch jeudi 4 août 2023. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Après une table ronde infructueuse à Bercy le 5 septembre, aucun accord n’a été trouvé : les salariés attendent toujours des garanties sérieuses pour leurs emplois. Une table ronde est à nouveau prévue le 20 septembre, au ministère de la Souveraineté industrielle à Paris, entre la délégation syndicale de Clestra et les actionnaires du groupe.

#soirée de soutien

Des mails hackés révèlent la participation de deux Alsaciens au prêt russe obtenu par Marine Le Pen

Des mails hackés révèlent la participation de deux Alsaciens au prêt russe obtenu par Marine Le Pen
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