Propos xénophobes, incitation à « casser du gaucho », recrutement de jeunes à travers des entraînements de boxe à Strasbourg ou incitation à mettre en place une patrouille sécuritaire… Infiltré depuis la création du réseau d’extrême droite « FR Deter » et de sa branche bas-rhinoise, un militant antifasciste témoigne.
« Faudrait se rassembler pour casser du gaucho les gars. » Dès janvier 2023, Marco (le prénom a été modifié) a lu ce type de messages tous les jours. Infiltré dans la boucle FR Deter et sa section bas-rhinoise sur la plateforme Telegram, le militant . . .
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Série « Des pavés dans les mémoires » (1/3). Les « Stolpersteine », ce sont ces pavés sur lesquels une plaque honore le souvenir d’une victime du nazisme. Ce premier épisode raconte l’approche pédagogique de deux associations pour accompagner la pose de ces pavés symboliques.
En ce froid dimanche de mars, un attroupement se remarque dans les rues de Schirmeck. L’assemblée hétéroclite écoute avec attention un groupe de collégiens, qui lisent des textes à voix haute, les épaules serrées les uns contre les autres. Est-ce la solennité de l’instant ou l’heure matinale qui brouille les caractères et les rend durs à déchiffrer ? Les voix tremblent un peu, alors qu’elles rendent hommage à Ernestine Weil, née Woog.
À Schirmeck, des pavés pour Ernestine, Fernand et Marcel
Cette enfant de la ville vivait ici, au 167, Grand’rue. À 74 ans, elle a été arrêtée et déportée à Drancy, où elle mourra. Elle devait ensuite être emmenée avec d’autres déportés juifs vers Auschwitz. Finalement, après presque 80 ans, la voici de retour à la maison : un pavé de mémoire attire désormais le regard des passants devant sa dernière adresse.
Le souvenir de deux autres habitants de la ville a été marqué plus tôt, place du 17-Novembre. Fernand Lévy et Marcel Alexandre, son oncle, juifs tous les deux. En 1940, ils avaient trouvé refuge en Dordogne, c’est là-bas qu’ils ont été raflés, puis fusillés par la division Brehmer en mars 1944. Ils avaient 36 et 57 ans.
Les pavés de mémoire ou « Stolpersteine » sont de plus en plus nombreux en France. Ces cubes de béton de 9,6 cm de côté sont recouverts d’une plaque de laiton qui brille, où l’on peut lire une inscription qui honore la mémoire d’une victime du nazisme. À l’origine de cette initiative : dans les années 1990, un artiste allemand, Gunter Demnig souhaite commémorer le souvenir de ces victimes en marquant leur ancien domicile ou lieu de travail ou d’études. Encastrés dans le sol, ils sont destinés à « faire trébucher » le passant, la traduction littérale de stolpe : il faut encore buter sur cette histoire douloureuse pour ne pas oublier.
Tout le monde connaît bébé Berr
Les trois pavés de Schirmeck ont été posés à l’initiative de l’association Stolpersteine France, créée en 2015 par Christophe Woehrlé, historien. Associer des élèves à cette démarche est essentielle et systématique, selon ce professeur au collège du Stockfeld, qui a posé les premiers pavés alsaciens en 2017 :
« À Muttershotlz, où 27 pavés sont installés, la mémoire est entretenue par les élèves de CM2 qui les polissent deux fois par an : il ne s’agit pas juste de poser, mais de faire durer la mémoire dans le temps, c’est une démarche très concrète. Là-bas, avant 2017, personne ne savait que des Juifs vivaient dans la ville, aujourd’hui tout le monde connaît « bébé Berr » (un des enfants de la ville déporté à Drancy puis à Auschwitz où il meurt à 3 ans ), des cailloux et des fleurs sont déposés régulièrement autour de son pavé. »
Un projet qui intéresse et motive les jeunes collégiens
Les élèves ne sont pas juste présents pour l’installation, mais entreprennent auparavant tout un travail de reconstitution des biographies et des évènements. Une façon de s’approprier l’histoire de son pays, de sa région et de sa ville, douloureuse mais nécessaire, selon Cyriak Batlo, enseignant d’histoire et de LCR (Langue et culture régionale) au collège de la Haute-Bruche à Schirmeck.
Ce sont ses élèves qui ont travaillé autour des trois pavés posés ce dimanche. Cette approche, très concrète, est bienvenue vu le vaste programme de troisième estime l’enseignant : « Je suis très fier d’eux », admet-il dans un sourire en soulignant que certains élèves peu motivés habituellement en histoire, se sont vraiment investis dans ce projet. C’est le cas de Sarah, 14 ans, qui travaillé sur la biographie d’Ernestine Weil :
« C’est le passé de la France et de Schirmeck. J’ai des lacunes en histoire. Depuis ma première année de collège, je n’y arrive pas. Là, j’ai travaillé parce que ça m’a demandé une implication personnelle, et ça m’a aussi permis de mettre un visage sur des dates. »
Recherches historiques rigoureuses
À Strasbourg et dans l’Eurométropole, c’est une autre association qui pose ces pavés : Stolpersteine 67. Jusqu’à sa création en 2019, la collectivité ne voulait pas poser de Stolpersteine, notamment à cause de l’opposition du Consistoire juif de l’époque (on y reviendra dans l’épisode 2, NDLR). Aujourd’hui, 150 pavés existent dans l’EMS, dont 70 à Strasbourg, la plupart pour des citoyens juifs, mais d’autres victimes des nazis seront bientôt honorées.
Là aussi, le projet pédagogique est un socle de la démarche, comme le revendique Richard Aboaf, chargé de l’action culturelle à l’école ORT de Strasbourg, et à la tête de Stolpersteine 67 qui a impliqué en tout plus de 900 élèves. Parmi eux, des classes du lycée professionnel Oberlin de Strasbourg :
« L’évocation de millions de victimes a un côté inconcevable, alors que retracer des trajectoires familiales et individuelles permet d’incarner ces drames. Lorsqu’on rencontre des photos, des détails biographiques : c’est une approche particulière. »
Le travail des élèves répond à des critères exigeants, c’est l’autre caractéristique de cette initiative telle qu’elle est mise en place dans la région. Il faut notamment une recherche rigoureuse, qui puise dans les sources historiques ainsi qu’un épluchage des archives. Les informations sont ensuite recoupées entre elles. L’appel aux familles – lorsqu’il y a des descendants –, ou à la communauté, est aussi utilisé.
Audrey Kichelewski est maîtresse de conférence en histoire contemporaine à l’Unistra et membre fondatrice de Stolpersteine 67. Dès le départ, elle a voulu associer des étudiants de licence au projet.
« Cela les passionne : c’est souvent la première fois qu’ils se plongent dans des sources, des archives. Et puis c’est une démarche ”appliquée”. Les étudiants voient quelques mois plus tard se concrétiser leurs travaux. C’est émouvant, ils réalisent que l’histoire n’est pas juste le savoir mais sert concrètement à quelque chose. »
Ces étudiants accompagnent les lycéens et collégiens, un premier pas aussi vers le métier d’enseignant que certains d’entre eux choisiront, souligne également Audrey Kichelewski.
« Boucler la boucle »
En 2019, alors qu’il est élève en Bac pro vente au lycée Oberlin, Nathan Tardiva voit arriver sur sa table un épais dossier de l’office des biens et des intérêts privés aux archives départementales (OBIP). Le jeune homme de 15 ans mesure que la tâche ne sera pas facile. Il s’agissait, pour sa classe – encadrée par la professeure d’histoire géographie et de lettres Fazia Dergam – de retracer les spoliations des commerces juifs strasbourgeois.
Dans cet épais classeur, les documents sont en allemand, et tout est consigné. Nathan Tardiva raconte :
« On cherchait le mot “jude” qui était mentionné, puis on notait les infos clés. Ensuite, pour savoir ce qui était arrivé au commerçant, on croisait avec les données du mémorial de Yad Vashem, on s’est aussi rapproché de la communauté juive pour faire appel à leurs connaissances, et aux familles. »
Ce projet de classe va durer trois années durant. Les élèves découvrent que dans certains cas, les commerçants survivant ont pu récupérer leur bien. Le dossier est alors plus épais et complété de pièces en français. Et pour les jeunes lycéens, le travail de fourmi commence : recoupement et croisement des sources. Une quête qui a passionné Nathan Tardiva, dont l’intérêt pour la période avait été éveillé par les jeux vidéos et le cinéma.
« Au début, on a du mal à réaliser, et puis peu à peu en découvrant les détails, on mesure que c’est réel, et là c’est terrible. Au bout d’un moment, quand on fait face à cette pile de documents de 10 cm ou plus, il y a cette envie de savoir qui ne nous lâche plus : on veut aller au bout, comprendre ce qui s’est passé, boucler la boucle. »
Le projet, qui s’est clôturé en 2022, a été ponctué d’expositions, de rencontres avec des historiens comme Tal Brutmann, ou des rescapés des camps. Parmi elles : Ginette Kolinka ou Simone Polak, qui vit aujourd’hui à l’Esplanade. Pour ce groupe-là, le voyage à Auschwitz prévu a dû être annulé pour cause de COVID (2020), puis de guerre en Ukraine (2022), mais l’aventure a été marquante tout de même. Et les pavés seront posés en 2024 avec l’association Stolpersteine 67.
C’est aussi toute une histoire du centre-ville de Strasbourg qui a émergé pour Nathan et les autres : les commerçants juifs étaient orfèvres, fourreurs, bonnetiers, menuisiers, antiquaires…
« Connaître ces destins fait prendre une autre tournure à cette période de l’histoire, et puis c’est connaître notre ville aussi. Maintenant, je vois ces plaques sur mon chemin et je sais ce que c’est. J’en ai parlé à ma copine. Mes parents n’étaient pas au courant de ce qu’étaient ces pavés, je leur ai expliqué. »
Fazia Dergam a déjà mené d’autres projets en lien avec la mémoire des victimes nazies. Elle aime les faire plonger dans les archives pour qu’ils assemblent peu à peu les pièces du puzzle.
« Confronter les élèves aux sources premières, non seulement cela donne vie à des histoires oubliées mais avec ces documents entre les mains, c’est impossible de dire que c’est faux, que ça n’a pas existé, comme le prétendent les fake news, les théories du complot ou encore des posts antisémites. J’aimerais faire de ces élèves des passeurs de mémoire. Certains sont avec moi pendant trois ans, que reste-t-il des connaissances qu’on leur transmet à la fin ? Avec ce projet, ils prennent l’Histoire en pleine face. S’il peuvent en retenir quelque chose, c’est déjà gagné. »
Retracer le passé
Le rôle de passeur n’est pas juste une formule. Les liens avec les familles, ceux entre les générations se font par l’intermédiaire de ces poses de pavés. Les descendants, lorsqu’ils existent, sont systématiquement contactés et consultés sur leur volonté de voir aboutir le projet. André Marx, petit neveu d’Ernestine Weil, était présent à Schirmeck ce dimanche 26 mars. Il en savait très peu sur sa grande tante. Et était très ému de voir où elle avait vécu :
« C’est important de redonner vie à ces personnes qui l’ont perdue de manière très cruelle. Et cela compte que ce soit des collégiens de 14 ans de cette ville qui retracent ainsi le passé de ces Schirmeckois, morts parce qu’ils étaient Juifs ».
Le lien entre les générations se fait parfois de manière inattendue au détour de la pose. C’est le cas pour Christophe Woehrlé qui, à l’occasion de recherches, a appris à sa grand-mère d’Herrlisheim près de Colmar, le destin terrible de son amie d’enfance, expulsée en Belgique en 1940, qu’elle imaginait avoir poursuivi sa vie, grandi et vieilli là-bas. Elle ignorait que la jeune fille était morte en déportation à Auschwitz.
Lorsqu’il vient combler des histoires familiales émaillées de non-dits, le passage de relais que représentent les Stolpersteine prend tout son sens, comme l’explique aussi Richard Aboaf faisant référence à son propre vécu. Son père, qui est né et avait grandi en Tunisie, ne lui avait jamais vraiment parlé de la tragédie familiale :
« J’ai appris tardivement que la sœur aînée de mon père et son mari avaient été déportés de Tunisie en janvier 1943 d’abord à Naples puis à Auschwitz. En 1944, ses trois petites filles et les grands parents ont été également déportés de Corfou à Auschwitz. Ils y sont tous morts. Mon père en parlait peu : c’était sa façon d’être résilient. La transmission est très importante, je suis touché par l’implication de ces jeunes. »
Dans le prochain épisode de cette série : pourquoi ce projet lancé au milieu des années 90 en Allemagne a tardé à prendre en France ? Comment expliquer que certaines villes refusent encore la pose de Stolpersteine ? Pourquoi des pavés, quand des monuments ou des mémoriaux existent ?
Jeudi 6 avril, le proviseur du lycée Marie Curie a informé par mail les parents et élèves qu’il a déposé plainte contre X. Il entend trouver, grâce à l’enquête, les élèves derrière un compte Instagram listant les profs grévistes, les jours de manifestation.
Depuis mi-mars, le lycée Marie Curie à l’Esplanade fait partie des établissements où les élèves se mobilisent contre la réforme des retraites : ateliers pancarte, forums de discussions dans la cour, engagement auprès d’organisations syndicales… Certains . . .
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Quelques centaines d’opposants à la réforme des retraites se sont rassemblés vendredi 14 avril pour réagir à la décision du Conseil constitutionnel à l’appel de l’intersyndicale du Bas-Rhin. Désormais sans recours institutionnel, plusieurs manifestants ont pris la parole pour encourager à mener la lutte par des grèves et des blocages.
Place Kléber, la nouvelle se diffuse doucement entre manifestants. Vendredi 14 avril, peu avant 18h, le Conseil constitutionnel vient d’annoncer la validation du report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. L’institution a aussi refusé l’organisation d’un référendum sur ce thème. « Je m’attendais à ça vu le profil des membres du Conseil constitutionnel. Sur les neuf, quatre ont été nommés par Emmanuel Macron, mais c’est quand même très dur à entendre », souffle Anne. Julius, à quelques mètres, voit ça comme « une ultime provocation » :
« Depuis trois mois, on va en manif. Des gens font la grève, organisent des blocages, et on n’est pas entendus. Cela ne peut pas se terminer comme ça. Ils veulent le feu, ils l’auront. »
« On ne peut rien attendre de ces institutions »
Esther Bauer, co-secrétaire du syndicat Solidaires Alsace prend la parole au mégaphone : « Cela saute aux yeux maintenant. La lutte, c’est la seule chose qui vaille. On ne peut rien attendre de ces institutions. » Un membre de la CGT Cheminots enchaîne :
« Maintenant les choses sont claires, on n’attend rien de leur part. Il faut faire la grève les amis. Tout ce qu’il nous reste, c’est foutre le bordel, tout bloquer, et on va les obliger à reculer comme ça. »
D’autres syndicalistes de Force Ouvrière et de la CGT promettent que la mobilisation va continuer, sous forme de blocages.
Après les discours, un cortège se forme pour entamer une manifestation non déclarée. Un très important dispositif encadre les manifestants pour les faire sortir du centre-ville. À l’approche de la Cathédrale, les forces de l’ordre usent de gaz lacrymogène. Les militants entament ensuite une longue marche dans les rues de la Krutenau, jusqu’au Nouvel Hôpital Civil. Ils sont régulièrement gazés par la police bien qu’aucune dégradation n’ait été constatée par Rue89 Strasbourg.
Selon la journaliste indépendante Anne Mellier, le cortège s’est peu à peu dispersé en marchant vers les bains municipaux, atteints peu avant 21h30.
L’intersyndicale appelle à un « raz de marée populaire » le 1er mai.
Face à un gouvernement qui ne les écoute pas sur la réforme des retraites et la décision défavorable du Conseil constitutionnel, des militants de la CFDT 67, traditionnellement attachés à une posture de dialogue, envisagent un nouveau mode d’action : des blocages de sites stratégiques. Ils ont paralysé une plateforme Auchan à Vendenheim du mardi 11 avril au jeudi 13 au soir. Et depuis vendredi, ils ralentissent le fonctionnement d’un entrepôt logistique à Bischheim.
Groupe électrogène, tonnelles, plancha, camion aménagé avec une douche et des toilettes… Les adhérents de la CFDT sont organisés pour tenir dans la durée. Leur blocage de l’entrepôt logistique Auchan à Vendenheim a commencé à 22h, mardi soir. Jeudi matin, ils se tiennent devant l’accès du site, afin d’empêcher le passage des camions, et donc l’approvisionnement des supermarchés. Le géant de la grande distribution y stocke des produits frais et surgelés. Des équipes d’une dizaine de militants se relaient le matin, l’après-midi et la nuit.
C’est toute la posture habituelle de la CFDT qui est remise en question. De tradition réformistes, favorables au dialogue avec le patronat et le gouvernement, ces syndicalistes sont affectés par l’absence d’impact de la mobilisation massive et pacifiste contre la réforme des retraites. Et le Conseil constitutionnel a validé le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Après trois mois d’efforts pour manifester en nombre, Gilles Poyac, militant CFDT qui participe au blocage, ne peut que constater l’inefficacité de la méthode :
« On ne devrait pas avoir à bloquer, Emmanuel Macron devrait écouter nos revendications. Plus de 90% des actifs sont contre son projet, donc c’est juste son rôle de renoncer, on est en démocratie. Nous sommes un syndicat de négociation. Mais là, il n’y en a aucune, c’est une catastrophe. Face à l’arrogance et l’irresponsabilité de ce gouvernement, on utilise les moyens à notre disposition. »
« Les patrons vont dire à Macron qu’il doit reculer »
Martine Wolters, de la CFDT Santé sociaux, abonde : « Ils essayent de nous faire culpabiliser en nous disant qu’il ne faut pas bloquer, mais c’est leur mépris qui nous oblige à passer à la vitesse supérieure. Et on ne lâchera pas avant le retrait de la réforme. »
Pas de banderoles renforcées ou de barricades enflammées. Les syndicalistes de la CFDT bloquent le passage avec des plots et leurs véhicules. Lorsque des gendarmes arrivent dans la matinée de jeudi, ils les accueillent pour négocier. « Ça se passe très bien avec eux », glisse un agent. Vers 17h, face à « l’insistance des forces de l’ordre », les activistes décident de lever le camp… pour enchaîner dès le lendemain, vendredi 14 avril à 4h, avec le blocage de l’entrepôt Stef à Bischheim.
Vers 10h ce jour là, une quinzaine de militants sont présents et affichent des mines sereines. Des dizaines de camions sont bloqués. « On touche Auchan, Super U, Leclerc, Match et Cora », énumère Valérie Delena, déléguée syndicale CFDT à l’EHPAD Bartischgut de la Meinau. À 10h30, ils décident de laisser passer les véhicules qui livrent des restaurants : « On ne veut pas pénaliser les petites entreprises, par contre on bloque complètement l’approvisionnement des supermarchés », explique Martine Wolters. Selon elle, le blocage est le seul moyen « d’aboutir à quelque chose » :
« Si on touche des grosses entreprises au porte-monnaie, que leurs bénéfices sont réduits, les patrons vont commencer à dire à Emmanuel Macron qu’il doit reculer. Quand l’économie sera vraiment affectée, il sera obligé de bouger. »
La CFDT se dit capable de mobiliser davantage pour des blocages
Ali et Karim, transporteurs routiers chez Stef, confirment aux militants CFDT que l’action est très impactante : « Là, il y aura des déficits d’approvisionnement pour le week-end. C’est comme ça que le gouvernement peut réagir. » Pascal Vaudin, secrétaire général de la CFDT des transports du Bas-Rhin, ajoute :
« En bloquant les plateformes alimentaires, on touche aussi les caisses de l’État via la TVA. On veut montrer l’exemple. Avec ces actions, on peut avoir un très gros impact. Quinze personnes sur place c’est suffisant pour bloquer un site comme ça. Si on se coordonne avec l’intersyndicale à l’échelle nationale, on peut tout paralyser. »
À Strasbourg, jeudi 13 avril, le collectif On crèvera pas au boulot a bloqué la place de Haguenau et le syndicat Sud a installé un barrage sur le pont de Kehl. Dans le cortège, Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT, relevait aussi la nécessité de changer de stratégie :
« On a atteint les limites des grandes journées interprofessionnelles. Il faut encore fixer le cap au niveau de l’intersyndicale, mais je pense qu’on organisera tous les matins des barrages filtrants, qu’on bloquera des entreprises si le gouvernement ne recule pas… »
D’après Valérie Delena, rien qu’à la CFDT, il est possible de mobiliser « largement plus » pour ce type d’actions, afin de bloquer « plusieurs endroits en même temps ». « Avec du recul, on aurait dû commencer plus tôt », souffle Pascal Vaudin. « La fin du quinquennat d’Emmanuel Macron sera très difficile pour lui s’il continue comme ça, il est en train de s’en rendre compte, car nous, on ne lâchera pas », prévient Gilles Poyac, pendant que ses camarades exposent la situation à un routier à l’arrêt.
L’intersyndicale 67 appelle à un rassemblement statique ce vendredi soir à 18h, place Kléber à Strasbourg. La décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites sera rendue en fin de journée.
Un nouveau rendez-vous est fixé par l’intersyndicale 67 au lendemain de la journée de mobilisation du jeudi 13 avril. Ce vendredi 14 avril, les syndicats appellent à un rassemblement statique sur la place Kléber à Strasbourg à 18h, à l’occasion de la décision du Conseil constitutionnel sur la loi portant la réforme des retraites, et sur la légalité de la requête d’un référendum d’initiative partagé (RIP) déposée par les députés communistes mi-mars.
Alternative étudiante Strasbourg, CFTC 67, CGT 67, FO 67, FSU Alsace, Solidaires Alsace, Fédération Autonome 67 et UNSA 67 entendent maintenir la mobilisation syndicale jusqu’au retrait du projet de loi sur le financement de la sécurité social, impactant le système des retraites.
Depuis le jeudi 16 mars, des manifestations spontanées ont régulièrement lieu à Strasbourg suite à l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour passer en force sur cette réforme controversée. La mobilisation du jeudi 13 avril n’y a pas échappé : les forces de l’ordre ont procédé à 15 interpellations de manifestants.
L’intersyndicale 67 exige « la libération immédiate des manifestants interpellés et l’abandon des poursuites ». Elle appelle à un autre rassemblement, toujours ce vendredi 14 avril, à 15h, devant le commissariat central de Strasbourg.
Depuis 4h vendredi 14 avril, une quinzaine de membres du syndicat CFDT bloquent l’entrepôt logistique Stef à Bischheim. L’action fait suite à la fin d’une action similaire à Vendenheim.
Nouveau blocage de la CFDT. Mais ailleurs. Après une action de plusieurs jours visant un entrepôt Auchan à Vendenheim, une quinzaine de membres du syndicat CFDT bloquent l’entrepôt Stef à Bischheim depuis 4h30 ce vendredi 14 avril.
Le bâtiment sert à stocker des produits frais et surgelés qui approvisionnent des supermarchés, des restaurants et des boutiques.
De 4h à 10h30, tous les camions ont été bloqués. Après une discussion avec un responsable du site, les militants ont finalement accepté de laisser sortir un camion toutes les six minutes. L’ambiance sur place est calme. L’objectif est de tenir le blocage jusqu’au samedi 15 avril.
Plus d’informations à venir, dès le retour de notre reporter sur place Thibault Vetter.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Ce jeudi 13 avril, les services d’ordre (SO) syndicaux ont une nouvelle fois protégé le cortège de l’intersyndicale. Un exercice délicat et non dépourvu de tensions, une semaine après l’attaque du SO par les forces de l’ordre. Reportage.
13h30, jeudi 13 avril. À une demi-heure du début de la manifestation intersyndicale, Gilles Dimnet briefe les services d’ordres syndicaux sur le parvis du Palais du Rhin. « Vous savez que c’était tendu la semaine dernière. Ceux qui ont des marbrures sur les cuisses s’en souviennent », entame le responsable du service d’ordre (SO) de la CGT, par ailleurs secrétaire général adjoint de la CGT Eurométropole :
« Hier, la préfète a convoqué les responsables syndicaux et joué l’apaisement. Mais elle n’a pas reconnu qu’il y avait eu des violences de la part des forces de l’ordre. Elle a parlé de malentendu. Alors je ne sais pas quel va être le niveau de tension aujourd’hui. »
Deux jours d’Interruption temporaire du travail
En quelques phrases, le cadre est posé. Gilles Dimnet rappelle les derniers éléments d’une semaine d’échanges entre l’intersyndicale – sauf la CFDT et la CGC – et la préfecture, par communiqués de presse interposés. Tout commence jeudi 6 avril, 11e journée de mobilisation, lorsque les membres du service d’ordre intersyndical sont gazés et matraqués par des policiers au bout du quai des Bateliers. Sans sommation. Dans leur communiqué publié dans la soirée, les syndicats signataires insistent sur le fait que le SO n’a pas entravé les manœuvres des forces de l’ordre qui cherchaient à traverser le cortège, afin de porter assistance à leurs collègues en proie à des militants radicaux. Les images montrent qu’il avait au contraire commencé à laisser passer les véhicules de police lorsque la situation s’est tendue subitement.
Le lendemain, le vendredi 7 avril, la préfecture du Bas-Rhin publie un communiqué pour répondre aux députés Nupes de Strasbourg, Sandra Régol (EE-LV) et Emmanuel Fernandes (LFI), et à leur interpellation sur la gestion du maintien de l’ordre. Josiane Chevalier écrit « qu’aucun manifestant n’a été blessé ». De quoi faire bondir l’intersyndicale – CFDT et CGC exceptées toujours – qui réaffirme mardi 11 avril que des membres du SO ont bel et bien été blessés. L’un d’eux s’est vu reconnaître deux jours d’interruption totale de travail (ITT). « J’ai pris un coup de matraque sur le côté du genou », explique l’intéressé, Simon Bach du SO FSU, présent lors de la 12e manifestation contre la réforme des retraites.
Convoqués par la préfète mercredi 12 avril, les responsables syndicaux ont témoigné d’un dialogue « apaisé » en sortant de réunion. Ils ont néanmoins publié un nouveau communiqué jeudi 13 avril rappelant que le service d’ordre intersyndical avait été « exemplaire dans l’organisation et la gestion des manifestations sur le champ de ses responsabilités. » Le texte rappelle aussi que « l’incompréhension demeure ». Conséquences de ces tensions : l’absence d’un SO intersyndical officiel jeudi 13 avril, pour la 12e journée de mobilisation. Le collectif a cédé sa place à plusieurs services d’ordre, travaillant conjointement.
« Nous sommes là pour protéger et rassurer les manifestants »
13h50. Les SO quittent le Palais du Rhin et rejoignent le cortège en formation sous des regards pas toujours amènes. « Le SO c’est de la merde ! », crie un manifestant à l’avant de la foule. Pas de réaction du côté des hommes et femmes brassard au bras. « Ça arrive, reconnaît Gilles Dimnet. Y en a qui nous traitent de « flics », d’autres « d’anti-flics ». Mais nous, notre rôle, c’est de protéger et rassurer les manifestants sur le parcours et aux abords immédiats de ce dernier. »
Une mission qui n’est pas sans difficultés. Au nombre desquelles figurent l’irruption de véhicules souhaitant traverser le cortège, ou les mouvements de foule lorsque cette dernière passe devant les cordons policiers. « Il y a certaines personnes qui sont effrayées par les forces de l’ordre, alors on se place entre les forces de l’ordre et les manifestants. »
« Nous sommes là pour protéger le cortège de toute forme d’agression », explique de son côté Simon Bach, responsable du SO FSU. Comprendre : d’éventuelles charges policières qui pourraient blesser des manifestants défilant paisiblement, ou une attaque de l’extrême-droite : « Pendant la mobilisation contre la loi sécurité globale, on a par exemple eu des groupes d’extrême droite qui s’en sont pris au cortège« , rappelle t-il.
« Qu’est-ce qui se passe là-bas ? Ça charge ? »
Retour au jeudi 13 avril, 14h20. Le cortège se met en mouvement. Les SO restent groupés à l’avant, en attendant de se déployer devant un cordon de forces de l’ordre. Première mise en ligne au croisement de la rue des Grandes-Arcades et celle de la Haute-Montée. Les membres du SO font face aux forces de l’ordre et tournent le dos à la manifestation qui défile. « Tout le monde déteste la police », chante le cortège peuplé de jeunes en passant. Une main sur son oreillette, Gilles Dimnet hèle les SO qui l’entourent. « Qu’est-ce qui se passe là-bas ? », demande-t-il en désignant la direction prise par la tête de cortège. « Ça charge ? On y va ! » Les membres du SO partent en courant vers la rue des Francs-Bourgeois, autre ouverture sur la place Kléber. Nouveau cordon du SO. Mais pas de charge.
Entre les deux déploiements cependant, une partie du défilé a bifurqué en sortant de la place de l’Homme-de-Fer pour quitter l’itinéraire de l’intersyndicale et partir en manifestation spontanée. « Dans ces cas-là, on ne les retient pas. Ce n’est pas notre rôle », détaille Florence Fogelsang, co-secrétaire de la FSU 67 et présente dans le SO de son syndicat. « En revanche, on veille à ce que ceux qui partent comprennent qu’ils ne suivent pas le cortège déclaré », ajoute-t-elle.
Pendant que la manifestation intersyndicale avance rue des Francs-Bourgeois, le cortège spontané se dirige vers la Grand’Rue par des voies parallèles. Une partie des SO repart au petit trot en direction de l’intersection entre ces deux rues. Et forme un nouveau cordon dans la Grand’Rue, à une vingtaine de mètres de la rue des Francs-Bourgeois où se trouve désormais le cortège intersyndical. Auquel elle tourne le dos.
La manifestation spontanée, composée de militants habillés en noir, finit par apparaître en chantant « On est là ! On est là ! Même si Macron ne veut pas, nous on est là. » Le cordon s’ouvre en deux pour les laisser passer. Des membres du SO applaudissent au passage du petit cortège. « Ils marchent calmement. Ils ne représentent aucune menace. Alors on les laisse passer, explique Florence Fogelsang. « Ce qu’on ne laisse pas passer, c’est ce qui peut représenter une menace. » « Et puis ils sont sympas non ? Moi j’aime bien ce qu’ils chantent », sourit sa voisine avec un clin d’œil.
Le petit cortège en noir traverse la foule colorée et repart en direction du centre. La manifestation intersyndicale, elle, défile rue de la Division-Leclerc. Les SO restent en groupe sur les flancs du cortège puis ils décident de couper par le quai Saint-Nicolas pour rejoindre la tête du défilé, désormais au niveau de la place d’Austerlitz. Chasuble sur le dos, brassard au bras, et mains en l’air, les membres du SO passent devant le pont du Corbeau, fermé par un important dispositif de forces de l’ordre. « Veuillez immédiatement regagner l’itinéraire de la manifestation », réagit un policier au mégaphone. Vous participez à un attroupement. Je répète… »
Tension au moment de passer devant le pont du Corbeau. Photos : AM / Rue89 Strasbourg
Stupéfaction du côté des services d’ordres. « C’est tendu… », soupire une membre des SO. « Ça n’était encore jamais arrivé, réagit de son côté Florence Fogelsang. Pourtant, à chaque fois on coupe par des petites rues pour rejoindre la tête de la manifestation. » Le groupe arrive au moment ou le cortège en noir cherche une nouvelle fois à traverser celui de l’intersyndicale. « On laisse passer ».
Les SO reprennent ensuite leur marche vers la tête du cortège officiel, qui se remet en mouvement rue des Orphelins. Des détonations retentissent à l’avant, place de Zurich. « En ligne ! », hurle Gilles Dimnet. Les SO se rejoignent et forment une large ligne pour protéger une nouvelle fois le cortège de l’intersyndicale. « Mettez vos lunettes ça peut gazer ! », crie l’un. La manifestation spontanée reflue vers eux. Nouvelle ouverture du cordon. Plus longue cette fois. Le petit cortège se fond dans le groupe calmement. « C’est inhabituel. D’habitude, quand ils partent, ils partent. Ils ne reviennent pas après », note une membre du service d’ordre.
Le cortège intersyndical reprend sa route en direction des quais, qu’il remonte. Le SO doit alors gérer la circulation de quelques vélos et d’une voiture. « Là, la préfecture ne joue pas son rôle, soupire une membre des SO. Si l’itinéraire est déclaré c’est aussi pour que la circulation soit gérée et coupée aux bons endroits. Sinon c’est dangereux. »
16h30. La banderole de tête est arrivée place de la République. Les SO attendent de voir arriver la fin du défilé avant de sonner la dispersion des troupes. Le message d’avertissement au mégaphone ne passe pas du côté des membres du SO. Certains parlent de sommations, de « méthodes d’intimidation ».
Présent dans les services d’ordre syndicaux depuis dix ans, Gilles Dimnet note l’incident. Dans l’ensemble, la manifestation s’est plutôt bien passée. Mais il relève une évolution dans les cortèges au fil des années. « Ce qui a changé, c’est l’arrogance du gouvernement et une certaine doctrine du maintien de l’ordre qui provoque des colères et des exaspérations, juge t-il. La conséquence de cela, c’est qu’on est arrivé à un niveau de tensions qui ne repartira pas. En dessous duquel on ne repassera pas. »
Depuis le 31 mars, deux enfants inscrits à l’école élémentaire Éléonore sont sans logement. L’équipe enseignante ainsi que les parents d’élèves organisent une collecte pour venir en aide à cette maman et ses deux enfants.
Jeudi 13 avril, les représentants des parents d’élèves de l’école élémentaire Éléonore à Hautepierre organisent une collecte de fonds en solidarité avec une famille à la rue. En octobre 2022, une mère albanaise a inscrit ses deux enfants dans l’établissement situé dans la maille Éléonore, l’un en école maternelle, l’autre en élémentaire.
« On remue ciel et terre mais aucune solution »
Depuis le 31 mars 2023, la famille mono-parentale vit à la rue. D’après les échanges entre la direction de l’établissement, les enseignants et les services sociaux, la famille est jugée non-prioritaire pour l’accès à l’hébergement d’urgence. Martial Muller, directeur de l’école élémentaire Éléonore, raconte :
« On remue ciel et terre mais aucune solution. On contacte beaucoup d’associations. On a pu leur obtenir quelques nuits d’hôtels payées. Les autres nuits ont pu être passées chez des amis de la famille, chez des enseignants… Mais ce n’est pas une solution. Le 115 nous dit qu’ils ont des effectifs limités, qu’on doit contacter la Ville de Strasbourg ainsi que la préfecture, ce qu’on fait. »
A Hautepierre, cinq mailles sont à vocation résidentielle : Catherine, Karine, Jacqueline, Brigitte, Eléonore.
Un élan de solidarité pour la famille
Jeudi 13 avril à 16h30, tous les parents d’élèves qui veulent participer à la collecte de fonds sont conviés à l’école Éléonore. Les fonds récoltés serviront à payer des nuits d’hôtel à la famille, en attente d’une solution plus pérenne. Le directeur de l’école Martial Muller insiste :
« Ce qui nous inquiète le plus c’est les vacances demain soir et la perte de contact potentielle avec la maman. Parce qu’au moins quand il y a école, on sait que les enfants mangent à midi, à la cantine. »
Pour la 12e journée de grèves et de manifestation contre la réforme des retraites, la rédaction de Rue89 Strasbourg rend compte en direct des actions, défilés et blocages organisés.
À noter pour cette 12e journée de mobilisation :
Deux blocages routiers ont été installés ce matin. Le premier sur le pont de Kehl, il a été levé avant 9h. Le second place de Haguenau à partir de 7h30, il a été modifié en barrage filtrant puis levé vers 8h30 (voir au tout début de ce compte-rendu).
Une section CFDT bloque un dépôt frigorifique d’Auchan à Vendenheim depuis la soirée du mardi 11 avril. (voir ci-dessous à partir de 10h28). Les militants souhaitent continuer jusqu’à samedi. De manière générale, les syndicats envisagent de changer de stratégie et d’organiser des actions de blocage de l’économie.
La manifestation intersyndicale est assez clairsemée, le cortège devrait contenir environ 8 000 personnes.
L’intersyndicale et le collectif « On crèvera pas au boulot » appellent à se rassembler à 18h le vendredi 14 avril place Kléber pour manifester en réaction à la décision du Conseil constitutionnel concernant la réforme des retraites et le Référendum d’Initiative Partagé sur l’âge légal de départ à la retraite.
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13 avril 2023, 17h38
Le cortège s’est dispersé et les forces de l’ordre quittent la place de la République. Plusieurs interpellations ont eu lieu.
C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi.
Pour nous soutenir, une seule solution !
Camille Gantzer, Anne Mellier, Guillaume Krempp et Thibault Vetter étaient auprès des militants et des manifestants toute la journée jusqu’au début de la soirée pour vous rendre compte de cette 11ème journée de mobilisation.
Pour nous permettre de continuer ce travail, une seule solution : l’abonnement. C’est seulement cinq euros par mois, cinquante euros par an.
Vous vous donnez ainsi le pouvoir de lire une information indépendante et locale. Pour donner de la voix à la colère qui s’exprime dans la rue, n’hésitez pas à cliquer sur l’image ci-dessous.
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13 avril 2023, 17h08
Le cortège est de retour place de la République, poursuivi par la brigade anticriminalité.
Des dégradations commises sur les panneaux publicitaires et abribus JC Decaux.
Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Un manifestant montre sa main, très enflée, après avoir été victime d’un tir de LBD.
Photo : Thibault Vetter
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13 avril 2023, 16h51
Un cortège de plusieurs centaines de manifestants quitte la place de la République en scandant : « La police déteste tout le monde ! »
(Vidéo Thibault Vetter)
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13 avril 2023, 16h27
Arrivée place de la République Photo : CG / Rue89 Strasbourg / cc
(Vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 16h23
L’animateur du camion FO était assez content de voir beaucoup de jeunes dans le cortège. (vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 16h20
Au lycée Marie Curie, le blocage mis en place depuis ce matin par une partie des élèves a été levé vers 14h30. Les cours restants ont été annulés par le proviseur.
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13 avril 2023, 16h19
La tête du cortège est arrivé place de la République.
(vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 16h11
Ambiance beaucoup plus détendue au début du cortège… (vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 16h07
La fin du cortège est verrouillée par des policiers Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 16h01
La tête de cortège s’apprête à tourner vers l’avenue de la Liberté (vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 15h59
Vers la porte de l’Hôpital en revanche, des manifestants sont aspergés de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre.
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13 avril 2023, 15h56
Situation calme en tête de cortège.
Le cortège syndical a atteint le quai des Bateliers Photo : CG / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 15h48
(vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
La manifestation sauvage a réintégré le cortège syndical principal, qui se dirige vers le quai des Bateliers.
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13 avril 2023, 15h41
Les agences bancaires avaient pris leurs dispositions, les manifestants ont laissé quelques messages… Photo : TV / Rue89 Strasbourg / ccPhoto : CG / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 15h38
Une partie des manifestants sont passés devant les banderoles syndicales lorsque le cortège a atteint la Krutenau. Certains d’entre eux ont tenté de se diriger vers le campus universitaire. Ils ont été empêchés par des policiers en faction, qui ont fait usage de grenades lacrymogènes.
(vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
(vidéo TV / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 15h33
Une partie du cortège, composée de manifestants habillés de noir, a quitté la place d’Austerlitz pour se diriger vers la place de l’Étoile. Ces manifestants birfurquent rapidement rue des Orphelins.
(vidéos CG / Rue89 Strasbourg)
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13 avril 2023, 15h25
Un important dispositif a été déployé pont du Corbeau pour éviter toute intrusion vers le centre-ville Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 15h24
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT :
« On n’a pas d’espoir immense concernant la décision du Conseil constitutionnel. En tout cas, on va devoir changer de stratégie parce que les manifestations ne suffisent pas. On organisera tous les matins des barrages filtrants, on ira dans les entreprises… On a atteint les limites des grandes journées interprofessionnelles : le seul moyen d’infléchir le gouvernement désormais, c’est de contraindre le patronat de demander au gouvernement d’arrêter à cause de pertes qu’ils subiront. »
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13 avril 2023, 15h11
Le cortège passe le pont Saint-Nicolas Photo : ( CG / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 14h58
Le cortège est assez dispersé, surtout entre les syndicats mais nos journalistes sur place notent une forte présence de jeunes et d’étudiants.
(Vidéo CG / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 14h55
Les syndicats ont délégué d’importants moyens aux services d’ordre, qui font bloc à de nombreux endroits afin d’éviter tout contact avec les forces de l’ordre.
place Kléber Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
(vidéo TV / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : AM / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 14h53
La tête du cortège a atteint la place de l’Homme-de-Fer (vidéo TV / Rue89 Strasbourg)
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13 avril 2023, 14h50
La police interdit l’accès à la place Kléber et la tension est palpable… Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 14h43
La tête du cortège est déjà au-delà de la place Broglie Photos : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 14h39
Des étudiants sont présents dans le cortège Photo : CG / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 14h37
Samy Ahmed-Yahia, ancien candidat Nupes pour la 8e circonscription du Bas-Rhin et membre de l’union locale CGT de Haguenau, comme Juan Alvarez, délégué syndical de l’entreprise de chimie Dow :
« On n’attend rien de spécial du Conseil constitutionnel, c’est juste sur l’aspect juridique. Sur le fond, ça ne change rien. Il n’y a que notre président qui ne voit pas la colère en France. Il y a une rage dans la population. »
Interrogé sur l’ambiance au sein des manifestations et la répression policière, Juan Alvarez répond :
« On dit que de toutes façons c’est une période où les forces de l’ordre et les syndicats ne se comprennent pas. On n’a rien contre les policiers mais plutôt contre les donneurs d’ordres… Les policiers sont dans la même mouise que nous. »
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13 avril 2023, 14h31
Départ du cortège sous une pluie fine (vidéo TV / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 14h26
Khalid Sarouaou, secrétaire régional Sud industrie, travaille chez Cuisines Schmidt :
« On n’a pas un grand espoir dans le Conseil constitutionnel. S’il ne censure pas la loi, on est parti pour continuer avec d’autres modèles d’action comme des blocages, des ralentissements, des manifestations devant des lieux stratégiques… On va commencer à monter en puissance avec des actions diverses. On a la base militante pour ça, de plus en plus de gens sont prêts pour ça. »
Après un temps, Khalid Sarouaou rappelle :
« Pour nous, se battre contre un recul de l’âge minimal n’est pas un combat de luxe. Le personnel tombe en miettes à partir de 60 ans. 64 ans c’est de la folie et le Medef le sait très bien. »
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13 avril 2023, 14h23
Audrey Lages de FO espère une bonne nouvelle du Conseil constitutionnel mais se prépare à la suite Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Audrey Lages, déléguée syndicale enseignants pour Force ouvrière (FO) :
« Le Conseil constitutionnel pourrait bien faire un pas en arrière. Si ça ne marche pas, on poursuivra, on trouvera de nouvelles façons de bloquer le pays. Avec la FO on réfléchit avec les différents secteurs pour monter des actions impactantes de blocage. Par exemple, il peut il y avoir des blocages d’écoles, d’entreprises, de ronds points.. »
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13 avril 2023, 14h20
Gilles Dimnet (à g.) briefe les services d’ordre des syndicats avant la manifestation. Photo : AM / Rue89 Strasbourg / cc
« Vous savez que c’était tendu cette semaine. Ceux qui ont des marbrures sur les cuisses s’en souviennent… » À 13h30, Gilles Dimnet, responsable du cortège de la CGT, briefe les services d’ordres de la 12e manifestations intersyndicales. Cette fois ci, pas de service d’ordre intersyndical. « Chaque organisation à son service d’ordre pour son cortège », explique le responsable. Qui rappelle également que la préfète Josiane Chevalier a reçu les responsables syndicaux hier dans un signe d’apaisement « sans admettre que des violences avaient eu lieu. Je ne sais pas quel va être le niveau de tension aujourd’hui. »
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13 avril 2023, 14h17
Séverine Charret, secrétaire académique Snes Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Avant le début de la manifestation, Séverine Charret, secrétaire académique du Snes (FSU) pour le second degré, déclare :
« On attend la censure du texte par le Conseil constitutionnel. Il y a suffisamment d’arguments pour censurer la loi entière. Le véhicule législatif utilisé n’est pas adapté à une telle réforme. La mobilisation continue après trois mois, c’est énorme. Cette loi est injuste, quoi qu’il arrive on continuera à la combattre. S’il n’y a pas censure, il est aussi question de référendum d’initiative partagé. Nous continuerons quoi qu’il arrive, selon les modalités d’action qui seront à notre disposition. Cela peut être la grève, une mobilisation pour obtenir les signatures pour le référendum par exemple… »
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13 avril 2023, 11h41
Le délégué syndical Force Ouvrière du supermarché Auchan Hautepierre travaille au rayon fruits et légumes. Il décrit l’impact concret du blocage par la CFDT :
« Sur le pain de mie et les produits frais (charcuterie, yaourt) il y a déjà des tensions sur l’approvisionnement dans notre magasin. Cet après-midi, le pain de mie pourrait manquer. Pour les fruits et légumes, c’est le matin que c’est tendu. L’après-midi, on arrive à s’approvisionner en fruits et légumes en commandant chez Sapam, un autre fournisseur.
C’est clair, la direction est énervée. Chez nous, on a fait une baisse de 20% des ventes au rayon fruits et légumes. »
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13 avril 2023, 11h09
Stéphane Béguin, secrétaire général de la CFDT Construction Bois, exprime la détermination de son syndicat :
« Il n’est juste pas entendable de bafouer le peuple de cette manière avec cette réforme injuste, qui maltraite les plus modestes. D’autres projets sont à l’étude. On continuera ce genre d’action parce qu’il faut faire fléchir le gouvernement. On va durcir le ton, c’est notre façon de nous faire comprendre. Pour ça il faut toucher l’économie, puisque le gouvernement est sourd, on va lui faire entendre ce qu’on souhaite : le retrait de cette réforme. On ne s’arrêtera pas avant. »
Stéphane Béguin secrétaire général du syndicat CFDT Construction Bois. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 10h45
Aucun camion n’a accès à l’entrepôt frigorique. (Photo TV / Rue89 Strasbourg / cc)
Sur place, les militants de la CFDT ont tout organisé pour maintenir le blocage jusqu’au samedi 15 avril. Sous deux tonnelles, les syndicalistes disposent d’un frigo et d’une plaque de cuisson reliés à un groupe électrogène. Une caravane leur offre un accès aux toilettes et à la douche. Selon notre reporter sur place, l’entrepôt est presque entièrement à l’arrêt.
Sous deux tonnelles, les syndicalistes disposent d’un frigo et d’une plaque de cuisson reliés à un groupe électrogène. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 10h28
Blocage en 3×8 par la CFDT
Le syndicat CFDT maintient le blocage d’un entrepôt frigorifique d’Auchan à Vendenheim depuis la soirée du mardi 11 avril. Sur place ce matin, le secrétaire général CFDT des transports du Bas-Rhin Pascal Vaudin explique la méthode et les raisons de ce mode d’action :
« Trois équipes bloquent cet entrepôt : une équipe de nuit, une équipe du matin et une équipe l’après-midi. En moyenne, nous sommes entre 10 et 16 personnes sur place.
Cet entrepôt est une base logistique de stockage de produits surgelés et frais principalement pour Auchan mais aussi pour d’autres supermarchés. Les camions viennent chercher les produits ici pour les acheminer ensuite vers les magasins. Aucun véhicule ne peut sortir, ce qui risque de conduire à une pénurie de certains aliments dans des supermarchés.
Emmanuel Macron n’a pas réagi suite aux manifestations massives de ces derniers mois. Il veut qu’on cesse les défilés dans les rues. On a décidé de passer à la vitesse supérieure, parce que nous n’accepterons pas cette réforme des retraites. Nous sommes déterminés. Pour avoir un impact, il faut toucher l’économie française, en l’occurrence les plateformes alimentaires qui remplissent les caisses de l’État via la TVA.
On compte lever le blocage samedi. On veut tenir toute la semaine. Pour nous déloger, il faudrait une procédure juridique. Selon les échanges qu’on a avec les forces de l’ordre, on va pouvoir rester jusqu’à samedi. Les salariés d’Auchan et les routiers sont solidaires. »
Le secrétaire général CFDT des transports du Bas-Rhin Pascal Vaudin : « On a décidé de passer à la vitesse supérieure » Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 9h07
Un barrage a brièvement été installé sur le pont de Kehl ce matin. Il a été levé peu avant 9h.
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13 avril 2023, 9h03
Environ 50 à 60 personnes sont présentes devant le lycée Photo : CG / Rue89 Strasbourg / cc
Le proviseur du lycée a indiqué que les appels de présence n’auront pas lieu ce matin.
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13 avril 2023, 8h42
L’accès au lycée Marie Curie a été bloqué ce matin depuis 6h Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 8h37
Les barrages ont été levés place de Haguenau.
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13 avril 2023, 8h08
Le groupe de militants a levé le blocage place de Haguenau, volontairement.
Les pompiers éteignent les flammes avant de retirer les éléments de la voie (vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 8h01
Un policier vient de demander aux militants de « quitter les lieux dans les cinq minutes sinon on va devoir le demander plus fermement ».
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13 avril 2023, 7h49
L’accès à la place de Haguenau depuis l’avenue des Vosges est bloqué par la police (vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 7h42
La police assure désormais la régulation de la circulation avant le barrage (vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 7h39
Le barrage mené par le collectif « On crèvera pas au boulot » doit être conservé jusqu’à midi.
Ce collectif avait tenté d’empêcher l’accès aux terminaux de distribution de carburant lors de la 11e journée, le barrage avait été levé par les forces de l’ordre. Les militants avaient alors craint une explosion lorsque des grenades lacrymogènes avaient été tirées à proximité des camions-citernes.
(vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 7h29
Photos : GK / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 7h25
Le barrage consiste à réduire le nombre de voies disponible à une seule (Vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 7h20
Après quelques minutes, le barrage est partiellement ouvert (Vidéo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 7h18
La situation est assez tendue vis à vis des automobilistes… (Photo GK / Rue89 Strasbourg / cc)
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13 avril 2023, 7h16
Des manifestants tentent de mettre en place un barrage place de Haguenau à Strasbourg. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc
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13 avril 2023, 6h00
Bienvenue sur ce compte-rendu des actions, blocages et manifestations de cette 12e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites du gouvernement. Le projet de loi a été adopté sans vote vendredi 17 mars, après un débat parlementaire raccourci, grâce à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution par le gouvernement. Demain, le Conseil constitutionnel doit répondre aux saisines qui lui ont été présentées, il lui appartient de vérifier si le texte dans son ensemble, ou certaines de ses dispositions, sont conformes à la Constitution de la Ve République.
Mais les 13 syndicats mobilisés contre cette réforme qui prévoit d’allonger le temps de travail nécessaire avant de se retirer ne désarment pas. Plusieurs actions sont prévues dans les secteurs stratégiques et dans les transports. À Strasbourg, la manifestation doit partir de l’avenue de la Liberté vers 14h.
Vous êtes mobilisé·e ou vous organisez une mobilisation, un blocage ou une manifestation ? Envoyez-nous vos éléments (textes, photos, vidéos) à redaction@rue89strasbourg.com pour que nous les intégrions à ce compte-rendu.
Ce compte-rendu en direct est laissé gratuit pour lui permettre une large audience. Mais notre journalisme a besoin de votre soutien direct pour exister. Soutenez un média indépendant, présent aux côtés des luttes et des personnes engagées : 5€ seulement par mois, sans engagement.
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À la Cité de l’Ill, une trentaine de personnes se sont mobilisées mercredi 12 avril au matin pour tenter de retrouver Enzo. L’adolescent de 17 ans n’a pas donné signe de vie depuis la soirée du 2 avril, où il a plongé dans la rivière l’Ill pour échapper à un contrôle de la brigade anticriminalité.
Sous une fine pluie et un ciel couvert, Didier attend sur le parking du stade de la Thur, au bout de la Cité de l’Ill. Il a revêtu sa parka jaune fluo et des basket tout terrain pour pouvoir chercher Enzo toute la matinée, même s’il ne le connaît pas. L’habitant de Schiltigheim, ancien pompier et militaire, a un petit-fils du même âge. « Faut qu’on le retrouve le gamin, il a peut-être fait une connerie mais peu importe, personne ne mérite ça », estime-t-il fermement.
Le 2 avril après 23 heures, Enzo circule dans un véhicule déclaré volé, accompagné de deux de ses cousins. Des agents de la bac le repèrent, « décident de procéder à son contrôle », précise la Procureur de la République dans un communiqué daté de mardi 11 avril, avant que les jeunes prennent la fuite, sortent de la voiture rue de la Doller et se dispersent. Ses cousins s’enfuient à pied, Enzo saute dans l’Ill pour « tenter de rejoindre l’autre rive malgré le courant ». Pour les secours « rapidement dépêchés sur les lieux » selon le parquet, Enzo reste introuvable et une enquête pour disparition inquiétante est ouverte. « Les investigations se poursuivent pour déterminer les circonstances de cette disparition et retrouver l’adolescent », conclut la Procureure.
La mère d’Enzo a déposé plainte contre X le 8 avril pour « non-assistance à personne en danger » qui vise « le policier ayant vu son fils se jeter à l’eau sans lui porter secours » – selon ses déclarations et le communiqué du parquet.
Une trentaine de personnes mobilisés
Pour l’instant, la police nationale n’a pas fait circuler d’appel à témoignage dans le cadre de la disparition car « les enquêteurs n’en ont pas fait la demande », précise la communication de la direction départementale de la sécurité publique du Bas-Rhin, à Rue89 Strasbourg. Les personnes réunies mercredi matin ont en fait répondu à l’appel de l’association Icared, créée après la disparition de Sophie Le Tan en 2018.
Frédéric, Didier et Khadidja repèrent les abords de l’Ill au niveau du stade de le Thur à la Cité de l’Ill en attendant que la battue commence. Photo : CB / Rue89 Strasbourg
« La famille [d’Enzo] nous a contacté il y a quelques jours, on a diffusé un avis de recherche et organisé la battue », explique Khadidja Arratbi, présidente de l’association, téléphone à la main. « Ils voulaient chercher tout de suite car pour eux l’attente est insupportable ».
La présidente fait tout de suite référence à une affaire similaire qui l’a marqué, à Strasbourg. En 2002, deux adolescents surpris en train de cambrioler un entrepôt ont sauté dans l’eau au Port du Rhin pour échapper à la police. L’un d’entre eux, âgé de 17 ans, est décédé deux heures après. Didier garde en mémoire des évènements de 2005, où deux jeunes – Zyed et Bouna – sont morts après s’être cachés dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois – eux aussi étaient poursuivis par la police.
L’appel pour la battue a finalement réuni une trentaine de personnes mercredi 12 au matin. Parmi les bénévoles venus tenter de retrouver Enzo, Constance est venu accompagnée de sa chienne. Lana-Piranha est une malinoise de huit ans formée à la « recherche utilitaire sur personne disparue ». Elle attend l’arrivée de la mère d’Enzo pour lui faire renifler un habit et tenter de pister son odeur dans les environs du cours d’eau. Constance habite le quartier depuis plus de 40 ans et lorsqu’elle a vu passer l’appel pour la battue, elle a tout de suite décidé de se mobiliser. « Il faut absolument être là pour soutenir la famille et les aider à chercher, ça peut arriver à n’importe qui ».
« On est une grande famille »
Dès 10 heures, la famille arrive petit à petit au parking du stade de foot. Les sept oncles et tantes se sont déplacés ainsi que la mère d’Enzo, accompagnée de cousins et de cousines. « On est une grande famille », sourit l’une d’elles, capuche de fortune sur la tête. « C’est pas la première fois qu’on cherche dans le coin, mais c’est la première fois qu’il y a un chien », précise un oncle. Tous se saluent, entre eux mais aussi avec les bénévoles venus là sans connaître la famille. Les mercis fusent et l’émotion plane.
Lana-Piranha est une chienne malinoise de huit ans, formée à la « recherche utilitaire sur personne disparue ». Photo : CB / Rue89 Strasbourg
Manon et Selen se tiennent un peu en retrait. Les adolescentes habitent la Cité de l’Ill et n’ont pas école. « Bien sûr qu’on est venues, il faudrait que tout le monde soit là », tonne Selen. « Mon frère s’appelle Enzo (une coïncidence), ça fait dix jours que tout le quartier nous demande comment il va », poursuit Manon. Dans le quartier, « on ne parle pas trop de la disparition, sauf à la boulangerie », estime Manon qui a deux théories. « Soit il se cache parce qu’il a peur, soit il est resté accroché dans l’eau, il y a beaucoup de caddie et des trucs au fond ici », explique-t-elle en baissant la voix.
Peu avant 10h30, la battue commence. Une bénévole distribue des gants de plastique et Lana a senti un vêtement d’Enzo, contenu dans un sac en plastique vert. Elle s’élance sur le sentier longeant l’Ill, suivie de toute la famille de l’adolescent disparu. Un peu en retrait, un oncle soupire. « J’aimerais voir les policiers et les pompiers chercher avec nous », glisse-t-il. L’homme est traumatisé et peine à comprendre ce qui se passe. Son meilleur ami se tient proche de lui pour l’aider à faire face à la dizaine de journalistes présents sur le parking. « J’espère le retrouver vivant, ou juste avoir une trace de lui. Là, on a rien pour se raccrocher, je me force à manger et sa mère fait des crises d’angoisse », poursuit-il.
« Évidemment qu’il a eu peur de la police »
Jamais Enzo n’est resté si longtemps sans donner de nouvelles à ses proches. « Au moins sa petite soeur et son frère, ils sont très proches, ça ne lui ressemble pas », explique un autre oncle en suivant le groupe, lunettes de soleil sur la tête. Tout en évitant les flaques, il revient sur les circonstances de la disparition. « Évidemment qu’il a eu peur de la police, on a toujours peur de la police même si on n’a rien fait, surtout si elle vous poursuit » lance-t-il. « C’est pas normal ce qui s’est passé ».
L’homme dit avoir fait dix ans de prison. « Donc c’est pas ça qui lui faisait peur, il sait que la prison, on en sort », poursuit-il, « je ne vois pas pourquoi il se cacherait encore aujourd’hui ». Toutes et tous se demandent pourquoi personne, le soir même, n’a aidé Enzo à sortir immédiatement de l’eau. Pendant ce temps, un petit bateau de la protection civile parcourt l’Ill, sans s’arrêter.
Après une centaine de mètres de recherches, Lana marque une longue pause au bord de l’eau. « Il faut passer de l’autre côté de la rivière », estime une bénévole. Le petit groupe retourne au parking au pas de course et embarque en voiture. Une fois passé de l’autre côté de l’Ill, à cinq minutes de route, tout le monde ressort, guidé par Constance et son chien.
« On ne peut pas se raviser »
À travers une prairie aux hautes herbes, la mère d’Enzo mène la marche, suivie par les oncles qui appellent Enzo dans plusieurs langues. Certains ont les chaussures qui s’embourbent et le bout des doigts fripés. Entre les jardins privatifs et les barrières qui empêchent d’accéder à l’eau, le groupe se disperse. Lana ne suit plus de piste mais la famille continue de chercher. « On ne peut pas se raviser », explique la cousine tout en tenant une branche pour s’engouffrer dans un sous-bois.
Vers midi et demi, certains bénévoles retournent à leurs voitures. « Ça fait deux heures qu’on cherche, le chien est fatigué, il faut revenir une autre fois », estime l’un d’eux. Sous son parapluie transparent, Élisabeth acquiesce. Elle habite la Cité de l’Ill depuis sa naissance, en 1965. « On en parle surtout sur les réseaux sociaux, de la disparition », explique-t-elle.
Pour se rapprocher de l’eau sur la berge opposée au stade de la Thur, le groupe de bénévole passe à travers un champs aux hautes herbes. Photo : CB / Rue89 Strasbourg
Sa soeur Raymonde, 53 ans, espère que la mobilisation va continuer mais que les commentaires haineux, vont s’arrêter. « On lit partout que c’est bien fait pour lui, ceux qui écrivent ça n’ont aucune humanité », assène-t-elle. « C’est ingrat de juger quelqu’un sans le connaître, ça arrive à Enzo aujourd’hui mais ça peut arriver à n’importe qui demain, je suis écoeurée par tant de méchanceté », complète Élisabeth. « Quand on voit que des internautes traitent Enzo de racaille, on se rend compte que certaines personnes sont déshumanisées », poursuit Frédéric, vice-président d’Icared.
L’association ne sait pas encore quelles seront les prochaines actions pour soutenir la famille, mais est prête à se mobiliser à nouveau pour continuer de chercher Enzo. La famille continue les recherches de côté, et espère avoir rapidement des nouvelles de l’enquête.
Les habitants du squat Bourgogne à la Meinau sont menacés d’expulsion. Pour la plupart originaires de Géorgie, ces personnes sans solution d’hébergement proposée par l’État sont en train de déménager dans deux bâtiments en instance de démolition rue de Sarlat, au Neuhof, mardi 11 avril. Reportage.
« Nous sommes 70 familles en tout. Il y a beaucoup d’enfants, des malades, des personnes âgées », explique Lali. Presque tous originaires de Géorgie, ils s’installent dans deux bâtiments au 14 et au 18 rue de Sarlat en ce milieu d’après-midi du mardi 11 avril. Selon plusieurs personnes interrogées sur place, le site est occupé depuis le vendredi 7 avril. Les immeubles appartiennent au bailleur social Habitation Moderne et sont en instance de démolition. « Nous venons du squat Bourgogne, qui était menacé d’expulsion. Il y a quelques familles en plus qui dormaient dehors et qui devraient trouver de la place ici », ajoute la mère de famille.
Le fils de Lali présente son nouvel appartement rue de Sarlat. (Vidéo remise)
Keti (à gauche) et Lali (à droite), espèrent pouvoir rester à l’abri ces prochains mois. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
« Nous ne pouvons pas faire autrement »
Le bâtiment au 18 rue de Sarlat est en meilleur état que son voisin : l’eau et l’électricité fonctionnent, contrairement au numéro 14. Les occupants discutent de la répartition des appartements pour optimiser la surface à disposition. Zviad insiste :
« Nous ne pouvons pas faire autrement. Je viens de Géorgie mais j’ai émigré en Ukraine d’abord. Puis la guerre a commencé, et je suis venu en France. On nous traite mal. Ils n’ont pas accepté l’asile pour moi. Je me demande à quoi ça sert l’Europe. Ce n’est plus possible de vivre comme ça. »
Comme nous l’exposions dans un article publié en novembre dernier, de nombreux Géorgiens viennent en France parce qu’ils ne peuvent pas se soigner dans leur pays ou à cause de graves pressions politiques.
Zviad assure être venu en France pour fuir la guerre en Géorgie, puis en Ukraine. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Contacté par Rue89 Strasbourg, le bailleur social Habitation Moderne indique :
« Nos équipes ont été informées, dans la nuit de samedi à dimanche, de cette intrusion. Ces immeubles vacants ou partiellement vacants sont voués à la démolition prochaine, dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain. Les premières actions de démolition doivent d’ailleurs intervenir fin avril/début mai 2023. Les équipes se sont rendues sur place dans la foulée et ont fait constater par huissier l’intrusion dans les logements, aux fins de donner une suite adaptée. »
Photos : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Le propriétaire n’a pas précisé si une plainte a déjà été déposée. La Ville de Strasbourg, actionnaire majoritaire du bailleur social, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Le même cycle juridique qu’au squat Bourgogne pourrait recommencer. Fatigué, Zviad espère du répit et demande aux autorités que les occupants de la rue de Sarlat soient traités avec humanité.