Franck Leroy, président de la Région Grand Est, a mobilisé ses réseaux pour déminer la parole présidentielle. Raté.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
France Bleu Alsace a révélé que 30 maires du Grand Est ont écrit à Emmanuel Macron pour que le président de la République mette fin à la saga de la sortie de l’Alsace. Parmi eux, sept maires alsaciens dont Jeanne Barseghian et Pia Imbs.
Lors de sa dernière visite à Strasbourg le 26 avril, Emmanuel Macron s’est livré à un bel exercice du « en même temps » dont il est coutumier. Interrogé sur le feuilleton de la sortie de l’Alsace du Grand Est, il s’est présenté comme opposé à une réforme institutionnelle mais il a proposé à Frédéric Bierry, président de la Collectivité d’Alsace et porteur de ce projet de sortie, d’en reparler. Un flou qui a évidemment relancé le sujet, pour le plus grand plaisir de Frédéric Bierry et des régionalistes.
Pourtant, révèle France Bleu Alsace, une trentaine des principaux maires du Grand Est, dont sept alsaciens, avaient pris les devants. Ils avaient écrit la veille de son déplacement au président de la République pour lui rappeler qu’une « nouvelle modification de l’organisation territoriale serait incompréhensible, contre-productive et irrespectueuse du travail entrepris par le plus grand nombre depuis 2016 (année de fusion des collectivités régionales d’Alsace, de Lorraine et de Champagne-Ardenne, NDLR) ».
Pour ces maires des plus grandes villes du Grand Est et d’Alsace, « la Région Grand Est a trouvé sa place aux côtés des autres collectivités territoriales. Son émergence et son influence n’ont, en rien, affecté les identités locales. Bien au contraire, les soutiens régionaux en investissement n’ont jamais été aussi importants. »
Un nouveau front d’Alsaciens pour la Région Grand Est
Sept maires alsaciens figurent parmi les signataires, dont Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, Pia Imbs, maire de Holtzheim et présidente de l’Eurométropole, ce qui n’est pas une surprise. En revanche, d’autres maires alsaciens expriment ainsi une nette opposition au projet porté par Frédéric Bierry : Michèle Lutz, maire de Mulhouse, Stéphane Leyenberger, maire de Saverne et Gilles Frémiot, maire de Heidwiller. D’autres sont vice-présidents de la Région Grand Est comme Bernard Fischer, maire d’Obernai et Claude Sturni, maire de Haguenau.
La publication de cette lettre rend visible l’existence d’une opposition politique à la sortie de l’Alsace du Grand Est. Jusqu’à présent, les élus qui étaient opposés au projet de Frédéric Bierry se contentaient de se taire à chaque irruption du débat dans la sphère publique. Un silence qui permettait au président de la Collectivité d’Alsace de poursuivre ce dossier sans opposition, en se prévalant d’un large soutien des élus et des Alsaciens d’une manière générale.
Chaque année, le groupe Stellantis obtient l’autorisation de faire travailler ses ouvriers pendant la quasi-totalité des jours fériés. En parallèle, le constructeur automobile obtient des millions d’euros d’indemnisation au titre de l’activité partielle.
Il y a des batailles qui semblent perdues d’avance. Dans l’usine de construction automobile Stellantis, à Mulhouse, le syndicat CGT se bat depuis plus de cinq ans pour la défense des dimanches et des jours fériés en tant que jours chômés. Une disposition du droit local appliqué en Alsace-Moselle interdit le travail les dimanches et jours fériés. Mais en 2023 encore, la direction du groupe a obtenu des dérogations pour autoriser le travail tous les dimanches, du 15 janvier 2023 au 20 août 2023 inclus et pour la moitié des jours fériés de l’année – comme le lundi de Pâques, le 8 mai – jour de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie – l’Ascension ou encore la Saint-Etienne.
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Des membres du personnel de l’Université de Strasbourg ont constitué un collectif de lutte contre la précarité en avril. Une délégation a rencontré la direction de l’Unistra mardi 7 mai.
En avril 2024, un contractuel traducteur présent depuis 15 ans à l’Université de Strasbourg (Unistra) n’est pas reconduit. Dans la foulée, ses collègues constituent un collectif de lutte contre la précarité, appuyés par les syndicats SUD Éducation, FO, CGT et FSU. Le groupe entend se mobiliser contre le recours massif aux vacataires et aux contractuels par l’Unistra.
Quatre représentants du collectif ont rencontré Élisabeth Demont, vice-présidente de l’Université en charge des ressources humaines et du dialogue social et Valérie Gibert, de la direction générale des services, mardi 7 mai. Ils ont pu leur présenter une liste de revendications.
Rabaisser le plafond des vacations
Les membres du collectif demandent notamment le retour au plafonnement des 96 heures de vacation par an. « La direction de l’Université a fait passer le plafond de vacations annuelles de 96 à 144 heures en juillet 2023, puis à 187 heures en novembre 2023 », explique Suzy Michel, représentante du collectif et secrétaire académique du syndicat Force ouvrière de l’enseignement supérieur et de la recherche.
« C’est le maximum légal au niveau national, sachant que le statut horaire de base d’un titulaire est de 192 heures, cela renforce la précarité des vacataires en repoussant leur possible contractualisation », complète Nicolas Poulin, co-secrétaire du syndicat SUD Éducation Alsace. « Les vacataires se retrouvent donc parfois à réaliser des mi-temps voire des presque temps complet d’enseignant chercheur titulaire, mais sans les droits sociaux ni les cotisations », conclut-il.
Le collectif s’est constitué à l’initiative d’agents contractuels et vacataires.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg
46,6% des agents sont des contractuels
Le collectif a aussi demandé que l’ensemble des personnels en CDD de plus de quatre ans bénéficient d’un CDI. Au 31 décembre 2022, 979 personnes étaient en CDD à l’Unistra sur une mission permanente. « La vice-présidente nous a proposé de faire du cas par cas, mais le plus souvent pour des CDI à mi-temps. Un CDI à 50%, c’est 800€ par mois. On ne vit pas avec ça aujourd’hui », affirme Pascal Maillard représentant du collectif et secrétaire académique du Snesup-FSU.
Selon le bilan social de l’Université de Strasbourg pour l’année 2022, 46,6% des agents de l’université sont des personnels contractualisés, soit 2 846 personnes. « C’est légèrement en deçà du niveau national, mais ça reste très élevé », soupire Pascal Maillard. Si le nombre de vacataires n’est pas connu au niveau local, le nombre d’heures réalisées par des intervenants extérieurs en 2021-2022 est de 167 739 selon le rapport. Un chiffre en hausse de 20 000 heures sur quatre ans. Les vacataires représentent près de 60% des effectifs enseignants en France selon une note du collectif Nos Services publics rendues en avril.
Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.
Me Burgun, Me Poinsignon, Me Carraud et Me Hébrard s’accordent sur la perspective d’un protocole avant l’audience.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Les Roms vivant au bidonville de Cronenbourg devraient être relogés fin juin dans un parc de caravanes, situé dans le quartier Gare. Un protocole d’accord est en cours de rédaction, pour éviter une expulsion.
L’avocat de l’Eurométropole de Strasbourg et les avocates représentant les Roms habitant un bidonville proche de la M35 (au centre d’une bretelle d’accès) devraient boucler un protocole d’accord encadrant leur déménagement vers la rue du Rempart. Les deux parties ont présenté lundi 7 mai au juge des référés civils cette option, alors qu’il était saisi d’une demande d’expulsion. Le juge, après avoir accordé un court délai, a donné jusqu’au 4 juin pour que les deux parties reviennent vers lui avec un accord validé. Si le juge l’accepte ensuite, cela éviterait l’expulsion des Roms.
La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg assurent que l’Espace 16, situé rue du Rempart près du Wagon Souk, sera prêt à les accueillir avant la fin du mois de juin. Dix caravanes ont été acquises par la collectivité ainsi que cinq mobil-homes. Une communauté roms plus modeste, installée près de la Cité de l’Ill à la Robertsau, est également concernée par ce relogement.
Des détails encore à régler
Pour les avocates des Roms de Cronenbourg, Mes Gabriella Carraud, Léa Hébrard, David Poinsignon et Sophie Schweitzer, cette perspective est acceptée par leurs clients. Elles attendent cependant de prendre connaissance dans le détail des propositions de l’Eurométropole. Me Gabriella Carraud précise :
« Les familles sont prêtes à déménager de ce camp mais elles tiennent absolument à ce que leurs cellules familiales soient préservées. Avec le nombre de logements annoncés, il faudra bien vérifier qui va où et avec qui… »
Pour l’Eurométropole, Me Jean-Marie Bourgun tient à conserver « un levier » :
« Certes on espère que ce déménagement se déroulera en plein accord avec les familles mais le protocole sera homologué par le tribunal, ce qui conserve le bénéfice d’une éventuelle procédure d’expulsion à la collectivité dans le cas où les familles ne voudraient pas déménager. »
Le calendrier de relogement reste encore à préciser. Représentés par leurs avocates, les Roms concernés n’étaient pas présents à l’audience.
Le 28 octobre, une première manifestation en soutien aux Palestiniens avait été autorisée.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Le collectif Palestine 67 organise une manifestation en soutien aux Palestiniens samedi 11 mai. Suite à la reprise de l’offensive israélienne contre la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, un rassemblement était aussi organisé ce mardi 7 mai.
Les espoirs d’un cessez-le-feu à Gaza se sont envolés ce mardi 7 mai, alors que l’armée israélienne a repris son offensive et ses bombardements contre la ville de Rafah, située tout au sud de la bande de Gaza. L’armée qui cherche les combattants du Hamas au milieu de la population palestinienne depuis l’attaque du 7 octobre a annoncé avoir pris le contrôle du poste frontière avec l’Égypte.
Face à cette reprise des combats, inattendue alors que le Hamas avait annoncé la veille accepter les termes d’un cessez-le-feu négocié par le Qatar et l’Égypte, les mobilisations qui s’expriment en France contre cette opération armée qui menace directement plus d’un million de Palestiniens, déjà déplacés depuis les autres zones occupées de Gaza, ont repris.
Deux rendez-vous
Le collectif Palestine 67 appelle à un rassemblement dès ce mardi 7 mai à 17h, place Kléber à Strasbourg pour dénoncer la reprise des combats et les victimes civiles de cette résurgence du conflit israélo-palestinien.
Le collectif organise aussi une manifestation samedi 11 mai, comme quasiment chaque samedi depuis le 28 octobre, en soutien à la population palestinienne. Le départ est cette fois prévu place Dauphine, à côté du centre commercial Rivétoile. L’appel de samedi est intitulé « stop au génocide » et accuse les gouvernements français, allemand, américain et anglais d’en être « complices ». Le collectif dénonce également les répressions qui frappent les manifestants et militants engagés en soutien aux Palestiniens en France et dans le monde.
Emmanuel Macron à Sélestat le 19 avril 2023.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89
Le tribunal correctionnel de Colmar a relaxé, mardi 7 mai, l’infirmière alsacienne qui avait fait des doigts d’honneur pendant une rencontre publique d’Emmanuel Macron à Sélestat le 19 avril 2023.
Selon Me Dole, lors de l’audience du 2 avril, « la juge a reconnu que le dossier était vide : il n’y avait rien qui permettait de caractériser que ma cliente a adressé les doigts d’honneur au président. Le doigt d’honneur n’était pas adressé au chef de l’État, qu’elle n’a même pas vu, mais à la politique de l’État. »
Lors de cette audience, le procureur de la République avait requis une amende de 300€ avec sursis et un stage de citoyenneté. Une peine acceptée en reconnaissance préalable de culpabilité par deux autres personnes accusées de gestes similaires lors de la visite du président de la République.
23 heures de garde à vue
L’infirmière, résidant à Schiltigheim, avait été placée en garde à vue à la suite de cet incident. Une « interpellation abusive » selon Me Dole :
« Dans toutes les manifestations revendicatives, il y a des interpellations injustifiées basées sur l’expression d’une opposition. Ces interpellations ne sont pas fondées sur des critères de droit pénal, mais sur des critères politiques. »
L’infirmière alsacienne, à l’étranger lors de la décision du tribunal, a « envie de passer à autre chose » selon son conseil. « La procédure a été longue, une période de souffrance pour ma cliente alors qu’elle ne s’est jamais sentie délinquante, » déclare Me Dole qui indique en outre que sa cliente pourrait « ne pas retourner manifester ».
Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.
Une conférence sur la situation en Palestine se tient au FEC mercredi 8 mai à 19h30 à Strasbourg.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Pierre Stambul, porte-parole de l’Union juive française pour la paix et essayiste, donne une conférence intitulée « Une voix juive contre le génocide » mercredi 8 mai à 19h30 au Foyer de l’étudiant catholique à Strasbourg.
La ville de Rafah, située dans la bande de Gaza, a été bombardée par l’armée israélienne ce lundi 6 mai, marquant une nouvelle évolution dans ce conflit meurtrier. Pour aborder la situation actuelle en Palestine, le porte-parole et coprésident de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Stambul, tient une conférence intitulée « Une voix juive contre le génocide ». Cette dernière aura lieu le mercredi 8 mai à 19h30 au Foyer des étudiants catholiques (FEC) à Strasbourg.
Professeur de mathématiques retraité, l’essayiste organise et anime de nombreuses conférences en France sur la situation en Palestine depuis 2006. « Cette rencontre doit permettre de porter la voix d’une partie des Juifs de France sur la situation en cours en Palestine », explique Perrine Olff-Rastegar, qui a participé à l’organisation de la soirée en tant que membre du Collectif Palestine 67 et de l’UJFP.
Dans un premier temps, Pierre Stambul doit revenir sur les derniers événements dans la bande de Gaza depuis l’attaque du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023. Il devrait ensuite évoquer avec le public des pistes de réponses possibles face à la situation en Israël et en Palestine.
Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.
Lundi 6 mai, une cinquantaine d’agents de la Haute école des arts du Rhin de Strasbourg se sont mis en grève, suspendant ainsi les examens d’entrée des futurs étudiants. Après plusieurs semaines de mobilisation, professeurs et étudiants semblent motivés pour lutter ensemble.
Dans une salle du rez-de-chaussée de la Haute école des arts du Rhin (HEAR), à Strasbourg, une vingtaine de personnes sont réunies face à un grand écran, lundi 6 mai 2024. À l’appel de la CGT, une cinquantaine d’enseignants et d’agents administratifs sont en grève le jour même. Certains sont à l’école pour organiser leur mobilisation, d’autres en visio-conférence.
Une grève historique
Au long des prises de parole, la situation semble grave et inédite. Pour la première fois, une mobilisation des enseignants empêche la tenue des examens d’entrée à l’école. « Je crois que c’est du jamais vu », souffle Thomas Voltzenlogel, représentant du personnel élu à la CGT.
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Une trentaine d’étudiants bloquent depuis le matin du lundi 6 mai l’accès à un bâtiment de l’Université de Strasbourg.
Lundi 6 mai, le bâtiment de l’Escarpe sur le campus de l’Esplanade de l’Université de Strasbourg est bloqué. Une trentaine d’étudiants empêchent d’y accéder pour demander un cessez-le-feu à Gaza. L’Escarpe abrite notamment le Centre universitaire d’enseignement du journalisme (Cuej). Après Sciences Po Strasbourg le 30 avril, c’est le deuxième blocage étudiant en soutien aux Palestiniens, bombardés par Israël depuis le 7 octobre 2023.
Contre le système médiatique
Angellina est étudiante en première année à l’école de journalisme. « Le blocage a été décidé de façon informelle, on a envoyé un message sur le groupe de la promo, on s’est réunis vendredi 3 mai et on a voté pour », résume-t-elle. Après l’occupation de l’École supérieure de journalisme de Lille les 2 et 3 mai, « il fallait que nous nous mobilisions aussi », pointe-t-elle.
Alors que le bâtiment est bloqué, Angellina explique profiter des échanges avec les étudiantes et étudiants pour les sensibiliser à la cause palestinienne :
« Nous devons réagir au traitement médiatique de ce génocide en général. On nous vante la neutralité journalistique à l’école alors qu’on constate très bien la différence de traitement entre les vies palestiniennes et israéliennes. »
Une trentaine d’étudiants empêchent l’accès au bâtiment.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc Les accès au bâtiment de L’Escarpe ont été bloquésPhoto : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc
Elle dénonce également l’absence de l’emploi du mot « génocide » dans les médias :
« La rhétorique qui lie une critique de la politique israélienne et l’antisémitisme est inadmissible. C’est injuste, les défenseurs de la cause palestinienne dans les médias sont systématiquement jugés en direct et soupçonnés, comme Rima Hassan qui utilise le terme « génocide ». Des journalistes ont même traduit le terme « soulèvement », qu’elle utilise, en arabe. Ça se dit « intifada » et les journalistes en ont tout de suite tiré des conclusions qui n’étaient pas pertinentes. »
En tant que future journaliste, l’étudiante explique ne pas vouloir faire « partie du système médiatique » qu’elle observe depuis le 7 octobre. « Je me sens mal à l’aise et n’ai pas envie de travailler de cette manière-là, le monde médiatique de demain ne peut pas être celui-là. » Elle pense à l’avenir :
« Dans quelques années, quand nous serons journalistes et que nous parlerons des évènements d’aujourd’hui, nous nous rendrons compte que nous aurons été du mauvais côté de l’histoire. Et on ajoute à cela la suspension de Guillaume Meurice de l’antenne de France Inter, qui est hallucinante pour la liberté de la presse. »
À 10 heures, la trentaine d’étudiantes et étudiants mobilisés se sont réunis en assemblée générale pour discuter de la suite de leur action.
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Les chapiteaux du Pelpass festival de nuitPhoto : Coco_Picsq / doc remis
Le Pelpass festival, dédié aux musiques actuelles émergentes, est programmé du jeudi 23 au dimanche 26 mai au Jardin des Deux-Rives. Plus de 50 groupes locaux, français et internationaux sont à découvrir, sélectionnés avec soin et en toute indépendance.
Créé en 2017 pour les dix ans de l’association éponyme, le Pelpass festival n’en finit pas de célébrer l’anniversaire de la fête autogérée et des soirées auto-organisées. Chaque année au mois de mai, l’équipe de Pelpass réunit une cinquantaine d’artistes des musiques actuelles, des talents en rap, electro, folk, rock ou pop qui se relaient sur les scènes de deux grands chapiteaux montés pour l’occasion dans un coin du Jardin des Deux-Rives.
Pour son édition 2024, le festival s’agrandit, afin de donner plus d’espace à la Militente, le troisième chapiteau ordinairement dévolu aux DJs et collectifs de musiques électroniques. Au fur et à mesure des années, il se déroulait devant la Militente une sorte de festival parallèle, aux allures de free party. Le nouvel aménagement devrait permettre aux teufeurs de s’abriter sous la toile.
Le nouveau plan d’occupation du Pelpass festival.
Les bars profiteront également d’un peu d’espace supplémentaire. Outre la traditionnelle sélection de bières, une sélection de vins sera également proposée, après une expérimentation jugée positive en 2023. La jauge maximale augmente aussi, passant de 3 000 personnes par soir à 3 500. En 2023, le Pelpass festival a accueilli 11 000 personnes, une belle mécanique rendue possible par l’engagement de plus de 400 bénévoles.
À découvrir jeudi
Toute la programmation du Pelpass festival est dédiée à la découverte, aussi il est plutôt naturel de parcourir la liste des groupes et de n’en reconnaître aucun. Pourtant, l’équipe de Pelpass parvient chaque année à faire venir des artistes qui cartonnent, soit dans leur genre, soit dans l’année qui suit.
Dès jeudi 23 mai par exemple, citons l’apparition de la délicate Lynn. Nouvelle porte-étendard de la soul à la française, elle a sorti un premier album en 2023 particulièrement remarqué pour sa sensualité, sa tendresse, sa douceur mais aussi sa modernité, intégrant des accents jazz et bossa-nova.
Dimanche soir de Lynn.
Dans la même soirée, on peut aussi remarquer la présence de Pépite, ce duo de chanson française electro, qui surfe sur la mélancolie des vacances et du temps long. Avec une voix claire qui pourrait rappeler celle de Christophe, sur des notes qui pourraient sortir des synthés de Polo & Pan, le mix fonctionne sur toutes les chansons de leur deuxième album, Les Années Lumières, qui s’écoute en voiture à condition de se diriger vers la mer.
L’été de Pépite.
D’autres artistes comme Patche (krautrock), Adult DVD (synth punk) et Frankie & The Witch Fingers (psych rock) vont donner une coloration plus rythmée à cette soirée.
Un vendredi pour s’agiter
Pour l’énergie, on pourra aussi faire confiance aux Suédois de Vex, qui proposent un combo de punk et d’electro très énervé. Débauche de rythmes, de voix suraigües et « headbanging » assuré sous le chapiteau.
Ha ha ha ha ha de Vex.
Toujours dans la même veine, la soirée accueillera les Vulves Assassines, groupe de femmes revendicatrices sur des thématiques sociales et féministes. C’est assez direct et ça permet de danser tout en levant le poing. Une étude préalable des paroles est recommandée.
La retraite, en reprise d’une manifestation de… 1995.
S’il reste un peu d’énergie, alors il faudra en dépenser les dernières gouttes devant Lynks, phénomène de la scène queer britannique. Une nouvelle pop star européenne que Pelpass avait prévu de programmer dès 2022 et qui a explosé entre temps… Lynks est présent au Pelpass cette année mais ce sera sa dernière « petite » scène. Sa prochaine date en France est début juillet aux Eurockéennes.
Everyone’s hot (and I’m not) de Lynks.
À picorer samedi
D’habitude, l’équipe de Pelpass se débrouille pour voir les groupes en concert au moins une fois avant de les programmer, ou au moins à ce que leur production phonographique soit particulièrement convaincante. Mais pour Louise XIV, Pelpass a fait une exception et a programmé ce groupe de pop strasbourgeois à l’aveugle, sur la foi du talent de Louise Wetterwald (ex-chanteuse de Zimmia), Tristan Lepagney (ex-chanteur des Colt Silvers), Grégoire Theveny et Océane Pastier. Ce sera donc leur quasi première date, pour une mise en orbite directe !
Le trio strasbourgeois de Louise XIV.Photo : Louise XIV / Facebook
Poursuite dans l’ambiance pop avec Clair, une révélation de la chanson française qui travaille avec Philippe Katerine et Juliette Armanet. C’est doux, c’est estival, c’est détendu, et ça s’apprécie au naturel, peut-être devant un feu de camp.
Saint-Gilles-Croix-de-Vie de Clair.
Autre pépite du samedi soir, décidément très pop, Dombrance, un magicien des claviers qui manie les boucles à l’infini pour produire des sons entrainants et enivrants, tout en restant légers. C’est moderne, c’est parfait, surtout en concert.
Live de Dombrance à la salle Wagram. Un « bar à mioches » est ouvert samedi de 16h30 à 18h30 et dimanche de 14h30 à 16h30.Photo : Coco_Picsq / doc remis
À savourer dimanche
Le Pelpass festival garde une place aux parents, et à leurs enfants, puisque les billets sont gratuits pour les moins de 12 ans. Entre 12 et 15 ans, des billets à demi-tarif (13€) sont proposés et c’est une nouveauté. Le festival garde ses jeux en bois, son bar à mioches samedi et dimanche, et fournit les équipements pour protéger les oreilles des plus jeunes.
Dimanche, un groupe de Strasbourg est au programme, Sousta Politiki. Le groupe de folk vient de sortir leur premier album, Ondamania, composé à partir de chants turcs et de rebetiko. Pas une once d’electro dans cette formation, tout se fait à la force des cordes, vocales ou tendues.
Gönlüm Sensiz Olmaz de Sousta Politiki.
A noter également ce dimanche, la rappeuse Brö dont le style très chanté permet de faire un lien entre une forme de chanson française contemporaine et le hip hop. Mais l’immanquable de ce dimanche, c’est Yin Yin. Pelpass essaie depuis six ans de programmer ce groupe electro-psycho-rock des Pays-Bas. L’association a dû s’associer à deux autres festivals français pour les faire venir, il faudra être à la hauteur sous le chapiteau et avoir les mollets chauds.
Bernard Glath, 84 ans, prêtre ouvrier et militant CGT.
Ouvrier du BTP, secrétaire-général de la CGT et prêtre, Bernard Glath a fait sienne la maxime d’Antoine Chevrier, « j’irai au milieu d’eux et vivrai leur vie ». Toute sa vie, il a vécu et milité au côté des plus humbles, les ouvriers et habitants du quartier des Écrivains.
Le rendez-vous est donné à la maison des syndicats, au troisième étage, dans le petit bureau de la CGT construction, bois et ameublement. À 84 ans, Bernard Glath assure toujours les permanences du mercredi. Il reçoit et conseille les salariés. « Je vois de plus en plus de personnes brisées par le harcèlement. Le monde du travail est devenu extrêmement violent, c’est la honte de notre société », constate le syndicaliste.
Aux murs du bureau, des affiches dénoncent les morts au travail, la faiblesse des salaires et l’exploitation des travailleurs. Pourtant, nous ne sommes pas venus parler des combats de la CGT, mais de la vie de Bernard et de son parcours de prêtre ouvrier. « Il doit en rester une dizaine toujours en activité. » Peut-être par crainte qu’on le prenne pour une relique d’un autre temps, il enchaîne : « Des prêtres tout court, il n’en reste plus beaucoup.Si seulement l’Église nous autorisait le mariage, on n’en serait pas là ! » Bernard Glath : prêtre, syndicaliste et iconoclaste.
Avoir vingt ans dans les Aurès
Bernard Glath est né à Strasbourg en 1939 dans une famille très croyante, « traditionnelle, mais pas traditionaliste ». Dans cet environnement où la religion est valorisée, à l’âge de 10 ans, il se dit que prêtre est un bon choix de carrière. « Je n’ai pas eu de révélation, mais les vicaires de la paroisse étaient simples et impliqués. J’ai eu envie de faire comme eux. » Adolescent, ses idées le situent à droite de l’échiquier politique.
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Thomas et David Schmidt de Bad JuicePhoto : Philippe Mazzoni / doc remis
Le duo strasbourgeois Bad Juice dévoile son troisième album, Amour Noir, mardi 14 mai à la Laiterie, en première partie d’Howlin’ Jaws. L’occasion de présenter ce groupe atypique dont l’univers s’est étoffé avec les années.
David, 50 ans, et Thomas Schmidt, 47 ans, sont avocat et dentiste à Strasbourg. Mais depuis plus de dix ans, ils ont une autre vie, sur scène et derrière des lunettes noires : ils forment la colonne vertébrale de Bad Juice, un groupe de garage rock qui dévoile mardi 14 mai à la Laiterie son troisième album : Amour noir.
Pour cet opus, David et Thomas Schmidt sont allés jusqu’à Berlin pour l’enregistrer, dans l’écrin du Candy Bomber Studio du Tempelhof, où ils ont pu bénéficier des conseils et de l’expertise de la chanteuse de rock Gemma Ray. Le résultat est un condensé d’impressions tirées d’œuvres de fiction tels que Dahlia Noir, City On Fire… Des univers sombres ou dystopiques, voire désespérés, soulignés par les guitares et les batteries très rock primal du duo. Avec les arrangements de Gemma Ray qui renforcent ce sentiment, l’ensemble est à la fois musicalement puissant et riche en émotions. Certaines compositions rappellent Joy Division ou The Doors.
Noirs nuages sur Amour Noir
Si cet album est si sombre, c’est aussi peut-être dû à sa naissance. L’attentat du 11 décembre 2018 est survenu lors d’une des premières sessions de travail sur cet album, contraignant les deux musiciens à rester bloqués au studio de la Laiterie jusqu’à trois heures du matin. « Les confinements liés au covid en 2020 et 2021 ont peut-être aussi teinté les textes, indique Thomas Schmidt, qui parlent de séparation, d’angoisse, de l’isolement, de pertes… »
David et Thomas Schmidt ont été rejoints pour cet album par le guitariste Nick Wernert, qui accompagne Thomas Schoeffler Jr, et par Zeynep Kaya, la chanteuse du groupe Hermetic Delight. Une consécration pour David et Thomas Schmidt qui, malgré leurs emplois du temps déjà bien chargés, s’astreignent à répéter chaque semaine pour atteindre ce niveau professionnel.
Vintage sans poussière
« On produit du guitare / batterie, indique David Schmidt. Gemma voulait un peu d’ouverture sur les arrangements, pour provoquer une ambiance particulière. » Bad Juice a aussi fait son chemin. D’un terreau blues à ses débuts, le groupe flirte avec le pop-rock sur certains des morceaux de ce quatrième album. David et Thomas se laissent un peu porter, tout en restant fidèles à une esthétique « fifties » : « On aime bien l’idée de jouer des trucs crades avec des looks de garçons bien élevés. »
Ce côté vintage, les deux Strasbourgeois le revendiquent complètement : « Ce sont des textes très écrits, et que nous produisons sur scène avec une débauche d’énergie, précise David. On joue sur scène comme si on avait 17 ans. Je ne sais pas trop pourquoi, mais on ne sait pas faire autrement et quand il y a de vieux rockeurs dans le public, ils adorent ça. » Malgré les difficultés du secteur, le duo a tenu à sortir ce troisième album en vinyl, dans le même esprit rétro.
Flora Giros, présidente de La Station LBGTQIA + Alsace, lors de la manifestation de visibilité lesbienne le 27 avril 2024.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg
Alors qu’un projet de loi veut interdire les transitions pour mineurs et qu’un livre transphobe vient d’être publié, La Station LGBTQ+ organise une manifestation pour les droits des personnes transgenres à Strasbourg le samedi 4 mai à 17h.
Pour la première fois à Strasbourg, le samedi 4 mai à 17h, une marche est organisée pour répondre à l’offensive réactionnaire contre les droits des personnes trans en France. Au niveau national, 800 personnalités et collectifs ont appelé à un mobilisation le 5 mai pour répondre aux « attaques contre les droits trans et reproductifs » :
« La question des droits reproductifs (avortement, contraception, PMA) et des droits liés à la transition sont indissociables puisqu’ils relèvent de la revendication historique de nos mouvements sur le droit à disposer librement de son corps : ils doivent être défendus de façon conjointe. »
Tribune publiée dans Politis, 29 avril 2024
À Strasbourg, la présidente de l’association La Station LGBTQIA+ Flora Giros est à l’initiative de cette mobilisation.
Rue89 Strasbourg : Quels sont les évènements qui ont déclenché cette manifestation ?
Flora Giros : Habituellement, les manifestations trans à Strasbourg prennent la forme de commémorations ou de rassemblements comme la journée de la mémoire trans, le 20 novembre. Cette fois-ci, la marche est une réponse contre une proposition de loi déposée par Les Républicains et le Rassemblement national, qui veulent interdire les transitions de genre chez les mineurs. Elle fait suite à un rapport qui préconisait d’interdire les transitions aux moins de 25 ans. Il y a aussi eu la publication d’un livre intitulé Transmania et écrit par Marguerite Stern et Dora Moutot (cette dernière est visée par une plainte pour « injure publique et incitation à la haine » suite à des propos tenus à l’encontre de la maire transgenre Marie Cau, sur le plateau de Quelle Époque, ndlr). L’affichage publicitaire de ce livre a été retiré de l’espace public à Paris.
« Le recul de nos droits aux USA a commencé par le même type de législation »
Flora Giros, présidente de l’association La Station LGBTQIA+
Cette proposition de loi et la sortie de ce livre dépeignent toutes deux une vision fantasmée de l’identité trans et tentent de faire pencher l’opinion publique dans cette direction. Pourtant, la transphobie est interdite par la loi (et punie jusqu’à cinq ans d’emprisonnement, ndlr).
Nous en avons marre de n’être jamais représentées dans les médias et les espaces de débat. Et nous avons peur que nos droits soient de plus en plus réduits comme ça a été le cas aux États-Unis. Là-bas désormais, il est interdit d’être trans dans certaines situations, pour travailler avec les enfants par exemple. Le recul de nos droits aux USA a commencé par le même type de législation que celle de la proposition de loi. C’est pour cela que nous voulons prendre la parole et l’espace public.
Cette proposition de loi consiste en un article unique, qui modifie le code de la santé publique et interdit pour les mineurs « tout traitement médical et hormonal de transition de genre ». Très concrètement, quelles seraient les conséquences de ce texte ?
Interdire les traitements médicaux et hormonaux signifie condamner les médecins qui le feraient malgré tout. Cette loi vise non seulement à réduire nos droits mais également à punir le corps médical qui voudrait aider un ou une mineure trans. C’est pour cela que nous encourageons les médecins à nous rejoindre dans la contestation de cette proposition de loi.
« Si cette loi passe, des enfants vont mourir »
Il faut savoir que les mineurs de moins de 16 ans peuvent uniquement prendre des bloqueurs de puberté, qui portent mal leur nom car si le mineur arrête le traitement, sa puberté reprend. Il faudrait les appeler des retardateurs de puberté. Avoir accès à ces médicaments diminue le risque de dépression et le risque de suicide des mineurs trans.
Entre 16 et 18 ans, seule une opération de transition est autorisée (la mammectomie ou ablation des seins) et des traitements hormonaux. Mais c’est très rare, en France seuls 300 mineurs ont recours à ces traitements, sur 300 000 enfants trans. Pas de quoi parler d’une « épidémie » de transition de genre…
Si cette loi passe, des enfants vont mourir. Dans ma génération, nous sommes beaucoup à avoir tardé à transitionner faute d’information et d’accès aux soins. Les enfants, si on leur enlève ce droit, seront moins bien dans leur identité et transitionneront plus tard, ce qui serait un retour en arrière.
La plupart des jeunes font uniquement une transition sociale, qui est aussi essentielle pour les enfants. C’est-à-dire qu’on les genre de la bonne façon et qu’on utilise leur prénom choisi, à l’école par exemple. Ce sont des choses qui participe au bien-être des personnes trans.
Enfin il est important de noter que les traitement hormonaux utilisés pour les transitions n’ont pas été inventés pour les personnes trans. Ils sont utilisés par exemple pour les enfants intersexe, sans leur consentement. C’est le comble que ces médicaments soient donnés de force à quelqu’un qui n’en veut peut-être pas et interdits à ceux qui en ont besoin.
On comprend qu’une partie du fantasme autour de l’identité trans est nourrie par l’absence des personnes concernées dans les espaces de débat.
On parle tout le temps de nous, mais sans nous. Ça a toujours été comme ça pour les minorités en général. Il y a 30 ou 40 ans, peu de gays et de lesbiennes étaient représentées. Il y eu une évolution et il y en aura encore mais ce n’est pas simple pour autant. D’autant plus que les personnes trans qui arrivent au pouvoir, en politique par exemple, auront tendance à être conservatrices pour compenser le fait qu’elles viennent d’une minorité.
« J’aimerais seulement qu’on puisse être entendues »
Dans la sphère médiatique nous sommes rarement invitées, même sur le service public, et je ne pense pas qu’on sera un jour représentées sur des chaînes comme Cnews qui sont pourtant très regardées. J’aimerais seulement qu’on puisse être entendues, répondre à tout ce qui est dit sur nous. Nous sommes les seules en mesure de dire ce que c’est, d’être trans, de le vivre.
Plus largement, les personnes trans devraient être invitées pas uniquement pour parler de leur identité mais même sur d’autres sujets. On peut aussi avoir un point de vue intéressant, comme n’importe qui.
Vous revendiquez également de nouveaux droits lors de la marche du 4 mai. Quels sont-ils ?
À Strasbourg, nous avons choisi de faire référence à la proposition de loi de Mélanie Vogel (sénatrice EE-LV des français de l’étranger, nblr), qui veut faciliter le changement de genre à l’état civil. Pour le moment, une personne qui veut changer de genre sur ses papiers doit passer par le tribunal. C’est une procédure particulièrement humiliante et lente, pendant laquelle on peut nous demander des preuves médicales de notre transition. Souvent, nous n’avons pas les moyens d’être accompagnées par un avocat. La sénatrice aimerait faire en sorte qu’on puisse changer de genre directement à la mairie, comme c’est le cas pour un prénom par exemple.
Le collectif Footeureuxses organise un match de football géant à 11 h place Kléber, dimanche 5 mai.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg
Le collectif Footeureuxses organise un match de football géant et des activités sportives à partir de 11h le dimanche 5 mai. Cette manifestation contre les Jeux olympiques Paris 2024 aura lieu place Kléber à Strasbourg.
L’équipe de football queer et militante des Footeureuxses organise un match de foot sur la place Kléber le dimanche 5 mai de 11h à 15h. L’événement s’inscrit dans la continuité de la manifestation du collectif Retour de Flamme à l’occasion du 1er-Mai (lire notre reportage). Au programme de la journée, d’autres activités sportives non compétitives : un chamboule-tout, du ping-pong et du limbo ou encore des courses de relais.
L’événement sert aussi de manifestation politique puisqu’il servira à exprimer une opposition aux Jeux olympiques de Paris. Dans un communiqué, le collectif dénonce les conditions d’organisation des JO 2024 et « les discriminations sexistes, transphobes et plus largement queerphobes » de la compétition. Les organisateurs et organisatrices critiquent aussi un « événement qui met en lumière la politique mortifère de l’Etat Français qui, pour briller au niveau international expulse, saccage et déloge une partie de la population de Paris » :
« Les Jeux olympiques de Paris ne sont pas une grande fête mais le symbole d’un monde qui pour une course de 800 mètres est prêt à dépenser des millions, exploiter des travailleur·euses sur les chantiers et détruire encore plus l’environnement. »
Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.