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Sous la pression des opposants, le village SNU déplacé à Haguenau : « Personne n’a besoin du SNU pour s’engager »

Sous la pression des opposants, le village SNU déplacé à Haguenau : « Personne n’a besoin du SNU pour s’engager »

Ce n’est finalement pas à Strasbourg comme annoncé par la communication du gouvernement que s’est tenu le 16e village du Service national universel, samedi 13 mai. C’est à Haguenau, 20 kilomètres au nord de la capitale alsacienne, que la caravane s’est arrêtée, poursuivie par ses opposants.

Samedi 13 mai dès 9h, place Dauphine à Strasbourg, une centaine de militants attendent l’arrivée du village du Service national universel (SNU). Deux heures et demi plus tard, l’info tombe : il a été déplacé à Haguenau. Depuis plusieurs jours, 27 collectifs et syndicats appellent à boycotter la tenue de l’évènement sur les réseaux sociaux.

En cause, la volonté du gouvernement de rendre ce « parcours de citoyenneté » obligatoire pour les jeunes entre 15 et 17 ans, comme expliqué dans un rapport du Sénat daté du 8 mars et repéré par Politis. À la frontière des ministères et la jeunesse et des armées, le SNU veut créer de « l’engagement » chez les jeunes et promeut des valeurs de « cohésion », « d’intérêt général » et de vie en collectivité.

Un symbole de la politique d’Emmanuel Macron

Expérimenté depuis 2019 et présent dans le Bas-Rhin depuis 2020, le SNU ne rencontre pas auprès des jeunes le succès escompté. Un avis du Sénat pointe le « manque d’attractivité » du dispositif lorsque celui-ci voit ses crédits augmentés de 30 millions d’euros cette année (pour un total de plus de 140 millions d’euros dans le projet de loi de finances de 2023).

Du 22 mars au 10 juin, la campagne de communication autour du dispositif a donc pour but d’augmenter le nombre de volontaires. À plusieurs reprises lors de la tournée, les opposants à la réforme des retraites et au SNU obligatoire ont manifesté devant les villages, devenus symboles de toute la politique gouvernementale.

En attendant l’arrivée du village SNU place Dauphine à Strasbourg, les manifestants exposent leurs plus belles pancartes. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Samedi 13 mai pourtant, difficile de savoir où se déroule le fameux atelier découverte. À 9h, pas de village SNU à l’horizon. Fanchon et Lucas sont assis place Dauphine au milieu des opposants. Interrogée sur sa présence, Fauchon dénonce « l’embriguadement » que représente le SNU :

« Sous couvert de mixité sociale, le SNU veut formater les jeunes sous des valeurs qu’ils n’ont pas choisi. L’engagement, par définition, il faut que ça reste un choix. On ne peut pas obliger quelqu’un a être volontaire. »

À plusieurs reprises, la mixité sociale a été mise en avant par le gouvernemnt pour justifier le SNU. Pourtant, les rapports de 2021 et 2022 élaborés par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (Injep) pointent un manque de mixité sociale dans les séjours organisés.

Aux côtés de Fanchon, Lucas, employé de l’éducation nationale dans un établissement REP+ de la Meinau, abonde :

« La mixité sociale n’existe pas dans les écoles. Ce n’est pas en deux semaines que les jeunes vont l’apprendre et que ça va changer toute la société. S’engager, c’est plus facile dans certains milieux sociaux donc c’est à l’école de donner les moyens aux élèves pour s’engager et comprendre les grands enjeux de société. »

SNU manif
Fauchon et Lucas regrettent que la mixité sociale serve d’argument au gouvernement pour tenter d’imposer un SNU obligatoire. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Un peu plus loin devant le centre commercial Rivétoile, Charles est moins catégorique. Car le SNU, il ne sait pas exactement à quoi ça correspond. Il est venu en tant que militant et parce qu’il fait partie du mouvement social contre la réforme des retraites depuis le début :

« Personne n’a besoin du SNU pour s’engager. Comment un pays condamné à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme pour son inaction climatique ou son traitement des détenus peut-il prétendre donner des leçons d’écologie et de citoyenneté ? La jeunesse est déjà engagée, peut-être pas selon les termes institutionnels ou militants habituels. C’est juste que le gouvernement ne comprend pas notre engagement. »

À l’époque où le SNU a été expérimenté, Charles a hésité avant de choisir de s’engager, dans des associations écologistes.

« C’était très déshumanisant »

Philémon fait aussi partie des manifestants. Du haut de son mètre 90, l’étudiant a été volontaire au SNU en 2019. Militant des Jeunes écologistes d’Alsace, il en garde un souvenir dérangeant :

« On m’a dit que s’abstenir de voter revenait à voter blanc. Déjà là, j’ai tiqué. Puis on avait tous des numéros. Moi, j’étais le numéro neuf de la maisonnée onze, village deux. C’était très déshumanisant, j’ai eu l’impression qu’on voulait effacer ma personnalité pour créer une unité commune, ce que symbolise déjà un peu l’uniforme. Il y avait aussi cette idée de fierté d’être français, en soi pourquoi pas. Mais là, c’était vraiment du genre c’est mieux d’être français qu’autre chose. »

L’étudiant est aussi membre des éclaireurs (les scouts laïques). Une organisation également hiérarchisée, basée sur la vie en communauté et des valeurs de partage. « Mais là-bas, je n’ai pas l’impression qu’on cherche à me faire oublier qui je suis », poursuit-il.

Philémon et Élodie, jeunes écologistes d’Alsace, sont tous deux contre l’obligation du SNU. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

À 10h30, toujours aucune trace du village SNU à Strasbourg. Les prises de parole s’enchaînent au micro et se félicitent d’avoir fait reculer le gouvernement sur sa campagne de communication. Élisa fait partie des opposants qui dénoncent la militarisation de la jeunesse. À 36 ans, l’enseignante stagiaire à Wissembourg est catégorique :

« Le SNU s’il devient obligatoire concerne 800 000 jeunes pour la rentrée 2024. Je pense qu’il serait plus utile de mettre de l’argent dans l’éducation nationale et de laisser les professeurs qui sont formés enseigner la citoyenneté, comme c’est déjà prévu. »

Une militarisation de la jeunesse ?

Depuis son expérimentation, le SNU est dénoncé par ses opposants comme un moyen d’enrôler la jeunesse ou comme un service militaire déguisé. En septembre 2022, Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du SNU expliquait tout de même à des parlementaires, à propos du SNU, que la France a besoin de « doubler sa réserve » et qu’il est nécessaire de donner aux jeunes le « goût de l’engagement ».

En juillet 2022, Rue89 Strasbourg révélait qu’une punition collective a été utilisée lors d’un séjour SNU à Strasbourg. Depuis, les dysfonctionnements remontent : harcèlement sexiste et sexuel, racisme, retard de paiement des aminateurs et animatrices, hospitalisations de participants

Un déplacement de dernière minute

Petit à petit, le message circule place Dauphine. Le village SNU aurait été monté à Haguenau dans la matinée. Après quelques applaudissements et une organisation pour faire du covoiturage, les militants se dispersent petit à petit tandis qu’une cinquantaine de personnes prennent la route vers midi.

À Haguenau, le village SNU est déployé face à la médiathèque de la Vieille-Île et gardé par moins d’une dizaine de policiers nationaux. Deux tentes bleues entourent le camion SNU. « Nous avons décidé ce matin de nous installer ici », précise Christel Lafon, chargée de communication du secrétariat d’Etat à la Jeunesse. Un changement de dernière minute qu’elle explique par l’annonce d’une manifestation à Strasbourg et le nombre d’événements déjà prévus ce jour là dans la capitale alsacienne.

Un village du SNU finalement plus tranquillement installé à Haguenau Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Heureusement pour ses partisans, la camionnette du SNU est « très mobile » et changer de destination au dernier moment n’a pas été un problème. « Ce samedi, on compte sur la médiathèque pout toucher les publics concernés, les gens viennent nous voir si ça les intéresse », poursuit Christel Lafon. Entre 12h30 et 15h, moins d’une dizaine de personnes sont entrées dans le village SNU.

Dans le village, deux volontaires ont fait le déplacement depuis Strasbourg, Antoine et Yanis (retrouver son témoignage complet). Ils ont été alpagués par les opposants le matin même. “C’était un peu impressionnant”, admet Antoine qui voulait discuter avec eux.

Depuis le village SNU, Yanis (à gauche) et Antoine (à droite) regardent les opposants arriver. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Pour la deuxième partie de son engagement, il a aidé la banque alimentaire d’Illkirch-Graffenstaden. Le jeune homme aux yeux doux semble ne pas comprendre l’opposition que suscite le SNU. « On est dans une société de plus en plus individualiste, bien sûr que ça motive d’organiser des séjours pour les 15-17 ans, c’est super », estime-t-il.

Des stands de questions et de sport

Les stands déployés invitent à répondre à des questions sur l’histoire, l’environnement et la citoyenneté par exemple, « les thématiques abordées dans le SNU », poursuit Christelle Lafon. Sur des panneaux dans le fond, le parcours d’engagement est détaillé, à côté d’une activité sportive organisée autour de plots de couleur et d’une petite cage de foot.

Sur place, impossible de parler aux animateurs et animatrices. Ils ont été « recrutés localement » mais n’ont « aucun rapport avec le SNU ». Certains opposants tentent de rentrer dans le village, entouré de grilles. « Je me suis fait refoulé car je suis trop vieux », râle l’un d’eux, âgé de 32 ans.

Capucine, 14 ans, tente elle aussi sa chance. Après plusieurs minutes à discuter avec les animatrices, elle s’avoue déçue:

« Je voulais qu’on me donne des tracts et qu’on m’explique ce que c’est, le SNU. Mais je n’ai rien compris. C’est vrai que j’ai déjà mon avis sur le sujet mais j’étais ouverte à ce qu’on me contredise. Les animatrices de l’accueil ne l’ont jamais fait donc elles ne pouvaient rien me dire. »

Capucine, 14 ans, aurait bien aimé pouvoir se confronter à des responsables du SNU pour trouver des réponses à ses interrogations. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Pendant ce temps, un chamboule-tout à l’effigie de figures politiques locales et nationales est mis en place. À son centre, une conserve étiquetée « SNU ». Sur une enceinte des slogans sont scandés et des chansons diffusées. Seuls quelques mètres séparent le village SNU et la cinquantaine de militants qui échangent avec les policiers et les organisateurs de l’évènements.

Pendant de longues minutes, les manifestants jouent au chamboule-tout devant les agents de la police nationale, qui tentent de deviner au fur et à mesure les portraits dessinés. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Peu de curieux au village de Haguenau

Des photos sont prises de part et d’autre, quelques sourires esquissés lorsque les boites de conserves tombent au sol. De l’autre côté de la route, le festival « L’humour des notes » est inauguré par le maire. « C’est vraiment une bonne programmation cette année », glisse l’officier de police en charge de la sécurité du village SNU, avant de préciser qu’il aurait aimé ne pas travailler l’après-midi même.

Vers 15h, les opposants remballent leur sacs et laissent derrière eux une pelouse vide et un village SNU très protégé, pour une heure encore.

Pour désengorger Sophie Germain, la Collectivité d’Alsace a identifié deux potentiels sites pour un futur collège

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En charge de la construction, l’entretien et l’équipement des collèges, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) revient sur la situation de Sophie Germain à Cronenbourg. Interview de Philippe Meyer, conseiller (LR) de la CeA en charge de l’Éducation et de la Jeunesse.

La Collectivité d’Alsace n’avait pas pu répondre dans les temps impartis pour notre enquête publiée mardi 9 mai, au sujet des

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De passage dans le Bas-Rhin, le Service national universel réveille les traumas du service militaire

De passage dans le Bas-Rhin, le Service national universel réveille les traumas du service militaire

Adolescents au garde à vous, drapeau tricolore, uniformes… Depuis sa mise en place en 2019, l’imagerie du Service national universel (SNU) se déploie dans les médias et sur les réseaux sociaux. Malgré l’activisme gouvernemental pour promouvoir le dispositif, les effectifs plafonnent et son caractère politique empêche un déploiement consensuel.

Un tract décoré avec les logos de syndicats, d’organisations politiques, de collectifs écologistes, citoyens ou féministes… appelle à s’opposer au village du Service national universel (SNU), qui doit s’installer près du centre commercial Rivétoile à Strasbourg ce samedi (Il a finalement été déplacé à Haguenau, voir notre article).

Lancé en 2019, le Service national universel est un dispositif proposé à des jeunes volontaires de 15 à 17 ans pour « renforcer l’unité nationale ». Au cœur de ce dernier : un séjour de cohésion de deux semaines où les adolescents sont encadrés par des animateurs et des militaires. L’accent y est mis sur des réalisation en équipe, dans un cadre de vie strict et sous les rites républicains : la Marseillaise et levée des couleurs nationales chaque matin, uniformes pendant les temps collectifs, etc. Pour ses opposants, c’est le retour d’un service militaire qui ne dirait pas son nom. Une crainte étayée par la révélation par l’hebdomadaire Politis de documents faisant état de la volonté gouvernementale de rendre ce service obligatoire pour tous les jeunes de 16 ans d’ici 2026.

Une cristallisation des colères

Si la mise en place d’un SNU obligatoire a été repoussée par le président de la République, Emmanuel Macron, l’opposition politique n’est pas retombée. Syndicalistes et militants de gauche comptent bien perturber la caravane du SNU prévue ce samedi à Strasbourg.

Simon Levan, président de l’Alternative étudiante Strasbourg (AES), est direct :

« Le SNU est une volonté de dressage de la jeunesse. C’est un projet nationaliste. Marcher au pas, se mettre en rang, être en uniforme, c’est rentrer dans une socialisation militaire. Même si c’est fait de façon ludique, c’est une première étape vers une militarisation de la pensée. »

Le 4 mai 2023, les Jeunes écologistes d’Alsace et La Voix lycéenne organisaient une table ronde sur le Service national universel. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Destinée à assurer la promotion du dispositif auprès des jeunes et du grand public, la caravane itinérante du SNU a dû être annulée dans plusieurs villes sous la pression des manifestants. En Alsace, un appel à rassemblement à proximité a été lancé par plus d’une vingtaine d’organisations. « On est à l’initiative de la réunion par rapport à la venue de la caravane du SNU et on a eu beaucoup de réponses d’organisations très variées, déclare Maxime Salvi », co-secrétaire de Sud éducation Alsace. Pour ce professeur de Sciences-économiques et sociales, l’objectif est de faire annuler l’événement ou a minima perturber son déroulement.

Opposer les jeunesses

« Pour le gouvernement, il y a deux jeunesses : la mauvaise qui était dans la rue contre la réforme des retraites et la bonne qui va dans le SNU », déclare Simon Levan. Enja Boutin, des Jeunes écologistes d’Alsace, reproche au gouvernement de nier les formes d’engagements déjà présentes dans la jeunesse :

« Je suis engagée, on a plein de jeunes qui sont engagés aujourd’hui et ce n’est pas du tout reconnu. L’engagement, ça doit être quelque chose de personnel. »

À l’évocation des missions du SNU, le ton monte chez Sud éducation Alsace. Pour le syndicat d’enseignants, renforcer les valeurs républicaines et le vivre-ensemble est déjà une des missions de l’Éducation nationale comme le détaille son co-secrétaire Pierre Flanet :

« Il y a des fonds de l’Éducation nationale affectés au SNU qui pourraient être affectés à d’autres choses, notamment des recrutements d’enseignants. Ce serait bien plus utile pour les jeunes. »

Des ratés en série et des polémiques

En 2019, Gabriel Attal déclarait aux Échos qu’il espérait trouver 150 000 volontaires pour participer au SNU en 2021. Même si la crise sanitaire est passée par là, le SNU compte à peine 32 000 inscrits en 2022. Pire, les sessions ont été émaillées d’incidents, comme à Strasbourg le 5 juillet 2022, où des adolescents ont été contraints de faire de pompes en pleine nuit lors une punition collective.

Si la nature très politique du dispositif focalise l’attention de la presse sur les ratés, il n’en reste pas moins que le fonctionnement du SNU pose question. Plusieurs animateurs contactés par Rue89 Strasbourg témoignent de rapports conflictuels avec les militaires en retraite encadrant les séjours :

« Des militaires avec qui j’ai dû travailler ne savaient pas encadrer des jeunes. On se faisait remettre en place et engueuler devant les enfants, alors qu’une règle de base est de ne pas avoir de conflit ouvert devant eux. Il y a eu beaucoup de blessures dans les séjours. Lors de mon premier SNU, j’ai dû appeler une quinzaine de fois le Samu en trois jours. »

Image extraite d’une vidéo montrant la punition collective des jeunes volontaires du SNU à Strasbourg le 5 juillet 2022.

Suite à ces mauvaises expériences, cette animatrice a arrêté les séjours SNU en 2022. Un autre animateur a une vision plus optimiste :

« J’ai le sentiment que le système ne recrute plus uniquement des vieux militaires pour les postes d’encadrement. Les séjours se rapprochent plus d’une colonie que du service militaire. Certes, il y a les rites républicains, mais ce n’est pas l’essentiel. »

Pour la majorité des animateurs rencontrés par Rue89 Strasbourg, les jeunes accueillis trouvent leur compte dans le SNU, à condition qu’il reste accessible sur volontariat.

Yanis, Alyssa et Louis : paroles de jeunes qui ont apprécié leur Service national universel

Yanis, Alyssa et Louis : paroles de jeunes qui ont apprécié leur Service national universel

Dans le cadre d’une tournée qui vise à faire connaître le Service national universel, un « Village SNU » s’installe samedi 13 mai à Strasbourg. Témoignages de jeunes volontaires qui ont apprécié leur séjour SNU, et aimé que l’on s’occupe d’eux pendant quelques jours.

Alors qu’un Village du Service national universel (SNU) doit s’installer à Strasbourg, une mobilisation politique critique la « militarisation d’une société » et un « embrigadement de la jeunesse » (voir notre article). Plus d’une vingtaine d’associations strasbourgeoises appellent au boycott de ce village. Rue89 Strasbourg a décidé de donner la parole à des jeunes qui ont apprécié leur expérience de Service national universel. Volontaires, leurs propos révèlent en creux les manques de l’accompagnement social et éducatif institutionnel pour une partie de la jeunesse française.

Yanis, 18 ans : « Quand je passais devant les drapeaux français, je m’en fichais, maintenant je suis ému »

« J’ai fait mon SNU en juin 2021, dans les Vosges, à Xonrupt. À l’époque, j’avais de gros problèmes de vue, et j’avais une canne blanche pour me déplacer. J’étais atteint de dégénérescence rétinienne. Donc j’avais peur d’y aller mais j’avais vu une vidéo de Sarah El Haïry (la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service National, NDLR), et ça m’avait donné envie de découvrir le SNU. Je me demandais comment les gens allaient être avec moi. Et bien dès le premier soir, j’avais l’impression qu’on était comme une petite famille. Tout le monde parlait à tout le monde, c’était vraiment génial.

J’ai beaucoup aimé le côté militaire, avec notamment le lever du drapeau et l’hymne national qu’on chantait tous les matins. Avant, pour moi, le drapeau tricolore et l’hymne, c’étaient des choses que je voyais uniquement au Stade de France, alors que maintenant, quand je passe devant un drapeau qui flotte dans les airs, je suis ému. Il y a des personnes qui sont mortes pour ça et c’est leur rendre hommage que de le respecter. Il faut en être fier.

Yanis, 18 ans. Son séjour SNU en 2021 l’a beaucoup marqué, désormais il encadre des séjours à son tour et souhaite travailler dans l’engagement de la jeunesse. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Je n’aime pas quand les gens disent que le SNU militarise la jeunesse, c’est faux. Oui, ça nous apprend les métiers de l’armée mais on ne nous fait rien signer, on nous laisse notre libre arbitre et après si on veut s’engager, c’est notre choix. Moi, j’ai décidé après de faire une préparation militaire marine que j’ai beaucoup aimée. Malheureusement à cause de mes problèmes de vue, je ne peux pas continuer dans l’armée. Mais grâce au SNU, je sais que je veux travailler dans l’engagement citoyen. J’encadre même des séjours SNU moi-même depuis cette année.

Je trouve qu’il ne faut pas être trop négatif sur l’armée. C’est bien qu’il y ait des jeunes qui s’engagent. Moi je vis en foyer, et je n’ai pas eu la chance d’avoir une famille. J’ai plein d’amis comme moi, qui ont fait l’armée et ils y ont trouvé la famille qu’ils n’avaient pas eue avant. Le SNU peut permettre à des jeunes qui sont perdus, comme moi, de trouver une voie qui les intéresse. »

Alyssa, 15 ans : « Depuis que je suis revenue du SNU, j’ai changé »

« Je viens de faire mon séjour SNU en avril, à Obernai. Des intervenants étaient venus dans mon lycée professionnel à Manosque pour expliquer que c’était un séjour de cohésion, qu’on y faisait des rencontres et des activités. Le fait qu’on puisse y passer le code de la route gratuitement, c’était aussi un avantage pour moi. On nous a parlé de la défense des valeurs de la France, mais ce n’est pas forcément ça qui m’a donné envie d’y aller au début.

Une fois à Obernai, j’ai suivi des modules où j’ai appris plein de choses, j’ai pu rencontrer des gendarmes, des militaires, des pompiers. J’aimais bien aussi le fait qu’on soit tous en uniforme, tous égaux. C’est ça qui fait qu’on s’entend bien je pense, il n’y a pas de remarque sur untel qui est habillé en telle marque, ou de tel autre qui est mal habillé. Et puis le fait qu’on nous prenne nos téléphones, ça change les choses aussi. On était tous attentifs pendant les modules, on n’avait pas de distraction. On est déconnectés et on est juste entre nous. En fait le téléphone ça rend mou ! Là, j’ai beaucoup plus parlé avec les gens et j’ai appris des choses sur l’histoire de France ! Depuis que je suis rentrée, j’ai changé. Mon comportement s’est amélioré. J’ai des supers notes en cours, j’écoute, je trouve que c’est hyper important, alors qu’avant je m’en fichais un peu.

Alyssa, 15 ans, rêve de devenir parachutiste-maître chien depuis son séjour SNU. (Document remis).

La plupart des jeunes qui font le SNU veulent être militaires. On a appris à se défendre, j’ai fait des modules de self-défense, c’était super. L’armée ça me donne envie, oui. Avant le SNU, j’y pensais, mais sans plus, je ne connaissais pas les métiers qui existaient. Depuis le séjour SNU, j’ai découvert le métier de parachutiste-maître chien et ça me donne vraiment envie. J’aime tout ce qui est extrême et j’aime beaucoup les animaux aussi. J’ai envie de me battre pour mon pays, pour qu’on soit bien en France, qu’il n’y ait pas d’injustices. Mes parents ne veulent pas trop, pour l’instant je suis en lycée pro « métiers de la vente », pour devenir agente immobilière. »

Louis, 15 ans : « Le SNU c’est un mix entre une colonie de vacances, l’armée et l’école. »

« J’ai également fait mon séjour SNU à Obernai en avril. Ce qui m’a le plus plu, c’est la cohésion. On vit pendant 12 jours et 12 nuits, tous ensemble, à faire des activités. Ça crée des liens forts et très rapides. D’ailleurs la séparation à la fin a été compliquée pour tout mon groupe. Tout le monde était triste de se quitter.

On a fait beaucoup de visites intéressantes. On a été au Struthof (mémorial et ancien camp de concentration), on a fait la visite de Strasbourg : le quartier des institutions européennes et une visite de la ville avec Batorama. C’était très chouette.

Louis, 15 ans, trouve que « le SNU n’est pas si militaire que ça ». (Document remis).

Je viens d’une famille de militaires. Mon père a eu une carrière chez les pompiers de Paris, ma mère est pompier volontaire, j’ai un oncle et une tante militaires. Je sais que je veux aussi en faire mon métier. Pour le coup, je trouve que le SNU ce n’est pas si militaire que ça. En fait, c’est un mix entre une colonie de vacances, un cadre militaire et l’école parce qu’on y reçoit aussi une certaine éducation. Oui, il y a le côté militaire avec la hiérarchie, le respect, le lever de drapeau mais c’est tout. Moi, c’est ce que je recherche, donc forcément ça m’a plu, mais je sais que certains ont moins apprécié.

Grâce à ce séjour SNU, je sais où je veux faire ma Mission d’intérêt général (MIG, second volet du SNU, après le séjour de 12 jours, il s’agit de 84 heures offertes à une structure au choix du jeune, NDLR). Je voudrais soit faire ça avec les sapeurs-sauveteurs de la Sécurité civile, soit en tant que commando marine (forces spéciales de la Marine nationale, NDLR). Trouver une MIG dans l’armée, c’est mon objectif. En gros, ce sera 84 heures où je ferai du tir, du sport, mais j’aurais aussi des cours de droit, de citoyenneté, tout ça avec le côté militaire, la hiérarchie, le respect. »

Une cinquantaine d’infirmiers libéraux manifestent pour « la survie de leur profession »

Une cinquantaine d’infirmiers libéraux manifestent pour « la survie de leur profession »

Une cinquantaine d’infirmières et d’infirmiers libéraux ont défilé vendredi à Strasbourg pour demander une revalorisation de leur métier et dénoncer une disposition légale qui les remplacerait par des prestataires privés. 

« Qui n’a pas été augmenté depuis 2009 ? Qui se déplace pour 2,5€ ? Qui travaille 365 jours ? », « Nous ! », répondent les infirmiers libéraux. Voilà les slogans scandés lors de la manifestation de vendredi 12 mai à Strasbourg par ces professionnels de santé. Dans un tumulte de sifflets, de sons de cloches et de musique, les manifestants ont démarré leur marche place de la République vers 13h30 pour atteindre la Caisse primaire d’assurance maladie. 

Revalorisation des actes

Parmi leurs revendications, une revalorisation de leurs rémunérations. « Cela fait des années que l’État n’a pas augmenté nos tarifications », dénonce une infirmière libérale présente dans le cortège mais qui préfère rester anonyme. La dernière hausse de l’IFD (Indemnité forfaitaire de déplacement) date de fin 2011 où elle était passée de 2,30€ à 2,50€. Un tarif qui reste inférieur à celui d’autres professionnels de santé. « C’est cinq euros pour les kinés et dix pour les médecins. Nous, ce qu’on réclame c’est cinq euros », rappelle l’infirmière. L’ID (Indemnité kilométrique), elle, n’a pas augmenté depuis 2009.

Pour les infirmiers libéraux, les tarifs actuels et des réformes en cours peuvent mettre fin à leur profession. Photo : Clara Sapienza / Rue89 Strasbourg / cc

Or, avec l’inflation, « pour avoir le même salaire qu’il y a dix ans, je suis obligé de travailler cinq jours de plus par mois », explique Luc Keller, infirmier libéral depuis 17 ans et représentant du collectif « Infirmiers libéraux en colère » pour le département du Bas-Rhin, à l’initiative de ce rassemblement. Luc Keller indique que le collectif organise « d’autres actions », présentées comme « silencieuses » :

« On a beaucoup de rencontres et de réunions avec des élus. Mais le dialogue est totalement fermé avec le ministère de la Santé. » 

Luc Keller, infirmier libéral et représentant du collectif « Infirmiers libéraux en colère ». Photo : Clara Sapienza / Rue89 Strasbourg / cc

Pour Noël Soldati, infirmier libéral de 61 ans toujours en exercice, certains de ses collègues délaissent le « nursing » (ensemble des soins d’hygiène et de confort) pour se concentrer sur des actes techniques plus rémunérateurs car mieux cotés. « La santé commence d’abord par l’hygiène », souligne-t-il. 

« Une profession à bout de souffle »

Collée au dos d’une manifestante, le portrait de la Joconde, sur lequel on peut lire « Pour que notre métier ne finisse pas dans un musée ». Car selon Luc Keller, c’est l’existence même du métier qui est en péril :

« Notre profession est à bout de souffle. Le but du jeu est de nous faire disparaître et de tout filer à des organismes de santé privés. »

Ces organismes, Francine Valance, sage-femme, et sa fille Bérangère, infirmière libérale depuis 16 ans, les dénoncent aussi. « C’est par exemple HAD (Hospitalisation à domicile) qui pour l’instant fait de la sous-traitance » mais selon elles, le risque est qu’ils prennent bientôt une place du marché. En cause : une proposition de loi sur les prestataires de santé à domicile qui les autoriserait à réaliser les actes aujourd’hui pratiqués uniquement par des infirmiers diplômés. « Dans quel but le gouvernement fait ça ? À qui profite le crime ? », s’interroge Francine.

Bérangère, infirmière libérale, et sa mère Francine, sage-femme, sont venues revendiquer la revalorisation du métier. Photo : Clara Sapienza / Rue89 Strasbourg / cc

Le glissement des tâches (le fait qu’un aide-soignant ou un infirmier travaille en dehors de son cadre de compétences défini par la loi) est également critiqué par ces professionnels, surtout lorsqu’il est « à sens unique » comme l’explique Luc Keller, c’est à dire des actes pensés pour les infirmiers mais réalisés par des auxiliaires de vie par exemple, alors que les médecins ne délèguent pas d’acte aux infirmiers. 

Devant la CPAM, les manifestants ont procédé à un « die in ». Photo : Clara Sapienza / Rue89 Strasbourg / cc

Arrivés devant la CPAM, des manifestants se sont allongés au sol et ont déposé un cercueil devant les portes de l’établissement. 

L’autorisation du chantier du contournement de Châtenois est annulée par la justice

L’autorisation du chantier du contournement de Châtenois est annulée par la justice

La décision du tribunal administratif est tombée vendredi 12 mai. Attaquée par l’association Alsace Nature, l’autorisation environnementale pour réaliser la déviation de Châtenois a été définitivement annulée, sans possibilité de régularisation, car plusieurs conditions majeures du code de l’environnement ne sont pas respectées.

La Collectivité européenne d’Alsace (CeA) et la préfecture du Bas-Rhin souhaitent construire une route deux fois deux voies, d’une longueur de 5,08 kilomètres pour contourner Châtenois. Les travaux ont débuté en 2019, et devaient s’achever dans quelques mois. Le projet, d’un montant de 60 millions d’euros, est financé par la CeA, la Région Grand Est et l’État.

Mais l’association Alsace Nature a saisi le tribunal administratif pour obtenir l’annulation de l’autorisation environnementale, une pièce essentielle pour autoriser les travaux, et vient d’obtenir gain de cause, selon un communiqué publié vendredi 12 mai.

Le tribunal administratif, après une audience le 6 avril, a estimé que l’intérêt public majeur de ce contournement n’est pas suffisamment justifié. Comme 29 espèces protégées (des mammifères, des oiseaux, des reptiles, un amphibien, des insectes et une espèce végétale) ont été recensées sur les terrains impactés par la construction, le code de l’environnement impose, « pour autoriser, à titre dérogatoire, à porter atteinte à ces espèces et à leurs habitats, que la réalisation du projet soit justifiée par une « raison impérative d’intérêt public majeur ».

Des arguments insuffisants

Or les justifications fournies par le préfet du Bas-Rhin n’étaient pas suffisantes. L’État a utilisé deux arguments : le caractère accidentogène de l’actuelle traversée de Chatenois, et la nécessité d’améliorer la qualité de l’air. Il a donc transmis des relevés du nombre d’accidents survenus sur cette route entre 1996 et 2018, « dont il ressort qu’en moyenne, un accident par an s’y est produit. Du fait de ces accidents, 32 personnes ont été blessées et six sont décédées durant les 22 années considérées. Aucune donnée n’a été produite sur la nature et la localisation de ces accidents », selon le tribunal administratif.

Pour ce qui est de la pollution de l’air, « le dossier a seulement permis de démontrer une diminution, du fait de la réalisation de la déviation, du niveau d’exposition de 7 à 8% de la population résidant dans la zone d’étude au dioxyde d’azote et à des particules fines de diamètre inférieur à 10 micromètres ».

Une pollution supplémentaire pour certaines substances

Le tribunal ajoute que « pour plus de 90 % des habitants de la zone, le niveau d’exposition à ces substances demeure inchangé à l’horizon 2030, avec ou sans construction de la déviation ». Pour les autres substances étudiées, « il n’est pas justifié, par les données produites, d’une amélioration des niveaux d’exposition conditionnée par la mise en service de la déviation ». Au contraire, « il ressort de l’étude produite que le projet de déviation est à l’origine d’une pollution supplémentaire par dix substances, par rapport au scénario en 2030 sans ouvrage, due à l’augmentation attendue du trafic et des vitesses de circulation ».

Le tribunal conclut que « les irrégularités relevées sur ces deux points majeurs entrainaient l’illégalité de l’ensemble de l’autorisation, ce qui n’a pas permis d’ordonner des mesures de régularisation. Il a donc annulé cette autorisation environnementale ».

Dans un communiqué publié le 12 mai, Alsace Nature se réjouit de cette décision :

« Le signal fort envoyé par le tribunal administratif dans ce dossier doit être entendu : il est temps de penser la nécessaire protection des ressources en eau et la protection de la biodiversité comme cruciales, bien au-delà des seuls objectifs de gestion des flux de marchandises par transport en camions. […] Les citoyens, rassemblés au sein des associations de protection de la nature, appellent les collectivités et l’État à repenser la prise en compte des enjeux de biodiversité dans les dossiers de mobilités qu’ils portent. »

Les travaux de contournement sont cependant bien avancés, comme le souligne un reportage de TV2 de novembre 2022 :

Reportage de TV2 sur le contournement de Châtenois (vidéo TV2 / Youtube)

Selon le tribunal, ces travaux doivent s’arrêter immédiatement. Pour reprendre, une nouvelle « autorisation, conforme aux règles applicables en matière environnementale » est nécessaire. La Collectivité européenne d’Alsace annonce qu’elle fera appel de ce jugement, et qu’elle demandera la « suspension de son exécution pour permettre la reprise des travaux ». « 20 000 véhicules traversent quotidiennement la commune de Châtenois, engendrant d’énormes risques pour la population, tant en termes de qualité de l’air et de bruit qu’en termes d’accidentologie », abonde la collectivité. Mais vu les éléments apportés sur les accidents et la pollution de l’air, il sera certainement difficile de justifier d’un « intérêt public majeur » et de poursuivre le projet.

Le Cosmos s’ouvre en célébrant son aventure collective

Le Cosmos s’ouvre en célébrant son aventure collective

Ouvert au public à partir du vendredi 2 juin, le cinéma municipal Cosmos débutera sa programmation avec l’exploration des « Belles équipes », puis du « Cinéma dans le cinéma » avant d’embrayer sur un cycle autour de l’eau durant l’été.

Le Cosmos, qui a pris la suite du cinéma Odyssée en janvier, ouvrira ses portes au public vendredi 2 juin. Lors de ce week-end inaugural, un marathon de films est proposé, dont toutes les séances seront accessibles au tarif de 5€ et ce, pour deux personnes.

Étienne Hunsinger, directeur du Cosmos, a présenté jeudi les premiers cycles du cinéma municipal :

« Nos cycles sont élaborés avec un conseil de programmation. En tant que structure coopérative, il nous est apparu important de célébrer les aventures collectives avec un cycle sur les “Belles équipes” du 2 au 16 juin. Puis, nous nous attarderons sur “Le cinéma dans le cinéma” du 16 juin au 7 juillet. Durant l’été, notre programmation s’intéressera à la thématique de l’eau, et des rétrospectives avec les films de Lars Von Trier et de Mani Kaul. »

Chaque cycle est composé de plusieurs dizaines de films, une trentaine pour « Belles équipes » dont 3 courts métrages. C’est le documentaire Entre nos mains qui sera projeté le vendredi 2 juin lors d’une séance inaugurale, gratuite sur inscription. Le film raconte la reprise d’une usine de lingerie par ses employées, qui découvrent alors une nouvelle liberté dans l’aventure entreprenariale.

Parmi les films de ce premier cycle également, la version courte de « La Commune » de Peter Walkins : 3 heures et 30 minutes de reportage télévisé en direct du mois de mars 1871, dans un 11e arrondissement de Paris théâtralisé.

Bande annonce de « La Commune » de Peter Walkins (vidéo YouTube)

Mais les « Belles équipes », ce seront aussi celle d’Akira Kurosawa avec Les 7 Samouraïs, ou celle des étudiants de l’école du Théâtre national de Strasbourg dans L’Âge des Possibles de Pascale Ferran, ou bien les compositions improbables mais qui ont existé à une époque pas si lointaine et réunies dans le truculent À la recherche de l’ultra-sex, de Nicolas Charlet et Bruno Lavaine (voir la bande-annonce après un petit contrôle parental)…

Il y a aussi le dramatique Les chats persans de Bahman Ghobadi, où un groupe de musiciens de rock iraniens tente de rejoindre les États-Unis. Tourné clandestinement à Téhéran, certains acteurs ont joué leur propre rôle. Trois ans après la sortie du film, trois d’entre eux ont été assassinés à New York par un ancien membre de leur groupe de musique. Notons aussi le délicat et subtil La Visite de la Fanfare, où Eran Kolirin place des musiciens égyptiens au milieu de la société laïque israélienne.

D’autres soirées spéciales viendront compléter cette programmation, comme une soirée avec le centre pour la Mémoire des images réanimées d’Alsace (Mira) et la projection d’un documentaire sur l’une des premières militante écologiste d’Alsace, Solange Fernex.

La grande salle a été mise aux normes d’accès Photo : CG / Rue89 Strasbourg / cc

Malgré une ouverture au public tardive, les travaux de rénovation dans ce bâtiment de 1913 ne sont pas terminés. Seul le hall d’accueil a été transformé pour être plus spacieux et proposer un accès direct au bar attenant. Les salles ont été mises aux normes d’accès pour les personnes à mobilité réduite, entraînant la disparition de quelques sièges. Au premier étage, le Cosmos ouvre un salon avec vue sur la ville, auparavant inaccessible mais qui nécessite encore d’être repeinte en respectant l’architecture et l’ensemble du début du XXe siècle.

Devant la Cour d’appel, Serge Oehler se répète et nie être auteur de violences conjugales

Devant la Cour d’appel, Serge Oehler se répète et nie être auteur de violences conjugales

Jeudi 11 mai, la Cour d’appel de Colmar a entendu Serge Oehler pour des faits de violence envers Marie C., son ex-épouse. L’élu municipal et départemental conteste sa condamnation de décembre 2021 et tous les faits qui lui sont reprochés.

Dans le grand hall de la Cour d’appel de Colmar, jeudi 11 mai, Marie C. est fébrile. L’ex-épouse de Serge Oehler sait qu’elle va devoir entendre, à nouveau, l’élu strasbourgeois contester les faits de violence qu’elle lui . . .

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Au conseil de l’Eurométropole, contrat local de santé et rénovation du centre administratif

Au conseil de l’Eurométropole, contrat local de santé et rénovation du centre administratif

Plutôt léger, le conseil de l’Eurométropole de Strasbourg du vendredi 12 mai sera marqué essentiellement par le contrat local de santé et la présentation de la rénovation du centre administratif.

« Disons qu’il était cohérent avec son temps, avec les canons esthétiques de l’époque. » Du bout des lèvres, la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs (sans étiquette), reconnaît presque la laideur du centre administratif. Dans la salle de réunion où elle présente le prochain conseil de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), les journalistes s’amusent de ses pudeurs langagières. Le futur du bâtiment disgracieux sera évoqué au cours de la prochaine séance plénière ce vendredi 12 mai.

Avant cela, les conseillers eurométropolitains se pencheront sur le renouvellement du contrat local de santé. Il s’agit d’un contrat établi entre l’Agence régionale de santé du Grand-Est (ARS) et l’Eurométropole, avec une ribambelle d’autres acteurs locaux, comme la préfecture du Bas-Rhin et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). L’objectif affiché est de réduire les inégalités territoriales et sociales quant à l’accès aux soins.

Focus sur la santé environnementale

Si cette troisième génération du contrat local de santé sera décortiquée lors de l’examen de la délibération, la vice-présidente en charge de la santé, Françoise Schaetzel (EE-LV), égraine déjà plusieurs points clés du contrat, comme l’ouverture d’une maison de santé mentale :

« Pour l’instant, c’est encore à l’état de projet. Mais il s’agira d’un lieu de coordination et de rencontre, avec des permanences. »

L’élue martèle également la volonté de l’EMS d’accroîre sa lutte contre la prolifération des moustiques tigres, qui peuvent transmettre des virus tropicaux :

« Il y a une massification des actions sur les moustiques tigres. En plus de la prévention sur les gestes à adopter, on prévoit une formation de tous les agents techniques des cimetières, des écoles et des espaces verts. »

Plus largement, l’EMS prévoit le renforcement de ses actions en faveur de la santé environnementale, en luttant contre l’exposition aux perturbateurs endocriniens, mais aussi en promouvant l’alimentation et l’agriculture durable et un « urbanisme favorable à la santé ».

Avant la construction du centre administratif, la parcelle était occupée par une gare. (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg

Lifting en perspective pour le centre administratif

Pachydermique, le centre administratif est inratable dans le panorama strasbourgeois. Construit entre 1973 et 1976, il se distingue par ses lignes abruptes et sèches, typique de son époque avec l’influence du brutalisme, un courant architectural. La présidente annonce d’importants travaux de rénovation dans les prochaines années : la délibération votée en conseil portera sur le lancement d’un marché à huit millions d’euros pour réaliser des études sur les travaux.

En premier lieu, les travaux visent d’abord à atteindre une meilleure performance énergétique avec une réduction de la consommation de chauffage de 75% et de la consommation électrique de 20%. « Le projet aura aussi une fonction architecturale et sociale », assure Pia Imbs. « Les chantiers pourront être un vecteur d’insertion professionnelle, avec des clauses sociales », ajoute-t-elle. Niveau architectural, il y aura « une réflexion sur les façades », mais a priori pas de grand bouleversement.

En tout, le chantier devrait coûter près de 100 millions d’euros, estime la présidente de l’Eurométropole, et pourrait débuter vers la fin de l’année 2025.

Des parcours et des lieux insolites pour les 24e Ateliers ouverts

Des parcours et des lieux insolites pour les 24e Ateliers ouverts

La 24e édition des Ateliers ouverts débute ce vendredi et se poursuivra les week-ends des 13 et 20 mai. Porté par l’association Accélérateur de particules, cet événement permet aux amateurs et aux curieux de pénétrer dans le cœur même de la création : les ateliers d’artistes, partout en Alsace.

Illustrateurs, céramistes, sérigraphes, peintres, photographes, performeurs… Depuis 1999, l’association Accélérateur de particules propose à chaque printemps d’ouvrir au public des ateliers d’artistes dans toute l’Alsace. La 24e édition se déroulera les week-ends du 13 et 14 mai et du 20 au 21 mai. Il sera possible de visiter pas moins de 137 ateliers (dont 23 nouveaux), de faire la rencontre de plus de 370 artistes et d’assister à des concerts et des rencontres. Sophie Kauffenstein, la directrice de l’association Accélérateur de particules, explique :

« Ces lieux sont très particuliers et très forts, c’est comme si l’œuvre, le travail, la réflexion débordaient sur tout l’espace. Il y a deux rencontres qui s’opèrent, celle avec l’artiste et celle avec le lieu. »

Les Ateliers ouverts ont lieu depuis 1999. Photo : Alex Flores / doc remis

Une soirée inaugurale avec musique, performance et arts plastiques

Pour ouvrir les festivités, un vernissage a lieu vendredi 12 mai, au Bastion XIV, rue du Rempart à Strasbourg. Dans cet ancien édifice militaire qui accueille désormais plus d’une vingtaine d’ateliers partagés par des artistes plasticiens de l’Eurométropole, les visiteurs seront ainsi accueillis par un tirage photographique de six mètres sur six de Nong Rose, championne de boxe thaïlandaise, réalisé par Alicia Gardes. Des peintures de grand format, des statues, des pièces en céramique et des séries de sculptures murales seront également exposées.

La soirée inaugurale se déroulera ce vendredi 12 mai, à Strasbourg, au Bastion XIV. Photo : Alex Flores / doc remis

Une programmation musicale et des performances rythmeront également la soirée. À partir de 19h et jusqu’à 1h du matin, des groupes de différents styles se succéderont, des textes poétiques accompagnés par la guitare électrique de Zoe Heselton au DJ set de Fearless Alfredo, en passant par la post punk de Zad Kokar et le duo Delacave. En parallèle, l’artiste Androa Mindre Kolo proposera à 20h une performance pour dénoncer le sort des migrants qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe au péril de leur vie. D’autres performances musicales seront réalisées en intérieur et en extérieur.

137 ateliers dans toute l’Alsace, une cinquantaine à Strasbourg

Sur le site de l’événement, des présentations détaillées de chaque atelier, des artistes, une carte et un agenda permettent de se concocter son propre parcours en fonction de ses affinités. Il est aussi possible de suivre l’une des propositions des différents artistes ou responsables d’exposition qui ont réalisé des listes de dix coups de cœur.

Strasbourg compte plusieurs « méga ateliers » où il est possible de rencontrer un grand nombre d’artistes au même endroit et voir comment ceux-ci se partagent un lieu de création : le Bastion XIV (32 artistes), la Coop (23 artistes) au Port du Rhin ou le Parc Grüber (24 artistes) à Koenigshoffen. À Mulhouse, les visiteurs pourront aller au Motoco (46 artistes) ou au Séchoir (14 artistes). Pour l’occasion, le village d’Hégenheim devient également un atelier à ciel ouvert avec des artistes très différents, comme Patrick Steffen, qui réalise des installations et des vidéos inspirées par la nature, ou Ariane Lugeon, artiste suisse et autodidacte qui travaille avec des fibres textiles.

Lieu de réunion pour de nombreux artistes, le village d’Hurtigheim possède un très grand nombre d’ateliers. Ici, l’atelier de Christiane Bricka. Photo : Alex Flores / doc remis

Ferme, forteresse, couvent… Les lieux les plus insolites

Les artistes ne manquent parfois pas d’imagination pour aménager leur lieu de création dans des endroits plus insolites les uns que les autres. Si la forteresse militaire du Bastion XIV est déjà assez étonnante à visiter, la peintre Marie-Jo Daloz a posé ses pinceaux à Saverne, dans l’écrin du magnifique Cloître des Recollets. À Hégenheim, il est possible de rencontrer quatre artistes dans le Halmhaus, une maison-atelier écologique à faible consommation d’énergie avec une façade en bois.

La peintre Marie-Jo Daloz s’est installée au Cloître des Recollets à Saverne. Photo : Alex Flores / doc remis

La peintre et sculptrice Valérie Schott a décidé de réhabiliter un ancien bistro rétro de Widensolen pour y travailler et exposer son travail librement inspiré par les corps humains. À Birlenbach, à une petite heure de Strasbourg, Nicolas Houdin ouvre son atelier, le « Grenier fertile », installé dans une ferme pour faire découvrir ses œuvres réalisées avec du bois, du métal et du textile, à la lisière entre art et artisanat. 

Valérie Schott s’est installée dans un ancien bistro rétro de Widensolen. Photo : Valérie Schott / doc remis

Un parcours à faire en famille

Un parcours enfant est également proposé, avec des activités et des œuvres à hauteur de bambins. À Strasbourg, plusieurs ateliers insolites devraient en émerveiller plus d’un, de l’atelier du peintre Christophe Wehrung situé près de la Cathédrale, le plus haut et ancien atelier au sommet du Parc Grüber, du peintre et sculpteur Vincent Malarte, ou encore le spectacle familial « Les carottes sont cuites », proposé par le collectif CRIC le samedi 13 mai à 18h, 2 rue de la Coopérative. La Coop, qui accueille une intéressante diversité de créateurs, est aussi un endroit qu’on peut découvrir à tout âge.

Épuré ou envahis par les créations, les ateliers ont tous un aspect différent. Daniel Depoutot travaille dans les locaux de la Coop au Port du Rhin. Photo : Alex Flores / doc remis

Il sera possible d’assister à une démonstration de forge à Illzach, les samedi 13 et 20 mai, de 14h à 18h, dans l’atelier d’Olivier Charpentier ou de découvrir des dessins de forêt grands formats, chez Sébastien Kuntz, à Gertwiller. Enfants et parents pourront participer à un atelier de gravure et de céramique à Houssen, samedi 13 et dimanche 14 mai, de 14h à 18h, avec Céline Martin… qui fera aussi de la distillation de schnaps. 

Le tribunal administratif rejette le référé-liberté d’Emmanuel Fernandes et des syndicats contre la préfecture

Le tribunal administratif rejette le référé-liberté d’Emmanuel Fernandes et des syndicats contre la préfecture

Le député insoumis Emmanuel Fernandes et plusieurs organisations syndicales reprochaient à la préfecture du Bas-Rhin de publier aux derniers moments des arrêtés interdisant des manifestations, pour s’éviter toute contestation. Leur référé-liberté a été rejeté.

Avec le député Emmanuel Fernandes (France insoumise, 2e circonscription du Bas-Rhin) une coalition de syndicats – CGT 67, FSU 67, Solidaires Alsace, AES Strasbourg – se sont présentés ensemble mardi 9 mai devant les grilles du tribunal administratif de Strasbourg pour dénoncer l’attitude de la préfecture du Bas-Rhin. Dans un référé-liberté, ils reprochaient à la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, de publier au dernier moment ses arrêtés interdisant des manifestations. Pour eux, cette pratique constitue une atteinte au droit, en ne permettant pas un recours effectif devant la justice.

Le juge des référés du tribunal administratif de Strasbourg a rejeté leur requête, mercredi 10 mai. Il considère que les atteintes ne sont pas « caractéristiques d’une pratique systématique et suffisamment prévisible de la part de l’administration ». Et surtout, qu’il n’y a pas d’urgence « justifiant l’intervention d’une décision du juge des référés », en moins de 48 heures. Le tribunal administratif estime aussi que le « caractère non déclaré et tardif des appels à manifester » est de « nature à expliquer la publication effectivement tardive de ces arrêtés ».

Le tribunal administratif de Strasbourg. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

« Je pense que ça va envoyer un coup d’avertissement »

Au téléphone, l’avocat des requérants, Me Clément Pialat, reste optimiste. « Même si on a perdu, je pense que ça va envoyer un coup d’avertissement à la préfecture. » Il avait espéré que le tribunal administratif de Strasbourg suive la jurisprudence du tribunal administratif de Paris, qui avait reconnu la validité du référé-liberté dans une affaire similaire, le 4 avril 2023 :

« La différence, c’est qu’ils évoquaient une dizaine d’interdictions de manifestations prises au dernier moment. Ici dans le Bas-Rhin, on ne mentionne que deux dates, le 30 mars et le 19 avril. »

De son côté, la préfecture du Bas-Rhin a communiqué sur Twitter le 10 mai. Elle annonce prendre acte « de l’ordonnance […] qui conclut à l’absence d’atteinte au droit à un recours effectif par [ses services], validant ainsi les arrêtés préfectoraux déférés ».

L’association La Station au cœur d’une affaire de violences sexuelles

L’association La Station au cœur d’une affaire de violences sexuelles

Dédiée à l’accueil des personnes LGBTI, La Station a été contrainte de fermer ses locaux en mars dernier. Une personne de l’association est accusée de violences sexuelles.

C’est une présidente dans la tourmente. Garance Coquart-Pocztar a débuté son mandat de présidence de l’association La Station à la fin du mois d’avril, en pleine crise interne. « Il fallait bien que quelqu’un se charge de cette mission ! », sourit timidement la jeune femme de 30 ans, autrice de bandes-dessinées. L’association, qui regroupe une soixantaine de bénévoles et une centaine d’adhérents, dédiée à l’accueil des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (LGBTI) à Strasbourg, connaît en effet une crise sans précédent depuis sa création il y a 13 ans. Le lieu est même fermé depuis le 21 mars. En cause : des accusations de violences sexuelles en interne, comme l’ont évoqué les Dernières nouvelles d’Alsace le 24 avril.

Le local de La Station, centre d’accueil des personnes LGBTI à Strasbourg, est fermé depuis le mois de mars, en raison d’un signalement pour des violences sexuelles. Photo : CS / Rue89 Strasbourg

Un sondage interne classique qui se transforme en signalement de violences sexuelles

Garance Coquart-Pocztar raconte qu’en février, alors que l’association lance « un sondage interne pour voir la qualité de l’accueil et ce qu’en attendent les bénévoles », un signalement alerte les instances dans les réponses. Il s’agit « d’un signalement de violences sexuelles », déclare Garance Coquart-Pocztar, « que l’on a évidemment pris très au sérieux, immédiatement ».

Y a-t-il eu plusieurs victimes ? Les victimes, les auteurs ou les autrices sont-elles des bénévoles ou des salariées de l’association ? De quelle nature sont les faits signalés ? « Nous ne répondons pas à ces questions, afin de protéger les victimes », coupe assez vite la présidente de La Station.

Un appel à témoins sur les réseaux sociaux en parallèle

Mais l’info a tout de même dû fuiter, puisque le 9 février, Ouvrons les Guillemets publie sur Facebook un appel à témoins à ce sujet. L’association qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles, interpelle ses abonnés et demande si quelqu’un a « été victime ou témoin de faits de violences par une personne membre ou ayant été membre de l’Association strasbourgeoise La Station ».

Le message fait rapidement le tour du monde associatif strasbourgeois, mais aussi des élus.

La Ville également alertée par les associations accueillies à La Station

Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités, du soutien aux personnes vulnérables, et de la lutte contre les discriminations, raconte ainsi avoir découvert l’existence d’un signalement de violences sexuelles à La Station sur les réseaux sociaux. Mais l’élue assure que l’association avait prévenu une chargée de mission de la Ville avant les publications. Floriane Varieras a également reçu, dans le même laps de temps, un mail d’alerte :

« Plusieurs associations nous remontaient des dysfonctionnements à La Station. Les trois quarts de la lettre pointaient des dysfonctionnements structurels, comme un problème de porte fermée alors qu’elles étaient censées y faire des réunions. Des choses qu’on voit dans beaucoup d’associations. Mais à la fin, il y avait un paragraphe différent. On y apprenait qu’Ouvrons les guillemets avait reçu des témoignages qui faisaient état de violences, qui auraient été subies au sein de l’association. »

Début mars, une réunion est organisée entre les services de la Ville et ces associations. « À la lecture du témoignage fait lors de cette réunion, je suis un peu choquée, et je me dis qu’il faut faire quelque chose rapidement », commente l’élue. Contactée, l’association Ouvrons les guillemets n’a pas répondu à nos questions.

Sur la porte de La Station, une petite affichette annonce la fermeture du local pour une durée indéterminée. Photo : CS / Rue89 Strasbourg

Fermeture de La Station et enquête interne

Dans les jours qui suivent, Floriane Varieras se rend au conseil d’administration de La Station. La Ville de Strasbourg subventionne l’association à hauteur de 40 000 euros par an. Une subvention qui existe depuis la création du lieu il y a 13 ans, et qui permet de payer le local, et le salaire de l’unique salariée. C’est d’ailleurs la plus grosse subvention à une association LGBT, explique l’adjointe à la maire :

« Lors de cette discussion avec les membres du CA, je leur ai dit qu’en tant que financeurs, on avait besoin de gages de prise en compte de cette alerte, et qu’on voulait voir ce qu’ils allaient mettre en place. J’ai quitté la réunion, puis j’ai vu après qu’ils avaient décidé la fermeture de l’accueil tout venant, le temps d’identifier les problèmes, et de s’assurer qu’ils ne puissent plus avoir lieu. »

Floriane Variéras a effectué un signalement à la procureure de la République de Strasbourg, selon les DNA. De son côté, La Station a informé la Ville qu’elle va mener une enquête interne, et qu’elle se fera accompagner par une structure spécialisée, Egae. Une sage décision, selon l’élue aux solidarités : « Je trouve que c’est bien d’avoir cet accompagnement, organisé, et extérieur à l’écosystème strasbourgeois. »

« Il est crucial de garder un lieu LGBT à Strasbourg »

Garance Coquart-Pocztar semble déterminée à ce que l’enquête interne soit efficace et menée avec rigueur. La jeune femme explique que toutes les membres du conseil d’administration sont touchées par cette affaire, et qu’elles en attendent une résolution à la hauteur de la gravité de la situation :

« C’est sûr que pour une association qui lutte contre les discriminations, c’est dur de se rendre compte qu’il peut y avoir des agressions ou du harcèlement. C’est aussi pour ça qu’on se fait accompagner par une structure extérieure. Il y a un double enjeu pour nous, car quand on parle de personnes LGBT, ce sont souvent des personnes qui peuvent déjà être précaires, en difficultés, et qui subissent des discriminations. Donc si en plus, il se rajoute une violence sexuelle ou sexiste dans nos locaux, c’est grave. »

Accueil de demandeurs d’asile LGBT

La présidente de La Station persiste à croire en l’importance de ce lieu unique à Strasbourg, malgré la crise qu’il traverse et les problèmes qui ont pu être les siens depuis plusieurs années (avec huit présidents ou présidentes différentes en six ans). Floriane Varieras (dont la compagne intervient au nom de La Station pour des missions scolaires, sans faire partie de l’équipe dirigeante) souligne également le rôle à part de l’association :

« Malgré ces perturbations, La Station remplit des missions que personne d’autre ne fait à Strasbourg, comme l’accompagnement et l’accueil des personnes demandeurs d’asile LGBT, leur accompagnement juridique, les interventions en milieu scolaire, le côté café associatif… Ce sont des missions hyper importantes à Strasbourg. »

Du côté des associations proches de La Station, le mot d’ordre est l’attente de la fin de l’enquête interne. Mathieu Wurtz est président de l’association Festigays :

« Il faut que l’enquête soit menée à son terme, et que la justice gère cette affaire. On espère qu’à terme La Station puisse rouvrir ses portes. »

La Station assure qu’aucune plainte n’a pour l’instant été déposée. Interrogée à ce sujet, la procureure de Strasbourg n’a pas répondu à nos questions.

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Sur la lutte contre les incivilités dans la rue ou le bien-être animal, un conseil municipal presque paisible

Sur la lutte contre les incivilités dans la rue ou le bien-être animal, un conseil municipal presque paisible

Sans sujet clivant à l’ordre du jour, le conseil municipal du 10 mai s’est déroulé dans une relative tranquillité. Une harmonie en trompe-l’œil, qui ne cache pas les réserves tenaces de l’opposition.

Dès le début de la séance, les corps trahissent la fatigue. On se tord, on s’étire, on se triture les yeux encore endoloris. Un concerto de bâillements commence, alors que la maire Jeanne Barseghian énonce la liste des points retenus. En tout, 24 points sont retenus – ceux dont on causera – sur seulement 43 à l’ordre du jour. Mathématiquement, c’est la promesse courte séance. Mais les élus retiennent leur soulagement. Même dénué de points clivants, ils savent qu’un ordre du jour allégé n’est jamais synonyme d’une plénière facile. Et ce conseil municipal du 10 mai donnera raison à leur prudence.

Sur le papier, pas de délibération piège. La question de la protection et de la gestion des animaux en Ville, ou celle d’un recrutement de médiateurs pour contrer les « conflits et les incivilités », devraient mettre d’accord tout le monde. Qui n’aime pas les animaux ? Surtout, qui assumera de le dire publiquement ? Globalement pacifique, ce conseil municipal sera tout de même émaillé de son lot de surprises.

Pas de partenariat avec une municipalité ultranationaliste

Premier point à l’ordre du jour, première surprise. L’approbation d’un partenariat avec la ville ukrainienne de Khmelnytskyï est retirée, « les conditions n’étant pas réunies pour que nous puissions étudier ce point », annonce sobrement la maire. Ses alliés communistes l’auraient alertée en amont des positionnements politiques douteux du maire de la ville. Ce dernier a été réélu en 2020 avec l’étiquette du parti ultranationaliste « Svoboda », ancien « Parti social-national d’Ukraine ».

S’ensuit, une délibération sur le plan local de santé, qui permet à l’opposition et à la majorité de s’entendre sur le manque de médecins. L’Agence régionale de santé avait identifié à ce titre plusieurs « secteurs en tensions », équivalent à des déserts médicaux, dont certains dans les quartiers périurbains de Strasbourg.

Débat houleux sur le financement d’un jardin d’enfant « Steiner »

La tension monte en abordant le troisième point, en apparence anodin : l’attribution de subventions aux associations gestionnaires d’établissements d’accueil de la petite enfance. Ce qui devait être une formalité tourne au duel entre l’adjointe chargée de la petite enfance, Soraya Ouldji et la socialiste Anne-Pernelle Richardot. Cette dernière lance le pavé dans la marelle, en demandant un vote séparé sur l’attribution d’une subvention à un jardin d’enfant «Steiner ».

Inspiré des thèses sur la pédagogie de Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie, les écoles et jardins d’enfants Steiner-Waldorf font l’objet de suspicions sérieuses de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes. Dans son rapport annuel, publié en novembre 2022, l’observatoire réuni plusieurs témoignages édifiants et conclu de façon lapidaire :

« Le fonctionnement particulièrement opaque de ce mouvement qui cible un public vulnérable, notamment des personnes malades et des enfants, implique de s’interroger sur la mise en œuvre d’une potentielle emprise mentale sur ses membres. »

« Il y a une concordance de faits qui inquiètent »

En dépit des témoignages recueillis, la Miviludes ne constate pas frontalement l’existence d’une dérive sectaire, mais se limite à l’avertissement. « Il y a une confusion, nous ne sommes pas en charge du contrôle de ces écoles, c’est le service de protection maternelle et infantile (PMI) qui s’en charge », commente en aparté l’adjointe Soraya Ouldji.

« À notre niveau, aucun parent ne nous a envoyé de signalement sur l’établissement. Alors quoi ? On arrête de financer et on prend le risque que le jardin d’enfants ferme ? Et donc de mettre en difficulté des parents et leurs enfants ? »

En dehors, de l’hémicycle, Anne-Pernelle Richardot assume sa réserve :

« J’ai demandé à ce qu’on applique le principe de précaution. Nous sommes des élus de la République, on n’est pas juste là pour distribuer des subventions, mais aussi pour questionner les écoles quand il y a des doutes. »

La conseillère d’opposition et son groupe s’abstiendront durant le vote, assumant une méfiance franche à l’égard des écoles se réclamant des préceptes de Steiner, évoquant des témoignages relatant des pratiques d’emprises douteuses. « Je ne dis pas que cet établissement concentre tout ça, mais il y a une concordance de faits qui inquiète. » Les autres groupes d’opposition et les élus communistes se rallieront à sa position.

Anne-Pernelle Richardot s’est abstenue lors du vote pour attribuer une subvention à une école Steiner. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Unanimité attendue pour le bien-être animal

Immédiatement après ce débat, s’ensuit l’intervention de l’adjointe déléguée au bien-être animal, Marie-Françoise Hamard. Avec sa voix finement rocailleuse – presque du sable – l’élue expose avec lenteur et charisme les plans de la Ville en matière de gestion et de protection animale. « À presque mi-mandat, il était devenu nécessaire de présenter la structuration de nos politiques concernant le bien-être animal ». Disparates, les mesures vont de la cartographie des ruches domestiques, dispositif « chats libres » ou pigeonnier contraceptif. Deux mesures en particuliers retiennent l’attention de l’hémicycle : la création d’une brigade de protection animale et la possibilité pour les chiens de monter à bord des transports collectifs.

La première mesure fait l’unanimité. L’élue la défend avec solennité : « C’est une grande chance d’avoir dans notre police municipale un noyau dur de policiers très intéressés par le sujet, par conviction. À terme, il y aura dans chaque équipe un agent formé à la protection animale, avec notamment une formation de maître-chien. »

Concernant la possibilité pour les chiens de prendre les transports en commun, Jean-Philippe Vetter s’agace que la conseillère renvoie les conditions d’application à une date ultérieure. « Je suis très surpris que madame Hamard renvoie à une conférence de presse ses réponses. » La maire Jeanne Barseghian réplique, assurant qu’il appartient à la CTS d’en dire plus.

Guerre éternelle contre les rats

Très vite, l’opposition réoriente les discussions vers la question des rats. Comme Jean-Philippe Maurer, qui « ose » parler de nuisibles pour évoquer les rongeurs honnis par les riverains confrontés à ces problèmes, qui rongeraient jusqu’aux câbles des voitures – en particulier celles de l’avenue des Vosges, peut être. Jean-Philippe Vetter enfonce le clou sur le sujet :

« La présence de ces rats a un impact social fort sur les habitants, sur la perception de leur quartier et de leur logement. C’est pour cela que nous devons combattre la prolifération des rats. »

Dans la tribune, l’expression guerrière fait tiquer Marc Hoffsess, qui insiste sur le caractère désuet de l’expression « nuisible ». « Le terme de nuisible a disparu de notre législation récemment, on ne peut plus désigner les animaux comme ça », persifle ce dernier. Pourtant le groupe des Républicains se démarque du reste de l’opposition, en votant en faveur du texte. « Tout n’est pas parfait, mais on sent qu’il y a une certaine volonté de bien faire. C’est ce que notre vote veux souligner, » précise Jean-Philippe Vetter. Les instants de concorde avec la droite sont rares, la majorité savoure.

Malgré des désaccords de principe, Jean-Philippe Vetter souligne l’effort de la majorité pour lutter contre les rats. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Avant la répression, promouvoir la prévention

Après un débat houleux sur la refonte de la démocratie participative – concernant la création d’un observatoire indépendant de la participation citoyenne – les élus trouvent un nouveau terrain d’entente sur la question de la tranquillité publique. L’adjointe en charge, Nadia Zourgui, étant en déplacement pour la municipalité, c’est la maire elle-même qui présente le dossier.

« C’est un dispositif que nous souhaitions créer depuis le début du mandat. Il mettra en place en complémentarité un dispositif privilégiant une approche par le dialogue et la négociation. L’objectif est bien de disposer d’équipes de médiateurs et de médiatrices sur le terrain, pour mener des missions de prévention. L’équipement permettra d’identifier visuellement les agents. »

Un périmètre expérimental sera mis en place, avec un appel d’offre à des prestataires externes, pour un montant maximum annuel de 600 000 euros, pouvant s’étendre jusqu’à quatre ans. Très vite, l’opposition socialiste souligne le recours à des prestataires externes, alors que le conseiller Renaissance Nicolas Matt évoque la situation de la police municipale : « Que faites-vous pour rendre leur travail plus attractif ? De nombreux agents nous relayent déjà des problèmes d’équipements. Surtout, comment allez-vous construire le lien entre les deux services ? »

Les trois conseillers s’accordent pour critiquer la suppression des conseils de quartier. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Malgré des réserves et quelques interrogations, la délibération semble accueillie avec bienveillance. Notamment par l’élu d’opposition Pierre Jakubowicz (Horizons) :

« C’est une délibération qui, dans son esprit et sa philosophie, va dans le bon sens, même s’il nécessite une bonne coordination avec la police. On a souvent tendance à parler davantage du volet répression alors que la prévention est aussi très importante. »

En dehors des socialistes, tous les groupes voteront en faveur de la délibération. Alors que les élus passent au point suivant, les agents quittent progressivement le Centre administratif. Dans un bâtiment presque vide, les conseillers continuent encore de débattre pour quelques heures, au grand malheur de leurs corps fatigués.

Stocamine : les opposants au confinement des déchets distribuent de l’eau potable à Wittelsheim

Stocamine : les opposants au confinement des déchets distribuent de l’eau potable à Wittelsheim

L’enquête publique pour le confinement définitif des déchets toxiques de Stocamine sous la nappe phréatique s’est clôturée mercredi 10 mai. Pour l’occasion, les opposants au projet ont organisé une distribution d’eau potable devant la mairie de Wittelsheim, afin de dénoncer la pollution de la nappe phréatique que provoquera cet enfouissement.

Seaux à la main, ils font la queue pour accéder à une citerne contenant de l’eau potable. Une soixantaine de personnes participent à la mise en scène dystopique, devant la mairie de Wittelsheim ce 10 mai. Elles répondent à l’appel des opposants au projet de Stocamine porté par l’État, qui consiste à enfouir, pour l’éternité, sous la nappe phréatique, 42 000 tonnes de déchets contaminés à l’arsenic, au cyanure ou encore à l’amiante. L’entrée du site de stockage, une ancienne mine de potasse, se trouve dans la même commune.

C’est le dernier jour de l’enquête publique pour le confinement définitif des déchets à l’aide de barrages en béton. Dans le bâtiment communal, les commissaires enquêteurs recueillent des contributions. « Même si on dit qu’on n’est pas d’accord, ça ne change rien. Lors de la précédente enquête publique qui posait déjà cette question en 2016, on était presque 90% à demander de remonter les déchets à la surface. Mais nous avons tout de même participé une nouvelle fois », affirme Loïc Minery, porte parole alsacien d’Europe écologie-Les Verts (EE-LV) et élu à Mulhouse.

Des opposants au projet d’enfouissement définitif des déchets ultimes de Stocamine sont réunis devant la mairie de Wittelsheim le 10 mai. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Difficile de faire confiance à l’État

Le matin même, les associations CLCV 68, Alsace Nature, Cité Langenzug, Eau en danger et le collectif citoyen de Guebwiller ont participé à une commission avec notamment les représentants de l’État et des Mines de potasse d’Alsace (MDPA), qui gèrent Stocamine. Elles ont alors pu exprimer leurs nombreux doutes sur la fiabilité du processus de confinement des déchets toxiques. Études et modèles mathématiques à l’appuie, les MDPA ont assuré que l’impact sur la nappe sera négligeable, même si les polluants atteindront tôt ou tard la réserve en eau potable.

« Tout cela reste des hypothèses dont on n’est pas certains », balaye Philippe Aullen, du collectif citoyen de Guebwiller. Difficile pour les opposants de faire confiance à l’État, qui avait, avant le lancement de Stocamine, promis la possibilité de ressortir les déchets de la mine. Il avait alors oublié que les mines se dégradent au fil du temps. C’est désormais cette dégradation de la mine qui sert d’argument principal au gouvernement pour confiner les déchets.

L’entrée du site de Stocamine, à Wittelsheim, près de Mulhouse. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Josiane Kieffer, de la CLCV 68, regrette l’absence d’étude sur la santé humaine de l’ingestion de cyanure ou de mercure, et souligne les nombreuses incertitudes qui résident dans le dossier, comme les effets cocktails, soit les incidences des molécules toxiques quand elles agissent à plusieurs en même temps.

« On peut trouver une solution technique »

Surtout, les militants dénoncent « l’absence de volonté politique » de sortir les déchets de la mine. Des élus, des ingénieurs et des experts estiment que le déstockage est encore possible aujourd’hui. De son côté, la direction des MDPA, appuyée par les délégués du personnel de Stocamine, assurent que cela serait trop risqué. « La France est capable d’aller dans l’espace et d’envoyer des robots à Fukushima, alors elle peut trouver une solution technique pour sauver la nappe phréatique », rétorque Philippe Aullen.

Des militants distribuent de l’eau potable. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

La procédure administrative pour le confinement définitif avance et les MDPA considèrent qu’un arrêté préfectoral autorisant les travaux pourra être publié en septembre 2023. Devant la mairie de Wittelsheim, en se baissant pour récupérer de l’eau potable, une femme s’insurge : « Nos descendants seront peut-être obligés de faire ça. »

Samedi, invitation au voyage pour la Nuit des musées

Samedi, invitation au voyage pour la Nuit des musées

À l’occasion de la Nuit des musées qui aura lieu ce samedi 13 mai, tous les musées de la Ville de Strasbourg seront accessibles au public gratuitement, de 19h à minuit. Pour son édition 2023, le thème est l’invitation au voyage.  

En 2022, la Nuit des musées avait réuni 15 000 visiteurs. L’édition 2023 aura lieu samedi 13 mai, avec de nombreux événements sur la thématique du voyage. Le public aura accès gratuitement aux collections permanentes ainsi qu’aux expositions temporaires des musées de la Ville de Strasbourg, de 19h à minuit. Pour l’occasion, les visiteurs auront le choix de se balader librement ou de suivre un guide. Des médiateurs culturels et des conservateurs seront présents pour discuter des œuvres exposées. 

Pour rendre les visites plus ludiques, plusieurs animations sont prévues : escape game, parcours à thème, projections, lectures, ou encore concerts et spectacles. Des élèves de six classes du Bas-Rhin se chargeront de la médiation culturelle à destination du public dans certains musées.

L’édition 2022 avait attiré 15 000 visiteurs dans les musées de la Ville de Strasbourg. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg / cc

Cette année, dans le cadre de l’initiative « La classe, l’œuvre », des élèves de primaire, collège et lycée vont présenter des œuvres qu’ils ont étudié au cours de l’année, parmi celles exposées dans quatre musées (Musée de l’Oeuvre-Notre-Dame, Musée historique de la ville de Strasbourg, Musée des Beaux Arts, Musée Archéologique). Ils ont étudié une œuvre toute l’année, afin de la présenter au public à travers un projet qui peut prendre la forme d’un reportage photo, d’une pièce de théâtre en lien avec les collections, ou de travaux plastiques. Certains jeunes auront aussi un rôle de méditation envers le public.

Retracer l’histoire des explorations spatiales au planétarium

Sur le toit du planétarium et au jardin botanique, le Jardin des sciences de l’Université de Strasbourg proposera l’événement « Dérive à la Lune », pour retracer l’histoire des explorations spatiales via une une série de dessins au graphite réalisée par l’artiste Anaïs Tondeur.

Le musée du 5e lieu organisera un voyage au cœur de la capitale alsacienne, avec différents ateliers au cours de la soirée. Tout d’abord, les visiteurs pourront participer à un jeu d’observation de 19h30 à 21h pour comprendre les œuvres de l’exposition « Des cartes, des femmes », qui cartographie la place des femmes dans la ville. Ensuite, jusqu’à 23h, une chorégraphie sera interprétée par l’école de danse du Carré d’Art. Pour finir, de 21h30 à 23h, les visiteurs seront invités à utiliser leurs sens lors d’un atelier olfactif pour découvrir Strasbourg et ses sillages.

L’édition 2022 avait attiré 15 000 visiteurs dans les musées de la Ville de Strasbourg. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg / cc

La Nuit des musées, c’est aussi l’opportunité de déambuler dans les couloirs des salles d’exposition à la nuit tombée. Au 5ème lieu, le public pourra visiter Strasbourg de nuit, en partant à la découverte de son patrimoine grâce à l’exposition « Un voyage à Strasbourg », qui offre un panorama architectural de la ville au moyen de vidéos, maquettes, et photographies.

« Atelier famille » au musée d’art moderne

Pour les parents et leurs enfants, le musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (MAMCS) planifie un « atelier famille » sur le thème « musées pour tous ?! » avec la participation des étudiants de l’Université de Strasbourg, de 19h30 à 22h. Cette nuit sera aussi le moment d’observer les peintures de Stéphane Belzère lors de l’exposition « Mondes Flottants », œuvres empreintes d’art et de sciences.

Au Musée Tomi Ungerer, c’est l’illustratrice Catherine Meurisse qui est mise à l’honneur avec une exposition intitulée « une place à soi », dédiée à sa carrière et à ses œuvres. À la fois dessinatrice de presse et d’albums pour la jeunesse, et autrice de bande dessinée, elle est la première dessinatrice élue à l’Académie des Beaux-Arts en 2020.

Quant aux passionnés de musique, ils pourront se rendre au musée alsacien pour « chanter et voyager en musique » en compagnie du collectif Bal’us’trad, ou bien siroter un verre sur la terrasse de l’Art Café au MAMCS sur des airs d’électro châabi avec la DJ Zhar. 

Le Mémorial Alsace-Moselle ouvrira ses portes dès 18h, pour accueillir les visiteurs désireux de voyager au cœur de l’histoire de l’Alsace-Moselle entre 1870 et 1945, et retracer l’histoire de la construction européenne. L’occasion également de découvrir la nouvelle exposition temporaire : « Intoxiquée ! La jeunesse sous la botte nazie ».