À Lembach, la municipalité souhaite installer un parc photovoltaïque de 15 hectares sur un ancien terrain militaire, inexploité depuis la seconde guerre mondiale. Les associations écologistes et plusieurs habitants du village dénoncent un projet inutile et dévastateur pour la biodiversité.
Entre les queues de cochon et les tourelles des bunkers, un petit groupe d’habitants de Lembach, dans le nord du Bas-Rhin, se promène en longeant des aubépines. Sur cet ancien terrain militaire de 26,5 hectares, situé au-dessus de l’ouvrage du Four-à-Chaux sur la ligne Maginot . . .
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Face au contrôle des médias par une poignée d’industriels et de milliardaires aux visées de plus en plus conservatrices, le mouvement coopératif lance une initiative d’ampleur pour que les citoyens et citoyennes puissent s’impliquer dans l’économie des médias et se réapproprier l’écosystème de la production d’informations.
Après plus d’une année de travail, c’est une réalité : Coop-Médias, la coopérative citoyenne des médias indépendants est lancée ce mercredi 9 octobre à Paris. Rue89 Strasbourg fait partie des médias fondateurs de cette société, pensée et créée par le Collectif pour une Transition Citoyenne et une trentaine de partenaires.
L’objectif est de mobiliser la force du modèle coopératif pour soutenir, promouvoir et défendre la presse indépendante afin de lui donner les moyens de jouer son rôle de contre-pouvoir démocratique. Dans un univers ou l’ensemble des médias historiques sont la propriété de groupes industriels, bancaires ou de milliardaires qui ont d’autres objectifs que celui d’informer les citoyens et citoyennes, il est nécessaire d’armer financièrement les médias indépendants.
Concrètement, la Société coopérative d’intérêt collectif Coop-Média prévoit :
de renforcer l’écosystème de la presse indépendante en le finançant et en mutualisant des moyens ;
de restaurer la confiance des citoyens dans les médias, en leur proposant de s’y associer et de s’y investir ;
de faciliter l’accès au plus grand nombre, notamment les publics éloignés, à une information pluraliste et de qualité proposant une couverture approfondie, critique et variés des différents enjeux de société ;
de défendre la liberté de la presse si essentielle à la démocratie auprès des institutions et du public.
Une première levée de fonds citoyenne en capital
Pour atteindre ces objectifs ambitieux, Coop-médias lance une première levée de fonds à partir du mercredi 9 octobre, avec comme objectif d’atteindre 2 à 3 millions d’euros de capital social auprès de citoyennes et citoyens ainsi que d’institutions privées et publiques.
Grâce à ces fonds, la coopérative mènera quatre chantiers principaux à partir de 2025 :
Le financement des médias indépendants pour les soutenir dans leur projet de croissance et de développement,
La diffusion de contenus médiatiques relevant de l’intérêt général via la création de nouveaux espaces de visibilité et d’accès (kiosques, plateformes, distribution alternative…),
La mutualisation de fonctions et d’outils pour accroître la solidarité et aider l’écosystème à se renforcer,
La défense et la promotion de ces enjeux auprès des institutions et du grand public en menant des actions de plaidoyer et d’éducation populaire au plus près des lecteurs.
Le modèle coopératif en soutien aux médias
Coop-médias considère que l’information est un bien commun trop important pour être concentré aux mains d’une minorité d’individus ou de groupes qui pourraient la dévoyer en faveur d’intérêts économiques, privés ou politiques. Citons par exemple les cas du milliardaire Vincent Bolloré ayant fait évoluer les lignes éditoriales de CNews, Europe 1 ou du Journal du dimanche vers l’extrême droite, ou de Rodolphe Saadé, milliardaire du transport maritime, ayant racheté La Provence et BFM.
Pour porter une alternative transparente, citoyenne et démocratique aux grands groupes médiatiques, Coop-médias s’est constituée en Société coopérative d’intérêt collectif, détenue par l’ensemble de ses sociétaires, revendiquant des principes de gouvernance partagée (1 humain / structure = 1 voix), de non-lucrativité (l’intégralité des éventuels bénéfices seront réinvestis dans le projet) et d’inclusivité en permettant à chacune et chacun de s’investir au sein du projet.
Son capital est composé au lancement de 20 médias indépendants (dont Blast, Basta, Fracas, L’Âge de Faire, Le Média, Le Moment, Les Jours, Médiacités, Politis, Street-Press, Rue89 Strasbourg) et 10 structures de l’économie solidaire et sociale (dont Attac, le Collectif Transition Citoyenne, Enercoop, La CG Scop, La Nef).
Des élus et des syndicats de locataires montrent que des leviers d’action existent face à la crise du logement. Une des solutions réside dans le fait de créer des milliers de locations sociales supplémentaires, qui répondraient à la demande et feraient baisser les prix du marché.
Les syndicats de locataires sont las d’alerter. « La crise du logement dure depuis 30 ans », constate Colin Riegger, secrétaire général de la Confédération des familles (CSF) du Bas-Rhin. Mais la situation s’aggrave. Comme ailleurs en France, les étudiants, les jeunes employés, les ménages pauvres et de classe moyenne ont de plus en plus de mal à trouver un appartement à Strasbourg. En position de force, les propriétaires en profitent pour augmenter les loyers.
Et ce, malgré la promesse d’Emmanuel Macron, lors de sa campagne de 2017, de loger tous les sans-abris et de créer plus de logements sociaux. Difficile à croire… Car en réalité depuis, le nombre de personnes à la rue a augmenté, notamment à Strasbourg et la construction de HLM a baissé.
Besoin de minimum 20 000 HLM supplémentaires
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L’édition 2025 de l’Industrie magnifique, une exposition dans l’espace public, est annulée. Mais son principe de base est questionnable : des industriels financent des œuvres faisant leur publicité tout en défiscalisant dans le cadre du mécénat.
La droite locale s’en est indignée : la troisième édition de l’Industrie magnifique, prévue pour juin 2025, a été annulée par ses organisateurs. Un « formidable concept », a pleuré Pierre Jakubowicz (Horizons) dans un communiqué, y voyant un « moment de partage précieux entre les concitoyens et les fleurons économiques du territoire ».
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Pétition signée par plus de 200 personnes, manifestation sur le marché mercredi 9 octobre… La mobilisation de parents d’élèves grandit à Schirmeck, pour dénoncer le manque de remplacement de profs de collège, absents sur une longue durée.
Au collège de Schirmeck, une professeure de français en congé parental n’est toujours pas remplacée depuis la rentrée. Plus d’un mois après le retour des collégiens et collégiennes en cours, des classes de 6ème, 5ème et 4ème restent vides faute d’enseignant, et ce pour une période indéterminée. À cela s’ajoute une professeure de sport, elle aussi absente et non remplacée depuis quatre ans.
Les parents d’élèves ont donc décidé de se mobiliser pour dénoncer des « problèmes récurrents de non-remplacement ». Ils manifesteront dans la matinée du mercredi 9 octobre au marché de Schirmeck.
Un « choc des savoirs » en manque de moyens
Le service en charge des remplacements au rectorat échange quotidiennement avec le collège de Schirmeck pour rouvrir les classes de français. Car c’est dans cette matière que la pénurie de remplaçants se fait le plus sentir cette rentrée scolaire 2024/2025. Ce sous-effectif est lié à la réforme du « choc des savoirs », mise en place par l’ancien ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal. Basée sur la constitution de groupes de niveaux au collège, avec moins d’élèves dans les classes, sans recrutement supplémentaire, la réforme a créé une pénurie de professeurs.
Au collège de Schirmeck, un personnel de l’établissement préférant conserver l’anonymat décrit l’écart entre la réforme annoncée par Gabriel Attal et les moyens sur le terrain :
« On a des politiques qui visent à réduire la taille des groupes et à accompagner les élèves au plus près de leurs besoins. Les équipes pédagogiques sont engagées et volontaires. Elles ont construit un projet qui tient la route et qui répond aux attentes du législateur. Mais la ressource humaine ne tient pas. Avec la mise en œuvre du « choc des savoirs », il y a la loi et il y a la réalité du manque de professeurs en français. »
Un sous-effectif dès la rentrée
Secrétaire académique du syndicat d’enseignants Snes-FSU, Séverine Charret parle d’une situation emblématique du manque de moyens chronique de l’Éducation nationale. Elle évoque une enquête réalisée à la rentrée auprès d’une cinquantaine de collèges et lycées alsaciens : « Un quart d’entre eux avaient un enseignant manquant en collège ou lycée, avec des tensions sur le français, les langues et les matières professionnelles en particulier. »
Et la responsable syndicale de s’inquiéter pour la suite de l’année scolaire et l’année suivante :
« Quand les tensions apparaissent aussi tôt dans l’année, on se demande comment ça sera en janvier et en février quand les enseignants fatiguent et que les maladies hivernales apparaissent. Et en plus, cette année les groupes de niveau ont été mis en place en 6ème et 5ème. On savait qu’on manquerait de professeurs de français l’année dernière. Et on voudrait en plus constituer ces mêmes groupes de niveau en 4ème et 3ème l’année prochaine ? C’est impossible. »
Un recteur « satisfait »
Dans un courrier au recteur, les parents d’élèves craignent que leurs enfants manquent les cours de français et de sport pendant plus d’un trimestre. « Ils et elles n’ont pas à pâtir des carences de l’État, des manques de moyens alloués au service public ou du manque d’attractivité de ces métiers », estiment-ils dans un texte qui accompagne une pétition ayant déjà récolté plus de 200 signatures.
Interrogé par Rue89 Strasbourg fin septembre, le recteur de l’académie de Strasbourg s’était d’abord dit satisfait de la rentrée scolaire 2024/2025. Puis confronté à la colère d’un maire, Olivier Klein avait été contraint d’admettre un manque de remplaçants se faisant sentir en particulier en français.
Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées, place Broglie à Strasbourg, au soir du lundi 7 octobre. Elles ont commémoré avec quelques notes de piano les victimes de l’attaque du 7 octobre 2023 en Israël et appelé à la libération des otages.
Quelques notes de Chopin peuvent-elles soulager la douleur ? Lundi soir, devant l’Hôtel de ville place Broglie à Strasbourg, quelques centaines de personnes ont bravé la pluie pour commémorer les près de 1 200 victimes civiles israéliennes, qui ont péri lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Une année de guerre plus tard, le nombre de victimes n’a fait qu’empirer, avec une estimation de plus de 41 000 morts parmi les Palestiniens et plus de 2 000 parmi la population vivant au Liban.
« Alors que tout deuil est impossible tant que des otages sont encore retenus dans les couloirs du Hamas, a indiqué un porte-parole de la commémoration, nous avons choisi de faire sonner le piano d’Alon, 23 ans, dont le seul tort a été de vouloir participer au festival Nova le 7 octobre 2023 et dont les parents n’ont aucune nouvelle depuis. » Quatre morceaux ont été interprétés par le pianiste Aimo Pagin, un morceau de La Liste de Schindler, la Valse triste de Sibelius, Nocturne en do dièse mineur de Frédéric Chopin et les hymnes nationaux de la France et d’Israël.
Dans la foule, couverte de parapluies, se trouvent des juifs et des non-juifs, marqués par l’attaque et la guerre qui a suivi. Parmi eux, Joël et Martine, qui viennent de la gauche et qui se sentent bien seuls. « Il y a un an, c’est notre monde qui disparaissait, se souvient Martine. Et en France c’est l’idée qu’on pourrait tous vivre ensemble qui a disparu. »« C’est une immense tristesse. On ne voit pas d’issue à ce conflit, reprend Joël. On soutient Israël mais la politique menée par Benjamin Netanyahou ne vise qu’à conforter son pouvoir. »
Un peu plus loin, Sabine prend la défense du gouvernement d’extrême droite israélien, dont la décision de bombarder intensément la bande de Gaza tuant des dizaines de milliers de civils palestiniens est très critiquée, y compris en Israël :
« Un an après le massacre, Israël est seul à se battre pour sa survie. C’est de ça qu’il s’agit. Nous sommes attaqués et tués parce que juifs. Beaucoup de pays sont contre nous et peu nous soutiennent. On voudrait maintenant nous imposer un embargo sur les armes ! Très bien mais alors dans ce cas, que cet embargo concerne tous les belligérants sur place ! »
Sabine est fatiguée. Elle « se sent mal » dit-elle :
« J’ai peur pour mes petits enfants en Israël, j’ai peur en France à cause de l’antisémitisme, y compris chez des groupes politiques comme La France insoumise qui veut déployer des drapeaux palestiniens partout… Tout devient très difficile à vivre, j’ai des amis qui sont partis en Israël. »
Alors que la foule commence à se disperser sous une pluie qui reprend, Sasha, 17 ans, en uniforme de scout, livre une parole d’espoir :
« C’est important d’être présent ce soir, pour penser aux otages et aux drames depuis le 7-Octobre. Après, la guerre provoque des morts, des deux côtés et c’est à déplorer. Nous devons tous retrouver la paix même si personne ne sait comment. J’ai de la famille en Israël, ça me touche mais il faut garder le sourire et rester fort. »
Sasha assure n’avoir jamais été victime d’antisémitisme, même depuis la résurgence du conflit :
« Tous mes amis au lycée savent que je suis juif, mes amis musulmans ont été très compréhensifs au lendemain du 7-Octobre. Certains ont des avis différents sur ce qu’il se passe là-bas et c’est bien normal mais je n’ai pas été atteint personnellement par la situation. »
Au Neuhof, la Clé des champs est la seule structure périscolaire à accueillir les enfants dès 6h30. Grâce à ce service, de nombreuses mamans de ce quartier prioritaire peuvent travailler tôt le matin. Néanmoins, l’association connaît de grandes difficultés financières. Si elle devait mettre la clé sous la porte, des vies s’effondreraient.
Alors qu’il fait encore nuit noire dehors, non loin de l’arrêt de tram Saint-Christophe, au rez-de-chaussée d’un HLM, une lumière pointe. Délicatement, Naïma ouvre tous les volets. « Vous allez voir, c’est un monde à part ici le matin, prévient l’animatrice de 49 ans. Il faut accueillir les enfants en douceur, tout en ne retardant pas les parents qui doivent aller travailler. »
6h40, driiing. Maimouna, 7 ans, et Mame Diarra, 9 ans, arrivent. « Tout va bien ? », demande Naïma avec son sourire aussi doux que le miel, à la maman des deux filles. « Oui ! », répond hâtivement cette dernière, restée sur les marches extérieures. Sokna Mousli n’a pas le temps de s’attarder. Vite, la jeune femme doit filer prendre le tram jusqu’à la gare, avant de monter dans le bus qui l’amènera dans un hôtel près du Parlement européen, où elle travaille comme femme de chambre.
L’accueil matinal permet aux mères de répondre aux emplois dont les horaires sont décalés
Maimouna et Mame Diarra, quant à elles, s’installent dans la salle des petits et fouillent dans la dînette. « Mmmh, je mangerais bien une saucisse », lance la première. « Tiens, une tomate pour ton hamburger », tend la deuxième.
Les enfants peuvent être accueillis au calme, deux heures avant le début des classes.
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La plupart du temps je suis derrière une caméra, et parfois je la troque contre un stylo pour écrire sur des sujets de société qui ont trait au Moyen-Orient ou à la Roumanie.
Mis en examen lundi 30 septembre suite à une plainte pour agression sexuelle, le conseiller régional de la Région Grand Est Christian Debève (UDI) a annoncé sa mise en retrait. Il avait opéré un retrait similaire lors de l’ouverture de l’enquête préliminaire, début 2023, avant d’être réintégré en septembre 2023.
Une semaine après la mise en examen du conseiller régional Christian Debève (UDI) pour agression sexuelle, Franck Leroy réagit. Interpellé dans une lettre ouverte par les coprésidents du groupe d’opposition Les Écologistes, Éliane Romani et Lou Noirclère, le président de la Région Grand Est annonce la mise en retrait de l’élu centriste.
Dans sa réponse, qu’il a transmise aux DNA lundi 7 octobre, Franck Leroy explique que le conseiller UDI ne participera plus aux séances publiques et n’effectuera plus de représentations publiques, afin de mettre « l’institution à l’écart de cette affaire ». La veille, il avait déjà informé les élus de sa majorité de la décision de Christian Debève. Ce lundi, Christian Debève n’a effectivement pas participé à la séance de travail de la commission « Transfontalier », dont il est président.
Pour l’élue écologiste Éliane Romani, l’attitude du président du conseil régional reste décevante : « Franck Leroy ne prend pas la mesure de la dimension politique de l’affaire, il renvoie cela à une affaire personnelle. Il fallait que ce soit lui qui décide de cette mise en retrait. »
En plus de l’affaire pour laquelle il a été mis en examen, Christian Debève a également été placé sous le statut de témoin assisté pour deux autres plaintes concernant des agressions sexuelles, qu’il est soupçonné d’avoir commises à l’encontre de deux élues du conseil régional du Grand Est.
En bloquant un bâtiment universitaire, le comité Palestine Unistras refuse de qualifier de terroriste l’attaque de civils israéliens le 7 octobre 2023. Un an après, les personnes mobilisées préfèrent parler d’un « acte de résistance légitime » à Israël.
Une trentaine d’étudiants et d’étudiantes, une entrée bloquée et un message tagué sur un bâtiment de l’Université de Strasbourg : « Un an de génocide, un an de résistance ». Le message est d’autant plus clair que la date est symbolique ce lundi 7 octobre, un an après l’attaque du Hamas contre des civils israéliens, faisant plus de 1 200 morts. Depuis, l’armée israélienne a tué plus de 40 000 habitants de la bande de Gaza.
Étudiante en sociologie et membre du comité Palestine Unistras, Sarah rapporte une assemblée générale tenue quelques jours plus tôt. Une trentaine de participants auraient ainsi approuvé à l’unanimité l’action du jour et son objectif, que résume Sarah :
« Nous protestons contre la qualification de « terroristes » pour ces groupes armés qui participent à la résistance palestinienne. Nous rappelons que le droit international autorise et reconnaît le droit à la résistance des peuples qui sont sous colonisation, y compris par la résistance armée. »
Confusionnisme informationnel
Figure locale de la mobilisation propalestinienne, Sarah prend régulièrement la tête des cortèges, mégaphone à la main, lors des manifestations de soutien au peuple palestinien. Aujourd’hui encore, l’étudiante tient un discours et des arguments rodés. Il s’agit pour le groupe d’étudiants mobilisés de « démentir de nombreuses accusations vis-à-vis du 7-Octobre ». Tract à l’appui, Sarah développe :
« L’histoire des bébés décapités était une rumeur (lire l’article du Monde). Pour l’utilisation du viol comme arme systématique, il y a des rapports et des articles y compris de journaux israéliens qui sont parus pour démentir. Mais ils n’ont pas été diffusés par les médias. Du coup, notre idée c’était de revenir sur ces faits avec des sources à l’appui. »
Mais le tract distribué sur le campus lundi est une triste incarnation du confusionnisme informationnel à l’œuvre, même dans les milieux étudiants. Au milieu d’informations établies par Le Monde ou le quotidien israélien Haaretz, la réfutation des viols par des membres du Hamas est avancée par le site Chronique Palestine, lequel se fonde sur le média Al Mayadeen, aligné sur le discours du Hezbollah libanais et portant un discours très conservateur. Le même tract indique « pour s’équiper » en information de suivre le média AJ+, un média d’influence piloté depuis le Qatar.
« La résistance n’est jamais pacifique »
Maeva, étudiante en sciences sociales
Interrogée sur les près de 1 200 morts suite à l’attaque du 7 octobre, Sarah réfute aussi le terme d’un « massacre de civils » :
« L’ensemble des citoyens israéliens est dans l’obligation d’effectuer un service militaire. Ils sont donc toutes et tous réservistes, et donc militaires. Automatiquement, la question de savoir si ce sont des civils ou des militaires est très compliquée… »
Étudiante en sciences sociales, Maeva est également membre du comité Palestine Unistras. Elle développe un autre argument récurrent au sein du collectif : « On est tous choqué de voir des civils tués. Mais la résistance n’est jamais pacifique et c’est notre devoir de soutenir la lutte du peuple palestinien qui subit la colonisation depuis 76 ans. » Interrogée sur l’étrangeté d’un soutien au Hamas pour une militante de gauche alors qu’il s’agit d’un mouvement d’inspiration religieuse ultra-conservateur et réprimant violemment ses opposants palestiniens, l’activiste répond :
« Le Hamas est utilisé pour diaboliser la résistance palestinienne. Nous soutenons la résistance, qui est plus large que le Hamas, avec des mouvements comme le Front démocratique pour la libération de la Palestine ou le Front populaire de libération de la Palestine. »
En dehors des membres actives du comité, on trouve des positions plus nuancées ou hésitantes. Dans un coin de l’entrée du Patio, Sadec est venu soutenir la mobilisation pour la Palestine. Agent de sécurité, ancien étudiant en droit, il dit dénoncer « les morts des deux côtés. Pour moi les deux peuples sont victimes de cette guerre ». Estime-t-il que l’attaque du 7 octobre relève du terrorisme ou de la résistance ? Le trentenaire préfère s’abstenir : « Franchement, je ne sais pas quoi vous répondre. » À ses côtés, une jeune étudiante en cinéma peint une pancarte « Free Lebanon ». Elle affirme aussi « pleurer tous les morts ».
Une autre étudiante présente devant le Patio tient avant tout à dénoncer la « criminalisation du soutien à la Palestine ». Interrogée sur le mot d’ordre inscrit en lettres rouges à l’entrée du Patio, elle exprime son soutien à la résistance palestinienne tout en affirmant son opposition au « massacre de civils qui est un frein à la libération du peuple palestinien et au développement d’une résistance au génocide à l’intérieur d’Israël ». Pour la militante, c’est aussi le revers de la répression contre le mouvement propalestinien : elle empêche tout débat à l’intérieur du mouvement, et toute distanciation.
Une plainte de l’Unistra
Vendredi 4 octobre, le ministre de l’Enseignement supérieur, Patrick Hetzel (Les Républicains), a diffusé une circulaire appelant à la fermeté face aux mobilisations propalestiniennes dans les universités. Sur place, trois jours plus tard, les militants du comité Palestine Unistras et leurs soutiens ne semblaient pas inquiétés par une intervention des forces de l’ordre. Le blocage ne devrait pas être reconduit mardi 8 octobre.
Chaque site géothermique d’extraction de lithium impliquera une activité sismique. Les projets se multiplient en Alsace, ce qui pose une nouvelle question : quel serait l’impact cumulé de centrales proches les unes des autres. « C’est sûr que si on augmente le nombre de forages, automatiquement on augmente l’aléa, la potentialité d’avoir des tremblements de terre, introduit Jean Schmittbuhl, sismologue au CNRS. Toutes les centrales créent un risque, même s’il est faible. » Justement, Vulcan Energy, Lithium de France et Électricité de Strasbourg intensifient les recherches en Alsace. Ces industriels entendent coupler la géothermie profonde à l’extraction de lithium, un métal rare servant notamment à produire des batteries électriques. Il est présent dans les sous sols de la vallée du Rhin. Les opérateurs veulent, pour la première fois au monde, pomper l’eau chaude à des kilomètres sous terre dans le but d’en tirer à la fois de l’énergie et le fameux composé.
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La Fédération nationale du transport routier prévoit d’organiser des opérations escargot pour protester contre l’instauration d’une taxe poids lourds. Alsace Nature, la Fédération des usagers de transports et la Chambre de consommation d’Alsace appellent de leur côté le président de la Collectivité d’Alsace, Frédéric Bierry, à mettre en œuvre cette taxe sur l’ensemble du réseau routier.
La section alsacienne de la Fédération nationale du transport routier (FNTR) a débuté une campagne de communication et de mobilisation contre l’écotaxe, un péage que pourraient devoir payer en 2027 les camions empruntant les routes alsaciennes. Cette mesure vise à éviter le report de trafic des camions transitant du nord vers le sud de l’Europe, après la mise en place d’une taxe similaire en Allemagne (LKW-Maut).
Fustigeant « une taxe criminelle pour les entreprises alsaciennes », la FNTR Alsace organise une mobilisation « massive et déterminée ». Première étape : une opération escargot avec deux convois est prévue lundi 7 octobre à partir de 8h45 selon un communiqué de la FNTR. Le premier partira du nord de l’Alsace (Allée de l’Écoparc Rhénan à Reichstett), l’autre du sud (Pont d’Aspach à Burnhaupt), pour converger à Colmar devant l’hôtel de la Collectivité d’Alsace à 10h30.
Face à cette mobilisation, Frédéric Bierry, président de la Collectivité d’Alsace, commence à reculer. Alors qu’un vote sur le principe de cette écotaxe, renommée R-Pass, est prévu le 21 octobre, Frédéric Bierry a évoqué aux DNA qu’au lieu de 540 km de routes taxables, ce ne pourrait être finalement que 200 km qui seraient concernés.
« L’anomalie, c’est l’absence de taxe »
Pour Alsace Nature, la Fédération nationale des associations d’usagers de transports (Fnaut) et la Chambre de consommation d’Alsace, ces propos rappellent trop 2014, lorsque l’instauration de l’écotaxe avait finalement été abandonnée face à la pression des milieux économiques. Dans un communiqué diffusé vendredi, les trois associations rappellent que « les poids lourds comptent pour seulement 5% de l’ensemble de la flotte de véhicules au niveau européen, représentent le plus gros facteur de dégradation des infrastructures routières et 25 % des émissions de CO2 du transport routier ». Pour elles, c’est « l’absence de redevance d’usage, faisant reposer l’entretien des routes, les projets de développement de nouvelles mobilités et la santé des citoyens, sur les finances publiques qui constitue une anomalie ».
Ainsi, les trois associations d’usagers demandent à Frédéric Bierry et aux conseillers alsaciens de s’assurer que « l’ensemble du réseau soit taxé » et que le montant de cette taxe soit similaire à celui pratiqué en Allemagne. Pour ces associations, « l’annonce d’un coût kilométrique à 0,15 €/km ne permet pas d’aligner le coût de la traversée de l’Alsace et n’aura donc qu’un effet anecdotique sur le report des poids lourds ».
Une équipe reprend l’antenne alsacienne de SOS Racisme. En déshérence depuis des années, les nouveaux militants estiment qu’il est temps de reprendre le chemin de la lutte de terrain contre les idées d’extrême droite.
SOS Racisme, c’est ce mouvement issu des banlieues françaises en 1984, qui conduira la « Marche des beurs » des quartiers populaires jusqu’à la place de la Concorde à Paris, et aussi plusieurs de ses membres fondateurs dans les ministères des gouvernements de gauche. Mais après l’élan, ce fut l’époque des renoncements et depuis, le mouvement est largement considéré comme l’exemple d’un échec pour les populations issues de l’immigration de peser sur la politique nationale.
Pour autant, SOS Racisme avait essaimé un peu partout en France des collectifs de militants, prêts à dénoncer le racisme partout où il était visible, mis en évidence à l’entrée des boîtes de nuit par exemple grâce au testing, dans le recrutement des entreprises, à l’école… C’est cette tradition militante et de terrain que veulent relancer José Kouamé et Caroline Soubies en Alsace. SOS Racisme en Alsace, ce n’était plus qu’une personne et l’association locale était à reprendre depuis 2018.
Contre la libération de la parole raciste
Habitant Obernai, employé de banque, José Kouamé s’en est douloureusement rendu compte. Né à Paris de parents nés en Côte d’Ivoire, lui-même assure n’avoir jamais été victime de racisme, jusqu’à ce que son fils de 10 ans se fasse traiter de « sale noir » à l’école. Après avoir porté plainte, il constate que l’Éducation nationale ne prend aucune sanction contre l’auteure des insultes racistes. Il cherche alors de l’aide auprès du réseau des associations antiracistes et c’est à ce moment qu’il s’est dit qu’il était temps de s’engager.
« Il existe d’autres structures mais aucune structure n’était en mesure de m’aider, se souvient-il. Il manque un réseau militant avec des relais juridiques pour traiter et accompagner les situations de racisme flagrant lorsqu’elles surviennent. »
Au même moment, Caroline Soubies cherche aussi à rejoindre SOS Racisme Alsace. Le bureau national lui propose alors de relancer l’antenne régionale et elle retrouve à ce moment-là José Kouamé. Ensemble, ils relancent le bureau de l’association et prennent les responsabilités de vice-président et de trésorière du comité local. La présidence de SOS Racisme Alsace est confiée à Heroid Ademi, étudiant mulhousien engagé de 20 ans et qui était devenu le seul membre de l’association dans la région.
Relance des testings
Le nouveau comité local a beaucoup d’ambition. Ses deux porte-parole veulent proposer par exemple des cafés littéraires autour d’œuvres antiracistes et participer du 17 au 23 mars aux journées de lutte contre les discriminations. Ils veulent également relancer les testings et être en mesure de recueillir et d’accompagner les signalements d’actes racistes avec l’appui d’une équipe de juristes bénévoles. En outre, SOS Racisme Alsace prévoit de reprendre le chemin des établissements scolaires afin d’intervenir sur les questions liées au racisme et à l’antisémitisme.
Un programme chargé pour la dizaine de nouveaux membres que compte le comité alsacien mais José Kouamé et Caroline Soubies sont confiants et motivés. « Les scores de l’extrême droite en juin et la libération de la parole raciste qui a suivi nous engagent à agir », pointe Caroline Soubies, par ailleurs adjointe de direction d’une entreprise à Wasselonne. Elle rappelle qu’en juillet, en Alsace, une personne s’est mise à proférer des insultes racistes contre une famille musulmane, avant de tirer dans sa direction à la carabine à plombs.
José Kouamé et Caroline Soubies sont engagés dans un antiracisme qui « inclut tout le monde » précisent-ils. « Nous ne sommes pas une association communautariste, précise José Kouamé. La lutte contre ce fléau est l’affaire de toutes et tous. »
En décembre 2023, un courrier du ministre de la Santé d’alors, Aurélien Rousseau, sommait l’Agence régionale de santé de mettre fin aux dérives de gouvernance au sein de l’institut de cancérologie. Une action qui démontre que le gouvernement était informé du déséquilibre à l’Icans.
Début décembre 2023, la directrice générale de l’Agence régionale de Santé (ARS) Grand Est, Virginie Cayré, reçoit un courrier signé du ministre de la Santé. Aurélien Rousseau y somme l’agence de mener plusieurs chantiers concernant l’institut de cancérologie de Strasbourg (Icans).
La missive pointe les défaillances du partenariat public-privé entre les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) et le Centre Paul Strauss. Elle est introduite par les conclusions d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) :
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Du 4 au 13 octobre, le festival de films lesbiens, queers et féministes FémiGouin’Fest se tiendra au cinéma Le Cosmos, ainsi qu’à la Grenze et à L’Orée 85. Le fil rouge de cette 7e édition est la décolonisation, avec notamment la situation en Palestine.
Le festival de films lesbiens, queer et féministes FémiGouin’Fest se déroule du 4 au 13 octobre à Strasbourg. Entre les écrans du Cosmos, de la Grenze et de l’Orée 85, il propose une sélection pointue d’œuvres cinématographiques, de rencontres et de moments festifs. Sa programmation 2024 a comme fil rouge la décolonisation et la Palestine.
Dès la soirée d’ouverture, vendredi 4 octobre à 19h30 au Cosmos, des courts-métrages queers palestiniens seront projetés et suivis d’un ciné-débat. Annoncée à prix libre sous le nom « No pride in genocide », les bénéfices de la soirée seront intégralement reversés à la famille du réalisateur palestinien Sa’eed Albaytar, bloquée à Gaza sous les bombes israéliennes depuis le 7 octobre 2023. L’argent doit l’aider à quitter ce territoire.
Diversité sur les écrans
La soirée d’ouverture sera aussi l’occasion de découvrir le documentaire Pinkwashing exposed : Seattle fights back qui suit les actions de militants et militantes américaines en 2012. Pendant 56 minutes, le film documente la lutte contre une campagne du consulat d’Israël utilisant l’identité LGBT pour promouvoir son pays.
Dimanche 6 octobre à 19h30 puis à 21h30, la cinéaste australienne Alice Maio Mackay a le privilège de voir son film Satranic panic projeté comme « nanar du dimanche soir ». Dans cette fiction, les deux personnages principaux tentent de venger la mort d’un être cher, brutalement assassiné par les membres d’une secte.
Mercredi 9 octobre à 20 heures, dans la nouvelle salle Karmen Camina dans la Manufacture des tabacs à la Krutenau, sera projeté Soft, une fiction canadienne réalisée par Joseph Amenta. De jeunes adolescents vont à la rencontre de la nuit et de son monde, le temps d’un été torontois, avant d’être brusquement ramenés à la réalité par la disparition d’une personne.
Doux documentaire samedi 12 octobre à 17 heures au Cosmos, appelé Alteritats et réalisé par Alba Cros et Nora Haddad (voir la bande annonce en espagnol). Sorti en décembre 2023 en Espagne, le film vient à la rencontre de couples lesbiens dans différentes parties de la Catalogne. Avec une pudeur très juste, les réalisatrices questionnent, laissent raconter, font coexister différentes histoires de l’amour lesbien, dans différents contextes et vécus de plusieurs manières. Une fluidité dans la narration et une musique originale qui laissent une atmosphère veloutée dans la salle une fois les lumières rallumées.
Rencontres plurielles
Samedi 5 octobre à 14h, le festival propose une heure de rencontre avec des membres du collectif Decolonial film festival. Installé en région parisienne, le DFF est « un festival de cinéma qui questionne les notions de colonisation, de pouvoir, et de résistance, de manière engagée et accessible » depuis mars 2024.
Samedi 12 octobre à 15h au Cosmos, une photographe et deux autrices se rencontreront dans le cadre d’une table ronde littéraire. Marie Docher photographie les lesbiennes et recueille leurs témoignages intimes. Sarah Jean-Jacques et Sophie Pointurier se demandent pourquoi elles sont si peu visibles. Ensemble, elles passeront l’après-midi en public pour partager leurs œuvres, connaissances et échanger.
Moments de fête
Fidèle à la tradition, le FémiGouin’Fest organise en même temps que ses projections et rencontres des moments de fête. L’un d’eux se tient au Cosmos dimanche 6 octobre et consiste en un astro-bingo organisé par la House of Diamonds (collectif strasbourgeois organisant des drags shows). L’événement consiste à visionner un film tout en remplissant une grille de bingo selon les caractéristiques astrologiques des personnages. À 17h le même jour, le bar du Cosmos organise un goûter où il sera possible de se faire tirer les cartes, tatouer ou encore apprendre à lire le ciel.
Apothéose de la fête le vendredi 11 octobre de 21h à 5h au Molodoï. Aux platines, Triste Trans, Santa Barbara, Bjr Alex ou encore DJ Pompompom, pour des styles allant du reggaeton à l’ambient hardcore, en passant par de l’electro drama clash. La soirée est organisée par le festival, avec le collectif Incisifves, le collectif féministe BRIF et l’équipe sportive des Footeureuxses.
Vendredi 4 octobre, la CGT a relayé la décision de la direction de Dumarey-Powerglide de supprimer 248 emplois sur les 584 que compte le site.
« Il s’agit d’un coup de massue. » Vendredi 4 octobre, la CGT annonce que la direction de Dumarey-Powerglide a décidé de supprimer 248 emplois sur les 584 que compte l’entreprise de boîtes de vitesses automatiques, installée au sud du port du Rhin à Strasbourg. L’annonce a été faite en réunion extraordinaire du conseil social et économique.
« Quasiment tous les secteurs de l’entreprise sont concernés par des licenciements », précise le syndicat, qui qualifie la situation de « catastrophe sociale », rappelant que « des centaines de salariés et leur familles vont tomber dans la précarité et devoir chercher un emploi ».
Le client principal perdu
Fin août 2024, les salariés de l’entreprise strasbourgeoise ont cessé de produire des boîtes de vitesse automatiques pour l’industrie automobile allemande, elle-même en repli. Cette production représentait 80% du chiffre d’affaires de la société strasbourgeoise. Une situation qui avait fait craindre aux syndicats une fermeture complète de l’entreprise (voir notre reportage).
Dans son communiqué, la CGT spécifie que « Dumarey Strasbourg a bénéficié et profité de subventions à hauteur de plus de 25 millions d’euros et l’actionnaire, quant à lui, s’est approprié plus de 150 millions d’euros de dividendes et autres ».
Le syndicat exige que « l’actionnaire prenne ses responsabilités et paye en conséquence cette casse sociale » et annonce qu’elle « fera tout » pour y parvenir. Contactée, la direction de Dumarey Powerglide n’a pas retourné notre appel.
Vendredi 4 et samedi 5 octobre, la société savante « Trans Santé France » organise son congrès annuel à la faculté de médecine de Strasbourg. Mais dix associations ont annoncé une action contre cet évènement, qu’elles jugent « transphobe ».
Pendant deux jours à la faculté de médecine de Strasbourg, la société savante Trans Santé France (TSF) organise son quatrième congrès annuel sur la transidentité. Accessible pour toutes et tous sur inscription (payante), l’évènement se concentre sur les parcours de transition ou l’accompagnement par le système de santé des mineurs trans et de leurs parents.
Membre strasbourgeois de TSF et anthropologue, Thierry Goguel d’Allondans précise que le colloque a pour objectif d’aider les professionnels de santé et toutes les personnes concernées à se former aux pratiques entourant la transidentité, afin « d’accompagner avec bienveillance les jeunes et les moins jeunes ». Il indique que la moitié des intervenants sont elles et eux-mêmes des personnes trans.
Vendredi 4, une partie de la journée est consacrée aux tatouages réparateurs, au passing vocal, qui permet aux personnes trans d’apparaître comme cisgenres, et à l’accompagnement sexologique. Le samedi sera partagé entre des groupes spécialisés, des communications de la part de soignants et un temps dédié aux « familles à l’épreuve du genre » par le collège de chercheurs en sciences sociales de TSF.
Oppositions locales
À Strasbourg, une dizaine d’associations et de collectifs, dont certains intervenant en soutien des personnes transgenres, se mobilisent contre la tenue de l’évènement et prévoient un rassemblement, samedi 5 octobre devant la faculté de médecine. Pour ces organisations, TSF devrait être interdite et dissoute. Co-gérante de Support Trans Strasbourg, Emma précise les raisons de cette opposition :
« Hier on parlait de transexualité, puis de dysphorie, d’incongruence et maintenant de variation de genre. Les termes changent mais la transidentité est toujours perçue comme une pathologie. Ils prétendent agir pour la dépsychiatrisation des trans, mais c’est un groupe de psychiatres… Cet évènement participe à catégoriser les personnes comme des hommes ou des femmes, en fonction de leur apparence, de leur voix… Ce contrôle social est basé sur des caractéristiques stéréotypées et soumet l’accès à des médicaments ou à des soins à l’approbation d’un médecin. C’est une violence systémique, basée sur le genre et le sexe, alors que les droits fondamentaux doivent s’appliquer à toutes et tous, sans distinction. »
De son côté, Thierry Goguel d’Allondans regrette que ces collectifs aient refusé de faire partie de l’évènement. Il espère que la mobilisation et l’événement samedi seront l’occasion pour les militants et les participants de se rencontrer et de discuter.
Incompréhension des organisatrices et organisateurs
Vendredi 4 octobre au matin, Béatrice Denaes, co-présidente de TSF, est allée à la rencontre des militantes et militants. La journaliste et autrice du livre « Ce corps n’était pas le mien. Histoire d’une transition tant attendue », est triste de voir l’opposition au congrès émaner de collectifs avec lesquels elle « partage les mêmes objectifs » :
« Avec Trans Santé France, on a obtenu que les certificats de psychiatres ne soient plus obligatoires pour avoir accès au soin. On travaille avec la haute autorité de santé pour que cela soit écrit, noir sur blanc. Cela fait quatre ans qu’on se bat et les avancées existent ! Bien sûr que les médecins n’étaient pas tous bienveillants il y a quelques années, mais nous luttons contre ça et cela prend du temps. Jamais je ne ferais partie d’une organisation qui compte parmis ses membres des médecins qui doivent définir ce qu’est un bon ou un mauvais trans à travers des certificats. »
Sur l’invitation de psychiatres, Béatrice Denaes précise que comme les personnes cis, les personnes trans peuvent avoir besoin d’aide à certains moments de leur vie. « Moi ça m’a beaucoup aidé », explique-t-elle.