Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Le règlement de comptes derrière la démission du président de la SIG Olivier Klotz

Le règlement de comptes derrière la démission du président de la SIG Olivier Klotz
Olivier Klotz

Élu en juin, démissionnaire en octobre, Olivier Klotz n’aura pas tenu longtemps à la tête de la SIG. Le club des actionnaires reprend la main sur le club de basket de Strasbourg.

Ancien président du Medef Alsace, Olivier Klotz est habitué à nager dans les eaux troubles du monde des affaires. Mais il a sans doute sous-estimé les pièges du monde du sport ! Mercredi 25 octobre, un communiqué laconique de la SIG rapporte qu’Olivier Klotz a démissionné de la présidence du club de basket de Strasbourg après seulement quatre mois de mandat. Une annonce étonnante puisque l’ancien président, Martial Bellon, était resté 13 ans au même poste.

Que s’est-il passé ? D’abord, la venue d’Olivier Klotz a été une surprise pour le petit monde du basket. À la suite de Martial Bellon, c’est Pierre Burgun qui devait prendre la relève, patron des montres Pierre Lannier, un gros sponsor du club à Ernolsheim-lès-Saverne. Mais Pierre Burgun avait semble-t-il échaudé quelques uns des partenaires et personnels de la SIG. Si bien qu’au début de l’année 2023, Robert Fedida alors président du conseil de surveillance du club, s’est mis à lui chercher un remplaçant.

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Halloween : deux drones et un hélicoptère pour surveiller Cronenbourg et Hautepierre

Halloween : deux drones et un hélicoptère pour surveiller Cronenbourg et Hautepierre
Cronenbourg, cité nucléaire

Pour faire face à d’éventuels débordements lors de la soirée de Halloween, la préfecture du Bas-Rhin a autorisé le déploiement de deux drones et d’un hélicoptère équipés de caméras dans les quartiers de Hautepierre et Cronenbourg.

Halloween, édition 2023. À Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a aussi décidé de faire peur. Du 31 octobre à 18h jusqu’au 1er novembre à 1h, deux drones et un hélicoptère pourront capter, enregistrer et transmettre les images filmées dans les quartiers de Hautepierre et de Cronenbourg. Josiane Chevalier accède ainsi à une demande de la police nationale pour « assurer la sécurisation de la soirée et de la nuit d’Halloween ». Selon l’arrêté préfectoral signé le 27 octobre, la soirée d’Halloween génère des troubles à l’ordre public. La préfecture rappelle ainsi qu’au « cours de la soirée du 31 octobre 2022, 36 poubelles et 15 véhicules ont été incendiés, les troubles à l’ordre public ayant donné lieu à une vingtaine d’interpellations ».

Deux quartiers touchés par les émeutes

L’arrêté préfectoral n’indique pas pourquoi les quartiers de Hautepierre et Cronenbourg en particulier nécessitent une surveillance. En octobre 2022, selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, tous les secteurs de l’Eurométropole de Strasbourg étaient concernés… à l’exception de Hautepierre « où la nuit a été particulièrement tranquille ». Sollicitée, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à notre demande.

La préfecture se base sans doute sur les émeutes liées à la mort de Nahel en juin 2023. Les destructions avaient été particulièrement importantes dans l’Ouest de Strasbourg. À Hautepierre, les émeutiers ont pris pour cible le collège Erasme et le centre commercial. Dans le quartier voisin de Cronenbourg, le collège Sophie Germain et l’école Langevin avaient été incendiés.

Des interdictions sur le transport de carburant

Dans ses arguments, la préfecture avance aussi l’insuffisance des forces de sécurité intérieure et de la vidéoprotection pour assurer l’ordre public dans ces quartiers. Sans nommer Hautepierre ou Cronenbourg, l’arrêté préfectoral met en cause l’urbanisme du territoire concerné :

« Compte tenu de l’ampleur de la zone à sécuriser, de la configuration particulière des lieux avec de nombreuses rues et bâtiments qui permettent aux individus violents de se déplacer de manière très mobile et dispersée, de l’intérêt de disposer d’une vision en grand angle pour permettre le maintien et le rétablissement de l’ordre public tout en limitant l’engagement des forces au sol pour préserver leur intégrité physique, le recours aux dispositifs de captation installés sur des aéronefs est nécessaire et adapté. »

Arrêté préfectoral du 27 octobre

Pour limiter les incendies, la préfecture a pris deux autres arrêtés. Le premier interdit la « distribution, la vente et l’achat de carburants dans tout récipient transportable » du lundi 30 octobre à compter de 8h jusqu’au jeudi 2 novembre à 8h sur l’ensemble du territoire du Bas-Rhin. Le second interdit dans la même période et sur le même territoire « l’achat, la vente, la cession, l’utilisation, le port et le transport des artifices de divertissement et articles pyrotechniques ».

Thierry Queffélec, préfet du Haut-Rhin, a également signé deux arrêtés interdisant l’achat et à la vente de carburant dans des récipients et d’articles pyrotechniques « pour le bon déroulement des festivités dans tout le département ».

Trop de plomb dans les sols de certains jardins familiaux

Trop de plomb dans les sols de certains jardins familiaux
jardins familiaux Eslau

Une quantité anormale de plomb a été retrouvée dans certains jardins familiaux de l’Elsau, mis à disposition par la Ville de Strasbourg. Un métal lourd potentiellement dangereux pour la santé des utilisateurs et dont la présence a été détectée en 2022. Les familles ont été prévenues un an plus tard.

« J’aurais juste aimé qu’on me prévienne quand j’étais enceinte ». Face au jardin familial qu’elle utilise depuis près de 10 ans, à l’Elsau, Julie (le prénom a été modifié) fulmine. Le 15 septembre 2023, elle a été informée que des analyses ont révélé la présence d’un métal toxique dans le sol de sa parcelle. Des tests effectués à « l’automne / hiver 2022 », explique l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) dans un courrier, qui ont « mis en évidence une présence anormale de plomb dans les terres ».

« On rappellera que le plomb est un métal toxique »

Accompagné d’un questionnaire de quatre pages sur les usages et pratiques culturales des utilisateurs du jardin, le courrier de l’EMS demande depuis combien de temps les locataires de ces parcelles y jardinent, la régularité de leur fréquentation de la parcelle, le temps qu’ils y passent, si les cultures sont en pleine terre ou hors sol…

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Autour de 3 000 personnes dénoncent la répression d’Israël contre les civils à Gaza

Autour de 3 000 personnes dénoncent la répression d’Israël contre les civils à Gaza

Environ 3 000 personnes ont défilé de la place Dauphine à la place de la Gare de Strasbourg dans l’après-midi du samedi 28 octobre pour dénoncer l’opération armée d’Israël dans la bande de Gaza et les souffrances infligées au peuple palestinien.

C’est par une lecture de l’arrêté préfectoral qu’a débuté la manifestation de soutien au peuple palestinien, samedi 28 octobre vers 15h. Alors que 3 000 personnes commençaient à se sentir serrées place Dauphine, en face du centre commercial Rivétoile, les organisateurs ont tenu à rappeler les consignes spécifiques appliquées à ce rassemblement (listées dans l’article précédent).

Car les 25 organisations ayant collectivement appelé à défiler voulaient à tout prix montrer aux autorités, et à la préfecture en particulier, qu’un rassemblement en faveur des Palestiniens ne serait pas synonyme d’émeutes, ni un creuset de propos antisémites ou d’apologie du terrorisme. Et ce, malgré l’opération terrestre débutée le matin même à Gaza par l’armée d’Israël, qui a également imposé un black-out complet aux 2,5 millions de Gazaouis

Hervé Gourvitch et Leïla Sihabi ont rappelé les consignes de la préfecture au début de la manifestation. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Pari gagné pour le collectif des organisateurs. Les slogans entendus étaient franchement hostiles à Israël, et au gouvernement français, accusés de perpétrer ou de laisser commettre des crimes de guerre dans la bande de Gaza, après l’attaque du Hamas au matin du 7 octobre. Mais il n’y a pas eu de slogans antisémites ni même religieux tout au long du parcours.

Indignation face à la violence de la répression

Rabih, Libanais en France depuis 2010, est effaré par la violence qui frappe les Palestiniens :

« Avant l’attaque du Hamas, rien que depuis janvier, il y avait déjà 300 morts palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie, et personne n’en parlait. L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre, ce conflit a débuté au début du siècle dernier. Ce qu’il se passe en Palestine, c’est un nettoyage ethnique depuis cette époque ! »

AvatarRabih
Originaire du Liban, Rabih est en France depuis 2010 et n’a plus aucune nouvelle de ses proches à Gaza. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Alors que des cris scandent « Israël assassin, Macron complice », Rose, la cinquantaine, pousse son vélo parmi les manifestants. Pour elle, Israël s’affranchit du droit international :

« On voit un État qui est attaqué par des terroristes et qui se venge sur des civils avec son armée… Plus de 7 000 morts parmi les Gazaouis, dont 3 000 enfants, on en est là à ce jour… Est-ce normal pour un État ? Et la France qui n’arrive pas à appeler au cessez-le-feu, j’ai beaucoup de mal avec ça. »

Rose

Rose n’est « pas complotiste » mais elle trouve que l’attaque du Hamas est une diversion opportune pour le gouvernement israélien :

« Le gouvernement était paralysé (dans sa tentative de réforme du système judiciaire, NDLR), il faisait face à des manifestations monstres et depuis l’attaque du Hamas, c’est la concorde nationale ! Comment l’armée d’Israël et ses services secrets ne l’ont pas vu venir, comment est-ce possible qu’ils aient laissé passer 2 000 terroristes ? J’ai du mal à comprendre. »

Rose
Samia n’en peut plus de ce « massacre ».Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Samia, qui défile avec ses trois filles dont une en poussette, est à bout de nerfs depuis trois semaines :

« Je ne suis ici ni pour le Hamas, ni pour le Fatah (parti politique palestinien, au pouvoir en Cisjordanie, NDLR). Je suis ici pour les enfants, les mères, les vieux qui sont privés de tout depuis l’attaque et tués par l’armée israélienne. Comment est-ce possible qu’on laisse faire ça ? On n’en peut plus de ce massacre, c’est insoutenable. »

AvatarSamia

Dans le cortège qui arrive à la Gare, Anne, la quarantaine avec un keffieh autour du cou, est satisfaite par la tenue de la manifestation :

« Je n’ai pas entendu un “Allah ouackbar” et c’est tant mieux. L’attaque du Hamas est terrible mais il faut reconnaître qu’elle a rappelé à tout le monde l’existence de ce conflit… Les Palestiniens sont opprimés depuis tant d’années. Je suis allée en Cisjordanie, il faut voir comment les colons s’attaquent quotidiennement à eux et comment Israël multiplie les vexations, les bloquent dans leurs vies… C’est infernal, ça ne peut pas continuer. »

Anne

Vers 17h30, la manifestation arrivée place de la Gare s’est dispersée sans incident après un bref discours promettant d’autres rendez-vous en soutien aux Palestiniens et une minute de silence dédiée à toutes les victimes du conflit. Restée discrète tout au long du parcours, la police nationale n’a pas eu à intervenir pour disperser la manifestation mais la préfecture indique que neuf personnes ont été interpellées au cours de l’après-midi.

Aux Bibliothèques idéales, un week-end de débats autour des révolutions actuelles

Aux Bibliothèques idéales, un week-end de débats autour des révolutions actuelles

Les Bibliothèques idéales proposent « La révolution en nous » du jeudi 2 au dimanche 5 novembre, avec des invités plus ou moins révolutionnaires mais toujours plein d’idées. La thématique rappelle que la créativité des rebelles est bienvenue dans l’ambiance sécuritaire actuelle.

Dans l’environnement ultra-corseté qui est devenu le nôtre, où des lois d’exception sont votées pour autoriser la reconnaissance faciale automatique sur les images de vidéosurveillance, où des journalistes sont placés en garde à vue parce qu’ils couvrent des manifestations écologistes ou révèlent des scandales d’État, où des manifestations contre le gouvernement sont interdites avant même d’avoir été annoncées, organiser un événement appelé « La Révolution en nous », avec un poing levé sur l’affiche, relève presque du défi.

Le festival est prévu du 3 au 5 novembre, à la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg. Bon, les autorités peuvent cesser de paniquer. L’un des premiers invités à parler des révolutions sera Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron (2017-2020) surtout connu pour avoir réprimé par la violence la révolution, bien réelle elle, des Gilets jaunes. En campagne pour devenir président de la République, Édouard Philippe présentera son livre (Des lieux qui disent, JC Lattès), un programme de droite mais présenté comme non-partisan, basé sur l’affirmation de l’école et de l’élitisme et des principes républicains. Ce mix consensuel peut encore fonctionner auprès des foules apparemment, même quand on a été le chef du gouvernement où l’Éducation nationale était confiée à Jean-Michel Blanquer.

L’engagement de la littérature en question

Fort heureusement, ce week-end organisé par les Bibliothèques idéales, dont les concepts d’échanges libres devant un public sont repris, reçoit d’autres personnalités peut-être un poil plus révolutionnaires, au moins dans leurs idées. Ainsi samedi 4 novembre, deux auteurs (Jean-Hugues Oppel et Jeanne Desaubry) d’un collectif de 68 appellent, par la littérature, à « imaginer un autre futur, refonder une collectivité, une communauté basée sur l’interdépendance et le respect ». Vendredi 3 novembre, un bref moment d’espoir après la Grande guerre est qualifié de « révolution oubliée » et proposé à l’étude in-situ.

Côté révolution nécessaire face au réchauffement climatique, il faudra se satisfaire d’Hugo Clément. Enfant chéri des talk-shows, le journaliste a créé son propre média en 2022, presqu’entièrement dédié aux informations sur les crises environnementales et proposant des moyens pour s’impliquer. Si l’engagement d’Hugo Clément reste un sujet de débat, son impact sur les jeunes qui le suivent par centaines de milliers sur les réseaux sociaux, est bien réel. Suffisamment pour en faire un révolutionnaire ? Il faudra vérifier sur place.

Concerts et rencontres artistiques

Citons également la venue d’Edwy Plenel, dimanche 5 novembre à 16h, qui viendra parler de révolutionnaires tutélaires, des figures qui ont tenu bon contre les vents de leur époque comme Charles Péguy, Émile Zola, Jean de La Fontaine, Léon Trotsky, Rosa Luxemburg… évoquées dans son dernier ouvrage (Se tenir droit, Seuil).

Le festival propose en outre une série de concerts, lectures et rencontres plus festives. Comme par exemple une soirée autour de « la révolution du désir, du plaisir et de la liberté des corps », avec Abigaïl Auperin, Maïa Mazaurette, Alexandra Cismondi, Nicole Mersey Ortega et Laure Giappiconi, samedi 4 novembre à 20h, suivie du spectacle Mujeres Arañas, qui revient sur les menaces contre l’avortement.

Signalons également l’instant de samedi à 14h autour de l’Affiche Rouge de 1944, où des résistants étaient présentés comme des terroristes par les nazis. Des textes de Louis Aragon, des chansons de Léo Ferré et la présence de Didier Daenninckx seront aptes à réchauffer le cœur de tout révolutionnaire.

Guerre en Israël : la communauté juive de Strasbourg se protège

Guerre en Israël : la communauté juive de Strasbourg se protège

Depuis les attaques du Hamas contre des civils en Israël du 7 octobre, la communauté juive de Strasbourg multiplie les actions pour se sentir en sécurité. Reportage dans le quartier des Contades.

Sous la pluie du vendredi 27 octobre, les rues du quartier des Contades à Strasbourg sont silencieuses. Sur la grille de la synagogue de la Paix, un panneau rappelle que « plus de 1 200 Israéliens ont été tués par le Hamas ». Le 7 octobre, une attaque menée par le Hamas sur le territoire d’Israël a fait plus de 1 400 morts, lors de raids contre des civils. L’organisation islamiste considérée comme terroriste par l’Union européenne a pris en otage plus de 200 citoyens israéliens. En réplique, le gouvernement d’extrême-droite israélien a imposé un blocus total de la bande de Gaza et bombardé les agglomérations, faisant plus de 7 000 morts selon le ministère de la santé du Hamas. Depuis, la communauté juive strasbourgeoise vit dans la peur des répercussions locales du conflit israélo-palestinien.

Pierre Haas est délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en Alsace. Il témoigne d’une tension et d’une angoisse accrues au sein de sa communauté qui rassemble à Strasbourg environ 20 000 personnes :

« Beaucoup d’entre eux ont des proches ou de la famille qui habitent en Israël, un pays en guerre. Les gens m’appellent pour me rapporter des actes antisémites, que ce soit des graffitis ou des inscriptions qui célèbrent le Hamas. Toutes les personnes qui m’appellent me disent faire preuve d’une vigilance extrême. »

« Je sens qu’on me regarde »

Devant les épiceries cashers du quartier des Contades, la majorité des personnes interrogées sur leur quotidien depuis les attaques terroristes du 7 octobre expriment d’abord leur lassitude. Au pied d’un immeuble, deux hommes, qui souhaitent rester anonymes, admettent qu’ils ne sont « pas tranquilles » :

« J’habite au dessus d’un bar et je sens qu’on me regarde. Je sens les regards insistants, le soir et même en journée. On accompagne systématiquement les enfants jusqu’à l’école. Ce n’était pas le cas avant. C’est préventif. »

Avant de repartir entre deux averses sur son vélo cargo, l’un des pères de famille salue la présence accrue de policiers dans le « ghetto », un qualificatif qu’il donne au quartier des Contades.

Cinq personnes interrogées déplorent que le drapeau israëlien ait été décroché de la facade de l’Hôtel de ville place Broglie. Lucette, 50 ans, ne comprend pas ce qu’elle interprète comme un manque d’empathie envers sa communauté :

« J’ai l’impression que personne ne nous soutient à Strasbourg. Lors des attentats contre Charlie Hebdo, tout le monde était dans la rue. Là, on ne voit pas grand monde. Bien sûr il y a nos voisins qui demandent des nouvelles. Mais la solidarité n’est pas flagrante. »

« Mes fils ne portent plus la kippa en dehors du quartier »

Ce qui change vraiment pour Lucette depuis le 7 octobre, c’est la présence de deux de ses enfants au domicile familial. Ils auraient dû partir le 10 octobre vivre en Israël. « Du coup ils sont à la maison. Je ne sais pas quand ils pourront partir », souffle-t-elle. Alors qu’elle répond aux questions de Rue89 Strasbourg, une voisine lui dit bonjour de loin et demande des nouvelles de ses fils. « Au moins ils sont bien ici », sourit-elle.

En prévision du week-end, Lucette sait que sa famille ne s’aventurera pas hors du quartier des Contades. « Je suis reconnaissable et mes fils aussi. D’ailleurs ils ne portent plus la kippa en dehors du quartier », explique-t-elle, prenant pour exemple un trajet en train où ils sont exceptionnellement restés sans leur couvre-chef religieux.

Hors de question également de flâner dans un parc le week-end pour profiter des derniers rayons du soleil automnal. « Avec la manifestation qui est prévue en soutien à la Palestine, on se dit que ça pourrait dégénérer », estime-t-elle. Des précautions « évidentes » pour la mère de famille.

« En alerte », c’est aussi l’état d’esprit de cette mère de quatre enfants, tous scolarisés dans des écoles juives de Strasbourg :

« Dans la rue, on ne les appelle plus par leurs prénoms. On utilise une version française. Les enfants vivent comme si on était en état de guerre. On ne se balade plus dans le parc à côté de la synagogue. Tout le monde est vigilant. »

Jeudi 19 octobre, un adolescent de 15 ans a été interpellé aux abords de la synagogue avec un couteau en main. À France Bleu Alsace, le président du consistoire juif de Strasbourg Maurice Dahan confiait que « pas un jour ne passe sans qu’un membre de la communauté juive de Strasbourg ne porte plainte en ce moment, notamment pour des injures ».

Les codes des portes changés

Devant une pharmacie de l’avenue des Vosges, Sarah et Dina font état de changements pour leurs enfants plus que pour elles-mêmes. Dans les écoles, les codes des portes ont été changés et les sorties sportives annulées.

« Si ma fille de 17 ans ne m’appelle pas quand elle sort du lycée, je suis angoissée », explique Dina. « Et désormais, pour signaler une absence d’un de mes enfants, l’école demande à ce qu’on appelle et à ce que plus rien ne passe par mail », abonde Sarah.

Les mères de familles décrivent des messages quotidiens de la part des établissements scolaires les invitant à faire attention. « Ils ne peuvent plus sortir de l’établissement pendant la récréation », poursuit Sarah.

Caroline est très inquiète. La jeune quadragénaire, mère de sept enfants, craint pour leur sécurité même si elle tente de les préserver du contexte comme elle peut :

« J’ai demandé à mon fils qui travaille dans une épicerie casher de ne plus porter la kippa mais il refuse. J’ai aussi demandé à ma fille si elle savait quoi faire en cas d’attaque terroriste dans son lycée. »

Une autre fille de Caroline vit en Israël, où elle a été appelée pour son service militaire, « mais pas sur le terrain », glisse la mère, un peu rassurée. Les mots sortent à toute vitesse lorsque Caroline parle, presque sans interruption. Puis elle lâche brusquement : « Je pense que ça s’entend, je suis en colère ».

« Quand j’approche de l’école juive, je regarde autour de moi, quand j’approche du centre communautaire, je regarde autour de moi. J’ai demandé à mes enfants de rentrer directement à la maison après la fin des cours. C’est dur de ne pas baigner dans cette angoisse tout le temps mais il faut être vigilant. On a tous encore l’attentat de Toulouse en tête, et ce qui s’est passé en Israël, ça peut très bien se passer ici. C’est un prétexte pour les antisémites qui veulent taper du juif. »

Des messages antisémites à l’université

Natacha Hubelé est présidente de la section strasbourgeoise de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Depuis le 7 octobre, l’Union organise des veillées en soutien aux otages, des collages, des manifestations et des groupes de parole. Neuf évènements en trois semaines, ce qui est exceptionnel pour l’organisation. Au téléphone, elle raconte la mise en place d’une « cellule de crise » depuis trois semaines et la prévention qu’ils se sont efforcés de faire, dès le 9 octobre au matin :

« On a envoyé une lettre au doyen de la faculté pour prévenir les actes antisémites. Dès le 7 octobre, on a su que ce n’était pas un évènement comme les autres. On ne sait pas encore ce qui est fait du côté de l’université pour punir les actes antisémites mais nous travaillons pour faire remonter les signalements. On est surtout tous très fatigués. »

Selon la présidente, les insultes antisémites sont présentes sur les réseaux sociaux et dans les groupes WhatsApp d’étudiants. Dans un échange consulté par Rue89 Strasbourg, les étudiants juifs sont qualifiés de « dragons volants » par exemple. Sur un réseau social, l’UEJF rapporte le témoignage de Romain dont les camarades d’amphi estiment qu’il faut « buter tous ces sales juifs ». Des remarques antisémites requalifiées en blagues auraient aussi été proférées dans le cadre de cours « mais heureusement, il n’y a pas eu d’attaque physique », poursuit la présidente.

Une fois par semaine depuis l’attaque, l’UEJF organise un cercle de parole pour que les étudiants et étudiantes puissent en parler ensemble :

« Ça fait du bien de partager ce qu’on a sur le cœur. Avec les otages dont on n’a pas de nouvelles, l’image d’une inscription « interdit aux juifs » à l’entrée d’un bâtiment en Turquie et la multiplication des insultes antisémites, on a tous vraiment peur. »

« J’aimerais que plus aucun civil ne meure »

Lucette, la mère de famille, aimerait avant tout que « plus aucun civil ne meure » :

« Si ça pouvait se régler sans aucun décès supplémentaire, ça serait génial. C’est peut-être un peu naïf mais je me dis que des conflits inter-religieux ont déjà été dépassés, que ça pourrait être le cas de celui-ci également. »

Au sein de la famille de Caroline, « tout le monde est hébété. On espère juste que l’armée de terre d’Israël entrera le plus tard possible dans Gaza, car on sait tous que ce jour endeuillera encore beaucoup de familles », explique-t-elle.

Interrogée sur les effectifs déployés pour protéger la communauté juive à Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à Rue89 Strasbourg dans le temps imparti.

Un audit dénonce les dérives financières et la gestion clanique du centre socio-culturel de l’Elsau

Un audit dénonce les dérives financières et la gestion clanique du centre socio-culturel de l’Elsau

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Revenu de transition écologique : un nouveau modèle de financement de projets débarque à Strasbourg

Revenu de transition écologique : un nouveau modèle de financement de projets débarque à Strasbourg
Justine Rist, jeune cuisinière de 33 ans, souhaite démocratiser la cuisine végétarienne et végan. Elle est l’une des jeunes femmes soutenue par Byfurk cette année pour son projet.

Porté par la marque Byfurk, le Revenu de transition écologique vise à soutenir des initiatives respectueuses du vivant, du lien social et de l’humain. Soutenu par l’Eurométropole de Strasbourg à hauteur de 50 000 euros, ce mode de financement pourrait bénéficier à une dizaine de projets en 2023.

C’est une petite révolution dans le monde de l’Économie sociale et solidaire (ESS) à Strasbourg. Arriver à vivre, financièrement, d’un projet qui ne serait pas rentable. C’était le rêve de Benoît Hamon en 2017, avec son revenu universel. Depuis, l’idée a été étudiée par plusieurs chercheurs notamment la suissesse Sophie Swaton, philosophe et économiste, qui a transformé le projet de base du socialiste français en un Revenu de Transition Écologique.

Le principe : avoir une activité qui respecte le vivant, les relations humaines, et qui fasse sens. La chercheuse de l’Université de Lausanne a créé la fondation Zoein, qui soutient les initiatives qui pourraient être bénéficiaires de ce RTE et qui les accompagne. En France, sa soeur jumelle (Zoein France) existe depuis 2019. Elle soutient une dizaine d’associations qui travaillent autour de ce RTE. Byfurk, à Strasbourg, en fait désormais partie.

Capture d’écran du site internet de Byfurk.

Un accompagnement humain…

À l’origine de Byfurk, il y a Philippe Kuhn, ancien enseignant de maths et physique, reconverti en acteur de l’ESS depuis une dizaine d’années, Somhack Limphakdy, enseignante chercheuse en philosophie du droit, et Stéphane Bossuet, président directeur général du réseau national Cooperer pour Entreprendre. Avec ce projet, ils espèrent soutenir des hommes et des femmes basés sur l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), soucieux de trouver du sens dans leur activité, souhaitant à la fois respecter la planète, le vivant, mais aussi l’humain et les relations humaines.

« Le but est d’accompagner les gens qui ont envie de changer de job, parce qu’ils ne se retrouvent plus dans les propositions d’entreprises actuelles. Notamment parce qu’ils veulent bosser pour la transition écologique, environnementale ou sociétale. »

Philippe Kuhn, co-fondateur de Byfurk.

Créée au printemps 2023 au sein de Cooproduction (une société coopérative d’intérêt collectif – SCIC qui accompagne près de 300 entrepreneurs depuis 2011), la toute jeune Byfurk propose un schéma d’accompagnement structuré et progressif aux porteurs de projet.

Il y a d’abord une mesure d’impact, faite par un prestataire externe. Le but est d’évaluer les impacts écologiques, sociétaux et sociaux du projet. Pour cette mesure d’impact, le porteur de projet doit commencer par une phase d’écriture. Ensuite, il ou elle est accompagnée par un mentor, quelqu’un d’expérimenté, qui le guidera, prendra du temps – de façon bénévole – « une fois tous les deux mois par exemple », pour l’aider à penser la pérennité du projet.

Justine Rist, jeune cuisinière de 33 ans, souhaite démocratiser la cuisine végétarienne et végan. Elle est l’une des jeunes femmes soutenue par Byfurk cette année pour son projet. Photo : Gerhard Bahmer

… et financier innovant

La troisième étape est celle du financement participatif, qui est cruciale. Et particulièrement innovante avec Byfurk, car il est triple.

Le porteur de projet doit commencer par lancer un financement participatif classique sur une plateforme de crowd funding quelconque. Une fois que le « byfurkeur » obtient son seuil minimal, par exemple 5 000€, le financement sera abondé d’autant par l’Eurométropole de Strasbourg. Et une nouvelle fois abondé par des acteurs privés qui auront été sélectionnés au préalable. Au final, le financement est donc triplé. Dans cet exemple, le porteur de projet touchera 15 000€ pour lancer son idée.

« Il y a plusieurs acteurs qui mettent en commun un financement. C’est cette mise de départ que nous considérons comme le Revenu de Transition Écologique, c’est un revenu de lancement. Et si les acteurs du territoire par exemple, se rendent compte que l’activité du byfurkeur fait sens, et qu’ils veulent la pérenniser, ils pourront ensuite devenir prestataires de ce byfurkeur, et lui fournir un véritable RTE, de façon annuelle par exemple. »

Philippe Kuhn.

L’EMS a voté en 2023 un accompagnement à hauteur de 50 000€ au total pour l’ensemble des projets portés par Byfurk. Le dispositif devrait être reconduit en 2024, avec – Philippe Kuhn l’espère – 100 000€ de financement. « Nous espérons ainsi soutenir entre 10 et 20 byfurkeurs », conclut le co-fondateur.

Dernier volet inédit du RTE version alsacienne : une partie de la participation financière allouée au projet sera reversée en Stück au byfurkeur. Tom Baumert, coordinateur de la monnaie locale à Strasbourg explique :

« L’économie reste sur le territoire, et cet argent-là pourra être réutilisé chez des prestataires locaux. Le Byfurkeur pourra dépenser ces Stüks pour son activité. De cette façon, on s’assure qu’on participe bien à l’économie locale. »

Théâtre-forum, culture du safran, cuisine végétarienne : les Byfurkeurs 2023

Parmi la petite poignée de « byfurkeurs » ou jeunes entrepreneurs déjà soutenus par Byfurk, on compte une majorité de femmes. Et des idées variées. Il y a par exemple Françoise Gutmann, 55 ans, qui « a exercé à peu près trente boulots jusqu’ici, le dernier étant prof d’allemand », lance en riant la quinquagénaire. Depuis janvier 2023, Françoise Gutmann propose des ateliers de « théâtre-forum » aux entreprises privées pour résoudre des situations de conflit :

« Le principe : on joue une scène qui illustre la situation tendue vécue dans la structure, et les acteurs concernés vont venir prendre la place des autres sur scène. En jouant ainsi, ça vibre en nous, et on comprend mieux pourquoi notre collègue a agi comme ça. Le but est de chercher de nouveaux possibles. »

Philippe Kuhn accompagne ainsi Françoise Gutmann depuis plusieurs mois dans l’écriture de son projet. « Il m’aide beaucoup à mieux communiquer, et à présenter mon projet. Byfurk va aussi m’aider à me faire un réseau, et surtout à vivre de ce que je fais grâce au financement participatif ». La quinquagénaire intervenait jusque-là de façon bénévole.

Aux côtés de Françoise, on trouve également Anaïs Meyer qui lance son activité de plantation et diffusion du safran à Strasbourg. « Elle cherche à réduire les trajets de cette épice, à la faire pousser sans eau et avec le moins d’énergie fossile possible », explique Philippe Kuhn.

Il y a aussi Justine Rist, une jeune cuisinière végétarienne et végétalienne baroudeuse de 33 ans. Après avoir vécu au Japon, en Australie ou encore en Autriche, la Strasbourgeoise a décidé de revenir chez elle au printemps dernier. Avec un objectif : faire connaître et aimer la cuisine végétarienne et végétalienne.

Plat collaboratif végan, créé par Justine Rist, Kate Tran et Raphaël Calot : crêpe bahn Xeo farcie à la salade de choucroute. Photo : Ahandi photographie / Chloé Sinan

« Je ne comprends pas pourquoi tellement peu de gens s’y intéressent, notamment dans le monde de la cuisine, alors que c’est une cuisine plus écologique et plus inclusive car tout le monde peut la goûter. Bref, c’est une cuisine qui rassemble et qui peut être ultra-créative. »

Si la jeune femme en est encore à la phase d’écriture de son projet, et a un peu de mal à expliquer concrètement comment elle compte s’y prendre pour démocratiser cette cuisine, elle sait qu’elle veut s’adresser à la fois aux chefs, mais aussi aux écoles et aux centres d’apprentissage, et pourquoi pas toucher également le grand public à travers des évènements. « Il faut éduquer les chefs et le grand public, leur expliquer pourquoi il est important de manger végétal pour la planète ».

Food trucks pour étudiants et mesures réchauffées : le grand flou du pacte des solidarités dans le Grand Est

Food trucks pour étudiants et mesures réchauffées : le grand flou du pacte des solidarités dans le Grand Est
Comme Mohammed, rencontré lors d’un reportage en décembre 2022, de nombreuses personnes cumulent des heures d’intérim sans pouvoir dépasser le seuil de pauvreté

Présentée par la préfète du Grand Est mercredi 25 octobre, la déclinaison locale du pacte des solidarités reste floue. Les mesures concrètes sont peu nombreuses et le montant global de l’engagement de l’État n’est pas encore connu.

Sous les moulures dorées de l’hôtel préfectoral, le directeur général adjoint de l’Institut national de la statistique (Insee) Grand Est, Vivien Heim, a présenté mercredi 25 octobre deux analyses de la pauvreté dans la grande région.

Au total, 764 000 personnes, soit 14,5% de la population du Grand Est, vivent avec un revenu sous le seuil de pauvreté, fixé à 1 120 euros nets par mois pour une personne seule. Une autre étude a établi qu’en 2019, dans le Grand Est, 8% des travailleurs vivaient dans un ménage pauvre. Au total, 339 000 ménages du Grand Est soit environ 764 000 personnes, sont considérées comme pauvres.

Le diagnostic de l’Insee est clair mais face à cette situation, les mesures gouvernementales restent beaucoup plus floues.

Rien de tel que les moulures dorées de l’hôtel préfectoral pour aborder la la pauvreté dans la Région Grand Est. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Un « plan de gestion de la pauvreté »

Les annonces gouvernementales en matière de lutte contre les inégalités étaient attendues depuis janvier. Après plusieurs reports, la Première ministre Élisabeth Borne a présenté le pacte des solidarités le 18 septembre. Il doit être contractualisé au niveau régional et local d’ici la fin 2023. Le plan déçoit pour l’instant les fédérations et associations de lutte contre l’exclusion. Cité par la Gazette des communes, Noam Léandri, représentant du collectif Alerte, dénonce un « plan de gestion de la pauvreté (…) qui ne fixe aucun objectif chiffré de réduction de la pauvreté et ne prévoit rien pour évaluer l’efficacité des mesures prises ».

Plus d’un mois après la présentation d’Élisabeth Borne, les mesures concrètes annoncées par la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier ce mercredi 25 octobre sont peu nombreuses. Le premier axe du pacte des solidarités porte sur la lutte contre la pauvreté dès le plus jeune âge et la lutte contre les inégalités de l’enfance. Dans ce domaine, la préfète a mis en avant la création d’un « service public de la petite enfance » dont l’objectif est de créer 200 000 places de garde supplémentaires dans des crèches au niveau national.

Mais Josiane Chevalier n’a donné aucun détail sur le nombre de places prévues dans le Grand Est. Elle a aussi rapidement évoqué des mesures prises par le passé : la revalorisation de 50% de l’allocation de soutien familial (mise en place en octobre 2022) et la pérennisation des repas du Crous à un euro pour les étudiants boursiers (annoncée en mars 2023).

Des mesures réchauffées

Autre objectif affiché du pacte des solidarités : l’amplification de l’accès à l’emploi pour tous. Sur ce point encore, la préfète a servi du réchauffé. Josiane Chevalier a d’abord évoqué la mise en œuvre de France Travail, dont la mesure phare porte sur l’obligation de réaliser 15 heures de bénévolat par semaine pour les allocataires du Revenu de solidarité active (RSA). La préfète a ensuite avancé « la poursuite du contrat d’engagement jeunes », un dispositif qui s’adresse notamment aux 16-25 ans qui ne sont ni étudiants, ni en activité, ni en formation, et qui peinent à accéder à un emploi durable. Les jeunes s’engagent auprès d’un conseiller d’insertion, à travailler 15 à 20 heures par semaine tout en percevant une allocation de 534 euros par mois. Deux actions qui existent en dehors du pacte des solidarités, donc.

Un troisième axe du dispositif porte sur la « lutte contre la grande exclusion ». Dans ce domaine, la préfète du Grand Est a mis en avant l’expérimentation du dispositif « Territoire zéro non-recours » en Meurthe-et-Moselle et sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg. Cette politique vise à « déployer la solidarité à la source pour éviter le non-recours aux prestations sociales ». Annoncée fin mars, la mesure doit mobiliser les collectivités, associations, caisses de Sécurité sociale et autres bailleurs sociaux pour informer et accompagner les personnes sur leurs droits : accès au RSA, à la Prime d’activité, mais aussi au chèque énergie, aux aides aux logements et aux services publics.

Le dernier volet du pacte des solidarités est dédié à la transition écologique. Dans ce cadre, la préfète a listé trois mesures : « un leasing social à 100 euros par mois pour une voiture électrique« , une réforme du dispositif « Ma prime rénov’ », attendue par de nombreux ménages depuis plus d’un an, et une « généralisation de la tarification sociale des cantines dans les collèges » : une action qui devrait faire bondir le président de la Collectivité européenne d’Alsace, puisqu’il refuse de mettre en place une telle tarification dans les départements alsaciens.

Un montant global inconnu

Josiane Chevalier a terminé sa présentation par « les actions déjà lancées » dans le domaine de la nutrition. L’appel à projets « Mieux manger pour tous » bénéficie d’un budget de 1,5 million d’euros sur les quatre années du pacte. Il permettra notamment de lancer un « food truck solidaire en partenariat avec la Croix-Rouge pour les étudiants » et une épicerie solidaire à Commercy.

Mi-septembre, la Première ministre avait annoncé « une augmentation de 50% des crédits dédiés, par rapport à la stratégie précédente », sans toutefois donner un montant précis. Un mois plus tard, l’imprécision demeure. Interrogée sur le montant global du pacte des solidarités dans le Grand Est, la préfète n’a pas pu donner de chiffre : « On pourra vous donner un budget quand les pactes auront été complètement bouclés avec les collectivités. » Et Josiane Chevalier de prévenir : « C’est vraiment un plan global de lutte contre la pauvreté. Évidemment, les effets ne sont pas immédiats. On est quand même sur des tendances lourdes et les politiques dans le domaine de la petite enfance par exemple ne se mesureront qu’au fil des années. »

À Strasbourg, quatre inscriptions antisémites sur le réseau CTS en une semaine

À Strasbourg, quatre inscriptions antisémites sur le réseau CTS en une semaine

Depuis le 16 octobre, quatre inscriptions antisémites ont été recensées par la Compagnie des Transports Strasbourgeois sur son réseau. Le conseil représentatif des institutions juives d’Alsace a fait un signalement au parquet de Strasbourg.

Tout est parti d’une déclaration de la préfète du Bas-Rhin mercredi 25 octobre. Interrogée par France Bleu Alsace sur les nombreuses fausses alertes à la bombe des deux dernières semaines, Josiane Chevalier a déploré « des remontées quotidiennes sur des tags antisémites » à Strasbourg. Elle n’a pas pu indiquer le nombre de tags antisémites recensés depuis le début du mois, précisant simplement que le quartier de Hautepierre est concerné, avant de conclure, toujours aussi imprécise : « On en a beaucoup dans les quartiers. »

Un signalement du Crif au procureur

« Ça a commencé dans la semaine du 16 octobre, affirme Pierre Haas, représentant du Conseil représentatif des institutions juives de France en Alsace, sollicité par Rue89 Strasbourg. Des enfants qui prennent le tram ont fait remonter des inscriptions “mort aux juifs” et “juifs + USA” suivis d’une croix gammée sur le mobilier de la CTS. » Pierre Haas indique que le Crif Alsace a fait un signalement pour antisémitisme au parquet de Strasbourg dans la journée du mardi 24 octobre.

Contactée, la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) évoque quatre inscriptions antisémites sur son réseau depuis le lundi 16 octobre. Un premier message antisémite a été découvert le lundi 16 octobre au niveau de l’arrêt de tram Landsberg, dans le quartier de Neudorf. Deux autres inscriptions ont été trouvées dans deux tramways circulant sur la ligne A le mardi 17 octobre. Le dernier message antisémite a été constaté sur la ligne D le mardi 23 octobre. La communication de la CTS indique avoir signalé les faits au procureur du parquet de Strasbourg après avoir demandé le retrait rapide de ces inscriptions. « Cette année, nous n’avons pas eu de signalement (sur des inscriptions antisémites, NDLR) avant le mois d’octobre », ajoute la communication de l’entreprise.

« Aucun signalement » selon l’entreprise JC Decaux

Chargée de l’entretien de plus d’un millier d’Abribus et de centaines de panneaux publicitaires, l’entreprise JC Decaux indique qu’ « après vérification auprès de [ses] services techniques, [elle n’a eu] aucun signalement de tag antisémite sur [ses] mobiliers urbains strasbourgeois ».

Selon nos informations, un tag antisémite dans le centre, près des Halles, a été signalé aux services de la Ville de Strasbourg. Le tag a été effacé. La Ville de Strasbourg, de même que la police nationale, n’a pas donné suite à notre demande d’informations.

Sollicitée pour préciser la pensée de la préfète évoquant des tags antisémites dans le quartier de Hautepierre, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu.

Une vingtaine d’organisations appellent à manifester contre les « massacres à Gaza » samedi

Une vingtaine d’organisations appellent à manifester contre les « massacres à Gaza » samedi

Vingt organisations appellent à manifester samedi 28 octobre pour demander la fin des bombardements à Gaza. La préfète du Bas-Rhin a annoncé à Rue89 Strasbourg que la mobilisation devrait être autorisée cette fois-ci, contrairement aux autres rassemblements de soutien aux Palestiniens à Strasbourg organisés depuis le 7 octobre.

« Halte aux massacres à Gaza. » C’est le mot d’ordre de l’appel à manifester à Strasbourg samedi 28 octobre. Le rendez-vous est fixé à 15h place Dauphine, devant le centre commercial Rivetoile. Une vingtaine de collectifs, d’associations et de partis politiques se joignent à la mobilisation (voir la liste en fin d’article).

Pour rappel, des centaines de combattants du Hamas ont pénétré le territoire israélien le 7 octobre. Les membres de l’organisation islamiste ont tué 1 400 personnes et capturé 222 otages. Depuis, plus de 7 000 Palestiniens, dont 2 913 enfants, ont été tués par l’armée israélienne d’après le ministère de la santé du Hamas.

Perrine Olff-Rastegar, porte-parole du collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, alerte sur la gravité de la situation :

« Les bombardements à Gaza causent des milliers de morts qui s’apparentent à un véritable génocide. Il est absolument urgent de faire pression sur les responsables de tous les pays pour qu’ils demandent à Israël d’arrêter ces massacres. Nous demandons aussi la fin du blocus de Gaza imposé par Israël depuis 2007, et l’arrêt du processus de colonisation en Cisjordanie. »

La préfète ne prévoit pas d’interdiction

Interrogée par Rue89 Strasbourg jeudi 26 octobre, le préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier a affirmé qu’elle « ne pense pas interdire la manifestation » après avoir analysé l’appel à la mobilisation avec les forces de l’ordre et estimé qu’il ne risquait pas de provoquer des « troubles à l’ordre public ». Elle avait publié des arrêtés interdisant des rassemblements initiés sur les réseaux sociaux les 20 et 21 octobre. Selon ces arrêtés préfectoraux, ces manifestations légitimaient les actions du Hamas et les forces de l’ordre manquaient du fait de la coupe du monde de Rugby. D’importants dispositifs policiers avaient pourtant tout de même été déployés sur la place Kléber à l’heure prévue des mobilisations.

manif palestine 13 octobre
La place Kléber bouclée pour empêcher tout rassemblement pro-Palestine le 13 octobre. Photo : CB / Rue89 Strasbourg

La manifestation déclarée du 13 octobre avait aussi été interdite par un arrêté prefectoral. Treize personnes avaient été interpellées ce jour là. En tant qu’organisatrice, Perrine Olff-Rastegar était restée 48 heures en garde à vue. Son procès pour organisation d’une manifestation non-autorisée aura lieu le 22 janvier. D’ici là, elle est interdite de manifestation et ne pourra pas se rendre à la mobilisation de samedi. « On ne m’a pas encore interdit de parler, alors j’exprime mes revendications », lance-t-elle.

Le 12 octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait demandé aux préfets d’interdire toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens. Le Conseil d’État a finalement décidé le 18 octobre qu’une telle généralisation n’était pas possible, et qu’il appartenait aux préfets de décider au « cas par cas ». Le député LFI strasbourgeois Emmanuel Fernandes a signé la déclaration de la manifestation :

« Mon rôle est de soutenir celles et ceux qui veulent manifester, c’est un droit fondamental. Il s’agit d’une mobilisation pour la paix, des milliers de civils meurent. Il serait souhaitable que la préfète n’interdise pas cette manifestation. J’étais moi même à la mobilisation autorisée à Paris le 22 octobre. Nous étions 30 000 et tout s’est bien passé. »

« Libérons l’information ! » : la presse indépendante lance ses États généraux

« Libérons l’information ! » : la presse indépendante lance ses États généraux

Alors que le gouvernement organise les États généraux de l’information, après avoir attaqué et réduit les droits de la presse depuis 2017, 48 médias et 10 organisations se réunissent pour organiser leur propre événement. Rue89 Strasbourg en fait partie.

Peut-on vraiment espérer quelque chose des États généraux de l’information ? C’est, en somme, une question que se posent nombre de citoyens et de journalistes. Alors que Vincent Bolloré rachète sans difficulté le Journal du dimanche malgré l’opposition de ses salariés, qu’une journaliste française passe 39 heures en garde à vue pour un travail d’enquête, que des lois récentes ont restreint la liberté d’expression au point de devoir en répondre devant des tribunaux de commerce, l’exercice de la profession de journaliste devient de plus en plus compliqué, ce qui a un impact sur l’information disponible et proposée aux citoyens.

Pour cette raison, 48 médias et 10 organisations journalistiques ont décidé de se réunir pour organiser des États généraux de la presse indépendante. Au côté de Mediapart, La Déferlante, Reporterre, Rue89 Lyon, Rue89 Bordeaux, You Press, Médiacités… Rue89 Strasbourg participe à cette mobilisation en écho aux questions posées par les États généraux de l’information du gouvernement, mais avec des réponses qui ne passent pas par des oligarques. Pour rappel, en France, la plupart des médias généralistes sont détenus par des milliardaires.

Lancé par le Fonds pour une presse libre, ce travail de réflexion veut libérer l’information des pouvoirs politiques, des médias de la haine et des grandes fortunes. Pour cela, des propositions de réformes seront portées devant le grand public, mais aussi vers les parlementaires. Beaucoup sont déjà sur la table depuis des années, notamment celles portées par le Syndicat de la presse indépendante (Spiil) sur un rééquilibrage des aides à la presse notamment.

Propriété des médias, droits des journalistes…

Cinq thématiques sont particulièrement proposées aux débats :

    Propriété des médias (concentration, transparence des actionnaires et comptes financiers, droit d’agrément et de révocation responsables de rédaction, etc.),   Droits des journalistes (secret des sources, confidentiel défense, secret des affaires, procès-bâillons ; contournement de la loi de 1881 sur la liberté d’expression),  Réformes des aides publiques (conditionnalité des aides, rééquilibrage papier / numérique ; problème des aides des collectivités locales ; la question de la distribution numérique) Lutte contre la précarisation des journalistes (statut, rémunération, etc.),  Plateformes (Gafam) et intelligence artificielle (droits voisins, régulation, chartes éthiques, etc.).

Cet événement est inédit : c’est toute la profession qui se mobilise pour l’indépendance de l’information. Au-delà de notre diversité, de nos désaccords, nous nous rassemblons ici pour dire aux citoyennes et citoyens que d’autres propositions éditoriales, que d’autres agendas informatifs existent.

Chaque jour des millions de personnes lisent, regardent, écoutent la presse indépendante. Ce sont ces voix que ces États généraux feront entendre, dans leur pluralisme et loin des commissions officielles. Un premier rendez-vous public est prévu jeudi 30 novembre à Paris, d’autres rendez-vous suivront dont un à Strasbourg (contactez-nous si vous pouvez aider à l’organiser).

Et pour soutenir la presse indépendante à Strasbourg, abonnez-vous !

Mis en cause dans la gestion de violences, le président de la Croix-Rouge du Bas-Rhin a démissionné

Mis en cause dans la gestion de violences, le président de la Croix-Rouge du Bas-Rhin a démissionné
Une mission d’enquête nationale a démontré que la DT67 n’avait pas géré correctement des cas de violences sexistes et sexuelles signalés à Strasbourg. Le président de la DT67 a démissionné suite à cette enquête.

Le président territorial de la Croix-Rouge du Bas-Rhin a démissionné le 1er août 2023. Une mission d’enquête avait été diligentée après des dénonciations de violences sexistes et sexuelles. Le bureau de la DT67 avait été largement mis en cause dans sa gestion de la crise.

Après 15 ans de bénévolat à la tête de la Croix-Rouge du Bas-Rhin, Patrick Ichter a préféré démissionner dans la tempête. Le président de la délégation territoriale de l’association en a informé le siège, à Paris, le 1er août 2023. Quelques jours plus tôt, sa hiérarchie parisienne l’avait informé de la volonté de dissoudre le bureau de la délégation territoriale de la Croix-Rouge dans le Bas-Rhin (DT67), et de la mise en place d’une administration provisoire.

La décision de la Croix-Rouge a été actée le 25 juillet, le lendemain de la parution de notre enquête sur les violences sexistes et sexuelles dénoncées par plusieurs témoins et victimes à Strasbourg au sein de la Croix-Rouge du Bas-Rhin.

Une mission d’enquête nationale a démontré que la DT67 n’avait pas géré correctement des cas de violences sexistes et sexuelles signalés à Strasbourg. Le président de la DT67 a démissionné suite à cette enquête. Photo : FlickR / Département des Yvelines / Maraude de la Croix Rouge

Un rapport d’enquête accablant

Dans cette enquête, Rue89 Strasbourg avait révélé le contenu d’un rapport interne réalisé après une mission nationale qui – pendant neuf mois – a tenté de comprendre et d’analyser ces signalements de violences sexistes et sexuelles commises au sein de la Croix-Rouge du Bas-Rhin.

Parmi les 30 entretiens menés par la mission interne, sept témoignages évoquaient des comportements sexistes. Deux plaintes pour viols ont été déposées en avril 2022. Le parquet de Strasbourg les a classées sans suite le 10 mai 2023 faute de « preuves suffisantes ».

Le rapport mettait largement en cause la gestion humaine et managériale de la délégation territoriale de la Croix-Rouge du Bas-Rhin. Il y était également question de cas de gouvernance « jugées autoritaires » de la part du bureau de la DT67, d’une « culture du secret » et d’une « culture interne de défiance ».

Notre enquête avait également démontré que trois lanceurs d’alerte et témoins de ces comportements sexistes avaient été suspendus sur décision de la DT67. Il a fallu qu’ils contactent le siège à Paris et rappellent le statut protégé de lanceur d’alerte, pour être réintégrés.

Une mise sous tutelle de la Croix-Rouge du Bas-Rhin ?

Officiellement, le siège parisien de la Croix-Rouge refuse de parler de « mise sous tutelle » de l’antenne du Bas-Rhin. Le terme mis en avant est donc celui « d’administration provisoire ». Mais officieusement, les bénévoles parlent entre eux d’une tutelle de Paris.

La responsable communication de la Croix-Rouge explique que le 25 juillet, « la Commission Vie Associative et Engagement de la Croix-Rouge française a pris la décision de dissoudre le bureau de la délégation territoriale de la Croix-Rouge française dans le Bas-Rhin et de mettre en place une administration provisoire. » Elle revient ensuite, à l’écrit, sur ce qu’est cette administration provisoire :

« Elle est composée de trois personnes choisies pour leurs compétences et leur expérience de gouvernance territoriale. Cette administration provisoire est à l’écoute de toutes celles et tous ceux qui les sollicitent. Ils s’attachent à proposer des temps d’animation (…). Ils assurent ainsi la mobilisation essentielle à la continuité des activités d’accompagnement des publics vulnérables. Ils veillent à un strict respect du code de conduite de la Croix-Rouge française par l’ensemble des volontaires. »

Cette administration provisoire de la Croix-Rouge du Bas-Rhin est en place pour un premier mandat de six mois. Elle est composée de Philippe Le Gall, François Bliard et Christian Crespi. Tous trois n’habitent pas Strasbourg, ni même la région du Bas-Rhin. Selon une bénévole de la DT67 jointe par téléphone : « Ils se réunissent régulièrement à Strasbourg, font parfois des visios pour le suivi des activités, les prises de décisions, et se déplacent aussi sur le terrain. »

Patrick Ichter n’a pas souhaité répondre à nos questions.

En une semaine, au moins 11 alertes à la bombe et trois interpellations en Alsace

En une semaine, au moins 11 alertes à la bombe et trois interpellations en Alsace

Depuis le 17 octobre, six établissements scolaires et deux aéroports de la région ont été la cible de fausses alertes à la bombe, pour certains à plusieurs reprises. Le climat local s’est encore tendu avec trois interpellations de jeunes hommes soupçonnés de projets violents.

Dans un contexte de grande tension liée au conflit entre Israël et la Palestine, qui a fait plus de 5 000 morts dont 2 000 enfants dans la bande de Gaza et 1 400 décès en Israël depuis le 7 octobre, l’Alsace a connu de nombreuses alertes à la bombe du mardi 17 octobre au mardi 24 octobre.

À Strasbourg, le lycée Jean Rostand et le lycée Le Corbusier d’Illkirch-Graffenstaden ont été évacués mardi 17 octobre après réception de mails envoyés par un expéditeur anonyme affirmant avoir déposé une bombe dans les établissements. Le lycée Jean Rostand a été à nouveau évacué le 19 octobre pour la même raison.

Systématiquement, d’importants moyens policiers ont été réquisitionnés avec l’intervention des démineurs de la Sécurité civile qui ont exploré les bâtiments scolaires pour lever le doute. La circulation des trams et des bus CTS a aussi été interrompue à proximité des sites menacés.

Un lycéen strasbourgeois interpellé

Selon les DNA, un jeune homme de 17 ans a été identifié par la police comme étant l’auteur des mails ayant entrainé ces trois alertes. Il a été interpellé vendredi 20 octobre. Ce dernier, scolarisé dans l’un des deux lycées, a dit aux enquêteurs avoir voulu « s’amuser » et espérait ainsi ne pas avoir cours. D’après l’article 322-14 du Code pénal, communiquer une fausse information comme le dépôt d’une bombe peut-être sanctionné de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Mardi 17 octobre, la cité scolaire Lazare de Schwendi à Ingersheim et le lycée Saint-André de Colmar ont également été évacués suite à des mails indiquant que des engins explosifs avaient été placés dans les établissements. Idem pour le collège Victor Hugo, à Colmar, le 19 octobre. Les élèves du collège François Villon à Mulhouse n’ont pas eu cours vendredi 20 octobre, encore à cause d’un message malveillant envoyé depuis une adresse mail piratée en Bretagne.

Quatre évacuations d’aéroports en trois jours en Alsace

L’aéroport d’Entzheim a aussi reçu un mail le 18 octobre, provoquant son évacuation et une inspection du site par les démineurs. Pour la même raison, l’aéroport international de Bâle-Mulhouse, ou EuroAirport, et à nouveau l’aéroport d’Entzheim ont été évacués pendant quelques heures le 19 octobre.

L’EuroAirport a reçu un nouveau courriel le 20 octobre, entrainant une seconde évacuation de plusieurs milliers de personnes en deux jours. Et quatre jours plus tard, le mardi 24 octobre, l’aéroport de Bâle-Mulhouse a été à nouveau évacué pour une alerte à la bombe dans l’après-midi, occasionnant la fermeture des bretelles d’autoroutes d’accès au site et d’importants embouteillages.

Le bilan est donc de cinq évacuations d’aéroports en six jours en Alsace, du 18 au 24 octobre. Près de 70 fausses alertes à la bombe ont eu lieu dans des aéroports en France depuis le 18 octobre. Elles ont quasiment toutes été causées par des mails envoyés depuis la même adresse suisse, selon le ministre des Transports Clément Beaune.

Trois interpellations

Lundi 16 octobre à Mulhouse, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a interpellé un jeune homme pour « apologie du terrorisme » après avoir constaté qu’il diffusait « des éléments de propagande ». Une arme de type carabine a été saisie chez lui. Il aurait envisagé de s’en prendre à des policiers et militaires.

D’après l’Alsace, un garçon de 17 ans inscrit au lycée Blaise-Pascal de Colmar a été interpellé lundi 16 octobre dans l’après-midi après avoir menacé de « planter » une professeure de français le matin-même, lors du temps d’échanges sur l’assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras.

Un adolescent de 15 ans a été interpellé jeudi 19 octobre après avoir frotté la lame d’un couteau sur les barrières en métal de la grande synagogue de Strasbourg. Le jeune homme a été mis en examen et placé en centre éducatif fermé dimanche 22 octobre selon les DNA. En garde à vue, il avait assuré qu’il ignorait se trouver à côté d’une synagogue et qu’il avait trouvé le couteau dans sa poche par hasard. Il avait recherché le prix d’une kalachnikov sur internet et publié sur le réseau social Snapchat : « Je viens dans votre lycée je vais allumer la kalache (sic) je serai le Tchétchène le plus connu. »

Le tribunal administratif ordonne l’évacuation du camp place Brant

Le tribunal administratif ordonne l’évacuation du camp place Brant
Une poussette devant une des tentes du campement en face du café Brant, composé entre autre de plusieurs familles le 5 octobre 2023.

Le juge des référés a ordonné l’évacuation du campement du quai du maire Dietrich lundi 23 octobre. Selon lui, la situation sanitaire précaire des familles avec des enfants constitue une « atteinte inacceptable à leur dignité ».

Voilà près de deux mois qu’une trentaine de tentes sont installées sur la place Brant, devant le palais universitaire de Strasbourg. Une cinquantaine de personnes sans-abri ont élu domicile le long de l’Ill, en bordure du quai du maire Dietrich. La présidente de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) Pia Imbs avait demandé l’évacuation des lieux auprès du tribunal administratif. Elle vient d’obtenir gain de cause. Ce lundi 23 octobre, le juge des référés a décidé d’ordonner l’expulsion des habitants du campement. L’EMS est désormais autorisée à demander l’intervention de la police pour procéder à cette évacuation.

Une poussette devant une des tentes du campement en face du café Brant, composé de plusieurs familles. Mathilde Cybulski / Rue89 StrasbourgPhoto : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Selon le juge des référés, « le fait que des personnes, dont des familles avec des enfants, vivent durablement dans une situation sanitaire précaire, exposés à la vue de tous, caractérise une atteinte inacceptable à leur dignité. » Un communiqué du tribunal administratif de Strasbourg précise que le juge a aussi souligné « qu’il aurait appartenu à l’Eurométropole de prendre l’attache de la ville de Strasbourg, de l’État, ou de toute autre autorité compétente, pour que la situation des occupants des lieux soit évaluée et qu’ils puissent être hébergés. »

D’après nos informations, près d’un millier de personnes dormaient dehors à la mi-octobre à Strasbourg, notamment dans des campements qui se multiplient un peu partout dans la ville. Strasbourg a d’ailleurs décidé – aux côtés de cinq autres villes – d’attaquer l’État pour ses carences dans l’hébergement des sans-abris.

Filiale des frères Jacot, Mobidecor tire profit de la liquidation de Clestra Metal

Filiale des frères Jacot, Mobidecor tire profit de la liquidation de Clestra Metal
Deux entreprises se situent au 9 rue de Rochefort : Clestra Metal et Mobidécor. La première a été placée en liquidation judiciaire. La seconde propose plusieurs reclassements aux ouvriers licenciés.

Après la liquidation judiciaire de Clestra Metal, 62 salariés licenciés ont reçu des offres de reclassement dans une filiale du groupe Jestia. Également active dans le domaine des cloisons de bureaux, l’entreprise Mobidecor vient de lancer son activité à Strasbourg.

Les 126 salariés d’Unterland Metal (ex-Clestra, voir tous nos articles) le savent depuis le 3 octobre : le licenciement les attend suite à la liquidation judiciaire décidée par le tribunal de commerce de Paris. Après avoir acheté ce fleuron des cloisons de bureaux en octobre 2022, le groupe Jestia a proposé à 62 employés des « reclassements internes ». Ces propositions d’emploi dans des entreprises du même groupe s’inscrivent dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Voilà l’issue dramatique d’une grève menée par les ouvriers de Clestra Metal depuis près de trois mois. « C’est comme si tout avait été planifié d’avance », déplore Amar Ladraa, membre du Comité social et économique (CSE) de Clestra et responsable du syndicat CGT Métallurgie dans le Grand Est.

Deux entreprises se situent au 9 rue de Rochefort : Clestra Metal et Mobidecor. La première a été placée en liquidation judiciaire. La seconde propose une trentaine de postes aux ouvriers licenciés.Photo : Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Un démantèlement en plusieurs temps

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