Suite au rejet de leur motion de soutien aux victimes civiles en Israël et en Palestine, en fin du conseil municipal du lundi 6 novembre, les Communistes menacent de quitter l’intergroupe de la majorité.
Alors que le conseil municipal de ce lundi 6 novembre touchait à sa fin dans un calme relatif, un message sur X (ex-Twitter) d’Hülliya Turan (PCF) réveille l’assemblée. La présidente du groupe Pour la justice sociale et l’écologie populaire – le groupe du Parti communiste au sein de l’hémicycle strasbourgeois – y déclare « l’impossibilité de poursuivre un intergroupe majoritaire », assurant que « sur le fond et la forme, la fracture est profonde. »
Le vote contre notre motion au Conseil municipal est une honte absolue pour l'ensemble des élus.e.s qui se disent progressistes, de gauche, ou encore écologistes. Céder aux sirènes de l'ordre dominant contre la paix au Proche-Orient est inoubliable. Une ligne est franchie !
La rupture se cristallise autour du débat entourant les motions de soutien aux victimes civiles en Israël et en Palestine. Le groupe du PCF et de la majorité écologiste, « Strasbourg écologiste et citoyenne », n’arrivent pas à s’entendre sur un texte commun. Les communistes découvrent en revanche qu’un tel accord a été trouvé entre la majorité et le groupe du Parti socialiste, « Faire ensemble Strasbourg », qui présentent conjointement leur motion.
Le choix des mots
« Je regrette que les communistes fassent le choix de ne pas utiliser le mot terroriste pour qualifier le Hamas. C’est une ligne rouge », lance la maire Jeanne Barseghian, évoquant un devoir de « clarté des élus ». Les élus PCF rejettent l’argument, assurant qu’ils parlent bien d’une « attaque de terreur » dans le texte de leur motion.
Interrogée par Rue89 Strasbourg sur la fin de l’intergroupe qu’elle évoque sur X (ex-Twitter), la présidente du groupe communiste Hülliya Turan tempère :
« Ce qui est acté, c’est qu’on ne pourra pas continuer un intergroupe avec les écologistes dans ces conditions. Il faut de la sincérité dans les débats et dans nos échanges. Or les membres du groupe Strasbourg écologiste et citoyenne n’ont jamais dit qu’ils voteraient contre notre texte, sans préciser leur vote. Ce ne sont pas des méthodes correctes quand on partage une majorité. »
Hülliya Turan, adjointe en charge de l’éducation et présidente
Les élus communistes doivent se réunir prochainement pour décider s’ils poursuivent ou non leur participation à la majorité municipale. Hülliya Turan est adjointe à la maire en charge de l’Éducation et référente de quartier pour l’Elsau.
Face aux réactions outrées rappelant la pénurie de logements étudiants, le Crous Strasbourg a retiré une publication qui mettait en avant son offre de séjours de courte durée pour profiter du Marché de Noël.
« Je connais des gens qui se sont vu refuser des places au Crous de Strasbourg, donc de voir ça, ça m’énerve. » Dans la soirée du dimanche 5 novembre, le Centre régional des œuvres universitaires (Crous) Strasbourg a publié sur le réseau social X (ex-Twitter) un message aux allures de publicité hôtelière : « Un week-end à Strasbourg ça vous dit ? Venez découvrir le célèbre Marché de Noël de la ville à partir de 33 euros la nuit (dans la limite des places disponibles), dans l’une de nos résidences ! »
Publication du Crous Strasbourg sur Twitter, retirée au lendemain de sa publication. Photo : Document remis
La publication n’a pas tardé à susciter nombre de réactions outrées, comme celle du syndicat Alternative étudiante Strasbourg :
« Nous alertons depuis le début de la rentrée sur le manque de logements destinés aux étudiants et étudiantes à Strasbourg et notamment un manque de 10 000 logements Crous. Que fait le Crous de Strasbourg ? Elle les met à disposition des touristes pour “le Marché de Noël”. La honte. »
Un début de polémique, la publication retirée
Voyant la polémique enfler, le Crous Strasbourg a supprimé sa publication dans la matinée du lundi 6 novembre. Contactée, la responsable communication estime qu’il s’agit d’une mauvaise interprétation : « Toutes nos communications sont adressées aux étudiants. Je ne sais pas pourquoi tout le monde s’est dit qu’on communiquait à des touristes. »
L’offre du Crous Strasbourg s’inscrit dans sa prestation de « courts séjours ». Une brochure dédiée décrit les publics ciblés par ce service. Il est possible de demander un hébergement de quelques jours, semaines ou mois, en tant qu’ »étudiant, apprenti, personnel de l’enseignement supérieur ou toute personne en recherche d’hébergements de courte durée dans le cadre de mobilités relevant de parcours éducatifs et de loisirs ». L’offre de court-séjour s’adresse aussi à tout « jeune actif, travailleur saisonnier, artiste, comédien, musicien, participant à une université d’été ou un candidat devant passer des épreuves d’admission pour poursuivre des études dans un établissement d’enseignement supérieur ».
3% des logements du Crous concernés
À Strasbourg, trois résidences du Crous disposent de chambres dédiées aux courts séjours. Les tarifs étudiants varient de 33 à 38,50 euros par nuit pour les étudiants et de 49,50 à 60,50 euros pour les autres. Mais la communicante du Crous de Strasbourg l’assure :
« Cette offre de location de courte durée s’adresse en priorité aux étudiants, pour un stage, un examen, un concours, voire un séjour touristique, et aux apprentis/alternants afin de faciliter le développement et l’attractivité de ce type de formation. »
Dans une communication écrite, le Crous de Strasbourg affirme que son offre de courts séjours représente « environ 3% des logements proposés dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin (sur un parc de 5 500 logements) ». Face aux réactions critiquant le fait que des chambres soient libres, l’organisme public explique ensuite que les réservations sur des courtes périodes entrainent « des disponibilités ponctuelles durant certaines périodes comme les week-ends ou les vacances universitaires ».
Des logements à l’année disponibles
Le Crous de Strasbourg justifie la fin de sa campagne de promotion des courts séjours autour du thème « Strasbourg Capitale de Noël », « au vu des commentaires négatifs observés sur les réseaux sociaux ». L’organisme public souhaitait « faire connaître aux étudiants la possibilité de se loger en court séjour à prix attractifs pour du loisir, pendant les périodes où les logements affectés au court séjour ne sont pas réservés pour motif d’étude (stage, alternance, concours, etc). »
En réaction à ce début de polémique, le Crous de Strasbourg a rappelé par écrit « qu’entre 10 et 20 logements réservables à l’année sont proposés chaque lundi et jeudi sur le site trouverunlogement.lescrous.fr« .
Des chantiers pour résorber la pénurie
À la rentrée 2023, l’organisation étudiante Afges a comptabilisé plus d’une centaine de demandes à son dispositif d’hébergement d’urgence, composé de trois dortoirs dans l’auberge de jeunesse The People à Strasbourg et sept chambres dans un hôtel à Illkirch-Graffenstaden. Pour la présidente de l’Afges Alexa Foulon, la problématique du logement pour les étudiants est « un fléau » à Strasbourg :
« En 2022, on a logé 70 personnes jusqu’en octobre ou novembre. En 2023, on a eu plus de 100 demandes. Mais on ne peut pas toutes les prendre en charge. Nous avons été obligés de dire à des étudiants d’appeler le 115 (numéro pour l’hébergement d’urgence, NDLR). »
Avec la rénovation de la résidence Paul Appell qui a commencé en 2018, le Crous a gagné 450 logements étudiants en optimisant l’espace. Le nombre de places du Crous augmentera encore à la rentrée 2024 grâce à la rénovation de la résidence de la Somme, qui apportera 231 chambres supplémentaires. Le prochain projet d’envergure sera un bâtiment place d’Islande d’une capacité d’accueil de 500 places pour un budget d’environ 40 millions d’euros. Mais le projet devrait être livré à l’horizon 2027-2028.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
La place de la gare pourrait supporter qu’un tram la traverse (photo JFG / Rue89 Strasbourg)Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg / cc
Lors du conseil municipal de ce lundi 6 novembre, la municipalité présentera le nouveau visage qu’elle souhaite donner à la gare de Strasbourg. En exploitant davantage l’espace à l’arrière du bâtiment principal et en remodelant le trafic sur la place qui lui fait face, elle ambitionne d’améliorer l’accessibilité et le transit des passagers.
« Une gare à 360 degrés à l’horizon 2027 ». Si elle n’est pas neuve, la formule fonctionne toujours aussi bien dans les esprits. Initialement, elle résume le vieux rêve d’une gare de Strasbourg s’ouvrant enfin vers son côté ouest. Aujourd’hui, la majorité écologiste la reprend pour résumer son opération de transformation urbaine, annoncée en mai et présentée au conseil municipal de ce lundi 6 novembre.
Le bâtiment principal, caché derrière son gros ballon de rugby en verre, ne sera pas directement concerné ; ce seront ses alentours qui feront l’objet d’un remodelage visant à améliorer l’accessibilité du lieu. Derrière les voies, un parking relié à l’autoroute M35 sortira de terre. Devant, la place de la Gare sera remodelée pour réduire drastiquement la présence des voitures au profit des cyclistes et des bus.
Débattue en début de séance, la délibération permettra à l’exécutif d’étayer davantage ses plans. Dans les rangs de l’opposition, on attend plus de précisions sur une délibération déjà perçue comme « décevante ».
Réorienter le trafic routier
L’objet de la délibération porte spécifiquement sur la transformation des parties à l’arrière de la gare, du côté de la rue des Remparts et sur le site de la « gare basse ». La visée des travaux est simple : faire passer le trafic routier de l’avant à l’arrière de la gare. Les voitures disparaîtront de la place de la Gare (en dehors d’une desserte riverains et commerces) et circuleront sur la rue des Remparts, reliée à la voie métropolitaine M35 (l’ancienne autoroute). Dans ce même espace, un parking en silo de 800 places sera construit sur huit niveaux avec des places vélos.
La place de la gare telle qu’elle devrait être après les aménagements prévus Photo : Ville de Strasbourg / doc remis Présentation de la gare basse lors de la réunion publique Photo : Photo GK / Rue89 Strasbourg / cc
Au recul de la présence automobile s’ajoute la promesse d’un changement de la physionomie du quartier gare. Les cyclistes et les piétons reprendraient du terrain : les premiers disposeront d’un accès à un parking souterrain de 3 000 places. Les piétons auront un accès facilité par les transports en commun, notamment via le tram E qui effectuera une boucle boulevard de Metz.
L’opposition peine à critiquer
« Le mot gare à 360 degrés c’est très vendeur, mais au final, c’est l’histoire d’un parking », tance Jean-Philippe Vetter (LR), le président du groupe d’opposition Les Républicains. Très vite, il glisse dans la discussion que l’ancienne maire Fabienne Keller (ex-LR, Agir depuis 2017) qu’il a soutenue à l’époque reprenait déjà ces termes en 2014. S’il n’est pas frontalement opposé sur le fond du projet, il reste ouvertement sceptique :
« L’objectif de pacifier l’avant de la gare, avec moins de circulation de voiture, est louable (…) Mais la maire prend des engagements à trop longue durée, l’ouverture de la gare doit s’accompagner d’autres éléments concrets. Là, avec ce parking, c’est une révolution sur papier glacé. »
Jean-Philippe Vetter, président du groupe Les Républicains
Jean-Philippe Vetter, président du groupe d’opposition Les Républicains, ne voit qu’une « révolution sur papier glacé » dans le projet des écologistes. Photo : Pascal Bastien / Divergence
Même son de cloche pour Nicolas Matt, le co-président du groupe d’opposition Centristes et progressistes (majorité présidentielle) :
« Il n’y a aucun budget dans la délibération, on ne sait pas de quoi on parle. Nous profiterons du débat pour poser nos questions, sur la praticité des changements pour les usagers. Notamment pour ceux ayant une mobilité difficile, sans avoir nécessairement l’accès aux places pour ceux à mobilité réduite. Enfin, je veux alerter aussi sur l’absence de notoriété du projet. »
Nicolas Matt, co-président du groupe Centrises et progressistes
Dans la foulée, une autre délibération sera examinée concernant l’avenir de la gare routière des Halles. Le stationnement des bus interurbains devrait y prendre fin, au profit d’une végétalisation du site. Une partie des bus devrait alors stationner derrière la gare centrale, transformée en « hub multimodal ».
En 2019, le service de renseignement intérieur a recensé « les relais d’influence » utilisés par la Russie dans le cadre des élections européennes. Les quatre seuls politiques français cités sont membres du Rassemblement national, ou l’ont été. Parmi eux, une conseillère franco-russe du RN au Parlement européen.
Le jeudi 2 février 2023, alors qu’il était entendu par la commission d’enquête parlementaire relative aux ingérences étrangères, Nicolas Lerner insistait : « Nous ne travaillons pas sur les partis politiques. » Mais sur ces quatre dernières années, précisait le patron de la DGSI (le service de renseignement intérieur), « il [leur] est arrivé de soupçonner que des individualités ou des élus d’un parti pouvaient être, à tout le moins, approchés par un service étranger ».
Nicolas Lerner n’a donné à cette occasion aucun nom d’élu ou de parti. Les notes confidentielles du service qu’il dirige se révèlent plus bavardes que lui.
Organisée en premier lieu à la Fondation Julia Stoschek à Düsseldorf, WorldBuilding au Centre Pompidou-Metz est l’une des plus importantes expositions sur le jeu vidéo dans l’art contemporain.
Au Centre Pompidou Metz, le monde de l’art contemporain a pu une nouvelle fois resserrer le lien qu’il occupe avec le jeu vidéo à l’occasion de l’exposition WorldBuilding. Hans Ulrich Obrist, son commissaire d’exposition, y voit l’opportunité de proposer une expérience de spectateur active, qui se retrouve dans la posture de joueur.
Cory Arcangel, Totally Fucked, 2003, cartouche Super Mario Bros. faite main, piratée, système de jeu vidéo Nintendo NES, logiciel de l‘artiste.Photo : ADAGP, Paris.
Située au troisième étage du musée, l’exposition bénéficie d’un grand espace hermétique abandonné par la lumière naturelle. Les différentes pièces sont dessinées par des cimaises détruites, qui laissent entrevoir la globalité de l’espace au travers des trous irréguliers. Arrivé devant le seuil, le visiteur pénètre dans un « espace d’entre-deux », une sorte de grande boîte noire où les principales sources de lumière sont de grandes fenêtres lumineuses qui donnent à voir d’étranges réalités virtuelles.
Avec la perception des limites du réel et du virtuel brouillées, le spectateur entreprend son propre voyage immersif dans des œuvres qui suscitent l’interaction.
JODI, Untitled-Game (CTRL-Space). Modification of Video Game (Quake 1), 1998-2001, Installation de jeu vidéo, noir et blanc, sonore.Photo : ADAGP, Paris.
L’œuvre Untitled Game (CTRL-Space) Modification of a Video Game (Quake 1), qui s’impose dès l’entrée de l’exposition par l’image et le son, propose un visuel décomposé de Quake, un jeu de tir à la première personne majeur dans les années 90. Créé par le collectif Jodi, cette installation de jeu vidéo jouable (avec manette, instructions et siège disponibles devant la projection murale) propose au joueur de naviguer dans le premier niveau du jeu en ne se repérant que par le son, l’image étant remplacée par des bandes noires et blanches abstraites. Cette installation propose une déconstruction du jeu vidéo pour le détourner de son but initial et présenter le modding, qui rassemble les diverses pratiques visant à modifier un jeu vidéo, comme une forme d’art.
Des années 90 et 2000…
Plus loin se trouve une œuvre de Rebecca Allen, artiste américaine pionnière de la création artistique et numérique. The Bush Soul #3 est une installation interactive qui permet de se déplacer au moyen d’un des premiers prototypes de joystick à retour dans un environnement généré aléatoirement, projeté sur le mur. En simulant un contact physique par les vibrations de l’appareil analogique, l’univers en 3D simpliste devient étrangement tactile, vivant et réactif. Les avatars de ces mondes inconnus semblent avoir leur mot à dire dans cette exposition.
Rebecca Allen, The Bush Soul #3, 1999Photo : Marc Domage / Centre Pompidou-Metz
Un peu plus loin encore, plusieurs artistes français représentent Annlee, un personnage de manga, au travers d’œuvre intitulée No Ghost Just a Shell, un projet collectif majeur l’histoire de l’art contemporain et numérique. Dans la vidéo Anywhere Out the World de Philippe Parreno (2000), Annlee, représentée par une figure humanoïde 3D lisse et sans identité claire, prononce face au visiteur un monologue existentiel sur les usages de ses représentations et montre sa précédente forme en 2D. En 2002, Pierre Huyghes et Philippe Parreno cèdent les droits du personnage à Annlee elle-même, devenant alors la première image « autoresponsable » dans une tentative des artistes de la passer de personnage fictif à personne morale.
Philippe Parreno, Anywhere Out of the World, 2000.Photo : ADAGP, Paris.
… à aujourd’hui !
Après ces références de l’art numérique et contemporain originaires des années 90 et 2000, l’exposition passe le flambeau aux créations plus récentes. Parmi les multiples fenêtres qui donnent à voir des univers surréalistes, abstraits et hauts en couleur, une grande projection attire l’attention. Des parties de plusieurs jeux vidéo se succèdent dans de lents fondus, jusqu’à se répéter en boucle. Permanent Sunset est un machinima, un film réalisé dans un ou plusieurs jeux vidéo. Ici, l’artiste s’enregistre en plein jeu, complètement inactif et contemplatif devant les divers paysages vidéoludiques qui représentent chacun le crépuscule à leur manière.
L’auteur de l’œuvre, LaTurbo Avedon, ne se présente qu’au travers de cet avatar qu’il utilise pour filmer ces scènes : en braquant les projecteurs sur la nature dans l’environnement vidéoludique, l’artiste brouille les limites du réel et de l’identité en incarnant son activité artistique directement dans la réalité virtuelle.
LaTurbo Avedon, Permanent Sunset, 2020-présent.Photo : Marc Domage / Centre Pompidou-Metz
Après la visite et l’expérience des autres univers virtuels qu’elle propose, WorldBuildingadresse un dernier clin d’œil virtuel au spectateur. Un téléviseur cathodique diffuse une partie de Super Mario Bros lancée sur une console de jeu vidéo NES posée juste à côté. Le jeu, hacké par l’auteur de l’œuvre, Cory Arcangel, ne propose plus que Mario, personnage éminent de l’histoire du jeu vidéo, abandonné au milieu du vide complet, sur un bloc « ? », sans aucune alternative possible. Totally Fucked montre la condamnation du personnage par l’artiste qui exprime la frustration ressentie face à une technologie incapable d’aider l’humanité.
Sur sa fin, Worldbuilding peut laisser une impression en demi-teinte, ce qui met à rude épreuve l’imaginaire coloré et onirique du jeu vidéo proposé par les multiples installations de l’exposition. Mais elle parvient à lever ce doute : le jeu vidéo ne sera pas cette fin tragique de la réalité par la dématérialisation.
En comprenant les multiples facettes des jeux vidéo, de leurs modes de fonctionnement, de leurs représentations et utilisations, les êtres humains devraient être capables de s’adapter, de les comprendre et de les utiliser comme des portes ouvertes sur de nouveaux possibles. WorldBuilding répond à cette nécessité de construire ces nouveaux mondes.
Étudiant en Master Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles, sa recherche se concentre sur l’art audiovisuel, plus particulièrement sur le jeu vidéo et l’immersion.
L’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques (Oslib) fait part de « son indignation face aux violations des droits fondamentaux dans le cadre des manifestations liées à l’actualité ». Il rappelle qu’il est illégal de saisir des pancartes ou d’interpeller sur ce motif.
À la veille d’une nouvelle journée de mobilisation nationale, où différents partis, syndicats et associations appellent à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques (Oslib) a publié un communiqué sur la liberté de manifester. L’Oslib a été créé en novembre 2022 à Strasbourg, par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme et le Syndicat des avocats de France.
Depuis le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas contre des civils en Israël, les manifestations se multiplient à Strasbourg en soutien à la population gazaouie face à la répression armée qui provoque des milliers de morts parmi les Palestiniens. Les deux premières ont été interdites par la préfecture, tandis que 14 pancartes ont été saisies et neuf personnes ont été interpellées aux abords de la troisième. Une quatrième manifestation appelant à un cessez-le-feu a eu lieu samedi 4 novembre.
Lors de la manifestation du 28 octobre à Strasbourg, un immense drapeau palestinien avait été déployé tout au long de la manifestation. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
« Porter un drapeau palestinien ou des pancartes ne peuvent être des motifs d’interpellation »
L’Oslib tient à rappeler les cadres juridiques qui autorisent tout citoyen à exercer sa liberté d’expression dans l’espace public. Et pointe les abus de la préfecture du Bas-Rhin dans son recours aux interdictions :
« L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme protège la liberté d’expression. Conformément à cet article, les consignes d’interpellation ayant été données lors de la manifestation du 13 octobre à Strasbourg liées au seul fait de porter un drapeau palestinien, sont totalement contraires au droit fondamental qu’est la liberté d’expression. »
De même, l’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques insiste :
« Il n’est pas plus légal de saisir des pancartes, voire d’interpeller sur ce motif, qui expriment légitimement une opinion politique sans injure, ni outrage, ni incitation à la haine. »
« Nous dénonçons l’État d’Israël »
Sur les 14 pancartes saisies le 28 octobre, huit appartenaient à Leila Sihabi selon elle. Faisant partie des organisatrices de la mobilisation, elle affirme d’office qu’elle « ne tolère pas les slogans antisémites » :
« Si une personne tient des propos haineux, elle est exfiltrée. Tout ce que j’ai écrit sur les pancartes était factuel. Il n’y avait aucun appel à la haine, aucun propos contre les juifs ou la population israélienne. Nous dénonçons l’État d’Israël, qui commet des crimes de guerre, c’est une réalité. J’ai par exemple écrit “Israël assassin” ou “À Gaza, il pleut du phosphore blanc”. »
Leila Sihabi
Un autre manifestant a été placé en garde à vue après avoir protesté contre la saisie de la pancarte de son épouse, sur laquelle était inscrit « Halte à la transformation de Gaza en camp d’extermination ». Il expose n’avoir eu « aucune volonté de minimiser l’abomination des camps d’extermination nazis » :
« Nous voulions dénoncer les pratiques actuelles d’Israël. C’est extrêmement grave si la police ou la préfecture se met à décider de ce qui peut se dire en manifestation. S’il y a un délit, c’est à la justice de le décider. Je suis sorti du commissariat après 24 heures de garde à vue et on m’a signifié que je n’aurai aucune poursuite. »
Interrogée sur les raisons précises des saisies de pancartes et les motifs des interpellations pendant la manifestation du 28 octobre, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas donné suite à la sollicitation de Rue89 Strasbourg.
L’expression de la préfète du Bas-Rhin mise en cause
L’Oslib dénonce également la communication de la préfète du Bas-Rhin sur les réseaux sociaux. Josiane Chevalier a en effet pour habitude de tweeter régulièrement sur X, avant, pendant ou après les manifestations. Comme le 13 octobre au soir, après la fin de la première manifestation :
Un rassemblement s’est tenu ce soir à #Strasbourg place Kléber malgré l’interdiction. La police nationale a interpellé 13 personnes dont l’organisatrice de la manifestation qui sera présentée à la justice. La @Prefet67 remercie les forces de l’ordre pour leur professionnalisme.
— Préfète de région Grand Est & du Bas-Rhin 🇫🇷🇪🇺 (@Prefet67) October 13, 2023
Pour l’Observatoire strasbourgeois, « la préfecture viole la séparation des pouvoirs en prenant la liberté d’annoncer qu’une personne sera présentée à la justice » :
« Elle énonce des éléments en omettant de prendre en compte tous les paramètres comme le fait que la personne n’était plus organisatrice de la manifestation qu’elle avait annulée suite à l’arrêté d’interdiction, et fait croire aux citoyens que les personnes sont en infraction du simple fait d’être présentes lors d’une manifestation interdite. Cette pratique participe à la confusion concernant les droits et devoirs des citoyens. »
L’Oslib conclut enfin en s’interrogeant « sur le respect du secret de l’instruction et de l’enquête à travers les tweets de la préfète du Bas-Rhin ».
Une série de tags menaçant de mort les juifs ont été découverts sur les murs extérieurs d’une école maternelle de Strasbourg au matin du vendredi 4 novembre.
Des parents de l’école Vauban ont découvert ce vendredi 4 novembre au matin des tags antisémites sur les murs extérieurs de l’établissement. L’un d’entre eux a alerté la police et une enquête a été ouverte, selon BFM Alsace.
Le conseiller municipal (Horizons) Pierre Jakubowicz a reçu des photos de ces tags et les a publiés sur le réseau social X. À la bombe noire, des croix gammées ont été dessinées ainsi que des étoiles de David avec des inscriptions comme « Mort aux juifs » et « un bon juif est un juif mort ». Le conseiller municipal relève qu’à « quelques jours du 85e anniversaire de la Nuit de Cristal, la haine des juifs s’affiche à nouveau en grand dans nos rues ».
La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EE-LV) a également réagi sur les réseaux sociaux :
« Je condamne ces mots et actes abjects avec la plus grande fermeté et rappelle qu’ils constituent des délits. J’adresse tout mon soutien à la communauté juive de notre ville et reste mobilisée, en lien avec l’État, pour assurer la sécurité des habitants. L’antisémitisme n’a pas sa place à Strasbourg. »
Jeanne Barseghian
Depuis l’attaque du Hamas contre des civils israéliens du 7 octobre, faisant 1 200 morts, et les bombardements de Gaza qui ont suivi, faisant plus de 8 000 morts selon l’organisation gazaouie, trois tags appelant à la mort de juifs ont été retrouvés à Strasbourg, selon le délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives Pierre Haas. D’autres tags ciblant Israël et les juifs ont été retrouvés notamment sur le réseau de la CTS. Un portrait de Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen et victime de la déportation, a été vandalisé à Colmar.
L’audience pour suspendre le confinement définitif des déchets de Stocamine a eu lieu jeudi 2 novembre au tribunal administratif de Strasbourg. Pour l’association Alsace Nature, la décision du gouvernement va à l’encontre du droit des générations futures à vivre dans un environnement sain.
La salle d’audience du tribunal administratif est presque comble ce jeudi 2 novembre. Seul face aux représentants de la préfecture du Haut-Rhin, de l’entreprise Mines de potasse d’Alsace (MDPA), de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et du ministère de la Transition écologique, Me François Zind, avocat d’Alsace Nature, expose ses arguments. Ce dernier tente de suspendre l’arrêté préfectoral qui autorise le confinement définitif des déchets de Stocamine.
En jeu lors de l’audience : 42 000 tonnes de produits toxiques stockés à Wittelsheim, sous la nappe phréatique rhénane, la plus grande ressource d’eau potable d’Europe occidentale. L’association écologiste demande l’extraction de ces déchets estimant qu’ils pollueront, un jour, peut-être dans plusieurs siècles, la nappe phréatique. « Les citoyens ont le droit de vivre dans un environnement sain et équilibré, comme le proclame la Charte de l’environnement », rappelle Me François Zind.
Cette stratégie d’Alsace Nature s’inspire notamment d’une décision prise le 27 octobre par le Conseil constitutionnel. Après avoir validé le projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, les Sages du Conseil ont tenu à préciser : « Le législateur doit veiller à ce que les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne compromettent pas la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins. »
« On dépasse ce que l’État peut prévoir »
Dès lors, pour l’avocat François Zind, « permettre l’enfouissement définitif est impossible », car personne ne peut affirmer avec certitude que l’eau de la nappe ne sera pas fortement polluée. « Vous avez une occasion merveilleuse de faire appliquer le principe de précaution (intégré dans la Constitution, NDLR) », lance t-il, à l’adresse des juges administratifs. Ce principe oblige théoriquement les administrations à prévenir tout risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement.
François Zind, avocat d’Alsace Nature, devant le tribunal administratif de Strasbourg.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Guillaume Bailly, du Bureau du sol et du sous-sol du ministère de la Transition écologique, assure que le confinement des déchets par des barrages en béton est la meilleure solution pour les générations futures : « Son objectif est justement de préserver la nappe phréatique. » Comme à son habitude, l’État fait valoir que le déstockage des déchets n’est plus possible vu la dégradation du site de Stocamine. Une conclusion que conteste fermement Alsace Nature, exemples de déstockages en Allemagne et en Suisse à l’appui.
Présent au tribunal, le député strasbourgeois Emmanuel Fernandes (LFI) se dit « surpris et inquiet » que le gouvernement prévoie un confinement impliquant un engagement, une surveillance et de potentielles opérations de dépollution sur plusieurs siècles : « C’est illusoire. On dépasse ce que l’État peut prévoir. Il est impossible de porter un budget aussi loin pour assurer le financement des opérations. »
Le tribunal administratif de Strasbourg rendra sa décision mardi 7 novembre.
Philippe Lasvigne pour son premier match en tant que président de la SIG, face à Ostende en Champion’s league le 31 octobre.Photo : Philippe Gigon / SIG
Nouveau président de la SIG, Christophe Lasvigne a présenté son projet jusqu’à la fin de la saison pour le club de basket de Strasbourg. Son objectif : ramener les sourires autour du parquet, grâce à de nouveaux entrants comme le chanteur M. Pokora.
Après l’élection contestée d’Olivier Klotz à la tête du club de basket de Strasbourg en juin, et sa démission en octobre, Christophe Lasvigne a été élu président du directoire de la SIG vendredi 27 octobre (voir notre article sur ces changements à la direction de la SIG). Jeudi 2 novembre, il a présenté son projet à la presse, en compagnie de Nicola Alberani, directeur sportif, et Jean-Louis Koessler, troisième membre du directoire.
Pour Christophe Lasvigne, une nouvelle dynamique s’installe désormais à la SIG :
« J’ai essayé de travailler avec Olivier Klotz (le précédent président, NDLR), je suis proche de Christophe Schalk (le nouveau président du conseil de surveillance, NDLR) donc je ne suis pas l’homme d’un clan. Et j’ai été élu président du directoire à l’unanimité moins une voix. J’ai envie de travailler avec tout le monde. »
Christophe Lasvigne
Directeur de Théâtre du vin, Christophe Lasvigne a précisé que « des actionnaires sont revenus » depuis son élection, au premier rang desquels Pierre Burgun, candidat malheureux à la présidence en juin, et que le « dialogue avec les collectivités a repris ». Un contentieux sur les frais de chauffage oppose la SIG et l’Eurométropole de Strasbourg, propriétaire du Rhénus.
Le nouveau directoire de la SIG : Nicola Alberani, Christophe Lasvigne et Jean-Louis Koessler.Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Première mission pour Christophe Lasvigne : sortir le club de l’ornière financière. Ayant perdu environ 10 000€ pendant la saison 2021-2022 puis 430 000€ lors de la saison 2022-2023, le club est sous la surveillance de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) de la Ligue de basket. En juin 2024, le club doit absolument sortir de la saison à l’équilibre. Christophe Lasvigne va travailler sur les coûts, mais il espère surtout pouvoir produire un budget en hausse. Actuellement doté de 7 millions d’euros, le nouveau président du directoire prévoit d’augmenter les recettes du club notamment grâce à une recapitalisation des actionnaires et l’arrivée de nouveaux sponsors.
« On va ramener les sourires, de l’envie et du plaisir », assure Christophe Lasvigne, qui compte beaucoup sur la notoriété du chanteur M. Pokora pour ça. Pressenti pour devenir actionnaire, « M. Pokora sera présent dimanche au Rhénus pour le match contre Dijon avec sa femme ! », a-t-il indiqué comme s’il s’agissait d’une première victoire.
« C’est comme sur le parquet, lorsqu’on demande aux joueurs d’aller chercher un rebond supplémentaire, détaille Christophe Lasvigne, ça change le match. Donc on va demander aux actionnaires, aux partenaires, aux équipes et aux bénévoles de donner un peu plus, pour que le club progresse. » La SIG veut rester au sommet de la première division du basket français, malgré une masse salariale à la neuvième place. Un domaine où Christophe Lasvigne espère progresser, notamment pour garder un joueur pivot, Nysier Brooks.
Concernant l’Arena, la reconstruction complète du Rhénus en stade super-luxe avec des loges pour super-riches (voir nos articles), Christophe Lasvigne s’en tient à distance, en laissant la présidence de la société en charge du projet (Wacken Immo) à Martial Bellon, l’ancien président du club pendant 13 ans. Une décision sur l’Arena doit être prise en décembre.
Manifestation en soutien au peuple palestinienPhoto : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens appelle à une nouvelle journée de mobilisation samedi 4 novembre à Strasbourg. Sa trentaine d’associations membres appelle à un cessez-le feu immédiat à Gaza.
Près d’un mois après l’attaque du Hamas qui a provoqué la mort de plus de 1 400 civils israéliens, et les opérations militaires israéliennes qui ont suivi visant l’organisation qualifiée de terroriste par l’Union européenne dans la bande de Gaza, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDI) appelle à une nouvelle mobilisation dans l’après-midi du samedi 4 novembre. À Strasbourg, le rendez-vous est donné à 14h place Dauphine, en face du centre commercial Rivétoile.
Un appel à manifester est lancé pour le samedi 4 novembre, en exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Le 28 octobre à Strasbourg, plus de 3 000 personnes avaient manifesté en soutien aux civils palestiniens. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
« La France doit demander un cessez-le-feu immédiat »
Dans un tract envoyé aux médias et publié sur son site, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens détaille :
« L’armée israélienne soumet la bande de Gaza à des bombardements d’une violence inouïe et à un blocus total qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments. Les hôpitaux, lorsqu’ils fonctionnent, opèrent aujourd’hui sans anesthésiques. En Cisjordanie occupée, la population palestinienne est soumise à la violence redoublée de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire. »
Extrait de l’appel à manifester du CNPJDPI.
L’appel à manifester a été signé par 34 associations locales comme l’Union juive française pour la paix, le collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, le MRAP Strasbourg mais aussi des partis comme le NPA, le Parti de Gauche, le Parti communiste ou encore plusieurs syndicats.
Le texte tient à « rendre hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre », et rappelle ainsi que « chaque vie compte ».
Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
La capitale de l’Alsace, traditionnellement attachée à l’œcuménisme, est touchée par les secousses du conflit entre Israël et le Hamas. La communauté juive, profondément blessée, réclame un soutien sans équivoque, quand les militants propalestiniens se plaignent d’être muselés. Certains décident de se taire, le temps du deuil.
Temples, mosquées, églises, la cheffe de chœur Isabelle Marx a chanté dans à peu près tout ce que la ville de Strasbourg compte d’édifices religieux, et ils sont nombreux dans la capitale du Grand Est. « J’ai coutume de dire que le seul endroit de Strasbourg où je n’ai pas chanté, c’est à la synagogue », glisse, sourire en coin, cette « juive libérale », infatigable militante du dialogue interculturel et interreligieux.
Une évidence tellement profonde qu’elle a imprimé sa marque au cœur même de sa famille : cette femme juive a épousé un chrétien. Parmi ses cinq enfants, une fille est musulmane. Un gendre bouddhiste est récemment entré dans le clan. Une manière de ne pas se contenter de dire être « pour la paix » et de troquer les discours pour « l’expérience réelle des convictions ».
Le 7 octobre 2023 cependant, le choc a été rude face à l’attaque du Hamas sur le sol israélien. « Je me suis sentie vraiment perdue… » Isabelle Marx décrit cette émotion dans la chaleur d’un café de Strasbourg. « Il y a des monstruosités tous les jours, je le sais bien, j’ai accueilli pendant plusieurs mois des réfugiés ukrainiens, nous avons vécu à travers eux cette guerre terrible. Mais il y a bien sûr une proximité différente dans ce cas-là pour moi. »
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L’exposition photographique Nebula Liger / Un fleuve à soi entreprend de mettre le visiteur en mouvement, en immersion dans la nature, du 6 octobre au 13 janvier à Stimultania.
Et si un fleuve avait la possibilité de s’exprimer et de défendre ses intérêts ? L’exposition Nebula Liger / Un fleuve à soi est une enquête menée par Benoit Pinero lors de ses marches près de la Loire, fleuve qui traverse Nantes, où l’artiste réside. En 2018, Benoit Pinero commence une immersion au travers d’une pratique photographique. L’artiste dit être « entré en paysage ». Avec la complicité du metteur en scène Hubert Jégat, il imagine un parcours immersif au sein duquel le brouillard tient une place importante. Présent dans la salle d’exposition, le brouillard aveugle le visiteur ou la visiteuse qui, de fait, doit réapprendre à voir pour « entrer en paysage » à son tour.
L’entrée de l’exposition se fait par un immense rideau noir qui fait référence à l’art du théâtre. En le traversant, les visiteurs plongent immédiatement dans une chambre de brouillard, où quatre petits projecteurs suspendus laissent apparaître des photographies de paysage.
Benoit Pinero marche le long de la Loire dans ce brouillard et ces trajets sont pour lui un moment où il se questionne sur l’actualité politique et écologique. Plus il avançait et moins il comprenait le monde. Il était dans un brouillage, un brouillard qu’il croise quotidiennement dans sa vie. Pour l’artiste, le brouillard matérialise la confusion intense de toutes ces questions qu’il se pose sans cesse. Les visiteurs se retrouvent placés dans la tête de l’artiste, ils ne sont pas de simples visiteurs mais interprètes.
L’importance de la mise en scène
En sortant de la chambre de brouillard, le visiteur est directement absorbé par des photographies de paysage illuminées par des cadres lumineux. Par sa mise en scène, l’artiste souhaite retrouver de la poésie et créer une sensation d’immersion dans les images.
Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi. Photo : Morgane Akyuz
Il va acquérir du matériel photographique utilisé dans les années 1940-1950 jusqu’aux années 1990-2000. Sur une table en métal, on retrouve des impressions sur des plaques de verre, des diapositives, des cadres rétro-éclairés et une table de visionnage suspendue. On croise également un certain nombre de systèmes de projection et de visionnages tels que des diaposcopes qui donnent une sensation de profondeur dans l’image ainsi que des visionneuses de diapositives.
Vue de l’exposition Nebula Liger / Un fleuve à soi,Photo : Morgane Akyuz Vue d’un projecteur de diapositive, série Nebula Liger, Benoit Pinero, Photo : de Morgane Akyuz Vue sur 4 visionneuses stéréoscopiques, modèle Diaposcope et 4 diapositives, série Nebula Liger, Benoit Pinero, Photo : de Morgane Akyuz
Cette mise en scène reflète l’influence de Benoit Pinero pour le monde du spectacle vivant. Il souhaite inviter les visiteurs à devenir acteur en se réappropriant son paysage, son brouillard, et son fleuve, la Loire. Une part importante du patrimoine fluvial français, un des plus longs fleuves s’écoulant entièrement en France mais aussi une ressource importante menacée par le réchauffement climatique.
L’épreuve des cinq sens
Tout au long de l’exposition, le visiteur est en mouvement. Il arpente l’espace d’exposition comme une marche au bord du fleuve. Cette question de la marche est très présente dans sa pratique photographique. C’est pour lui un moment de réflexion, d’introspection et surtout une mise à distance avec la société.
Dans une pièce immersive, les spectateurs font face à de majestueux panoramas qui englobent la pièce. Un enregistrement audio laisse échapper des bruits d’oiseaux et de pas sur la neige.
Dans la salle d’exposition, la visibilité est réduite par le brouillard. Ce sont alors les autres sens qui viennent combler les manques. L’enregistrement fait appel à l’ouïe tandis que le froid émis par la sensation mentale du brouillard déclenche une impression haptique. Puis l’odorat et le goût s’activent à la dégustation d’une infusion d’herbes récoltées le long du fleuve et mise à disposition à la fin de la marche.
Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi.Photo : Morgane Akyuz
Focus sur un écosystème
Au fil du parcours, le brouillard s’évapore et met en lumière des détails de la nature. Le regard se focalise sur les différentes perspectives du fleuve. Ces détails sont bien présents dans les photographies précédentes puisqu’il s’agit du même sujet : la Loire.
Vue de l’exposition, Nebula Liger / Un fleuve à soi, Photo : de Morgane Akyuz Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi, Photo : de Morgane Akyuz
Ce contraste brutal avec le reste de l’exposition, entre halo tamisé et lumière accentuée, dénote un abandon du vaporeux pour valoriser l’écosystème de la Loire. À la fin du parcours scénographique, l’artiste met en lumière quelque chose de plus foisonnant presque d’intime, comme des photographies de vase, végétaux et minerais. Ces photographies n’ont pas été prises à la même période puisque l’on peut voir la Loire asséchée, illuminée par un soleil de canicule. Toutes ces photographies composent un portrait du fleuve par la multiplicité de ce qu’il constitue et viennent mettre en valeur cette nature sauvage.
Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi Photo : Morgane Akyuz
Pour l’artiste, le paysage n’est pas qu’un simple décor mais une entité vivante et puissante où plusieurs organismes vivants cohabitent. Les visiteurs finissent par « entrer en paysage ».
Les Marches pour le Climat sont connues pour leur flopée de pancartes et slogans accrocheurs. Ici, le 12 septembre 2020 à Strasbourg. (Photo : ML / Rue89 Strasbourg)Photo : ML / Rue89 Strasbourg
Le collectif StopTotal de Strasbourg appelle à une mobilisation vendredi 3 novembre place du Corbeau pour demander au gouvernement de ponctionner les entreprises pétrolières afin de financer la transition écologique.
Le collectif StopTotal de Strasbourg donne rendez-vous place du Corbeau à 19h vendredi 3 novembre pour une manifestation qui partira vers la rue des Grandes Arcades et finira son petit parcours place Kléber. Le cortège devait au départ cheminer jusqu’à la préfecture place de la République mais « ce trajet a été refusé », affirme Marie, porte-parole de StopTotal Strasbourg. Dans un communiqué, l’organisation écologiste détaille ses revendications :
« À l’occasion du vote de la Loi de finances 2024 et à quelques semaines avant le début de la COP28, nous appelons les gouvernements à exploiter tous les moyens financiers possibles pour récupérer les superprofits de l’industrie fossile. Utilisons cet argent pour accélérer la révolution mondiale des énergies renouvelables. »
Marie indique que la mobilisation est internationale et que des rassemblements avec le même mot d’ordre auront lieu partout dans le monde vendredi et samedi. L’objectif de StopTotal est « de sensibiliser sur la nécessiter de financer la transition écologique dans une ambiance festive ». Le collectif appelle les manifestants à venir avec « des lampes, des lumières et des guirlandes ». Une demande qui vise à symboliser des citoyens qui « se réapproprient l’énergie » d’après Marie.
De plus en plus de personnes se détournent des rites religieux pour leurs derniers adieux. D’autres cherchent des alternatives écologiques à la traditionnelle pierre tombale. Tour d’horizon des alternatives locales en matière de cérémonies d’adieu et de sépultures.
Comment préparer sa propre mort ou celle d’un proche ? Pour l’association strasbourgeoise Maintenant l’après, rien d’incongru à parler du grand départ : « Nous parlons de la mort parce que nous aimons la vie et que nous aimons nos proches. Ce n’est jamais trop tôt », défend Caroline Lemmel, directrice de la coopérative funéraire Akène qui ouvre jeudi 2 novembre. La structure associative associée organise régulièrement des rendez-vous à Strasbourg, dont les « apéro mortels » où sont invités divers conférenciers. L’une de leurs partenaires, Delphine Freiss, professionnelle de l’accompagnement de la fin de vie et du deuil, organise elle aussi des « cafés mortels » à Bouxwiller, Pfaffenhoffen, Artzwiller, Bitche et Geudertheim. Ses rendez-vous offrent des espaces de paroles et d’échanges d’expérience.
Inventer sa cérémonie
De plus en plus de personnes se détournent des rites religieux pour leurs derniers adieux. Pour nombre d’entre eux, aucun geste symbolique ne vient remplacer ces traditions. Pourtant, toutes les formes d’hommage sont imaginables pour marquer son deuil, qu’elles soient prises en main par l’entourage ou orchestrées par un initié. Certaines pompes funèbres investissent ce créneau et proposent d’autres formes de cérémonie. L’entreprise Pompes funèbres de Strasbourg a déjà organisé un lâcher de colombes. D’autres entreprises proposent des inscriptions affectueuses et colorées sur des cercueils adaptés.
Au-delà des compétences pratiques et de coordination, la formation de maître de cérémonie dispensée officiellement aux agents de pompes funèbres consacre deux journées à la célébration. L’activité de célébrant funéraire laïque commence à peine à se professionnaliser. Des agents célébrant des mariages laïcs, dont la profession est déjà plus structurée, proposent également ce type de services de célébration.
L’activité de célébrant funéraire commence à peine à se professionnaliser.Photo : Pixabay
Dans le Bas-Rhin, l’équipe de la coopérative funéraire Akène, basée à Strasbourg, et Delphine Freiss, basée à Wingen-sur-Moder, proposent des accompagnements pour concevoir et animer des rituels d’adieu personnalisés, à renfort de sélections de textes littéraires ou d’interventions à la harpe et au ukulélé. Les proches peuvent par exemple composer chacun leur photophore à partir d’un choix de pots en verre, bougies, feutres et rubans pour l’allumer auprès d’un cercueil ou préférer déposer sur celui-ci sa feuille de lierre dédicacée. Plusieurs lieux peuvent accueillir ces cérémonies laïques, à commencer par des salles payantes dans les funérariums. Même à la dernière minute, les mairies du lieu d’habitation du défunt sont tenues de proposer des salles à la location. Les pompes funèbres sont autorisées à porter un cercueil dans tout lieu privé.
Être accompagné dans son deuil
Pour les familles qui ne craignent pas que l’on entre dans leur intimité, les thanadoulas sont des professionnelles du service à la personne qui accompagnent la mort, à la manière dont les doulas, métier un peu plus connu, accompagnent la naissance. Pour faciliter cette ultime étape de vie, elles peuvent intervenir à domicile avant ou après un décès. Une thanadoula peut aider une personne en fin de vie à renouer avec son enfant éloigné, s’occuper de cuisiner pour la famille le jour du choc d’une disparition ou aider un parent à trier les affaires d’un enfant parti trop tôt.
L’association Couleur plume fédère une quinzaine de thanadoulas en France. En Alsace, ces services sont le cœur d’activité de Delphine Freiss, qui peut être rémunérée avec des chèques emploi service universels. Pour négocier l’après, cette alsacophone à la fibre musicienne propose également des ateliers créatifs pour les endeuillés. À Strasbourg, la coopérative Akène projette de mettre en place des cafés-rencontres pour ces publics.
En tant que thanadoula, Delphine Freiss vient en appui au travail d’accompagnement à la fin de vie des associations d’utilité publique Jamalv et Pierre Clément. Photo : Pixabay / Layenday)
Exprimer ses dernières volontés
Sédation profonde ? Crémation ? Cimetière ? En France, rares sont les personnes décédées qui ont fait connaître leurs dernières volontés. Face aux décisions à prendre, l’absence de directive peut semer la division dans l’entourage du défunt. L’association Maintenant l’après encourage à s’en donner la peine. Elle propose des ateliers Dernières volontés à Strasbourg. Ce sont des temps d’information, d’échange d’expérience et de réflexion pour aborder tout autant les directives anticipées, que les méthodes de transmissions pratiques et administratives et imaginer ses obsèques. En zones rurales, Delphine Freiss organise également des ateliers à la fois informatifs et créatifs, pour donner libre cours à ses aspirations.
Après ces étapes de réflexion, un mot d’ordre : communiquer ! Pas besoin de passer par un notaire pour transmettre des directives. Elles peuvent être consignées sur une feuille de papier libre datée et signée. Mais encore faut-il bien informer ses proches sur l’existence même de ces directives écrites.
Choisir une sépulture éco-responsable
L’impact environnemental des différentes formes de sépulture continue de faire débat. Si la crémation est plébiscitée aujourd’hui, elle n’en reste pas moins coûteuse en énergie. En Alsace, l’usage majoritaire est d’inhumer les cercueils et les urnes en pleine terre plutôt que dans des caveaux de bêton, comme cela peut se faire plus couramment ailleurs en France. Ces enfouissements ne sont pas sans effet sur les sols. Les sépultures ne peuvent pas être biodégradables dans la mesure où elles sont attachées à une concession, quelle qu’en soit la forme, et doivent pouvoir être relevées au terme de celle-ci.
Les pompes funèbres ouvrent désormais leurs catalogues aux matériaux naturels et éco-responsables et proposent même des packs verts : cordes pour les poignées, bois non traité issu d’une essence qui se renouvelle vite, coton non traité, urne en céramique de créateur…
La jeune coopérative Akène va plus loin et défend un circuit local, social et solidaire. Elle travaille avec un marbrier alsacien utilisant le grès des Vosges ou propose un cercueil en bois de coffrage recyclé par les menuisiers de l’association des Jardins de la Montagne verte à Strasbourg.
Retourner aux éléments
« En matière des pratiques funéraires, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé même si les communes ne le savent pas toujours », insiste Caroline Lemmel. Moyennant une déclaration et des règles peu contrôlées dans la pratique, une dispersion des cendres en peine nature, en mer ou dans une « vasque du souvenir » collective dans un cimetière municipal est gratuite.
Une urne ne peut pas être conservée chez soi plus d’un an. N’importe qui doit pouvoir venir se recueillir sur le lieu retenu qui ne peut donc pas être un espace privé, ni un lieu d’activité publique. Autour de Strasbourg, la forêt de la Robertsau, celles du Mont-Saint-Odile ou de Haguenau sont privilégiées.
Les cendres d’un défunt sont indivisibles : il est interdit de les partager en plusieurs lieux de dispersion.Photo : Pixabay / Peggychoucair
Si des cendres sont immergées avec leur urne, c’est alors le seul cas où celle-ci doit être biodégradable, en sel ou en argile par exemple. Sobre et net : le cimetière Nord de Strasbourg propose un « jardin du souvenir » gratuit, où les cendres d’une personne peuvent être enfouies dans un petit carré de terre sous du gazon.
Trouver des concessions vertes
Pour éviter que sa dernière demeure ne vienne grossir des étendues minérales de marbre importé, plusieurs alternatives existent autour de Strasbourg. Dans le cimetière verdoyant de la Robertsau, véritable parc dessiné au début du XXe siècle par l’architecte des Bains municipaux, la municipalité de Strasbourg étend ses « Plantations du Souvenir ». Les urnes peuvent y être enterrées au pied d’un rosier ou d’un conifère qui seront entretenus en tant que concession. Ce passage de relai à la vie végétale est aussi possible sur de plus petites surfaces au cimetière Saint-Gall de Koenigshoffen, au cimetière Sud de Strasbourg, à Souffelweyersheim ou encore Bischheim.
Depuis avril 2023, six enterrements ont eu lieu dans la forêt sanctuaire de Muttersholtz. En y laissant la nature en libre évolution, les familles acceptent que les arbres y soient livrés aux aléas, sans intervention pour les sauver le cas échéant.Photo : Association Maintenant l’Après
En 2023, les mairies de Muttersholtz et Schiltigheim ont engagé un pas supplémentaire pour les générations futures avec l’ouverture de leurs forêts sanctuaires, portées avec l’association alsacienne Au-delà des racines et pionnières en France. À Muttersholtz, la mairie consacre une partie de sa forêt domaniale à l’enfouissement d’urnes aux pieds d’arbres-concessions.
Il n’est pas possible de réserver de concession dans la jeune forêt sanctuaire de Schiltigheim, inaugurée le 19 septembre 2023 dans la prolongement de son cimetière Ouest. Devant la pression démographique, la municipalité projette déjà de l’étendre. Photo : Mairie de Schiltigheim
À Schiltigheim, il s’agit d’une création de forêt de 5 000 mètres carrés. Ses 55 arbres de diverses essences régionales plantés seront protégés chacun par huit concessions de quatre places à leurs pieds. Le site sera laissé en libre évolution pour que la biodiversité y prennent ses droits. Si la mairie de Muttersholtz ouvre sa forêt sanctuaire à tous, celle de Schiltigheim réserve la sienne à ses administrés en raison de la pression démographique. Une troisième forêt sanctuaire devrait voir le jour à Sommerau en 2024.
Enterrer une sépulture au pied d’un arbre le met à l’abris de toute exploitation. Une trentaine d’inhumations se sont déjà tenues depuis 2019 dans la première forêt cinéraire française, à Arbas en Haute-Garonne. 200 concessions y sont réservées actuellement. Photo : Crédit : Pixabay / Riaij
Forte d’une vieille tradition de parcs-cimetières, l’Allemagne a développé partout sur son territoire des forêts funéraires privées destinées à régénérer les bois après les dégâts de la tempête de 1999. Ceux de Rheinau, Badener Höhe et Schenkenzell, de la régie Friedwald, ainsi que Trifels, et Endingen am Kaiserstuhl se trouvent à moins de 100 km de Strasbourg et accueillent déjà des sépultures de Français. Ici une vue imprenable depuis les hauteurs de la Forêt-Noire, là une jeune plantation de vignes, plus loin un verger de nèfles et de sorbiers pour les animaux sauvages… Les formes y sont variées et plus ou moins aménagées et propices à la promenade. À l’inverse des règles françaises, les urnes enfouies dans ces forêts allemandes doivent obligatoirement être biodégradables. L’association Maintenant l’Après organise régulièrement des visites de découverte de ces forêts novatrices.
Lieu autogéré iconique de la vie culturelle, militante et associative strasbourgeoise, le Molodoï organise une série de concerts pour fêter ses 30 ans. Le rappeur Médine sera sur scène pour la soirée inaugurale, samedi 2 décembre.
Depuis quelques jours, le milieu militant bruissait de rumeurs sur la venue d’un grand nom du rap au Molodoï. Lyriciste confirmé, rappeur engagé et « paratonnerre » autoproclamé des polémiques médiatico-politiques, Médine montera sur la scène du Molodoï samedi 2 décembre. Avec lui, le groupe de punk-rap Krav Boca, la rappeuse grecque Sara ATH et le rappeur strasbourgeois Sisalah animeront la soirée co-organisée par l’Action antifasciste Strasbourg, le collectif AIM Strossburi et l’équipe du « Centre autonome jeunes Molodoï ».
L’évènement marquera le début d’un cycle de concerts célébrant les trente années d’existence du lieu autogéré, ouvert en 1994 dans le quartier Laiterie. « Ça fait plusieurs mois qu’on réfléchissait à ce qu’on voulait faire pour marquer le coup », explique Nicolas, un membre du conseil d’administration du Centre autonome jeunes (CAJ) Molodoï. « On est arrivé à la conclusion qu’on voulait faire plein de concerts en 2024 estampillés “fête des 30 ans”. Ça concernera tous les concerts où le conseil d’administration du Molodoï collaborera directement avec des collectifs. »
Tenant assumé d’un rap politique, Médine peut être perçu comme l’un des derniers représentants grand public du « rap conscient », dont il n’hésite pourtant pas à s’éloigner des codes. Actif depuis le début des années 2000, il signe son dernier album « Médine France » en mai 2022.
« Le Molodoï ne cède pas aux pressions politiques »
Les collectifs AIM Strossburi et AFA Strasbourg avaient d’abord prévu deux soirées distinctes, l’une avec le groupe toulousain Krav Boca, l’autre avec le rappeur havrais Médine. « On a décidé de faire bosser les deux assos ensemble et de faire une vraie belle date », raconte Nicolas. « Et on savait que l’AFA essayait d’inviter Médine depuis près de deux ans. C’était une bonne occasion. » En deux jours, 350 préventes sont déjà vendues, sur un total de 700 places.
Concernant les risques d’une annulation du concert de Médine, ciblée par plusieurs polémiques, Nicolas reste confiant :
« On ne voit pas pourquoi le concert serait annulé le 2 décembre, alors qu’il y a six mois, Médine jouait à la Laiterie sans que personne ne s’en préoccupe. Sauf si la préfecture invoque une question de sécurité comme prétexte, il n’y a pas de raison d’annuler. »
En plus des concerts, le Molodoï accueille aussi des cours de sport ou des conférences, en lien avec d’autres associations.Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc
En août, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, avait refusé d’assister aux universités d’été d’Europe-Écologie Les Verts au Havre, à cause de la présence de Médine, qu’elle qualifiait de « personnage ambigu » au micro de BFM Alsace. « Quoi qu’il arrive, nous sommes un lieu autonome. Ce n’est pas dans l’ADN du Molodoï de céder aux pressions politiques », souffle Nicolas.
Absence de discussion avec les jeunes de quartiers sur les émeutes, annonces gouvernementales post-émeutes insuffisantes. Pour Gabriel di Gregorio, directeur de l’association de prévention spécialisée Jeep, les leçons des émeutes n’ont pas été tirées.
Deux drones et un hélicoptère survoleront les quartiers de Hautepierre et Cronenbourg dans la soirée du mardi 31 octobre, pour prévenir d’éventuelles violences urbaines à l’occasion d’Halloween. Pour Gabriel di Gregorio, directeur de l’association de prévention spécialisée Jeep (Jeunes équipes d’éducation populaire), qui intervient auprès des jeunes en difficulté notamment à Hautepierre, ces mesures démontrent que l’État n’a pas d’autre réponse face aux banlieues.
Rue89 Strasbourg : À Strasbourg, les émeutes de juin ont touché le quartier de Hautepierre et de Cronenbourg en particulier. Est-ce que ces événements ont eu un impact sur le travail des éducateurs de la Jeep ?
Gabriel di Gregorio : Nous avons été très mobilisés sur le terrain pendant cinq jours, du mercredi 28 juin au dimanche 2 juillet. Ensuite la situation s’est calmée, très vite. À la rentrée 2023, on s’est dit qu’on avait peu débattu avec les jeunes de ce qu’il s’était passé. C’est probablement maintenant qu’il serait intéressant d’aborder cette question, à froid, avec des groupes de jeunes et des éducateurs. Mais les jeunes sont peu enclins à en parler. Ils sont manifestement passés à autre chose. Le temps de la réflexion n’a donc pas véritablement démarré. Aujourd’hui, les leçons des émeutes n’ont pas été tirées.
Depuis les émeutes, notre méthode de travail n’a pas changé. Nous continuons d’être présents auprès des habitants. Tout au long de l’année, nous mettons en place une médiation entre le jeune et l’école quand il est en difficulté scolaire. La même médiation peut être mise en place avec les parents quand il y a des conflits intra-familiaux. Il y a enfin tout un accompagnement dans l’insertion sociale et professionnelle à travers des chantiers éducatifs. C’est ainsi qu’on accompagne les jeunes et leurs familles, en partenariat avec les institutions du quartier, comme le collège ou le centre médico-social. C’est cette proximité tout au long de l’année qui fait qu’on peut avoir un impact le soir de nouvel an.
Que fait la Jeep le soir de Nouvel an ?
Au Nouvel an 2022, nous avions 17 éducateurs mobilisés sur l’ensemble du territoire d’action de la Jeep, de Haguenau au Neuhof en passant par Hautepierre, la Meinau et le quartier des Écrivains à Schiltigheim. En général, les éducateurs font un travail de rue et assurent une présence auprès des jeunes. Si la situation se dégrade, si ça dégénère, on essaye d’intervenir mais il y a bien sûr une consigne de sécurité aussi. Les éducateurs ne sont pas des policiers. Dans le cadre de la soirée du Nouvel an, on essaye d’accompagner au mieux les jeunes, tout en restant extrêmement prudent dans nos interventions. Mais cette présence, si elle n’était que ponctuelle, serait inutile. C’est l’accompagnement mis en place tout au long de l’année qui nous permet d’avoir un impact le soir de Nouvel an.
Est-ce que la soirée de Halloween fait l’objet de la même activité de la Jeep ?
On est un peu moins mobilisé pour Halloween. C’est une soirée qui n’est pas aussi problématique que celle de Nouvel an. Pour la soirée du 31 octobre 2023, nous serons quand même sur le terrain. Il y aura du travail de rue en fin d’après-midi, dans le quartier des Écrivains, à la Meinau et au Neuhof. À Hautepierre, des éducateurs vont emmener des jeunes pour une activité labyrinthe à Dorlisheim et il y aura aussi un tournoi de foot par le centre socio-culturel, coorganisé avec la Jeep, dans le gymnase de la maille Brigitte.
À quelles problématiques structurelles les éducateurs spécialisés sont-ils confrontés ?
Ça fait longtemps que nous alertons nos financeurs sur les services publics qui se dégradent, les inégalités qui s’accroissent et le décrochage scolaire qui a particulièrement augmenté après le covid. Il y a plusieurs phénomènes de fond, très anciens. Tant que ces problématiques ne sont pas prises en compte, il risque d’y avoir à nouveau des débordements comme ceux qu’on a connus en juin.
La Première ministre Élisabeth Borne a présenté un plan « anti-émeutes » jeudi 26 octobre. Est-ce que vous l’avez suivi, et si oui, est-ce qu’il vous semble à la hauteur de l’enjeu ?
Je n’ai pas suivi les annonces du gouvernement mais la prévention fait partie des oubliés du gouvernement concernant ce qu’il convient de faire dans les quartiers après une émeute. C’est normal qu’il y ait une dimension sécuritaire dans les annonces. Mais les émeutes surgissent en raison d’autres problématiques, empilées, imbriquées, qui nécessitent qu’on s’en occupe sur le long terme. J’attends encore des annonces contre les inégalités, sur les difficultés de la jeunesse, en faveur de l’accompagnement dans l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Mais pendant ce temps, nous continuons de faire notre travail de terrain.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l'extrême-droite à l'hôpital public en passant par la maison d'arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l'expertise-psychiatrique.