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« On aimerait juste être traités comme tout le monde » : à Cronenbourg, des parents qui ont leurs maux à dire

« On aimerait juste être traités comme tout le monde » : à Cronenbourg, des parents qui ont leurs maux à dire

Des habitants de Cronenbourg reviennent sur les événements qui ont suivi la mort de Nahel, et dénoncent les discriminations que subissent les jeunes des quartiers populaires.

En arpentant les rues de Cronenbourg mardi 4 et mercredi 5 juillet, les troubles de la semaine précédente semblent n’avoir jamais existé. Les carcasses des véhicules calcinés ont soigneusement été retirées. En y regardant de plus près, quelques parcelles de bitume laissent deviner les flammes qui ont embrasé le quartier, suite à la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier mardi 27 juin à Nanterre. Sous les pas des résidents gisent encore les résidus des bombes lacrymogènes, rappelant les affrontements entre jeunes du quartier et forces de l’ordre.

L’une des bombes lacrymogènes répandues autour des blocs de Cronenbourg Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc

« Lorsque j’ai découvert cette lignée de voitures cramées, j’avais l’impression d’être plongée dans une ville fantôme. » Assistante maternelle et habitante du quartier, Mina fait allusion à la rue Lavoisier, épicentre des tensions à Cronenbourg. Tout comme la plupart des parents du quartier strasbourgeois, cette quinquagénaire désapprouve les détériorations qui en ont résulté. Cheveux minutieusement rangés dans son hidjab rose persan, elle confie, lèvres timidement pincées, « ne pas dormir tranquille » depuis une semaine :

« J’avais peur pour ma voiture ! Ou que ça dégénère encore davantage. Et puis quand bien même les choses se sont calmées depuis, j’entends l’hélicoptère tourner tous les soirs… »

Un air estival qui ferait presque oublier les affrontements des derniers jours Photo : Roxanne Machecourt / Rue89 Strasbourg / cc

« On va être encore plus discriminés »

Près de l’école élémentaire Marguerite Perey, en partie incendiée par les violences urbaines de la nuit du 29 juin, une mère de trois jeunes enfants redoute quant à elle l’effet que ces violences pourraient ensuite avoir. En secouant la tête amèrement, elle lâche :

« Ces jeunes ne se rendent pas compte de l’impact qu’ils produisent. On va être encore plus discriminés dans les quartiers… J’aurais préféré qu’on soit médiatisés autrement, qu’on entende de meilleures histoires sur nous. On a suffisamment de difficultés sans avoir à en rajouter. »

Rue Lavoisier : après les flammes, un sillage qui ne se gomme pas avec tant de facilité Photo : Roxanne Machecourt / Rue89 Strasbourg / cc

Elle s’éloigne en direction du parc de la Bergerie, avant de disparaître dans l’hémicycle de la cité nucléaire. Au bout, des rires d’enfants font voler en éclats l’apparence d’un quartier déserté. Assise sur un banc à l’abri du soleil, Mawel se ravit de la fine brise qui souffle à travers les feuilles verdoyantes des arbres avoisinants. D’imposantes lunettes de soleil au cordon de perles surplombent son visage aux traits fins.

« L’extrême droite doit s’en réjouir »

Papotant avec sa copine Fouzéa, tout en jetant des regards furtifs en direction de ses enfants qui s’amusent gaiement près du toboggan, elle en vient à soupirer en imaginant les conséquences que les émeutes laissent entrevoir :

« Moi, ce qui me fait peur, c’est que le gouvernement en profite pour faire passer des lois plus autoritaires. C’est du pain-béni pour lui ! Et à côté, l’extrême-droite doit probablement s’en réjouir… »

Au-delà des violences et des dégâts occasionnés qu’aucun parent ne cautionne, leur inquiétude est palpable. Pour l’après mais surtout pour les enfants de leur quartier. « Quand on voit cette différence de traitement dans la justice, la sévérité avec laquelle ces jeunes ont été condamnés (lire notre article sur les comparutions immédiates, NDLR), on a peur pour nos enfants », glisse Mawel à son amie, d’un ton austère.

Dans une circulaire émise le 30 juin à l’attention des parquets de France, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a en effet exigé « une réponse judiciaire rapide, ferme et systématique » envers les auteurs de dégradations et de violences, y compris les mineurs.

La peur que ça « arrive à nouveau »

Dans les yeux bleus perçants d’Omar Belkahla se décèle une crainte semblable à celle de Mawel. Veilleur de nuit au foyer de l’Adolescent d’Illkirch, ce quinquagénaire confie la préoccupation qu’il éprouve pour les jeunes de Cronenbourg :

« J’ai peur qu’un drame survienne à nouveau, parce qu’on ne sait jamais… C’était Nahel hier mais demain, ça peut être un autre. Un jeune qui marche seul, tombe sur un policier… On a bien vu que tout peut aller très vite ! »

« Ils nous ont rien laissé d’autre », commente Omar Belkahla devant la boulangerie du quartier, en faisant référence aux lieux de vie qui ont fermé à tour de rôle Photo : Roxanne Machecourt / Rue89 Strasbourg / cc

Omar a perdu son frère en 1999 à Schiltigheim. Les mains agitées nerveusement et la gorge serrée, il témoigne :

« Il avait 20 ans. Il était très intelligent, mon petit frère. Il voulait faire des études de droit. Il s’est fait assassiner. On l’a retrouvé une balle dans la tête, les mains menottées et le corps brûlé. L’enquête et le procès n’ont rien donné. »

Face à cette hantise partagée de perdre l’un des siens, certains habitants ne sont pas restés passifs lors des tensions. Omar dépeint des mères qui sont sorties dissuader leurs enfants, « par peur qu’ils ne se prennent une balle perdue » :

« Elles se sont mises ensemble pour aller dire aux jeunes que ça n’arrangera rien, que ça créera encore plus de conflits. Des mamans ont réussi à calmer les tensions ! Elles ont été écoutées et ont pu en ramener certains à la maison. »

Une mère de 52 ans atteste du même désamorçage en bas de son immeuble, lorsque son quartier s’est embrasé : « J’ai vu des gens de mon immeuble sortir le premier soir des émeutes pour tenter d’apaiser les choses. »

Elle raconte avoir été surprise, plus tard, lors de l’intervention des forces de l’ordre :

« Les émeutiers étaient en train de courir partout et les policiers n’ont pas cherché à les rattraper. Au lieu de ça, ils ont contrôlé des jeunes à côté, tranquilles dans leur voiture, qui n’avaient rien à voir avec tout ça ! Ils avaient peur qu’elle brûle alors ils restaient dedans. Les flics les ont sortis brutalement et les ont mis à terre pour les contrôler. »

Pour la police, « chaque jeune est un suspect »

Un récit qui illustre le travail d’Olivier Galland, sociologue au CNRS, sur l’existence « d’une discrimination statistique qui fait que chaque jeune est un suspect aux yeux des forces de l’ordre ». Une des mères de famille avait aussi mentionné cette idée du « mauvais endroit au mauvais moment », en repensant à son frère qui avait été plaqué par un policier, par méprise : « Il courait parce qu’il était en retard pour récupérer son fils à l’école », glisse-t-elle en rigolant légèrement. Conservant son sourire tout en étant passablement gênée, elle ajoute : « Le policier a cru que mon frère était en délit de fuite. »

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) ainsi que la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe (ECRI) ont tous deux épinglé la France en 2022 pour son « profilage ethnique » dans la conduite des contrôles d’identité et plus largement « les relations entre la police et une partie de la population ».

« Elle est belle la France. On l’aime, et vous aussi on vous aime. Mais cet amour là, vous ne nous le rendez pas », insinue Omar d’un ton las Photo : Roxanne Machecourt / Rue89 Strasbourg / cc

Pour Omar, qui travaille dans le foyer pour jeunes, le mal-être est encore plus profond. Des contrôles abusifs, il en a vécu une flopée. Il lui est déjà arrivé, retrace-t-il, de se faire contrôler « quatre fois en une même journée », ou être témoin de policiers « qui passent et qui insultent gratuitement un jeune ». Avant de conclure :

« Je suis né en France et pourtant, on me demande encore aujourd’hui avec insistance de quelle origine je suis. On est fatigués de devoir se battre toujours plus. Deux fois, trois fois plus que les autres. On aimerait juste être traités comme tout le monde. »

Contre « le poison des discriminations », une marche samedi 8 juillet à Strasbourg

Contre « le poison des discriminations », une marche samedi 8 juillet à Strasbourg

Une série d’organisations politiques de gauche, de collectifs et de syndicats appellent à une marche samedi 8 juillet afin de protester contre les tensions sociales et les affrontements en France. À Strasbourg, le rendez-vous est donné place de la République.

Le décès du jeune Nahel, tué par un policier qui l’avait mis en joue parce qu’il conduisait une grosse voiture sans permis à Nanterre mardi 27 juin, a provoqué des émeutes dans les banlieues, mais aussi un appel sidérant au « combat contre les nuisibles » par deux syndicats de policiers et des sorties racistes d’élus, comme une sénatrice LR qui demande en pleine séance « Ils sont comment “Français” ? » en parlant des émeutiers, ou comme un sénateur LR qui déclare sur Franceinfo que « pour la deuxième, troisième génération d’immigrés, il y a comme une sorte de régression vers les origines ethniques »… À cela s’ajoutent des milices d’extrême-droite qui cherchent à faire régner leur ordre dans les rues de Lyon, Lorient ou Chambéry

Pour une série d’organisations politiques, principalement à gauche (La France Insoumise, EE-LV, Attac, Nouveau parti anticapitaliste…), citoyennes comme SOS Racisme ou Droit au logement, et de syndicats (CGT, FSU, Solidaires…), ce climat délétère ne peut plus durer. Dans un communiqué diffusé par la CGT, ces organisations appellent à une « marche citoyenne » samedi 8 juillet partout en France. À Strasbourg, le départ est fixé à 10h, place de la République.

La préfecture a publié dans la matinée du samedi un arrêté interdisant les manifestations dans le centre-ville. En réaction, la CGT a modifié l’itinéraire initialement prévu. La manifestation doit partir via l’avenue de la Liberté, quai Dietrich, rue de Zurich, rue des Orphelins, place Austerlitz, rue de la Première-Armée pour une dispersion prévue place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny.

L’appel cosigné par les organisation est titré « notre pays est en deuil et en colère » :

« Cet événement expose les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit. L’escalade des violences est une impasse et doit cesser. La conception essentiellement répressive de la police, et l’évolution législative de 2017 sur l’usage des armes de service, aggravent ce que la population vit et subit que ce soit en termes de discriminations et de pratiques racistes. »

En mars 2022, un appel avait été lancé pour une marche contre la montée des idées d’extrême-droite Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc

Une histoire de discriminations

Le texte rappelle que « les tensions entre population et police viennent de loin et s’inscrivent dans une histoire marquée d’injustices, de préjugés, de violences, de discriminations, de sexisme… et d’un racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société et qui n’est toujours pas éradiqué. »

Pour les organisations signataires, cette situation est due à la disparition des services publics dans les banlieues ou bien leur régression, notamment l’Éducation nationale. Elles appellent le gouvernement à ne pas céder à la tentation sécuritaire mais au contraire à prendre des « mesures nécessaires pour répondre à l’urgence de la situation et aux exigences des populations concernées. »

« Ce sont les discriminations qui sont un poison toxique qui décrédibilise l’idée même d’égalité et sème le désespoir », indique encore le texte d’appel qui se termine par une invitation à « tout repenser et construire (…) en respectant les histoires, parcours, cultures et singularités dont se nourrit notre aspiration collective à l’égalité. »

À La Grande Fosse, la petite maison en terre-paille dans la prairie

À La Grande Fosse, la petite maison en terre-paille dans la prairie

Vosges alternatives, notre série d’été sur la vie militante en zone rurale (1/8) – Ancien doctorant en politique climatique, Mathieu Munsch a pensé et bâti une maison autonome en énergie dans les Vosges. Un outil au service d’un mode de vie sobre et durable, où la consommation s’ajuste aux ressources disponibles.

Façade de terre claire sur fond boisé. Dans le bourg de La Grande Fosse, près de Saâles, la maison de Mathieu Munsch passe volontiers inaperçue. Il faut un œil attentif pour débusquer cette drôle d’architecture aux angles arrondis en surplomb de la route et son gardien, sorti à la rencontre de visiteurs qu’il devine un peu perdus. Sur le côté, la porte d’entrée donne sur la pièce principale, spacieuse, lumineuse. Fraîche aussi, malgré les quelques 30 degrés de ce mois de juin caniculaire.

Un seul coup d’œil permet d’embrasser les tatamis posés au pied de la bibliothèque en guise de coin détente, la table disposée devant les larges fenêtres et la cuisine ouverte équipée d’une vieille cuisinière à bois. Il flotte dans l’air un drôle de parfum, légèrement âcre. « C’est sans doute l’huile de lin que vous sentez », sourit le propriétaire des lieux, habitué à l’odeur de cet enduit naturel qu’il utilise pour ses sols. Pas tout à fait réguliers. Agréable sous les orteils. « Vous avez soif ? J’ai sorti de l’hydromel de plantes que je viens de préparer. Il n’est pas encore alcoolisé. Vous serez un peu mes testeurs », plaisante-t-il en servant trois verres.

« Je n’avais pas pris conscience de l’ampleur du désastre écologique »

Originaire de Gresswiller, à l’entrée de la vallée de la Bruche, Mathieu Munsch a beaucoup voyagé avant de se réinstaller dans les Vosges en 2018. Beaucoup cheminé, aussi. Avant de tout quitter pour construire sa maison en terre-paille, autonome en énergie, via un chantier participatif, exploiter son jardin en permaculture et développer une activité de cueillette de plantes comestibles et champignons en forêt.

Il retrace : « Il y a presque dix ans, je suis entré dans un master d’études européennes. C’est lors d’un stage que j’ai commencé à m’intéresser à la question énergétique et au changement climatique. Jusque-là, je n’avais pas pris conscience de l’ampleur du désastre écologique », détaille le jeune homme, qui opère alors un virage et poursuit son cursus avec un doctorat spécialisé dans l’étude des négociations internationales sur le climat, à Glasgow. « C’était juste après la COP 21. Je travaillais sur les promesses faites par les États et les politiques menées par les pays industrialisés pour atteindre la neutralité carbone. » En parallèle, Mathieu Munsch milite au niveau local contre les énergies fossiles, pour que le fonds de pension des institutions publiques de Glasgow retire son investissement de 800 millions de livres dans le secteur pétrolier.

Mais progressivement, un malaise s’installe dans son quotidien. Jusqu’à la rupture :

« En 2018, j’ai fait un burn out. Tout ce que j’analysais théoriquement indiquait que mon mode de vie n’était pas durable, qu’il dépendait des systèmes que je critiquais. Que ces derniers étaient enchevêtrés. J’en suis venu à m’intéresser à des modes de vie alternatifs, échappant à l’extractivisme. »

Utilisé dans les milieux académiques et militants, ce terme désigne un modèle basé sur l’extraction des ressources naturelles des pays du sud pour les concentrer dans les pays riches. Il inclut également l’exploitation d’esclaves ou de salariés sous-payés pour effectuer ce travail.

Faire mentir Margaret Thatcher

Mathieu Munsch décide alors de rompre son contrat doctoral. « Je voulais m’investir totalement dans la recherche de solutions », détaille ce militant désespéré de voir « comment on continue à se projeter dans un modèle à bout de souffle. » « Margaret Thatcher disait “There is no alternative” : il s’agit aujourd’hui d’échapper à cette injonction ». Ses recherches l’amènent à s’intéresser aux habitats écologiques et à l’autonomie énergétique, comme fondements d’un mode de vie plus « soutenable ». La construction de sa propre maison lui apparaît comme une évidence. Un « outil » lui permettant de « militer à plein temps ».

À l’été 2018, le jeune homme part quatre mois dans le nord de l’Écosse pour se former à la technique du terre-paille sur un chantier participatif. Deux professionnels y transmettent leur savoir-faire à une douzaine de bénévoles. « C’est très accessible aux amateurs et il y a un petit côté sculpture assez ludique », détaille Mathieu Munsch, qui se met ensuite en quête d’un terrain pour y mener son projet. Son choix se porte sur La Grande Fosse, accessible en train via la ligne reliant Strasbourg et Saint-Dié. Situés dans le département des Vosges, les terrains y sont aussi trois fois moins chers qu’en Alsace. Un élément important pour l’aspirant propriétaire, fermement opposé au prêt bancaire pour financer sa construction.

16 000 euros et beaucoup d’huile de coude

Début 2019, le terrain est acheté et les travaux peuvent enfin commencer… en bibliothèque. « J’ai passé six mois à étudier des livres d’architecture pour savoir ce qui devait rentrer dans la conception d’une maison, explique Mathieu Munsch. Comment penser la luminosité, maximiser les intrants énergétiques, installer des panneaux solaires. » Néophyte ou presque en matière de construction, le jeune homme a en revanche « appris à apprendre » et s’en sert pour accumuler toutes les connaissances utiles à son projet. Sans se priver de demander conseil à droite à gauche.

Son permis de construire obtenu, l’ancien doctorant peut enfin poser les fondations de sa maison. Mais, pourquoi travailler seul lorsqu’on peut transmettre à son tour et avancer plus vite à plusieurs ? Mathieu Munsch poste des annonces sur Twizza, une plateforme spécialisée dans les constructions écologiques et Work Away, un réseau mettant en relation des voyageurs prêts à donner un coup de main et des hôtes ayant besoin d’aide pour un projet. En deux ans, plus de 70 personnes viennent prêter main forte au propriétaire. Ils restent entre trois jours et trois semaines, aident à empiler les bottes de pailles entre des rails en bois puis à les compacter avant de les recouvrir d’un mélange de terre et de paille. « C’est à la fois la partie la plus simple et la plus longue : il faut tout modeler à la main. Seul, j’y serais arrivé quand même, mais j’aurais mis beaucoup plus de temps. »

En se servant de la terre du site comme matière première et en misant sur la récupération pour les huisseries, Mathieu Munsch parvient à limiter les coûts. Les dépenses pour la construction de sa maison de 50 mètres carrés atteignent 16 000 euros. Sans factures d’énergies à prévoir. Déconnectée des réseaux, elle est alimentée en eau par la source qui coule sur le terrain et en électricité des panneaux solaires reliés à une batterie. Un ballon de 200 litres perché sur le toit permet d’obtenir de l’eau chaude l’été. L’hiver, la cuisinière à bois prend le relais.

Cinq heures par jour pour la subsistance

Particulièrement bien conçue, la maison de Mathieu Munsch est une merveille de sobriété énergétique. Ses larges ouvertures orientées au sud réchauffent la pièce à vivre l’hiver. Son toit en pente limite la déperdition de chaleur – tout en pouvant supporter d’importantes chutes de neige. Excellente, l’isolation conserve la fraîcheur l’été et la chaleur l’hiver. Inutile de chercher un âtre ou un chauffage d’appoint : il n’y en pas. Lorsque les températures chutent, il suffit de se mettre aux fourneaux pour faire remonter le mercure. « J’en profite pour faire des conserves ou des préparations qui nécessitent un peu de cuisson », détaille le maître des lieux, aussi économe qu’ingénieux.

Ici, l’énergie est une ressource. « Je dois calculer ma consommation d’électricité en fonction de ce qui est disponible. L’été, lorsque l’ensoleillement recharge ma batterie en six heures, je peux brancher mon frigo consommant sans problème. L’hiver, je mets les aliments sur le bord de ma fenêtre. » Côté alimentation d’ailleurs, Mathieu Munsch s’appuie sur la permaculture et la cueillette. « Je consacre environ cinq heures par jour à des activités dites de subsistance », détaille-t-il, pédagogue. Faire des semis, entretenir le jardin, faire des conserves, sécher des plantes, cuisiner… les activités ne manquent pas. »

« L’autonomie n’est pas un objectif absolu, c’est un horizon, tempère toutefois Mathieu Munsch. Il ne faut pas voir mon mode de vie à l’aune du rêve américain, ni le comparer à celui du self-made-man en autarcie. » Le jeune homme fait ses courses chez les producteurs du coin et rend régulièrement visite à des amis. Il lui arrive de prendre le train pour aller boire un verre ou s’offrir une séance de cinéma à Strasbourg.

Vivre sobre oui, vivre seul non, bien au contraire. « L’aspect vie au sein d’une communauté était important pour moi quand je me suis installé dans le village, détaille celui qui est aujourd’hui conseiller municipal. Je n’ai pas élaboré ce projet juste pour moi, pour mon bien personnel. Mais je trouve ça enthousiasmant de faire partie des pionniers qui viennent dans les Vosges pour y proposer des alternatives. »

#La Grande Fosse

En Alsace, un plan de prévention contre le harcèlement scolaire est testé… sans moyens humains supplémentaires

En Alsace, un plan de prévention contre le harcèlement scolaire est testé… sans moyens humains supplémentaires

Pour enrayer le phénomène du harcèlement scolaire et ses drames, l’Académie de Strasbourg expérimente depuis 2021 le programme de prévention Phare. Deux ans plus tard, les enseignants oscillent entre optimisme et frustration devant cet outil incomplet et sous-doté.

Après l’émotion suscitée par la médiatisation de plusieurs suicides d’élèves, l’Éducation nationale promet de renforcer sa lutte contre le harcèlement scolaire dès la rentrée prochaine. Il s’agira de généraliser le programme Phare (Plan de prévention du harcèlement à l’école), un dispositif expérimenté dans les écoles primaires et les collèges alsaciens depuis 2021.

Le programme prévoit en priorité la constitution dans chaque établissement d’une équipe d’au moins cinq adultes capables de traiter les signalements à l’aide de la « méthode de la préoccupation partagée » (MPP). Celle-ci est l’adaptation d’une méthode scandinave de résolution du harcèlement scolaire par Jean-Pierre Bellon, philosophe et consultant de l’Éducation nationale. En prime, les établissements sont appelés à s’engager dans des projets de sensibilisation et à former des équipes d’élèves ambassadeurs.

La méthode de préoccupation partagée a été initiée en Suède, dans les années 1970. Photo : Tima Miroshnichenko / Pexels

Lors des deux années scolaires d’expérimentation, des enseignants de tous les collèges et écoles primaires de l’Académie de Strasbourg ont été formés à la méthode de la préoccupation partagée. Ses principes opèrent un renversement : il ne s’agit plus de chercher à comprendre pourquoi la situation de harcèlement s’est installée, et donc d’interroger les causes et le profil de la victime, ni de punir des coupables. Le harcèlement scolaire est vu comme un engrenage de groupe que seuls les adultes peuvent casser en s’adressant à chaque acteur isolément, de manière brève et répétée. Un adulte rassure l’enfant victime dit « cible » sur le fait que sa souffrance est prise au sérieux.

Avec son accord, les adultes référents s’entretiennent avec chacun des « témoins », les intimidateurs, sans accusation ni menace de punition : les enfants sont mis en situation de prendre conscience de l’état de souffrance de leur camarade et encouragés à trouver eux-mêmes des solutions pour qu’il aille mieux. Jean-Pierre Bellon promet une approche efficace à plus de 80%.

Pas de temps dédié au programme

Bleuenn, professeure des écoles à Strasbourg, avoue qu’elle se prend parfois « des claques » quand elle découvre sur le tard des situations de harcèlement qu’elle n’a pas vu s’installer entre des enfants. Pourtant, à la suite de leur formation à la MPP, elle et ses collègues ont estimé qu’ils n’avaient ni le temps, ni les moyens de s’impliquer dans le dispositif Phare et de constituer une équipe de référents. Ils se sont contentés de recycler un projet pédagogique sur l’expression corporelle pour justifier auprès de leur hiérarchie de ce que leur école avait mis en place à la suite de leur formation :

« Nous avons pris cette liberté car nous n’avions pas assez de temps pour nous concerter. Quel enseignant a le temps pour se libérer pour des entretiens dont on ne peut maîtriser la durée avec de jeunes enfants ? Sans compter le temps avec les familles, parce qu’en primaire, il est sensible de s’isoler avec un enfant sans le consentement des parents. »

Les enseignants craignent l’implication excessive des parents. Photo : RDNE Stock Projekt / Pexels

Manque de personnel et de financement

S’il est difficile en primaire de convaincre professeurs et directeurs de constituer des équipes référentes pour le harcèlement, les collèges peuvent au moins compter sur leurs conseillers principaux d’éducation et leurs infirmières scolaires. L’Éducation nationale préconise aussi de mobiliser les autres personnels éducatifs à commencer par les assistants d’éducation. Mais à raison de sept surveillants pour 700 élèves, impossible pour Lucie, CPE dans un collège du centre-ville de Strasbourg, d’inclure ces derniers dans son équipe. Difficile donc de faire sans professeurs :

« Nous manquons de temps et surtout de personnel. Peu d’enseignants se sont portés volontaires pour ces missions, qui ne sont pas rémunérées. Pour moi, ça rentre de toute façon dans mes attributions, même si on nous demande déjà de faire énormément de choses. Mais quand les professeurs doivent gérer des classes de plus de 30 élèves, je ne vois pas comment le dispositif Phare peut reposer sur eux. »

Lors de la mise en route de l’expérimentation, le temps de participation au dispositif Phare, à commencer par les entretiens et les bilans impliqués par la MPP, n’a pas été considéré comme pouvant donner lieu à des heures supplémentaires rémunérées. L’Éducation nationale laisse simplement aux directions d’établissements la liberté de piocher dans leurs enveloppes annuelles d’heures supplémentaires exceptionnelles, sans allocation supplémentaire de sa part. Ces dotations servent pourtant déjà à rémunérer les remplacements ou les voyages scolaires.

Bénévoles ou méchants

Cette absence de moyens a fini de convaincre Baptiste, professeur dans un collège sensible du Haut-Rhin, de quitter le programme au bout d’un an :

« Vu de l’extérieur, les gens se disent “mais c’est merveilleux ! On forme les profs à une méthode révolutionnaire contre le harcèlement scolaire !” Qui est opposé à la lutte contre le harcèlement scolaire ? Pas moi ! Mais si on ne s’implique pas bénévolement, alors on est les méchants… La direction nous a promis que les moyens pourraient venir plus tard. Ça fait deux ans et personne n’a rien vu venir. Cette question des moyens me gêne profondément. »

Julien, professeur dans un collège prioritaire de Schiltigheim, endosse sa nouvelle mission de référent harcèlement en plus d’un engagement dans un dispositif d’inclusion d’élèves autistes. Il estime déjà travailler 45 heures par semaine et avoir de la marge pour accompagner la progression du recours à la MPP dans son établissement. Mais il croit que le « Pacte enseignant » pourra consolider le dispositif. Ce contrat d’engagement que le ministère de l’Éducation nationale prévoit d’instituer à la rentrée 2023 propose aux enseignants d’endosser de nouvelles missions en contrepartie d’une rémunération annuelle supplémentaire :

« Dans mon collège, tous les référents sont convaincus. Mais si on ne donne pas de moyens humains, ça va forcément s’essouffler. Il faut quelqu’un de disponible pour relancer régulièrement et du temps dégagé pour qu’on n’en reste pas à des discussions entre deux portes ! »

Julien prévient qu’il faudra aussi œuvrer à l’adhésion, loin d’être acquise, des autres adultes et notamment les parents :

« La MPP ne peut fonctionner que s’ils n’interviennent pas, même s’ils pensent bien faire. Sinon c’est l’échec. Il faut parfois convaincre les adeptes de la punition et ce n’est pas toujours évident. »

Savoir reconnaître les limites de la méthode

Pour les référents Phare, tout l’exercice consiste à bien cerner les situations de harcèlement qui peuvent relever d’une MPP. La violence physique, le racket, l’humiliation sur les réseaux sociaux ne peuvent plus être stoppés par cette méthode par exemple. Les personnels éducatifs passent alors au recadrage, chez le directeur, avec les étapes de sanction classiques qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion de l’établissement.

Après leur formation magistrale, les enseignants continuent de bénéficier de sessions en ligne, en assistance d’une centaine de collègues, pour analyser leur mise en pratique. Tina, référente depuis deux ans dans le même collège que Thibault, a participé cette année à une dizaine de MPP. Elle admet que les adolescents peuvent se jouer de cette méthode bienveillante :

« Les réactions des élèves peuvent être compliquées à gérer. Parfois, alors que nous savons qu’ils sont impliqués, qu’ils ont insulté ou menacé un autre élève, ils sourient et nous affirment qu’ils n’ont rien remarqué, qu’il va très bien. Forcément, les élèves reçus en discutent entre eux par la suite. Et ils se retournent parfois contre l’élève cible. Cela a pu arriver. »

L’Académie de Strasbourg n’a pas indiqué le nombre de signalements pour des cas grave. Photo : Pexels

Sur la trentaine de MPP réalisées dans l’établissement de Julien, deux cas n’ont pu être résolus dans les quinze jours que se fixe son équipe :

« Il s’agissait de situation de harcèlement plus graves et plus ancrées qu’on ne le pensait, des choses commencées en CE2 dont on ne se rend compte qu’en 4e et qui n’avaient rien à voir avec une dynamique de classe qui part mal avec un bouc émissaire. Il fallait passer la main et couper court de manière abrupte. On peut faire quelque chose au début face à des petites insultes répétées mais quand on en est arrivé au montage-photo diffusé sur les téléphones… c’est trop tard. »

Les premiers chiffres de l’Académie de Strasbourg indiquent que 90% des MPP pratiquées dans ses établissements en 2022-2023 ont été couronnées de succès aux dires des enfants « cibles ». Dans un souci d’efficacité, les parents des élèves intimidateurs ne sont pas informés de l’activation d’une MPP les concernant et les parents des victimes non plus, si ce ne sont pas eux qui alertent. 

Lucie assume qu’elle fait remonter pour ces statistiques des MPP employées « de manière très large » dans le cas de multiples petits agissements discrets sur lesquels il est possible d’intervenir sans punir :

« Toutes les situations d’intimidation sont à traiter pour éviter d’en arriver à du harcèlement. Même des petites moqueries systématiques quand un élève prend la parole en classe. »

« On ne voit pas toutes les situations réglées au quotidien »

Toutes les procédures de MPP sont documentées et archivées au sein de chaque établissement. Lucie admet qu’elles servent à minima comme des preuves à leur disposition pour assurer leurs arrières, dans un climat de pression forte sur l’école :

« On ne voit pas toutes les situations réglées au quotidien. Ce qui nous fait peur, c’est d’avoir tiré la sonnette d’alarme de tous les côtés, d’avoir activé la MPP, d’avoir fait un signalement à l’inspection académique, invité les parents à porter plainte en sachant que la réaction de la justice n’est pas immédiate et que le harcèlement puisse continuer pendant ce temps-là… Il faut noter tout ce qu’on a fait parce que le jour où un drame se produira, on viendra nous poser des questions. »

Deux ans après le lancement de Phare, l’Académie de Strasbourg précise que l’engagement des professeurs dans le dispositif pourra bien faire l’objet du « Pacte enseignant ».  Pour les simples référents MPP, elle annonce une indemnité pour mission particulière de 1 250 euros par an. L’institution n’a pas précisé à Rue89 Strasbourg combien de cas de harcèlements graves et non résolus en interne ont été signalés auprès de ses services et pris en charge par ses référents départementaux. Pour l’heure, elle annonce donner la priorité à la formation des enseignants au cyberharcèlement, caractéristique des cas les plus graves.

Les professionnels interrogés dénoncent en parallèle l’absence de moyens consacrés aux élèves traumatisées par un passif de harcèlement, dans un contexte de manque criant d’infirmières, de psychologues scolaires et de place dans les structures extérieures de prise en charge psychologiques des adolescents. À contre-pied de la théorie sous-jacente à la MPP selon laquelle la victime d’un harcèlement de groupe n’a pas de profil type, ils pointent l’augmentation des enfants ciblés par homophobie ou par transphobie.

« Luise » de Matthias Luthardt, un Brokeback Mountain au féminin tourné dans les Vosges

« Luise » de Matthias Luthardt, un Brokeback Mountain au féminin tourné dans les Vosges

Avec Luise, le réalisateur allemand Matthias Luthardt raconte la naissance d’un amour homosexuel féminin en 1918, dans une ferme reculée en plein coeur de la forêt vosgienne. Rencontre avec l’équipe du film.

Octobre 1918, la guerre s’éternise. Seule dans une ferme au milieu de la forêt vosgienne, Luise, qui vient de perdre sa mère, se retrouve confrontée à deux inconnus : Hélène, une jeune Française qui fuit vers les Pays-Bas et Hermann, un soldat allemand blessé par Hélène. Luise accepte de les cacher alors que l’armée allemande les traque. Isolés, leurs repères sont brouillés par la guerre. Se crée alors un étrange ménage à trois où les cartes sociales, nationales et amoureuses sont rebattues.

Avec cette adaptation libre du roman de D. H. Lawrence, Le Renard, le réalisateur allemand Matthias Luthardt, réitère le coup du huis clos. Dans son premier long métrage, Pingpong, primé lors de la Semaine de la critique à Cannes en 2006, c’était un jeune homme qui venait perturber la famille parfaite de son oncle ; ici, ce sont l’Allemagne et la France qui s’invitent dans la ferme d’une jeune Alsacienne.

La forêt vosgienne, froide et humide en ce mois d’octobre 1918, habilement photographiée par la cheffe opératrice Lotta Kilian, se montre tour à tour protectrice et menaçante. Dans ce contexte franchement hostile, Matthias Luthardt filme la naissance d’un désir, sorte de Brokeback Mountain au féminin, influencé par des films comme Lady Chatterley de Pascale Ferran ou La jeune fille en feu de Céline Sciamma.

Bande-annonce de Luise

Rue89 Strasbourg : Est-ce que c’est difficile de filmer le désir en sortant du « male gaze » (regard masculin : façon de filmer les corps en les objectivant, NDLR) ?

Matthias Luthardt : C’était une question très importante pour moi. Je me suis d’abord posé la question de savoir si ce « male gaze » existait, j’ai lu l’essai de Laura Mulvey sur le sujet (Plaisir visuel et cinéma narratif, 1975, NDLR) et je suis tombé d’accord avec son analyse. Après, je ne parlerais pas forcément d’un regard « masculin » mais d’un regard qui détermine l’espace du pouvoir, de la domination. C’est pour ça que j’ai voulu une cheffe opératrice, Lotta Kilian, pour avoir cette discussion avec elle et trouver une façon de filmer les corps et le désir.

Luise Aschenbrenner (actrice qui joue le rôle de Luise) : Matthias et Lotta ont créé une ambiance très confidentielle et je savais exactement ce que Lotta filmait. De fait, la nudité et les scènes très intimes, face caméra par exemple, n’ont pas été compliquées à jouer.

Matthias Luthardt : Avant le tournage, nous avons demandé aux comédiens s’ils souhaitaient travailler avec une coordonnatrice d’intimité, mais ils ont décliné cette proposition.

Luise Aschenbrenner joue le rôle de l’Alsacienne Luise dans le film. Photo : Document remis

L’utilisation des trois langues comme ressort narratif est très ingénieuse…

Matthias Luthardt : Quand j’ai décidé de tourner dans les Vosges, j’ai découvert que la langue alsacienne était plus ou moins en train de disparaître, et je me suis demandé pourquoi le cinéma ne parlait pas de ce phénomène. J’avais envie de donner à entendre les trois langues. Le personnage de Luise peut avoir une intimité avec les deux autres protagonistes à travers ce jeu de langue, même s’ils sont tous les trois dans la même pièce. Le spectateur est toujours avec elle et au même niveau qu’elle, alors que Hermann et Hélène sont dépendants d’elle.

Luise Aschenbrenner : Je ne connaissais pas du tout l’alsacien, qui est très différent de l’allemand (langue maternelle de l’actrice, NDLR) dans sa prononciation, et j’avais fait très peu de français… Donc j’ai appris le français pendant un an. À force de jouer dans ces deux langues nouvelles pour moi, j’avais des douleurs au visage, à la mâchoire !

Dans le roman de DH Lawrence, le personnage masculin est rusé et manipulateur. Ici, il est plus subtil et plus fragile.

Sebastian Bleyl (scénariste) : C’était important pour nous que les trois personnages soient à la même hauteur. On voulait éviter aussi qu’il représente l’homme en général : il a un caractère propre, avec plusieurs couches de complexité et de contradictions. Il représente aussi une époque, on est en 1918, il a les valeurs de son époque et pense que ce qu’il fait est bon. Lui aussi est une victime de cette guerre, il ne l’a pas choisie.

Luise (Luise Aschenbrenner), Hermann (Léonard Kunz) et Hélène (Christa Theret). (Document remis).

Comment s’est fait la rencontre avec la société de production Les Films de l’étranger, basée à Strasbourg ?

Matthias Luthardt : Nous avions déjà nos producteurs allemands et comme nous souhaitions tourner en Alsace, une coproduction nous semblait idéale. La rencontre s’est fait par hasard, au marché de la coproduction des Arcs, et Philippe Avril des Films de l’étranger connaissait nos producteurs. Nous avons parlé du projet et ça s’est fait très vite. C’était parfait que ce soit eux. Nous avons tourné près de Gérardmer, à Liézey, dans cette ferme très isolée. Nous avions un budget restreint, mais nous avons pu avoir un drone, une vache, un renard, des poules et les dresseurs qui les accompagnent.

Pour la musique, très importante notamment pour faire vibrer les paysages vosgiens, vous avez travaillé avec Matthias Petsche, qui avait déjà composé la musique de votre premier film.

Matthias Luthardt : Oui, mais je suis parti de la musique de Pēteris Vasks, qui est un compositeur letton que j’apprécie beaucoup. Sa musique est très fine, presque sacrée. J’ai donc choisi plusieurs de ses morceaux et j’ai demandé à Matthias Petsche d’en composer d’autres, notamment le morceaux de fin plus mélodramatique, en s’inspirant de Vasks.

Après l’annulation de la scène place Kléber, des intermittents dénoncent les conditions de travail chez Stacco

Après l’annulation de la scène place Kléber, des intermittents dénoncent les conditions de travail chez Stacco

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Stocamine : malgré 98% d’avis négatifs, l’enquête publique donne un avis favorable au confinement

Stocamine : malgré 98% d’avis négatifs, l’enquête publique donne un avis favorable au confinement

La préfecture du Haut-Rhin a publié mardi 7 juillet le rapport et la conclusion de la commission d’enquête publique sur le projet de confinement des déchets industriels ultimes de Stocamine. Elle donne un avis favorable avec réserve, malgré une très large majorité d’avis négatifs.

« Les avis favorables au projet se comptent sur les doigts de la main. » Cette phrase est écrite dans le rapport de la commission d’enquête publique du projet de confinement des déchets de Stocamine publié ce mardi 7 juillet sur le site de la préfecture du Haut-Rhin. L’État projette d’enfouir 42 000 tonnes de déchets industriels contaminés à l’arsenic, au cyanure ou encore à l’amiante dans cette décharge souterraine située à Wittelsheim, près de Mulhouse.

97,9% des 1 571 contributions à l’enquête étaient défavorables au projet. Parmi elles, 981 consistaient en la reprise d’une pétition contre Stocamine. Les opposants estiment que l’enfouissement est trop risqué puisque la décharge souterraine se trouve sous la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale, et que ce protocole amènera un jour à une pollution de la réserve d’eau potable. Mais la commission d’enquête a tout de même rendu un avis favorable au confinement, avec des réserves.

Photo : Document issu de l’enquête publique

« L’état du site ne permet pas un déstockage »

Les commissaires enquêteurs, présidés par Thierry Tournier, ont reconnu que la meilleure solution serait « la suppression de la source de pollution », soit le déstockage des déchets que demandent les écologistes. Ils ont aussi souligné qu’ils « comprennent la défiance de la population » vu que le projet était présenté comme provisoire au départ.

Mais en se basant sur des observations réalisées par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) lors d’une visite le 10 février 2023, ils estiment que « l’état du site de stockage ne permet pas un déstockage des déchets dans un laps de temps compatible avec l’impérative nécessité de réaliser un confinement dans de bonnes conditions ».

Le BRGM a affirmé que les conditions n’étaient plus réunies pour un déstockage vu le niveau d’ennoyage des galeries et le résultat de « l’endoscopie des piliers », qui mettent en évidence une dégradation de la stabilité des ouvrages. C’est en partant du principe que le déstockage n’est plus faisable que les commissaires enquêteurs donnent un avis favorable et concluent que la meilleure solution est de limiter au maximum la source de pollution en réalisant le confinement.

Photo : Document issu du rapport de l’enquête publique

De nombreuses réserves

Ils émettent tout de même des réserves et formulent six demandes dont « compléter le dispositif de mesure de l’ennoyage de la mine », « compléter les dispositions relatives aux restrictions d’usage » de l’eau et « à la mémoire du site ». En effet, Stocamine pourra polluer la nappe phréatique pendant des milliers d’années, ce qui nécessite que les générations futures connaissent cette source de pollution.

En se basant sur une modélisation mathématique de l’Ineris, l’État et les Mines de potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaires de Stocamine, estiment que cette contamination sera très faible et ne menacera pas l’eau potable. Mais les opposants au projet, notamment des scientifiques, considèrent au contraire que de nombreuses lacunes persistent dans le dossier et prônent un déstockage le plus important possible des déchets pour préserver la nappe.

« Personne n’était là par hasard » : après les émeutes, des jeunes sévèrement condamnés à Strasbourg

« Personne n’était là par hasard » : après les émeutes, des jeunes sévèrement condamnés à Strasbourg

Huit personnes étaient jugées en comparution immédiate lundi 3 juillet, suite aux pillages survenus à Strasbourg entre le 30 juin et le 1er juillet. À la barre, parfois seuls, parfois en duo, les jeunes prévenus ont évoqué l’influence du groupe, l’inconscience de participer à quelque chose de grave, et ont écopé de peines exceptionnellement lourdes.

Au temps des émeutes succède celui de la justice, attendu et appréhendé. En témoigne le nombre d’observateurs sur les bancs de la salle 101 du tribunal judiciaire de Strasbourg, lundi 3 juillet. Y sont jugés huit prévenus interpellés les vendredi 30 juin et samedi 1er juillet, en comparution immédiate. Selon la préfecture, lors des journées et des nuits d’émeutes, 68 personnes ont été interpellées au total.

À l’entrée de la salle, deux adolescents attendent qu’une place se libère pour assister à l’audience. L’un d’eux soupire :

« Dans le quartier, à l’Elsau, c’était assez calme la semaine dernière. De toutes façons y’a rien chez nous, même plus de bureau de poste correct. Mais tout le monde sait que notre pote a été arrêté, on est là pour le soutenir. »

Les « pilleurs » du Zara et du Lacoste à la barre

Parmi les victimes des accusés, « le Zara » et « le Lacoste », deux enseignes du centre-ville pillées vendredi 30 juin, peu après l’Apple Store de la place Kléber. Les chefs d’accusation vont du « vol aggravé » à « l’outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique », en passant par la « rébellion » ou la « participation avec arme à un attroupement ».

Dossier après dossier, le procureur adjoint Alexandre Chevrier, représentant du ministère public, rappelle « les violences contre les forces de l’ordre, les attaques, les véhicules incendiés et les scènes de pillage :

« Cette vague de violence est socialement inacceptable et n’a rien à voir avec la mort du jeune Nahel. Ce sont des attaques aux valeurs qui font la République. »

Systématiquement, il requiert de la prison ferme pour les prévenus, entre 6 et 12 mois selon les dossiers. Les accusés arrivent et repartent menottés, derrière une vitre de plexiglas, sous les yeux parfois ébahis du public. Car tous ont été placés en détention provisoire par le juge de la détention et des libertés, à l’issue de leurs gardes à vue.

À entendre les défenses, les accusés sont passés devant les boutiques par hasard, une fois celles-ci endommagées et ont tenté d’y voler des vêtements. « J’ai fait une grosse connerie », confesse l’un d’eux, 26 ans, accusé d’avoir pillé le magasin Zara. « Je n’ai pas réfléchi mais j’ai tout de suite lâché les vêtements, j’ai été interpellée sans rien sur moi », clame une autre.

« Mais pourquoi vous ne vous êtes pas barrés ? »

La jeune femme de tout juste 18 ans était en ville accompagnée de sa cousine, vendredi 29 juin. Volontaire en service civique auprès des personnes âgées et handicapées, elle affirme ne pas s’être rendu compte de la gravité de son acte. « Pourquoi étiez-vous encore au centre alors que la situation était tendue », interroge le président Philippe Schneider. « Mais monsieur, il n’y avait plus de trams en début de soirée et j’habite loin », rétorque la jeune femme, évoquant les vagues de gaz lacrymogène et les mouvements de foule qui l’ont poussée vers la rue de la Haute-Montée peu après 18h.

Comme si le seul fait d’occuper l’espace public à l’instant des émeutes suffisait à caractériser l’intention criminelle, les demandes de précisions se font insistantes. « Vous auriez pu aller plus loin que la place Broglie pour vous éloigner des affrontements », poursuit le président. Après un cours magistral sur le sens du mot « civique » et de plates excuses de l’accusée au directeur du Zara – qui, elle l’espère, ne s’est pas retrouvé au chômage à cause d’elle – il passe à l’affaire suivante.

« Un ami m’a dit qu’il y avait un rassemblement pour Nahel, alors je suis venu », explique un autre accusé, 19 ans. « Est-ce que ça ressemblait à une manifestation, avec des panneaux et tout ce genre de choses », questionne le président. Les yeux se baissent, un non timide s’échappe des lèvres du jeune homme. Là encore surgit la question de sa présence en centre-ville au moment des émeutes. « Mais pourquoi vous ne vous êtes pas barré, tout simplement ? »

« Le tribunal est pris en otage »

À la barre, Me Thibaut Mathias, avocat de l’un des prévenu, invoque « l’instinct grégaire » :

« Qui n’a pas, sur l’autoroute, le réflexe de s’arrêter pour voir lorsqu’on passe à côté d’un accident ? C’est surtout de ça qu’il s’agit, de l’effet de groupe, de vol d’opportunité, de jeunes qui ont été embarqués malgré eux. »

Pour la première fois en milieu d’après-midi, il pose dans la salle des mots jusqu’alors savamment évités quant au symbole des condamnations qui seront prononcées par le juge :

« Ici c’est pas BFM, c’est pas CNews non plus. Je sais que le parquet a pour consigne de faire preuve d’une extrême fermeté sur ces affaires, ce qui en droit pénal se traduit en mandat de dépôt (placement en détention, NDLR). Je constate que la consigne est bien arrivée jusqu’à Strasbourg. Et le tribunal est pris en otage : si les réquisitions ne sont pas suivies et que les jeunes récidivent, on vous reprochera d’avoir été laxistes. Mais ce ne sont pas des émeutiers que vous jugez, ce sont les autres. Avaient-ils l’intention de mettre la France à feu et à sang ? »

Vidéos et réseaux sociaux comme éléments de preuves

À l’aide d’images tirées des caméras de vidéo surveillance, présentes dans toutes les affaires jugées, le président apprécie les quantités de vêtements emportés par les prévenus. « C’était à votre taille, au moins ? », lance-t-il à un jeune. À nouveau, les yeux se baissent.

Pour défendre son client de 19 ans, Me Léa Monod clame qu’il n’avait pas de téléphone et donc, pas d’accès non plus aux réseaux sociaux. Selon elle, la défense de son client, sans-abri, qui « cherchait juste un endroit où dormir » tient en partie à sa déconnexion.

compa immédiates 3 juillet
Au premier étage du palais de justice, des dizaines de personnes se sont déplacées pour assister à l’audience de lundi 3 juillet. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Mais ce sont aussi les réseaux sociaux que cite le procureur de la République pour prouver les mauvaises intentions des accusés. « Personne n’était là par hasard, les informations des pillages circulaient en ligne », estime-t-il avant de désigner l’accusé : « Si monsieur était là, c’était pour créer du désordre ».

Dans chaque dossier, la vidéo surveillance fait office de preuve. Elle « a confondu » l’un des accusés, on en voit un autre sur les images de la police municipale. Elles sont « un secours bien utile devant ce tribunal » affirme le procureur adjoint. À deux reprises entre le 29 juin et le 1er juillet, la préfecture du Bas-Rhin a autorisé les forces de police et de gendarmerie à utiliser des drones pour capter des images.

Une audience qui étonne

Devant la salle d’audience, téléphone à la main, la mère d’un des prévenus attend des nouvelles de son avocat. Elle n’en a pas eu de son fils de 21 ans pendant plus de 24 heures et a seulement appris dimanche soir qu’il serait jugé le lendemain. Plus loin, un professeur de lycée est venu sur son jour de congé. « Peut-être que c’est un de mes élèves qui comparaît aujourd’hui, je ne sais pas, j’espère que non », souffle-t-il. Également à la recherche d’une place dans la salle, une autre adolescente avoue être venue « juste pour voir ce que ça donne, la justice, après les émeutes ».

compa immédiates 3 juillet
Lundi 3 juillet, une partie des audiences de comparution immédiates ont été déplacées dans une autre salle. Le même jour, les greffiers étaient en grève. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Les profils des jeunes accusés sont divers. Volontaire en service civique, travailleurs de la restauration, très jeune père de famille ou futur candidat aux épreuves pour devenir militaire, les regrets persistent. « On a fait une connerie, on regrette », assurent de concert deux jeunes, 21 et 24 ans, accusés d’être entrés et d’avoir volé dans le magasin Lacoste en pleine nuit malgré les planches de bois qui en réparaient la devanture.

« C’est un contexte exceptionnel mais mon client est un jeune banal. Ce contexte qui exige un jugement rapide et hâtif ne signifie pas qu’il faut oublier le droit. Je ne vois pas pourquoi mon client devrait payer pour toute la France. »

Me Laure Fitoussi

De lourdes peines suivant les réquisitions du ministère public

Sur les huit personnes jugées pour des faits survenus pendant les périodes de violences urbaines, toutes ont été déclarées coupables par le tribunal et seules deux d’entre elles sont ressorties libres le soir même. Sept d’entre elles ont été condamnées à de la prison ferme – entre 4 et 12 mois selon les affaires. Des jugements qui ont suivi, dans la plupart des cas, les réquisitions du ministère public, avec des peines importantes pour de tels faits selon l’analyse de Me Laure Fitoussi :

« En comparutions immédiates, les peines sont souvent plus sévères. Elles permettent d’apporter une réponse pénale rapide mais sont habituellement réservées à des personnes qui ont déjà eu affaire à la justice, ce qui n’était pas forcément le cas des prévenus. La sévérité des peines tient surtout aux mandats de dépôts. De jeunes gens qui ne connaissent pas le milieu carcéral ont été envoyés en prison immédiatement. »

Pour quatre personnes, ces peines pourront être effectuées à domicile après la pose d’un bracelet électronique. « Vous passerez quelques jours en prison avant pour bien avoir le temps de réfléchir », précise le président.

D’autres comparutions immédiates en lien avec les émeutes sont prévues mardi 4 juillet au tribunal judiciaire de Strasbourg.

Grève invisible des médecins hospitaliers : de la difficulté de se faire entendre

Grève invisible des médecins hospitaliers : de la difficulté de se faire entendre

Ce lundi 3 et mardi 4 juillet, les syndicats des médecins de l’hôpital public appellent à une grève. Ils revendiquent une revalorisation des gardes de nuit et de meilleures conditions de travail. Les négociations avec le ministère de la Santé sont au point mort tandis que les médecins peinent à se faire entendre.

Bien qu’ils soient en grève à plus de 50% selon les syndicats à l’origine de ce mouvement social, visant à revaloriser les gardes de nuit et les salaires, les médecins hospitaliers sont très peu nombreux à arrêter de travailler. Car dès que les médecins posent leur préavis de grève, des assignations leur sont attribuées : ils doivent travailler.

« On a une obligation de service public et c’est normal, on ne la remet pas en cause », explique Pierre Wach, secrétaire général du syndicat CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), mais cela réduit à néant le pouvoir de blocage des professions de santé :

« Quand des syndicats dans d’autres secteurs économiques bloquent, ça peut avoir des conséquences sur tout un pays et ils obtiennent gain de cause. Nous n’avons pas ce pouvoir et c’est pour ça qu’on n’obtient jamais rien. »

Les médecins demandent que les primes pour les gardes de nuit s’élèvent à 600€ bruts pour 12 heures de service. Ces primes sont à 400€ bruts, mais en bénéficiant d’une mesure de revalorisation temporaire qui doit prendre fin en août.

Gilles Thiam, secrétaire du syndicat Force ouvrière des paramédicaux strasbourgeois, reconnait aussi qu’il est complexe de mobiliser les personnels de santé :

« La mobilisation est relative, car, une fois que les patients sont à l’hôpital, il est difficile de leur dire de faire demi-tour. C’est humainement impossible. »

Le docteur Harscoat, médecin hospitalier engagé dans la défense de l’hôpital public, à l’initiative de la « minute de silence en hommage à la mort de l’hôpital public« , estime qu’il faut aller plus loin :

« Il faudrait qu’on puisse bloquer l’hôpital, que les gens trouvent porte close pour que le message envoyé soit : “regardez, c’est ça qui vous attend”. Malheureusement, c’est difficile à faire. Nous sommes un peu coincés. C’est difficile de se faire entendre. »

Une opinion publique bien atone

Mais surtout, les syndicats de personnels soignants ne se sentent pas soutenus par l’opinion publique. Du moins, pas assez. Une situation qui effraie Pierre Wash de CGT qui confie :

« L’opinion publique soutiendra massivement les revendications dès qu’elle prendra conscience de la situation réelle de l’hôpital. Mais si elle ne suit pas, alors j’ai vraiment peur pour le futur de l’hôpital public ».

D’après Gilles Thiam, si les gens ne soutiennent pas les médecins hospitaliers grévistes et autres personnels de santé, c’est parce qu’ils ne se sentent pas concernés : « C’est souvent quand les gens deviennent patients qu’ils se rendent compte, pas avant ».

Mais les personnes mobilisées restent combatives. Le Dr Harscoat parle d’un « frémissement » qui se ferait remarquer, Pierre Wash observe que « de semaines en semaines, on a de plus en plus de nos concitoyens qui se rendent compte qu’il y a un réel souci ».

80% de grévistes lundi à Strasbourg parmi les greffières « méprisées du corps judiciaire »

80% de grévistes lundi à Strasbourg parmi les greffières « méprisées du corps judiciaire »

Une centaine d’auxiliaires de justice – principalement des greffières rejointes par quelques magistrats et avocats – était rassemblée lundi matin devant les portes du tribunal judiciaire de Strasbourg. Au total, environ 80% de ses fonctionnaires de greffe se sont mis en grève, contre un projet de revalorisation salariale jugée insuffisante.

La mobilisation est nationale, et la lassitude générale. En cette matinée du lundi 3 juillet, sur le parvis du tribunal judiciaire de Strasbourg, une porte-parole décompte environ 80% de grévistes au sein des fonctionnaires de greffe du tribunal judiciaire.

La nouvelle grille indiciaire des greffières, un métier féminisé à 88%, prévue par le ministère de la Justice – qui devrait entrer en vigueur à partir du 1er octobre – en a irrité plus d’une. L’appel à la mobilisation a été lancé mercredi dernier par l’intersyndicale Unsa Services judiciaires, la CGT Chancelleries et services judiciaires, le Syndicat des greffiers de France (SDGF-FO) et la CFDT-Interco Justice. Théa Wassenberg, greffière au tribunal judiciaire de Strasbourg, détaille leur colère :

« Nos revendications pour une meilleure considération de notre profession ne datent pas d’hier, mais cette nouvelle grille a tout enflammé. On essaie de nous faire croire qu’elle est positive alors que la réalité est toute autre. »

Les greffières étaient en grève lundi 3 juillet Photo : Emilie Terenzi / Rue89 Strasbourg / cc

Contre une maigre augmentation, une ancienneté mise à mal

« La proposition est indécente », accuse de son côté Inès Willer, greffière et porte-parole du mouvement strasbourgeois :

« Au-delà de cette revalorisation ridicule (augmentation de 92,15€ bruts maximum, NDLR), la grille nous fait baisser d’échelon, engendrant une perte d’ancienneté qui peut aller, pour certains, jusqu’à 9 ans ! »

À titre d’exemple, Théa Wassenberg explique que les greffiers principaux perdent trois échelons et six ans d’ancienneté. Ils se retrouvent alors au même échelon que ceux qui viennent de passer le concours. Par ailleurs, ce concours n’est accessible qu’à partir du 5e échelon. Les greffiers devront ainsi patienter davantage avant d’évoluer dans leur carrière. Autre conséquence qui découle de cette mise à niveau : certains ne pourront atteindre le maximum de cette nouvelle grille salariale avant leur retraite.

30% de postes vacants

Au-delà de la déconsidération ressentie par ce corps de métier, Inès Willer pointe la problématique du sous-effectif permanent. Pour le tribunal de Strasbourg et pour ses ressorts, 30% des postes réservés aux fonctionnaires de greffe ne sont actuellement pas occupés, alourdissant de fait la charge de travail des greffières présentes. Hervé Bonglet, secrétaire général de l’Unsa Services judiciaires, met en lumière un enjeu plus global dans un entretien réalisé par RFI :

« Si nous étions sur les standards européens comme l’Italie, le Portugal ou l’Espagne, nous devrions être 39 000 personnels de greffe, mais nous ne sommes que 22 000 en France. »

Les greffières permettent à l’institution judiciaire de fonctionner (Photo Emilie Terenzi / Rue89 Strasbourg / cc

Métier « indispensable » de l’institution judiciaire

En comparant avec les évolutions récentes des autres professions du ministère de la Justice, l’imcompréhension s’accroît. Suite au décret du 28 avril 2022, les fonctionnaires du Service de probation et d’insertion pénale (Spip) sont passés en catégorie A. Deux ans plus tôt, les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ont connu le même schéma. Si cette même revalorisation n’avait pas été rejetée pour les greffiers, elle aurait signifié une augmentation nette de leur salaire de 200€ par mois.

Les premiers présidents des cours d’appel et les procureurs généraux rappellent dans un communiqué commun que les greffières sont « indispensables au bon fonctionnement des juridictions ». Les magistrats, déjà passablement échaudés par les réformes du gouvernement notent que « l’engagement [des greffiers] sera déterminant pour poursuivre les évolutions en cours de l’institution »…

En raison de cette grève, plusieurs audiences du tribunal judiciaire de Strasbourg ont dû être renvoyées. L’intersyndicale doit être reçue mardi 4 juillet par la Chancellerie.

Grève au Samu 67 : « je n’ai que deux minutes par appel, j’ai peur de rater des urgences vitales »

Grève au Samu 67 : « je n’ai que deux minutes par appel, j’ai peur de rater des urgences vitales »

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Mort de Nahel : 24 véhicules incendiés, 13 interpellations entre samedi et dimanche à Strasbourg

Mort de Nahel : 24 véhicules incendiés, 13 interpellations entre samedi et dimanche à Strasbourg

La préfecture du Bas-Rhin a communiqué un « bilan » à Strasbourg de la cinquième nuit de violences urbaines depuis la mort du jeune Nahel.

Selon un communiqué de la préfecture du Bas-Rhin diffusé dimanche 2 juillet au matin, le bilan des violences urbaines qui se sont déroulées dans quelques quartiers de Strasbourg durant la nuit du 1er au 2 juillet fait état de :

    24 véhicules ont été incendiés dans le département, 13 personnes ont été interpellées à Strasbourg, Un blessé léger à déplorer parmi les forces de police.
Restes d’un véhicule incendié à Cronenbourg dans la nuit de vendredi à samedi 1er juillet Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Le nombre de véhicules incendiés à Strasbourg était de plus de 70 dans la nuit de mercredi à jeudi, et d’une cinquantaine dans la nuit de vendredi à samedi. Ces violences interviennent après le décès d’un jeune homme de 17 ans, Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, mardi 27 juin.

Un arrêté préfectoral interdisant tout transport de matières inflammables, tout objet pouvant servir d’arme par destination, et toute manifestation publique dans le centre-ville de Strasbourg, est toujours en vigueur jusqu’au lundi 3 juillet à 8h.

À Koenigshoffen, trois jours pour se frotter à la danse avec les Rencontres à tisser

À Koenigshoffen, trois jours pour se frotter à la danse avec les Rencontres à tisser

Après la Meinau et le port du Rhin, le Centre des rencontres artistiques (Cira) part à la rencontre d’un nouveau public en organisant l’édition 2023 des Rencontres à tisser à la Maison des projets de Koenigshoffen. Des artistes confirmés, des compagnies émergentes et des collaborations avec les habitants du quartier se succéderont du 7 au 9 juillet. 

Les Rencontres à tisser, c’est « vivre une expérience hors scène, dans un lieu improbable transformé en lieu de partage artistique toujours plus proche de chacune et chacun, pour ressentir la fragilité de nos existences et la beauté du monde. » Voilà comment Yoko Nguyen, directrice du Centre international de rencontres artistiques (Cira) installé à la Meinau, présente ce jeune festival de danse contemporaine.

Après une première édition au Port du Rhin en 2022, les Rencontres à tisser auront lieu au cœur du quartier de Koenigshoffen, dans la Maison des projets, les 7, 8 et 9 juillet. Pendant ces trois jours, des performances d’artistes aguerris, mais également de compagnies émergentes se succéderont avec en outre un projet participatif réalisé avec les habitants. 

Partir à la rencontre d’un quartier et le mettre en lumière 

Mélanger les publics est depuis toujours un des projets phares du Cira. Avec ce festival nomade qui part à la rencontre des quartiers, le Centre fait un pas de plus sur cette voie, explique Yoko Nguyen :

« Réaliser ce festival hors les murs nous permet de toucher un public qui ne côtoie pas forcément les lieux de culture et de leur donner à voir des créations de qualité. Pensées pour tous, les Rencontres à tisser sont entièrement gratuites et proposent aux habitants du quartier de participer à une collaboration avec un artiste reconnu. »

Cette édition est portée par Yoko Nguyen, directrice du Cira et  Miradi Koko, chorégraphe et animateur à Koenigsoffen. Photo : ACC / Rue89 Strasbourg / cc

Samedi 8 juillet à 19h30, sera présenté le projet Dans la foule, mené par la compagnie Calabash avec des danseurs amateurs du quartier. Pour réaliser cette performance, une vingtaine d’habitants ont travaillé sur une chorégraphie de l’artiste Wayne Barbaste qui s’interroge sur la place de l’individu dans le collectif et la place de la société dans notre monde individualiste. Des rencontres, des ateliers et une projection ont également eu lieu en amont du festival pour impliquer au mieux les habitants.

Le quartier en lui-même – et plus particulièrement la Maison des projets, construite en 1901, aura également toute sa place dans les représentations, puisque deux demandes ont été faites à tous les artistes : penser leur performance « in situ », c’est-à-dire en intégrant entièrement le lieu dans la performance, avec le minimum d’ajouts techniques, et proposer un spectacle d’une trentaine de minutes. Une scène ouverte pour les associations du quartier sera organisée le dimanche à 13 h.

Des artistes issus de la diaspora pour danser le monde

Huit spectacles d’artistes confirmés seront proposés gratuitement cette année, portés notamment par des personnes issues de la diaspora. « Mettre en lumière ces artistes d’origine variées, c’est rappeler que nous sommes tous des citoyens du monde et que chacun a une histoire à partager », souligne Yoko Nguyen.

Chorégraphe et interprète, Raji Michel présentera Chorésophie samedi soir.

Née à Kobe, au Japon, Yumi Fujitani se produit en France depuis 1985 et se produira au festival vendredi 7 juillet à 20h30. Danseuse de buto, elle travaillera avec la couleur rouge et les différentes facettes du corps de la femme, parfois sorcière, chamade, femme-enfant ou femme sacrée. Le lendemain, Raji Michel, venu en France à l’âge de douze ans après une enfance au Maroc, présentera son spectacle à 20h15. Initialement formé aux techniques classiques et contemporaines, il partagera avec les spectateurs sa propre approche de la danse, devenue plus spirituelle et qu’il a lui-même nommé « Chorésophie », nom de sa performance.

Dimanche 9 juillet à partir de 14h30, Miradi Kanbumbi Koko et sa compagnie Mlit proposeront deux créations abordant le sujet de l’intégration quand on vient d’un autre pays. « Qu’est-ce que le regard de l’autre fait de nous ? Comment je dois m’intégrer, tout en me reconstruisant et en ayant hérité d’une autre culture ? Ce sont les questions auxquelles nous essayons de répondre dans Loin de la mer et Par-delà les chaînes de l’histoire », raconte Miradi Koko, qui donne également des cours de danse à Koenigsoffen. 

Le chorégraphe Miradi Kandumbi Koko présentera, avec sa compagnie Mlit, deux spectacles portant sur l’intégration. Photo : Doc remis

Découvrir des compagnies émergentes

L’après-midi du samedi 8 juillet sera dédié aux Émergentes, un projet de soutien aux jeunes auteurs chorégraphiques de la région. Dans ce cadre, trois compagnies ont pu bénéficier de résidences dans les locaux du Cira, situé dans la Plaine des bouchers, pour préparer les performances qui seront présentées pendant le festival.

Un temps sera dédié aux compagnies émergentes, comme Métronome(s). Photo : Doc remis

Parmi eux, la compagnie Métronome(s), qui présentera à 14h30 le spectacle Jeu de dames, dans lequel quatre danseuses manipuleront des toiles blanches pour, chacune à sa manière, « sortir du cadre ». Il a été co-créé Elsa Markou, plasticienne et scénographe :

« C’est une très belle opportunité pour nous, d’abord d’avoir un lieu où travailler notre spectacle, qui se trouve à la frontière entre le théâtre d’objet et la danse ; ensuite pour pouvoir en présenter un extrait lors du festival. C’est un temps important pendant lequel nous pourrons rencontrer le public, mais aussi d’autres professionnels. »

En plus des compagnies accueillies en résidence, une invitée surprise a été programmée. Il s’agit de Paola Gay, la lauréate nationale du concours national étudiant de « Danse avec ton Crous ». Mêlant la voix et le geste, elle questionne dans sa performance les manières d’exprimer « le monde désordonné qui est dans (sa) tête ». Pour la directrice du Cira, Yoko Nguyen, « Il était important de proposer un espace d’expression pour les compagnies émergentes d’Alsace. À Strasbourg, on manque encore beaucoup de scènes intermédiaires pour la danse, entre les amateurs et les professionnels confirmés. » Ce week-end sera donc l’occasion de découvrir dans un décor singulier des artistes de tous niveaux.

Chorégraphe et interprétation : Faustine Azidayé Photo : Doc Remis

La justice annule une mesure de limitation des logements Airbnb votée par l’Eurométropole

La justice annule une mesure de limitation des logements Airbnb votée par l’Eurométropole

Contrainte par une décision du tribunal administratif de Nancy, l’Eurométropole de Strasbourg a annulé une mesure visant à limiter la location de logements touristiques.

« J’accuse le coup », reconnait Suzanne Brolly, vice-présidente de l’Eurométropole (EMS), en charge de l’habitat. Le 28 mars 2023, le tribunal administratif de Nancy a annulé une délibération votée lors du conseil de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) du 19 novembre 2021. Celle-ci visait à limiter les locations de

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Certaines enseignes du centre-ville fermées, nombreux policiers et manifestations interdites

Certaines enseignes du centre-ville fermées, nombreux policiers et manifestations interdites

Craignant de nouvelles violences, la préfète du Bas-Rhin a reconduit les mesures d’interdictions à tout rassemblement dans un périmètre correspondant au centre-ville élargi de Strasbourg. Les commerces ont été invités à fermer.

Tout est calme au centre-ville. Ce compte-rendu en direct est en pause et reprendra si des événements le nécessitent.

De nombreux policiers sont postés place Kléber et dans les rues alentours.

Les Galeries Lafayette sont restées ouvertes, en procédant à un filtrage des clients. Le centre commercial des Halles en revanche est toujours fermé.

Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
L’Europ’Café a remballé sa terrasse par précaution Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Le magasin Primark a fermé ses portes Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) de Strasbourg a relayé auprès de ses adhérents les recommandations de précautions de la préfecture du Bas-Rhin, selon Jacques Chomentowski, son président pour Strasbourg :

« Les marches blanches et les manifestations peuvent dégénérer en pillages et en affrontements avec les forces de l’ordre. Les chaises des terrasses peuvent servir de projectiles. Donc pour protéger les clients et les adhérents, on recommande de fermer les terrasses cet après-midi et de plutôt travailler en intérieur. Ça tombe bien, il ne fait pas trop beau mais c’est une perte importante de chiffre d’affaires qui s’annonce… »

Le centre commercial des Halles a été fermé à partir de 13h, « suivant les recommandations des Vitrines de Strasbourg, de la Ville et des autorités » selon sa directrice, Stéphanie Beck.

L’accès au centre commercial est fermé samedi après-midi. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

La Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) annonce sur Twitter que les transports en commun sont suspendus à partir de 13h, « sur ordre des forces de l’ordre ».

La préfecture du Bas-Rhin a reconduit les restrictions imposées depuis jeudi à la vente et au transport « d’artifices et d’hydrocarbure au détail, d’acides, de produits inflammables, chimiques ou explosifs » et de toute « détention et transport d’armes ou d’objets pouvant constituer une arme par destination » jusqu’au lundi 3 juillet à 8h.

En outre, toute « manifestation, cortège et défilé sont interdits du samedi 1er juillet à midi jusqu’au lundi 3 juillet à 8h » à l’intérieur d’un périmètre correspondant au centre-ville élargi : avenue des Vosges / place de Haguenau / rue de Wissembourg / boulevard du Président-Wilson / place de la Gare / boulevard de Metz / boulevard de Nancy / boulevard de Lyon / pont Louis-Pasteur / quai Louis-Pasteur / quai Menachem-Taffel / quai Fustel-de-Coulanges / quai du Général-Koenig / quai des Alpes / quai des Belges / rue du Grand-Pont / avenue de la Forêt Noire / place Sébastien-Brant / avenue d’Alsace.

Le périmètre d’interdiction des manifestations a été reconduit jusqu’à lundi.

Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, l’association les Vitrines de Strasbourg a recommandé à ses adhérents du centre-ville de Strasbourg de fermer leur établissements pour la journée du samedi 1er juillet.

Mort de Nahel : une nouvelle série de violences urbaines la nuit de vendredi à samedi à Strasbourg

Mort de Nahel : une nouvelle série de violences urbaines la nuit de vendredi à samedi à Strasbourg

Suite à la mort de Nahel tué par un policier mardi à Nanterre, malgré les appels au calme, de nombreuses dégradations ont eu lieu dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet à Strasbourg, dans les quartiers de Cronenbourg, Hautepierre et de la Meinau ainsi qu’à Schiltigheim.

Les quartiers de Cronenbourg, Hautepierre et de la Meinau à Strasbourg et la commune de Schiltigheim ont à nouveau été la cible de violences urbaines et d’atteintes aux véhicules. Selon un bilan transmis par la préfecture du Bas-Rhin, 50 véhicules ont été incendiés à Strasbourg et Schiltigheim. La nuit précédente, plus de 70 véhicules avaient été incendiés par des émeutiers, souvent jeunes, en révolte après la mort du jeune Nahel, braqué puis tué par un policier à Nanterre mardi 27 juin.

La préfecture rapporte que 22 personnes, souvent jeunes, ont été interpellées pendant la nuit de vendredi à samedi à Strasbourg et que 3 blessés légers sont à déplorer parmi les forces de l’ordre mobilisées.

À Schiltigheim, près du quartier des Écrivains, le parking de véhicules de location du supermarché E. Lerclerc a été pris pour cible. Sept véhicules ont été entièrement détruits. Le gérant de l’enseigne estime les dégâts à « au moins 200 000€ ».

Yassine analyse que les dégradations sont réalisées par des jeunes qui se sentent démunis et très en colère suite à la mort de Nahel. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

En bac pro maintenance, Yassine est devant les voitures calcinées :

« Je comprends la colère que suscite le meurtre de Nahel. C’est trop. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas avec la police dans les quartiers, la population qui n’y habite pas ne se rend pas compte. Les contrôles qui dégénèrent, les insultes, les jeunes qui se font tabasser pour rien… Les dégradations, c’est pour faire comprendre ce qu’il se passe, c’est une manière de dénoncer, les cibles ne sont pas toujours réfléchies mais c’est parce que beaucoup de jeunes sont démunis, et ne sont pas entendus qu’ils le font. Malheureusement, ça peut aller trop loin, surtout quand ça touche des voitures de particuliers. »

Rue Lavoisier à Cronenbourg, le sol est jonché de débris et de douilles d’armes employées par les forces de l’ordre. Une femme d’une soixantaine d’années fait ses bagages après avoir déplacé sa voiture durant la nuit :

« J’ai eu la peur de ma vie. Jusqu’à 4h, les mortiers ont pété, il y avait des explosions partout. J’ai vu des feux de poubelles et de voitures. Je vais chez une amie en Haute-Marne, le temps que ça se calme. Il ne fallait pas tuer ce jeune, tout le monde est d’accord, mais nous on n’a rien demandé. »