Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Manifestation pour « un cessez-le-feu définitif » à Gaza samedi 2 décembre

Manifestation pour « un cessez-le-feu définitif » à Gaza samedi 2 décembre

Le collectif Palestine 67 appelle à une mobilisation le samedi 2 décembre pour l’adoption d’un cessez-le-feu définitif à Gaza. La manifestation débutera à 14h place Dauphine.

Alors que la trêve fragile entre Israël et le Hamas doit s’achever le jeudi 30 novembre au matin, le collectif Palestine 67 organise une nouvelle manifestation ce samedi 2 décembre à Strasbourg pour exiger un cessez-le-feu définitif à Gaza. Depuis le début de la trêve, 60 otages israéliens ont été libérés et de l’aide humanitaire a été acheminée vers Gaza.

Le parcours de la marche sera le même que celui de la semaine dernière. La manifestation débutera place Dauphine puis le cortège passera par la rue de la première Armée, le quai Finkwiller et les ponts couverts pour rejoindre la place de la Gare.

Alerter sur la situation sanitaire

« Au-delà du cessez-le-feu définitif, nous voulons aussi profiter de la manifestation pour alerter sur la situation sanitaire à Gaza, à cause de l’ampleur des destructions et de la mise à l’arrêt d’une bonne partie des hôpitaux », explique Hervé Gourvitch, l’un des porte-paroles du collectif Palestine 67. « Nous voulons aussi alerter sur la situation en Cisjordanie, où l’on donne des armes aux colons israéliens », continue le militant.

Lorsque le cortège atteindra la place de la Gare, une série de prises de paroles sera organisée pour alerter les passants sur le bilan humain désastreux du conflit.

Désordres à l’AS Pierrots Vauban, parents exaspérés, direction fatiguée

Désordres à l’AS Pierrots Vauban, parents exaspérés, direction fatiguée

Alors que des changements abrupts de présidence plombent le club de foot amateur Pierrots Vauban, des adhérents pointent un matériel défaillant, un encadrement insuffisant et des tarifs excessifs.

Sous une pluie fine, une poignée de supporters en capuche conversent en regardant leurs enfants finir leur match de foot. Régulièrement, l’entraîneur lance un cri en l’air en direction de ses petits joueurs, parfois un encouragement, parfois une consigne. Parfois juste un cri, indéchiffrable. Malgré les efforts du coach pour animer le stade Émile Stahl au quartier Vauban, ce samedi 25 novembre reste une journée morose, au camp d’entraînement de l’AS Pierrots Vauban (ASPV). Et la pluie n’explique pas tout : depuis plusieurs semaines, le club est plombé par des remous au sein de sa direction et une colère sourde des adhérents.

Quelques jours plus tôt, un article de Rue89 Strasbourg révélait que l’ancien directeur du club de foot amateur, Philippe Weiss avait porté plainte pour « menace de crime contre les personnes avec ordre de remplir une condition » contre deux adhérents de l’ASPV. Concrètement, il les accuse de l’avoir forcé à démissionner sous la contrainte, le mardi 7 novembre. La semaine suivante, il quittera de lui-même son poste avec plusieurs membres du comité de direction.

Addition de déceptions

« Les problèmes au sein du club ? Les gamins ne s’en rendent pas compte heureusement… » Dans les couloirs du club-house, Guillaume fait tout de suite la moue quand on le questionne sur les répercussions de la crise au sein de la direction. Père d’un enfant de neuf ans inscrit à l’ASPV, il raille le discours du club :

« On m’a dit qu’ici, c’était l’élite du foot amateur. Mais pour la saison dernière, on a eu un entraîneur des jeunes, qui était retraité et un peu perdu. Il était très gentil mais ce n’était pas vraiment le coach qu’on espérait. Et l’année d’avant, c’était le flou artistique, avec plusieurs coachs qui ne restaient pas en poste. »

Avant que son fils ne rentre du vestiaire, Guillaume précise, avec un sourire :

« Écoutez, je n’ai pas de “projet Mbappé” avec mon fils, s’il n’est pas vraiment bon, c’est pas vraiment grave. Mais j’attends quand même qu’on lui apprenne à faire un contrôle ou une passe correcte, dans de bonnes conditions… »

Ihab et son fils, Iyed. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg

Derrière lui, Ihab descend de la cafétéria avec son fils Iyed, déjà changé. En nous observant avec les yeux grand ouvert, ce dernier essaye de comprendre : « Le président il faisait pas ses devoirs, papa ? » Ihab lui répond avec un sourire, avant de partager son sentiment sur la situation du club :

« Ça fait un an qu’on demande plus de moyens. Il aurait fallu plus de ballons pour les enfants, plus d’encadrants aussi, moins de turn-over parmi les coachs… Et derrière, on nous demande de payer beaucoup d’argent. 290€ pour mon gamin, ce n’est pas rien. »

La question de la cotisation revient fréquemment chez les parents interrogés. Zuhal, qui a aussi un garçon dans le club, détaille :

« Mon fils a débuté en U8 en 2018. À l’époque, les frais d’inscriptions étaient de 190€. Aujourd’hui, c’est 100€ de plus, c’est trop. Cette différence de tarifs, on ne la comprend pas en tant que parent. »

Critiques sur la gestion financière

En plus des soucis de matériel et de finances, les parents rencontrés ne digèrent pas les accusations de l’ancien président, Philippe Weiss, qui assure avoir été contraint à la démission. « J’étais présent le soir où il aurait été retenu, et ce n’était pas de la séquestration », assure un parent de joueur, également en charge d’administrer l’une des sections de jeunes : « C’est clair que c’était tendu, puisqu’il avait tout le club à dos, mais on voulait simplement qu’il prenne la parole, qu’il nous donne des explications sur la situation financière, sans esquiver. »

Avec 375 licenciés, le club n’est pas dénué de ressources nettes. Mais le club a dû baisser ses dépenses, en raison d’une rétrogradation de National 3 en Régional 2.

Selon les comptes fournies par Philippe Weiss, le budget prévisionnel du club s’élèverait à 220 000€ pour l’année 2023-2024. Les recettes obtenues par les cotisations des licenciés représentent 48 000€. Mais surtout, le club doit composer avec une dette de 92 000€ à rembourser, une situation décriée par les parents rencontrés.

L’ancien président de l’AS Pierrots Vauban, Philippe Weiss. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg

Contacté par Rue89 Strasbourg, l’ancien directeur Philippe Weiss précise :

« Pour un club comme le notre, 92 000 euros d’emprunts, ce n’est pas colossal. Comme dans une entreprise, on doit gérer des avoirs, des créances, des dettes… L’un des problèmes que les mécontents ne mentionnent pas, c’est les cotisations impayées. Ça représente 18 000€ pour l’année 2021-2022, rien que pour les 14-17 ans. En 2022-2023, 25 000€ de cotisations ne sont pas rentrées. Avant, les subventions de la Ville pouvaient cacher ces trous mais avec la diminution de ces dernières années et la baisse des revenus liés au sponsoring, ça compte. »

Philippe Weiss raille ses détracteurs qui « râlent sur les montants des cotisations » tout en « réclamant de l’équipement supplémentaire ». Son successeur par intérim, Ziad Fajr El Idrissi, assure que les problèmes d’équipement vont cesser mais il prévient :

« Moi je ne fais que la transition. Une assemblée générale sera bientôt organisée qui élira le futur président et je ne me présenterai pas. »

Le baromètre social de la Collectivité d’Alsace dévoile un « malaise profond » chez les cadres

Le baromètre social de la Collectivité d’Alsace dévoile un « malaise profond » chez les cadres

Sous pression des syndicats, le président de la Collectivité d’Alsace Frédéric Bierry (LR) a initié un « baromètre social » pour recueillir les avis des agents du Département sur l’ambiance de travail. Démarré en septembre, ses premières conclusions témoignent d’un mal être parmi les cadres dirigeants.

Depuis septembre, la Collectivité d’Alsace (CeA) bruisse de causeries sur son « baromètre social », une grande enquête sur le climat interne à la collectivité départementale, menée par le cabinet KPMG. Les syndicats et les conseillers d’Alsace de l’opposition de gauche demandaient depuis début 2023 un audit externe suite à des dénonciations anonymes envoyées à plusieurs médias. Ces messages visaient Myriam Stenger, la directrice de cabinet du président de la CeA Frédéric Bierry (LR), pour des faits assimilables à du harcèlement moral à l’encontre de ses collaborateurs de cabinet.

En mars 2023, Frédéric Bierry a refusé cet audit externe ciblé sur les collaborateurs du cabinet, préférant un baromètre social, une procédure recueillant les retours de l’ensemble des 6 000 agents de la CeA. Une décision contestée par quatre syndicats représentatifs sur cinq, qui ont estimé qu’il fallait se concentrer sur les cadres. Finalement, 4 003 fonctionnaires ont participé à cette enquête interne.

Les conclusions de ce « baromètre social » devraient être présentées au début de l’année 2024 mais certains éléments ont déjà fuité. Ils témoignent d’un mal-être important parmi les cadres dirigeants au sein de la collectivité alsacienne.

Mal-être marqué chez les encadrants

Les DNA reprennent ainsi les commentaires de KMPG, qui souligne que les agents ressentent « une insécurité face aux changements [induits par la fusion des collectivités du Bas-Rhin et du Haut-Rhin au sein de la CeA, NDLR] à toutes les strates hiérarchiques ». Parmi eux, les « encadrants stratégiques » (directeur, adjoint…) sont les plus touchés. Selon le baromètre, 68% d’entre eux ne se verraient pas rester à la Collectivité d’Alsace plus de trois ans.

Le président de la Collectivité d’Alsace, Frédéric Bierry, lors d’un déjeuner de presse. Photo : Émilie Terenzi / Rue89 Strasbourg

Selon les informations obtenues par Rue89 Strasbourg issues du rapport de KPMG, 59% de ces cadres stratégiques sont « en train de vivre ou s’attendent à vivre » une détérioration de leurs conditions de travail, une proportion supérieure à toutes les autres catégories interrogées.

Parmi les 4 003 agents ayant répondu, 2 496 livrent leurs commentaires : 14% de ces retours évoquent le besoin d’un « cap et d’orientations claires », davantage de « visibilité » sur les « projets de la collectivité » et une meilleure délimitation entre la sphère de « l’administration » et celle du « cabinet » du président du Département. L’ingérence de la directrice de cabinet du président, Myriam Stenger, est donc bien toujours parmi les préoccupations majeures des agents.

« Pour moi, cette collectivité est malade à cause de sa tête »

« Il faut qu’ils aient le cœur sacrément bien accroché, pour qu’ils continuent d’exercer leurs missions au quotidien », commente un ancien directeur général des services (DGS), ayant travaillé avec Frédéric Bierry, à Rue89 Strasbourg. En apprenant les premiers résultats du baromètre social, il blâme le besoin de contrôle du président de la CeA :

« Je ne suis pas du tout surpris. Frédéric Bierry se comporte comme un populiste, au sens premier du terme : pour lui les cadres dirigeants ne servent à rien. Il n’y aucune forme de reconnaissance de leur travail, ce sont des parasites qui embêtent les agents et, dans une moindre mesure, les politiques. Or, ce sont eux la base de l’organisation, il ne réalise pas à quel point la collectivité fonctionne grâce à leur engagement et à leur dévouement. »

À propos du reproche formulé par plusieurs cadres sur les interférences régulières du politique dans la sphère administrative, l’ancien DGS abonde :

« Ces interférences ne devraient exister qu’à la marge, sur les grandes orientations. Mais quand des agents prennent des décisions mineures sans tenir le président Bierry au courant, ce qui est inévitable dans une collectivité de cette taille, ce dernier se vexe. Il voudrait que tout lui remonte, que la moindre décision passe par lui, qu’il tranche à chaque fois. C’est ça qui est épuisant. Dans un Département, ça ne fonctionne jamais comme ça. Vraiment, en matière de gestion de personnel, cette collectivité est rendue malade à cause de sa tête. »

Quelle réaction de Frédéric Bierry ?

Contacté, l’un des représentant syndicaux du personnel de la CeA, suivant l’avancement du baromètre social, refuse de donner davantage d’éléments mais partage le diagnostic :

« Même si nous aurions préféré un audit interne, le baromètre a le mérite de révéler que les cadres dirigeants ne se sentent pas bien du tout au sein de la collectivité. Maintenant, la question qui se pose c’est la réaction de Frédéric Bierry. Au regard des conclusions qui ciblent directement sa gouvernance, on espère une prise en compte débouchant sur des mesures concrètes. »

Interrogé sur les retours des agents sur le fonctionnement de la Collectivité d’Alsace, le cabinet de Frédéric Bierry a répondu par écrit : « Les conclusions seront remises prochainement et permettront de définir un plan d’actions dans une volonté continue de l’amélioration du bien-être des collaborateurs. »

Domial et la CAF prononcent le décès de Sidi, qui a dû prouver qu’il était toujours en vie

Domial et la CAF prononcent le décès de Sidi, qui a dû prouver qu’il était toujours en vie
La déclaration intempestive, non vérifiée, a provoqué une série de problèmes pour Sidi.

Sidi, 45 ans, a dû prouver à la Caisse d’allocations familiales qu’il était bien vivant pour continuer à percevoir ses allocations. Après que Domial, son ancien bailleur social, l’a déclaré mort, il a dû entamer une série de démarches afin de ne pas perdre son existence légale.

« Apparemment mon ancien bailleur social pensait que j’étais mort mais franchement c’est très bizarre parce qu’en fait, je suis vivant. » Cette situation ubuesque est celle de Sidi, 45 ans. Dans sa chambre au rez-de-chaussée d’un immeuble bas de Lingolsheim, aux volets fermés, il a préparé tous les documents qu’il consigne précieusement dans une pochette en carton depuis juillet 2023. Parmi ceux-là, un certificat de vie.

Au début de l’été, Sidi a été averti par Ophéa, son bailleur social actuel, que le prélèvement pour payer son loyer n’a pas pu aboutir, faute de fonds suffisants. Après vérification de son relevé bancaire, le père de famille constate que la Caisse des allocations familiales (CAF) du Bas-Rhin, dont il dépend en partie financièrement, ne lui a pas versé les allocations auxquelles il a droit. « Je paye toujours mon loyer à temps, ça m’a tout de suite alerté car ce n’était pas normal », explique Sidi.

Il informe immédiatement son assistante sociale de la situation. Aux sollicitations de cette dernière, la CAF du Bas-Rhin répond le 17 juillet dans un document scanné que Sidi a été déclaré mort par son précédent bailleur social, Domial. « Je ne suis plus locataire chez eux depuis décembre 2022 », explique Sidi, qui peine encore à comprendre.

« Bonjour,

Nous avons suspendu le dossier de l’allocataire suite au signalement du bailleur Domial nous informant du décès de l’allocataire.

Nous avons demandé confirmation à la Ville de Lingolsheim sans réponse à ce jour.

J’ai fait une note en urgent dans le dossier de l’allocataire afin de régulariser les droits prochainement.

Cordialement. »

Mail envoyé par la CAF du Bas-Rhin à l’assistante sociale de Sidi

Contactée, la chargée de communication du bailleur social Domial, Magali Ritzman, explique ne pas avoir la trace d’une telle déclaration transmise à la CAF. « J’ai fait le tour de nos équipes et en aucun cas nous n’avons annoncé le décès » de Sidi, assure-t-elle, déplorant que la vérité soit entre « la parole de la CAF contre la nôtre » et réitérant la bonne foi de Domial. « D’autant plus que Monsieur n’est plus locataire chez nous depuis mi-décembre 2022 et que l’état des lieux s’est bien passé », conclut-elle.

Pas de problème pour la CAF

Du côté de la CAF, la communication de son antenne Bas-Rhinoise confirme par écrit à Rue89 Strasbourg la suspension des allocations, sur la seule foi du signalement de Domial. Le mail s’attache ensuite à assurer que cette affaire a été régularisée rapidement :

« À réception de l’information du décès de cette personne (adressée par son bailleur), nous avons pris contact avec sa commune de résidence afin d’obtenir un certificat de décès (pièce permettant d’attester de ce décès) et les droits de cet allocataire ont alors été suspendus dans l’attente de la confirmation ou non.

Avant d’avoir un retour de la commune, grâce à un contact pris par le travailleur social en charge du suivi de cet allocataire, l’ensemble des droits de cet usager ont pu être à nouveau ouverts et ses prestations versées. »

Communication écrite de la CAF 67 à Rue89 Strasbourg, mardi 21 novembre 2023
Sidi Seck
Sidi, 45 ans, a été considéré comme mort par la CAF du Bas-Rhin pendant quelques semaines.

Le décès administratif de Sidi aura tout de même duré plusieurs semaines. Et les implications de cette erreur ont été plus importantes que l’arrêt temporaire du versement de ses allocations.

Malade chronique, Sidi a dû être hospitalisé en urgence pendant quatre jours en octobre 2023. Mais l’hôpital a refusé d’avancer le montant pris en charge par la Sécurité sociale, car la carte vitale de Sidi ne fonctionnait pas. « Pour la première fois, j’ai eu une facture de l’hôpital, je devais la payer », déplore-t-il. « Au laboratoire aussi, j’ai dû payer pour la première fois en 20 ans », poursuit-il. Avec environ 1 300 euros de revenus mensuels, impossible pour le père de quatre enfants de payer toutes ces factures. « J’ai même arrêté de chauffer chez moi par peur de ne pas être en mesure de régler mes frais de santé », poursuit-il.

Le 16 octobre, Sidi a pu se rendre à la Caisse primaire d’assurance maladie pour actualiser sa carte vitale. Depuis, elle fonctionne à nouveau à la pharmacie. « Je pense qu’eux aussi pensaient que j’étais mort », confie-t-il.

Un millier de « je suis vivant » par an

De même, Sidi est titulaire d’un titre de séjour, qu’il doit renouveler tous les dix ans. « Je ne sais pas s’il est encore valable ou si là aussi, je dois effectuer des démarches », explique-t-il. « Est-ce que je peux même aller en Allemagne ? Si on me contrôle, est ce que je suis en règle ? », poursuit Sidi. Ses craintes se sont multipliées et ses démarches, amoncelées.

Pour prouver qu’il est en vie, Sidi est finalement allé faire établir un certificat de vie auprès de la Ville de Strasbourg en octobre 2023. Un acte que les services municipaux ont tout de même produit 1 055 fois en 2022, explique Djemel Kharradji, adjoint au chef du service accueil de la population – soit un pour cent des 200 000 pièces produites par son service. « Si la personne est en état de se déplacer, il suffit de venir se présenter aux services avec une pièce d’identité pour que nous établissions un certificat de vie », explique-t-il.

« Si la personne est âgée ou alitée, un tiers peut demander ce certificat et nous l’établissons sur présentation d’une pièce d’identité et d’un certificat médical datant de moins de 24 heures », poursuit Djemel Kharradji. Selon lui, la majorité des gens qui demandent ces pièces en ont besoin pour continuer de percevoir une prestation sociale, en France ou à l’étranger. « La plupart du temps, une attestation sur l’honneur suffit à prouver qu’une personne est vivante, mais le certificat de la Ville a une plus grande force probante », conclut-il.

Depuis le 22 novembre, la carte vitale de Sidi fonctionne à nouveau correctement, il n’a plus à payer pour ses médicaments ni ses analyses en laboratoire. « C’est comme avant », explique-t-il, « mais je me demande toujours ce qu’il s’est passé chez Domial ». De son côté, la préfecture du Bas-Rhin lui a confirmé que son titre de séjour était toujours valide. « Je suis rassuré », affirme-t-il même s’il s’est désormais engagé dans des démarches pour être remboursé de ses frais d’hospitalisation, a posteriori.

Des professionnels de santé de Strasbourg opposés à une suppression des soins gratuits aux migrants

Des professionnels de santé de Strasbourg opposés à une suppression des soins gratuits aux migrants
Site de l’hôpital de Hautepierre, l’un des sites des HUS.

Votée par le Sénat le 14 novembre, la transformation de l’aide médicale d’État en aide médicale d’urgence pourrait éloigner les sans-papiers du parcours de soins et favoriser la prolifération de maladies infectieuses. À Strasbourg, cette perspective inquiète les soignants interrogés.

« Si le texte passe, on continuera de soigner les gens, mais avec des moyens de plus en plus dégradés ». Yvon Ruch est infectiologue aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Il traite par exemple des patients atteints du VIH ou de la tuberculose, des maladies infectieuses qui – si elles ne sont pas soignées – conduisent à la mort du patient. « Pour le moment, nous traitons les personnes même aux stades peu avancés de la maladie. Si l’aide médicale d’État est supprimée, nous ne verrons que les cas les plus graves. »

D’une aide d’État à une aide d’urgence

Le projet de loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » amendé par la majorité de droite au Sénat et transmis à l’Assemblée nationale le 14 novembre prévoit de restreindre les soins accessibles aux personnes sans-papiers en France, en remplaçant le système d’aide médicale d’État (AME) par une aide médicale d’urgence (AMU).

Car actuellement toute personne sans-papiers résidant en France depuis plus de trois mois et ne gagnant pas plus de 9 719 euros par an peut bénéficier de l’AME, c’est-à-dire d’une couverture médicale complète pour les soins médicaux et hospitaliers, dans les limites des tarifs de la Sécurité sociale.

Dans le texte tel qu’amendé par le Sénat, la possibilité d’avoir accès à l’AMU sera conditionnée au versement d’une somme annuelle, fixée par décret – sauf décision individuelle du ministre en charge de l’action sociale. Cette aide d’urgence permettra aux sans-papiers d’avoir accès « gratuitement » aux soins pour « la prophylaxie, le traitement des maladies graves et les soins urgents », « les soins liés à la grossesse et ses suites », « les vaccinations réglementaires » et « les examens de médecine préventive ».

« Beaucoup de nos patients sans-papiers ne savent pas qu’ils sont malades », explique le docteur Yvon Ruch. « Dans les cas de migrants, beaucoup sont contaminés lors de leur parcours migratoire. Supprimer l’AME revient à les éloigner du système de santé et donc n’avoir connaissance de leur maladie que lorsqu’elle est arrivée à un stade avancé », poursuit-il.

Un « mauvais calcul » selon l’infectiologue, qui prend l’exemple de la tuberculose pour appuyer son propos :

« La tuberculose traitée assez tôt se soigne très bien, en consultation. Une tuberculose plus grave nécessite plusieurs jours, voir semaines, d’hospitalisation. Quand on sait qu’une journée coûte entre 1 500 et 2 000 euros par patient, le calcul est vite fait. »

D’autant plus que la tuberculose est une maladie contagieuse si elle n’est pas traitée. « Ne pas permettre à certaines personnes d’être soignées va à l’encontre de tout ce que nous mettons en place en termes de prévention des épidémies ou de complications qui coûtent cher », renchérit Vincent Poindron, praticien hospitalier en immunologie aux HUS.

Une population déjà éloignée du système de santé

Le docteur Ruch craint qu’une grande partie de ces patients ne se déplacent qu’en toute dernière nécessité, lorsque leur état de santé est déjà très dégradé. Une crainte partagée par l’ONG Médecins du Monde, qui estime que les publics pouvant bénéficier de l’AME sont souvent peu informés sur leurs droits.

Son coordinateur en Alsace, Nicolas Fuchs, indique ainsi que huit personnes sur dix qui se présentent dans les centres d’accès aux soins et d’orientation (Caso) de l’organisation ont droit à l’AME mais ne le savent pas. « Souvent, les personnes viennent car elles ont juste besoin d’une consultation chez le médecin et elles ne savent pas comment faire », explique-t-il. Ses équipes aident afin que les sans-papiers puissent suivre un parcours de soin de droit commun, en médecine générale.

« La grande majorité des personnes ont des pathologies classiques, qui ne relèvent pas de l’urgence. Par contre le renoncement au soin et l’absence de prise en charge médicale sont des facteurs aggravants de leurs états de santé, comme pour n’importe quel patient. »

Nicolas Fuchs, coordinateur régional Médecins du Monde

« Si l’AME est supprimée, ce sont nos Caso et la permanence d’accès aux soins de santé (Pass) des HUS qui vont absorber ces nouveaux patients. Et aucun des deux dispositifs n’en a les moyens, » conclut Nicolas Fuchs. Rappelant que pendant l’épidémie de Covid-19, « personne n’aurait remis en cause l’AME ou la gratuité des tests ».

D’autant plus qu’une prise en charge uniquement en cas d’urgence ne permettrait pas de traiter correctement certaines pathologies, car le parcours de soin serait entrecoupé. « Il faut bien définir l’urgence », explique Vincent Poindron. Prenant l’exemple d’une personne atteinte de vascularite, une maladie qui nécessite des soins très lourds au début puis un suivi régulier de deux ans. Si la maladie n’est pas traitée, elle est mortelle.

« Quand un patient vient nous voir, on ne lui demande pas ses papiers »

Pour Vincent Poindron, la fin de l’AME est une mesure uniquement politique qui mettrait les médecins dans une position éthique insupportable : « On a signé le serment d’Hippocrate qui exige de nous que nous soignons tout le monde, quel que soit son genre, sa religion, son origine. L’AME nous permet de le faire sans nous poser d’autres questions que celles liées à la santé du patient. La supprimer nous mettrait en porte-à-faux vis-à-vis de cet engagement. »

Justine (le prénom a été modifié), également soignante aux HUS, partage cette déontologie :

« Quand un patient vient nous voir, on ne lui demande pas ses papiers. Par contre, nous sommes très conscients que notre système de santé est saturé. Supprimer l’AME ne permettra pas une meilleure prise en charge des patients français. »

Dans un appel signé par 3 500 médecins, ceux-ci s’annoncent prêts à désobéir et à continuer de soigner gratuitement les malades si l’AME venait à disparaître. Une promesse que nuance Yvon Ruch : « Il est envisageable de continuer à soigner sans que les patients n’aient de couverture sociale. Par contre si les personnes ont besoin de radios ou de scanners, ça peut être plus compliqué ».

Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau s’étant prononcé en défaveur de ce texte, l’AME devrait survivre à l’offensive de la droite lors de son passage devant l’Assemblée nationale.

À la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles : « Le mouvement #MeToo ne suffit pas »

À la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles : « Le mouvement #MeToo ne suffit pas »

Samedi 25 novembre, plus de 400 personnes ont manifesté à Strasbourg contre les violences sexistes et sexuelles. Si les participantes saluent des avancées en matière de libération de la parole et de prise de conscience collective sur cette question, le chemin à parcourir leur semble encore bien long.

« Ta main sur mon cul, ma main dans ta gueule. » « Pour que nos vies ne soient plus jamais classées sans suite. » « J’étais pas « mature pour mon âge, t’es juste un pédo. » Au pied du Palais universitaire de Strasbourg, samedi 25 novembre en début d’après-midi, les pancartes se multiplient à mesure que la foule se densifie. Pour cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, plus de 400 personnes ont bravé le froid pour répondre à l’appel à manifester de l’Assemblée féministe de Strasbourg contre les violences sexistes et sexuelles (VSS).

Il est 14h et le cortège n’est pas tout à fait prêt à partir. « La manifestation de soutien à la Palestine vient tout juste d’arriver à la gare. Nous attendons un peu afin que celles et ceux qui le souhaitent puissent nous rejoindre« , annonce une militante avant que les prises de paroles ne s’enchainent. Elles rappellent notamment que les VSS (violences sexuelles et sexistes) désignent tout acte de violence commis à l’encontre d’une personne en raison de son genre. Et qu’elles sont amplifiées lorsqu’elles s’opèrent au croisement d’autres discriminations (sociales, racistes et homophobes par exemple).

Capucine, 15 ans, est venue manifester contre les violences sexistes et sexuelles.Photo : Mathilde Cybulski

« On commence à en parler »

« Frotteurs, fachos, mascus, vous êtes les vraies insultes ». Slogan au poing, elle aussi, Capucine s’apprête à battre le pavé. Si la jeune femme juge que le regard sur les VSS a changé, elle estime qu’il y a « encore beaucoup de méconnaissance sur le sujet ». « Je viens d’entrer au lycée : des insultes sexistes comme « putes » ou « salopes » sont encore très utilisées », détaille celle qui regrette qu’il y ait « très peu d’éducation à l’école sur la question ».

« En début d’année, j’ai pris à partie un garçon qui me faisait tout le temps des réflexions sur le fait que je ne porte pas de soutien-gorge. Si je ne l’avais pas fait, ça aurait pu continuer encore un moment. » Pour la lycéenne, il est plus que jamais nécessaire que « les femmes s’organisent entre elles » :

« Ce qui a changé, c’est qu’on commence à en parler. On arrive plus facilement à discuter de ces sujets-là entre filles, à se dire par exemple: « Ce matin, je me suis fait siffler dans la rue. »

« Les choses n’ont pas vraiment évolué »

Tsipora Wertenschlag, 43 ans, n’a pas de pancarte à brandir, mais elle tenait à être là. Elle aussi salue une libération de la parole sur le sujet des VSS. « On est arrivé à pouvoir mieux le dire parce qu’il y a plein de femmes qui ont eu le courage de faire entendre leur voix« , juge-t-elle avant de citer en exemple Vanessa Springora et Camille Kouchner, toutes deux autrices d’un livre dans lequel elles dénoncent des violences sexuelles subies par elles, ou par leurs proches, au cours de leur enfance. Tsipora Wertenschlag évoque aussi les travaux de la Commission sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Civiise) et ceux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). « Après… bon. À part le fait de pouvoir les dire, les choses n’ont pas vraiment évolué », estime-t-elle, avant d’évoquer « les nombreuses plaintes classées sans suite ».

Mère de famille victime de violences conjugales pendant près de quinze ans, Tsipora a « découvert ce qu’étaient les VSS en en étant victime ». « J’ai fait ce que d’autres femmes ont fait avant moi : j’ai commencé à en parler et il y a eu des personnes pour m’aider, pour me dire que ce qu’il se passait n’était pas normal ». C’était en 2015, deux ans avant #MeToo. « Il y a aussi eu beaucoup de gens qui ne m’ont pas crue, qui ont dit que ce que je racontais était faux. »

Une « peur de la justice »

Célia Schneider, 30 ans, à la marche contre les violences sexistes et sexuelles.Photo : Mathilde Cybulski

« Quand je sors je veux être libre, pas courageuse. » Pancarte à la main, Célia Schneider sillonne la foule à la recherche de ses amies. Quand il s’agit d’évoquer la prise de conscience collective autour des VSS, la jeune femme est plutôt circonspecte. « Oui, les choses ont un peu changé. À titre personnel, j’ai moins peur de sortir en jupe. Et maintenant, si je suis suivie quand je rentre, j’arrive à demander de l’aide à un groupe de passants. Ce que je n’osais pas faire avant« , détaille-t-elle.

Mais d’un autre côté, la Strasbourgeoise juge que « les victimes ne sont pas mieux crues ». « J’ai l’impression que les plus jeunes ont toujours peur d’en parler. Qu’elles n’osent pas aller porter plainte ». Elle évoque une « peur de la justice » et « plusieurs connaissances qui ont voulu porter plainte et à qui les policiers ont demandé comment elles étaient habillées au moment des faits ».

Sortir de l’intime

14h30. La manifestation s’élance avec une tête en « mixité choisie » – c’est à dire sans hommes cisgenres hétérosexuels – au son du slogan « Femme, vie, liberté« , porté par le cortège internationaliste. Juste derrière, un cortège de personnes « Racisé-es queer autonomes et révolutionnaires » porte une banderole contre « le patriarcat islamophobe et raciste ».

La foule remonte l’avenue de la Liberté en direction du tribunal. Au mégaphone, les mots d’ordre s’enchaînent. « Et la rue elle est à qui ? Elle est à nous. De jour comme de nuit… Elle est à nous ! À pied ou en fauteuil… Elle est à nous ! Dans n’importe quelle tenue… Elle est à nous. Avec ou sans voile… elle est à nous !« 

Christelle Wieder, adjointe à la maire chargée de l’égalité femmes-hommes.Photo : Mathilde Cybulski

En queue de cortège, des hommes et quelques élus, parmi lesquels les députés Sandra Regol et Emmanuel Fernandes mais aussi Guillaume Libsig, Floriane Varieras et Christelle Wieder. « Il y a eu une évolution dans la prise de conscience autour des VSS, se réjouit l’adjointe à la maire de Strasbourg en charge des droits des femmes et de l’égalité de genre. Quand on allume la radio ou la télévision aujourd’hui, on entend parler de ces sujets. Il y a énormément de mobilisation médiatique sur la question et c’est une bonne chose » détaille celle qui se souvient s’être battue en tant que militante pour que le terme « féminicide » puisse un jour être utilisé en Une du Monde.

L’élue évoque également une hausse de 25% des plaintes liées aux VSS sur le secteur de Strasbourg au cours de l’année écoulée. Une augmentation qui doit beaucoup à la libération de la parole sur la question. Au fait que les personnes concernées osent davantage porter plainte. « La question a fait son chemin dans l’opinion, juge Christelle Wieder. Cela a pris du temps, mais on a sorti ce sujet du fait-divers pour en faire un fait de société ».

« Que fait la police ? Elle est complice ! » Après une petite demi-heure de marche, la manifestation arrive devant le tribunal judiciaire. Les prises de parole reprennent. Sont égrenés au micro les noms des 121 victimes de féminicides en 2023. Membre du Bloc révolutionnaire insurrectionnel féministe (Brif), Jacqueline Hubert, 69 ans, n’en est pas à sa première manifestation.

Jacqueline Hubert, 69 ans, membre du Bloc révolutionnaire insurrectionnel féministe.Photo : Mathilde Cybulski

« Le mouvement #MeToo a été quelque chose de formidable. Il a permis aux victimes de violence de parler. Aujourd’hui ce n’est plus la honte alors que longtemps, ça a été la honte de se dire victime de violence. Ça a eu un effet boule de neige. On est aujourd’hui un peu mieux entendues. Mais on l’est surtout dans les milieux sensibles à ces questions, regrette la militante. Ça a été un pas, mais le mouvement #MeToo ne suffit pas. Il reste encore beaucoup de travail à faire, car les VSS restent avant tout un problème systémique. Et si on ne lutte pas contre la totalité du patriarcat, si on ne renverse pas les rapports de genre, on n’y arrivera pas. »

Les silhouettes identitaires de Charles Fréger au Musée alsacien et à La Chambre

Les silhouettes identitaires de Charles Fréger au Musée alsacien et à La Chambre
 Charles Fréger, Bretonnes, 2011-2014.

Du 18 novembre 2023 au 14 janvier 2024 à La Chambre, Charles Fréger propose un voyage au cœur des époques et des lieux avec son exposition Silhouettes. De quoi découvrir des corps tout en contours, en parallèle de l’exposition Souvenir d’Alsace au Musée alsacien.

Avec ses photographies habituellement colorées et comblées de détails, Charles Fréger capture des communautés et des groupes sociaux au prisme de leurs costumes et uniformes. En travaillant en série, l’artiste ramène le corps individuel au corps collectif. Un jour, à la suite d’un dysfonctionnement de flash lors d’une prise de vue, seule la silhouette noire du sujet photographié fut saisie. Intéressé par cette représentation par le contour, l’artiste décida alors de renouveler le dispositif pour poursuivre sa recherche visuelle sur les silhouettes.

Symboliser les régions sous diverses représentations

Depuis 2011, l’artiste déploie une réflexion photographique en trois volets sur les identités régionales. Après un travail sur la Bretagne (2011-2014), puis sur le Pays basque (2015-2017), Charles Fréger s’est penché sur l’histoire alsacienne, lors d’une résidence en collaboration entre la Chambre et le Musée alsacien de Strasbourg. Depuis juin, entre les murs du Musée, l’exposition Souvenir d’Alsace laisse entrevoir une iconographie singulière de la région au moyen de silhouettes qui se révèlent sous plusieurs formes, de la photographie aux pains d’épices.

Vue de l’exposition Silhouettes à La Chambre.Photo : Axelle Geiss

D’ordinaire uniquement exposées par séries, les photographies de l’artiste sont associées dans le cadre d’une seule exposition pour la première fois. Des liens esthétiques se créent entre les multiples formes visuelles au sein des deux espaces d’exposition. Une représentation s’exprime alors sous différents supports : la photographie La Danse de L’Aigle se retrouve aux côtés d’un silex biface et d’un crâne d’homme de Néandertal à la Chambre, tandis que l’aigle apparait en vidéo au sein du Musée alsacien. 

Charles Fréger, La danse de l’aigle, photographie, série Souvenir d’Alsace, 2018.Photo : Axelle Geiss

Entre fond et contours : des expérimentations multiples

La photographie Bretonnes, seule image de la série éponyme exposée, met en lumière la silhouette d’une femme vêtue de noir au premier plan. Un jeu de textures entre les tissus se joue, mis en avant par les nuances de noir. L’arrière-plan, flouté par la présence d’un voile, laisse entrevoir les silhouettes d’autres femmes. Une impression étrange émane de l’image : la femme du premier plan semble presque avoir été découpée et collée sur le fond. 

 Charles Fréger, Bretonnes, 2011-2014.Photo : Axelle Geiss

L’artiste joue d’ailleurs de ce procédé au début de l’espace d’exposition. Comme pour intensifier davantage ce jeu de contours, des portraits de profil sont découpés dans du papier noir et contrecollés sur un fond blanc. Exposés en une série de médaillons, ces silhouettes tout en minutie font écho à la photographie Mariage à Seebach. La coiffe de mariage faite de dentelle se dégage de l’arrière-plan beige de l’image. Pour le fond de cette photographie, l’artiste a utilisé un tissu humecté par lequel la lumière transparait. Entre les zones sèches et les celles plus humides, un contraste visuel s’opère, mettant en exergue la délicatesse de la coiffe.

Charles Fréger, Irudi, 2015-16, série La suite basque. Photo : Axelle Geiss

L’exposition dévoile d’autres expérimentations formelles de l’artiste. D’après lui, l’arrière-plan est évocateur, bien qu’il ne dévoile pas toujours tout. Deux photographies de la série sur la préhistoire figurent à La Chambre. La première a été prise dans l’ancien pavillon du plus vieil hôpital psychiatrique de France, tandis que la seconde prend place dans une ancienne salle de cours de médecine de l’école de Rouen. L’artiste parle « d’environnements savants », qui permettent d’enrichir la mise en scène photographique.

Charles Fréger, photographie issue de la série La Préhistoire, 2017-2018.

Une exposition sur un fond de violence 

En ne conservant de ses sujets que leur silhouette, l’artiste laisse place à des possibilités de narrations individuelles. Tandis que les signes visuels des photographies font appel à notre imaginaire collectif, la zone presque noire suscite notre imagination et notre culture visuelle personnelle. On ne voit pas vraiment les détails, mais on devine ce qu’il s’y trame. 

Et l’artiste aide son public à tisser des liens entre les œuvres, à enrichir l’histoire qui se dessine. La photographie des Bretonnes met l’accent sur la coiffe – sans dentelle – qui s’apparente à un capot de deuil. Une correspondance se joue sur le mur : les femmes basques représentées font écho à l’inquisition basque. L’artiste fait référence à plusieurs centaines de femmes brûlées vives, dont le prétexte donné fut le port de leurs coiffes, jugées obscènes. À côté, se trouve une autre série : des photographies de femmes alsaciennes, dont les coiffes – encore une fois – deviennent un signe visuel d’identification. Pour l’artiste, il s’agit presque d’une scène de deuil, Charles Fréger parle même d’une « sororité en deuil »

Ainsi, entre les femmes guerrières, celles en deuil, les exilés et victimes de guerres, et autres scènes d’affrontement, l’exposition se dévoile sur un réel arrière-plan de violence. 

Vue de l’exposition Silhouettes à La Chambre. Photo : Axelle Geiss

#Musée Alsacien

Le tribunal confirme que seuls 100 Marseillais seront autorisés dans le stade de la Meinau

Le tribunal confirme que seuls 100 Marseillais seront autorisés dans le stade de la Meinau

Vendredi 24 novembre, le tribunal administratif de Strasbourg a validé l’arrêté de la préfecture du Bas-Rhin imposant une jauge de 100 supporters marseillais maximum pour le match de football opposant le Racing à l’Olympique de Marseille samedi 25 novembre.

L’Olympique de Marseille (OM) et l’association de supporters Les Amis du virage Sud, plus connue sous le nom de South Winners 87, avaient déposé un référé-liberté contre un arrêté du 13 novembre de la préfecture du Bas-Rhin. Ils contestaient une jauge de 100 marseillais maximum autorisés à assister au match de foot Racing club de Strasbourg – Olympique de Marseille. L’OM et les South Winners 87 demandaient l’augmentation de cette jauge à 600 personnes. La rencontre se déroulera samedi 25 novembre à 21h, pour la treizième journée de Ligue 1.

Le tribunal administratif de Strasbourg a finalement rejeté la requête de l’Olympique de Marseille et des South Winners 87, selon une décision communiquée à Rue89 Strasbourg le 24 novembre dans la soirée.

La police mobilisée sur le Marché de Noël

La juge des référés a suivi les arguments de la préfecture du Bas-Rhin, selon lesquels les forces de l’ordre seront déjà mobilisées pour encadrer trois manifestations ainsi que les débuts du Marché de Noël. Jean-Baptiste Peyrat, directeur de cabinet de la préfète du Bas-Rhin, avait expliqué lors de l’audience du 23 novembre qu’il ne disposait pas des moyens nécessaires pour encadrer 600 supporters marseillais, à savoir deux unités de forces mobiles selon lui (escadrons de gendarmerie mobiles ou CRS).

Dans sa décision, le tribunal administratif a énuméré plusieurs débordements qui ont eu lieu « dans et à proximité des stades lors de rencontres récentes impliquant l’Olympique de Marseille, notamment à Auxerre le 3 septembre 2022, à Londres le 7 septembre 2022 et à Marseille les 13 septembre 2022, 7 janvier 2023 et 14 janvier 2023 ». La juge a également évoqué le fait que « le 29 octobre 2023, les bus des joueurs et supporters lyonnais ont été la cible de projectiles faisant sept blessés ».

Le tribunal administratif a donc considéré que des mesures moins contraignantes ne permettraient pas de prévenir des troubles à l’ordre public et que l’arrêté préfectoral du 13 novembre n’était pas illégal.

Un groupe d’extrême droite s’en prend à des clients de la Taverne française à Strasbourg

Un groupe d’extrême droite s’en prend à des clients de la Taverne française à Strasbourg

Un groupe d’une quinzaine de personnes cagoulées, déclarant « défendre les Français de souche », a provoqué une rixe jeudi soir devant un bar du centre-ville, la Taverne française, après avoir proféré plusieurs remarques racistes et homophobes sur son passage.

Vers 22h jeudi 23 novembre, un groupe d’une quinzaine de personnes cagoulées arrive devant la Taverne française, rue de la Marseillaise dans la Neustadt, un bar fréquenté par la gauche militante strasbourgeoise. Quelques secondes plus tard, ils s’attaquent à des clients du bar, provoquant une brève rixe devant l’établissement.

L’affrontement se déporte dans la rue Pierre-Bucher et dure environ trois minutes. Dans ce court laps de temps, les coups de poings pleuvent des deux côtés. Le groupe cagoulé utilise une bombe au poivre avant de repartir en courant vers la passerelle des Faux-Remparts. Aucun blessé grave n’a été identifié par Rue89 Strasbourg.

Quelques secondes de la fin de la rixe devant la Taverne française. (Vidéo Roni Gocer / Rue89 Strasbourg)

« Ils m’ont dit qu’ils défendaient les Français de souche »

Vers 20h30, la bande était déjà passée une première fois devant la Taverne française, pour coller devant l’établissement des affiches du jeune Thomas, tué lors d’une rixe à Crépol dans la Drôme dans la nuit du 18 au 19 novembre. Ces affiches mentionnaient que Thomas a été « tué par des barbares ». Ailleurs en France, d’autres groupes d’extrême droite ont appelé à des rassemblements après sa mort. Les neuf suspects interpellés suite à la mort de Thomas, âgés de 16 à 22 ans, sont tous natifs de Romans-sur-Isère, sauf un, né en Italie.

Un peu plus tard, vers 21h30, une étudiante a croisé la même bande sur le campus de l’Université de Strasbourg :

« Ils m’ont dit qu’ils défendaient les Français de souche, que de toute façon je n’étais qu’une asiatique et que je ne comprenais pas. J’étais avec quelqu’un qu’ils ont traité de sale pédé, en nous expliquant que c’était à cause de gens comme nous que les Français mouraient. »

Contacté par Rue89 Strasbourg, l’un des gérants de la Taverne française indique qu’il ne souhaite pas porter plainte auprès de la police pour ces faits. Le député de la 2ème circonscription de Strasbourg, Emmanuel Fernandes (LFI), affirme qu’il a effectué un signalement auprès du procureur ce vendredi 24 novembre.

La surveillance du Marché de Noël par des drones validée en référé par le tribunal administratif

La surveillance du Marché de Noël par des drones validée en référé par le tribunal administratif

Après une audience devant le tribunal administratif de Strasbourg jeudi 23 novembre, la juge des référés a décidé d’autoriser les drones prévus par la préfecture du Bas-Rhin pour surveiller le Marché de Noël pendant toute sa durée.

Pour la première fois depuis que leur utilisation est légale, une préfecture a décidé de permettre aux forces de l’ordre l’utilisation de deux drones pour surveiller le Marché de Noël, tous les jours pendant un mois, et venir « en appui » à son dispositif de sécurité.

Trois avocats dont les cabinets sont situés dans le périmètre de la Grande-Île de Strasbourg ont déposé en recours en référé-liberté contre l’utilisation de ces drones. Ils estiment que les captations vidéos pourraient porter atteinte au secret professionnel qu’ils doivent à leurs clients. La procédure en référé permet d’obtenir une décision rapide, mais qui n’est pas définitive.

Leurs conseils Me Nathalie Goldberg, Orianne Adreini et Florence Dole ont plaidé lors d’une audience tenue jeudi 23 novembre que ces techniques de vidéosurveillance dans le cadre du marché de Noël répondent à une logique « liberticide » et opposent « convivialité et sécurité ». « Ce sont des avocats qui pensent à leurs clients, mais les médecins ou les journalistes pourraient aussi se poser des questions sur ce dispositif », assène Me Florence Dole.

Dans sa décision d’autoriser le dispositif, la juge des référés a estimé jeudi 23 novembre que les conditions de mise en place de vidéosurveillance par drones étaient réunies et participaient à une sécurisation plus efficace du Marché de Noël.

« La juge a également souligné, en réponse aux craintes soulevées par les requérants de détournement des images enregistrées, qu’en dehors de ces objectifs de maintien de l’ordre, l’utilisation des images à d’autres fins était strictement prohibée, à l’exception de la découverte, de manière fortuite, d’une infraction pénale dont la gravité imposerait un signalement au procureur de la République. […] La juge n’a pas retenu d’atteinte grave et manifestement illégale à la vie privée ou au secret couvrant la profession d’avocat. »

Communiqué du Tribunal administratif de Strasbourg, jeudi 23 novembre

Une durée d’autorisation inédite

« La durée autorisée de survol de drones, de 11h30 à 21h entre le 25 novembre et le 23 décembre est sans précédent », a expliqué Me Nathalie Goldberg pendant l’audience.

« Lors des manifestations pendant lesquelles les drones ont déjà été utilisés, les manifestants savaient quel secteur était surveillé et pouvaient choisir en conséquence de participer, ou non, aux protestations. Cette fois-ci, l’usage des drones concerne un périmètre extrêmement large (toute la Grande-Île, la gare et ses abords, NDLR) et s’immisce dans le quotidien des habitants de ce secteur, tous les jours, pendant un mois. Cela constitue selon nous une atteinte au droit à la vie privée et familiale, pourtant consacré par l’article huit de la Convention européenne des droits de l’Homme. »

Me Oriane Andreini

Depuis le décret d’application de la loi sécurité globale, paru le 19 avril 2023, six finalités permettent aux forces de l’ordre de demander l’autorisation de capter des images de vidéosurveillances embarquées sur des drones. Parmi elles, « la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés », « la sécurité des rassemblements de personnes sur la voie publique » ou encore « la prévention d’actes de terrorisme ».

Selon le code de la sécurité intérieure, le recours aux drones doit être proportionnel et représenter une nécessité absolue pour atteindre le but recherché. « Quelle est la plus-value de l’utilisation des drones dans le dispositif de sécurité de 2023 ? Qui pourra consulter les images ? Comment sont-elles stockées ? », questionne Me Goldberg.

Les dérives potentielles listées par les requérants

Au fil de l’audience, les conseils des requérants ont illustré les dérives qui pourraient découler de la captation d’images par des drones :

« Des images aériennes permettent d’étudier non seulement les flux de personnes, mais aussi d’identifier des comportements d’individus, donc d’obtenir des renseignements sur un individu en fonction de ses déplacements. D’autant plus que la préfecture interdit aux visiteurs de se dissimuler le visage. »

Me Florence Dole

Interrogé par la magistrate, Me Laurent Gabalda, conseil de la préfecture du Bas-Rhin, a précisé la hauteur de vol des objets et le cadre de leur utilisation :

« Ils doivent voler à 120 mètres de haut au moins, 300 mètres au plus. En gros, on ne voit que des cranes sur les images. De toutes façons, les drones sont là pour porter assistance aux forces de sécurité au sol. Ils permettront une intervention plus rapide. »

Afin de prendre sa décision, la juge des référés a demandé à la préfecture des éléments supplémentaires permettant d’estimer la précision des images qui pourraient être capturées. Dans sa décision, elle estime que dans les conditions d’emploi, les visages ne seront pas reconnaissables sur les vidéos captées. Me Goldberg a précisé vouloir plus d’information sur le logiciel de traitement des images, supposément supprimées 48 heures après leur captation si aucune autorité judiciaire n’en a demandé la conservation.

Le Fossé-des-Treize pourrait fermer son restaurant, privant le collège Foch de cantine

Le Fossé-des-Treize pourrait fermer son restaurant, privant le collège Foch de cantine
L’entrée du restaurant La Faim de Loup, situé au centre socio-culturel du Fossé des Treize.

Le centre socio-culturel du Fossé-des-Treize pourrait fermer son restaurant, déficitaire et vétuste. Mais il sert de cantine pour le collège public du quartier, un élément indispensable face à la concurrence du secteur privé.

Le centre socio-culturel du Fossé-des-Treize, dans le quartier du Tribunal, s’interroge sur les suites à donner à son activité de restauration, La faim de loup. Environ 250 enfants y mangent tous les jours des repas cuisinés sur place : les petits de la crèche du centre, une partie des élèves des écoles Saint-Jean et Schoepflin, ainsi que les 6e et 5e du collège Foch.

Mais à la fin de l’année scolaire, le chef de cuisine fera valoir ses droits à la retraite. Sa seconde s’oriente quant à elle vers une nouvelle carrière. En outre, l’équipement de la cuisine n’est plus aux normes, il faut presque tout changer et en particulier les frigos. Des éléments qui font que le conseil d’administration du Fossé-des-Treize s’interroge sur les suites à donner à cette activité, comme le détaille Vincent Lefebvre, trésorier de l’association gestionnaire du centre :

« La faim de loup était un restaurant collaboratif lancé en 1986 pour que des parents puissent manger avec leurs enfants. Il a ensuite évolué vers un service de restauration, et il arrive aujourd’hui en fin de cycle, ce qui amène les administrateurs à s’interroger sur sa pertinence dans le projet pédagogique du centre, d’autant que l’activité est déficitaire. »

Vif débat en interne

Si Vincent Lefebvre est prudent dans l’expression, c’est parce qu’il n’y a pas de consensus au sein du conseil d’administration. Une commission travaille depuis près de deux ans sur ce sujet, des alertes ont été envoyées aux partenaires financeurs du CSC, dont la Ville de Strasbourg et la Collectivité d’Alsace (CeA), mais aucune solution satisfaisante n’a été trouvée, ni aucune décision prise.

Car selon la directrice du centre, Valérie Béguet, La faim de loup a coûté 45 000€ au centre en 2022 et ce déficit d’exploitation « augmente chaque année » :

« Les parents paient entre 5,5€ et 8€ par repas, qui nous revient environ à 9,5€. On reçoit des subventions de fonctionnement de la Ville et de la CeA, mais qui ne couvrent pas ce déficit. Pour embaucher un nouveau chef de cuisine, vu la tension sur le marché de l’emploi, il faudrait sortir un salaire de 35 000€ bruts annuels, puis trouver un second de cuisine et on estime encore à 40 000€ l’investissement nécessaire pour mettre la cuisine aux normes. »

La question de l’existence même de cette activité est donc posée. Les administrateurs doivent prendre une décision à ce sujet, lors d’une ultime réunion vendredi 30 novembre.

Un collège laissé sans cantine

Quelques rues plus loin, l’équipe pédagogique du collège Foch est très inquiète de la situation, qui lui échappe complètement. Le collège public, qui lutte contre le secteur privé sur ses deux écoles de recrutement, Saint-Jean et Schoepflin, pourrait pâtir d’une fermeture du restaurant du Fossé-des-Treize. Situé dans un ensemble historique de la Neustadt, le collège n’a jamais eu de cantine mais depuis huit ans, sa direction avait réussi à nouer un partenariat avec le Fossé-des-Treize pour ses élèves de 6e et 5e, ainsi qu’avec le lycée René Cassin pour ceux de 4e et 3e. Ces derniers doivent toutefois s’y rendre en bus, alors que le restaurant du Fossé est à cinq minutes à pied.

Elphège Tignel, représentante des parents d’élèves à l’école Saint-Jean, détaille :

« L’absence de cantine pour les élèves de 6e amènera de nombreux parents à mettre leurs enfants ailleurs, on le sait bien. Tout le monde ne peut pas s’occuper de ses enfants entre midi et deux. Or, le collège Foch bénéficie d’une mixité sociale, 30% des enfants sont boursiers, c’est un environnement précieux pour les élèves et pour les enseignants ».

Représentante des parents du collège Foch, Émilie Turgis, rappelle aussi le rôle important d’un service de restauration au sein d’un établissement scolaire :

« La pause de midi, c’est le moment où les enfants ont du temps pour se retrouver entre eux. Quand on parle de lien social, c’est de ça qu’il s’agit. Emmener les enfants en bus dans un autre endroit supprime cette pause et les activités qui y sont associées. Pour les enfants à mobilité réduite, c’est même impossible. »

Les représentants des élèves des écoles et du collège ont écrit aux élus de la Ville de Strasbourg et de la Collectivité d’Alsace mais n’ont reçu que des réponses de principe. Des représentants du Fossé et des financeurs doivent se retrouver lors d’une réunion vendredi 24 novembre.

#collège Foch#CSC du Fossé-des-Treize

Accusé de rébellion contre des policiers municipaux, un Strasbourgeois relaxé

Accusé de rébellion contre des policiers municipaux, un Strasbourgeois relaxé

Victime d’un coup de matraque sur le crâne lors d’une interpellation, Philippe a porté plainte contre quatre policiers municipaux en octobre 2021. Sa plainte a été classée sans suite. Accusé de rébellion, le jeune homme a été relaxé par le tribunal.

« J’ai le palpitant quand je croise des policiers municipaux. L’uniforme me rappelle les violences. » Deux ans ont passé et Philippe reste traumatisé par son interpellation dans la nuit du 22 au 23 octobre 2021 à Strasbourg. Âgé de 26 ans au moment des faits, le logisticien avait reçu un violent coup de matraque à la tête après avoir tenté, sous le coup de l’ivresse, de fuir la police municipale à la sortie d’un bar. Il avait dû être opéré au centre hospitalier de Hautepierre. Rue89 Strasbourg s’était fait l’écho de cette arrestation violente et de la plainte pour violences en réunion contre les quatre agents municipaux présents. Du côté des policiers, une autre plainte, pour « violences contre personnes dépositaires de l’autorité publique et rébellion » avait été déposée à l’encontre de Philippe.

Philippe, logisticien strasbourgeois de 28 ans, a fini avec quatre agraphes dans le crâne après une interpellation par la police municipale en octobre 2021. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

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Des photographies de M3RS0 dans une exposition éphémère sur le campus

Des photographies de M3RS0 dans une exposition éphémère sur le campus

Le photographe M3RS0 a collé une série de clichés sur les panneaux du campus universitaire de l’Esplanade. Une exposition qui permet d’occuper l’espace urbain, un geste important pour le photographe.

J’ai toujours été intéressée par les sous et contre-cultures, comme le tatouage, le graffiti, le skateboard… À mon arrivée à Strasbourg, j’ai noué des liens avec les acteurs de ces cultures urbaines. La rue est une source d’inspiration, parfois vite oubliée, pourtant les artistes y sont nombreux. Laissez-moi vous faire part de ma récente découverte : l’artiste photographe M3RS0 (prononcer Meursault).

Portrait de l’artiste M3RS0Photo : M3RS0

Il fait beau, c’est le début de l’automne… Nous sommes en octobre et je me rends sur le campus universitaire de l’Esplanade. Au détour d’un sentier, pas loin du bâtiment de l’Atrium, une silhouette placardée sur un panneau d’affichage m’interpelle, il s’agit d’un jeune homme débout, un skate à la main, le regard fixe, il « tire la gueule ». Ce visage je le connais, je l’ai déjà vu sur Instagram, il s’agit d’un portrait du photographe, cinéaste et tatoueur Flopin pris par l’artiste M3RS0. Durant la nuit, une demi-douzaine de photos ont « pop » sur le campus passant alors d’une visibilité numérique à une exposition physique, elles semblent vouloir prendre place au côté des citadins. En bas des collages, une affiche dit « Exposition éphémère ­— sois mignon affiche pas ».

Ces photos, par leur échelle, leur sujet et leur système de monstration interrogent, redimensionnent la question d’exposition et d’art. La ville est un espace public. Lieu d’une activité continue, la rue offre une visibilité constante et permet de toucher un public plus large.

M3RS0 donne à voir à tous et gratuitement son travail. Les modèles issus du milieu urbain semblent reprendre vie dans leur espace naturel. La rue se mêle au quotidien de l’artiste. Si certains artistes, comme Raphaël Zarka, intègrent les formes et les espaces urbains liés au skateboard, M3RS0 met en avant les acteurs directs de ces rencontres urbaines.

En venant directement auprès de son public, il invite à son tour à aller à sa rencontre en exposant ses sujets de prédilection : une bande de potes cherchant sans cesse à prendre ses marques dans une ville pas toujours accueillante. C’est le soir, ou en journée, rarement le matin, que ces jeunes, parfois plus si jeunes, sortent et s’immiscent dans les rues de la ville.

Je suis allée à mon tour le rencontrer et discuter avec lui, lors de quelques sessions skate puis dans son garage / atelier du Neudorf.

M3RS0 : « Beaucoup de choses m’ennuient »

Rue89 Strasbourg : comment te présenter aux lecteurs et lectrices de Rue89 Strasbourg ?

M3RS0 : Je m’appelle Matthieu, je suis né à Strasbourg, je n’y ai pas toujours habité mais c’est là que sont mes racines. J’ai eu plusieurs carrières dans ma vie, j’ai 35 ans, je suis papa, c’est quelque chose d’important pour moi. C’est chouette la paternité, c’est fondateur. Je fais du skateboard et de la photographie, ce n’est pas évident mais j’essaie. Il me fallait prendre un pseudo pour la crédibilité professionnelle. C’est venu assez naturellement, Meursault c’est le protagoniste de L’Étranger d’Albert Camus. C’est quelqu’un qui s’emmerde. Je m’ennuie souvent, beaucoup de choses m’ennuient.

Il n’est pas rare de tomber sur tes photographies dans Strasbourg, tu me dis si je me trompe mais il y a un aspect plutôt vrai dans tes photos. D’où celà vient-il ?

J’ai une amie photographe qui dit que ma production est mégalomane et ce n’est pas faux : je me documente moi-même, je documente les gens que j’aime, mon entourage. Je documente d’une façon très brute la partie de mon quotidien qui me parait intéressante. J’aime bien parler d’auto-fiction parce que je fais parfois rejouer les scènes, je prends en photo ce que l’on est en train de vivre mais de temps en temps je mets sur pause. Maîtriser comme ça à un moment la situation ça me permet d’y appliquer une esthétique, je suis assez sensible à ce que je trouve beau.

« Tire la gueule », « Les gens qui sourient c’est moche »… Ces phrases, tu les prononces sur tes sessions photo, pourquoi cette volonté d’absence d’émotion ? Ces visages fermés font penser aux photos de mode, est-ce une inspiration ?

J’aime vraiment beaucoup la photo de mode. Contrairement à ce qu’on peut penser. Y’a des mecs qui faisaient des séries photo engagées qui sont devenus des stars de la photo de mode. Par exemple, Philip-Lorca diCorcia qui a fait The Hustler, a réalisé des photos de prostitués hommes sous forme d’une série. Il maîtrisait tout. Il a inspiré des tonnes de photographes de mode. On peut avoir un regard sociologique dans la photo de mode. On n’est pas obligé d’être convenu. Je pense que Philip-Lorca est mille fois plus engagé : il a pris des risques, il peut tomber sous le coup de la loi, il se retrouve visible dans un hôtel.

Il y a aussi les vêtements qui sont des marqueurs d’une époque. On achète tous des vêtements. La mode est très présente dans la tête des gens. Purple magazine, le magazine de mode en France, présentait une série de photos avec des personnes dans des situations inattendues : dévaliser une maison en Ralph Lauren par exemple. Il y a un propos politique. Les gens vont le voir. La photo de mode est beaucoup plus importante et sociale que ce que l’on pense.

Pourquoi utiliser la rue pour exposer ? Est-ce une volonté de réappropriation de l’espace urbain, de recherche de reconnaissance ? Tu es représenté par la galerie Guillaume Daeppen à Bâle où tes photos sont actuellement présentées. Pourquoi alors continuer d’afficher dans la rue ?

C’est par simplicité. J’ai eu une première carrière dans la street photographie en noir et blanc très cadré, très institutionnel. Réexposer quand on a plus de réseau, c’est compliqué or créer sans jamais exposer, il manque quelque chose. Coller dans la rue c’est assez facile. C’est d’ailleurs une tradition à Arles, les photographes « sans talents » collent en espérant être repérés.

Et puis j’ai toujours aimé les grands formats. Coller dans la rue permet de faire des très grands formats pour pas cher. Ça devient accessible, c’est important pour moi que ça ne soit pas cher. Ça donne également la possibilité de coller avec les copains qui ont été pris en photo. On fait ça ensemble. Les photos continuent de leur appartenir, les gens sont acteurs de tout le processus. Ça donne lieu à des petites résistances, à des moments sympas.

Au début, oui il y avait cette recherche de reconnaissance. Maintenant, je peux faire ce que je veux avec la galerie de Guillaume Daeppen mais retourner coller dans la rue est important. Je reste à ma place. C’est bien de se rappeler d’où l’on vient, de garder les pieds sur terre.

Les artistes présents dans la rue font souvent face aux policiers. Pourtant vous persistez, comme des parasites, vous revenez et prenez place. Est-ce que cette notion de parasitage te parle ?

On ne le fait pas assez, on pourrait parasiter beaucoup plus. C’est l’âge. Je pense qu’on a un devoir de faire chier le monde. Venir coller sur la production de la Laiterie ou du Zénith, par exemple. Il y a plusieurs types de parasites, que ce soit les skaters, le roller ou encore la trottinette… J’ai connu plusieurs générations dans le skate. J’ai arrêté très longtemps et j’ai recommencé. J’encourage les gens à faire du skate, à être ce parasite dans l’espace urbain, qui l’envisage avec un regard différent.

De plus en plus, tout est pensé pour empêcher la pratique du skate. C’est sûr ça abime un peu, ça fait du bruit… Les communes construisent des skate-parks plus ou moins biens et cherchent à nous sortir de la ville… J’ai vu l’exposition d’Allan Mag (artiste et skateur), on pouvait y prendre un sachet de sable pour le mettre dans les skate-parks… Cette démarche avait pour but de faire revenir les skateurs en ville en rendant les parks inutilisables. Strasbourg c’est une ville hyper propre, les gens débordent peu. C’est pourquoi c’est important de vivre l’espace urbain autrement.

Au sein d’une session de collage avec M3RS0

Après notre première rencontre, nous avons réalisé un petit shooting, il s’agissait de jouer avec le décor nous entourant tout en gardant un côté naturel. Une fois la photo prise, elle a été développée puis scannées pour être légèrement retouchée.

Pour exposer sur les panneaux d’affichages du campus, les photos sont découpées en plusieurs feuilles A3, environ 25, et imprimées à la Corep à la Krutenau.

Mercredi 22 novembre, soir de collage. À 21h, l’équipe composée de quelques copains s’attelle à préparer les supports et dans un jeu de mains à deux, applique la colle sur les surfaces avant d’y poser les feuilles. En l’espace de quelques minutes la photographie prend vie. Une heure et demie plus tard, les six panneaux sont prêts.

Cette exposition éphémère est à retrouver pendant quelques jours sur le campus universitaire de de l’Esplanade. Sa durée de vie dépend du temps et du bon vouloir des autres colleurs…

Face à la préfète du Bas-Rhin, l’Olympique de Marseille défend ses supporters au tribunal

Face à la préfète du Bas-Rhin, l’Olympique de Marseille défend ses supporters au tribunal

Devant le tribunal administratif de Strasbourg, l’Olympique de Marseille a contesté la jauge de 100 supporters imposée à ses soutiens pour le match de football entre Strasbourg et Marseille, au stade de la Meinau le 25 novembre. Le club demande à la préfecture du Bas-Rhin d’augmenter cette jauge à 600 personnes.

D’un côté, l’Olympique de Marseille (OM) et l’association de supporters marseillais Les amis du virage sud, plus connue sous le nom de South Winners 87. De l’autre, la préfecture du Bas-Rhin. L’audience qui se tient ce jeudi 23 novembre au tribunal administratif de Strasbourg n’est pas habituelle. Les requérants ont déposé un référé liberté contre l’arrêté préfectoral du 13 novembre 2023, « portant limitation de stationnement, de circulation sur la voie publique et d’accès au stade de la Meinau », à l’occasion du match de football Strasbourg – Marseille, samedi 25 novembre, pour la treizième journée de Ligue 1.

L’arrêté précise notamment que « toute personne se prévalant de la qualité de supporter de l’Olympique de Marseille, ou se comportant comme tel », est interdite de circuler ou stationner dans la Grande Île, à la plaine des Bouchers ou près de la gare centrale, le samedi 25 novembre de 8h à minuit. Les bus des supporters marseillais devront être escortés par les forces de l’ordre à partir de l’aire de service du Haut Koenigsbourg.

Le premier jour du Marché de Noël

« Ces points sont logiques, nous sommes conscients que tout doit être sécurisé », estime Me Schwing, avocate de l’Olympique de Marseille et des South Winners 87. Elle vise uniquement une mesure de l’arrêté préfectoral imposant une jauge de 100 personnes maximum aux supporters marseillais :

« Nous souhaitons permettre aux supporters marseillais d’assister au match en nombre cohérent, c’est à dire 600 personnes, comme lors de la dernière rencontre opposant le Racing club de Strasbourg à l’Olympique de Marseille au stade de la Meinau, en octobre 2022. »

La zone du stade de la Meinau dédiée aux soutiens des équipes visiteuses peut accueillir environ 1 000 personnes au total.

Les supporters des équipes opposées au Racing vont dans une zone du stade de la Meinau entourée de grilles appelée le parcage visiteurs. Photo : remise

Jean-Baptiste Peyrat, directeur de cabinet de la préfète du Bas-Rhin, justifie une telle mesure par le fait que les forces de l’ordre seront déjà mobilisées le 25 novembre pour la sécurisation du premier jour du Marché de Noël, ainsi que trois manifestations (notamment pour un cessez le feu à Gaza et contre les violences sexistes et sexuelles). Il signale que les policiers municipaux ont prévu une grève ce jour là. « Pour que les choses se passent bien lors d’un match entre le Racing et l’OM, il nous faut deux unités de forces mobiles. Là nous n’en avons aucune qui serait disponible », assure Jean-Baptiste Peyrat.

Une unité de force mobile correspond à un escadron de la gendarmerie mobile qui regroupe environ 110 militaires, ou à une compagnie républicaine de sécurité (CRS), composée de 130 policiers. Le directeur de cabinet rappelle que des incidents peuvent survenir lors des matchs de l’Olympique de Marseille. Comme le 29 octobre dernier, avec le caillassage du bus de l’équipe de l’Olympique de Lyon, à Marseille.

La décision sera rendue le 24 novembre

« Ces événements ont eu lieu loin du stade, au passage du bus, ça n’a rien à voir avec la configuration d’un match à Strasbourg, avec un déplacement organisé par les associations de supporters et encadré », considère Me Schwing :

« La préfète dit qu’il y aura des manifestations le même jour, mais elle doit avoir des dons divinatoires, parce qu’elles n’étaient pas encore déclarées quand l’arrêté est sorti le 13 novembre. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures, les supporters ont le droit de se rassembler aussi. »

Jean-Baptiste Peyrat pointe également la Ligue de Football qui a fixé la date du match pendant le Marché de Noël :

« Dés mai 2023, nous avions signalé que le week-end du 25-26 novembre était à éviter pour une rencontre à risque. Strasbourg – Marseille est classé au niveau deux sur cinq par la Division nationale de lutte contre le hooliganisme. La plupart des matchs ne sont pas classés. Si c’était Strasbourg – Clermont ce jour-là, il n’y aurait aucun problème. »

Pour Me Schwing, il serait préférable de laisser entrer 600 personnes dans le stade, car la mesure de restriction pourrait inciter des supporters à venir tout de même ce qui créerait davantage de tensions. La décision du tribunal administratif de Strasbourg sera rendue vendredi 24 novembre en fin de journée, la veille du match.

Les agriculteurs productivistes manifestent vendredi contre les règles environnementales

Les agriculteurs productivistes manifestent vendredi contre les règles environnementales

Alors que le Parlement européen vient de rejeter une réglementation contraignante sur l’usage des pesticides, les agriculteurs productivistes manifestent vendredi en France sous le mot d’ordre « pas de transition sous pression ». Un convoi de tracteurs est prévu au nord de Strasbourg.

La Fédération des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs trouvent que les agriculteurs sont trop encombrés par les normes environnementales dans leur travail. Ils appellent à une mobilisation nationale de leurs membres vendredi 24 novembre avec comme mot d’ordre « Pas de transition sous pression ». À Strasbourg, une manifestation composée de tracteurs doit partir à 9h15 de la Maison de l’agriculture à Schiltigheim jusqu’à la Direction départementale des territoires, rue Pierre-Montet à Strasbourg – Krutenau.

Dans un communiqué, la FDSEA détaille :

« Depuis des mois, les sujets réglementaires s’accumulent, venant plomber la compétitivité et la productivité des exploitations agricoles. Dernier exemple en date, l’application du Plan eau qui prévoit de limiter la consommation d’eau agricole au volume prélevé en 2019. Pourtant, il est établi que le réchauffement climatique va augmenter significativement les besoins et que la nappe d’Alsace peut globalement le permettre. Le plan eau constitue une décroissance et une paupérisation de l’agriculture alsacienne. »

Contre une directive de 1991

Les deux syndicats productivistes fustigent également « l’obligation de mettre en place au moins 3% de jachères sur le territoire » alors « qu’une année sur deux, les éleveurs manquent de fourrage ». Ils s’élèvent contre « la directive nitrates qui va s’appliquer en 2024 », après avoir été adoptée par la Commission européenne en… 1991. Jeudi 22 novembre, le Parlement européen a une nouvelle fois fait obstacle à un texte devant réglementer l’usage des pesticides, dans le cadre du Pacte vert préparé par la Commission européenne. Anne Sander, eurodéputée alsacienne du Parti populaire européen (droite) s’en félicite dans un communiqué.

Les syndicats productivistes notent que « la production agricole recule dans tous les secteurs (viandes, céréales, fruits et légumes) alors que « la part des importations augmente ». Ils appellent à une « cohérence des politiques publiques » et à « une pause réglementaire ». Pour dénoncer cette situation où « on marche sur la tête », ils ont en outre retourné les panneaux d’entrée dans plusieurs communes alsaciennes.

Crise à l’AS Pierrots Vauban : l’ancien président porte plainte pour « menace » et démissionne

Crise à l’AS Pierrots Vauban : l’ancien président porte plainte pour « menace » et démissionne
Le stade Émile Stahl, de l’AS Pierrots Vauban.

La direction du club de football amateur AS Pierrots Vauban (Régional 2) traverse une grave crise. L’ancien président Philippe Weiss a porté plainte pour menace avant de démissionner. Une partie des dirigeants quitte le club avec lui.

« C’est malheureux si ça se termine comme ça, après 100 ans d’histoire. » Dans la cafétéria déserte du club-house de l’AS Pierrots Vauban (ASPV), Maxime (prénom modifié) range par réflexe quelques chaises oubliées entre les tables. Derrière lui, le mur est tapissé de photos des anciens effectifs et les étagères débordent de trophées du club, l’un des plus titrés du foot amateur français. Trois semaines plus tôt, dans cette même cafétéria, le mardi 7 novembre, Maxime assiste à une confrontation entre le président Philippe Weiss et une soixantaine de membres du club. Il livre son récit de la scène : 

« C’était juste après l’entraînement, vers 18h30. J’étais en haut quand j’ai vu tous les joueurs de l’équipe première, de la réserve et les joueurs de 16 ans se réunir. Ils étaient une soixantaine de personnes, avec d’autres membres du club. Au bout d’un moment, ils ont fait venir le président dans le bureau. Il y a eu des cris, des insultes. Philippe Weiss était entouré d’une dizaine de personnes. Ils sont ressortis avec les clefs du club et la démission signée du président. Pour moi, ils l’ont forcé. »

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