Onze personnes sont mortes lors d’un incendie survenu dans un gite situé à Wintzenheim ce mercredi 9 août. L’établissement accueillait deux groupes d’adultes handicapés venus de Nancy.
Ce mercredi 9 août, un incendie s’est déclaré à Wintzenheim, près de Colmar, vers 6h30 du matin, dans un gite privé loué pour les vacances par l’association Oxygène, spécialisée dans les vacances adaptées aux personnes en situation de handicap. La propriétaire des lieux a alerté les pompiers, qui sont arrivés sur place 14 minutes après, a précisé le commandant des opérations de secours aux Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA).
Le gite était occupé par 28 personnes au total. Pourtant, il « a normalement une capacité de 15 personnes », a déclaré le premier adjoint au maire de Wintzenheim, Daniel Leroy, dans l’Est Républicain. Lorsque les secours sont arrivés sur place, 17 personnes avaient déjà réussi à s’échapper (presque toutes dormaient au rez-de-chaussée). Une personne a été transportée en urgence relative à l’hôpital et une autre serait en état de choc. Onze personnes, qui se trouvaient au premier étage sont décédées, a confirmé la vice-procureure de Colmar Nathalie Kielwasser selon le journal Libération. Parmi elles, dix adultes handicapés mentaux légers et un encadrant.
Une forte mobilisation des secours
Au total, 76 pompiers sont intervenus, avec quatre fourgons incendie, quatre ambulances et un poste médical avancé, selon un communiqué de la préfecture du Haut-Rhin. 40 gendarmes ont également été mobilisés. Une cellule de crise a été mise en place par la préfecture dans une salle de Wintzenheim, a indiqué Daniel Leroy à France3 Grand Est. Une cellule psychologique y sera installée pour accueillir les rescapés et les familles des victimes. À l’heure actuelle, les raisons de l’incendie sont inconnues mais les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie sont sur place, ainsi que les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg, selon les DNA.
La Première ministre Élisabeth Borne s’est rendue sur les lieux, accompagnée d’Aurore Bergé, Ministre des solidarités et des familles.
Électro-mécanicien depuis près de trente ans au sein de l’entreprise, un salarié de Punch Powerglide a tenté de mettre fin à ses jours dans les locaux de la société. Il est décédé à l’hôpital dans la soirée du mardi 8 août.
Dans la soirée du lundi 7 août, un salarié de Punch Powerglide a tenté de mettre fin à ses jours dans les locaux de la société. Plusieurs sources internes à la société indiquent que l’électromécanicien salarié depuis près d’une trentaine d’années aurait été pris en charge par les pompiers et transféré à l’hôpital.
L’employé de Punch est décédé à l’hôpital dans la soirée du 8 août. Une cellule d’aide psychologique a été mise en place ce mardi 8 août dans l’entreprise fabricante de boites de vitesse à Strasbourg.
Contactée par Rue89 Strasbourg, la direction de l’entreprise n’a pas souhaité réagir.
Dans un mail aux élus de l’Eurométropole envoyé ce 8 août, la présidente de la collectivité Pia Imbs a annoncé le départ en octobre prochain de Delphine Joly, la directrice générale des services de l’EMS. Elle sera remplacée temporairement par Bruno Koebel, actuel directeur général adjoint.
« Notre directrice générale des services, Delphine Joly, nous a fait part de son souhait d’évoluer vers un nouveau projet familial et professionnel en direction de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. » C . . .
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En juin 2023, le supermarché E.Leclerc de Geispolsheim a décidé de peindre son toit en blanc pour lutter contre la chaleur et économiser de l’énergie pour sa climatisation. Cette solution simple est préconisée par le GIEC depuis 2014, mais combattue par des syndicats du bâtiment et peu encouragée par la Ville de Strasbourg.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le mettait déjà en avant en 2014 dans son rapport à l’intention des décideurs (p699) : peindre les toits en blanc participe efficacement à la réduction des températures urbaines. Cette couleur permet de réfléchir la lumière plutôt que de l’absorber. La ville de New-York incite les entreprises de son territoire à peindre leurs toits en blanc depuis 2009.
À Strasbourg, les toitures blanches se font encore rares en 2023. Le supermarché E.Leclerc de Geispolsheim fait figure de précurseur. Avec l’envolée du prix de l’énergie et les pics de canicule de l’été 2022, la facture d’électricité du magasin était passée de 450 000€ en 2021 à 800 000€ en 2022, en partie à cause de la climatisation. Fin juin 2023, le supermarché a donc décidé de recouvrir l’entièreté de sa toiture – d’une surface de 12 000 m² – d’une peinture réflective blanche.
Économies « immédiates »
« Nous sommes loin d’avoir inventé l’eau chaude », reconnaît Éric Lorentz, directeur général de la société qui exploite le magasin. Il se réjouit d’un « effet immédiat » :
« Les climatiseurs n’ont quasiment pas été activés. Quant à la production de froid du magasin, on constate un retour de suite sur investissement avec des machines qui n’ont pas encore tourné, même lors des chaudes journées de juillet. »
Dans la plupart des supermarchés, ces installations aspirent l’air directement par la toiture et tournent à plein régime quand la température augmente. Éric Lorentz développe :
« En plein été, la température captée sur notre toit, comme sur celle de tous les supermarchés, peut rapidement dépasser les 70°C. Avec ce revêtement réflectif, on gagne au moins 30°C et à l’intérieur du magasin, on perd facilement 6°C. »
Les toitures bitumineuses réchauffent les villes
En 2018, l’Agence internationale de l’énergie alertait sur les systèmes d’air conditionné qui verraient leur demande d’énergie tripler d’ici 2050. Aujourd’hui, ils représentent déjà 10% de la consommation totale de l’énergie à travers le monde.
La majorité des toitures en France (70%) sont dotées d’une membrane bitumineuse qui absorbe les rayonnements infra-rouges (invisibles à l’œil nu mais directement associés à la chaleur). « Repeindre en blanc permet de couper le flux thermique à sa source », résume Julien-Martin Cocher, le directeur général adjoint de Cool-roof France, une entreprise qui propose cette méthode depuis 2015.
Le dernier rapport du GIEC destiné aux dirigeants classe les toits noirs – à base de matériaux qui « absorbent et conservent la chaleur » avant de « la réémettre le soir » – comme l’une des principales causes du réchauffement urbain.
Schéma explicatif des rayonnements solaires (infra-rouges), avec et sans peinture réflexive Photo : Enercool, entreprise qui propose à la vente ce produit
50 000 m² de toiture repeints en Alsace
Pour Julien-Martin Cocher, la peinture blanche reste un « produit de niche », bien qu’il constate une demande exponentielle : chaque année, l’entreprise multiplie par deux le total des surfaces recouvertes. En Alsace, 50 000 m² de toiture ont été repeints, soit un dixième des chantiers effectués par Cool-Roof. Il compte déjà 500 peintres applicateurs agrées, 200 de plus qu’en 2022, et il reçoit, chaque semaine depuis janvier, une centaine de demandes d’expertise de la part d’entreprises.
La fiche Certificat d’économies d’énergies (CEE), dispositif mis en place depuis juillet 2021 par le Ministère de la transition écologique, vise à allouer une aide financière – en fonction des gains énergétiques que les travaux permettront – aux magasins et galeries marchandes, très consommatrices de climatisation, qui souhaitent peindre leur toit en blanc.
Une peinture réflective qui « prolonge la vie » de certaines toitures
Julien-Martin Cocher explique que, comme la peinture réflective évite une surchauffe de la toiture, « elle réduit les phénomènes de dilatation ou de durcissement et prolonge ainsi la vie de la membrane bitumineuse ».
Le E. Leclerc de Quimper est la première enseigne en France à s’être intéressée au produit proposé par la société Cool-roof. Le responsable maintenance du supermarché revient sur ce chantier, réalisé en 2015 :
« À ce moment-là, nous devions faire des gros travaux pour changer la toiture. Mais grâce à la pose de cette peinture blanche, nous n’avons finalement même pas eu à le faire. Depuis, on observe une baisse des interventions de maintenance de l’ordre de 70%. »
Un produit qui se heurte au monde du bâtiment
Selon le directeur de Cool-roof, le monde du bâtiment en France « ne voit pas d’un bon œil » cette technique et se pose en obstacle :
« Puisque notre peinture permet une diminution des opérations de maintenance auxquelles s’adonnent les industriels chaque année, elle s’en prend au modèle économique de l’étanchéité qui est pérennisé depuis des décennies et qui n’a aucun intérêt à ce que ça bouge. »
La toiture du E. Leclerc de Geispolsheim recouverte de la peinture cool-roof Photo : Éric Lorentz, directeur général de la société qui exploite le supermarché
Dans un article des DNA publié le 31 juillet, la Fédération française du bâtiment assurait par exemple que « les conditions ne sont pas encore remplies pour attester de la fiabilité du produit ». Contactée par Rue89 Strasbourg, Edwige Parisel, déléguée générale de la Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE), affirme que la peinture réflective « abîme la membrane bitumineuse et s’écaille au fil du temps ». Elle ne donne en revanche aucun exemple précis d’un tel événement.
Une « vidéo pédagogique » contre la peinture réflexctive
La CSFE est allée jusqu’à diffuser une « vidéo pédagogique » sur ses réseaux le 26 juillet, mettant en avant les différents risques que pourrait comporter la peinture réflective, sans citer d’études ou de statistiques précises. Edwige Parisel, déléguée générale de la Chambre, certifie à Rue89 Strasbourg que la technique du toit blanc ne fonctionne que dans le sud de la France. Dans le nord en revanche, elle engendrerait, selon la déléguée, « une augmentation de l’énergie » due à une plus grande consommation de chauffage et serait ainsi « contre-productive », toujours sans étude à l’appui.
Étienne Marx, ingénieur bâtiment pour l’Agence pour la transition écologique (l’Ademe), lui oppose :
« Les résultats de l’évaluation – réalisée avant que le ministère de la Transition écologique lui apporte la certification économie d’énergie – ciblent en priorité les hypermarchés et les surfaces à plafond bas. Forcément, puisque la fiche CEE couvre l’ensemble du territoire, les gains sont aussi présents dans le nord du pays. »
Contacté à ce propos, le E.Leclerc de Quimper (donc dans la partie nord de la France), qui a été le premier hypermarché en 2015 à utiliser ce revêtement réflectif, n’a constaté en 8 ans « aucune incidence sur le chauffage ». Arnaud Florent, responsable de la transition écologique pour Électro dépôt qui a eu recours en mai à la méthode Cool-Roof dans un entrepôt basé dans les Hauts-de-France, affirme que la consommation de chauffage ne varie pas en fonction d’une journée ensoleillée ou d’une journée grise.
Même son de cloche du côté de Noël Jean-Fiacre, responsable maintenance du groupe pharmaceutique B. Braun qui a repeint deux toitures de ses laboratoires dans le secteur de Nancy :
« J’y avais pensé aussi, mais ça ne change rien en réalité. Le chauffage vient du sol et puis dans tous les cas, c’est la température extérieure qui va beaucoup jouer. »
Toiture végétalisée ou blanche ?
Gaëlle Vallée, déléguée technique au sein de la CSFE, s’inquiète de son côté d’impacts négatifs de la peinture blanche sur l’étanchéité de la membrane en-dessous : « On ne veut pas d’un toit qui fuite ou qui s’effondre. » Elle admet toutefois qu’aucun adhérent de la Chambre syndicale n’a eu pour le moment de problème de sinistre.
À Strasbourg, le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) oblige les promoteurs immobiliers à respecter « un certain quota de végétalisation » indique Françoise Schaetzel, vice-présidente en charge de l’urbanisme opérationnel à l’Eurométropole. Mais rien sur les toits blancs.
Le dernier rapport du GIEC indique pourtant (p992) un potentiel d’économie d’énergie presque deux fois plus important pour les « cool-roofs » (28 %) que pour les toits végétalisés (16 %). « La méthode est tout à fait intéressante et devrait être plus utilisée », reconnaît la vice-présidente. L’Agence américaine de la protection de l’environnement met de plus en évidence que cette technique est bien plus économique à mettre en place que les toits végétalisés.
Le « cool-roof » est présenté par le GIEC comme l’une des technologies les plus effectives pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments Photo : Extrait du rapport du GIEC 2022, à l’intention des décideurs
Françoise Schaetzel précise que « lorsque l’Eurométropole choisit un urbaniste ou un architecte, elle demande que le bâtiment soit le plus clair possible ». Elle laisse miroiter que « le PLUI pourrait devenir plus prescriptif pour les toits blancs » comme il l’est pour les toitures végétalisées, lors de sa prochaine révision. Mais cette rectification se fait environ tous les 10 ans et la dernière date de 2019.
Lundi 7 août, le tribunal administratif de Strasbourg a ordonné aux occupants de la place de l’Étoile d’évacuer les lieux. La Ville de Strasbourg pourra recourir aux forces de l’ordre si la place n’est pas libérée d’ici la mi-août.
Le cycle semble bien parti pour se répéter. Après avoir demandé pour la quatrième fois l’expulsion des sans-abris installés place de l’Étoile, la Ville de Strasbourg a obtenu satisfaction de la part du tribunal administratif. Ce dernier vient d’ordonner, lundi 7 août, l’expulsion des 58 personnes vivant sous 24 tentes devant le centre administratif.
Campement de la place de l’Étoile en décembre 2022. Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg
La clôture autour du parc : une solution impossible
Le juge des référés a estimé que le camp et sa population « en augmentation rapide et constante, fait peser une menace immédiate et grave sur la sécurité des biens et des personnes ». Il a aussi affirmé que l’évacuation était légitime du fait de « l’indignité des conditions de vie » sur la place de l’Étoile. D’ici la mi-août, la municipalité écologiste pourra recourir aux forces de l’ordre pour expulser les occupants de cette zone appartenant au domaine public de la commune de Strasbourg.
Pour mettre fin à ce cycle d’évacuations, la Ville de Strasbourg a envisagé d’installer des clôtures tout autour du parc de l’Étoile. Mais dans sa demande d’expulsion auprès du tribunal, la municipalité a estimé qu’une telle solution était impossible. La place de l’Étoile est un « axe de passage très important pour les piétons et les cyclistes » de même qu’elle est « le point de départ des « cars Macron », des bus de tourisme avec une moyenne supérieure à 300 bus par jour (…) L’importance de cet axe de passage rend sa clôture en l’état impossible ».
Une municipalité obligée de saisir le tribunal administratif
Face à la situation du camp de l’Étoile, La Ville de Strasbourg a rappelé ses obligations par un communiqué envoyé en fin de matinée du mardi 8 août :
« Suite à la décision du tribunal administratif de décembre 2022, la Ville de Strasbourg doit désormais procéder systématiquement au dépôt d’un référé auprès du Tribunal administratif, dès occupation et installation de campements sur les terrains dont elle est propriétaire. Il s’agit d’une procédure qui se fait en toute transparence avec les personnes et associations.
Le Tribunal administratif a rendu sa décision et statué en faveur d’une opération de mise à l’abri des personnes qui sont actuellement installées parc de l’Etoile. Le lien avec la Préfecture est établi pour effectuer cette mise à l’abri qui doit intervenir, conformément à l’ordonnance du 7 août, à l’issue d’un délai de huit jours minimum. »
L’association Zone 51 a annoncé que le Summer Vibration Festival de Sélestat n’aura pas lieu en 2024. Avec une affluence trop faible et des coûts d’organisation qui ont augmenté, les organisateurs ont décidé de faire une pause pour repenser l’événement.
Dans un communiqué publié début août, l’association Zone 51, qui organise le Summer Vibration Festival à Sélestat, a annoncé sa volonté de faire une pause pour l’édition 2024. Les organisateurs entendent « prendre de la hauteur pour repenser globalement le projet et l’organisation ».
Les 28 300 spectateurs du Summer Vibration Festival lors du week-end du 22 juillet n’auront pas suffi. L’association Zone 51 a constaté un déficit de 200 000€ pour l’édition 2023, soit 10% du budget total de ce festival auto-financé à 85%.
Le Summer Vibration Festival, 2019 Photo : Sébastien North / doc remis
Giada Pasini, chargée de communication du Summer Vibration Festival, a expliqué aux Dernières Nouvelles d’Alsace que Zone 51 avait « fait le choix de maintenir une politique tarifaire accessible (billet jour à 40€, comme pour l’édition 2022, NDLR) malgré une augmentation des coûts du festival de l’ordre de 30% » en 2023.
Est-ce la fin définitive du Summer Vibration Festival ? Pour l’instant, l’association Zone 51 dit se concentrer sur l’organisation de Rock your brain, un autre festival à Sélestat qui aura lieu en octobre, mais assure qu’elle communiquera davantage d’informations après l’été.
Une marche blanche en hommage à Dimitri Perrier aura lieu à Rouffach le samedi 12 août à 14h. Le jeune homme atteint d’autisme est décédé au centre hospitalier de la commune dans des circonstances qui restent encore floues trois ans après son décès.
Pour rendre hommage à Dimitri Perrier, une troisième marche blanche aura lieu le samedi 12 août à 14h au départ du square des Humanistes, aux abords de l’hôpital de Rouffach (Haut-Rhin). L’homme atteint d’autisme est décédé subitement dans ce même centre hospitalier à 28 ans, le 11 août 2020. Trois ans plus tard, dans l’incompréhension quant aux circonstances de son décès, sa mère, Stephanie Neunreuther, et son oncle, Florian Coulon, se battent toujours pour obtenir des réponses.
Dimitri Perrier, décédé le 11 août 2020 à l’hôpital de Rouffach Photo : Florian Coulon
« Trois ans que c’est le silence total »
À l’été 2020, Dimitri séjourne à l’hôpital de Rouffach en raison de crises d’angoisse liées au confinement. Le 11 août, sa famille reçoit un appel de l’établissement annonçant le décès du patient. Le choc est d’autant plus terrible pour ses proches qu’ils n’ont pas pu voir le jeune homme avant sa disparition : Dimitri était placé à l’isolement depuis deux semaines.
Depuis ce drame, la famille de Dimitri attend toujours des explications sur les circonstances du décès. « Trois ans que c’est le silence total. On sait que l’enquête est encore en cours mais on attend toujours des réponses », affirme la mère de Dimitri, Stéphanie Neunreuther. Persuadés que Dimitri n’est pas décédé d’une mort naturelle, sa famille cherche désespérément un responsable ou au moins une explication.
« On veut juste savoir ce qui s’est passé, s’il y a quelqu’un à incriminer, car ce n’est pas une mort normale », estime l’oncle de Dimitri, Florian Coulon. Il poursuit : « Que ce soit un professionnel de santé, ou un système dans sa globalité, il y a bien quelque chose qui a causé sa mort. »
Un deuil impossible
Pour la famille, ces longues années d’attente sans réponse rendent le deuil impossible. Florian Coulon ne parvient pas à accepter la disparition de Dimitri :
« Personnellement, j’ai beaucoup de mal à parler de Dimitri au passé. C’est inconscient, mais tant qu’on ne sait pas, pour nous, il est toujours là. Il n’est pas mort, d’une certaine manière. Il y a une sorte de dissonance cognitive. C’est comme une amputation et des douleurs fantômes. Tant qu’on ne saura pas, on ne pourra pas trouver une forme de quiétude. »
Depuis trois ans, la famille du défunt, dans l’attente permanente, n’arrive pas à passer à autre chose. « Quand il y aura enfin eu un jugement et qu’on saura exactement ce qu’il s’est passé, peut-être qu’on pourra enfin essayer de penser au deuil. Mais aujourd’hui, toutes ces questions rendent la situation invivable », confie Stéphanie. Son frère, Florian, confirme cette impression :
« En terme de deuil c’est compliqué car on a l’impression d’avoir une épée de Damoclès en permanence au dessus de la tête. Peut-être qu’on va recevoir un coup de fil, un courrier de l’avocat… On est dans l’attente permanente ».
Des questionnements incessants
Le pire, racontent la mère et l’oncle de Dimitri, c’est quand l’imagination prend le dessus. « Le deuil est très compliqué car on s’imagine les pires choses… Est-ce que Dimitri a souffert ? Est-ce qu’il est mort dans son sommeil, dans l’angoisse, dans la tristesse ? On ne sait pas… », explique Florian, son oncle. Un sentiment que partage Stéphanie :
« Quand on a perdu un enfant, la douleur est quotidienne. Elle est toujours là, toujours aussi forte. On se pose des questions tous les jours… Seules des réponses sur les circonstances de sa mort pourraient mettre un point final à cette histoire. »
La marche blanche sera aussi l’occasion de mettre en avant un problème plus global, selon la famille. « Il ne faut pas invisibiliser les personnes autistes. Ce sont des personnes à part entière. Il n’était pas malade, et son autisme ne le résumait pas », déclare Florian Coulon, avant de conclure : « Ce qu’on craint, c’est que Dimitri soit victime d’un dysfonctionnement systémique dans la prise en charge des personnes autistes. »
Le FARSe revient pour une neuvième édition du vendredi 11 au dimanche 13 août. Pendant trois jours, des spectacles gratuits d’une trentaine de compagnies et de 150 artistes prendront place dans plusieurs rues et parcs de la ville.
C’est un rendez-vous phare de l’été strasbourgeois. Pour sa neuvième édition, le Farse aura lieu du vendredi 11 au dimanche 13 août 2023, chaque jour de 15h à 22h. La recette reste la même : dans le centre-ville de Strasbourg, en accès libre, la diversité des arts de rue se déploie, du parkour au cirque, en passant par du théâtre absurde, burlesque, de la danse ou quelques performances de clown. Au total, une trentaine de compagnies et environ 150 artistes sont programmés cette année.
Le Festival FARSe à Strasbourg Photo : Gaby Mertz
Performance participative et tendresse mise en lumière
En amont du festival, le public strasbourgeois est invité à participer à la création d’une œuvre d’art urbain avec l’artiste Aurélien Nadaud. Les performances auront lieu mardi 8 août de 16h à 18h place de Wattwiller dans le quartier Neudorf, le mercredi 9 août de 16h à 18h à la médiathèque Olympe de Gouges dans le quartier gare et le jeudi 10 août de 15h à 17h, square Ariane Icare dans le quartier du Neuhof. L’œuvre résultant de ce travail participatif sera aussi présentée et restera modifiable par le public place Saint-Thomas pendant toute la durée du Farse de 15h à 19h.
Un spectacle de danse de la compagnie Picto Facto viendra ouvrir l’édition 2023 du festival le vendredi 11 août à 21h. Une déambulation dansante aux accents dadaïstes aura lieu du quai des bateliers vers la place Kléber. Un groupe de danseurs et de danseuses lumineux viendront éclairer tout geste de tendresse issu du public attendri par le discours suivant : « Approchez, approchez sémillante nonagénaire, fringants militaires, hésitants pré pubères. Ne vous cachez plus charmants célibataires, candidat à l’adultère, touristes téméraires. Ce soir, pour peu que vous soyez prêts à vous embrasser rondement, votre place est dans la lumière. »
L’inclusion comme vision artistique
Porté par un nouveau directeur artistique, le fondateur de la compagnie L’intranquille Axel Goepfer, le FARSe s’inscrit cette année autour du thème « (S’)inclure » avec « un désir d’ouverture, de curiosité et de rencontre ». L’interaction directe avec le public et la volonté de l’inclure dans les représentations seront particulièrement mises à l’honneur. Axel Goepfer explique :
« (S’) Inclure. À travers cette formule, nous faisons le choix de construire un évènement qui a pour objectifs la diversité, la découverte et le partage. (…) Ces trois ambitions — l’inclusion des publics, l’ouverture esthétique et la création partagée — sont celles de la nouvelle direction artistique. »
Axel Goepfer, directeur artistique du Farse 2023
Animation de rue lors du festival FARSe Photo : Pierre Planchenault
En clôture, un spectacle sous forme d’attraction aérienne
Le FARSe se clôturera le dimanche 13 août au soir avec un spectacle intitulé « Mobile Oblique et Bancal« , de la compagnie Transe Express. La performance programmée au bassin d’Austerlitz promet d’être mémorable : « attraction aérienne intégrant prouesse, acrobatie, musique et arts plastiques » pour donner « voix et gestes » aux végétaux. De quoi faire « bourgeonner notre imaginaire et pousser dans la ville un arbre à tambours ».
Tout le long du festival, la place Saint-Thomas accueillera office de point d’information et de rencontre pour pour le public.
Vosges alternatives, notre série d’été sur la vie militante en zone rurale (5/8). Entre Wissembourg et la frontière, les habitants de l’éco-lieu franco-allemand du Langenberg ont embrassé leur idéal de vie sobre et tissent au quotidien une aventure collective où la convivialité et la solidarité ne vont pas sans une solide organisation.
Dans la vaste cour en terre battue du Langenberg, le déjeuner touche à sa fin, en ce torride début d’été. L’ancien château aux allures de . . .
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Jeudi 3 août, la Ville de Strasbourg a défendu l’expulsion du camp de l’Étoile au tribunal administratif. L’instance avait décidé en décembre 2022 que la municipalité doit demander l’évacuation à chaque installation de campement.
« Sur le camp de l’Étoile aujourd’hui, il y a des personnes qui avaient été évacuées en juin et qui sont revenues comme on ne leur a pas proposé de solution pérenne », fustige Me Gueddari Ben Aziza. L’avocate défend les 63 occupants de la place de l’Étoile lors d’une audience au tribunal administratif :
« Suite à la dernière évacuation, l’État les a logés mais pour une ou deux semaines seulement. Donc maintenant ils sont de retour dans la rue. Il y a des Géorgiens, des Syriens, des Afghans… Surtout, ce sont beaucoup de personnes vulnérables : il y a deux femmes enceintes et 12 enfants, dont certains en bas-âge. Une personne est en chaise roulante. »
La Ville contrainte de demander l’expulsion par une décision de justice
Devant le tribunal administratif, la Ville de Strasbourg demande, pour la quatrième fois depuis l’été 2022, l’expulsion du campement situé place de l’Étoile. Interrogée sur l’objectif de la démarche, la municipalité répond simplement qu’elle y est contrainte :
« Suite à la décision du tribunal administratif de décembre 2022, la Ville de Strasbourg doit désormais procéder au dépôt d’un référé auprès du tribunal administratif dès occupation et installation de campements sur les terrains dont elle est propriétaire, en transparence avec les personnes et associations. »
Pour Me Gueddari Ben Aziza, « cette mesure risque de mettre les personnes en difficulté » :
« Tant qu’elles n’ont pas d’hébergement, elles préfèrent rester place de l’Étoile où elles se sentent plus en sécurité qu’ailleurs dans la rue, car elles sont regroupées. Il y a quelques infrastructures pour qu’elles aient accès à l’eau et à des toilettes, et les associations comme Médecins du Monde ont bien identifié le site ce qui permet un suivi. Cela ne sert à rien d’expulser ces personnes si elles ne sont pas hébergées. »
Le tribunal administratif devrait rendre sa décision dans les prochains jours.
Début août, les ouvriers en grève de Clestra ont reçu des fiches de paie indiquant un salaire négatif allant de quelques centaines à plus d’un millier d’euros. Pour poursuivre le mouvement, les grévistes vont lancer une banque alimentaire et appellent à la solidarité locale.
– 400 euros, – 1200 euros, – 700 euros… Devant l’usine Clestra de Illkirch, jeudi 4 août, quelques ouvriers égrènent l’invraisemblable résultat de leur dernière fiche de paie. En grève depuis un mois, les salariés de l’entreprise de cloisons s’attendaient à un revenu quasi-nul au début du mois d’août. « Personne ne comprend notre dernier bulletin de salaire », souffle l’un des travailleurs mobilisés contre la gestion opaque du groupe Jestia, repreneur de la société alsacienne en octobre 2022. Salarié membre du CSE de Clestra et responsable de la branche Grand Est du syndicat CGT Métallurgie, Amar Ladraa explique le procédé utilisé par la direction :
« Dans le cadre du redressement de Clestra, le repreneur Jestia nous a payé en avance des congés qui seraient plus tard pris en charge par l’État. Maintenant que ces congés nous ont été payés par l’État, la direction récupère son avance. On avait demandé à ce que le remboursement soit étalé jusqu’à la fin de l’année mais les dirigeants ont voulu nous atteindre sur le plan psychologique. Après un mois de grève et une fin de mois difficile, le patronat tape sur le porte-monnaie. Forcément, on se demande comment tenir le mouvement social… »
Une cinquantaine d’ouvriers de Clestra ont manifesté dans les rues d’Illkirch ce jeudi 4 août 2023. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« On veut simplement connaître notre avenir »
Le long de la route Albert Schweitzer vers la mairie d’Illkirch, les ouvriers de Clestra manifestent à nouveau ce jeudi. Marc, ouvrier polyvalent au sein de l’entreprise depuis 18 ans, résume la revendication principale : « On veut tout simplement savoir quel avenir la direction nous réserve. À l’heure actuelle, plus de quarante salariés ne savent toujours pas si leur emploi sera maintenu… »
À quelques pas, Lisa (le prénom a été modifié) participe à la manifestation en soutien à son mari. L’ouvrier en assemblage fait partie de ces employés qui craignent de finir bientôt au chômage. Animatrice à mi-temps dans le secteur de la petite enfance, Lisa décrit la situation précaire de son foyer :
« D’habitude, chaque année, on va voir mes parents au Portugal. Mais cette année, on a dû annuler le voyage pour fêter les 93 ans de ma mère. Sans salaire au mois de juillet, on doit se restreindre et faire des choix pour les courses. J’espère vraiment qu’ils maintiendront les postes. Mon mari a travaillé toute sa vie ici. Il espérait finir sa carrière chez Clestra. »
« Aujourd’hui, je me retrouve sans rien »
Drapeau CGT Métallurgie à la main, Djibril (le prénom a été modifié) avance en tête de cortège. Après 10 ans d’intérim et quatre ans en tant que salarié, l’ancien ouvrier en assemblage estime avoir été licencié abusivement :
« C’est suite à mon licenciement que la grève a commencé début juillet. La direction m’a reproché de prendre des pauses trop longues et d’avoir consulté mon téléphone portable en dehors d’une pause. Depuis la reprise par Jestia, j’étais fliqué. Tous les collègues ont compris qu’ils pourraient être licenciés de la même manière que moi. Leur seul but c’est de diminuer la masse salariale. »
Djibril ne cache pas son angoisse. Sa situation est dramatique. Sur son téléphone, il montre l’état de son compte bancaire, en déficit de près de 600 euros. D’une voix inquiète, il continue : « J’ai une famille à nourrir. J’ai des charges et des prêts à payer. Aujourd’hui je me retrouve sans rien. Je n’ai toujours pas reçu l’attestation de l’employeur pour me permettre de percevoir les allocations chômage. Je fais quoi maintenant ? »
Une banque alimentaire et un appel à la solidarité
Face à ces situations d’extrême précarité qui se multiplient au sein de la communauté Clestra, les grévistes tentent d’organiser une banque alimentaire. Banderole de la CGT à la main, Sylvain Fasseur raconte avoir contacté le supermarché Auchan d’Illkirch pour organiser une collecte de denrées en soutien aux ouvriers mobilisés. Après avoir reçu une fiche de paie négative (- 1200 euros à prélever du prochain salaire), Sylvain dit vivre sur ses réserves et grâce à la solidarité des proches :
« On envoie les enfants chez les grands-parents, ça fait toujours des bouches en moins à nourrir. Et heureusement, les voisins de l’immeuble, les amis et les proches nous soutiennent. On en est là : trouver à manger devient une urgence vitale. »
Sylvain Fasseur a lancé l’organisation d’une banque alimentaire auprès du supermarché Auchan d’Illkirch. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Après avoir pu rencontrer le maire d’Illkirch Thibaud Philipps (LR), une délégation d’ouvriers de Clestra sera reçue par le cabinet du ministre de l’industrie Roland Lescure (Renaissance). Dans un communiqué, le syndicat CGT Métallurgie indique que « les salariés attendent du gouvernement un soutien et des actes pour maintenir leurs emplois, leur outil de travail et pour la mise en place d’un véritable dialogue social dans l’entreprise ».
Contacté, le groupe Jestia nous a indiqué ne disposer d’aucun responsable communication.
Les arbres plantés pour la sylviculture dans le Grand Est sont particulièrement sensibles à la sécheresse. Leur dépérissement et l’abattage intensif sur des parcelles entières provoquent des émissions de CO2. Pour contrecarrer le phénomène, l’Académie des sciences préconise de planter des essences d’arbre plus diverses et de diminuer les coupes rases.
Entre 2010 et 2020, les forêts du Grand Est ont émis plus de carbone qu’elles n’en ont absorbé. C’est ce qu’expose une infographie du journal Le Monde publiée début juin et réalisée à partir des données du centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Une information inquiétante. Les forêts sont justement censées jouer un rôle majeur dans la stratégie nationale bas-carbone : en théorie, elles doivent capter le CO2 présent dans l’air pour en faire des tissus végétaux.
Carte illustrant le déficit d’eau par rapport à la moyenne en France. Photo : Document Nathalie Breda / INRAE Silva
Moins d’eau, c’est moins de carbone capté
Alors comment une forêt peut-elle émettre du carbone ? Nathalie Breda, directrice de recherches à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), spécialiste du dépérissement forestier, détaille le mécanisme en jeu :
« Avec la sécheresse, pour éviter les pertes d’eau, les arbres ferment leurs stomates, qui sont des petits pores sur les feuilles. Mais c’est aussi par les stomates que rentre le CO2, pour réaliser la photosynthèse et permettre la croissance de l’arbre. Donc lorsque l’eau manque, le carbone est tout simplement moins capté par les plantes, parce qu’il n’entre plus dans les feuilles. Les arbres cessent de grandir.
Parallèlement, comme tous les tissus vivants, les végétaux respirent : ils transforment des sucres en CO2. En situation normale, les plantes font davantage de photosynthèse que de respiration. En période de sécheresse, cet équilibre bascule, les forêts font plus de respiration et émettent davantage de carbone qu’elles n’en captent. »
Les arbres qui dépérissent émettent du carbone
Cette tension hydrique peut amener les arbres à dépérir. Ils perdent alors leurs feuilles ou leurs aiguilles. « Dans le Grand Est, nous avons constaté une succession de sécheresses exceptionnellement importantes en intensité et en durée depuis 2015 », explique la chercheuse. À cela, s’ajoute la crise des scolytes, des petits insectes qui tuent massivement les sapins et les épicéas dans les Vosges. D’après Nathalie Breda, sans photosynthèse, ces arbres ne peuvent pas créer les sucres qui servent habituellement à les protéger des agresseurs :
« La respiration, et donc l’émission de carbone, peut continuer dans certaines parties de ces arbres qui dépérissent. En plus, ils commencent à se décomposer, ce qui rejette aussi du CO2. »
Pour ne rien arranger, lorsque les arbres sont attaqués par les insectes ravageurs comme les scolytes, les forestiers ont l’habitude de procéder à des coupes rases pour prélever une grande quantité de bois. Ils déboisent alors des parcelles entières qui se retrouvent ensuite à nu. L’Académie des sciences a publié début juin un rapport sur les forêts françaises qui alerte sur ces pratiques :
« Les coupes rases (…) peuvent engendrer un déstockage important du CO2 du sol et ainsi générer une dette carbone sur plusieurs décennies. Elles impactent également négativement la fertilité des sols ainsi que la biodiversité. »
Extrait du rapport de l’Académie des sciences sur les forêts françaises, 7 juin 2023.
Les forestiers procèdent régulièrement à des coupes de parcelles entières en cas de dépérissements dus aux scolytes, sans distinguer les arbres secs et ceux qui sont encore verts, comme dans cette zone près de Saverne. Cette pratique appauvrit les sols et émet du CO2. Photo : Jean-Claude Génot
De la sylviculture d’épicéas, très vulnérables
Très concrètement, dans de nombreuses forêts du Grand Est, des arbres sans feuille et desséchés gisent au sol. En Alsace, dans la vallée de Masevaux, près de Cernay, de nombreux sapins et épicéas ont dépéri. Les forestiers y ont coupé 4,7 hectares à l’automne 2019 par exemple. Mais selon Nathalie Breda, cette anomalie peut s’observer sur tout le massif vosgien :
« La principale bêtise qu’on a faite dans les Vosges, c’est de planter massivement des épicéas dans les années 60 et 70, avec des subventions de l’État, en particulier à de faibles altitudes comme à Saint-Dié. Ces arbres poussent très vite, donc ils produisent rapidement du bois, mais ils sont particulièrement intolérants à la sécheresse, ils ferment leurs stomates assez rapidement en l’absence de précipitations et deviennent très sensibles aux scolytes. Même si c’est plus rare, on a aussi des alertes sur des hêtres et des chênes qui dépérissent dans les forêts de Haguenau ou de la Hardt près de Colmar. »
Pour Nathalie Breda, la solution est notamment de planter des arbres plus adaptés à la sécheresse : « Avec les forestiers, on réalise des tests sur des arbres de certaines essences qu’on trouve actuellement dans le Grand Est : des chênes, des frênes ou des hêtres, mais qui viennent de peuplements du Jura, de Bourgogne, sud de la France… et qui sont donc probablement plus adaptés. »
« Il faut de la biodiversité »
L’INRAE est également partenaire d’expériences de plantations d’espèces méditerranéennes comme le chêne vert dans le nord est. Des sapins turcs ont aussi été plantés dans la forêt de la Hardt, près de Colmar. « Il faut être prudent avec ces tentatives car même si les arbres parviennent à résister au gel, des problèmes peuvent apparaître après plusieurs années, par exemple si les ravageurs locaux s’adaptent à ces espèces », tempère Nathalie Breda, qui précise aussi que ces arbres poussent moins vite et produisent donc moins de bois.
L’INRAE suit l’évolution de plants de sapins de Turquie dans la Hardt. Photo : Nathalie Breda
Pour Jean-Claude Génot, écologue retraité du parc régional naturel des Vosges du nord et désormais spécialiste de la forêt pour l’association Alsace Nature, « penser que la solution viendra de la plantation de nouvelles espèces est une hérésie » :
« Nos arbres peuvent s’adapter. Dans les réserves naturelles, les hêtres et les chênes, très présents dans les forêts typiques des Vosges, sont souvent en bonne santé. »
Dans la réserve naturelle Adelsberg-Lutzelhardt, les arbres morts alimentent le sol. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
L’Académie des sciences pointe également que « la libre évolution (qui correspond aux forêts non exploitées, NDLR) représente le mode de gestion actuellement le plus efficace pour piéger puis stocker durablement le CO2 ».
Une large majorité de forêts exploitées
Mais les réserves naturelles représentent moins de 15 000 hectares dans le Grand Est. Or la forêt recouvre 1,9 millions d’hectares dans la région. Les forêts de la région sont donc quasi-exclusivement dédié à la sylviculture. Six à huit millions de mètres cubes de bois y sont récoltés tous les ans. 60% de la surface est occupée par des feuillus, des chênes ou des hêtres par exemple. Les résineux, comme les épicéas et les sapins, couvrent 40% des forêts du Grand Est, plutôt dans les Vosges, et sont les plus touchés par la sécheresse.
Les arbres sont plantés, souvent en monoculture, et coupés selon un plan de gestion qui vise avant tout à produire du bois, transformé ensuite en meubles, en charpentes, en panneaux, en papier, en bûches ou encore en plaquettes. « Si les forêts sont émettrices de carbone, c’est à cause du dépérissement. Et le dépérissement, c’est parce qu’il n’y a pas assez de diversité et qu’on coupe trop d’arbres avec des passages trop réguliers, ce qui crée des éclaircies qui appauvrissent les sols et perturbent l’écosystème forestier », balaye Jean-Claude Génot :
« Cela fait des décennies qu’on dit que la solution, c’est notamment d’avoir une grande diversité d’arbres et de laisser la forêt se régénérer pour avoir un sol riche. Les scolytes ont beaucoup plus de mal à se propager car entre les épicéas, il y a des feuillus, plus difficiles à attaquer. Dans les zones où il n’y a que des épicéas, le sol devient très acide et pauvre. »
L’Académie des sciences abonde : « Un raccourcissement des cycles d’exploitation impacte négativement le bilan carbone de la forêt mais aussi la qualité des sols. »
Lorsque les épicéas poussent seuls, ils sont très vulnérables aux scolytes. Le sol est pauvre et acide. Photos : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Maintenir de vieux arbres
Jean-Claude Génot s’est longtemps battu pour la création de la réserve naturelle Adelsberg-Lutzelhardt. Sur 480 hectares au nord de l’Alsace, à cheval entre la France et l’Allemagne, les arbres ne subissent plus d’intervention humaine depuis l’an 2000 :
« Ici, on peut constater la résilience des forêts qui évoluent naturellement, en comparaison des zones de sylviculture intensive. Les avantages de la diversité sont flagrants. Sur toute la réserve, on a un arbre par-ci, un arbre par-là, qui est touché par les scolytes, mais jamais une grande surface comme dans les exploitations forestières. La plupart des arbres poussent, ce qui signifie qu’ils font de la photosynthèse et captent du carbone. »
Jean-Claude Génot milite pour des forêts résilientes où les espèces sont mélangées. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Dans son rapport, l’institut de recherche finit par une série de recommandations pour la sylviculture. Les scientifiques préconisent par exemple d’augmenter « fortement la diversité des essences afin de renforcer la résilience des peuplements face aux événements climatiques extrêmes et aux attaques de ravageurs ». L’Académie des sciences propose aussi de « maintenir quelques très vieux arbres de plus de 150 ans car ils sont porteurs d’une diversité génétique utile pour adapter les populations au changement climatique ».
Avec une grande diversité d’essences, les arbres en dépérissement sont rares dans la réserve Adelsberg-Lutzelhardt. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Des adaptations indispensables dans la filière du bois
L’Académie des sciences demande également « d’adapter la structure des peuplements en favorisant la sylviculture à couvert continu. Ces pratiques permettent une meilleure régénération naturelle et la préservation du carbone dans les sols ». En résumé, le principe de la sylviculture « à couvert continu » est de couper des arbres à des endroits précis, sans coupe rase, lorsqu’ils arrivent à maturité, tout en préservant partout l’écosystème forestier. Le but est de ne jamais avoir un sol nu mais plutôt une terre ombragée et humide.
L’Académie des sciences considère enfin que des adaptations sont nécessaires à tous les niveaux du secteur économique lié au bois. Ces évolutions doivent être appuyées par les politiques publiques qui devront développer les « produits bois » de longue durée de vie comme les meubles ou les charpentes, afin de stocker le carbone durablement.
En prélevant les arbres progressivement et en mélangeant les essences, il est possible d’éviter les dépérissements massifs, comme dans cette exploitation forestière à Dambach. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
D’après les scientifiques, il faudra au contraire diminuer la production de « bois de courte durée », comme celui qui est utilisé pour le chauffage, car cela conduit à une émission de CO2 dans l’atmosphère. Même si ces recommandations n’obligent personne, avec le changement climatique, les forestiers seront contraints de changer de pratiques dans les années à venir s’ils souhaitent continuer à produire du bois.
Face à une direction soupçonnée de mener un plan social déguisé, une soixantaine de salariés de Clestra ont manifesté devant le conseil régional à Strasbourg ce mardi 1er août. Rencontre avec ces travailleurs en grève depuis près d’un mois.
Les drapeaux écarlates de la CGT métallurgie flottent au gré du vent et contrastent avec le ciel gris de ce mardi 1er août. La pluie battante n’a pas entamé la détermination des ouvriers de Clestra, en grève depuis le 3 juillet. Abrités sous quelques parapluies, une soixantaine de salariés de l’entreprise de cloisons pour bureaux manifestent devant le conseil régional du Grand Est à Strasbourg. Les employés dénoncent l’absence de dialogue avec la nouvelle direction de l’entreprise, soupçonnée de mener un plan social déguisé. À l’intérieur, le représentant syndical CGT Amar Ladraa est reçu par le directeur général adjoint de la région Grand Est, François Charlier.
« La direction ne lâche rien, alors nous non plus : on a besoin de savoir où on va », Raymond, 53 ans, en poste depuis 17 ans chez Clestra Photo : RM / Rue89 Strasbourg / cc
Un avenir incertain
Placée en redressement judiciaire en août 2022, l’usine de production de cloisons intérieures, basée à Illkirch-Graffenstaden, a été reprise en octobre 2022 par les frères Romain et Alexandre Jacot, gérants du groupe Jestia, spécialisé dans la gestion d’Ehpad et de fabrication de mobilier. Un premier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a ensuite entrainé la suppression de 57 postes sur ce site. Pour favoriser le maintien d’un maximum d’emplois, l’entreprise a reçu de l’Etat un prêt d’un montant de quatre millions d’euros ainsi qu’une avance remboursable de la Région Grand Est de l’ordre de 900 000 euros. Mais comme le dénonce Amar Ladraa, représentant du syndicat CGT métallurgie, « depuis, une trentaine de salariés sont partis, certains de leur plein gré, d’autres sous la pression… »
Les ouvriers de Clestra dans l’attente des représentants syndicaux, en réunion avec la Région Photo : RM / Rue89 Strasbourg / cc
Face à ces départs, les ouvriers accusent les repreneurs de ne pas tenir leurs engagements et craignent pour l’avenir de leur emploi. Car les nouveaux propriétaires de Clestra entretiennent le flou sur l’avenir de l’entreprise. Alors qu’un déménagement de la chaîne de production est prévu sur un site cinq fois plus petit, les salariés se demandent si leurs effectifs fonderont dans de telles proportions. De plus, début mai 2023, la nouvelle direction de Clestra a proposé un accord de rupture conventionnelle collective qui aurait entrainé le départ de 40 salariés supplémentaires. Cette proposition a été refusé par le syndicat CGT. Depuis, les ouvriers de l’usine ne travaillaient plus que quatre jours par semaine du fait d’une baisse de commandes selon la CGT.
« Comme si on ne valait rien »
Marc Andreoli, 44 ans, travaille depuis 18 ans en tant qu’ouvrier polyvalent à Clestra. Après quatre accidents du travail tout au long de sa carrière, il explique que son travail a abimé tout le côté droit de son corps avant de confier, écœuré :
« Si on devait bosser les samedis, on acceptait. Les heures supplémentaires, on les prenait. Pendant le Covid, nous, on travaillait. On a donné nos vies pour cette entreprise. Aujourd’hui, ils veulent nous démanteler, sucrer toutes nos indemnités, et ils nous jettent comme des chiens, comme si on ne valait rien. »
« On est tous usés par le travail », lâche Marc Andreoli, en référence à ses quatre accidents du travail Photo : RM / Rue89 Strasbourg / cc
Plusieurs salariés décrivent la pression exercée de la part des frères Jacot. « Ils poussent les gens vers la sortie, un par un », souffle un salarié à son collègue. L’ouvrier, qui préfère reste anonyme par peur de représailles de son employeur, regrette de « ne pas être parti » lors du premier Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Un autre salarié décrit la surveillance mise en place depuis la reprise du groupe Jestia :
« On nous flique continuellement. Qu’il y ait du travail ou non, on est dans l’obligation de rester à notre poste. Alors qu’avant, ce n’était pas un soucis pendant un moment creux d’aller chercher un café par exemple. »
« C’est légitime de demander une réponse alors qu’on est dans le flou total quant à l’avenir de l’entreprise », martèle un autre ouvrier de 27 ans. En poste depuis huit ans sur la chaîne de production, d’abord en tant qu’intérimaire pendant deux ans, il peut se permettre de continuer la grève grâce à l’argent qu’il avait mis de côté pour ses vacances. Il retrace ensuite :
« Quand je suis rentré dans cette boîte, elle était numéro un mondial, et j’en étais fier. Aujourd’hui, on ne sait plus où on va. Je n’aurais jamais accepté d’être titularisé dans les conditions de travail actuelles. Avec tout ça, on veut au moins avoir la possibilité de partir décemment, et pas comme des malpropres. »
« Simplement » pour garder leur emploi
Jean-Philippe, 57 ans, travaille pour Clestra depuis 38 ans. À quatre ans de la retraite, il estime « ne plus rien avoir à perdre » :
« Depuis le début, les repreneurs ne cherchent pas à nous connaître. De mes 35 ans dans cette boîte, je n’ai jamais vu des salariés aussi démotivés. C’est normal, ils voient leurs collègues qui partent tous un par un. J’ai un collègue qui est parti alors qu’il avait 58 ans. Il en pouvait plus et a fini par céder à la pression exercée par la nouvelle direction. Avant, on se battait pour une augmentation et aujourd’hui, on se bat simplement pour préserver ce qu’on a… »
« Après 38 ans dans l’entreprise, ça fait mal de voir comment nous sommes traités » Jean-Philippe, à 4 ans de la retraite Photo : RM / Rue89 Strasbourg / cc
Sollicitée à l’issue de la manifestation, la Région Grand Est réaffirme son soutien aux ouvriers de Clestra tout en estimant que l’opacité dénoncée par les salariés relève du dialogue social interne à l’entreprise.
Alsace Nature refuse la médiation avec la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) sur le contournement de Châtenois, dont le chantier est arrêté depuis mai. L’association estime que cette procédure ne donnerait pas assez de temps pour trouver un accord satisfaisant.
« Nous avons pris la décision de ne pas répondre positivement à la proposition de médiation » concernant le projet de contournement de Châtenois, annonce Michèle Grosjean, présidente d’Alsace Nature, lors d’une conférence de presse mardi 1er aout :
« Sur le principe, nous adhérons pleinement à l’idée d’engager des discussions avec les élus, c’est ce que nous demandons. Mais pour nous, travailler à un projet de compensation demande du temps, des études, des plans de gestion des sites concernées. Nous n’avons pas souhaité avoir une négociation de “marchands de tapis”, la préservation des ressources naturelles nécessite et mérite un traitement respectueux. »
Le chantier du contournement de Châtenois est à l’arrêt depuis le 12 mai 2023. À cette date, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé l’autorisation des travaux suite à une procédure initiée fin 2019 par Alsace Nature. La route, financée à hauteur de 60 millions d’euros par l’Etat, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) et la Région Grand Est, devait être prête à la fin de l’année 2023.
Les travaux du contournement de Châtenois en novembre 2022. Photo : Capture d’écran Youtube / TV2
« La justice nous a donné raison »
Pour permettre la poursuite des travaux, la CeA a saisi la cour administrative d’appel de Nancy. Cette dernière a proposé une médiation pour qu’un accord soit trouvé entre les deux parties. La collectivité a accepté, à condition qu’une entente soit trouvée avant le 26 septembre 2023, arguant que la reprise du chantier doit être la plus rapide possible, comme chaque mois de retard lui coûte 255 000 euros.
« Bien-sûr on préférerait que cet argent public soit utilisé pour d’autres choses. Mais nous ne pouvons pas être tenus pour responsables de cette situation », rétorque Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature :
« Nous nous étions opposés à ce projet car la route ne peut plus être la solution à tous les problèmes. Un changement de fond dans les politiques d’aménagement est urgent. C’est notre rôle de militer dans ce sens, nous représentons 40 000 adhérents. La biodiversité est déjà à terre. Ils ont réalisé les travaux alors que la décision de justice n’était pas encore rendue. Et maintenant ils veulent nous mettre devant le fait accompli comme la route est là. Nous ne pouvons pas l’accepter, cela serait une négation du droit de l’environnement. Nous avions prévenu les élus, et la justice nous a donné raison. »
« D’autres solutions existent »
Le tribunal administratif de Strasbourg a considéré que l’intérêt public majeur de ce contournement n’est pas suffisamment justifié pour détruire l’habitat des 29 espèces protégées (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibien, insectes…) recensées sur les terrains impactés par la construction. De plus, la décision de justice indique que « le projet de déviation est à l’origine d’une pollution supplémentaire par dix substances, par rapport au scénario en 2030 sans ouvrage, due à l’augmentation attendue du trafic et des vitesses de circulation ».
De gauche à droite, Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, Michèle Grosjean, présidente d’Alsace Nature, et François Zind, avocat d’Alsace Nature. Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Des habitants et des élus de Châtenois ont manifesté samedi 3 juin pour la reprise des travaux. Ils estiment notamment que le contournement est nécessaire pour enrayer les embouteillages dans la zone aux heures de pointe. Michèle Grosjean anticipe « les nombreuses critiques qui viendront certainement suite au refus de la médiation » :
« Ce n’est pas une décision prise sur un coin de table. Elle est mûrement réfléchie. Nous comprenons les remarques des automobilistes et des riverains. Mais d’autres solutions existent, comme bâtir une véritable politique de transports en commun. »
« Cette décision envoie un message aux élus »
Stéphane Giraud poursuit :
« Cette décision du tribunal administratif est très importante. Nous souhaitons qu’elle envoie un message aux élus pour qu’ils arrêtent de porter ce type de projet en négligeant les enjeux écologistes. Concrètement, sur place, ils ont détruit des zones humides et les compensations installées sont dysfonctionnelles. Sur les 1 500 plants de gagée (une fleur protégée) réalisés après la destruction de leur habitat pour ce contournement, il n’y en a plus que quelques dizaines. Les papillons azurés qui devaient trouver un autre écosystème ont tout simplement disparu du val d’argent. »
La médiation étant refusée, la décision de la cour administrative d’appel de Nancy devrait être rendue dans plusieurs semaines. Si cette juridiction confirmait la décision du tribunal administratif de Strasbourg, les porteurs du projet seraient obligés d’obtenir une nouvelle autorisation environnementale, un processus qui serait long et difficile vu l’implantation du projet et les difficultés à trouver des raisons d’intérêt public majeur pour le justifier.