Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

« Je veux juste que mes enfants continuent d’aller à l’école » : menacées d’expulsion, des familles désemparées

« Je veux juste que mes enfants continuent d’aller à l’école » : menacées d’expulsion, des familles désemparées

Avant le 25 septembre, 95 personnes logées par Adoma dans une résidence du Neuhof doivent avoir quitté les lieux. Mais les solutions de relogement proposées ne permettent pas à ces familles de conserver un cadre de vie décent et menacent la scolarisation des enfants.

« Si on nous déplace à Geispolsheim, il faudra que mon fils se lève à 5 heures du matin pour continuer d’aller à l’école à l’heure ». Maka, 39 ans, semble décontenancée. Dans la cour du complexe Adoma au 18 rue Welsch, jeudi 14 septembre, la mère de famille attend son tour. « La directrice va nous rencontrer pour trouver des solutions », poursuit-elle sans grande conviction. Au milieu des bâtiments jaunâtres récemment rénovés, une trentaine de personnes patientent.

En cause, la fin du dispositif « plan des réductions des nuitées hôtelières » (PRNH) de 95 places, géré par la société anonyme d’économie mixte Adoma. « Fin juin, nous avons décidé de ne pas renouveler notre convention avec les services de l’État car nous travaillons à d’autres projets », explique au téléphone Nathalie Burger, la directrice territoriale de la structure.

Réorientées « selon leurs situations »

La représentante d’Adoma, qui a rencontré la famille de Maka la veille au soir, poursuit :

« Les familles sont réorientées selon leur situation administrative vers d’autres dispositifs. Elles n’ont plus de place dans les dispositifs que nous avons dans cette résidence pour cette raison-là. Dès lors qu’elles ont une solution qui leur est proposée, il n’y a pas de raison qu’elles n’y aillent pas. »

Les personnes logées dans ce dispositif attendent d’être régularisées et ont passé pour la plupart plus de cinq ans en France. Leurs demandes d’asile ont pour la plupart déjà été rejetées, même si certains enfants sont nés en France et ne parlent pas un mot de la langue maternelle de leurs parents – l’albanais ou le géorgien pour beaucoup.

adoma 14 septembre 2023 expulsion
Jeudi 14 septembre 2023, une trentaine de personnes avaient rendez-vous avec deux responsables d’Adoma pour discuter des propositions d’hébergement après le 25 septembre. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc

Pourtant, la proposition qui est arrivée le 26 août par courrier recommandé à Maka et ses deux enfants lui fait peur. « Mon contrat d’hébergement avec Adoma allait jusqu’au 12 décembre 2023 », explique-t-elle, document à l’appui. « Et là, je dois partir au plus tard le 25 septembre pour déménager au centre d’hébergement d’urgence de Geispolsheim géré par Coallia », poursuit-elle.

Une solution trop loin des écoles

Après avoir étudié les trajets nécessaires pour amener ses enfants de sept et neuf ans à l’école, les craintes de Maka se sont accentuées:

« Je n’ai pas de voiture, ni de vélo. Mes enfants ont leurs amis ici, ils y sont à l’école depuis la crèche. Je veux simplement pouvoir rester à un endroit où il y a plus d’un bus par heure. En plus, les enfants ont des activités comme la piscine ou le judo, ça participe à leur intégration et je ne veux pas qu’ils soient obligés de les arrêter. »

Peu après 18 heures, les enfants courent dans l’allée de la résidence. Soudain, une jeune femme sort du bureau de la directrice avec sa pochette cartonnée. Les autres familles guettent sa réaction, a-t-elle eu plus de précision sur cette échéance du 25 septembre ? « On m’a dit que si on ne partait pas à temps, la police viendrait nous chercher », assène Celaj, 32 ans. L’albanaise semble sonnée. « C’est comme si ma tête était bloquée », poursuit-elle.

Au téléphone, Nathalie Burger se veut rassurante. « Si les familles ne partent pas d’elles-mêmes, nous n’envisageons pas de faire appel aux forces de l’ordre », assure-t-elle d’abord.

Avant de préciser :

« Nous les avons rencontrées pour leur faire comprendre que la fin du dispositif dans lequel elles vivent ne signifie pas la fin de leur prise en charge par les services de l’État. C’est juste un autre hébergement qui leur est proposé. »

Un centre de préparation au retour pour une famille qui veut rester

Celaj, son mari et leurs trois enfants ont été invités à déménager à Bouxwiller, au « centre de préparation au retour ». Un établissement a priori destiné aux étrangers sans papiers qui acceptent de retourner dans leur pays d’origine. À Bouxwiller, pas d’école, pas de collège (voir notre reportage). « Je ne veux pas rentrer en Albanie », rétorque Celaj à la lecture de sa lettre de relogement.

Elle est en France depuis dix ans. Son mari a travaillé pendant deux ans en CDI et ensemble, avec leurs trois enfants, ils ont demandé à la préfecture de les régulariser. « Je veux juste qu’on soit honnête avec moi et et qu’on me dise ce qui se passe, mes enfants ont peur de devoir abandonner l’école, ils sont choqués, ils ne comprennent pas ».

À ses côtés Morina, 41 ans, a aussi été redirigée vers le centre de Bouxwiller :

« Pourtant j’ai un certificat du médecin qui explique que je dois rester proche de l’hôpital car je me suis faite opérer. Et un autre certificat du collège qui atteste que mon fils est un excellent élève. Et un autre du psychologue disant qu’il souffre de troubles anxieux liés à notre situation administrative. »

Des lieux excentrés et une intégration plus compliquée

Au-delà de la peur de devoir interrompre la scolarité de son fils, Bobo, 50 ans, craint de ne plus pouvoir être bénévole aux Restos du coeur. Elle a été redirigée à Geispolsheim elle aussi, au centre d’hébergement d’urgence. « Je cherche des moyens de faire partie de la société, de la ville, bref de m’intégrer, là ça va être plus difficile ».

Sans papiers, la mère de famille craint aussi de ne pas pouvoir s’alimenter correctement une fois logée à Geispolsheim :

« Il n’y a pas de cuisine. Dans les colis alimentaires qui nous permettent de nous nourrir, il y a des aliments qu’il faut cuisiner, je ne sais pas du tout comment on pourra faire. »

Destinés eux aussi à l’hôtel Coallia de Geispolsheim, Ekatarina, ses enfants et son mari craignent eux la promiscuité. « On va être dans une chambre à quatre, ce n’est pas idéal pour faire ses devoirs le soir ».

En filigrane, la crainte de l’expulsion

Au bout de quelques minutes de discussion, la géorgienne de 33 ans continue de tordre ses doigts vernis de nacre dans tous les sens en expliquant son inquiétude pour la scolarisation de ses enfants. Puis finalement, elle concède : « Moi ce qui me fait vraiment peur, c’est que si je refuse l’hébergement, on ne me donne pas de papiers. »

Nathalie Burger insiste au téléphone : il n’y a pas de lien entre la situation d’hébergement et le fait d’obtenir ou non des papiers. Seule la priorité d’accès à l’hébergement diminue dans le cas où une famille refuse une orientation.

À l’écrit, Ekararina explique qu’elle a finalement compris que ses papiers et son logement n’étaient pas dépendants. « Je dois tellement à la France et j’aimerais tellement pouvoir lui rendre tout ce qu’elle m’a donné, à mes enfants et moi », insiste-t-elle.

Toutes les personnes rencontrées dans la cour de la résidence Adoma jeudi 14 septembre ont expliqué avoir peur de l’arrivée de la police si elles ne partent pas avant la date butoir.

Mort de Nahel : manifestation contre les violences policières et les discriminations le 23 septembre

Mort de Nahel : manifestation contre les violences policières et les discriminations le 23 septembre

Suite à la mort de Nahel par un policier en juin, une centaine d’organisations appellent à se mobiliser samedi 23 septembre contre les violences d’État, le racisme systémique et pour la justice sociale. À Strasbourg, la manifestation aura lieu à 14h au départ de la place de la République.

En réaction à la mort du jeune Nahel tué par un policier fin juin, une centaine de syndicats, associations, collectifs et partis politiques de gauche (liste consultable en fin d’article) appellent à une marche samedi 23 septembre. La CGT du Bas-Rhin a annoncé dans un communiqué que la manifestation partira à 14h de la place de la République à Strasbourg.

Cette marche s’inscrira dans le prolongement de la dernière manifestation organisée le 8 juillet, sur la même thématique. Outre la mort de Nahel, l’appel à manifester dénonce plus généralement les violences policières et les inégalités sociales, subies de plein fouet par les habitants des quartiers populaires et des territoires ultramarins notamment. Il invite également à se soulever contre la répression des mouvements sociaux.

Les organisations demandent une réforme de la police

Laurent Feisthauer, secrétaire général de l’Union Départementale (UD) CGT 67, s’inquiète des pratiques de maintien de l’ordre utilisées, notamment pendant la mobilisation contre la réforme des retraites :

« On a de plus en plus de nassages (encerclement des militants pour les empêcher de passer), des techniques qu’on n’a jamais vues, des interdictions de manifestation, des parcours modifiés au dernier moment. Après l’utilisation du 49.3 et la colère des gens, tout est parti en vrille. Quand on voit les blessures de certains manifestants, et c’était aussi le cas pendant les Gilets jaunes, on a des bilans de guerre civile. On a des tensions de plus en plus importantes entre la police et le service d’ordre (le service d’ordre avait été gazé par la police le 6 avril, ndlr). »

Les organisations demandent « une réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement », « le remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique, le renforcement des moyens de lutte contre le racisme dans la police, ou encore le rétablissement des services publics dans les quartiers populaires… »

La mobilisation du 23 septembre devrait être la première manifestation sociale de l’année. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

« On doit agir plus concrètement »

En commençant par cette manifestation, Laurent Feisthauer espère conserver l’engouement du mouvement contre la réforme des retraites ces prochains mois :

« Lors du mouvement contre la réforme des retraites, on a retrouvé de la créativité, du dynamisme, avec de nombreuses actions différentes. Il y a de nouvelles personnes qui sont venues en manif. Et pour l’instant, l’intersyndicale tient toujours dans les négociations sur d’autres sujets avec le gouvernement. Maintenant, on doit agir plus concrètement, au niveau des grèves et de leur reconduction. Les manifs ne suffisent plus. Il faut davantage de blocages de l’économie, de grèves dans les entreprises… »

#violence d'Etat

Soirée de soutien aux grévistes de Clestra, jeudi 21 septembre au Molodoï

Soirée de soutien aux grévistes de Clestra, jeudi 21 septembre au Molodoï

Pour soutenir les grévistes de Clestra, quatre organisations militantes proposent une soirée de solidarité – « Solid’agité.e.s » – au Molodoï, à 18h ce jeudi 21 septembre.

Pour appuyer leur soutien aux grévistes de Clestra, l’association AIM Strossburi, le label de musique Amor Y Rabia et le syndicat CNT-STP 67 organisent une soirée Solid’agité.e.s à prix libre, jeudi 21 septembre à 18h au Molodoï. L’Assemblée féministe Strasbourg participera aussi à cet événement.

Plusieurs temps se succéderont au fil de la soirée : d’abord un « Drag queer show » à 19h, puis des prises de parole et une série de concerts mêlant trip-hop, ska et punk. Un DJ set viendra clôturer la soirée à partir de 23h.

Journée nature le 1er juin au Molodoi à Strasbourg (Wiki Commons)
Le Molodoï se définit comme un lieu auto-géré à Strasbourg. Photo : Wiki Commons

Il sera également possible de s’y restaurer à partir de 18h30, puisque la « Cuisine à crocs » du collectif La Louvetière, proposera de la nourriture végan à prix libre.

Lumière sur les ouvriers de Clestra en lutte

Suite au licenciement qu’ils estiment abusif d’un de leurs collègues, des salariés de Clestra s’étaient mis en grève le 3 juillet. Deux mois plus tard, la mobilisation ne faiblit pas. Au-delà d’un cas individuel, ils dénoncent un plan social déguisé de la part des repreneurs de l’entreprise, le groupe Jestia.

Une cinquantaine d’ouvriers de Clestra ont manifesté jusqu’à la mairie d’Illkirch jeudi 4 août 2023. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Après une table ronde infructueuse à Bercy le 5 septembre, aucun accord n’a été trouvé : les salariés attendent toujours des garanties sérieuses pour leurs emplois. Une table ronde est à nouveau prévue le 20 septembre, au ministère de la Souveraineté industrielle à Paris, entre la délégation syndicale de Clestra et les actionnaires du groupe.

#soirée de soutien

Des mails hackés révèlent la participation de deux Alsaciens au prêt russe obtenu par Marine Le Pen

Des mails hackés révèlent la participation de deux Alsaciens au prêt russe obtenu par Marine Le Pen

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Le régime local protège les Alsaciens contre une baisse de la prise en charge des soins dentaires

Le régime local protège les Alsaciens contre une baisse de la prise en charge des soins dentaires

À partir du 1er octobre 2023, les soins dentaires seront moins remboursés par l’assurance maladie en France. Sauf en Alsace et en Moselle, ou le régime local a pris la décision de protéger ses bénéficiaires contre cette mesure.

À partir du 1er octobre 2023, le remboursement des soins dentaires par l’assurance maladie obligatoire diminuera de 70% à 60%, augmentant ainsi la part restant à la charge de l’assuré (le « ticket modérateur ») de 30% à 40%. Ce changement ne s’appliquera pas aux bénéficiaires du régime local, soit tous les salariés et retraités du secteur privé travaillant en Alsace-Moselle ainsi que les personnes à leur charge.

Le 29 août, le conseil d’administration du Régime local d’assurance maladie d’Alsace-Moselle a décidé de prendre totalement à sa charge la part qui ne sera plus remboursée par l’assurance maladie obligatoire, élevant son remboursement de 20 à 30% selon un communiqué du 14 septembre. Par exemple, le régime local indique que pour un détartrage facturé 43,38€, le régime local prendra à sa charge 13,01€ au lieu de 8,68€. Cela lui permettra de maintenir pour ses bénéficiaires un taux de remboursement à hauteur de 90%.

D’autres désengagements de la part de l’assurance maladie obligatoire

Toujours d’après le Régime local d’assurance maladie, l’assurance maladie obligatoire ne devrait plus prendre en charge à 100% les dépenses concernant l’examen bucco-dentaire des 3-24 ans à partir de 2025. Cependant, le conseil d’administration du régime local a pris la décision d’assumer ces actes de prévention bucco-dentaire à hauteur de 30% dès la date d’entrée en vigueur de cette mesure. Comme pour les autres soins dentaires, ses bénéficiaires continueront à avoir 10% des frais à leur charge.

Le régime local analyse que ces mesures éviteront une prise en charge supplémentaire aux complémentaire santé et devraient permettre d’éviter des augmentations de leurs cotisations en 2023.

#assurance maladie

Agressions par des patients ivres aux urgences : pompiers, police et hôpital dans l’impasse

Agressions par des patients ivres aux urgences : pompiers, police et hôpital dans l’impasse

Les soignants de l’hôpital d’Hautepierre ont fait face à deux agressions en un mois, le 7 août et le 7 septembre. Dans les deux cas, les agresseurs étaient des patients ivres, et le premier ne présentait pas de détresse médicale.

« Je n’en ai pas dormi pendant deux jours ». Léo (prénom modifié) est assistant de régulation médicale au Samu du Bas-Rhin. Il se rappelle encore de l’état de stress dans lequel toute l’équipe était, après l’agression aux urgences . . .

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Les librairies indépendantes plombées, La Tache Noire appelle à l’aide

Les librairies indépendantes plombées, La Tache Noire appelle à l’aide

Spécialisée dans les polars, la librairie La Tache Noire a débuté une campagne de financement participatif pour sortir d’une impasse économique. À Strasbourg, d’autres librairies indépendantes alertent également sur la précarité de leur situation.

Strasbourg pourrait bien perdre plusieurs librairies indépendantes l’année où elle est sacrée capitale mondiale du livre. Elles sont plusieurs à faire état de leurs difficultés. Vendredi 8 septembre, La Tache Noire, spécialisée dans les romans policiers, a alerté sa communauté : « Nous traversons une période difficile qui pourrait bien hypothéquer notre avenir à court terme. »

Le gérant de la librairie, Éric Schultz, ancien élu municipal, a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. L’objectif est de réunir au moins 25 000€ pour payer les distributeurs des livres (10 000€), rattraper des retards de loyer (8 000€), relancer les rencontres d’auteurs (5 000€) et redonner des couleurs au stock proposé dans la boutique (2 000€).

Éric Schultz a tout tenté avant d’en arriver là :

« À partir de février, la situation est devenue vraiment complexe : les distributeurs se sont mis à raccourcir les délais de paiement, voire à bloquer nos comptes. Ce qui nous a empêchés de proposer des sorties attendues à nos clients… Pour débloquer une partie de nos comptes, nous avons différé le paiement des loyers. Mais ça n’a pu durer qu’un temps… »

Éric Schultz a besoin d’aide pour sortir de l’ornière Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Une librairie installée et disposant d’une clientèle

Une situation d’autant plus frustrante que le chiffre d’affaires de la librairie est en progression, +5% en 2022 par rapport à l’année précédente qui avait déjà établi un record. Éric Schultz a en outre mené une « gestion prudente » de son affaire, après un prêt initial de seulement 60 000€, pas de quoi plomber les comptes d’exploitation même si le libraire reconnaît que son salaire ne pourra dépasser le Smic que lorsqu’il aura fini de le rembourser. « Heureusement que je suis décroissant », s’amuse Éric Schultz pour qui l’établissement d’une librairie indépendante consacrée aux polars est un geste politique.

Si les comptes de la librairie se sont rapidement dégradés, c’est en raison de l’augmentation du prix des livres suivant la hausse des coûts du papier, et de certains frais, comme le transport, mais aussi parce que le modèle économique d’une petite librairie est intrinsèquement fragile. « Il faut vendre beaucoup de livres pour pouvoir se sortir un salaire », observe Éric Schultz. Avec un prix des livres bloqué, c’est lors des négociations avec les fournisseurs que se décident les vraies marges… Des négociations auxquelles les petites librairies n’ont pas accès. « On doit traiter avec des financiers, déplore Éric Schultz, qui n’ont strictement rien à faire de l’édition, des livres, des dates de sorties ou du rôle social d’une librairie indépendante… »

Une très grande librairie aux multiples rayons

Car Éric Schultz fait remarquer qu’autour de La Tache Noire, une douzaine d’autres petites librairies indépendantes et spécialisées existent : Obscurae sur l’étrange et le fantastique, Les Bateliers sur la littérature et l’art, Manga Koï, Cyclops sur les comics, La Bouquinette sur la jeunesse, etc. « Au total, les libraires de Strasbourg arrivent collectivement à proposer une offre très complète, avec à chaque fois un service personnalisé », dit-il.

Mais l’appel à l’aide de La Tache Noire a mis en lumière d’autres situations économiques fragiles parmi les librairies indépendantes. Ainsi L’Oiseau Rare, petite galerie sur le quai des Bateliers et librairie spécialisée dans la littérature féministe et les beaux livres, a également publié mardi une alerte sur sa page Facebook.

Morgane Albisser espère tenir L’Oiseau Rare jusqu’à Noël (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg

Morgane Albisser, cogérante de L’Oiseau Rare, détaille :

« Avec l’activité de librairie, la galerie d’art, et le café sur le quai, c’est une petite affaire qui peut fonctionner. Depuis quatre ans, notre clientèle se construit peu à peu, grâce à nos efforts sur la sélection et à nos événements mais là, ça fait trois mois que je ne peux plus me payer. On espère tenir jusqu’à Noël. »

Comme Éric Schultz, Morgane Albisser met en avant la hausse de ses frais, toujours le transport, et des marges trop faibles sur les ventes. Mais elle déplore aussi une absence de politique de la Ville de Strasbourg quant au commerce : « Pour l’occupation de la terrasse, on paie la même chose qu’un bar, alors qu’on ne vend pas d’alcool », évoque-t-elle en exemple. « Si on ne veut voir en ville que des franchises et des groupes, alors continuons ainsi. »

Nico Deprez affiche l’indépendance de sa librairie sur sa devanture Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Sur le même quai, Nico Deprez se tient devant sa librairie spécialisée dans la bande dessinée, les bras croisés à la manière d’un tenancier de bistrot. Installé en 2018, lui aussi parle de « nuages noirs » au dessus du Tigre :

« C’est simple, les dépenses ont toutes augmenté et les recettes baissent. Tétanisés par l’ambiance de crise, les clients viennent moins, font état de blocages comme le stationnement… Et ceux qui viennent prennent moins de livres qu’avant. »

Nico Deprez n’entend pas lancer d’appel à l’aide. Mais il a pris des mesures conservatoires, il a réduit l’offre proposée par Le Tigre. « J’ai un peu de vide dans les étagères mais je préfère ça plutôt que de renoncer aux événements, j’aime trop faire ça », conclut-il.

#La tache noire

En appel, la peine de Serge Oehler réduite à 20 mois de prison avec sursis pour « violences habituelles » sur son ex-conjointe

En appel, la peine de Serge Oehler réduite à 20 mois de prison avec sursis pour « violences habituelles » sur son ex-conjointe

Dans une décision du 14 septembre 2023, la cour d’appel de Colmar a allégé la peine de première instance de l’élu strasbourgeois Serge Oehler (ex-PS). Elle a tout de même confirmé sa culpabilité pour des faits de « violences habituelles » sur son ex-conjointe Marie C.

Après sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité et à 24 mois de prison dont 18 avec sursis par le tribunal correctionnel de Strasbourg le 8 décembre 2021, l’élu strasbourgeois Serge Oehler avait fait appel pour demander sa relaxe. Le conseiller municipal et départemental est désormais condamné à 20 mois de prison, tous assortis de sursis, par la cour d’appel de Colmar. Jeudi 14 septembre 2023, la cour l’a donc jugé coupable de « violences habituelles » sur son ex-partenaire, Marie C. (retrouver son témoignage ici), entre 2014 et 2019.

20 mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité

Le 8 décembre 2021, l’élu avait également été condamné à cinq ans d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Strasbourg. Cette peine en appel est réduite à trois ans. Serge Oehler est toujours élu à la collectivité européenne d’Alsace jusqu’en 2028 ainsi qu’au conseil municipal de Strasbourg jusqu’en 2026. Exclu du Parti Socialiste, Serge Oehler a cependant refusé de quitter ses mandats. Une situation dénoncée par des militantes strasbourgeoises depuis novembre 2021.

Serge Oehler en septembre 2021. Photo : Abdesslam Mirdass

Devant la cour d’appel le 11 mai 2023, Serge Oehler a continué de nier les faits qui lui étaient reprochés malgré les certificats médicaux produits par Marie C. (voir notre reportage à l’audience). D’après l’arrêt de la cour d’appel de Colmar, il reste interdit de rentrer en contact avec son ex-conjointe pendant trois ans – une interdiction déjà prononcée en première instance.

« Il ne pourra plus dire que ça ne s’est pas passé »

Au téléphone, Marie C. est encore sous le choc. « Il ne pourra plus dire que ça ne s’est pas passé », souffle-t-elle. Son avocate Leslie Ulmer précise :

« Ma cliente est contente. Dans le fond, peu importe la peine prononcée, le nombre de mois de prison. Ce qui est important c’est que son statut de victime soit reconnu par la justice, et c’est le cas dans cette décision. »

Le conseil de Marie C. considère que la peine prononcée reste « sévère » malgré son allègement. « C’est surtout l’inéligibilité qui va le pénaliser, c’est tout de même une personnalité publique », conclut Leslie Ulmer.

La maire appelle Serge Oehler à démissionner

Dans un communiqué envoyé dans l’après-midi du jeudi 14 septembre, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, appelle l’élu à démissionner :

« Toute condamnation d’un élu du conseil municipal devrait l’amener à démissionner de ses mandats et à se retirer de ses fonctions. C’est une décision qui devrait être guidée par les principes éthiques de transparence de la vie publique et d’exemplarité des élus. »

Selon le code électoral, c’est au représentant de l’État, donc à la préfecture, de « déclarer démissionnaire » un conseiller municipal ou régional lorsque celui-ci a été condamné à une peine pénale d’inéligibilité. Une décision que la préfète pourra prendre une fois le jugement définitif, c’est-à-dire si Serge Oehler ne se pourvoit pas en cassation.

#violence

Au TNS, « l’hospitalité, l’accueil et la diversité » au centre du projet de Caroline Guiela Nguyen

Au TNS, « l’hospitalité, l’accueil et la diversité » au centre du projet de Caroline Guiela Nguyen

Caroline Giuela Nguyen veut « de la diversité » sur ses plateaux et dans ses salles. Guidée par son amour du récit, la directrice du TNS compte faire de l’institution un lieu de rencontres et d’échanges.

Troupes amateurs dans les quartiers, discussions philosophiques nocturnes, comédiens de toutes origines et création d’un espace convivial dans le hall du Théâtre national de Strasbourg (TNS). Telles sont les propositions de sa nouvelle directrice Caroline Guiela Nguyen, pour la saison 2023 / 2024 et pour les cinq années, au moins, à venir. Entre une composition de la programmation à quatre mains et le désir d’en bouleverser ses codes, rencontre avec celle qui veut mettre en scène la diversité à tous les niveaux.

Rue89 Strasbourg : Comment se passe cette arrivée à Strasbourg ?

Caroline Guiela Nguyen : Je suis très honorée, et en même temps c’est très concret. Je viens à mon bureau – c’est la première fois que j’en ai un ! – j’écris, je rencontre des gens, j’élabore mon projet avec les équipes… Le TNS est une très belle maison, avec des gens amoureux du théâtre et de son histoire. L’énergie y est donc très forte. Pareil pour l’école. J’ai déjà pu recruter la nouvelle promotion. Ça a été un moment particulièrement émouvant.

Caroline Guiela Nguyen a une longue histoire avec le TNS, puisqu’elle y a fait ses études de mise en scène, dont elle est sortie diplômée en 2008. Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

De l’école à la direction

Vous avez travaillé en collaboration avec beaucoup de théâtres mais n’en avez jamais dirigé. Qu’est-ce qui vous a amené à ce poste, au TNS, au sein duquel vous avez fait vos études de mise en scène ? 

Pendant longtemps, je n’ai pas envisagé de diriger une maison. On me l’a souvent proposé, mais j’étais très bien avec ma compagnie. Pour le TNS, c’est différent. L’histoire que j’ai avec ce lieu et la ville m’a donné envie d’y revenir et d’y développer un projet. J’aime énormément Strasbourg, parce que c’est une ville frontalière dans laquelle j’entends parler plein de langues… Une diversité qu’on retrouve au cœur de mon travail. J’ai adoré le TNS en tant qu’élève, mais j’ai aussi dû me battre contre lui.

Pour que tous les publics se retrouvent dans ce qui se passe sur le plateau, la metteuse en scène tient à « montrer des récits, des visages, des langues et des corps auxquels on n’a souvent pas laissé de place ». Photo : Manuel Braun / doc remis

Vous avez souvent déploré le manque de diversité au TNS. Fille d’une Vietnamienne et d’un pied-noir, vous étiez l’une des seules élèves non-blanche de l’école. Qu’est-ce qui a changé ? 

C’était un théâtre extrêmement blanc. Je ne voyais ni dans le public, ni sur scène, ni dans l’école des personnes qui me ressemblaient, qui appartenaient à mon histoire, à mon enfance. Et le pire, c’était que je trouvais ça complètement normal… J’essayais de coller à ce schéma.

De la diversité sur scène et en salles

Le fait de revenir ici et de voir tout ce qui a bougé en si peu de temps, de rencontrer toute une nouvelle génération de jeunes personnes qui ont décidé que les choses devaient absolument changer me réjouit. Aujourd’hui, j’espère que si on voyait toute une promotion sans diversité, cela choquerait. 

En travaillant avec des comédiens professionnels et amateurs, en allant les chercher parfois à l’autre bout du monde, comme au Vietnam avec votre spectacle Saigon, vous participez à renforcer cette diversité. Quelle incidence cela a-t-il sur le public ?  

Ce qui est génial aujourd’hui, c’est que beaucoup d’artistes se posent la question de l’adresse, ils se demandent à qui ils parlent. Il y a encore dix ans, c’était parfois vu comme de mauvaises questions, qui pouvaient détourner l’artiste de son art. Personnellement, j’ai toujours eu un souci du public. Une de mes principales préoccupations est ce qui se passe dans la salle, pas tant qui il y a sur le plateau.

Je me suis dit qu’en étant au TNS, je ferai en sorte que tout le monde sente qu’il y a des propositions qui lui sont adressées. Cet espace doit être le plus accueillant possible. C’est pour cela que je tiens à montrer des récits, des visages, des langues et des corps auxquels on n’a souvent pas laissé de place. 

En janvier, Caroline Guiela Nguyen a sorti un livre manifeste à travers lequel elle revient, avec finesse et poésie, sur sa vision du théâtre contemporain et sa manière de travailler. Photo : Couverture de l’ouvrage Un théâtre cardiaque

Plus précisément, quelles sont les nouveautés que l’on pourra découvrir au TNS ?

Nous allons penser notre communication en fonction de zones géographiques de Strasbourg. J’aimerais que dans chacune de ces zones, de ces territoires, une troupe amateure bénéficie de l’accompagnement de metteurs en scène invités par le TNS, toute l’année. Ces créations seront présentées lors de « Galas du TNS », en fin de saison. Ce sera également l’occasion d’inviter des projets différents, comme un spectacle porté par un centre socio-culturel qui nous a marqués.

Discussions philosophiques au petit matin

De manière générale, j’imagine un théâtre plus ouvert. Je veux que le hall Koltès devienne un lieu de vie en dehors des représentations, qu’on ait envie de s’y installer, d’échanger autour d’un verre, qu’il puisse accueillir des événements, comme l’enregistrement d’émissions de radio dans la journée. Je réfléchis aussi à un format qui s’intitulerait « envisager la nuit » et qui serait un espace de débat pour aborder des questions de société complexes vers 4 heures du matin. 

Et du côté de l’école ?

Je souhaite renforcer les liens entre théâtre et cinéma. Les élèves compléteront leur formation avec la Cinéfabrique de Lyon, pour qu’ils puissent échanger avec des décorateurs, des réalisateurs de bande-son… De quoi penser ces deux arts ensemble, et non côte à côte. Je vais poursuivre les efforts de mon prédécesseur (Stanislas Nordey, NDLR), pour travailler la diversité dans l’école, pas uniquement chez les comédiens, mais aussi dans les chargés de projets comme les metteurs en scène ou les scénographes. 

À cause du délai de votre nomination, la programmation de la saison 2023/2024 s’est faite à quatre mains, avec six premiers spectacles proposés par Stanislas Nordey d’ici décembre. Comment avez-vous vécu cet exercice ? 

C’était un exercice intéressant, notamment avec Stanislas Nordey. Il y a une cohérence et une complémentarité dans nos choix. Il a programmé Radio Live – la relève, que j’avais également repéré. Et j’ouvre ma programmation avec Le Iench, d’Eva Doumbia, qui a remporté le prix Bernard-Marie Koltès du TNS l’année dernière. (L’oeuvre suit le quotidien d’un jeune garçon originaire du Mali, qui rêve d’avoir la vie que lui vend la télévision, mais qui se heurte au racisme et aux assignations sociales, NDLR) C’est une autrice qui m’est chère, car elle parle réellement d’aujourd’hui.

« Décoloniser les arts »

Quand j’étais jeune metteuse en scène, Eva avait déjà cette préoccupation importante de décoloniser les arts… Moi, je n’étais pas encore arrivée à ces questions-là. Elle fait partie des artistes qui m’ont donné de la force et qui m’ont offert la possibilité de dire, 14 ans plus tard : « Il faut que les choses changent. » 

Il y a-t-il un fil rouge qui lie ces premiers choix ?

Non, je déteste qu’on dise que j’ai une thématique, que je choisis les artistes parce qu’ils parlent de l’exil par exemple. Ce n’est pas ça du tout. Je choisis des artistes parce qu’ils sont importants à mes yeux. Parce que j’aime leur travail. Ils racontent le monde à travers un regard que j’ai envie de voir dans le théâtre aujourd’hui. Ils se soucient de la question des récits, de l’adresse… 

Stanislas Nordey et Caroline Guiela Nguyen ont présenté conjointement la saison 2023-2024 avant les vacances d’été. La billetterie est dorénavant ouverte. Photo : Jean Louis Fernandez / doc remis

Une préoccupation qui se retrouve dans vos propres œuvres, comme Saigon qui sera rejoué au TNS du 19 au 26 mars ou Lacrima, du 14 au 18 mai ? 

J’ai toujours voulu que mes spectacles soient le plus ouverts possibles. J’adore travailler avec des acteurs qui n’en sont pas et des acteurs qui en sont. Cela fait venir des gens qui ne seraient jamais allés au théâtre et qui se retrouvent soudainement sur un plateau.

Poursuivre une démarche de diversification

En devenant directrice, je peux aller encore plus loin dans ma démarche. Par une architecture, un lieu, un dialogue avec le public, l’écriture de programme de salle, en invitant d’autres artistes… Il se passe des choses qui sont importantes, des personnes se battent pour accorder une place à tous, et cela me stimule. Pour moi, le théâtre se porte de mieux en mieux. 

Vous défendez un théâtre actuel, qui part du réel et a un effet concret. Pour vous, à quoi doit servir le théâtre en 2023 ?

Je ne répondrai jamais que le théâtre peut changer le monde. On voit bien comment il peut être désarmé parfois… Mais j’ai toujours en tête qu’avant de vouloir changer le monde, il faut qu’on regarde autour de nous, avec les gens qui sont là, ce que ça change pour eux. Par exemple, avec qui on décide de passer trois mois en répétition, qui on fait venir sur un plateau.

Si on réussit à changer les possibilités de rencontre, de partage et d’accueil, si on amène d’autres récits, d’autres langues et d’autres accents… il se passe déjà quelque chose d’important. Moi, je fais du théâtre parce que j’ai besoin de raconter des histoires, de me réapproprier le récit. Et j’ai hâte de pouvoir partager cette passion et ce projet avec les Strasbourgeois.

Pour les spectateurs qui n’avaient pas encore pu voir les créations de Caroline Guiela Nguyen, deux de ses pièces seront jouées cette année. Saigon, en reprise, et la toute nouvelle création Lacrima. Photo : Jean Louis Fernandez / doc remis

Manifestation à vélo pour le climat à Strasbourg vendredi 15 septembre

Manifestation à vélo pour le climat à Strasbourg vendredi 15 septembre

À l’occasion de la grève internationale pour le climat, le mouvement Fridays for Future appelle à une mobilisation à l’échelle mondiale. Dans ce cadre, trois mouvements écologistes de Strasbourg organisent une vélorution vendredi 15 septembre.

Les Jeunes écologistes d’Alsace, Fridays for future Strasbourg et Youth for climate Strasbourg proposent une manifestation à vélo vendredi 15 septembre à midi, au départ de la faculté de droit, 1 place d’Athènes, sur le campus de l’Esplanade. Les personnes à pied sont aussi les bienvenues.

Une marche pour le climat à Strasbourg Photo : Alternatiba Strasbourg / doc remis

Dès 11h se tiendra un atelier de confection de pancartes devant le bâtiment du Patio. Le cortège passera par l’avenue de la Forêt-Noire, le lycée Kléber et la place de la République. À 13h, une pause devant la préfecture permettra aux organisateurs de s’exprimer sur plusieurs enjeux – récupération par l’extrême-droite de la question de l’urgence climatique, rénovation thermique… La fin de la manifestation est prévue vers 13h30, devant la faculté de droit.

Un engagement militant fort pour le climat

Cette année, les Jeunes écolos d’Alsace espèrent que le format vélorution attirera plus de manifestants qu’en 2022, explique Enja, membre des Jeunes Écolos d’Alsace :

« Organiser une mobilisation comme celle-ci demande beaucoup d’énergie. L’année dernière, pour la grève pour le climat, on était seulement 200. On a vu que les marches climat ne fonctionnaient pas vraiment, donc on s’est dit qu’à vélo, ce serait plus fun : tu peux te dire, vas-y, j’enfourche mon vélo et y aller. Si on est 900 personnes cette année, ce sera déjà bien, on pourra peut-être réitérer l’évènement plus souvent. »

À Strasbourg, les Verts déroulent le tapis rouge pour un magnat de l’or noir

À Strasbourg, les Verts déroulent le tapis rouge pour un magnat de l’or noir

La municipalité écologiste ne recule devant rien pour convaincre le magnat du pétrole et collectionneur d’art Jean Claude Gandur d’installer son musée à Strasbourg. Elle envisage de mettre à la disposition du milliardaire un site de choix et de mobiliser les moyens de ses musées pour une exposition d’œuvres de la Fondation Gandur en 2026.

Des écologistes peuvent-ils admirer sereinement une collection acquise grâce au business pétrolier ? À Strasbourg, la municipalité verte a tranché. Toujours désireuse d’accueillir un musée propos . . .

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« La révolution n’est pas morte » : rassemblement en soutien aux Iraniens en lutte samedi 16 septembre à Strasbourg

« La révolution n’est pas morte » : rassemblement en soutien aux Iraniens en lutte samedi 16 septembre à Strasbourg

À l’occasion de l’anniversaire du mouvement de contestation en Iran, né à la suite de l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs iranienne, le collectif Femme, vie, liberté Strasbourg appelle à un rassemblement samedi 16 septembre, place Kléber.

En solidarité avec le peuple iranien et pour rendre hommage à la mémoire de Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs iranienne, le collectif Femme, vie, liberté invite à un rassemblement ce samedi 16 septembre de 15h à 18h, place Kléber. « Ce rassemblement est une occasion de rappeler au monde que la révolution n’est pas morte », annonce le collectif dans un communiqué de presse. Sepideh, membre du collectif Femme, vie, liberté, s’exprime concernant la situation en Iran :

« Nous déclarons haut et fort que nous ne voulons pas de ce régime. Il y a des gens qui se font torturer, violer et se suicident suite à un emprisonnement, même court. Il y a des gens qui sont en train de mourir. »

Sepideh, membre du collectif Femme, vie, liberté

Le groupe de musique franco-iranien pop-rock Jinaband jouera de 16h à 17h, place Kléber. La conseillère municipale déléguée Marina Lafay prendra également la parole.

Le collectif strasbourgeois « Non à la peine de mort en Iran » et l’association iranienne « Conseil soutenant le mouvement démocratique du peuple iranien » appellent aussi à un rassemblement samedi à partir de 15h, mais place du Corbeau.

Manifestations et répression sanglante en Iran

Le 13 septembre 2022, l’étudiante kurde Mahsa Amini était arrêtée et battue à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés ». Mahsa est morte trois jours plus tard à l’hôpital. La mort de la jeune femme a marqué le début de la révolution « Femme, vie, liberté ». Ce slogan politique est régulièrement scandé lors des nombreuses protestations qui ont éclaté dans tout le pays. Dépassant la question de l’abrogation des lois strictes sur le hijab, les manifestants et manifestantes se sont soulevés contre la violence du régime théocratique et répressif iranien. Le mouvement a été sévèrement réprimé par la police : plus de 500 morts étaient à déplorer selon le bilan de l’ONG Iran Human Rights (IHR) en avril.

« C’est devenu une angoisse permanente » : le retour de Christian Debève au conseil régional fait réagir l’une des plaignantes

« C’est devenu une angoisse permanente » : le retour de Christian Debève au conseil régional fait réagir l’une des plaignantes

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De 18 à 21 quartiers prioritaires à Strasbourg, Schiltigheim et Ostwald en 2024

De 18 à 21 quartiers prioritaires à Strasbourg, Schiltigheim et Ostwald en 2024

Le contrat de ville 2024 – 2030 va ajouter deux nouveaux « quartiers prioritaires de la ville » à Strasbourg et deux de plus à Schiltigheim et Ostwald.

Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) désignent des zones où se concentrent les problématiques liées à la pauvreté des ménages. Après bien des tâtonnements, c’est d’ailleurs le seul critère qui a été retenu pour les créer : une certaine concentration de . . .

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« On a laissé péricliter cet ensemble » : une partie de l’Esplanade devient « prioritaire »

« On a laissé péricliter cet ensemble » : une partie de l’Esplanade devient « prioritaire »

Une partie du quartier de l’Esplanade va rejoindre la liste des « quartiers prioritaires de la Ville », des zones où se concentre la pauvreté. Derrière l’acronyme « QPV » se dessine l’histoire d’un quartier lentement déclassé, figé depuis des décennies.

« L’Esplanade, pauvre ? » Au milieu de sa cuisine, Anoush Reihanian-Hadany s’arrête et tourne la tête, pour vérifier la question. « Pauvre, c’est excessif. C’est un quartier populaire, pas pauvre. C’est pas la même chose, il y a de tout ici. » En répondant, elle reprend méticuleusement son geste : étaler des herbes mouillés entre deux torchons, pour les faire sécher. Elle s’arrête, tourne à nouveau la tête : 

« On ne peut pas nous confondre avec les quartiers pauvres. On a deux lignes de tram, quatre écoles, les facs toutes proches et un centre commercial. […] Mais de l’autre côté, c’est vrai que c’est différent. »

L’autre côté, c’est le secteur qui s’étend derrière la rue de Londres où elle habite, vers la Citadelle. Sur le quartier entourant le parc et la rue du Jura, l’État appose trois lettres, qui viendront s’inscrire au fer rouge sur la réputation de l’Esplanade : Q-P-V, pour « Quartier prioritaire de la politique de la Ville ». S’appuyant sur des analyses de l’Insee, de l’Agence nationale de la cohésion des territoires, et de la Ville de Strasbourg, l’État intègre cette zone à la liste des QPV strasbourgeois (voir notre article dédié). Cette partie de l’Esplanade va ainsi rejoindre une liste fixée par décret où l’on retrouve à Strasbourg les quartiers du Port du Rhin, Hautepierre ou encore le Neuhof.

Les Galeries gourmandes, petit centre commercial au coeur du quartier. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Dans le secteur, les habitants rencontrés s’étonnent, s’indignent, essayent de comprendre. Comment la situation sociale d’un quartier résidentiel a pu s’aggraver ainsi ? Dans le même quartier, l’écart entre deux réalités sociales distinctes se creuse.

Quartier coulé dans le béton

Au départ, le quartier se dessine presque sur une page blanche. Après avoir récupéré des terrains militaires désaffectés, la Ville confie en 1957 à l’architecte Charles-Gustave Stoskopf une tâche ambitieuse : édifier sur ces parcelles un quartier neuf et complet, avec de larges tours d’habitation, des écoles et des commerces. Très marqué par les canons architecturaux de l’époque – béton partout – le nouveau quartier résidentiel est achevé en 1969. L’arrière du quartier précède de quelques années cette inauguration : le même Charles-Gustave Stoskopf réalise en 1952 l’ensemble des petits bâtiments d’habitations, situés quai des Belges.

« Dans notre immeuble (situé au milieu de la rue de Londres, NDLR), il y avait beaucoup de professeurs, très diplômés, dont beaucoup étaient propriétaires », raconte Anoush Reihanian-Hadany. Venue d’Iran en 1978, elle finit par s’installer avec sa famille à l’Esplanade, en 1998. Bien avant d’emménager rue de Londres au début des années 2010, elle s’était installée comme locataire dans la grande tour à l’arrière de la rue d’Upsal, toute proche du nouveau QPV.

Anoush Reihanian-Hadany, présidente de l’association des résidents de son immeuble. Photo : Roni Gocer / Rue89Strasbourg / cc

« Au départ, on était dans un petit appart de 65 m², au 11e étage de la tour », commence Anoush :

« C’était accessible, pas cher. Quand on a déménagé de l’autre côté par contre, on avait l’impression de franchir un mur. Après l’école Jacques Sturm, les logements sont beaucoup plus riches, on trouve beaucoup de médecins, on est plus proche des transports. »

Deux réalités sociales

Quelques mètres plus loin, au pied d’une tour toute proche, Judicaël Lienhard fait le même constat. Fils d’une famille de concierges ayant vécu pendant vingt ans dans le quartier, il est devenu lui-même concierge – toujours dans le même secteur. Quand il parle de l’Esplanade, c’est avec orgueil :

« C’est un quartier qui était coté, haut de gamme, avec de belles prestations. Certains immeubles ont des services spécifiques, comme un cours de tennis ou une piscine en sous-sol. Il ne faut pas croire, il y a des gens qui ont de l’argent ici. »

Dans ce coin plus riche de l’Esplanade, Judicaël voit surtout deux types de logements : les grands appartements cossus et spacieux, et les studios étudiants. Eux aussi onéreux. Des tours comme Les Lauréades – renommées atrocement « Studéa Winston 2 » – sont construites autour des années 90, avec des studios calibrés pour les étudiants. On y trouve des studios de 20 m² pour un loyer mensuel de 600 euros.

Judicaël Lienhard, concierge ayant grandi dans le quartier. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Une agente de recensement ayant écumé des bâtiments du quartier pour l’Eurométropole a pu observer la pluralité des situations, d’un bâtiment à l’autre :

« C’est très compartimenté. Dans certaines tours, comme celle au 5 rue de Stuttgart, on retrouve une écrasante proportion d’étudiants et de jeunes qui se partagent 93 logements. En traversant le trottoir, au 17 rue d’Upsal, c’est tout l’inverse : peu d’appartements, mais très spacieux et presque tout le monde est propriétaire. »

L’entrée du 17 rue d’Upsal. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

De l’autre côté du « mur » que décrivait Anoush, le passage se raréfie. Quelques étudiants, ça et là, des familles surtout. En l’absence de commerce, ou de bureaux, peu de raisons de se promener dans ce coin là du quartier. « Il y a la Citadelle, quand même », commente Camille. Elle est retournée vivre dans le quartier avec sa mère, à la lisière du quai des Belges. « Je n’ai jamais été très difficile, j’ai l’impression qu’il y avait tout ce qu’il fallait dans ce quartier quand j’étais enfant : on avait l’Ares et la Citadelle. » Sur l’état du quartier, et son basculement en QPV, elle hausse les épaules :

« J’ai pas forcément l’impression que ça s’est dégradé. Mais c’est difficile de dire que ça s’est amélioré. J’ai l’impression que la Citadelle a été mieux aménagée pour les enfants, mais à part ça j’aurais du mal à dire ce qui a évolué depuis mon enfance. »

« Ils ont mis un peu de peinture mais je reconnais tout » 

En posant son vélo de facteur, Guillaume Lambour se plonge lui aussi dans ses souvenirs d’enfance. Avec sa liasse de lettres en poche, il se faufile dans l’entrée et distribue. Avant d’être facteur, le quadra était un gamin du quartier qui vient de basculer en QPV ; après avoir vécu quai des Belges, ses parents s’installèrent rue de Chamonix. « Toute mon enfance et mon adolescence, je les ai faites ici », commence-t-il en décryptant un nom mal écrit sur une enveloppe. En redressant ses lunettes, il anticipe :

« C’était comment avant ? Comme maintenant. J’ai l’impression que rien n’a changé du tout, à part des petites choses. Comme la barrière qui marque le début de la rue école, devant la primaire Jacques Sturm. Non vraiment, ils ont mis un peu de peinture, mais je reconnais tout. »

En tant que facteur, Guillaume Lambour fait sa tournée dans le quartier où il a grandi. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

Même jugement sévère pour Judicaël :

« Tout est resté pareil depuis des années. La seule chose qui a changé, c’est l’arrivée du tram vers Neudorf et la reconstruction du Pont Winston Churchill. Parce qu’avant ça, c’était la catastrophe sous l’ancien pont. »

« On a laissé péricliter cet ensemble »

Quand on l’interroge sur le basculement d’une partie de l’Esplanade en QPV, Samuel Ngue Nogha semble déjà au courant. L’architecte-urbaniste, qui a notamment travaillé sur la rénovation de la place de l’Esplanade, déplore que l’ensemble du quartier soit resté trop longtemps figé :

« On a pu aménager le quartier à la marge, mais on a laissé péricliter cet ensemble, d’un point de vue de sa qualité urbaine. Dès qu’on quitte le périmètre autour du centre commercial, c’est une cité dortoir, il n’y a aucune autre activité que le résidentiel. Il faudrait injecter plus de mixité fonctionnelle dans les habitats, avec des bureaux ou des commerces. »

L’architecte-urbaniste Samuel Ngue Nogha a travaillé sur l’aménagement de la place de l’Esplanade. Photo : RG / Rue89 Strasbourg /cc

Puis l’architecte tempère son propos : un tel projet nécessiterait l’aval de plusieurs syndicats de copropriétaires. Ces derniers sont nombreux à l’Esplanade et tiennent une bonne part des terrains.

« C’est simple : pour faire muter la Ville, il faut être propriétaire des sols. Il se trouve que la municipalité ne l’est pas. La vraie difficulté est là : vous ne pouvez pas travailler sur les espaces extérieurs, les jardins, les trottoirs, les rues, en bref redynamiser et réorganiser si vous n’avez la maîtrise foncière ou la délégation. »

Samuel Ngue Nogha ne voit qu’une issue : que les associations de copropriétaires entament une « réflexion sur le statut des sols » et concèdent du terrain à la Ville. Un vœu pieu.

Une partie de l’Esplanade en QPV : électrochoc sur la pauvreté à Strasbourg

Une partie de l’Esplanade en QPV : électrochoc sur la pauvreté à Strasbourg

En janvier 2024, une partie de l’Esplanade jusqu’à la Krutenau sera classée « quartier prioritaire de la ville ». Une mesure qui répond aux statistiques, lesquelles démontrent une augmentation de la pauvreté partout à Strasbourg.

Le périmètre exact du quartier prioritaire de la Ville (QPV) de l’Esplanade n’a pas encore été rendu public et sera actif au 1er janvier 2024. Mais il répond à des statistiques implacables : dans une zone comprise entre la Citadelle et la rue de Lausanne, trop de familles vivent avec moins de 12 800€ par an. C’est pourquoi les quelques 4 500 habitants de cette zone doivent être aidés par l’État, la Ville de Strasbourg et leurs partenaires (voir article sur les QPV).

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