Après trois mois de grève, le P-DG de Clestra Metal a annoncé mardi en comité d’entreprise qu’il déposerait le bilan de la société mercredi 26 ou jeudi 27 septembre. Plus de 120 salariés sont concernés tandis que les actifs de l’entreprise de cloisons ont été transférés dans d’autres sociétés du groupe Jestia.
Rémi Taïeb, le P-DG de Clestra Metal, a convoqué un comité d’entreprise extraordinaire mardi 26 septembre. Ordre du . . .
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Lundi 25 septembre, les élus municipaux ont fait leur rentrée politique. Après un long temps de débats en première partie de journée, des délibérations plus consensuelles ont été votées au fil de l’après-midi.
« Vous avez prévenu à la maison que vous ne rentrerez pas ce soir ? » Avec un rire sonore, l’élu référent du Neudorf, Antoine Dubois prévient les équipes techniques : le conseil municipal du lundi 25 septembre sera long et explosif. Les deux premiers points à l’ordre du jour – un débat sur les émeutes et une présentation du déontologue – prennent d’emblée plus de cinq heures aux élus.
S’ensuit une série de délibérations plus consensuelles, sur l’attribution d’aides par la Ville de Strasbourg aux victimes des catastrophes naturelles au Maroc et en Libye. D’autres sujets consensuels suivent : l’adoption d’une charte « Ville à hauteur d’enfants » et la création d’une commission de la démocratie participative.
Solidarité internationale à l’ordre du jour
Retour sur l’actualité internationale. Après les deux premiers débats du conseil, les élus reviennent sur plusieurs crises ayant mobilisé la solidarité internationale.
La première concerne les populations arméniennes victimes de l’Azerbaïdjan, vivant dans le Haut-Karabakh ou l’ayant fui en ce mois de septembre 2023, après une opération militaire éclair : la Ville prévoit une subvention de 10 000€.
Pour les victimes du séisme ayant frappé le Maroc le 8 septembre, deux subventions sont votées pour un total de 15 000€. La même somme est octroyée en soutien aux victimes des inondations meurtrières en Libye. Les trois délibérations sont adoptées à l’unanimité.
Ville à hauteur d’enfants
Après avoir obtenu le label « Ville amie des enfants » par l’Unicef en 2010, la municipalité voulait poursuivre son effort à l’égard des très jeunes Strasbourgeois. Elle a adopté à l’unanimité une charte « Ville à hauteur d’enfants », inspirée par les travaux de Francesco Tonucci, l’initiateur du réseau international « Villes des enfants ».
La Ville s’engage ainsi à « adapter l’univers urbain à leurs besoins, en rééquilibrant les usages et en leur permettant de circuler librement et d’explorer de manière active le milieu dans lequel ils vivent ». Autrement dit, la présence des enfants sera prise en compte dans toutes les discussions concernant l’espace public.
Création d’une commission « Démocratie participative »
Sujet passionnel dans l’hémicycle, la démocratie participative a enfin sa commission dédiée. La délibération a été présentée logiquement par l’adjointe chargée du sujet, Carole Zielinski.
La commission aura pour but de « traiter des sujets liés à l’actualité de la participation citoyenne et des dispositifs de démocratie locale ». À chaque fois qu’elle sera consultée, elle donnera ses avis et ses propositions sur le sujet.
La commission sera constituée d’un membre de chaque groupe politique, plus la maire. Le co-président du groupe « Centristes & progressistes », Pierre Jakubowicz (Horizons) a demandé que la présidence de la commission revienne à un membre de l’opposition, sans succès.
Aides alimentaires et lutte contre l’exclusion
Autre point consensuel : l’attribution des subventions d’aides alimentaires. Un montant de 100 000€ est voté par la ville de Strasbourg, réparti entre trois associations : 45 000€ pour le Secours populaire, 45 000€ pour la Banque alimentaire et 10 000€ pour les Restos du Cœur.
Plus tard au cours du conseil, une autre délibération concernant la « lutte contre l’exclusion » est également adoptée. Le montant de la subvention votée s’élève à 1 144 000€, il sera divisé en plusieurs parts : plus de 627 000€ pour payer le dispositif de 500 places d’hébergement d’urgence, co-financé avec l’Eurométropole. Plus de 500 000€ servent à financer plusieurs structures caritatives.
Plus contestée, la délibération votée portant sur le versement des subventions aux associations sportives a fait des remous dans l’hémicycle. Pour cause : Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) et Pierre Jakubowicz estiment que 21 000€ est un montant trop faible pour la subvention allouée au FCOSK 06, le club de foot de Koenigshoffen et Cronenbourg qui a brillé sur les terrains lors de la saison passée.
Commande d’une œuvre d’art éphémère, place du Château
Dans le cadre de la désignation de Strasbourg comme étant la « Capitale mondiale du livre », la municipalité souhaite commander une œuvre d’art éphémère pour l’été 2024. Celle-ci sera installée sur la place du Château, à l’endroit même ou la structure « Nementon » s’était effondrée au début de l’été, qualifiée de « Kapla géant » par la conseillère d’opposition Anne-Pernelle Richardot (PS).
L’œuvre qui sera commandée devra présenter « un univers artistique immersif évoquant l’univers du livre » et intégrant un « dispositif scénique » permettant d’accueillir du public. Le montant prévisionnel avancé est de 300 000 € hors taxe. Le point a été adopté avec 48 voix pour et 12 abstentions.
Jeudi 21 septembre, la Collectivité européenne d’Alsace a pris la décision d’autoriser l’augmentation des tarifs résidentiels pour les nouveaux entrants de certaines maisons de retraite publiques. Pour l’opposition, c’est un abandon de l’équité pour les résidents et une forme de privatisation.
Après avoir déjà accordé l’augmentation du prix de la journée en maison de retraite de 2% en octobre 2022, puis de 3% en janvier 2023, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) va autoriser les établissements à augmenter leur prix à la journée. Selon la CeA, entre les revalorisations salariales, l’explosion des coûts alimentaires et énergétiques, les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont vu leurs dépenses considérablement augmenter. En 2023, un résident doit débourser en moyenne 69,67 euros pour une journée en chambre simple en Alsace.
Fin du tarif unique pour tous dans les Ehpad
Lors de la commission permanente du jeudi 21 septembre – une instance de délibération non publique –, la CeA a adopté un texte permettant aux établissements publics et associatifs volontaires de signer une « convention d’habilitation à l’aide sociale », leur permettant de définir un tarif de journée plus élevé de quelques euros – un ou deux – pour les nouveaux résidents non bénéficiaires de l’aide sociale. Ce nouveau tarif pourra s’appliquer dès lors qu’une convention sera signée entre un Ehpad et la CeA.
Les Ehpad d’Alsace accueillant moins de 50% de bénéficiaires à l’aide sociale sont concernés par cette initiative : sur les 217 établissements alsaciens, moins de dix en sont exclus. Parmi tous ces Ehpad, une quinzaine se trouvent dans « des conditions de trésorerie difficiles » et devront appliquer ces tarifs différenciés selon Karine Pagliarulo, vice-présidente (LR) de la CeA en charge de la santé et de l’accompagnement des personnes âgées.
Dégager des moyens financiers
C’est la première fois qu’un tarif unique pour tous cède la place à un tarif différencié dans les Ehpad d’Alsace. Ces derniers, fortement impactés par l’inflation économique, doivent assumer des dépenses beaucoup plus importantes au niveau des énergies, de la restauration et de la masse salariale.
Frédéric Bierry, président (LR) de la Collectivité d’Alsace, assure que cette « convention d’habilitation à l’aide sociale » offrira une « souplesse budgétaire au gestionnaire » tout en continuant à « garantir une offre d’accueil pour les bénéficiaires de l’aide sociale et responsabiliser le gestionnaire qui sera comptable de sa politique tarifaire. » Par ailleurs, pour garder un tarif adapté, la CeA contrôlera les prix de journée proposés avant de signer les conventions.
Karine Pagliarulo insiste :
« On veillera au préalable que les établissements aient utilisé toutes les ressources possibles avant de faire une demande de tarif différencié. »
« Une forme d’abandon des Ehpad » selon l’opposition
Florian Kobryn, conseiller d’Alsace dans l’opposition écologiste, s’inquiète de l’isolement des Ehpad face à la mise en place d’un tarif différencié :
« On vient faire exploser un système solidaire. Avant, il y avait l’idée d’e’une cogestion entre un Ehpad et la Collectivité d’Alsace. Là, les Ehpad vont se retrouver seuls, en première ligne pour faire passer la pilule d’une augmentation du tarif à leurs résidents et leurs familles. »
Le président du groupe d’opposition à la CeA dénonce ainsi une « libéralisation du secteur », marquant « la fin d’un service public » et appuie : « C’est un choix politique ».
Un manque de prise de responsabilités de la CeA pointé du doigt
Dans un communiqué de presse, le groupe d’opposition interpelle sur les tarifs actuels des chambres d’Ehpad : en moyenne 1 900 euros par mois, lorsque la pension de retraite moyenne nette est de moins de 1 500 euros. Il ajoute que trois personnes éligibles à l’aide sociale sur quatre n’y font pas appel.
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Le conseil municipal de ce lundi 25 septembre sera marqué par un retour sur les violences ayant suivi la mort du jeune Nahel. Dès le début, un débat sans vote opposera les visions de chaque groupe sur les événements.
C’était le début de l’été. L’ambiance au conseil municipal du 26 juin semblait sereine, les débats moins âpres que d’habitude. Pour une fois, les élus de la Ville ne sortaient pas exsangues de l’hémicycle, mais repartaient avec le sentiment que le relâchement était permis. Le lendemain, le jeune Nahel, 17 ans, meurt après un contrôle de police sur le périphérique parisien ; plusieurs quartiers pauvres de Strasbourg s’embrasent en réaction.
Trois mois plus tard, tout cela paraît déjà loin. Reste une ribambelle d’images chocs – voitures brûlées, jets de pierres, bâtiments publics endommagés – et beaucoup de questions sur l’explosion soudaine des violences. Les élus essaieront d’y répondre, dès les premières minutes du conseil municipal, ce lundi 25 septembre à partir de 10h.
Au-delà d’un inventaire des dégradations, chaque groupe politique présentera son analyse de la situation et sa lecture politique des événements. Causes, responsabilités, rôle de la Ville… Même sur la qualification des faits – émeutes ou soulèvements ? – les clivages se creusent entre la majorité et les groupes de l’opposition.
« Nous voulons travailler sur les racines et les causes »
Le premier point à l’ordre du jour sera donc une communication sur les émeutes. Elle est titrée comme une dissertation : « Événements de juin-juillet 2023, bilan et perspectives. Comment faire ville ensemble ? » Pendant deux heures, les conseillers municipaux bûcheront sur la question.
« Ce débat, c’était un engagement pris par la maire, au cours d’une réunion des présidents de groupe, pour rendre compte aux Strasbourgeois de ce qu’il s’est passé durant les émeutes », explique l’adjoint chargé de l’équité territoriale, Benjamin Soulet. Le président du premier groupe de la majorité, « Strasbourg écologiste et citoyenne », explique la visée du débat :
« Nous ne voulons pas simplement faire un bilan factuel de ce qu’il s’est passé et des équipements endommagés qu’on va remplacer. Nous voulons aussi travailler sur les racines et les causes des problèmes que traduisent ces événements. Collectivement et avec humilité. »
Les groupes d’oppositions joueront-ils le jeu ? « J’espère qu’on ne sera pas dans les postures et les caricatures, mais dans un moment d’échange collectif. » L’élu veut y croire, en rappelant le moment d’unanimité lors du rassemblement contre les violences auquel la maire Jeanne Barseghian (EELV) avait participé.
Le premier adjoint dans le viseur de l’opposition
« Oui, on n’avait rien à redire sur les prises de position de la maire, à ce moment-là », relate le co-président du groupe « Centristes et progressistes », Pierre Jakubowicz (Horizons). « Mais presque au même moment, son premier adjoint (Syamak Agha Babaei, NDLR) publie sur Facebook un long texte, avec une grille d’analyse qu’on n’accepte pas, et qui n’est pas acceptable. » Le conseilleur d’opposition souhaite qu’il soit recadré par la maire :
« Sa tribune a créé des liens de causalité et d’irresponsabilité qui ne peuvent pas être partagés par tous, on n’accepte pas les raccourcis qui y sont fait. Du coup, on a du mal à comprendre quelle est la position de la majorité, les propos de la maire durant le rassemblement, ou ceux de son premier adjoint ? On attend de savoir si elle va le désavouer ou non sur le fond. »
Même tonalité, pour la conseillère d’opposition Céline Geissmann (PS) :
« On voit qu’il y a une dissonance entre la maire et son premier adjoint. On est en république, dans aucun cas les dégradations et les violences ne doivent être justifiées. »
« La République n’appartient pas un camp politique », s’agace Syamak Agha Babaei. Le premier adjoint revient sur sa tribune :
« Dès que je l’ai publiée, il y a eu un flot de réactions, notamment racistes. Je vois bien que quelqu’un comme moi, placé où je suis, ne peut être que cible d’attaques, dès qu’il ne dit pas ce qu’ils veulent. Je suis toujours suspect de ne pas faire partie de l’arc républicain. »
L’élu ne s’excuse pas de mentionner les effets rémanents du colonialisme dans son texte. Il bat en brèche les procès en complaisance :
« Je n’excuse pas, j’essaye de comprendre. Je pense qu’un responsable politique qui a cessé de vouloir comprendre devrait faire autre chose. Moi aussi ça me choque que des écoles ou des édifices publics brûlent, mais je ne peux pas renoncer à comprendre. Et puis les faits sont têtus : s’il y a autant de soulèvements en France, qui reviennent par soubresauts, c’est que la question n’est pas réglée. Ce n’est pas honnête de renvoyer toute une partie de la population à la sauvagerie, en leur niant tout message politique. »
« Ça manque cruellement d’ambitions »
Dans un texte encadrant le débat transmis à l’opposition, la municipalité met en avant les réponses qu’elle veut apporter à la crise. À la colère des quartiers, la Ville répète donc ses mantras : œuvrer pour « l’équité territoriale », agir pour « une politique éducative, sportive, culturelle et associative en faveur de l’émancipation », « lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales de santé ».
« Mon analyse, c’est que ça manque cruellement d’ambitions », tacle la socialiste Céline Geissmann. Elle estime le texte décevant :
« Il n’y a pas vraiment eu de changement de direction suite aux émeutes, ou soulèvements populaires. J’ai l’impression qu’ils ne prennent pas en compte tout ce qu’il s’est passé, il n’y pas d’annonces nouvelles. On nous parle des Atsem, de politique sportive, mais ce n’est pas neuf, donc ce n’est pas une réponse suffisante. »
Une rhétorique que réprouve sans surprise Benjamin Soulet :
« Quand je parlais d’humilité, je parlais aussi de ça. On ne fait pas en 15 jours un plan d’action détaillé. Il faut prendre le temps de comprendre et de travailler. Et puis, nous faisons déjà de l’équité territoriale un axe important de notre politique, nous n’avons pas attendu. Maintenant, on doit s’interroger sur la manière d’aller plus loin, notamment pour la préparation du prochain budget. »
Divergence sur les causes
Un clivage apparaît donc entre les groupes de la majorité et l’opposition, sur la nature sociale ou non des émeutes. En particulier du côté du groupe des Républicains, présidé par Jean-Philippe Vetter (LR). Ce dernier torpille sans ménagement le texte de la municipalité :
« Je suis surpris par le lien direct qui est fait entre délinquance et pauvreté. L’expérience que je tire de ma tournée des quartiers populaires et de mes contacts avec les habitants, c’est que personne n’est solidaire avec les délinquants. À aucun moment, je n’ai entendu des habitants proposer des circonstances atténuantes, parce que ce n’est pas la pauvreté qui explique la délinquance. »
Une analyse totalement opposée à celle que défendront les communistes au sein de l’hémicycle. La présidente du groupe, Hülliya Turan (PCF), expose les conclusions de son camp :
« Ces violences traduisent un sentiment de relégation des jeunes de quartiers populaires. Il faut qu’on leur apporte des réponses politiques concrètes, ce ne sont pas des mesurettes. Cela peut être par exemple une gratuité des transports étendue aux moins de 25 ans. »
À l’issue du débat, les élus ne voteront pas et passeront au sujet suivant : l’absence de déontologue. La délibération fait suite au rejet par les groupes d’opposition de la candidate proposée par l’exécutif. Là encore, les échanges risquent d’être tendus.
Environ 300 personnes ont manifesté à Wittelsheim samedi 23 septembre contre le confinement définitif des 42 000 tonnes de déchets ultimes de Stocamine sous la nappe phréatique. Ils dénoncent le passage en force de l’État malgré les oppositions locales.
« C’est la plus grosse ressource d’eau potable d’Europe et ils vont nous la détruire », dénonce Elio, gilet jaune et habitant de Buhl dans le Haut-Rhin. Samedi 23 septembre, il s’est rendu à Wittelsheim à l’appel des mouvements écologistes Extinction Rebellion, Les Soulèvements de la Terre et Destocamine. La revendication : sortir les 42 000 tonnes de déchets toxiques des galeries des mines de potasse d’Alsace placées entre 1999 et 2002 à 400 mètres sous la nappe phréatique.
Après avoir refusé pendant 20 ans de sortir ces déchets ultimes, dont certains sont contaminés au cyanure, à l’arsenic ou encore à l’amiante, le gouvernement a décidé mardi 19 septembre de les confiner pour l’éternité avec des barrages en béton, estimant qu’il est devenu trop risqué de les extraire. Un jugement contesté par des experts géologues et des entreprises spécialisées. Sur la place de la mairie, environ 300 personnes se réunissent. Des militants du syndicat agricole de la Confédération paysanne préparent des tartes flambées.
« On n’est pas assez nombreux »
Sur une estrade, des représentants d’associations écologistes, des élus locaux de la Nupes comme le député strasbourgeois Emmanuel Fernandes (LFI) ou le conseiller départemental Damien Fremont (EE-LV) et des habitants des environs dénoncent « le scandale de Stocamine ». Mais parmi les manifestants, beaucoup se désolent de n’être pas plus nombreux.
« C’est incroyable le peu de gens qui se bougent là-dessus. Ce n’est pas une zone très militante ici, c’est pour ça que l’État se permet ça », estime Myriam, qui vient de Mulhouse. « 98% des gens étaient contre le confinement lors de l’enquête publique. On est à Wittelsheim, c’est une zone reculée ici, ils s’en foutent à Paris, c’est pas leur eau alors ils ne nous écoutent pas », abonde Elio.
Julie, 24 ans, habite à Vieux-Thann :
« J’avoue que c’est la première fois que je manifeste contre Stocamine. J’en ai beaucoup entendu parler dans ma jeunesse, mais je ne comprenais pas tout et je pensais que ce problème allait se régler. Quand j’ai vu que le gouvernement avait décidé d’enfouir les déchets, je me suis dit que je devais venir. »
Une jeune membre d’Extinction Rebellion Strasbourg remarque qu’il est difficile de mobiliser sur un sujet aussi technique :
« Il y a un travail de vulgarisation mené par des collectifs militants, notamment sur les réseaux sociaux. Mais si on fait juste des rassemblements comme ça, clairement, ça ne suffira pas. Il faut installer un vrai rapport de force, faire des blocages. Mais on n’est pas encore assez nombreux. »
Venus de Fribourg et de Karlsruhe en Allemagne, Adam, Ayla, Feile et Julie ont entendu parler de Stocamine grâce à l’antenne strasbourgeoise d’Extinction Rebellion. Même s’ils habitent dans un autre pays, ils se sentent concernés par cette décharge souterraine : « On a la même nappe phréatique, notre eau sera aussi polluée », lance Ayla : « Ce que fait le gouvernement français nous semble incroyable. »
Des Allemands contre Stocamine
Pour Adam, au vu de la détermination du gouvernement français à enfouir les déchets, l’une des solutions pourrait être que des dirigeants allemands fassent pression sur le président de la République française, Emmanuel Macron : « Peut-être qu’ils sortiraient les déchets pour ne pas avoir d’incident diplomatique ? », se demande Adam en haussant les épaules.
Ayla et Julie, sont militantes au parti de gauche allemand Die Linke. Elles expliquent que des membres de leur organisation essayent de mobiliser le gouvernement fédéral allemand pour que ce dernier se saisisse du sujet. Même discours pour Tommy, d’origine hollandaise, qui s’insurge que « tous les pays traversés par la nappe phréatique rhénane » ne puissent pas participer à la décision sur Stocamine.
Axel, Krista et Andreas, membres du Bund, une association environnementaliste allemande comme Alsace Nature, sont présents et rappellent qu’ils manifestaient déjà contre Stocamine dans les années 90, quand l’État présentait le projet. Axel s’insurge :
« On a toujours dit que ce n’était pas le bon endroit pour installer une telle décharge. Nous sommes en colère parce que ce que nous redoutions le plus s’est produit. Au départ, ils disaient qu’ils allaient sortir les déchets, l’attitude du gouvernement français est absurde ».
Corentin, habitant de 24 ans de Pfastatt, prend le micro : « On n’est pas dans la start-up nation comme disait l’autre (Emmanuel Macron, NDLR) ? On a les robots pour sortir les déchets ! » En descendant de l’estrade, il se confie sur le « traumatisme » qu’a été pour lui la découverte de la menace de Stocamine sur l’eau potable :
« Quand t’es gamin, on te dit de ne pas jeter des déchets par terre. Et là ce qu’ils font, c’est juste horrible. Ils assument qu’ils vont polluer l’eau. »
Les manifestants devant la mine
Des gendarmes encerclent tout le rassemblement. Un hélicoptère survole la place, au-dessus de manifestants éberlués par l’impressionnant dispositif des forces de l’ordre. Alors que la manifestation déclarée touche à sa fin vers 14h, un militant prend la parole pour suggérer une « déambulation pacifique ». Une centaine de personnes se mettent en route vers l’entrée de la mine de potasse, quelques kilomètres plus loin, avec une marionnette de démon qui tient des déchets toxiques en guise de banderole de tête. À l’aide de bombes de peinture, des tags hostiles au confinement des déchets sont inscrits sur des arrêts de bus et des panneaux publicitaires.
« On va déstocker Stocamine ! », suggère une manifestante, non sans humour. Mais après une marche de près d’une heure, des gendarmes positionnés devant l’entrée de Stocamine empêchent leur ambitieuse mission. Tout à la fin de la manifestation, des agents plaquent une personne au sol et gazent à l’aide d’une bombe lacrymogène les militants qui protestent, avant de laisser partir le militant interpellé. Les manifestants se dispersent un peu avant 18h.
Selon un communiqué du ministère de la Transition écologique, l’arrêté préfectoral autorisant le début des travaux de confinement devrait être publié au courant du mois de septembre.
Quelques centaines de manifestants s’étaient réunis pour marcher contre les violences policières et le racisme, ce samedi 23 septembre. Parmi eux, plusieurs personnes victimes elles-mêmes de discriminations témoignent.
Sous les ginkgos de la place de la République, deux groupes visuellement distincts s’abritent de la pluie en ce début d’après-midi du samedi 23 septembre. Le premier est habillé en blanc, avec des t-shirts portants des slogans pour la mémoire d’Enzo, un adolescent retrouvé noyé après avoir été poursuivi par la police. L’autre, moins nombreux, arbore la tenue toute noire des antifascistes ou antifas. Tous viennent pour la même raison : grossir les rangs de la marche contre les violences policières et les discriminations.
À partir de 14 heures, d’autres teintes s’ajoutent aux couleurs du deuil : les fanions rouges de la CGT, les drapeaux verts d’Europe Écologie – Les Verts (EE-LV), ou le violet du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Le cortège, épais de plusieurs centaines de manifestants, se lance dans un parcours reliant la place de la République à la place de la Bourse.
Les victimes des violences au cœur de la marche
Lentement, le cortège s’avance en longeant les quais des Bateliers. Au milieu des slogans et des sifflets, les noms des victimes de violences policières reviennent en écho. Nahel, Adama, Hocine ou Enzo. Des membres de la famille de ce dernier, tenaient une longue banderole en tête de manifestation.
Derrière eux, démarrait le cortège des associations, syndicats et partis politiques ayant appelé à cette journée de mobilisation – décidée nationalement. À noter à Strasbourg : la présence d’un petit cortège du Parti communiste français, avec des élus de la municipalité et de l’Eurométropole. Quelques jours plus tôt, leur secrétaire général, Fabien Roussel, avait indiqué qu’il ne participerait pas à la manifestation parisienne.
« J’espère que mes parents ne verront pas l’article, ils ont toujours peur qu’il m’arrive quelque chose en manif, avec la police. » Alex fait partie des premiers arrivés à la marche contre les violences policières et les discriminations. Après quelques hésitations, l’étudiant de 19 ans s’ouvre :
« Même mes parents, alors qu’ils sont complètement apolitiques, sont sensibles au sujet. Dans ma famille, il y a plusieurs personnes qui ont subi des contrôles abusifs ou des amendes injustifiées, on en parle beaucoup entre nous. Surtout depuis la mort de George Floyd (étouffé par des policiers pendant son arrestation aux États-Unis, NDLR). »
« Pourquoi contrôler autant nos identités ? »
S’il n’a pas été directement victime de discrimination, Alex l’explique par le fait d’avoir grandi dans un « petit bled » du Haut-Rhin, où il serait moins exposé. Mais Mounir lui rétorque : « Perso, j’ai grandi dans un village vers Lauterbourg, et on a aussi un rapport très problématique avec la gendarmerie ». Le quadragénaire développe :
« Là-bas aussi, les gendarmes nous font subir des humiliations quotidiennes, comme des contrôles quotidiens. Ils nous connaissent, nous sommes moins de 2 000 dans le secteur, pourquoi contrôler autant nos identités ? À côté de ça, j’ai des amis blancs qui ne portent même pas leurs cartes d’identité sur eux. Pour eux, notre faciès est une infraction. »
« Quand je vois les victimes, je pense aux garçons de ma famille »
Pour une marche modeste, ne réunissant pas plus de 700 personnes, les profils des manifestants semblaient plutôt variés. « Même si les gens ne sont pas directement touchés, c’est important qu’ils viennent défendre la cause », lance Fatima. Si elle n’a jamais été directement confrontée à la police, l’étudiante de 18 ans est tout de même concernée par le sujet :
« Mon père a déjà eu une très mauvaise expérience lors d’un contrôle. Et quand je vois les victimes, je pense à tous les garçons de ma famille qui pourraient être à leur place. »
À côté d’elle, Adem opine du chef. Lui-même confronté à des dizaines de contrôles abusifs, il reste profondément pessimiste. « Je n’ai pas l’impression que les choses changent en mieux, depuis les grandes manifs pour Adama. C’est même pire. »
Alors que la marche démarrait sous la pluie, elle s’achève avec un temps radieux. Vers 16h, le cortège arrive vers la place de la Bourse pour un dernier temps d’échange. Après une minute de silence, s’ensuivent des prises de parole de la famille d’Enzo et du collectif pour Hocine Bouras, puis une dispersion rapide.
L’Inspection générale des affaires sociales dénonce dans son enquête administrative une « succession de défaillances » des services de l’État et des organisateurs, qui a conduit à l’incendie mortel en août, lors d’un séjour de vacances adaptées à Wintzenheim. Les inspecteurs recommandent une vigilance accrue sur les protocoles de sécurité.
Dans la matinée du mercredi 9 août, un incendie s’est déclaré dans un gîte à Wintzenheim près de Colmar. Se propageant rapidement, le feu a consumé l’édifice et a provoqué la mort de dix adultes en situation de handicap léger et d’un accompagnateur. Une enquête pénale est en cours mais une première enquête administrative, menée par les services de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), conclut à une « défaillance généralisée » des organisateurs du séjour et des services de l’État chargés de les contrôler.
Un défaut d’agrément des organisateurs
Dans leur rapport, les inspecteurs notent en préambule que « l’encadrement réglementaire des vacances adaptées organisées (VAO) ne concerne les questions de sécurité incendie qu’à la marge. (…) L’instruction du 10 juillet 2015 relative à l’organisation de ces séjours n’évoque ces questions que sur une seule des 104 pages que compte le texte. Ces éléments se révèlent peu précis et peu opérationnels. »
En conséquence, « l’agrément des opérateurs de VAO, donné pour cinq ans par le préfet de la région, se concentre sur les conditions d’organisation et de fonctionnement des structures, sans s’attacher au déroulement des séjours, qui peut varier d’une année à l’autre. Les questions de sécurité incendie n’ont pas été étudiées lors de l’agrément des deux opérateurs (l’association Idoine et la société Oxygène, NDLR) par les services de l’Etat en Bourgogne-Franche-Comté et en Auvergne-Rhône-Alpes. »
Oxygène ne disposait que d’un agrément temporaire pour opérer ce séjour, et avait organisé deux séjours sans agrément dans les Ardennes et le Pas-de-Calais entre le 24 avril et le 8 juillet 2023, comme l’a révélé Rue89 Strasbourg à la suite du drame. Ce défaut d’agrément a été signalé au procureur de la République des Ardennes. Mais, notent les inspecteurs de l’Igas, l’agrément provisoire valable pour Wintzenheim « n’a eu aucun impact sur la question de la mise en sécurité des locaux, qui n’est pas prise en compte dans la procédure d’agrément ».
Par ailleurs, « les services de l’Etat en région Auvergne-Rhône-Alpes ont décidé de ne pas renouveler l’agrément de la SAS Oxygène à compter du 1er septembre, en avançant des motifs indépendants des circonstances de l’incendie ». Ces motifs, poursuit le rapport, « tenant à la prise en charge des vacanciers handicapés et à la transparence de l’opérateur, conduisent les services de l’Etat à mener une réflexion sur les autorisations délivrées aux autres sociétés du groupe Vadev, holding de rattachement de la SAS Oxygène, dont le fonctionnement est très intégré. »
Défaut d’agrément des locaux
Concernant le gîte La petite Alsace, au rez-de-chaussée, et le gîte La petite Venise, au premier étage, les inspecteurs de l’Igas notent que la commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité (CCDSA) « n’est jamais passée pour vérifier la situation de ces gîtes », une visite pourtant obligatoire pour accueillir du public. Une question sur le passage de la CCDSA posée par l’association Idoine à la propriétaire du gîte est restée sans réponse et sans suite… Les inspecteurs, qui ont même trouvé un troisième gîte absent des registres d’autorisation à la même adresse, Le petit Colmar, alertent sur une chaîne de responsabilités peu claire entre les services de l’État dans leur rapport :
« La législation sur la sécurité incendie est un domaine technique qui ne relève pas du champ de spécialité des opérateurs de VAO, ni des services d’une Direction départementale de protection des populations. En outre, le champ des contrôles devant être effectués par les administrations sociales est lui-même ambigu, et son encadrement par l’instruction de 2015 est limité et imprécis. Enfin, les moyens consacrés par les services de l’Etat à ces contrôles sont très limités, et en diminution. »
Les inspecteurs formulent une suite de recommandations afin de sécuriser le chemin des informations de sécurité et d’assurer les contrôles. Ces recommandations seront « toutes reprises dans une circulaire qui sera publiée prochainement à destination de toutes les préfectures », assure-t-on au ministère chargée des personnes handicapées qui précise : « tous les agréments de toutes les structures organisant des VAO seront revus et vérifiés avant les vacances de la Toussaint ».
Pour contrer l’image d’un service public dégradé, la direction des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) se dédouble et met en avant ses « projets d’avenir ».
Titrée « Un tandem médico-administratif renforcé : une stratégie hospitalière d’avenir », la rencontre devait surtout présenter cette direction bicéphale en place depuis le mois de juillet, après le départ de Michaël Gally, nommé préfet de la Nièvre. Céline Dugast, aux HUS depuis 2016 est directrice générale par intérim et dirige les hôpitaux strasbourgeois avec le professeur Emmanuel Andrès, président de la Commission médicale d’établissement (CME). Accompagnés de Frédéric Charles, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) pour le Bas-Rhin, les co-directeurs voulaient être positifs, donner une image d’espoir et de bonne entente entre soignants, direction administrative et État.
« Nos urgences n’ont pas fermé un seul jour cet été ! »
Pas facile pourtant de faire passer ce message, tellement il semble déconnecté de la réalité vécue par les soignants et des nombreux reportages et articles parus dans la presse locale depuis plusieurs mois. Après avoir vanté ses efforts pour « une meilleure lisibilité des parcours pour les patients » ou « la modernisation d’accès aux soins » et la mise en avant des « pôles d’excellence des HUS » et de « la proximité avec les patients », la nouvelle direction assure disposer « d’un dialogue fréquent avec les partenaires sociaux » quand la question du manque de personnel est évoquée.
Céline Dugast explique également que plusieurs dispositifs ont été mis en place, comme une maison médicale de garde au Nouvel hôpital civil (NHC) ainsi qu’un « bed manager » (un gestionnaire de lits) dont la mission est de « faciliter le parcours du patient ». Autrement dit : trouver un lit dans un service de l’hôpital pour tous les patients des urgences qui n’ont plus besoin d’une attention constante. Un travail actuellement fait, au quotidien, par les soignants des urgences eux-mêmes qui voient en moyenne passer 191 patients chaque jour.
Même réponse ou presque du côté de l’ARS. Frédéric Charles, délégué territorial pour le Bas-Rhin, reconnaît « une tension qui s’exprime aux urgences », mais assure, presque fier : « Le Bas-Rhin n’a jamais fermé un service d’urgences cet été ! » Pourtant, le 24 août, les urgentistes du NHC eux, ont bien parlé de fermeture temporaire. Frédéric Charles explique que les urgences « sont plus complexes que cela et que l’on fait bouger les lignes du secteur de la santé sur la médecine libérale et sur le parcours hospitalier. » Comprendre : « Il faut se réorganiser ». L’ARS comme les HUS vantent notamment le futur Service d’accès aux Soins (SAS), « prochainement mis en place », qui devrait permettre, selon la direction et l’Agence de santé, « de réguler davantage l’arrivée des patients aux urgences ». Un point de vue totalement contredit pourtant par les agents régulateurs du Samu 67 qui craignent au contraire une surcharge de travail et davantage d’appels à gérer.
Pourtant, les soignants le dénoncent depuis des années : des lits ferment aux HUS. Et Rue89 Strasbourg l’avait démontré en révélant le contenu du Contrat d’avenir en 2022. Ce contrat signé entre l’ARS et les HUS oblige notamment les Hôpitaux universitaires de Strasbourg à augmenter leur activité, tout en fermant des lits et en réduisant le nombre de postes.
« Le vrai problème, c’est le recrutement »
S’il y avait un seul souci reconnu par la direction des HUS, ce serait le recrutement. Là-dessus, tout le monde semble s’accorder. « Il nous manque 70 infirmiers, même si nous en avons déjà recruté 140 en cette rentrée, » tente de positiver Céline Dugast.
Les HUS organisent pourtant des portes ouvertes, des stages, des immersions, un recrutement à la sortie des écoles d’infirmières… Mais rien n’y fait. « Il y a une vraie crise de vocation » analyse une praticienne hospitalière en gériatrie, Delphine Gallo-Imperiale. Envie de changer de métier ? Pas de souci, répond Céline Dugast, qui parle volontiers « d’accompagner des trajectoires individualisées » des 11 380 professionnels des HUS, premier employeur de la région Grand Est.
À l’issue de sa présentation, Céline Dugast conclut en admettant timidement, que non, « on ne peut pas faire de miracle » et qu’elle n’a « pas toutes les réponses mais nous voulons les construire. » Autre message partagé par l’ARS, une reconnaissance envers les soignants : « Je tiens à leur dire merci » a glissé à plusieurs reprises le délégué territorial de l’ARS, et « on sait que c’est difficile », confie Céline Dugast. « On tente de les accompagner au mieux ».
Lors d’une réunion publique jeudi 21 septembre, les députés Nupes Emmanuel Fernandes (LFI) et Sandra Regol (EE-LV) ont invité des scientifiques pour muscler la mobilisation politique contre les pollutions de l’eau potable en Alsace. Mais il faudra plus qu’une réunion pour dépasser la résignation du grand public…
Pour leur sixième « réunion publique », les députés Nupes Emmanuel Fernandes (La France insoumise – LFI) et Sandra Regol (Europe Écologie – Les Verts – EE-LV), ont choisi d’évoquer les menaces qui pèsent sur l’eau potable en Alsace. Avec les polluants éternels de l’industrie chimique, les métabolites de pesticides de l’industrie agro-alimentaire et les déchets de Stocamine, les Alsaciens ont de bonnes raisons d’être inquiets mais une trentaine de personnes seulement ont fait le déplacement jusqu’à la Maison des projets de Koenigshoffen, jeudi 21 septembre.
Dès 19h30, les participants arrivent au compte goutte, trempés par l’averse qui vient de se déverser sur Strasbourg. « C’est très à propos », plaisantent plusieurs d’entre eux.
Ambiance studieuse
Pour expliquer ces sujets techniques, plusieurs scientifiques ont répondu présents. Guillaume Barjot, hydrologue, entame la soirée pour expliquer les conflits d’usages de l’eau alors que celle-ci devient denrée rare. Il revient sur le cycle de l’eau et la nécessité de penser sa distribution globalement, en utilisant l’exemple des méga-bassines. « Mes enfants disent que je suis docteur de l’eau. » L’audience semble conquise et attentive, des chaises sont ajoutées au fond de la salle pour installer les retardataires.
À ses côtés, Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, poursuit en présentant les combats juridiques menés par l’association environnementaliste – dans le dossier Stocamine et contre le contournement de Châtenois notamment – et précise leur philosophie :
« L’idée est celle du pollueur-payeur. Pour le moment ce sont les collectivités qui financent les conséquences des pollutions, donc les habitants. Nous avons besoin de courage politique. »
« Cette loi favorise le recours a des opérateurs privés pour la distribution de l’eau par les intercommunalités plutôt que de gérer cette compétence en régie publique. Nous proposons de sortir de cette situation et d’inscrire dans la Constitution que l’eau est un bien commun. »
Annonces politiques et informations scientifiques
La lumière de la salle au parquet sombre ne cesse de clignoter. L’ambiance se fait plus solennelle alors que la seconde partie de la soirée, centrée sur les pollutions de l’eau l’industrie via les composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), autrement appelés « polluants éternels », commence. Pour introduire le sujet, Sandra Regol annonce qu’elle financera dix tests pour que des Strasbourgeois fassent détecter la présence de ces polluants dans leurs cheveux. « Nous sommes plusieurs à l’Assemblée à avoir fait le test et nous avons tous des polluants éternels en nous », poursuit-elle.
Les députés ne manquent pas l’occasion de qualifier le plan d’action du gouvernement d’Emmanuel Macron de « timide ». Emmanuel Fernandes, qui considère la situation « triste et dommage », poursuit :
« Le gouvernement a tendance à renvoyer la balle à l’Europe. Souvent, quand on fait ça, c’est qu’on ne veut rien faire. »
Transition toute trouvée pour l’exposé de Stéphane Vuilleumier, microbiologiste à l’Université de Strasbourg. Il explique vouloir éviter le « débat d’experts » autour des fameux composés et s’aide de graphiques, cartes et diagrammes projetés derrière les députés sagement assis sur leur canapé gris. Des outils pédagogiques largement photographiés par ses auditeurs aux yeux plissés, concentrés sur les explications du chercheur, « Il est encore temps d’agir. Les études sont scientifiques, mais les décisions pour le futur sont toujours politiques », conclut-il.
Un public encarté
C’est le moment que choisit Danielle, 73 ans, pour s’éclipser. « J’avoue que je n’ai pas tout compris mais c’était fort intéressant et bien expliqué, c’était précis », s’exclame-t-elle. C’est la première fois qu’elle assiste à une réunion publique de ce type et en sort un peu fatiguée. « Je suis venue car j’habite Koenigshoffen et surtout parce que je suis écolo », concède-t-elle.
Danielle vote vert à toutes les élections et s’inquiète de l’avenir de son jardin, quand l’eau viendra à manquer : « C’est pour ça que je me suis encartée chez EE-LV lorsque ma petite fille est née, il y a 19 ans ».
Le troisième temps de la soirée est dédié à Stocamine, dont le confinement définitif vient d’être décidé par le gouvernement, piégeant pour l’éternité des milliers de tonnes de déchets toxiques sous la nappe phréatique (voir notre dossier). Au micro, Stéphane Giraud d’Alsace Nature détaille les recours engagés par l’association contre les arrêtés de l’État, et les plaintes déposées. La conseillère régionale Cécile Germain (Les Écologistes) et deux militants d’Extinction Rebellion (XR) appellent à manifester à Wittelsheim samedi 23 septembre.
En quelques minutes, l’élue régionale dresse l’historique du combat politico-judiciaire contre l’enfouissement définitif avant de bifurquer, une fois encore, sur la mauvaise gestion du dossier par les gouvernements successifs depuis plus de 20 ans. Ciblés également, la réaction du président de la Collectivité d’Alsace, Frédéric Bierry, à l’annonce ministérielle de l’enfouissement définitif et le « défaut d’information du public » sur la possibilité de sortir les déchets ultimes de la mine.
De l’information à l’organisation
La réunion publique se transforme d’un cours magistral en réflexion collective sur les actions à mener contre l’enfouissement des déchets ultimes à Stocamine. Pour certains, la solution passe par l’Assemblée nationale. Pour d’autres, elle passe par la Cour européenne des droits de l’Homme. Sandra Regol distribue la parole aux militants réveillés par le débat. Une invitation à voter EE-LV aux prochaines élections européennes est lancée puis le débat repart : « Seules les gauches se sont mobilisées sur le sujet », insiste Cécile Germain devant un public peu susceptible de la contredire.
« Peut-être pouvons-nous poursuivre de façon informelle ? » Après deux heures, la proposition de Sandra Regol fait l’unanimité. Dans le public, la majorité des personnes encore présentes sont militantes écologistes ou sympathisants politiques.
« C’est important de décloisonner les choses »
De son côté, Stéphane Vuilleumier, le microbiologiste, semble satisfait des échanges du soir :
« C’est important de décloisonner les choses. Il faut que les scientifiques arrêtent de chercher à rester neutres dans le débat public. On peut faire de la bonne science tout en ayant un avis. Être ici n’est pas un acte militant, mais une volonté d’action. Mon but n’est pas d’utiliser la science comme un pouvoir, les chercheurs sont aussi des citoyens qui peuvent partager leur savoir. »
Un peu plus loin dans la salle, Marika, 68 ans, discute avec Thomas et Élodie. Elle est venue d’Illkirch-Graffenstaden à vélo après avoir entendu Emmanuel Fernandes annoncer la rencontre publique dans une émission radio le matin même : « J’en savais déjà beaucoup sur les PFAS. Mais j’ai quand même appris des choses. » Depuis l’hiver 2022, Marika est sympathisante de Strasbourg Écologie et Citoyenne.
À ses côtés, les deux membres des Jeunes écologistes d’Alsace semblent fiers de leurs nouvelles informations. Élodie, 21 ans, fait le tour des notes prises sur son téléphone :
« Je gère le compte Instagram du mouvement et parfois je ne sais pas quoi répondre aux gens qui sont pour l’enfouissement des déchets à Stocamine. Maintenant, j’ai plein d’arguments. »
Il est presque 23 heures et la salle de Koenigshoffen se vide progressivement. Les députés saluent les dernières personnes présentes, les mains se serrent et les chaises sont sagement empilées dans un coin. Mais si les arguments scientifiques ont bien atteint les militants politiques, il reste encore du chemin avant qu’ils n’atteignent le reste de la population…
[Information Rue89 Strasbourg] Fin août, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a présenté à des élus alsaciens son plan en cas de contamination de la nappe phréatique par les 42 000 tonnes de déchets toxiques de Stocamine.
Lors d’une réunion dédiée à Stocamine mardi 19 septembre, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a exposé à plusieurs élus alsaciens son plan de prévention des risques de contamination de la nappe phréatique. Rue89 Strasbourg s’est procuré une . . .
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Une dizaine d’associations interpellent ensemble la municipalité strasbourgeoise et l’Eurométropole, pour proposer une limitation de vitesse à 30 km/h généralisée, sur l’ensemble de l’agglomération.
Alors que la majorité strasbourgeoise s’est engagée à créer une véritable ville à vivre et entend montrer l’exemple au sein de la métropole, la pollution, le bruit, le stress et les accidents générés par les véhicules motorisés circulant à 50 km/h (et plus…) continuent à dégrader la santé des habitants, détériorer leur condition de vie et les mettre en danger. Parce que la sécurité et le bien-être des habitants doivent être une priorité dans une ville durable, nous sommes 15 associations ou collectifs locaux à demander à ce que la vitesse de circulation soit limitée à 30 km/h partout dans Strasbourg et dans les autres communes de l’EMS.
Réduire la vitesse à 30 km/h, c’est sauver des vies
Lors d’une collision à 50 km/h, les chances de survie des usagers vulnérables que sont les piétons et les cyclistes sont proches du néant. Plus la vitesse de circulation est réduite, plus l’angle de visibilité des usagers est accru, ce qui améliore la visibilité de tous les usagers dans les intersections. Circuler à 30 km/h maximum permet de réduire considérablement le temps de réaction des automobilistes et les risques d’accidents graves et mortels. Le risque d’être tué est multiplié par 6 à 50 km/h par rapport à une vitesse au choc de 30 km/h.
Vitesse limitée = un engagement fort pour la santé
Limiter la vitesse à 30 km/h maximum rend inutiles les fortes accélérations pour atteindre 50 km/h puis aller freiner quelques centaines de mètres plus loin pour patienter au feu rouge. Une vitesse de pointe plus basse, adaptée à l’environnement urbain, réduit considérablement les pics de bruit, l’émission de polluants, mais aussi le stress des cyclistes et des piétons associé à des conduites excitées/compulsives. En réduisant ainsi la pollution sonore et atmosphérique, en promouvant une conduite apaisée des véhicules, la ville à 30 constitue un pas concret vers une ville plus vivable, respirable et conviviale. Cela s’impose de bon sens, y compris sur les grands axes (avenue du Rhin, avenue des Vosges, route d’Altenheim …). La santé des gens qui y vivent est tout aussi importante que celle de ceux qui ont les moyens de vivre dans des rues plus tranquilles.
Vitesse réduite, circulation fluidifiée
Les projets de limitation de vitesse à 30 km/h font souvent naître une peur irraisonnée de l’augmentation de la congestion automobile. Les études montrent cependant que la réduction de la limitation de la vitesse maximale améliore la fluidité du trafic et réduit le stress des conducteurs, des cyclistes et des piétons. En pratique, les vitesses moyennes (observées sérieusement) restent sensiblement les mêmes (aux alentours des 20km/h) et les temps de trajets ne s’allongent pas pour l’automobiliste. Dans les faits les seules choses qui baissent, sont le stress lié à la conduite de sa voiture et sa consommation de carburant fossile. Cette harmonisation de la limitation de vitesse permettra également de faciliter la tâche des conducteurs en créant une situation claire et cohérente. En effet, les zones 30 et rues limitées à 30 existantes aujourd’hui sont dispersées façon confettis sur la carte de Strasbourg et des communes de l’EMS, ce qui ne favorise pas le respect de ces aménagements. La simplification permettra un meilleur respect de la part des automobilistes et accompagnera la diminution des pointes de vitesse mortifères.
La ville à 30, étape essentielle sur le chemin de la ville à vivre
La réduction de la limitation de vitesse maximale à 30 km/h favorise l’apaisement de nos rues et commence à rendre envisageable la récupération d’espaces de vie et de rencontres. Mais prise isolément, elle ne suffira pas à rendre nos rues et nos espaces communs à nouveau désirables et conviviaux. Il faudra, bien évidemment, prendre des mesures d’aménagements et de contrôle pour la faire respecter, mais aussi voir plus loin. Cette mesure clé doit être mise en œuvre comme la première brique d’un processus profond de réflexion et de réinvention de notre espace public, de notre manière d’y vivre ensemble et de nous y sentir en sécurité.
Les signataires, par ordre alphabétique : A’Cro du vélo, Bretz’selle, Crocollectif, Greenpeace, Koenigsauvert, Ligue contre la violence routière, Piétons 67, Association Ré_inventons l’avenue du Rhin, La Schilyclette, The Shifter, Le stick, Strasbourg à vélo (auteur), Strasbourg Respire, Vélorution Strasbourg, Vosges Neustadt.
A’Cro du vélo, Bretz’selle, Crocollectif, Greenpeace, Koenigsauvert, Ligue contre la violence routière, Piétons 67, Association Ré_inventons l’avenue du Rhin, La Schilyclette, The Shifter, Le stick, Strasbourg à vélo (auteur), Strasbourg Respire, Vélorution Strasbourg, Vosges Neustadt.
Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg, fait partie des signataires d’une tribune dans Le Monde appelant à la mise en place d’une « allocation d’études pour tous les étudiants ».
Dans Le Monde du 19 septembre, Michel Deneken a co-signé avec treize autres présidents d’universités une tribune en faveur d’une « allocation d’études pour tous les étudiants ». Les présidents appellent à refondre le système des bourses, qui ne concernent qu’environ 750 000 étudiants (dont un tiers à l’échelon 0, soit environ 1 000 euros par an), par la mise en place d’une rémunération inconditionnelle.
Michel Deneken et ses co-signataires rappellent que selon l’Observatoire de la vie étudiante, 27,1% des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. Une situation qui, dit-il, interroge « sur la responsabilité de la société vis-à-vis de la jeunesse ».
« Réduire les inégalités socio-économiques »
Selon le texte, l’allocation viserait à « juguler la pauvreté étudiante et permettre l’accès à l’enseignement supérieur au plus grand nombre, en réduisant les inégalités socio-économiques des étudiants ». Fondée sur l’idée de contrat, « elle pourrait évoluer au fil de la progression dans un cursus, par exemple lors des périodes de stage ». Les quatorze présidents signataires arguent en outre qu’une telle allocation libérerait du temps pour les étudiants, ce qui pourrait favoriser leur engagement dans des milieux associatifs, des mobilités internationales et des stages plus ciblés. Un étudiant sur quatre est contraint de travailler pour financer ses études.
Ce n’est pas la première fois que cette idée est portée dans le débat public. Les présidents d’universités rappellent que « dans une tribune publiée dans Le Monde du 25 mars 2022, l’économiste Philippe Aghion proposait d’offrir à chaque jeune un revenu universel de formation qu’il voit comme « un co-investissement de chaque jeune et de l’Etat dans la formation et le capital humain, avec une exigence de résultat permanente ». Michel Deneken et ses co-signataires indiquent qu’au Danemark, tout étudiant qui quitte le foyer familial reçoit un revenu mensuel d’environ 800 euros.
Si cette tribune a semble-t-il été bien accueillie dans les milieux universitaires, elle n’a cependant guère rencontré d’écho dans le milieu politique, se désole Michel Deneken dans une interview des DNA où il développe ses arguments.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Jeudi 30 mars, les gendarmes ont auditionné l’ancienne préfète de la Corse-du-Sud, Josiane Chevalier, en tant que témoin dans le cadre d’une enquête sur le clan criminel corse du Petit Bar.
Une préfète dans les petits papiers d’une proche d’un chef de gang mafieux. Cette découverte inattendue, révélée par L’Obs jeudi 20 septembre, a éveillé les soupçons des juges d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) sur la criminalité organisée de Marseille. Les magistrats tentaient de comprendre comment certains membres de la bande criminelle corse du Petit Bar ont réussi à échapper à un important coup de filet en septembre 2020. Dans le carnet de contacts de deux proches du gang ajaccien, les magistrats ont trouvé les coordonnées de deux anciens préfets de Corse-du-Sud : Patrick Strzoda, haut fonctionnaire et directeur de cabinet d’Emmanuel Macron depuis mai 2017, et Josiane Chevalier, actuelle préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin.
L’amitié de Josiane Chevalier avec la belle-mère d’un chef de gang
« C’est le chef du clan, il répartit les fonds, il se comporte comme un manager, il donne des instructions, recadre les gens, fixe et rappelle les règles, il sanctionne les contrevenants et il gère les détentions et les sorties des membres de son clan. »
Les gendarmes ont donc auditionné, en tant que témoin, la préfète du Bas-Rhin le jeudi 30 mars 2023. Josiane Chevalier a admis avoir rencontré Marie-Ange Susini quand cette dernière était directrice régionale au droit des femmes à la préfecture. Entre elles, une relation amicale est née.
Mais l’actuelle préfète du Grand Est le jure : elle ne connaissait pas l’identité du gendre de Marie-Ange Susini. Elle aurait découvert le lien de son amie avec un chef de gang mafieux à la fin de son mandat en Corse, quand les « affaires ont été rendues publiques », comme le cite le journal L’Obs, qui précise : « Jacques Santoni était pourtant poursuivi dans des dossiers d’extorsion et d’assassinat quand la fonctionnaire est arrivée en Corse. »
La préfète dément toute intervention
L’ex-préfète de Corse-du-Sud a aussi répondu aux enquêteurs sur un échange entre elle et son amie Marie-Ange Susini en octobre 2020. La prise de contact fait suite à une série d’interpellations des membres de la bande du Petit Bar. Josiane Chevalier aurait-elle été sollicitée pour un service ou une information ? Auprès des gendarmes, la préfète du Bas-Rhin dément et évoque une simple demande de soutien moral. Contactée par L’Obs, Josiane Chevalier n’a pas donné suite.
Toujours selon L’Obs, l’enquête judiciaire sur le système de blanchiment mis en place par le groupe du Petit Bar se termine. Une vingtaine de notables locaux, chefs d’entreprise et autres commerçants, ont été mis en examen. Un lieutenant présumé du clan, Pascal Porri, a été arrêté en septembre 2021 et reste en détention. Jacques Santoni a été remis en liberté pour des raisons de santé et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs incarcérations.
Du 26 septembre au 1er octobre, le festival Opération Quartiers Populaires (OQP) revient pour une 8ème édition. Il mêlera spectacles de danse, rap et humour, à l’espace culturel Le Point d’Eau à Ostwald.
« Nous sommes les enfants des artistes qui n’ont jamais fermé leur gueule. Nous sommes les impertinents qui sont dans la construction. » Yan Gilg, directeur artistique de la Fabrique Artistique Culturelle et Citoyenne (FACC) – anciennement la compagnie Mémoires Vives – clôture la présentation de l’OQP par ces mots.
Tout au long de la conférence de presse, il répète le credo de l’événement : mettre en lumière les femmes et les jeunes issus de milieux précaires, à travers une série de spectacles de danse, de chant ou de rap. Le festival, se tiendra du 26 septembre au 1er octobre au Point d’Eau à Ostwald.
La Rage de Dire édition 2023 : réincarner par le rap des musiques françaises
La Rage de Dire est un projet né en même temps que la FACC, en 2021. Vendredi 29 septembre à 20h, huit rappeurs et rappeuses réinterpréteront des chansons françaises emblématiques lors du spectacle « De Brel à nous, l’hommage du rap à la chanson française ». Yan Gilg explique qu’il y avait « une impertinence dans ces chansons, un côté contestataire que la rap a repris. On y trouve des parcours migratoires similaires. »
Hugo Roth Raza, artiste associé de la FACC et directeur artistique délégué sur La Rage de Dire, se réjouit des premières répétitions : « Les jeunes viennent de tous les horizons, il y en a qui étaient complètement étrangers à la chanson française. Des trucs très étonnants s’en sont dégagés. »
Ce concept tisse le fil rouge du festival et plus généralement de la FACC qui souhaite mettre en place des espaces pour laisser ces jeunes s’exprimer. Yan Gilg appuie cette volonté :
« C’est des jeunesses bouillonnantes, qui ont parfois des manques de repères, mais elles ont créé des cultures urbaines reconnues mondialement. Il faut les valoriser, ces jeunes qui viennent avec de nouvelles propositions. »
Une carte blanche au féminin
Le festival s’ouvrira sur la pièce chorégraphique Royaume, le mardi à 19h30 au Point d’Eau. Le chorégraphe et metteur en scène Hamid Ben Mahi y mettra en lumière des expériences de femmes face à la brutalité du système patriarcal.
En prime, une carte blanche au féminin sera organisée le samedi 30 septembre à partir de 19h30. Trois spectacles poétiques des compagnies de danse Racines en mouvement et Mira se succéderont au Point d’Eau. La directrice artistique et chorégraphique, Yvonnette Vela Lopez, s’exprime sur son spectacle « Sois belle et t’es toi », né d’une réflexion philosophique et politique :
« On retient des récits de femmes et on essaie de les mettre en scène. On veut s’adresser à toutes les femmes, de toutes les générations. On a vu comment faire un travail de poésie, hypnotique. Ce n’est pas une scène figée et elle ne doit pas l’être : l’objectif est de mettre en lumière plus de femmes, de tous les âges. »
Un « clin d’œil spécial au foot féminin » permettra aussi à des jeunes filles de 11 à 16 ans de se retrouver lors d’un tournoi de street soccer au stade de football de l’Elsau mercredi 27 septembre à 14h.
Danser pour (s’)exprimer
Cette volonté de casser les barrières sociales et de faire vivre la passion des jeunes, c’est l’objectif que se donne Lokos, danseur et entraîneur du FACCrew et organisateur de la battle Olympic Cup, une compétition de breakdance :
« C’est une mise en valeur de la nouvelle génération. J’en suis fier car on est partis de rien. C’est la FACC qui a permis cela, avec les travail des intervenants. On est partis avec des jeunes qui avaient très peu de niveau et cette formation autour du breakdance leur a permis de devenir reconnus. »
La battle Olympic Cup clôturera le festival OQP le dimanche 1er octobre où des danseurs s’affronteront sur les sons d’un DJ à partir de 15h. Le tarif sera à prix libre.
Côté humour, le duo Spotlight composé de Jenny Letellier et Hugo Roth Raza présentera la rencontre entre un comédien et une femme de ménage jeudi 28 septembre à 20h. Il y aura également du stand-up.
Cependant, la soirée documentaire et débat initialement prévue le 27 septembre est annulée. Les organisateurs du festival ne présenteront pas les documentaires réalisés à chaud lors des émeutes de juin dernier en raison du contexte politique actuel, jugé « trop tendu » par ces derniers.
Suite à l’appel de Solidaires Étudiant-e-s Strasbourg, une trentaine de personnes se sont rassemblées mercredi 20 septembre pour dénoncer la « politique de précarisation » du Crous. Elle impacterait, selon les organisateurs, surtout les étudiants étrangers.
Des membres de Solidaires Étudiant-e-s Strasbourg et d’Alternative Étudiante Strasbourg (AES) se sont rassemblés mercredi 20 septembre devant le restaurant universitaire Gallia pour dénoncer les politiques du Crous jugées injustes.
Le témoignage de Ken, originaire du Congo, est venu illustrer la précarité des étudiants étrangers. Menacé d’expulsion de sa résidence Paul Appell par le Crous, il entame sa dernière année de master de droit à l’Université de Strasbourg.
Le combat de Ken pour garder son logement Crous
Il y a cinq ans, Ken a quitté le Congo, son pays natal, pour venir faire ses études de droit en France. Depuis 2021, il réside à la cité universitaire Paul Appell à Strasbourg. En juillet 2023, il a reçu un message du Crous, lui annonçant qu’il devra quitter les lieux avant le 31 août.
Raison de cette expulsion, selon le centre régional des œuvres universitaires et scolaires : des problèmes de titre de séjour et quelques impayés. Ken est dans une situation précaire et a de nouveaux garants depuis le décès de sa mère, en juillet 2021.
Grâce à l’aide de Solidaires Étudiant-e-s Strasbourg, il est parvenu à avoir un sursis de la part du Crous. Il peut rester dans sa chambre jusqu’au 30 septembre, en attendant de trouver un autre logement.
Ken insiste sur l’impact psychologiques de ce combat quotidien :
« Quand on vient en France, on se dit que les droits sont respectés. Mais quand on arrive, on voit que c’est autre chose. Ce que la France m’a pris, personne ne peut me le rembourser. »
Le prochain enjeu pour le jeune étudiant est de parvenir à garder son logement pour cette année scolaire, alors qu’il vient tout juste d’entamer sa dernière année d’études de droit.
« Un réel choix politique de précarisation »
« Le Crous ne remplit plus sa fonction de service public pour les étudiants », lance au mégaphone l’un des manifestants. Plusieurs membres de Solidaires Etudiant-e-s Strasbourg prennent la parole et partagent le constat : cette rentrée, la situation des étudiants est encore plus précaire qu’en 2022. Ils interpellent sur le manque de logements proposés par le Crous à Strasbourg. Rayan, membre de l’AES, rappelle les chiffres à Strasbourg : moins de 5000 logements étudiants Crous disponibles, contre plus de 10 000 demandes étudiantes.
Les associations dénoncent aussi le plan « Bienvenue en France ». Il oblige les étudiants extra-européens rentrant en master ou en doctorat à payer plus de 3 000 euros de frais de scolarité – contre 243 euros pour un européen. Solidarité-e-s et AES souhaitent l’abrogation de ce plan national, insistant sur « ses politiques de rentabilité racistes » et sur la nécessité de « construire une solidarité entre les étudiants ».
Concernant les exceptions faites par rapport aux étudiants étrangers, Rayan ajoute :
« On lutte contre la précarité au niveau du logement, alimentaire et menstruel. On exige un repas à 1€ pour toutes et tous. On a toujours des exceptions qui sont faites avec les étudiants, mais on veut le droit universel. Un repas à 1€, un logement pour tous et toutes et il faut arrêter de précariser les étudiants qui doivent se loger dans un logement privé. Au niveau du logement, la situation est très tendue à Strasbourg, notamment au Crous. «