La police nationale a évacué un bâtiment du squat Sarlat au Neuhof dans la matinée du vendredi 20 octobre. Environ 150 personnes sans-abri vivent dans ces immeubles en instance de démolition depuis avril 2023.
Depuis avril, des personnes sans hébergement à Strasbourg ont investi des immeubles en attente de démolition situés dans le quartier du Neuhof. Ils occupent des appartements situés au 8, 10, 12, 14, 20, 22, 24 et 26 rue de Sarlat. Selon un comptage des associations de solidarité mi-octobre, environ 150 sans-abris vivraient entre ces murs.
Vendredi 20 octobre vers 6h, la police nationale a procédé à l’évacuation d’un des bâtiments du squat. À 9h, des ouvriers étaient en train de murer les entrées des numéros 12 et 14 de la rue de Sarlat et l’évacuation était toujours en cours. Sur place, Nicolas Fuchs, coordinateur régional de Médecins du Monde, était tenu à l’écart du lieu de l’évacuation et ne pouvait parler qu’aux personnes qui l’ont quitté avant l’arrivée des forces de l’ordre.
Selon un communiqué de préfecture diffusé vendredi 20 octobre à 17h30, 23 personnes ont été évacuées. Parmi elles, 18 ont été « prises en charge » se répartissant ainsi :
4 personnes ont été orientées vers des hébergements d’urgence,
8 demandeurs d’asile ont été orientés vers des hébergements dédiés,
2 personnes ont été orientées vers un centre de préparation d’aide au retour,
4 personnes ont été auditionnées au service de la police aux frontières.
Gymnase et « centre d’aide au retour » pour les sans-abris
Habitation Moderne, propriétaire des lieux, est une structure de la Ville de Strasbourg. Dès avril, le bailleur social a engagé les démarches légales pour obtenir l’expulsion des squatteurs. Les bâtiments concernés doivent être détruits et remplacés dans le cadre d’un programme de renouvellement urbain (NPRU). Début juillet, le tribunal judiciaire de Strasbourg avait prononcé l’expulsion sans délai de ces bâtiments « au besoin avec le concours de la force publique ».
La préfecture a emmené les sans-abris en bus au gymnase du Conseil des XV pour « évaluer » leurs situations administratives et « permettre une prise en charge adaptée ». La majorité des occupants du squat Sarlat sont d’origine géorgienne. Concrètement, certains risquent d’être acheminés dans des « centres d’aide au retour » et incités à retourner dans leurs pays d’origine.
Selon le communiqué de la préfecture, quatre personnes ont été orientées vers des hébergements d’urgence, huit vers des hébergements pour demandeurs d’asile, deux vers un centre de préparation d’aide au retour et quatre sont auditionnées par un service de la police aux frontières.
« On aimerait pouvoir les prévenir plus en avance »
Face à l’imminence de cette évacuation, des habitants du squat Sarlat ont publié un communiqué jeudi 19 octobre, dans lequel ils revendiquaient que tous les occupants soient relogés « sans distinction de situation administrative » :
« Qu’allons nous faire le jour où nous serons expulsés ? Quelles solutions alternatives à un lieu de vie précaire aurons-nous, sachant que les solutions d’hébergement d’urgence sont saturées et que les seules solutions proposées ne seront que temporaires avant une retour vers la rue, les squats et l’errance. »
Vendredi matin, Nicolas Fuchs déplorait le manque d’anticipation des pouvoirs publics :
« On aurait aimé pouvoir prévenir les habitants plus en avance. On aimerait que les personnes soient au courant du projet d’expulsion, qu’elles aient le temps de se préparer. Car ce matin, on ne savait pas quel immeuble serait concerné par l’évacuation, c’est énormément de stress pour les familles. Et l’information pourrait venir de la Ville. »
Dans son communiqué, la préfecture conclue qu’elle « poursuivra son action déterminée contre ces occupations illicites ».
Depuis deux ans, Claire s’investit pour la création d’un dispositif d’emplois pour chômeurs et bénéficiaires du RSA, « Territoires zéro chômeur de longue durée » à Strasbourg. Avec son parcours professionnel abimé, le projet lui semblait salutaire. Mais la Collectivité d’Alsace n’a pas souhaité expérimenter ce projet du gouvernement dans la région.
Quinze fois, elle s’est excusée. Navrée pour le désordre, pour sa timidité devant l’objectif, pour son manque de disponibilités aussi. Entre son bénévolat à l’association Amsed, sa participation à une chorale du Port du Rhin, une formation à l’Esplanade et sa présence au conseil de quartier, la journée de Claire Illari paraît interminable.
Envers et contre toutes ses obligations, la quadragénaire trouve quelques heures pour un café et une discussion. Sa timidité se dissipe comme le sucre dans l’eau chaude. Sourire permanent aux lèvres, elle relance, provoque les questions, paraît à l’aise dans l’exercice. « J’ai l’habitude de parler de Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), vous n’êtes pas le premier journaliste », lance-t-elle d’un air bravache, en tendant un exemplaire du journal du quartier, PDR. À l’intérieur de ces pages, elle plaidait passionnément en faveur de cette expérimentation, qui visait à mettre en relation des entreprises avec des personnes éloignées de l’emploi.
Via ce dispositif, ces derniers se seraient vus proposer des emplois « non concurrentiels » en CDI, c’est à dire des postes spécialement conçus pour leurs profils. Mais voilà : un an plus tard, la mort du projet est actée. Faute d’un accord de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), le dispositif était figé dans une impasse. En dépit des espoirs déçus, l’enthousiasme de Claire reste intact.
Confiance en miettes
Pour ceux dénués de confiance en eux, avec des parcours sinueux, se « vendre » sur le marché du travail relève du miracle. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Claire a toujours douté d’elle-même. Fille d’une mère professeure, parfois cassante, elle quitte la Lorraine pour faire son lycée à Strasbourg, où elle obtiendra un BTS tourisme. En 2005, elle décroche son premier CDI dans un hôtel, reconverti en centre d’hébergement.
Suite à plusieurs fautes d’inattention, elle est licenciée en 2012. « Après ça, j’essaye de rebondir », relate Claire. « J’ai voulu faire une formation à Colmar, mais je suis tombée enceinte. Mon fils avait trois mois quand j’ai essayé de reprendre la formation. J’ai finalement arrêté pour m’occuper de lui ». Au bout d’un an, elle veut reprendre mais bloque. La jeune mère se sent en décalage, inapte. Le marché du travail devient ce lieu hostile, source d’angoisse et de stress, d’où elle se sent progressivement exclue :
« Quand je passais un entretien d’embauche, je me cassais toute seule. Je ne sais pas comment mais je mettais d’abord en avant le fait que j’avais un enfant, que j’aurai besoin d’horaires adaptés, que je ne serai pas forcément prête. Les autres candidats avaient toujours l’air meilleurs que moi. »
Dans la foulée, on diagnostique à Claire un trouble du déficit de l’attention (TDAH). Déjà bien entamée, sa confiance en elle vacille un peu plus :
« D’un coup, je comprenais plein des problèmes que j’ai pu avoir dans mon poste, pourquoi je perdais parfois le fil. Dans cette période j’étais dans le doute, je ne savais plus où me diriger, si je pouvais encore travailler. »
L’espoir d’un emploi adapté
C’est dans ce contexte qu’elle entend parler de « Territoires zéro chômeur de longue durée », par l’association Drugstore au Port du Rhin. Bénéficiaire du RSA depuis plusieurs années, elle s’engage activement dans l’association qui porte le projet dès novembre 2021, alors que l’initiative démarre tout juste. Pour elle, la perspective d’un travail adapté à son profil est inespérée :
« J’étais très enthousiaste dès le début. C’est beaucoup plus facile de s’imaginer dans un contrat à temps choisi, où je peux être polyvalente. Avec le TDAH, il faut justement que je sois polyvalente, que je ne fasse pas les mêmes tâches toute la journée. »
Pendant deux ans, elle participera assidûment à des réunions de travail, toutes les deux semaines, pour préparer le dossier de l’expérimentation. « Ça m’a donné beaucoup de confiance en moi, parce qu’on était intégré, partie prenante. En fonction de ce qu’on sait faire, on reconnait nos capacités, comme le fait que je sois bilingue, étant franco-anglaise. » Si le projet était arrivé à son terme, Claire devait « travailler à des tâches administratives », ou aider à donner des cours d’anglais.
La Collectivité d’Alsace ne croit pas au projet
Alors que le projet s’affine et que sa présentation devient imminente, l’horizon s’obscurcit pour l’association. Une fois qu’un « Territoire zéro chômeur » est reconnu, les contrats qu’ils proposent sont financés par l’État à hauteur de 102% du Smic et par les Départements, pour 15% de la somme versée par l’État. Problème : la CeA présidée par Frédéric Bierry (Les Républicains) tergiverse, temporise et finalement refuse.
Interpellée en séance plénière par l’opposition, la vice-présidente en charge des Solidarités, Fatima Jenn, avait balayé l’hypothèse d’un revers de main : « On ne veut pas se disperser ! Écoutez, on est en pleine dynamique dans (notre) politique d’insertion, pourquoi aller s’aventurer encore dans des expérimentations ? »
Les raisons derrière le refus du Département sont à mille lieux de la vie et des attentes de Claire. Interrogé au cours d’un déjeuner presse, mercredi 18 octobre, Frédéric Bierry préfère parler des expérimentations « France Travail » que de « Territoires zéro chômeurs ». En tant que président de la CeA, mais aussi en tant que vice-président de l’Assemblée des départements de France, il reste opposé par principe à cette expérimentation :
« Avec TZCLD, l’État engageait les finances (du Département) sur des publics qui ne relèvent pas de nos compétences (les non bénéficiaires du RSA, NDLR). Avec les Départements qui ne s’étaient pas déjà engagés dans l’expérimentation, nous avons décidé de ne plus créer de territoires zéro chômeur tant que l’État ne change pas ces critères. J’en ai parlé à Olivier Dussopt (ministre du Travail, NDLR), c’était de l’ordre du décret, mais ils n’ont pas changé le texte. À partir de là, on est resté sur nos positions.
Malgré la déception, rester mobilisé
Au terme d’une longue période d’atermoiements de la CeA, l’élu référent pour la Ville de Strasbourg, Benjamin Soulet, acte que le projet est dans une impasse. Le 15 septembre, dans une salle réunissant plusieurs acteurs mobilisés derrière le dispositif TZCLD, annonce la mort dans l’âme que l’expérimentation est abandonnée. La déception de Claire est immédiate :
« Je l’ai vécu très mal. Je ne comprends pas du tout la décision de la CeA. Je suis tellement déçue pour tout ce travail pendant deux ans, qui n’aboutit à rien. Enfin, pas à rien. Ça m’a permis de reprendre confiance en moi et de ne pas être seule. »
Malgré l’échec du projet, Benjamin Soulet veut rester positif, plaidant qu’au cours des deux années passées « ceux qui étaient éloignés de l’emploi ont acquis plein de compétences » utiles pour la suite de leurs parcours professionnels. « Dans tous les cas, nous ne les laisserons pas seuls, nous continuerons de les accompagner. D’ailleurs les réunions continueront, nous trouverons une autre manière de défendre l’insertion dans l’emploi, » dit-il. En reprenant son sourire, Claire assure qu’elle restera toujours aussi mobilisée.
Sur fond de suspicion d’antisémitisme et d’islamisme radical, l’association Ciel avait vu ses avoirs financiers gelés par arrêté ministériel en octobre 2021. La cour administrative d’appel de Paris a estimé que les reproches à la structure elsauvienne sont insuffisamment fondés.
Un sérieux revers pour le ministère de l’Intérieur. Mardi 3 octobre, la cour administrative d’appel de Paris a annulé un arrêté du ministère de l’Économie et des finances qui prononçait le gel des avoirs financiers de l’association cultuelle Ciel, basée à Strasbourg. Cette dernière était notamment accusée d’avoir diffusé, au sein d’une mosquée de l’Elsau, des « thèses appelant à la commission d’actes de terrorisme ». Parmi les autres reproches au fondement de cette décision administrative, l’un des co-présidents est signalé pour avoir « initié ou participé à plusieurs manifestations pro-palestiniennes au cours desquelles des déclarations antisémites ont été proférées et des drapeaux israéliens incendiés ».
Le 13 juin 2022, le tribunal administratif de Paris avait validé le gel des avoirs bancaires de l’association Ciel. Plus d’un an plus tard, la cour administrative d’appel a fondé l’annulation de l’arrêté ministériel sur la fragilité des accusations visant l’association cultuelle.
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Formé début septembre, le collectif naissant « Implak’ab » organisait sa première « teuf » dans un lieu secret le week-end du 14 au 15 octobre. Derrière chaque décision, dépense et débat agitant le groupe, se retrouve l’envie de tendre vers l’organisation de soirées légales.
Jamais dans leur vie de poiscaille, les poissons-chats lorrains n’avaient vu ça. Face à leur étang, une bouillie de corps bougeant chaotiquement, repeinte de lumières bariolées. Comme des autruches, certains tendent leurs têtes en avant, vers des caissons surdimensionnés crachant des sons saturés. Devant ce bassin quelconque de la cambrousse lorraine, une centaine de fêtards s’étaient rameutés samedi 14 et dimanche 15 octobre, pour une free party, une soirée avec des DJs en plein air, orchestrée par le collectif strasbourgeois « Implak’ab ».
Leur soirée sauvage pourrait se résumer à un marathon furieux : courir deux mois puis danser 48 heures. De sa création à l’organisation de son premier événement, le tout jeune collectif cavale d’une galère à l’autre pour dénouer une à une les difficultés qui se posent à lui.
Afin d’éviter le stress d’une interruption par la police et les saisines de leur matériel, onéreuses à la longue, Implak’ab vise l’organisation de soirées légales en extérieur. Si elle n’était pas déclarée, cette première édition servait tout de même de test grandeur nature.
Ptérodactyle et fichier Excel
Rien de moins électrisant, excitant, captivant qu’une réunion d’organisation. Entre les tableaux Excel et les points sur le planning, l’ambiance de la dernière assemblée avant le début de l’évènement, mardi 10 octobre, tient plus de la causerie d’expert-comptable que d’une beuverie débridée. Mais plus le temps pour les soûleries : les membres d’Implak’ab doivent répéter tout le déroulé, l’événement débute dans quatre jours. Tous se distribuent les rôles, avec un chef à chaque « pôle » : un responsable pour les stands, pour les bénévoles, pour les artistes…
« Moi, en ce moment, je peins des ptérodactyles sur des panneaux », explique Lisa sans sourciller. En aparté, la « responsable des décors » explique avoir mis momentanément de côté son boulot – architecte indépendante – pour ce moment de rush. « En général, mon bénévolat ne me prend pas plus de deux heures par semaine, mais cette semaine c’est plutôt 15 ou 20 heures. J’ai juste pas le temps de bosser. » Et elle ne regrette pas son investissement :
« J’ai déjà été bénévole par le passé pour d’autres événements. Mais là j’avais envie de m’impliquer dans quelque chose de collectif et ça me plaisait de faire partie des membres fondateurs de ce projet. Je le fais en m’occupant de scénographie, on a décidé ensemble d’imaginer un décor autour du thème de “l’envol”. À partir de là, chacun vient avec ses idées farfelues et on s’organise. »
Terrain juridique moelleux
Parmi les sujets récurrents de la réunion, l’épineuse question du lieu. Une soirée réussie se campe sur un bon terrain, c’est à dire pas trop voyant depuis la route, adapté à l’installation de structures temporaires. Si l’affaire paraît simple, elle relève vite du casse-tête : le collectif démarche d’abord plusieurs petits villages, essuie refus sur refus, se résigne. Tentative naïve. L’équipe se tourne alors vers des propriétaires privés, des paysans, plus ouverts à louer leurs terres. Ces derniers sont vite dissuadés par leurs maires respectifs, soucieux de préserver la tranquillité et les bonnes mœurs dans leurs communes.
Contrairement à d’autres collectifs s’installant de manière sauvage, les membres d’Implak’ab insistent pour tenir leur événement sur un lieu autorisé. Finalement, ils trouvent un terrain d’entente avec un proprio plus ouvert, en déboursant 250€ pour trois journées, de vendredi à dimanche. Dan justifie la dépense : « En s’installant légalement sur un terrain privé, et tant qu’on est moins de 500, on reste clean avec la loi. » Un raisonnement juridique qu’approuve l’avocate Marianne Rostan, spécialisée dans la défense des organisateurs de free party. Contactée par Rue89, elle reprend le même raisonnement :
« En dessous d’un effectif prévisible de 500 personnes, il n’y a pas de mesure particulière à prendre et de déclaration à faire. S’il y a poursuite, ce sera pour des choses annexes, comme les dégradations ou les nuisances sonores. Si en revanche, dès le départ, vous envisagez d’avoir plus de monde, il faut le déclarer. »
Ce que les teufeurs (participants aux free partys) redoutent surtout, c’est la confiscation du matériel, toujours plus onéreux que le coût des amendes. « Heureusement, ce n’est pas systématique. En général, le tribunal estime que la saisie est excessive, ou alors on parvient à démontrer les irrégularités de procédure », rajoute la juriste.
Informée de l’organisation de plusieurs soirées, les préfectures du Bas-Rhin et du Haut-Rhin émettent en amont un arrêté interdisant les « rassemblements festifs à caractère musical de type rave party, free party ou teknival. » Une autre soirée se tenant le soir même en Alsace, la « Rabbit Hunter 3 », a ainsi été stoppée nette par les gendarmes. Anticipant l’interdiction de la préfecture, Implak’ab s’est astucieusement installé à quelques kilomètres de la frontière alsacienne, en Meurthe-et-Moselle.
Des chiffres et des thunes
« Et donc, pas de préventes ? » La réponse fuse : « Mais non ! Pas de préventes, on organise une teuf ! » Si la question d’un des bénévoles fait sourire l’audience, elle peut aussi inquiéter. Car il n’y a aucune manière pour le collectif d’estimer s’il sera bien en dessous des 500 fêtards. Ou même s’il sera au-dessus de son seuil de rentabilité.
Le financement d’un événement pareil relève de l’acte de foi. Dan pose ses billes, près de mille euros, en priant pour que les mauvais coups n’arrivent pas. Qu’il y ait assez de monde, que la météo soit clémente, que la police ne gâche pas la fête, et le collectif rentrera dans ses frais… « Pour la participation, tout dépendra de leur réseau », résume Tom, un vétéran de l’organisation de free partys d’envergure. Il reste optimise, avec des réserves :
« Ce n’est pas un problème de réunir rapidement du monde, s’ils ont un bon réseau dans le milieu de la fête. Mais s’ils visent les 500 personnes, ça nécessitera quand même une infrastructure différente. C’est tout à fait possible de le faire, mais il faut être irréprochable sur les questions de santé et de sécurité des personnes, l’hygiène ou la gestion des foules. »
La plus grande dépense tient à l’essence. Pour 1 000€ investis dans la soirée, 500€ partent dans le générateur de courant électrique et accessoirement pour faire les aller-retours en voiture sur le site. L’autre coût majeur tient à la location du terrain, qui s’élève à 250€ pour le week-end. « Il y a aussi les lights (lumières, NDLR), pour lesquelles je m’en sors avec un coup très bas, en prenant du matériel moins cher. Pour le matériel sonore, l’essentiel est prêté. La contribution est de 5€ par personne, alors à partir de 300 teufeurs, on se rembourse », calcule Dan. « Au-delà, le collectif gagne des sous qu’on pourra réinvestir. »
Vers des fêtes déclarées
Au bord d’une obscure route départementale, une silhouette surgit des ténèbres avec un gilet fluo. Yeux plissés, on s’assure qu’il ne s’agit pas du fantôme d’un Gilet jaune mais bien d’un bénévole à l’affut. Deux autres préposés au parking s’occupent de guider une procession de fêtards, ce vendredi 14 octobre. Vers 22 heures, la localisation de l’événement tombe, c’est à dire des coordonnées GPS permettant de retrouver le lieu.
Derrière un étang de pêche, se distinguent des structures en bois. Une cabane, des bancs disposés autour d’un feu, un espace détente improvisé autour de plusieurs coussins. Devant, un grand « mur de son » (des enceintes empilées) se dresse au milieu de la nuit, coiffé par des décorations en métal et en bois. On retrouve nos ptérodactyles, volant autour d’un gros œuf en papier mâché.
Finalement, tout se passera comme prévu. Malgré deux visites de gendarmes, qui ne relèvent rien de particulier, l’évènement n’est pas stoppé. Niveau affluence, les organisateurs comptent un peu plus de 200 personnes le premier soir, près de 450 le second. Les organisateurs devraient être en mesure de se rembourser.
Cette première teuf faisait office de test. Pour le premier semestre de l’année 2024, Implak’ab vise la création d’un soirée avec une plus forte affluence et en s’organisant avec l’accord des autorités, et notamment de la préfecture. « La difficulté, c’est que le dispositif légal encadrant les teufs existe depuis 20 ans. Il n’est plus adapté à la situation et les organisateurs ont énormément de mal à se déclarer », commente l’avocate Marianne Rostan :
« Aujourd’hui, pour les pouvoirs publics comme pour l’opinion publique, c’est difficile de concevoir ces soirées comme des rassemblements culturels. Malgré tous les efforts des organisateurs avec les associations de prévention ou pour le nettoyage, ils ont toujours une très mauvaise image. »
Citant des modèles ayant franchi le cap de la légalité, comme le festival Eciton organisé dans les Vosges, Dan reste confiant et persuadé que l’accord des autorités est possible :
« On présentera un dossier de sécurité et d’hygiène complet à la préfecture, sur tous les points qui comptent pour eux. On est prêt à participer à des réunions, pour faire ça de manière totalement transparente. »
Quitte à inviter la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier à la prochaine teuf ? « Bah écoute, si elle est cordiale et qu’elle veut venir, on lui offre une bière avec plaisir. »
Les sans-abris qui occupent des bâtiments vides, rue de Sarlat au Neuhof, ont trouvé des ordonnances d’expulsion scotchées sur leurs portes, ce lundi 16 octobre. La préfecture demande la réquisition d’un gymnase à la Ville de Strasbourg.
Avant l’évacuation du squat Bourgogne à la Meinau, au printemps 2023, de nombreuses familles sans-abris s’étaient déplacées vers des bâtiments vides de la rue de Sarlat, au Neuhof. Dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), ces immeubles vont être détruits et remplacés. Dès l’arrivée des occupants, le bailleur social Habitation moderne (propriétaire des lieux) a engagé les démarches juridiques pour obtenir l’expulsion de ces sans-abris, afin de poursuivre le NPNRU.
Environ 150 personnes sans autre solution d’hébergement, dont de nombreuses familles et des malades, principalement d’origine géorgienne, occupent le squat Sarlat aujourd’hui. Lundi 16 octobre, elles ont découvert une ordonnance d’expulsion sans délai, prononcée par le tribunal judiciaire de Strasbourg et datée de début juillet. Ces documents, placardés sur les portes d’entrée du bâtiment, précisent que l’opération pourra se dérouler « au besoin avec le concours de la force publique ».
Lali, qui habite cet immeuble depuis avril, s’inquiète de se retrouver sans logement : « C’est très dur, on ne sait rien », explique la mère de famille. Me Sophie Schweitzer, avocate des occupants du squat Sarlat, dénonce le manque de transparence auquel font face ces personnes en situation de grande précarité :
« Pourquoi est-ce que Habitation Moderne ou la Ville de Strasbourg, en tant qu’actionnaire de ce bailleur, n’ont pas prévenu les habitants plus tôt, alors qu’ils ont connaissance de cette décision depuis début juillet ? Et l’assignation n’a pas été faite dans les règles. Chaque personne doit être prévenue individuellement en théorie. Là, ils ont juste accroché l’ordonnance à des portes. Je vais faire une requête pour demander un délai pour l’expulsion, au juge de l’exécution. »
Pas de date précise
Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités, confirme que l’expulsion « aura lieu dans les prochains jours » : « La préfecture nous a demandé la réquisition d’un gymnase, le plus vite possible. » Habituellement, suite au démantèlement d’un squat ou d’un campement de sans-abris, la préfecture rassemble toutes les personnes concernées par l’expulsion dans un gymnase avant de les rediriger vers des « dispositifs en fonction de leurs situations administratives ».
Certains sans-abris sont acheminés vers des centres « d’aide au retour » pour les inciter à retourner dans leur pays d’origine. Lali explique que les habitants du squat Sarlat demandent justement « à la préfecture et à la Ville de Strasbourg » de reloger tous les occupants sans distinction de situation administrative.
Interrogée sur la date précise de l’expulsion du squat Sarlat, la préfecture n’a pas fait suite à la sollicitation de Rue89 Strasbourg.
Le géologue suisse Marcos Buser a piloté un projet d’extraction de déchets à Sainte-Ursanne. Après avoir mené une étude commandée par Alsace Nature, il estime que la faisabilité du déstockage de Stocamine ne fait aucun doute.
« L’État français n’a jamais eu la volonté réelle de sortir les déchets de Stocamine. » Le géologue suisse Marcos Buser est implacable. Il a été mandaté par Alsace Nature pour réaliser une étude sur la faisabilité du déstockage des 42 000 tonnes de déchets toxiques placées entre 1999 et 2002 sous la nappe phréatique à Wittelsheim. Sa conclusion : « Bien-sûr que c’est faisable, c’est tout à fait possible. Ça ne fait aucun doute, surtout aujourd’hui, au temps de la robotique. »
Devant le risque de pollution de la ressource en eau potable, Alsace Nature a tenté d’obtenir, depuis décembre, une expertise sur la faisabilité du déstockage auprès du ministère de la Transition écologique. Ce dernier a d’abord accepté que l’association nomme deux spécialistes et comptait leur donner accès à toutes les données nécessaires ainsi qu’à l’intérieur de la mine. Alsace Nature a nommé deux scientifiques suisses, Marcos Buser et Walter Wildi. Constatant que ces experts risquaient de conclure que sortir les déchets est possible, l’État a finalement annulé l’étude, arguant que les experts ne seraient pas neutres.
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Le député et élu du Grand Est du Rassemblement national Laurent Jacobelli est dans le collimateur des responsables de la majorité après ses propos tenus à l’encontre de leur collègue Belkhir Belhaddad. Vendredi 13 octobre, il lui avait demandé des nouvelles du Hamas, avant de le traiter de « racaille ».
Des propos « scandaleux », « indignes », « inacceptables ». Les responsables de la majorité n’ont pas de mots assez forts pour condamner les « insultes » et les « intimidations » proférées, vendredi 13 octobre, par le député Rassemblement national (RN) Laurent Jacobelli . . .
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Dans la soirée du lundi 15 octobre, plus de 200 personnes ont rendu hommage à leur collègue Dominique Bernard, assassiné dans son lycée à Arras. Dans la foule, les enseignants oscillent entre tristesse et colère, volonté de défendre les valeurs républicaines et de dénoncer le manque de moyens pour simplement faire leur métier.
Une foule, l’air à la fois grave et perdu. 200 personnes se sont rassemblées place Broglie dans la soirée du lundi 15 octobre pour rendre hommage à Dominique Bernard. Trois jours plus tôt, l’enseignant a été assassiné dans son lycée à Arras par Mohammed Mogouchkov. Le jeune homme de 20 ans, ancien élève de l’établissement, a été interpellé après avoir blessé au couteau trois autres membres du personnel. Vers 18h30, la co-secrétaire académique du syndicat Snes-FSU Strasbourg prend la parole au mégaphone. Séverine Charret lance un court discours précédant une minute de silence :
« L’école doit rester un lieu permettant à tous les élèves de s’instruire, de se former, de développer leurs propres réflexions, à l’abri des pressions, de s’émanciper donc. Car c’est ainsi qu’ils et elles pourront devenir des citoyens conscients et éclairés, capables de comprendre et d’agir sur le monde qui les entoure. Pour cela, les personnels et les élèves doivent se sentir protégés. L’école doit être dotée de tous les moyens nécessaires pour accomplir ses missions et lutter contre toutes les formes de fanatisme et se prémunir de tout amalgame qui viserait l’ensemble des personnes de confession musulmane. Face à ce drame, l’intersyndicale du Bas-Rhin appelle chacun et chacune à s’abstenir de toute instrumentalisation et à respecter notre deuil. Nous appelons chacun à une minute de silence, en hommage à notre collègue Dominique Bernard et en souvenir de Samuel Paty. »
« On sait que ça peut arriver »
Meurtri par l’assassinat d’un collègue, le corps enseignant oscille entre colère et tristesse. Léo et Alexis, 21 et 22 ans, étudiants en deuxième année de master en enseignement, expriment une motivation sans faille. « Ce drame montre aussi l’importance de notre mission », estime Léo. Alexis, aussi futur professeur de physique-chimie, enchaîne : « Suite à ce drame, c’est important d’expliquer la laïcité, qu’elle n’est pas une interdiction des religions mais le fait de les mettre sur un pied d’égalité pour que personne ne soit jugé en fonction de son appartenance religieuse. »
Professeure des écoles depuis 34 ans, Laurence Delayen se dit d’abord « combattante », « prête à rester debout, sans tomber dans les extrêmes, face à une guerre menée par des fanatiques qui attaquent la République, l’école et ses valeurs. » Ce matin, l’institutrice de l’école Jacques Reuss n’a pas eu à rassurer ses élèves de maternelle : « Les petits n’en ont pas parlé. S’ils l’avaient fait, il aurait fallu les rassurer, en leur disant qu’ils ne craignent rien à l’école. »
Interrogée sur son sentiment lors de ce retour en classe dramatique, Laurence Delayen dit qu’elle n’a pas peur. Puis au fil de sa réponse se dessine une inquiétude : « Dominique Bernard n’est pas le premier à mourir dans ses fonctions, constate l’enseignante, on sait que ça peut arriver ». L’institutrice finit par se dire « perdue », « abasourdie » et « groggy ».
« On fait ce qu’on peut, mais on est démuni »
Enseignante en histoire-géographie au collège Twinger, Clotilde a apprécié le moment d’échanges entre collègues entre 8h et 9h30, une consigne du ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal : « C’était rassurant de se retrouver après avoir passé un week-end à cogiter pour mettre les mots sur des sentiments de colère et de tristesse et une forme de découragement. » Puis il a fallu reprendre les cours. Professeure principale d’une classe de 4e, Clotilde a d’abord abordé les faits liés à l’attentat avant de demander aux élèves d’exprimer leurs sentiments à l’écrit. « Ce sont des témoignages de tristesse, de peine, et beaucoup d’incompréhension. Il faudra revenir dessus, à froid. Et en une heure, je n’ai pas pu recueillir les paroles de tous les élèves. »
« On fait ce qu’on peut, mais on est démunis », continue l’enseignante en établissement situé en zone REP. Elle décrit les problématiques quotidiennes d’un collège sous-dimensionné, où deux familles d’élèves dorment dehors. Puis Clotilde déplore « des classes avec plus d’élèves, des emplois du temps toujours plus chargés et aucun budget pour une sortie scolaire ».Elle le sait pour avoir vécu un burn-out en septembre 2020 : « Quand on a envie de bien faire, on le fait au détriment de sa santé. »
Il est 19h30. La place Broglie est quasi-vide. Avant de rejoindre un petit groupe de collègues, Clotilde exprime une attente portée par plusieurs enseignants interviewés : « Qu’il y ait enfin une vraie écoute de nos revendications et que l’on nous donne les moyens de faire notre métier. »
Le journal l’Alsace a révélé des propos racistes tenus par des membres du comité directeur de l’Association Sportive et Culturelle Biesheim. Sous pression, deux dirigeants ont démissionné.
La fuite de plusieurs mails internes à la direction de l’ASC Biesheim (Haut-Rhin) a eu l’effet d’un séisme sur le club de foot. Selon le journal l’Alsace, deux membres du comité directeur du club haut-rhinois, classé en National 2 (quatrième division en football), ont tenu des propos racistes à l’égard de joueurs du club. Dans un échange de mails, les deux dirigeants évoquent « une faune locale », « plutôt irrespectueuse » qui « arrive à grand pas au sein de Biesheim ». Ils déplorent aussi « des jeunes gris (terme raciste employé pour désigner les arabes, NDLR) de Mulhouse », qu’amèneraient certains joueurs de l’effectif.
Forte mobilisation au sein du club
Prenant connaissance de ces propos, les éducateurs du club Pape Dieye et Sofyan Riahi ont appelé les familles de joueurs et les salariés du club à se rassembler devant l’ASCB vendredi 13 octobre. Le matin même, le président de l’ASCB Vincent Schmitt aurait exigé la démission de ses deux collaborateurs accusés d’avoir tenu des propos racistes, sans succès. Il a aussi demandé le soutien du maire de Biesheim, Gérard Hug. Mais ce dernier lui aurait conseillé de trouver une solution interne. S’estimant isolé et peu soutenu, le président de l’ASCB a fini par démissionner. Sous pression après le rassemblement organisé par les éducateurs, les deux dirigeants mis en cause ont quitté leur fonction suite à la manifestation.
Dans un podcast de Paradiso media, Maud de Carpentier relate la vie d’un Strasbourgeois de Cronenbourg, d’origine marocaine et devenu policier au service des renseignements généraux.
Maud de Carpentier, journaliste à Rue89 Strasbourg, a publié une série d’épisodes du podcast « L’Affaire » de Paradiso media, à propos d’un ancien policier des Renseignements généraux de Strasbourg. Intitulé « L’Arabe des services », ce podcast revient sur l’engagement d’un jeune homme de Cronenbourg dans la police dans les années 2000, sa confrontation au racisme d’une partie de ses collègues, ses missions à hauts risques puis ses relations avec cette froide administration.
Le podcast est construit autour d’un dialogue entre Sami, appelé ainsi pour préserver son anonymat, et Maud qui découvre petit à petit son enfance dans ce quartier populaire, son émancipation grâce à l’Islam, son recrutement par la police nationale et ses missions de surveillance pour finir avec sa vie actuelle à Strasbourg.
C’est après un contrôle d’identité violent et méprisant que Sami prend la décision de rejoindre la police dans les années 2000. Pour éviter ces confrontations, selon lui, cette institution doit plus ressembler à la population française, en intégrant des Français issus de toutes les origines dans ses rangs. Il s’engage donc comme adjoint de sécurité. Et c’est à partir de là que son histoire commence. La suite est à écouter sur toutes les plateformes de podcast.
Trois jours après l’assassinat du professeur Dominique Bernard, tué vendredi dans son lycée d’Arras, l’intersyndicale Education du Bas-Rhin organise ce lundi 16 octobre, à 18h30, un rassemblement place Broglie à Strasbourg.
Une intersyndicale de six syndicats enseignants organise ce lundi 16 octobre, à 18h30, un rassemblement place Broglie en mémoire de Dominique Bernard, assassiné dans son lycée d’Arras vendredi 13 octobre. L’enseignant de 57 ans a été tué par Mohammed Mogouchkov, un jeune homme de 20 ans. Celui-ci, armé d’un couteau, s’en est pris à plusieurs personnels du lycée. Au total, trois autres personnes ont été blessées.
L’auteur des faits, un ancien élève de l’établissement et fiché S depuis le 30 juillet 2023, a été interpellé. D’après les informations de France Télévisions, Mohammed Mogouchkov était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Il avait été contrôlé la veille de l’attaque. Mais aucune infraction ne pouvait lui être reprochée. D’après le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, il n’y a « pas eu de faille des services de renseignement ».
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Rue89 Strasbourg change de peau ! Notre média a travaillé avec une petite équipe pendant plus d’un an pour refondre entièrement le site. L’objectif est qu’il soit plus rapide, plus joli et plus participatif. Il est en outre doté d’une série de mini-services supplémentaires, dont certains sont réservés aux abonnés.
Bienvenue sur le nouveau site de Rue89 Strasbourg ! Depuis lundi 16 octobre, une nouvelle maquette est installée sur toutes nos pages. Elle a été pensée par le designer Thomas Bonometti, qui a travaillé depuis près d’un an dessus, et codée par Geoffrey Brossard. François Werckmann a coordonné l’ensemble du projet, avec nos collègues de Rue89 Bordeaux et Lyon et les prestataires. Ces nouveaux atours doivent rendre la lecture plus facile, plus agréable tout en affirmant l’identité d’un site de presse engagé et déterminé comme le nôtre, le tout agrémenté par les dessins d’Ariane Pinel.
Nous avons profité de cette refonte complète pour ajouter une série de nouvelles fonctions. D’abord, tous les aspects liés au compte utilisateur et à l’abonnement sont bien mieux gérés, avec des pages dédiées et conçues pour être plus évidentes. Il est plus facile de s’abonner, et ainsi de participer au développement d’une presse locale indépendante à Strasbourg, et toujours aussi simple de se désabonner.
Une série de petits services émaille le site désormais, dont certains sont réservés aux abonnés comme l’accès aux coulisses de certains articles et des modules pour s’engager, fournissant des solutions concrètes et directes aux sujets évoqués. Parmi ces nouvelles fonctions, citons :
Signaler des fautes directement à la rédaction. Personne n’aime les fautes d’orthographe ou de grammaire, mais il peut en subsister malgré nos relectures. Désormais, vous pouvez sélectionner un paragraphe et signaler une faute à la rédaction en un clic,
Sauvegarder des articles à lire plus tard. Il arrive qu’on tombe sur un article intéressant, mais que ce ne soit pas le bon moment. Un clic sur l’icône Signet et voilà l’article sauvegardé dans votre compte utilisateur,
Alertes par mail. Certains sujets peuvent vous intéresser plus que d’autres. Désormais, vous avez la possibilité d’être alerté immédiatement par mail dès qu’un sujet particulier est publié. Une prochaine évolution vous permettra d’être alerté par SMS,
Lecture des articles. Pas le moment de lire ? Déclenchez la lecture audio des articles et une voix presque naturelle prononcera le texte.
Le Stamm’, un outil pour le débat public
Mais surtout, nous avons repensé le système des commentaires comme une nouvelle plateforme de discussions et d’échanges. Appelée Le Stamm’, cet outil permettra à la communauté des lectrices et lecteurs de Rue89 Strasbourg d’échanger sur des sujets d’actualité locale dans un environnement bienveillant. Nous espérons qu’elle accueillera une partie du débat public grâce à de nouvelles fonctions :
Il est désormais possible de commenter avec son identité réelle avec une photo de profil, ou avec un pseudo et un avatar, ou alors de manière anonyme. Cette sélection disponible à chaque publication de commentaire permet à chacun et chacune de contribuer au débat, en choisissant le degré d’exposition qui convient au contenu du message,
Les utilisateurs pourront être alertés aux réponses à leurs commentaires,
Les commentaires pourront être soutenus ou non, en fonction de leur qualité. Les meilleurs commentaires seront placés en Une du site et certains pourront être sélectionnés par la rédaction,
D’autres fonctions seront ajoutées prochainement.
L’objectif du Stamm’ est de permettre à chacun d’exprimer une parole, d’apporter une information, de la manière la plus libre possible. Dans notre pays, la parole publique est devenue presque dangereuse, et trop souvent, ne s’expriment que celles et ceux qui s’estiment légitimes ou protégés. Avec le Stamm’, nous voulons changer cela. Ce sera aussi un outil d’écoute pour la rédaction, qui piochera une part de ses prochains sujets parmi les échanges. Leurs auteurs seront alors directement contactés par les journalistes.
Lorsque nous avons changé la maquette de Rue89 Strasbourg pour la dernière fois, c’était en 2016. Nous avions alors bénéficié du travail de l’agence Upian, qui l’avait réalisée pour Rue89.com, le média qui nous servait de modèle à l’époque. La fin progressive du média national nous a contraint à tout développer seuls cette fois. Un chantier titanesque pour nos trois éditions et qui n’a été possible qu’avec l’aide du Fonds stratégique du développement de la presse (FSDP) du ministère de la Culture, qui a pris en charge 70% des 160 000€ investis dans ce chantier. Le Fonds pour la presse libre (FPL) nous a également prêté 40 000€ pour éviter d’avancer trop de fonds.
Ce nouveau site vise à permettre à Rue89 Strasbourg de franchir de nouveaux paliers en nombre d’abonnés actifs. Dans un contexte de plongée de nos revenus publicitaires, de menaces sur l’indépendance de la presse et d’atteintes à la liberté d’expression, notre rédaction ne pourra continuer son travail de vigie démocratique locale que grâce au soutien direct de chacune et de chacun d’entre vous.