Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

À la SIG, Christophe Lasvigne à la recherche du rebond

À la SIG, Christophe Lasvigne à la recherche du rebond
Philippe Lasvigne pour son premier match en tant que président de la SIG, face à Ostende en Champion’s league le 31 octobre.

Nouveau président de la SIG, Christophe Lasvigne a présenté son projet jusqu’à la fin de la saison pour le club de basket de Strasbourg. Son objectif : ramener les sourires autour du parquet, grâce à de nouveaux entrants comme le chanteur M. Pokora.

Après l’élection contestée d’Olivier Klotz à la tête du club de basket de Strasbourg en juin, et sa démission en octobre, Christophe Lasvigne a été élu président du directoire de la SIG vendredi 27 octobre (voir notre article sur ces changements à la direction de la SIG). Jeudi 2 novembre, il a présenté son projet à la presse, en compagnie de Nicola Alberani, directeur sportif, et Jean-Louis Koessler, troisième membre du directoire.

Pour Christophe Lasvigne, une nouvelle dynamique s’installe désormais à la SIG :

« J’ai essayé de travailler avec Olivier Klotz (le précédent président, NDLR), je suis proche de Christophe Schalk (le nouveau président du conseil de surveillance, NDLR) donc je ne suis pas l’homme d’un clan. Et j’ai été élu président du directoire à l’unanimité moins une voix. J’ai envie de travailler avec tout le monde. »

AvatarChristophe Lasvigne

Directeur de Théâtre du vin, Christophe Lasvigne a précisé que « des actionnaires sont revenus » depuis son élection, au premier rang desquels Pierre Burgun, candidat malheureux à la présidence en juin, et que le « dialogue avec les collectivités a repris ». Un contentieux sur les frais de chauffage oppose la SIG et l’Eurométropole de Strasbourg, propriétaire du Rhénus.

Le nouveau directoire de la SIG : Nicola Alberani, Christophe Lasvigne et Jean-Louis Koessler.Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Première mission pour Christophe Lasvigne : sortir le club de l’ornière financière. Ayant perdu environ 10 000€ pendant la saison 2021-2022 puis 430 000€ lors de la saison 2022-2023, le club est sous la surveillance de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) de la Ligue de basket. En juin 2024, le club doit absolument sortir de la saison à l’équilibre. Christophe Lasvigne va travailler sur les coûts, mais il espère surtout pouvoir produire un budget en hausse. Actuellement doté de 7 millions d’euros, le nouveau président du directoire prévoit d’augmenter les recettes du club notamment grâce à une recapitalisation des actionnaires et l’arrivée de nouveaux sponsors.

« On va ramener les sourires, de l’envie et du plaisir », assure Christophe Lasvigne, qui compte beaucoup sur la notoriété du chanteur M. Pokora pour ça. Pressenti pour devenir actionnaire, « M. Pokora sera présent dimanche au Rhénus pour le match contre Dijon avec sa femme ! », a-t-il indiqué comme s’il s’agissait d’une première victoire.

« C’est comme sur le parquet, lorsqu’on demande aux joueurs d’aller chercher un rebond supplémentaire, détaille Christophe Lasvigne, ça change le match. Donc on va demander aux actionnaires, aux partenaires, aux équipes et aux bénévoles de donner un peu plus, pour que le club progresse. » La SIG veut rester au sommet de la première division du basket français, malgré une masse salariale à la neuvième place. Un domaine où Christophe Lasvigne espère progresser, notamment pour garder un joueur pivot, Nysier Brooks.

Concernant l’Arena, la reconstruction complète du Rhénus en stade super-luxe avec des loges pour super-riches (voir nos articles), Christophe Lasvigne s’en tient à distance, en laissant la présidence de la société en charge du projet (Wacken Immo) à Martial Bellon, l’ancien président du club pendant 13 ans. Une décision sur l’Arena doit être prise en décembre.

Manifestation samedi 4 novembre pour un cessez-le-feu à Gaza

Manifestation samedi 4 novembre pour un cessez-le-feu à Gaza
Manifestation en soutien au peuple palestinien

Le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens appelle à une nouvelle journée de mobilisation samedi 4 novembre à Strasbourg. Sa trentaine d’associations membres appelle à un cessez-le feu immédiat à Gaza.

Près d’un mois après l’attaque du Hamas qui a provoqué la mort de plus de 1 400 civils israéliens, et les opérations militaires israéliennes qui ont suivi visant l’organisation qualifiée de terroriste par l’Union européenne dans la bande de Gaza, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDI) appelle à une nouvelle mobilisation dans l’après-midi du samedi 4 novembre. À Strasbourg, le rendez-vous est donné à 14h place Dauphine, en face du centre commercial Rivétoile.

Le 28 octobre, d’après les dernières informations données par le ministère de la santé du territoire contrôlé par le Hamas, les bombardements israéliens auraient fait près de 7 000 morts. À l’issue de la précédente manifestation, le CNPJDI avait demandé une minute de silence pour toutes les victimes du conflit israélo-palestinien.

Un appel à manifester est lancé pour le samedi 4 novembre, en exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Le 28 octobre à Strasbourg, plus de 3 000 personnes avaient manifesté en soutien aux civils palestiniens. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

« La France doit demander un cessez-le-feu immédiat »

Dans un tract envoyé aux médias et publié sur son site, le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens détaille :

« L’armée israélienne soumet la bande de Gaza à des bombardements d’une violence inouïe et à un blocus total qui prive la population d’eau, de nourriture, de médicaments. Les hôpitaux, lorsqu’ils fonctionnent, opèrent aujourd’hui sans anesthésiques. En Cisjordanie occupée, la population palestinienne est soumise à la violence redoublée de l’armée et des colons ainsi qu’à un bouclage du territoire. »

Extrait de l’appel à manifester du CNPJDPI.

L’appel à manifester a été signé par 34 associations locales comme l’Union juive française pour la paix, le collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine, le MRAP Strasbourg mais aussi des partis comme le NPA, le Parti de Gauche, le Parti communiste ou encore plusieurs syndicats.

Le texte tient à « rendre hommage à l’ensemble des populations civiles, palestiniennes et israéliennes, victimes de crimes de guerre », et rappelle ainsi que « chaque vie compte ».

Le conflit israélo-palestinien ébranle la foi de Strasbourg dans le dialogue

Le conflit israélo-palestinien ébranle la foi de Strasbourg dans le dialogue

La capitale de l’Alsace, traditionnellement attachée à l’œcuménisme, est touchée par les secousses du conflit entre Israël et le Hamas. La communauté juive, profondément blessée, réclame un soutien sans équivoque, quand les militants propalestiniens se plaignent d’être muselés. Certains décident de se taire, le temps du deuil.
Temples, mosquées, églises, la cheffe de chœur Isabelle Marx a chanté dans à peu près tout ce que la ville de Strasbourg compte d’édifices religieux, et ils sont nombreux dans la capitale du Grand Est. « J’ai coutume de dire que le seul endroit de Strasbourg où je n’ai pas chanté, c’est à la synagogue », glisse, sourire en coin, cette « juive libérale », infatigable militante du dialogue interculturel et interreligieux.
Une évidence tellement profonde qu’elle a imprimé sa marque au cœur même de sa famille : cette femme juive a épousé un chrétien. Parmi ses cinq enfants, une fille est musulmane. Un gendre bouddhiste est récemment entré dans le clan. Une manière de ne pas se contenter de dire être « pour la paix » et de troquer les discours pour « l’expérience réelle des convictions ».
Le 7 octobre 2023 cependant, le choc a été rude face à l’attaque du Hamas sur le sol israélien. « Je me suis sentie vraiment perdue… » Isabelle Marx décrit cette émotion dans la chaleur d’un café de Strasbourg. « Il y a des monstruosités tous les jours, je le sais bien, j’ai accueilli pendant plusieurs mois des réfugiés ukrainiens, nous avons vécu à travers eux cette guerre terrible. Mais il y a bien sûr une proximité différente dans ce cas-là pour moi. »

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À Stimultania, le regard et les ressentis de Benoit Pinero sur la Loire

À Stimultania, le regard et les ressentis de Benoit Pinero sur la Loire

L’exposition photographique Nebula Liger / Un fleuve à soi entreprend de mettre le visiteur en mouvement, en immersion dans la nature, du 6 octobre au 13 janvier à Stimultania.

Et si un fleuve avait la possibilité de s’exprimer et de défendre ses intérêts ? L’exposition Nebula Liger / Un fleuve à soi est une enquête menée par Benoit Pinero lors de ses marches près de la Loire, fleuve qui traverse Nantes, où l’artiste réside.  En 2018, Benoit Pinero commence une immersion au travers d’une pratique photographique. L’artiste dit être « entré en paysage ». Avec la complicité du metteur en scène Hubert Jégat, il imagine un parcours immersif au sein duquel le brouillard tient une place importante. Présent dans la salle d’exposition, le brouillard aveugle le visiteur ou la visiteuse qui, de fait, doit réapprendre à voir pour « entrer en paysage » à son tour.

L’entrée de l’exposition se fait par un immense rideau noir qui fait référence à l’art du théâtre. En le traversant, les visiteurs plongent immédiatement dans une chambre de brouillard, où quatre petits projecteurs suspendus laissent apparaître des photographies de paysage.

Benoit Pinero marche le long de la Loire dans ce brouillard et ces trajets sont pour lui un moment où il se questionne sur l’actualité politique et écologique. Plus il avançait et moins il comprenait le monde. Il était dans un brouillage, un brouillard qu’il croise quotidiennement dans sa vie. Pour l’artiste, le brouillard matérialise la confusion intense de toutes ces questions qu’il se pose sans cesse. Les visiteurs se retrouvent placés dans la tête de l’artiste, ils ne sont pas de simples visiteurs mais interprètes.

L’importance de la mise en scène

En sortant de la chambre de brouillard, le visiteur est directement absorbé par des photographies de paysage illuminées par des cadres lumineux. Par sa mise en scène, l’artiste souhaite retrouver de la poésie et créer une sensation d’immersion dans les images.

Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi. Photo : Morgane Akyuz

 Il va acquérir du matériel photographique utilisé dans les années 1940-1950 jusqu’aux années 1990-2000. Sur une table en métal, on retrouve des impressions sur des plaques de verre, des diapositives, des cadres rétro-éclairés et une table de visionnage suspendue. On croise également un certain nombre de systèmes de projection et de visionnages tels que des diaposcopes qui donnent une sensation de profondeur dans l’image ainsi que des visionneuses de diapositives.

Vue de l’exposition Nebula Liger / Un fleuve à soi,Photo : Morgane Akyuz

Cette mise en scène reflète l’influence de Benoit Pinero pour le monde du spectacle vivant. Il souhaite inviter les visiteurs à devenir acteur en se réappropriant son paysage, son brouillard, et son fleuve, la Loire. Une part importante du patrimoine fluvial français, un des plus longs fleuves s’écoulant entièrement en France mais aussi une ressource importante menacée par le réchauffement climatique.

L’épreuve des cinq sens

Tout au long de l’exposition, le visiteur est en mouvement. Il arpente l’espace d’exposition comme une marche au bord du fleuve. Cette question de la marche est très présente dans sa pratique photographique. C’est pour lui un moment de réflexion, d’introspection et surtout une mise à distance avec la société.

Dans une pièce immersive, les spectateurs font face à de majestueux panoramas qui englobent la pièce. Un enregistrement audio laisse échapper des bruits d’oiseaux et de pas sur la neige.

Dans la salle d’exposition, la visibilité est réduite par le brouillard. Ce sont alors les autres sens qui viennent combler les manques. L’enregistrement fait appel à l’ouïe tandis que le froid émis par la sensation mentale du brouillard déclenche une impression haptique. Puis l’odorat et le goût s’activent à la dégustation d’une infusion d’herbes récoltées le long du fleuve et mise à disposition à la fin de la marche.

Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi.Photo : Morgane Akyuz

Focus sur un écosystème

Au fil du parcours, le brouillard s’évapore et met en lumière des détails de la nature. Le regard se focalise sur les différentes perspectives du fleuve. Ces détails sont bien présents dans les photographies précédentes puisqu’il s’agit du même sujet : la Loire.

Ce contraste brutal avec le reste de l’exposition, entre halo tamisé et lumière accentuée, dénote un abandon du vaporeux pour valoriser l’écosystème de la Loire. À la fin du parcours scénographique, l’artiste met en lumière quelque chose de plus foisonnant presque d’intime, comme des photographies de vase, végétaux et minerais. Ces photographies n’ont pas été prises à la même période puisque l’on peut voir la Loire asséchée, illuminée par un soleil de canicule. Toutes ces photographies composent un portrait du fleuve par la multiplicité de ce qu’il constitue et viennent mettre en valeur cette nature sauvage.  

Benoit Pinero, Nebula Liger / Un fleuve à soi Photo : Morgane Akyuz

Pour l’artiste, le paysage n’est pas qu’un simple décor mais une entité vivante et puissante où plusieurs organismes vivants cohabitent. Les visiteurs finissent par « entrer en paysage ».

#paysage

Une manifestation pour financer la transition écologique en taxant les superprofits de Total vendredi

Une manifestation pour financer la transition écologique en taxant les superprofits de Total vendredi
Les Marches pour le Climat sont connues pour leur flopée de pancartes et slogans accrocheurs. Ici, le 12 septembre 2020 à Strasbourg. (Photo : ML / Rue89 Strasbourg)

Le collectif StopTotal de Strasbourg appelle à une mobilisation vendredi 3 novembre place du Corbeau pour demander au gouvernement de ponctionner les entreprises pétrolières afin de financer la transition écologique.

Le collectif StopTotal de Strasbourg donne rendez-vous place du Corbeau à 19h vendredi 3 novembre pour une manifestation qui partira vers la rue des Grandes Arcades et finira son petit parcours place Kléber. Le cortège devait au départ cheminer jusqu’à la préfecture place de la République mais « ce trajet a été refusé », affirme Marie, porte-parole de StopTotal Strasbourg. Dans un communiqué, l’organisation écologiste détaille ses revendications :

« À l’occasion du vote de la Loi de finances 2024 et à quelques semaines avant le début de la COP28, nous appelons les gouvernements à exploiter tous les moyens financiers possibles pour récupérer les superprofits de l’industrie fossile. Utilisons cet argent pour accélérer la révolution mondiale des énergies renouvelables. »

TotalEnergies porte encore de nombreux projets d’exploitation des énergies fossiles, comme le forage de 400 puits pétroliers en Ouganda. Le groupe a réalisé le bénéfice le plus élevé de son histoire en 2022 : 20,5 milliards d’euros. Plus généralement, les géants pétroliers ExxonMobil, Shell ou Chevron ont encaissé des profits records cette année-là.

Marie indique que la mobilisation est internationale et que des rassemblements avec le même mot d’ordre auront lieu partout dans le monde vendredi et samedi. L’objectif de StopTotal est « de sensibiliser sur la nécessiter de financer la transition écologique dans une ambiance festive ». Le collectif appelle les manifestants à venir avec « des lampes, des lumières et des guirlandes ». Une demande qui vise à symboliser des citoyens qui « se réapproprient l’énergie » d’après Marie.

Cérémonie laïque, sépulture éco-responsable… Les solutions alternatives pour préparer sa mort

Cérémonie laïque, sépulture éco-responsable… Les solutions alternatives pour préparer sa mort

De plus en plus de personnes se détournent des rites religieux pour leurs derniers adieux. D’autres cherchent des alternatives écologiques à la traditionnelle pierre tombale. Tour d’horizon des alternatives locales en matière de cérémonies d’adieu et de sépultures.

Comment préparer sa propre mort ou celle d’un proche ? Pour l’association strasbourgeoise Maintenant l’après, rien d’incongru à parler du grand départ : « Nous parlons de la mort parce que nous aimons la vie et que nous aimons nos proches. Ce n’est jamais trop tôt », défend Caroline Lemmel, directrice de la coopérative funéraire Akène qui ouvre jeudi 2 novembre. La structure associative associée organise régulièrement des rendez-vous à Strasbourg, dont les « apéro mortels » où sont invités divers conférenciers. L’une de leurs partenaires, Delphine Freiss, professionnelle de l’accompagnement de la fin de vie et du deuil, organise elle aussi des « cafés mortels » à Bouxwiller, Pfaffenhoffen, Artzwiller, Bitche et Geudertheim. Ses rendez-vous offrent des espaces de paroles et d’échanges d’expérience.

Inventer sa cérémonie

De plus en plus de personnes se détournent des rites religieux pour leurs derniers adieux. Pour nombre d’entre eux, aucun geste symbolique ne vient remplacer ces traditions. Pourtant, toutes les formes d’hommage sont imaginables pour marquer son deuil, qu’elles soient prises en main par l’entourage ou orchestrées par un initié. Certaines pompes funèbres investissent ce créneau et proposent d’autres formes de cérémonie. L’entreprise Pompes funèbres de Strasbourg a déjà organisé un lâcher de colombes. D’autres entreprises proposent des inscriptions affectueuses et colorées sur des cercueils adaptés.

Au-delà des compétences pratiques et de coordination, la formation de maître de cérémonie dispensée officiellement aux agents de pompes funèbres consacre deux journées à la célébration. L’activité de célébrant funéraire laïque commence à peine à se professionnaliser. Des agents célébrant des mariages laïcs, dont la profession est déjà plus structurée, proposent également ce type de services de célébration.

L’activité de célébrant funéraire commence à peine à se professionnaliser.Photo : Pixabay

Dans le Bas-Rhin, l’équipe de la coopérative funéraire Akène, basée à Strasbourg, et Delphine Freiss, basée à Wingen-sur-Moder, proposent des accompagnements pour concevoir et animer des rituels d’adieu personnalisés, à renfort de sélections de textes littéraires ou d’interventions à la harpe et au ukulélé. Les proches peuvent par exemple composer chacun leur photophore à partir d’un choix de pots en verre, bougies, feutres et rubans pour l’allumer auprès d’un cercueil ou préférer déposer sur celui-ci sa feuille de lierre dédicacée. Plusieurs lieux peuvent accueillir ces cérémonies laïques, à commencer par des salles payantes dans les funérariums. Même à la dernière minute, les mairies du lieu d’habitation du défunt sont tenues de proposer des salles à la location. Les pompes funèbres sont autorisées à porter un cercueil dans tout lieu privé.

Être accompagné dans son deuil

Pour les familles qui ne craignent pas que l’on entre dans leur intimité, les thanadoulas sont des professionnelles du service à la personne qui accompagnent la mort, à la manière dont les doulas, métier un peu plus connu, accompagnent la naissance. Pour faciliter cette ultime étape de vie, elles peuvent intervenir à domicile avant ou après un décès. Une thanadoula peut aider une personne en fin de vie à renouer avec son enfant éloigné, s’occuper de cuisiner pour la famille le jour du choc d’une disparition ou aider un parent à trier les affaires d’un enfant parti trop tôt.

L’association Couleur plume fédère une quinzaine de thanadoulas en France. En Alsace, ces services sont le cœur d’activité de Delphine Freiss, qui peut être rémunérée avec des chèques emploi service universels. Pour négocier l’après, cette alsacophone à la fibre musicienne propose également des ateliers créatifs pour les endeuillés. À Strasbourg, la coopérative Akène projette de mettre en place des cafés-rencontres pour ces publics.  

En tant que thanadoula, Delphine Freiss vient en appui au travail d’accompagnement à la fin de vie des associations d’utilité publique Jamalv et Pierre Clément. Photo : Pixabay / Layenday)

Exprimer ses dernières volontés

Sédation profonde ? Crémation ? Cimetière ? En France, rares sont les personnes décédées qui ont fait connaître leurs dernières volontés. Face aux décisions à prendre, l’absence de directive peut semer la division dans l’entourage du défunt. L’association Maintenant l’après encourage à s’en donner la peine. Elle propose des ateliers Dernières volontés à Strasbourg. Ce sont des temps d’information, d’échange d’expérience et de réflexion pour aborder tout autant les directives anticipées, que les méthodes de transmissions pratiques et administratives et imaginer ses obsèques. En zones rurales, Delphine Freiss organise également des ateliers à la fois informatifs et créatifs, pour donner libre cours à ses aspirations.

Après ces étapes de réflexion, un mot d’ordre : communiquer ! Pas besoin de passer par un notaire pour transmettre des directives. Elles peuvent être consignées sur une feuille de papier libre datée et signée. Mais encore faut-il bien informer ses proches sur l’existence même de ces directives écrites.

Choisir une sépulture éco-responsable

L’impact environnemental des différentes formes de sépulture continue de faire débat. Si la crémation est plébiscitée aujourd’hui, elle n’en reste pas moins coûteuse en énergie. En Alsace, l’usage majoritaire est d’inhumer les cercueils et les urnes en pleine terre plutôt que dans des caveaux de bêton, comme cela peut se faire plus couramment ailleurs en France. Ces enfouissements ne sont pas sans effet sur les sols. Les sépultures ne peuvent pas être biodégradables dans la mesure où elles sont attachées à une concession, quelle qu’en soit la forme, et doivent pouvoir être relevées au terme de celle-ci.

Les pompes funèbres ouvrent désormais leurs catalogues aux matériaux naturels et éco-responsables et proposent même des packs verts : cordes pour les poignées, bois non traité issu d’une essence qui se renouvelle vite, coton non traité, urne en céramique de créateur…

La jeune coopérative Akène va plus loin et défend un circuit local, social et solidaire. Elle travaille avec un marbrier alsacien utilisant le grès des Vosges ou propose un cercueil en bois de coffrage recyclé par les menuisiers de l’association des Jardins de la Montagne verte à Strasbourg.

Retourner aux éléments

« En matière des pratiques funéraires, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé même si les communes ne le savent pas toujours », insiste Caroline Lemmel. Moyennant une déclaration et des règles peu contrôlées dans la pratique, une dispersion des cendres en peine nature, en mer ou dans une « vasque du souvenir » collective dans un cimetière municipal est gratuite.

Une urne ne peut pas être conservée chez soi plus d’un an. N’importe qui doit pouvoir venir se recueillir sur le lieu retenu qui ne peut donc pas être un espace privé, ni un lieu d’activité publique. Autour de Strasbourg, la forêt de la Robertsau, celles du Mont-Saint-Odile ou de Haguenau sont privilégiées.

Les cendres d’un défunt sont indivisibles : il est interdit de les partager en plusieurs lieux de dispersion.Photo : Pixabay / Peggychoucair

Si des cendres sont immergées avec leur urne, c’est alors le seul cas où celle-ci doit être biodégradable, en sel ou en argile par exemple. Sobre et net : le cimetière Nord de Strasbourg propose un « jardin du souvenir » gratuit, où les cendres d’une personne peuvent être enfouies dans un petit carré de terre sous du gazon.

Trouver des concessions vertes

Pour éviter que sa dernière demeure ne vienne grossir des étendues minérales de marbre importé, plusieurs alternatives existent autour de Strasbourg. Dans le cimetière verdoyant de la Robertsau, véritable parc dessiné au début du XXe siècle par l’architecte des Bains municipaux, la municipalité de Strasbourg étend ses « Plantations du Souvenir ». Les urnes peuvent y être enterrées au pied d’un rosier ou d’un conifère qui seront entretenus en tant que concession. Ce passage de relai à la vie végétale est aussi possible sur de plus petites surfaces au cimetière Saint-Gall de Koenigshoffen, au cimetière Sud de Strasbourg, à Souffelweyersheim ou encore Bischheim.

Depuis avril 2023, six enterrements ont eu lieu dans la forêt sanctuaire de Muttersholtz. En y laissant la nature en libre évolution, les familles acceptent que les arbres y soient livrés aux aléas, sans intervention pour les sauver le cas échéant.Photo : Association Maintenant l’Après

En 2023, les mairies de Muttersholtz et Schiltigheim ont engagé un pas supplémentaire pour les générations futures avec l’ouverture de leurs forêts sanctuaires, portées avec l’association alsacienne Au-delà des racines et pionnières en France. À Muttersholtz, la mairie consacre une partie de sa forêt domaniale à l’enfouissement d’urnes aux pieds d’arbres-concessions.

Il n’est pas possible de réserver de concession dans la jeune forêt sanctuaire de Schiltigheim, inaugurée le 19 septembre 2023 dans la prolongement de son cimetière Ouest. Devant la pression démographique, la municipalité projette déjà de l’étendre. Photo : Mairie de Schiltigheim

À Schiltigheim, il s’agit d’une création de forêt de 5 000 mètres carrés. Ses 55 arbres de diverses essences régionales plantés seront protégés chacun par huit concessions de quatre places à leurs pieds. Le site sera laissé en libre évolution pour que la biodiversité y prennent ses droits. Si la mairie de Muttersholtz ouvre sa forêt sanctuaire à tous, celle de Schiltigheim réserve la sienne à ses administrés en raison de la pression démographique. Une troisième forêt sanctuaire devrait voir le jour à Sommerau en 2024.

Enterrer une sépulture au pied d’un arbre le met à l’abris de toute exploitation. Une trentaine d’inhumations se sont déjà tenues depuis 2019 dans la première forêt cinéraire française, à Arbas en Haute-Garonne. 200 concessions y sont réservées actuellement. Photo : Crédit : Pixabay / Riaij

Forte d’une vieille tradition de parcs-cimetières, l’Allemagne a développé partout sur son territoire des forêts funéraires privées destinées à régénérer les bois après les dégâts de la tempête de 1999. Ceux de Rheinau, Badener Höhe et Schenkenzell, de la régie Friedwald, ainsi que Trifels, et Endingen am Kaiserstuhl se trouvent à moins de 100 km de Strasbourg et accueillent déjà des sépultures de Français. Ici une vue imprenable depuis les hauteurs de la Forêt-Noire, là une jeune plantation de vignes, plus loin un verger de nèfles et de sorbiers pour les animaux sauvages… Les formes y sont variées et plus ou moins aménagées et propices à la promenade. À l’inverse des règles françaises, les urnes enfouies dans ces forêts allemandes doivent obligatoirement être biodégradables. L’association Maintenant l’Après organise régulièrement des visites de découverte de ces forêts novatrices.

Pour fêter ses 30 ans, le Molodoï reçoit le rappeur Médine samedi 2 décembre

Pour fêter ses 30 ans, le Molodoï reçoit le rappeur Médine samedi 2 décembre
Crédit : Roni Gocer

Lieu autogéré iconique de la vie culturelle, militante et associative strasbourgeoise, le Molodoï organise une série de concerts pour fêter ses 30 ans. Le rappeur Médine sera sur scène pour la soirée inaugurale, samedi 2 décembre.

Depuis quelques jours, le milieu militant bruissait de rumeurs sur la venue d’un grand nom du rap au Molodoï. Lyriciste confirmé, rappeur engagé et « paratonnerre » autoproclamé des polémiques médiatico-politiques, Médine montera sur la scène du Molodoï samedi 2 décembre. Avec lui, le groupe de punk-rap Krav Boca, la rappeuse grecque Sara ATH et le rappeur strasbourgeois Sisalah animeront la soirée co-organisée par l’Action antifasciste Strasbourg, le collectif AIM Strossburi et l’équipe du « Centre autonome jeunes Molodoï ».

L’évènement marquera le début d’un cycle de concerts célébrant les trente années d’existence du lieu autogéré, ouvert en 1994 dans le quartier Laiterie. « Ça fait plusieurs mois qu’on réfléchissait à ce qu’on voulait faire pour marquer le coup », explique Nicolas, un membre du conseil d’administration du Centre autonome jeunes (CAJ) Molodoï. « On est arrivé à la conclusion qu’on voulait faire plein de concerts en 2024 estampillés “fête des 30 ans”. Ça concernera tous les concerts où le conseil d’administration du Molodoï collaborera directement avec des collectifs. »

Tenant assumé d’un rap politique, Médine peut être perçu comme l’un des derniers représentants grand public du « rap conscient », dont il n’hésite pourtant pas à s’éloigner des codes. Actif depuis le début des années 2000, il signe son dernier album « Médine France » en mai 2022.

« Le Molodoï ne cède pas aux pressions politiques »

Les collectifs AIM Strossburi et AFA Strasbourg avaient d’abord prévu deux soirées distinctes, l’une avec le groupe toulousain Krav Boca, l’autre avec le rappeur havrais Médine. « On a décidé de faire bosser les deux assos ensemble et de faire une vraie belle date », raconte Nicolas. « Et on savait que l’AFA essayait d’inviter Médine depuis près de deux ans. C’était une bonne occasion. » En deux jours, 350 préventes sont déjà vendues, sur un total de 700 places.

Concernant les risques d’une annulation du concert de Médine, ciblée par plusieurs polémiques, Nicolas reste confiant :

« On ne voit pas pourquoi le concert serait annulé le 2 décembre, alors qu’il y a six mois, Médine jouait à la Laiterie sans que personne ne s’en préoccupe. Sauf si la préfecture invoque une question de sécurité comme prétexte, il n’y a pas de raison d’annuler. »

En plus des concerts, le Molodoï accueille aussi des cours de sport ou des conférences, en lien avec d’autres associations.Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc

En septembre, la mairie de Toulouse avait annulé l’un des concerts de Médine, en concertation avec la préfecture de Haute-Garonne. La municipalité avait justifié sa décision en évoquant le manque de moyens humains pour « sécuriser l’évènement ». À Aix-en-Provence, le parti d’extrême droite Reconquête avait mené une campagne virulente contre la venue du rappeur le 22 septembre, sans succès.

En août, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, avait refusé d’assister aux universités d’été d’Europe-Écologie Les Verts au Havre, à cause de la présence de Médine, qu’elle qualifiait de « personnage ambigu » au micro de BFM Alsace. « Quoi qu’il arrive, nous sommes un lieu autonome. Ce n’est pas dans l’ADN du Molodoï de céder aux pressions politiques », souffle Nicolas.

Gabriel di Gregorio, éducateur de rue : « Les leçons des émeutes n’ont pas été tirées »

Gabriel di Gregorio, éducateur de rue : « Les leçons des émeutes n’ont pas été tirées »

Absence de discussion avec les jeunes de quartiers sur les émeutes, annonces gouvernementales post-émeutes insuffisantes. Pour Gabriel di Gregorio, directeur de l’association de prévention spécialisée Jeep, les leçons des émeutes n’ont pas été tirées.

Deux drones et un hélicoptère survoleront les quartiers de Hautepierre et Cronenbourg dans la soirée du mardi 31 octobre, pour prévenir d’éventuelles violences urbaines à l’occasion d’Halloween. Pour Gabriel di Gregorio, directeur de l’association de prévention spécialisée Jeep (Jeunes équipes d’éducation populaire), qui intervient auprès des jeunes en difficulté notamment à Hautepierre, ces mesures démontrent que l’État n’a pas d’autre réponse face aux banlieues.

Rue89 Strasbourg : À Strasbourg, les émeutes de juin ont touché le quartier de Hautepierre et de Cronenbourg en particulier. Est-ce que ces événements ont eu un impact sur le travail des éducateurs de la Jeep ?

Gabriel di Gregorio : Nous avons été très mobilisés sur le terrain pendant cinq jours, du mercredi 28 juin au dimanche 2 juillet. Ensuite la situation s’est calmée, très vite. À la rentrée 2023, on s’est dit qu’on avait peu débattu avec les jeunes de ce qu’il s’était passé. C’est probablement maintenant qu’il serait intéressant d’aborder cette question, à froid, avec des groupes de jeunes et des éducateurs. Mais les jeunes sont peu enclins à en parler. Ils sont manifestement passés à autre chose. Le temps de la réflexion n’a donc pas véritablement démarré. Aujourd’hui, les leçons des émeutes n’ont pas été tirées.

Depuis les émeutes, notre méthode de travail n’a pas changé. Nous continuons d’être présents auprès des habitants. Tout au long de l’année, nous mettons en place une médiation entre le jeune et l’école quand il est en difficulté scolaire. La même médiation peut être mise en place avec les parents quand il y a des conflits intra-familiaux. Il y a enfin tout un accompagnement dans l’insertion sociale et professionnelle à travers des chantiers éducatifs. C’est ainsi qu’on accompagne les jeunes et leurs familles, en partenariat avec les institutions du quartier, comme le collège ou le centre médico-social. C’est cette proximité tout au long de l’année qui fait qu’on peut avoir un impact le soir de nouvel an.

Que fait la Jeep le soir de Nouvel an ? 

Au Nouvel an 2022, nous avions 17 éducateurs mobilisés sur l’ensemble du territoire d’action de la Jeep, de Haguenau au Neuhof en passant par Hautepierre, la Meinau et le quartier des Écrivains à Schiltigheim. En général, les éducateurs font un travail de rue et assurent une présence auprès des jeunes. Si la situation se dégrade, si ça dégénère, on essaye d’intervenir mais il y a bien sûr une consigne de sécurité aussi. Les éducateurs ne sont pas des policiers. Dans le cadre de la soirée du Nouvel an, on essaye d’accompagner au mieux les jeunes, tout en restant extrêmement prudent dans nos interventions. Mais cette présence, si elle n’était que ponctuelle, serait inutile. C’est l’accompagnement mis en place tout au long de l’année qui nous permet d’avoir un impact le soir de Nouvel an.

Est-ce que la soirée de Halloween fait l’objet de la même activité de la Jeep ?

On est un peu moins mobilisé pour Halloween. C’est une soirée qui n’est pas aussi problématique que celle de Nouvel an. Pour la soirée du 31 octobre 2023, nous serons quand même sur le terrain. Il y aura du travail de rue en fin d’après-midi, dans le quartier des Écrivains, à la Meinau et au Neuhof. À Hautepierre, des éducateurs vont emmener des jeunes pour une activité labyrinthe à Dorlisheim et il y aura aussi un tournoi de foot par le centre socio-culturel, coorganisé avec la Jeep, dans le gymnase de la maille Brigitte.

À quelles problématiques structurelles les éducateurs spécialisés sont-ils confrontés ?

Ça fait longtemps que nous alertons nos financeurs sur les services publics qui se dégradent, les inégalités qui s’accroissent et le décrochage scolaire qui a particulièrement augmenté après le covid. Il y a plusieurs phénomènes de fond, très anciens. Tant que ces problématiques ne sont pas prises en compte, il risque d’y avoir à nouveau des débordements comme ceux qu’on a connus en juin.

La Première ministre Élisabeth Borne a présenté un plan « anti-émeutes » jeudi 26 octobre. Est-ce que vous l’avez suivi, et si oui, est-ce qu’il vous semble à la hauteur de l’enjeu ?

Je n’ai pas suivi les annonces du gouvernement mais la prévention fait partie des oubliés du gouvernement concernant ce qu’il convient de faire dans les quartiers après une émeute. C’est normal qu’il y ait une dimension sécuritaire dans les annonces. Mais les émeutes surgissent en raison d’autres problématiques, empilées, imbriquées, qui nécessitent qu’on s’en occupe sur le long terme. J’attends encore des annonces contre les inégalités, sur les difficultés de la jeunesse, en faveur de l’accompagnement dans l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Mais pendant ce temps, nous continuons de faire notre travail de terrain.

Le règlement de comptes derrière la démission du président de la SIG Olivier Klotz

Le règlement de comptes derrière la démission du président de la SIG Olivier Klotz
Olivier Klotz

Élu en juin, démissionnaire en octobre, Olivier Klotz n'aura pas tenu longtemps à la tête de la SIG. Le club des actionnaires reprend la main sur le club de basket de Strasbourg.
Ancien président du Medef Alsace, Olivier Klotz est habitué à nager dans les eaux troubles du monde des affaires. Mais il a sans doute sous-estimé les pièges du monde du sport ! Mercredi 25 octobre, un communiqué laconique de la SIG rapporte qu'Olivier Klotz a démissionné de la présidence du club de basket de Strasbourg après seulement quatre mois de mandat. Une annonce étonnante puisque l'ancien président, Martial Bellon, était resté 13 ans au même poste.
Que s'est-il passé ? D'abord, la venue d'Olivier Klotz a été une surprise pour le petit monde du basket. À la suite de Martial Bellon, c'est Pierre Burgun qui devait prendre la relève, patron des montres Pierre Lannier, un gros sponsor du club à Ernolsheim-lès-Saverne. Mais Pierre Burgun avait semble-t-il échaudé quelques uns des partenaires et personnels de la SIG. Si bien qu'au début de l'année 2023, Robert Fedida alors président du conseil de surveillance du club, s'est mis à lui chercher un remplaçant.

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Halloween : deux drones et un hélicoptère pour surveiller Cronenbourg et Hautepierre

Halloween : deux drones et un hélicoptère pour surveiller Cronenbourg et Hautepierre
Cronenbourg, cité nucléaire

Pour faire face à d’éventuels débordements lors de la soirée de Halloween, la préfecture du Bas-Rhin a autorisé le déploiement de deux drones et d’un hélicoptère équipés de caméras dans les quartiers de Hautepierre et Cronenbourg.

Halloween, édition 2023. À Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a aussi décidé de faire peur. Du 31 octobre à 18h jusqu’au 1er novembre à 1h, deux drones et un hélicoptère pourront capter, enregistrer et transmettre les images filmées dans les quartiers de Hautepierre et de Cronenbourg. Josiane Chevalier accède ainsi à une demande de la police nationale pour « assurer la sécurisation de la soirée et de la nuit d’Halloween ». Selon l’arrêté préfectoral signé le 27 octobre, la soirée d’Halloween génère des troubles à l’ordre public. La préfecture rappelle ainsi qu’au « cours de la soirée du 31 octobre 2022, 36 poubelles et 15 véhicules ont été incendiés, les troubles à l’ordre public ayant donné lieu à une vingtaine d’interpellations ».

Deux quartiers touchés par les émeutes

L’arrêté préfectoral n’indique pas pourquoi les quartiers de Hautepierre et Cronenbourg en particulier nécessitent une surveillance. En octobre 2022, selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, tous les secteurs de l’Eurométropole de Strasbourg étaient concernés… à l’exception de Hautepierre « où la nuit a été particulièrement tranquille ». Sollicitée, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à notre demande.

La préfecture se base sans doute sur les émeutes liées à la mort de Nahel en juin 2023. Les destructions avaient été particulièrement importantes dans l’Ouest de Strasbourg. À Hautepierre, les émeutiers ont pris pour cible le collège Erasme et le centre commercial. Dans le quartier voisin de Cronenbourg, le collège Sophie Germain et l’école Langevin avaient été incendiés.

Des interdictions sur le transport de carburant

Dans ses arguments, la préfecture avance aussi l’insuffisance des forces de sécurité intérieure et de la vidéoprotection pour assurer l’ordre public dans ces quartiers. Sans nommer Hautepierre ou Cronenbourg, l’arrêté préfectoral met en cause l’urbanisme du territoire concerné :

« Compte tenu de l’ampleur de la zone à sécuriser, de la configuration particulière des lieux avec de nombreuses rues et bâtiments qui permettent aux individus violents de se déplacer de manière très mobile et dispersée, de l’intérêt de disposer d’une vision en grand angle pour permettre le maintien et le rétablissement de l’ordre public tout en limitant l’engagement des forces au sol pour préserver leur intégrité physique, le recours aux dispositifs de captation installés sur des aéronefs est nécessaire et adapté. »

Arrêté préfectoral du 27 octobre

Pour limiter les incendies, la préfecture a pris deux autres arrêtés. Le premier interdit la « distribution, la vente et l’achat de carburants dans tout récipient transportable » du lundi 30 octobre à compter de 8h jusqu’au jeudi 2 novembre à 8h sur l’ensemble du territoire du Bas-Rhin. Le second interdit dans la même période et sur le même territoire « l’achat, la vente, la cession, l’utilisation, le port et le transport des artifices de divertissement et articles pyrotechniques ».

Thierry Queffélec, préfet du Haut-Rhin, a également signé deux arrêtés interdisant l’achat et à la vente de carburant dans des récipients et d’articles pyrotechniques « pour le bon déroulement des festivités dans tout le département ».

Trop de plomb dans les sols de certains jardins familiaux

Trop de plomb dans les sols de certains jardins familiaux
jardins familiaux Eslau

Une quantité anormale de plomb a été retrouvée dans certains jardins familiaux de l'Elsau, mis à disposition par la Ville de Strasbourg. Un métal lourd potentiellement dangereux pour la santé des utilisateurs et dont la présence a été détectée en 2022. Les familles ont été prévenues un an plus tard.
"J'aurais juste aimé qu'on me prévienne quand j'étais enceinte". Face au jardin familial qu'elle utilise depuis près de 10 ans, à l'Elsau, Julie (le prénom a été modifié) fulmine. Le . . .

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Autour de 3 000 personnes dénoncent la répression d’Israël contre les civils à Gaza

Autour de 3 000 personnes dénoncent la répression d’Israël contre les civils à Gaza

Environ 3 000 personnes ont défilé de la place Dauphine à la place de la Gare de Strasbourg dans l’après-midi du samedi 28 octobre pour dénoncer l’opération armée d’Israël dans la bande de Gaza et les souffrances infligées au peuple palestinien.

C’est par une lecture de l’arrêté préfectoral qu’a débuté la manifestation de soutien au peuple palestinien, samedi 28 octobre vers 15h. Alors que 3 000 personnes commençaient à se sentir serrées place Dauphine, en face du centre commercial Rivétoile, les organisateurs ont tenu à rappeler les consignes spécifiques appliquées à ce rassemblement (listées dans l’article précédent).

Car les 25 organisations ayant collectivement appelé à défiler voulaient à tout prix montrer aux autorités, et à la préfecture en particulier, qu’un rassemblement en faveur des Palestiniens ne serait pas synonyme d’émeutes, ni un creuset de propos antisémites ou d’apologie du terrorisme. Et ce, malgré l’opération terrestre débutée le matin même à Gaza par l’armée d’Israël, qui a également imposé un black-out complet aux 2,5 millions de Gazaouis

Hervé Gourvitch et Leïla Sihabi ont rappelé les consignes de la préfecture au début de la manifestation. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Pari gagné pour le collectif des organisateurs. Les slogans entendus étaient franchement hostiles à Israël, et au gouvernement français, accusés de perpétrer ou de laisser commettre des crimes de guerre dans la bande de Gaza, après l’attaque du Hamas au matin du 7 octobre. Mais il n’y a pas eu de slogans antisémites ni même religieux tout au long du parcours.

Indignation face à la violence de la répression

Rabih, Libanais en France depuis 2010, est effaré par la violence qui frappe les Palestiniens :

« Avant l’attaque du Hamas, rien que depuis janvier, il y avait déjà 300 morts palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie, et personne n’en parlait. L’histoire n’a pas commencé le 7 octobre, ce conflit a débuté au début du siècle dernier. Ce qu’il se passe en Palestine, c’est un nettoyage ethnique depuis cette époque ! »

AvatarRabih
Originaire du Liban, Rabih est en France depuis 2010 et n’a plus aucune nouvelle de ses proches à Gaza. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Alors que des cris scandent « Israël assassin, Macron complice », Rose, la cinquantaine, pousse son vélo parmi les manifestants. Pour elle, Israël s’affranchit du droit international :

« On voit un État qui est attaqué par des terroristes et qui se venge sur des civils avec son armée… Plus de 7 000 morts parmi les Gazaouis, dont 3 000 enfants, on en est là à ce jour… Est-ce normal pour un État ? Et la France qui n’arrive pas à appeler au cessez-le-feu, j’ai beaucoup de mal avec ça. »

Rose

Rose n’est « pas complotiste » mais elle trouve que l’attaque du Hamas est une diversion opportune pour le gouvernement israélien :

« Le gouvernement était paralysé (dans sa tentative de réforme du système judiciaire, NDLR), il faisait face à des manifestations monstres et depuis l’attaque du Hamas, c’est la concorde nationale ! Comment l’armée d’Israël et ses services secrets ne l’ont pas vu venir, comment est-ce possible qu’ils aient laissé passer 2 000 terroristes ? J’ai du mal à comprendre. »

Rose
Samia n’en peut plus de ce « massacre ».Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Samia, qui défile avec ses trois filles dont une en poussette, est à bout de nerfs depuis trois semaines :

« Je ne suis ici ni pour le Hamas, ni pour le Fatah (parti politique palestinien, au pouvoir en Cisjordanie, NDLR). Je suis ici pour les enfants, les mères, les vieux qui sont privés de tout depuis l’attaque et tués par l’armée israélienne. Comment est-ce possible qu’on laisse faire ça ? On n’en peut plus de ce massacre, c’est insoutenable. »

AvatarSamia

Dans le cortège qui arrive à la Gare, Anne, la quarantaine avec un keffieh autour du cou, est satisfaite par la tenue de la manifestation :

« Je n’ai pas entendu un “Allah ouackbar” et c’est tant mieux. L’attaque du Hamas est terrible mais il faut reconnaître qu’elle a rappelé à tout le monde l’existence de ce conflit… Les Palestiniens sont opprimés depuis tant d’années. Je suis allée en Cisjordanie, il faut voir comment les colons s’attaquent quotidiennement à eux et comment Israël multiplie les vexations, les bloquent dans leurs vies… C’est infernal, ça ne peut pas continuer. »

Anne

Vers 17h30, la manifestation arrivée place de la Gare s’est dispersée sans incident après un bref discours promettant d’autres rendez-vous en soutien aux Palestiniens et une minute de silence dédiée à toutes les victimes du conflit. Restée discrète tout au long du parcours, la police nationale n’a pas eu à intervenir pour disperser la manifestation mais la préfecture indique que neuf personnes ont été interpellées au cours de l’après-midi.

Aux Bibliothèques idéales, un week-end de débats autour des révolutions actuelles

Aux Bibliothèques idéales, un week-end de débats autour des révolutions actuelles

Les Bibliothèques idéales proposent « La révolution en nous » du jeudi 2 au dimanche 5 novembre, avec des invités plus ou moins révolutionnaires mais toujours plein d’idées. La thématique rappelle que la créativité des rebelles est bienvenue dans l’ambiance sécuritaire actuelle.

Dans l’environnement ultra-corseté qui est devenu le nôtre, où des lois d’exception sont votées pour autoriser la reconnaissance faciale automatique sur les images de vidéosurveillance, où des journalistes sont placés en garde à vue parce qu’ils couvrent des manifestations écologistes ou révèlent des scandales d’État, où des manifestations contre le gouvernement sont interdites avant même d’avoir été annoncées, organiser un événement appelé « La Révolution en nous », avec un poing levé sur l’affiche, relève presque du défi.

Le festival est prévu du 3 au 5 novembre, à la Cité de la musique et de la danse de Strasbourg. Bon, les autorités peuvent cesser de paniquer. L’un des premiers invités à parler des révolutions sera Édouard Philippe, l’ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron (2017-2020) surtout connu pour avoir réprimé par la violence la révolution, bien réelle elle, des Gilets jaunes. En campagne pour devenir président de la République, Édouard Philippe présentera son livre (Des lieux qui disent, JC Lattès), un programme de droite mais présenté comme non-partisan, basé sur l’affirmation de l’école et de l’élitisme et des principes républicains. Ce mix consensuel peut encore fonctionner auprès des foules apparemment, même quand on a été le chef du gouvernement où l’Éducation nationale était confiée à Jean-Michel Blanquer.

L’engagement de la littérature en question

Fort heureusement, ce week-end organisé par les Bibliothèques idéales, dont les concepts d’échanges libres devant un public sont repris, reçoit d’autres personnalités peut-être un poil plus révolutionnaires, au moins dans leurs idées. Ainsi samedi 4 novembre, deux auteurs (Jean-Hugues Oppel et Jeanne Desaubry) d’un collectif de 68 appellent, par la littérature, à « imaginer un autre futur, refonder une collectivité, une communauté basée sur l’interdépendance et le respect ». Vendredi 3 novembre, un bref moment d’espoir après la Grande guerre est qualifié de « révolution oubliée » et proposé à l’étude in-situ.

Côté révolution nécessaire face au réchauffement climatique, il faudra se satisfaire d’Hugo Clément. Enfant chéri des talk-shows, le journaliste a créé son propre média en 2022, presqu’entièrement dédié aux informations sur les crises environnementales et proposant des moyens pour s’impliquer. Si l’engagement d’Hugo Clément reste un sujet de débat, son impact sur les jeunes qui le suivent par centaines de milliers sur les réseaux sociaux, est bien réel. Suffisamment pour en faire un révolutionnaire ? Il faudra vérifier sur place.

Concerts et rencontres artistiques

Citons également la venue d’Edwy Plenel, dimanche 5 novembre à 16h, qui viendra parler de révolutionnaires tutélaires, des figures qui ont tenu bon contre les vents de leur époque comme Charles Péguy, Émile Zola, Jean de La Fontaine, Léon Trotsky, Rosa Luxemburg… évoquées dans son dernier ouvrage (Se tenir droit, Seuil).

Le festival propose en outre une série de concerts, lectures et rencontres plus festives. Comme par exemple une soirée autour de « la révolution du désir, du plaisir et de la liberté des corps », avec Abigaïl Auperin, Maïa Mazaurette, Alexandra Cismondi, Nicole Mersey Ortega et Laure Giappiconi, samedi 4 novembre à 20h, suivie du spectacle Mujeres Arañas, qui revient sur les menaces contre l’avortement.

Signalons également l’instant de samedi à 14h autour de l’Affiche Rouge de 1944, où des résistants étaient présentés comme des terroristes par les nazis. Des textes de Louis Aragon, des chansons de Léo Ferré et la présence de Didier Daenninckx seront aptes à réchauffer le cœur de tout révolutionnaire.

Guerre en Israël : la communauté juive de Strasbourg se protège

Guerre en Israël : la communauté juive de Strasbourg se protège

Depuis les attaques du Hamas contre des civils en Israël du 7 octobre, la communauté juive de Strasbourg multiplie les actions pour se sentir en sécurité. Reportage dans le quartier des Contades.

Sous la pluie du vendredi 27 octobre, les rues du quartier des Contades à Strasbourg sont silencieuses. Sur la grille de la synagogue de la Paix, un panneau rappelle que « plus de 1 200 Israéliens ont été tués par le Hamas ». Le 7 octobre, une attaque menée par le Hamas sur le territoire d’Israël a fait plus de 1 400 morts, lors de raids contre des civils. L’organisation islamiste considérée comme terroriste par l’Union européenne a pris en otage plus de 200 citoyens israéliens. En réplique, le gouvernement d’extrême-droite israélien a imposé un blocus total de la bande de Gaza et bombardé les agglomérations, faisant plus de 7 000 morts selon le ministère de la santé du Hamas. Depuis, la communauté juive strasbourgeoise vit dans la peur des répercussions locales du conflit israélo-palestinien.

Pierre Haas est délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en Alsace. Il témoigne d’une tension et d’une angoisse accrues au sein de sa communauté qui rassemble à Strasbourg environ 20 000 personnes :

« Beaucoup d’entre eux ont des proches ou de la famille qui habitent en Israël, un pays en guerre. Les gens m’appellent pour me rapporter des actes antisémites, que ce soit des graffitis ou des inscriptions qui célèbrent le Hamas. Toutes les personnes qui m’appellent me disent faire preuve d’une vigilance extrême. »

« Je sens qu’on me regarde »

Devant les épiceries cashers du quartier des Contades, la majorité des personnes interrogées sur leur quotidien depuis les attaques terroristes du 7 octobre expriment d’abord leur lassitude. Au pied d’un immeuble, deux hommes, qui souhaitent rester anonymes, admettent qu’ils ne sont « pas tranquilles » :

« J’habite au dessus d’un bar et je sens qu’on me regarde. Je sens les regards insistants, le soir et même en journée. On accompagne systématiquement les enfants jusqu’à l’école. Ce n’était pas le cas avant. C’est préventif. »

Avant de repartir entre deux averses sur son vélo cargo, l’un des pères de famille salue la présence accrue de policiers dans le « ghetto », un qualificatif qu’il donne au quartier des Contades.

Cinq personnes interrogées déplorent que le drapeau israëlien ait été décroché de la facade de l’Hôtel de ville place Broglie. Lucette, 50 ans, ne comprend pas ce qu’elle interprète comme un manque d’empathie envers sa communauté :

« J’ai l’impression que personne ne nous soutient à Strasbourg. Lors des attentats contre Charlie Hebdo, tout le monde était dans la rue. Là, on ne voit pas grand monde. Bien sûr il y a nos voisins qui demandent des nouvelles. Mais la solidarité n’est pas flagrante. »

« Mes fils ne portent plus la kippa en dehors du quartier »

Ce qui change vraiment pour Lucette depuis le 7 octobre, c’est la présence de deux de ses enfants au domicile familial. Ils auraient dû partir le 10 octobre vivre en Israël. « Du coup ils sont à la maison. Je ne sais pas quand ils pourront partir », souffle-t-elle. Alors qu’elle répond aux questions de Rue89 Strasbourg, une voisine lui dit bonjour de loin et demande des nouvelles de ses fils. « Au moins ils sont bien ici », sourit-elle.

En prévision du week-end, Lucette sait que sa famille ne s’aventurera pas hors du quartier des Contades. « Je suis reconnaissable et mes fils aussi. D’ailleurs ils ne portent plus la kippa en dehors du quartier », explique-t-elle, prenant pour exemple un trajet en train où ils sont exceptionnellement restés sans leur couvre-chef religieux.

Hors de question également de flâner dans un parc le week-end pour profiter des derniers rayons du soleil automnal. « Avec la manifestation qui est prévue en soutien à la Palestine, on se dit que ça pourrait dégénérer », estime-t-elle. Des précautions « évidentes » pour la mère de famille.

« En alerte », c’est aussi l’état d’esprit de cette mère de quatre enfants, tous scolarisés dans des écoles juives de Strasbourg :

« Dans la rue, on ne les appelle plus par leurs prénoms. On utilise une version française. Les enfants vivent comme si on était en état de guerre. On ne se balade plus dans le parc à côté de la synagogue. Tout le monde est vigilant. »

Jeudi 19 octobre, un adolescent de 15 ans a été interpellé aux abords de la synagogue avec un couteau en main. À France Bleu Alsace, le président du consistoire juif de Strasbourg Maurice Dahan confiait que « pas un jour ne passe sans qu’un membre de la communauté juive de Strasbourg ne porte plainte en ce moment, notamment pour des injures ».

Les codes des portes changés

Devant une pharmacie de l’avenue des Vosges, Sarah et Dina font état de changements pour leurs enfants plus que pour elles-mêmes. Dans les écoles, les codes des portes ont été changés et les sorties sportives annulées.

« Si ma fille de 17 ans ne m’appelle pas quand elle sort du lycée, je suis angoissée », explique Dina. « Et désormais, pour signaler une absence d’un de mes enfants, l’école demande à ce qu’on appelle et à ce que plus rien ne passe par mail », abonde Sarah.

Les mères de familles décrivent des messages quotidiens de la part des établissements scolaires les invitant à faire attention. « Ils ne peuvent plus sortir de l’établissement pendant la récréation », poursuit Sarah.

Caroline est très inquiète. La jeune quadragénaire, mère de sept enfants, craint pour leur sécurité même si elle tente de les préserver du contexte comme elle peut :

« J’ai demandé à mon fils qui travaille dans une épicerie casher de ne plus porter la kippa mais il refuse. J’ai aussi demandé à ma fille si elle savait quoi faire en cas d’attaque terroriste dans son lycée. »

Une autre fille de Caroline vit en Israël, où elle a été appelée pour son service militaire, « mais pas sur le terrain », glisse la mère, un peu rassurée. Les mots sortent à toute vitesse lorsque Caroline parle, presque sans interruption. Puis elle lâche brusquement : « Je pense que ça s’entend, je suis en colère ».

« Quand j’approche de l’école juive, je regarde autour de moi, quand j’approche du centre communautaire, je regarde autour de moi. J’ai demandé à mes enfants de rentrer directement à la maison après la fin des cours. C’est dur de ne pas baigner dans cette angoisse tout le temps mais il faut être vigilant. On a tous encore l’attentat de Toulouse en tête, et ce qui s’est passé en Israël, ça peut très bien se passer ici. C’est un prétexte pour les antisémites qui veulent taper du juif. »

Des messages antisémites à l’université

Natacha Hubelé est présidente de la section strasbourgeoise de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Depuis le 7 octobre, l’Union organise des veillées en soutien aux otages, des collages, des manifestations et des groupes de parole. Neuf évènements en trois semaines, ce qui est exceptionnel pour l’organisation. Au téléphone, elle raconte la mise en place d’une « cellule de crise » depuis trois semaines et la prévention qu’ils se sont efforcés de faire, dès le 9 octobre au matin :

« On a envoyé une lettre au doyen de la faculté pour prévenir les actes antisémites. Dès le 7 octobre, on a su que ce n’était pas un évènement comme les autres. On ne sait pas encore ce qui est fait du côté de l’université pour punir les actes antisémites mais nous travaillons pour faire remonter les signalements. On est surtout tous très fatigués. »

Selon la présidente, les insultes antisémites sont présentes sur les réseaux sociaux et dans les groupes WhatsApp d’étudiants. Dans un échange consulté par Rue89 Strasbourg, les étudiants juifs sont qualifiés de « dragons volants » par exemple. Sur un réseau social, l’UEJF rapporte le témoignage de Romain dont les camarades d’amphi estiment qu’il faut « buter tous ces sales juifs ». Des remarques antisémites requalifiées en blagues auraient aussi été proférées dans le cadre de cours « mais heureusement, il n’y a pas eu d’attaque physique », poursuit la présidente.

Une fois par semaine depuis l’attaque, l’UEJF organise un cercle de parole pour que les étudiants et étudiantes puissent en parler ensemble :

« Ça fait du bien de partager ce qu’on a sur le cœur. Avec les otages dont on n’a pas de nouvelles, l’image d’une inscription « interdit aux juifs » à l’entrée d’un bâtiment en Turquie et la multiplication des insultes antisémites, on a tous vraiment peur. »

« J’aimerais que plus aucun civil ne meure »

Lucette, la mère de famille, aimerait avant tout que « plus aucun civil ne meure » :

« Si ça pouvait se régler sans aucun décès supplémentaire, ça serait génial. C’est peut-être un peu naïf mais je me dis que des conflits inter-religieux ont déjà été dépassés, que ça pourrait être le cas de celui-ci également. »

Au sein de la famille de Caroline, « tout le monde est hébété. On espère juste que l’armée de terre d’Israël entrera le plus tard possible dans Gaza, car on sait tous que ce jour endeuillera encore beaucoup de familles », explique-t-elle.

Interrogée sur les effectifs déployés pour protéger la communauté juive à Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à Rue89 Strasbourg dans le temps imparti.

Un audit dénonce les dérives financières et la gestion clanique du centre socio-culturel de l’Elsau

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Revenu de transition écologique : un nouveau modèle de financement de projets débarque à Strasbourg

Revenu de transition écologique : un nouveau modèle de financement de projets débarque à Strasbourg
Justine Rist, jeune cuisinière de 33 ans, souhaite démocratiser la cuisine végétarienne et végan. Elle est l'une des jeunes femmes soutenue par Byfurk cette année pour son projet.

Porté par la marque Byfurk, le Revenu de transition écologique vise à soutenir des initiatives respectueuses du vivant, du lien social et de l’humain. Soutenu par l’Eurométropole de Strasbourg à hauteur de 50 000 euros, ce mode de financement pourrait bénéficier à une dizaine de projets en 2023.

C’est une petite révolution dans le monde de l’Économie sociale et solidaire (ESS) à Strasbourg. Arriver à vivre, financièrement, d’un projet qui ne serait pas rentable. C’était le rêve de Benoît Hamon en 2017, avec son revenu universel. Depuis, l’idée a été étudiée par plusieurs chercheurs notamment la suissesse Sophie Swaton, philosophe et économiste, qui a transformé le projet de base du socialiste français en un Revenu de Transition Écologique.

Le principe : avoir une activité qui respecte le vivant, les relations humaines, et qui fasse sens. La chercheuse de l’Université de Lausanne a créé la fondation Zoein, qui soutient les initiatives qui pourraient être bénéficiaires de ce RTE et qui les accompagne. En France, sa soeur jumelle (Zoein France) existe depuis 2019. Elle soutient une dizaine d’associations qui travaillent autour de ce RTE. Byfurk, à Strasbourg, en fait désormais partie.

Capture d’écran du site internet de Byfurk.

Un accompagnement humain…

À l’origine de Byfurk, il y a Philippe Kuhn, ancien enseignant de maths et physique, reconverti en acteur de l’ESS depuis une dizaine d’années, Somhack Limphakdy, enseignante chercheuse en philosophie du droit, et Stéphane Bossuet, président directeur général du réseau national Cooperer pour Entreprendre. Avec ce projet, ils espèrent soutenir des hommes et des femmes basés sur l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), soucieux de trouver du sens dans leur activité, souhaitant à la fois respecter la planète, le vivant, mais aussi l’humain et les relations humaines.

« Le but est d’accompagner les gens qui ont envie de changer de job, parce qu’ils ne se retrouvent plus dans les propositions d’entreprises actuelles. Notamment parce qu’ils veulent bosser pour la transition écologique, environnementale ou sociétale. »

Philippe Kuhn, co-fondateur de Byfurk.

Créée au printemps 2023 au sein de Cooproduction (une société coopérative d’intérêt collectif – SCIC qui accompagne près de 300 entrepreneurs depuis 2011), la toute jeune Byfurk propose un schéma d’accompagnement structuré et progressif aux porteurs de projet.

Il y a d’abord une mesure d’impact, faite par un prestataire externe. Le but est d’évaluer les impacts écologiques, sociétaux et sociaux du projet. Pour cette mesure d’impact, le porteur de projet doit commencer par une phase d’écriture. Ensuite, il ou elle est accompagnée par un mentor, quelqu’un d’expérimenté, qui le guidera, prendra du temps – de façon bénévole – « une fois tous les deux mois par exemple », pour l’aider à penser la pérennité du projet.

Justine Rist, jeune cuisinière de 33 ans, souhaite démocratiser la cuisine végétarienne et végan. Elle est l’une des jeunes femmes soutenue par Byfurk cette année pour son projet. Photo : Gerhard Bahmer

… et financier innovant

La troisième étape est celle du financement participatif, qui est cruciale. Et particulièrement innovante avec Byfurk, car il est triple.

Le porteur de projet doit commencer par lancer un financement participatif classique sur une plateforme de crowd funding quelconque. Une fois que le « byfurkeur » obtient son seuil minimal, par exemple 5 000€, le financement sera abondé d’autant par l’Eurométropole de Strasbourg. Et une nouvelle fois abondé par des acteurs privés qui auront été sélectionnés au préalable. Au final, le financement est donc triplé. Dans cet exemple, le porteur de projet touchera 15 000€ pour lancer son idée.

« Il y a plusieurs acteurs qui mettent en commun un financement. C’est cette mise de départ que nous considérons comme le Revenu de Transition Écologique, c’est un revenu de lancement. Et si les acteurs du territoire par exemple, se rendent compte que l’activité du byfurkeur fait sens, et qu’ils veulent la pérenniser, ils pourront ensuite devenir prestataires de ce byfurkeur, et lui fournir un véritable RTE, de façon annuelle par exemple. »

Philippe Kuhn.

L’EMS a voté en 2023 un accompagnement à hauteur de 50 000€ au total pour l’ensemble des projets portés par Byfurk. Le dispositif devrait être reconduit en 2024, avec – Philippe Kuhn l’espère – 100 000€ de financement. « Nous espérons ainsi soutenir entre 10 et 20 byfurkeurs », conclut le co-fondateur.

Dernier volet inédit du RTE version alsacienne : une partie de la participation financière allouée au projet sera reversée en Stück au byfurkeur. Tom Baumert, coordinateur de la monnaie locale à Strasbourg explique :

« L’économie reste sur le territoire, et cet argent-là pourra être réutilisé chez des prestataires locaux. Le Byfurkeur pourra dépenser ces Stüks pour son activité. De cette façon, on s’assure qu’on participe bien à l’économie locale. »

Théâtre-forum, culture du safran, cuisine végétarienne : les Byfurkeurs 2023

Parmi la petite poignée de « byfurkeurs » ou jeunes entrepreneurs déjà soutenus par Byfurk, on compte une majorité de femmes. Et des idées variées. Il y a par exemple Françoise Gutmann, 55 ans, qui « a exercé à peu près trente boulots jusqu’ici, le dernier étant prof d’allemand », lance en riant la quinquagénaire. Depuis janvier 2023, Françoise Gutmann propose des ateliers de « théâtre-forum » aux entreprises privées pour résoudre des situations de conflit :

« Le principe : on joue une scène qui illustre la situation tendue vécue dans la structure, et les acteurs concernés vont venir prendre la place des autres sur scène. En jouant ainsi, ça vibre en nous, et on comprend mieux pourquoi notre collègue a agi comme ça. Le but est de chercher de nouveaux possibles. »

Philippe Kuhn accompagne ainsi Françoise Gutmann depuis plusieurs mois dans l’écriture de son projet. « Il m’aide beaucoup à mieux communiquer, et à présenter mon projet. Byfurk va aussi m’aider à me faire un réseau, et surtout à vivre de ce que je fais grâce au financement participatif ». La quinquagénaire intervenait jusque-là de façon bénévole.

Aux côtés de Françoise, on trouve également Anaïs Meyer qui lance son activité de plantation et diffusion du safran à Strasbourg. « Elle cherche à réduire les trajets de cette épice, à la faire pousser sans eau et avec le moins d’énergie fossile possible », explique Philippe Kuhn.

Il y a aussi Justine Rist, une jeune cuisinière végétarienne et végétalienne baroudeuse de 33 ans. Après avoir vécu au Japon, en Australie ou encore en Autriche, la Strasbourgeoise a décidé de revenir chez elle au printemps dernier. Avec un objectif : faire connaître et aimer la cuisine végétarienne et végétalienne.

Plat collaboratif végan, créé par Justine Rist, Kate Tran et Raphaël Calot : crêpe bahn Xeo farcie à la salade de choucroute. Photo : Ahandi photographie / Chloé Sinan

« Je ne comprends pas pourquoi tellement peu de gens s’y intéressent, notamment dans le monde de la cuisine, alors que c’est une cuisine plus écologique et plus inclusive car tout le monde peut la goûter. Bref, c’est une cuisine qui rassemble et qui peut être ultra-créative. »

Si la jeune femme en est encore à la phase d’écriture de son projet, et a un peu de mal à expliquer concrètement comment elle compte s’y prendre pour démocratiser cette cuisine, elle sait qu’elle veut s’adresser à la fois aux chefs, mais aussi aux écoles et aux centres d’apprentissage, et pourquoi pas toucher également le grand public à travers des évènements. « Il faut éduquer les chefs et le grand public, leur expliquer pourquoi il est important de manger végétal pour la planète ».