Incendiée en juin pendant les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel, l’école Marguerite Perey a pu rouvrir ses portes, mardi 7 novembre, après des mois de travaux estimés à un million d’euros.
Après les vacances de la Toussaint, tous les élèves retrouvent les bancs de leur école. Pour les 237 enfants de l’école Marguerite Perey à Cronenbourg, cette rentrée était un peu singulière. Après avoir été affectés pendant deux mois dans les établissements élémentaires Wurtz et Langevin, les enfants ont enfin retrouvé leurs classes habituelles le mardi 7 novembre.
La raison de ce retour différé remonte au mois de juin dernier, et aux émeutes en réaction à la mort du jeune Nahel, tué à 17 ans lors d’un contrôle de police. L’école Marguerite Perey avait été la cible de plusieurs départs de feu.
Peu avant la rentrée de septembre, les parents d’élèves de l’école Marguerite Perey apprenaient que les travaux de réparation dureraient jusqu’à la Toussaint. La remise à neuf aura eu lieu comme prévue. Elle aura coûté un millions d’euros à la Ville. Toxiques, les suies résultants de l’incendie ont nécessité le déploiement d’un important chantier de nettoyage. Pour accueillir les élèves et leurs parents, la maire Jeanne Barseghian a fait le déplacement mardi 7 novembre.
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme appelle à une large marche contre l’antisémitisme ce dimanche 12 novembre. La mobilisation est ouverte à tous les partis politiques, à l’exception du Rassemblement National.
En réaction à l’explosion des actes antisémites en France et à Strasbourg depuis le 7 octobre, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) appelle à une large marche contre « l’antisémitisme et pour la République » ce dimanche 12 novembre. Après un rassemblement à 11h sur la place de l’Université en présence du président de l’Université Michel Deneken, le cortège partira à 11h30 en direction de la place de la République. Pour la présidente de la Licra Bas-Rhin, Fabielle Angel, la mobilisation enverra un message fort :
« Le conflit entre Israël et le Hamas a provoqué énormément de réactions, dont l’augmentation épouvantable des actes antisémites à Strasbourg. J’espère qu’il y aura une vrai démonstration de solidarité contre l’antisémitisme, comme il le faut pour toutes formes de racisme. Il faut aussi rappeler que les Français juifs ne sont pas responsables de la politique de Netanyahou, et les Français musulmans ne sont pas responsables des actes du Hamas. »
« Tous les partis sont invités, sauf l’extrême droite »
La manifestation ne se fera sous « aucune bannière », précise la présidente de la Licra, qui souhaite l’ouvrir à « tous les partis, sauf l’extrême droite. » Le Rassemblement national n’est donc pas invité à prendre part au cortège à Strasbourg.
À droite, les différentes composantes de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons) ont déjà annoncé leur participation à l’évènement, tout comme les Républicains. À gauche, les députés Emmanuel Fernandes (LFI, 2ème circonscription du Bas-Rhin) et Sandra Regol (EELV, 1ère circonscription) confirment leur participation à la marche. Les députés insoumis François Ruffin et Alexis Corbière seront également présents. La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EELV), prendra part au cortège, comme le premier secrétaire fédéral du parti socialiste, Thierry Sother.
Pour dénoncer les horreurs de la guerre Israël-Hamas, les massacres de civils israéliens et palestiniens et demander la fin des conflits, le conseil municipal de Strasbourg a voté lundi 6 novembre une motion appelant à la paix. Loin de la démonstration d’unité espérée, le débat précédant le vote aura mis en évidence les clivages.
Main sur le cœur, les élus strasbourgeois de tout bord n’avaient eu durant des semaines que les mots « apaisement » et « unité » à la bouche. Aux d . . .
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Des associations et syndicats seront présents devant le Palais de la musique et des congrès jeudi 9 novembre pour demander à la Collectivité d’Alsace d’utiliser ses 262 millions d’euros d’excédent budgétaire en faveur des politiques sociales.
« 262 millions d’euros pour le social plutôt que dans les coffres de la Collectivité d’Alsace. » Les organisations Social à venir, Les Petites roues, Agissons 67, la FCPE, la CGT Action sociale et Alternative Étudiante Strasbourg vont interpeller Frédéric Bierry (LR), président de la Collectivité d’Alsace, lors des Assises des départements de France jeudi 9 novembre. Elles installeront dès 8h un « village des associations » devant le Palais de la musique et des congrès, où doit se dérouler l’événement. Le but est de demander à la Collectivité de mobiliser ses ressources en faveur des politiques sociales, qui souffrent de personnels en sous-effectif ou en manque de moyens.
Le Département a présenté un excédent budgétaire de 261,9 millions d’euros en 2022. Pour Damien Frémont (EE-LV), conseiller d’Alsace, « c’est absurde de garder de l’argent dans les caisses alors que nous traversons une crise sociale, la Collectivité d’Alsace doit jouer son rôle de solidarité et répondre aux besoins des habitants ». Sur un tract appelant à la mobilisation, les organisations détaillent ce qui pourrait être fait si le Département utilisait cet argent :
« Cela fait 7 ans que l’argent qui reste à la fin de l’année est supérieur à 100 millions d’euros. Avec une telle somme, il aurait été possible de financer chaque année : la tarification sociale dans les cantines [des collèges], 250 places d’aide sociale à l’enfance, 1 000 places d’hébergement d’urgence, le doublement de l’aide alimentaire, la rénovation supplémentaire de cinq collèges et un revenu de solidarité pour 5 000 jeunes en situation de précarité ! »
« Il faut mettre les moyens, il y a urgence. Je trouve le chiffre de l’excédent budgétaire sidérant quand on voit la réalité du terrain », dénonce Thierry Goguel D’allondans, président de Social à venir. Son association vise à réunir des professionnels et des usagers pour penser le travail social et revendiquer des politiques qui répondent aux besoins de la population. Il se dit « particulièrement préoccupé par les retours des professionnels qui témoignent être en sous-effectif dans de nombreuses institutions locales comme le Foyer de l’enfance ou Horizon Amitié ».
Le tribunal administratif de Strasbourg a communiqué sa décision de suspendre l’arrêté préfectoral autorisant le confinement des déchets toxiques de Stocamine ce mardi 7 novembre.
« Il y a un doute sérieux sur la légalité de la décision de stockage des déchets pour une durée illimitée, à triple titre. » Mardi 7 novembre, le tribunal administratif de Strasbourg a communiqué sa décision suite au recours d’Alsace Nature demandant la suspension de l’arrêté préfectoral du 28 septembre qui autorisait les travaux de confinement des déchets de Stocamine sous la nappe phréatique. Le juge des référés donne raison à l’association écologiste.
Il estime tout d’abord que la décision d’enfouir ces 42 000 tonnes de produits toxiques est « susceptible de méconnaitre l’article 1er de la Charte de l’environnement, qui dispose que “chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé”. Le juge administratif cite le préambule de l’article en question : « Les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne doivent pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins. »
Le tribunal administratif de Strasbourg considère également que l’opération de confinement des déchets est « susceptible de méconnaître l’article L. 211-1 du code de l’environnement relatif à la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau ». Et enfin, il affirme qu’il n’est « pas justifié de ce que les déchets stockés dans le bloc 15 (zone la plus endommagée de Stocamine suite à un incendie, NDLR) ne pourraient être déstockés ». Pour rappel, l’État défend le confinement des déchets en arguant qu’il est devenu trop complexe de les extraire. Ce que contestent Alsace Nature et des experts qualifiés.
Une décision provisoire
Dans son ordonnance, le tribunal administratif évoque aussi l’enquête de la gendarmerie de l’environnement sur la nature des produits présents à Stocamine. Un travail d’investigation de Rue89 Strasbourg publié en septembre a mis en lumière de nombreux envois de déchets irréguliers dans ces galeries minières par l’entreprise Séché. Certains ont provoqué un incendie et la fin de l’activité du site en 2002.
Il s’agit d’un nouveau rebondissement dans le dossier de Stocamine. Un premier arrêté d’autorisation du confinement définitif avait été annulé en octobre 2021. L’État avait ensuite tenté de commencer le chantier prétextant qu’il ne s’agissait que de travaux préparatoires, mais Alsace Nature avait réussi à stopper les opérations grâce à des recours. Me François Zind, l’avocat de l’association, salue une « nouvelle décision de justice qui demande à l’État de revoir sa copie » :
« Il n’a pas démontré que le déstockage est impossible, cela nous conforte. Pour nous, c’est évident, l’extraction des déchets est la meilleure solution pour préserver la ressource en eau potable. Surtout, c’est une consécration du droit des générations futures, qui constitue une belle jurisprudence. C’est une première. »
La décision de ce 7 novembre est provisoire car le juge des référés avait été saisi en urgence par Alsace Nature. Une décision sur le fond sera prise dans plusieurs mois. « Les parties peuvent présenter un pourvoi en cassation contre cette décision devant le Conseil d’État, dans un délai de quinze jours », rappelle le tribunal administratif. Ce dernier enjoint au préfet du Haut-Rhin d’assurer la maintenance du site et de l’ensemble des galeries en attendant.
Mardi 7 novembre vers 6h30, la police a évacué le campement du quai du Maire-Dietrich à Strasbourg. Une cinquantaine de personnes y étaient installées en moyenne depuis septembre 2023. La préfecture a évacué plus de 100 personnes.
D’ici la fin de la journée, la trentaine de tentes installées à côté de la place Brant auront disparu. Mardi 7 novembre à 6h30, la police a procédé à l’évacuation du camp installé depuis septembre le long du quai du Maire-Dietrich. La préfecture applique ainsi la décision du tribunal administratif, qui avait ordonné cette évacuation le lundi 23 octobre. Le juge des référés avait notamment estimé que « le fait que des personnes, dont des familles avec des enfants, vivent durablement dans une situation sanitaire précaire, exposés à la vue de tous, caractérise une atteinte inacceptable à leur dignité. »
L’opération s’est faite « en présence des services de la préfecture, de la direction départementale de la sécurité publique, de l’agence régionale de santé et d’interprètes. Une évaluation de la situation des personnes sera réalisée pour permettre une prise en charge adaptée à chaque situation », indique la préfecture du Bas-Rhin dans un communiqué.
Dans un bilan communiqué vers 18h, la préfecture indique avoir évacué 108 personnes dont 90 étrangers en situation régulière bénéficiaires de la protection internationale et 18 personnes en situation irrégulière. Une « solution d’hébergement a été proposée à chacune des personnes présentes », après une « évaluation de leur situation administrative » qui se répartit ainsi :
« 65 personnes ont accepté l’hébergement proposé et ont été orientées vers des sites dans d’autres départements du Grand Est,
41 personnes ont refusé la proposition d’hébergement formulée,
2 personnes ont été prises en charge par la police aux frontières. L’une a été placée en rétention administrative au regard de risques identifiés de troubles à l’ordre public. L’autre a été laissée libre et n’a pas rejoint la solution d’hébergement finalement proposée. »
Le conseil municipal du lundi 6 novembre s’est orienté essentiellement vers des débats portant sur des grands aménagements. Mais d’autres points autour de l’éducation et de la petite enfance ont été adoptés.
Avec un ordre du jour plus resserré que de coutume, le conseil municipal du lundi 6 novembre promettait d’être court. Il s’est achevé vers 21h. Durant les premières heures de la séance, deux délibérations concernant des chantiers importants ont été examinées : l’ouverture de la gare de Strasbourg vers l’ouest et la végétalisation de la place des Halles.
Gare routière aux Halles
Après un temps d’échange sur des rectifications mineures apportées au budget, l’assemblée a entamé le débat sur la gare routière située place des Halles. Dans sa délibération, la municipalité réaffirme sa volonté de transformer l’espace entourant la gare routière, située à l’arrière du centre commercial des Halles.
Entre les lignes, la délibération dresse un portrait noir du secteur des Halles – trop de béton, trop de voitures – pour justifier le projet de végétalisation. Le constat semble faire l’unanimité dans l’hémicycle, ce qui n’est guère étonnant puisque ce projet d’aménagement a au moins onze ans. Tout en réaffirmant le maintien d’une halte routière au secteur des Halles, le texte promet la plantation d’arbres dans un square des Halles agrandi, dont une partie occupera l’emplacement de l’actuelle gare routière.
En autres plantations, la place Clément devra également être réaménagée pour devenir une “placette de quartier”, sur le modèle de la place des Orphelins (voir cet article).
Gare ouverte à 360 degrés
La troisième délibération s’attaque à une arlésienne de la politique strasbourgeoise : l’ouverture de la gare de Strasbourg à 360 degrés. Dans la pratique, cela consistera surtout à l’ouvrir à son côté ouest en aménageant le site de la gare basse et la rue des Remparts (voir cet article de présentation du projet).
Un parking en silo de 800 places sera proposé pour les voitures sur cette même voie, en plus d’un parking vélo souterrain sur la place de la gare de 3 000 places. À ce stade, la délibération porte sur l’adoption d’un avenant au protocole d’accord avec la SNCF. Concrètement, les négociations se poursuivent entre la compagnie ferroviaire et la Ville, mais les objectifs sont définis.
Création d’un conseil indépendant des assistantes maternelle
Adopté d’emblée sans faire l’objet d’un débat, le point 32 se démarque au sein d’un ordre du jour plutôt terne. Il crée le premier Conseil indépendant des assistantes et assistants maternelle.
Une première réunion sera organisée en septembre 2024. Toutes les assistantes maternelles sont invitées à y prendre part et à se faire entendre. De cette réunion initiale, une ou plusieurs représentantes seront élues pour faire remonter les difficultés dans ce métier féminisé à plus de 90%. La municipalité espère ainsi mettre fin aux multiples grèves qui émaillent l’année scolaire et provoquent des fermetures de cantines à répétition.
Soutien à la création d’une crèche nature
« La petite roulotte du Schloessel » est présentée comme une autre innovation : une crèche nature située au sein du parc de l’Ehpad Emmaüs Koenigshoffen. Elle doit accueillir douze enfants âgés de dix semaines à trois ans pour l’année 2023. Ces derniers seront accueillis dans un « cadre permettant d’évoluer au plus près de la nature ».
La municipalité a voté l’attribution d’une subvention de 32 600 euros pour soutenir la création de cette crèche qui entame sa première année d’existence.
Après les délibérations, le moment des motions fût plus tempétueux que prévu. Malgré une suspension de séance de 20 minutes, le conseil municipal n’a pas été en mesure de produire une motion consensuelle en soutien aux victimes du conflit israélo-palestinien. Mais les écologistes ont trouvé un texte commun avec les socialistes, au grand dam des communistes. Un accord qui a provoqué une cassure au sein de l’intergroupe de la majorité, dans lequel figurent les communistes mais pas les socialistes.
La CAF du Bas-Rhin fait partie des caisses d’allocations avec les plus longs délais de traitement en France. De nombreux employés se disent en souffrance et demandent des embauches pour être en capacité de tenir leurs objectifs.
Francis Brisbois, directeur de la Caisse d’allocations familiales du Bas-Rhin (CAF 67), est direct : « Sur les 101 caisses de France, 15 sont particulièrement en retard. Nous en faisons partie. C’est lié à un manque d’effectif. » Début novembre, sur son site, la CAF 67 écrit qu’elle « traite les demandes arrivées entre le 4 et le 11 juillet », soit quatre mois plus tôt. Cette phrase concerne les dossiers les plus anciens qui ne sont pas encore analysés. « Il s’agit de 7% des demandes, précise Francis Brisbois, en moyenne on en est à un mois de délai. » Selon leur convention d’objectifs et de gestion, les CAF sont pourtant censées examiner les dossiers en trois semaines. « Environ 800 dossiers sont concernés par un très gros retard qui va au-delà de quatre mois », complète Laurence Vix, déléguée syndicale de Force ouvrière (FO). « Nous sommes constamment sous tension, à régler les situations le plus vite possible tout en priorisant les cas urgents, pour verser les allocations les plus indispensables en premier », explique Arnaud Kapfer, délégué syndical à la CAF 67 pour la CFDT. Il évoque les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) et de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH), dont les cas sont réglés « en trois semaines car ces aides sont leur seule ressource ». Le représentant du personnel poursuit :
« Lorsqu’une personne appelle ou se rend à l’accueil et qu’on constate qu’elle est dans une situation critique, par exemple une jeune mère célibataire et isolée, on essaye de faire passer son dossier dans les cinq jours. On priorise aussi les allocataires qui risquent une cessation de versement à cause d’un changement de situation ou de l’absence d’un document, pour éviter au maximum ces événements. »
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Suite au rejet de leur motion de soutien aux victimes civiles en Israël et en Palestine, en fin du conseil municipal du lundi 6 novembre, les Communistes menacent de quitter l’intergroupe de la majorité.
Alors que le conseil municipal de ce lundi 6 novembre touchait à sa fin dans un calme relatif, un message sur X (ex-Twitter) d’Hülliya Turan (PCF) réveille l’assemblée. La présidente du groupe Pour la justice sociale et l’écologie populaire – le groupe du Parti communiste au sein de l’hémicycle strasbourgeois – y déclare « l’impossibilité de poursuivre un intergroupe majoritaire », assurant que « sur le fond et la forme, la fracture est profonde. »
Le vote contre notre motion au Conseil municipal est une honte absolue pour l'ensemble des élus.e.s qui se disent progressistes, de gauche, ou encore écologistes. Céder aux sirènes de l'ordre dominant contre la paix au Proche-Orient est inoubliable. Une ligne est franchie !
La rupture se cristallise autour du débat entourant les motions de soutien aux victimes civiles en Israël et en Palestine. Le groupe du PCF et de la majorité écologiste, « Strasbourg écologiste et citoyenne », n’arrivent pas à s’entendre sur un texte commun. Les communistes découvrent en revanche qu’un tel accord a été trouvé entre la majorité et le groupe du Parti socialiste, « Faire ensemble Strasbourg », qui présentent conjointement leur motion.
Le choix des mots
« Je regrette que les communistes fassent le choix de ne pas utiliser le mot terroriste pour qualifier le Hamas. C’est une ligne rouge », lance la maire Jeanne Barseghian, évoquant un devoir de « clarté des élus ». Les élus PCF rejettent l’argument, assurant qu’ils parlent bien d’une « attaque de terreur » dans le texte de leur motion.
Interrogée par Rue89 Strasbourg sur la fin de l’intergroupe qu’elle évoque sur X (ex-Twitter), la présidente du groupe communiste Hülliya Turan tempère :
« Ce qui est acté, c’est qu’on ne pourra pas continuer un intergroupe avec les écologistes dans ces conditions. Il faut de la sincérité dans les débats et dans nos échanges. Or les membres du groupe Strasbourg écologiste et citoyenne n’ont jamais dit qu’ils voteraient contre notre texte, sans préciser leur vote. Ce ne sont pas des méthodes correctes quand on partage une majorité. »
Hülliya Turan, adjointe en charge de l’éducation et présidente
Les élus communistes doivent se réunir prochainement pour décider s’ils poursuivent ou non leur participation à la majorité municipale. Hülliya Turan est adjointe à la maire en charge de l’Éducation et référente de quartier pour l’Elsau.
Face aux réactions outrées rappelant la pénurie de logements étudiants, le Crous Strasbourg a retiré une publication qui mettait en avant son offre de séjours de courte durée pour profiter du Marché de Noël.
« Je connais des gens qui se sont vu refuser des places au Crous de Strasbourg, donc de voir ça, ça m’énerve. » Dans la soirée du dimanche 5 novembre, le Centre régional des œuvres universitaires (Crous) Strasbourg a publié sur le réseau social X (ex-Twitter) un message aux allures de publicité hôtelière : « Un week-end à Strasbourg ça vous dit ? Venez découvrir le célèbre Marché de Noël de la ville à partir de 33 euros la nuit (dans la limite des places disponibles), dans l’une de nos résidences ! »
La publication n’a pas tardé à susciter nombre de réactions outrées, comme celle du syndicat Alternative étudiante Strasbourg :
« Nous alertons depuis le début de la rentrée sur le manque de logements destinés aux étudiants et étudiantes à Strasbourg et notamment un manque de 10 000 logements Crous. Que fait le Crous de Strasbourg ? Elle les met à disposition des touristes pour “le Marché de Noël”. La honte. »
Un début de polémique, la publication retirée
Voyant la polémique enfler, le Crous Strasbourg a supprimé sa publication dans la matinée du lundi 6 novembre. Contactée, la responsable communication estime qu’il s’agit d’une mauvaise interprétation : « Toutes nos communications sont adressées aux étudiants. Je ne sais pas pourquoi tout le monde s’est dit qu’on communiquait à des touristes. »
L’offre du Crous Strasbourg s’inscrit dans sa prestation de « courts séjours ». Une brochure dédiée décrit les publics ciblés par ce service. Il est possible de demander un hébergement de quelques jours, semaines ou mois, en tant qu’ »étudiant, apprenti, personnel de l’enseignement supérieur ou toute personne en recherche d’hébergements de courte durée dans le cadre de mobilités relevant de parcours éducatifs et de loisirs ». L’offre de court-séjour s’adresse aussi à tout « jeune actif, travailleur saisonnier, artiste, comédien, musicien, participant à une université d’été ou un candidat devant passer des épreuves d’admission pour poursuivre des études dans un établissement d’enseignement supérieur ».
3% des logements du Crous concernés
À Strasbourg, trois résidences du Crous disposent de chambres dédiées aux courts séjours. Les tarifs étudiants varient de 33 à 38,50 euros par nuit pour les étudiants et de 49,50 à 60,50 euros pour les autres. Mais la communicante du Crous de Strasbourg l’assure :
« Cette offre de location de courte durée s’adresse en priorité aux étudiants, pour un stage, un examen, un concours, voire un séjour touristique, et aux apprentis/alternants afin de faciliter le développement et l’attractivité de ce type de formation. »
Dans une communication écrite, le Crous de Strasbourg affirme que son offre de courts séjours représente « environ 3% des logements proposés dans le Haut-Rhin et le Bas-Rhin (sur un parc de 5 500 logements) ». Face aux réactions critiquant le fait que des chambres soient libres, l’organisme public explique ensuite que les réservations sur des courtes périodes entrainent « des disponibilités ponctuelles durant certaines périodes comme les week-ends ou les vacances universitaires ».
Des logements à l’année disponibles
Le Crous de Strasbourg justifie la fin de sa campagne de promotion des courts séjours autour du thème « Strasbourg Capitale de Noël », « au vu des commentaires négatifs observés sur les réseaux sociaux ». L’organisme public souhaitait « faire connaître aux étudiants la possibilité de se loger en court séjour à prix attractifs pour du loisir, pendant les périodes où les logements affectés au court séjour ne sont pas réservés pour motif d’étude (stage, alternance, concours, etc). »
En réaction à ce début de polémique, le Crous de Strasbourg a rappelé par écrit « qu’entre 10 et 20 logements réservables à l’année sont proposés chaque lundi et jeudi sur le site trouverunlogement.lescrous.fr« .
Des chantiers pour résorber la pénurie
À la rentrée 2023, l’organisation étudiante Afges a comptabilisé plus d’une centaine de demandes à son dispositif d’hébergement d’urgence, composé de trois dortoirs dans l’auberge de jeunesse The People à Strasbourg et sept chambres dans un hôtel à Illkirch-Graffenstaden. Pour la présidente de l’Afges Alexa Foulon, la problématique du logement pour les étudiants est « un fléau » à Strasbourg :
« En 2022, on a logé 70 personnes jusqu’en octobre ou novembre. En 2023, on a eu plus de 100 demandes. Mais on ne peut pas toutes les prendre en charge. Nous avons été obligés de dire à des étudiants d’appeler le 115 (numéro pour l’hébergement d’urgence, NDLR). »
Avec la rénovation de la résidence Paul Appell qui a commencé en 2018, le Crous a gagné 450 logements étudiants en optimisant l’espace. Le nombre de places du Crous augmentera encore à la rentrée 2024 grâce à la rénovation de la résidence de la Somme, qui apportera 231 chambres supplémentaires. Le prochain projet d’envergure sera un bâtiment place d’Islande d’une capacité d’accueil de 500 places pour un budget d’environ 40 millions d’euros. Mais le projet devrait être livré à l’horizon 2027-2028.
Lors du conseil municipal de ce lundi 6 novembre, la municipalité présentera le nouveau visage qu’elle souhaite donner à la gare de Strasbourg. En exploitant davantage l’espace à l’arrière du bâtiment principal et en remodelant le trafic sur la place qui lui fait face, elle ambitionne d’améliorer l’accessibilité et le transit des passagers.
« Une gare à 360 degrés à l’horizon 2027 ». Si elle n’est pas neuve, la formule fonctionne toujours aussi bien dans les esprits. Initialement, elle résume le vieux rêve d’une gare de Strasbourg s’ouvrant enfin vers son côté ouest. Aujourd’hui, la majorité écologiste la reprend pour résumer son opération de transformation urbaine, annoncée en mai et présentée au conseil municipal de ce lundi 6 novembre.
Le bâtiment principal, caché derrière son gros ballon de rugby en verre, ne sera pas directement concerné ; ce seront ses alentours qui feront l’objet d’un remodelage visant à améliorer l’accessibilité du lieu. Derrière les voies, un parking relié à l’autoroute M35 sortira de terre. Devant, la place de la Gare sera remodelée pour réduire drastiquement la présence des voitures au profit des cyclistes et des bus.
Débattue en début de séance, la délibération permettra à l’exécutif d’étayer davantage ses plans. Dans les rangs de l’opposition, on attend plus de précisions sur une délibération déjà perçue comme « décevante ».
Réorienter le trafic routier
L’objet de la délibération porte spécifiquement sur la transformation des parties à l’arrière de la gare, du côté de la rue des Remparts et sur le site de la « gare basse ». La visée des travaux est simple : faire passer le trafic routier de l’avant à l’arrière de la gare. Les voitures disparaîtront de la place de la Gare (en dehors d’une desserte riverains et commerces) et circuleront sur la rue des Remparts, reliée à la voie métropolitaine M35 (l’ancienne autoroute). Dans ce même espace, un parking en silo de 800 places sera construit sur huit niveaux avec des places vélos.
Au recul de la présence automobile s’ajoute la promesse d’un changement de la physionomie du quartier gare. Les cyclistes et les piétons reprendraient du terrain : les premiers disposeront d’un accès à un parking souterrain de 3 000 places. Les piétons auront un accès facilité par les transports en commun, notamment via le tram E qui effectuera une boucle boulevard de Metz.
L’opposition peine à critiquer
« Le mot gare à 360 degrés c’est très vendeur, mais au final, c’est l’histoire d’un parking », tance Jean-Philippe Vetter (LR), le président du groupe d’opposition Les Républicains. Très vite, il glisse dans la discussion que l’ancienne maire Fabienne Keller (ex-LR, Agir depuis 2017) qu’il a soutenue à l’époque reprenait déjà ces termes en 2014. S’il n’est pas frontalement opposé sur le fond du projet, il reste ouvertement sceptique :
« L’objectif de pacifier l’avant de la gare, avec moins de circulation de voiture, est louable (…) Mais la maire prend des engagements à trop longue durée, l’ouverture de la gare doit s’accompagner d’autres éléments concrets. Là, avec ce parking, c’est une révolution sur papier glacé. »
Jean-Philippe Vetter, président du groupe Les Républicains
Jean-Philippe Vetter, président du groupe d’opposition Les Républicains, ne voit qu’une « révolution sur papier glacé » dans le projet des écologistes. Photo : Pascal Bastien / Divergence
Même son de cloche pour Nicolas Matt, le co-président du groupe d’opposition Centristes et progressistes (majorité présidentielle) :
« Il n’y a aucun budget dans la délibération, on ne sait pas de quoi on parle. Nous profiterons du débat pour poser nos questions, sur la praticité des changements pour les usagers. Notamment pour ceux ayant une mobilité difficile, sans avoir nécessairement l’accès aux places pour ceux à mobilité réduite. Enfin, je veux alerter aussi sur l’absence de notoriété du projet. »
Nicolas Matt, co-président du groupe Centrises et progressistes
Dans la foulée, une autre délibération sera examinée concernant l’avenir de la gare routière des Halles. Le stationnement des bus interurbains devrait y prendre fin, au profit d’une végétalisation du site. Une partie des bus devrait alors stationner derrière la gare centrale, transformée en « hub multimodal ».
En 2019, le service de renseignement intérieur a recensé « les relais d’influence » utilisés par la Russie dans le cadre des élections européennes. Les quatre seuls politiques français cités sont membres du Rassemblement national, ou l’ont été. Parmi eux, une conseillère franco-russe du RN au Parlement européen.
Le jeudi 2 février 2023, alors qu’il était entendu par la commission d’enquête parlementaire relative aux ingérences étrangères, Nicolas Lerner insistait : « Nous ne travaillons pas . . .
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Organisée en premier lieu à la Fondation Julia Stoschek à Düsseldorf, WorldBuilding au Centre Pompidou-Metz est l’une des plus importantes expositions sur le jeu vidéo dans l’art contemporain.
Au Centre Pompidou Metz, le monde de l’art contemporain a pu une nouvelle fois resserrer le lien qu’il occupe avec le jeu vidéo à l’occasion de l’exposition WorldBuilding. Hans Ulrich Obrist, son commissaire d’exposition, y voit l’opportunité de proposer une expérience de spectateur active, qui se retrouve dans la posture de joueur.
Cory Arcangel, Totally Fucked, 2003, cartouche Super Mario Bros. faite main, piratée, système de jeu vidéo Nintendo NES, logiciel de l‘artiste.Photo : ADAGP, Paris.
Située au troisième étage du musée, l’exposition bénéficie d’un grand espace hermétique abandonné par la lumière naturelle. Les différentes pièces sont dessinées par des cimaises détruites, qui laissent entrevoir la globalité de l’espace au travers des trous irréguliers. Arrivé devant le seuil, le visiteur pénètre dans un « espace d’entre-deux », une sorte de grande boîte noire où les principales sources de lumière sont de grandes fenêtres lumineuses qui donnent à voir d’étranges réalités virtuelles.
Avec la perception des limites du réel et du virtuel brouillées, le spectateur entreprend son propre voyage immersif dans des œuvres qui suscitent l’interaction.
JODI, Untitled-Game (CTRL-Space). Modification of Video Game (Quake 1), 1998-2001, Installation de jeu vidéo, noir et blanc, sonore.Photo : ADAGP, Paris.
L’œuvre Untitled Game (CTRL-Space) Modification of a Video Game (Quake 1), qui s’impose dès l’entrée de l’exposition par l’image et le son, propose un visuel décomposé de Quake, un jeu de tir à la première personne majeur dans les années 90. Créé par le collectif Jodi, cette installation de jeu vidéo jouable (avec manette, instructions et siège disponibles devant la projection murale) propose au joueur de naviguer dans le premier niveau du jeu en ne se repérant que par le son, l’image étant remplacée par des bandes noires et blanches abstraites. Cette installation propose une déconstruction du jeu vidéo pour le détourner de son but initial et présenter le modding, qui rassemble les diverses pratiques visant à modifier un jeu vidéo, comme une forme d’art.
Des années 90 et 2000…
Plus loin se trouve une œuvre de Rebecca Allen, artiste américaine pionnière de la création artistique et numérique. The Bush Soul #3 est une installation interactive qui permet de se déplacer au moyen d’un des premiers prototypes de joystick à retour dans un environnement généré aléatoirement, projeté sur le mur. En simulant un contact physique par les vibrations de l’appareil analogique, l’univers en 3D simpliste devient étrangement tactile, vivant et réactif. Les avatars de ces mondes inconnus semblent avoir leur mot à dire dans cette exposition.
Rebecca Allen, The Bush Soul #3, 1999Photo : Marc Domage / Centre Pompidou-Metz
Un peu plus loin encore, plusieurs artistes français représentent Annlee, un personnage de manga, au travers d’œuvre intitulée No Ghost Just a Shell, un projet collectif majeur l’histoire de l’art contemporain et numérique. Dans la vidéo Anywhere Out the World de Philippe Parreno (2000), Annlee, représentée par une figure humanoïde 3D lisse et sans identité claire, prononce face au visiteur un monologue existentiel sur les usages de ses représentations et montre sa précédente forme en 2D. En 2002, Pierre Huyghes et Philippe Parreno cèdent les droits du personnage à Annlee elle-même, devenant alors la première image « autoresponsable » dans une tentative des artistes de la passer de personnage fictif à personne morale.
Philippe Parreno, Anywhere Out of the World, 2000.Photo : ADAGP, Paris.
… à aujourd’hui !
Après ces références de l’art numérique et contemporain originaires des années 90 et 2000, l’exposition passe le flambeau aux créations plus récentes. Parmi les multiples fenêtres qui donnent à voir des univers surréalistes, abstraits et hauts en couleur, une grande projection attire l’attention. Des parties de plusieurs jeux vidéo se succèdent dans de lents fondus, jusqu’à se répéter en boucle. Permanent Sunset est un machinima, un film réalisé dans un ou plusieurs jeux vidéo. Ici, l’artiste s’enregistre en plein jeu, complètement inactif et contemplatif devant les divers paysages vidéoludiques qui représentent chacun le crépuscule à leur manière.
L’auteur de l’œuvre, LaTurbo Avedon, ne se présente qu’au travers de cet avatar qu’il utilise pour filmer ces scènes : en braquant les projecteurs sur la nature dans l’environnement vidéoludique, l’artiste brouille les limites du réel et de l’identité en incarnant son activité artistique directement dans la réalité virtuelle.
LaTurbo Avedon, Permanent Sunset, 2020-présent.Photo : Marc Domage / Centre Pompidou-Metz
Après la visite et l’expérience des autres univers virtuels qu’elle propose, WorldBuildingadresse un dernier clin d’œil virtuel au spectateur. Un téléviseur cathodique diffuse une partie de Super Mario Bros lancée sur une console de jeu vidéo NES posée juste à côté. Le jeu, hacké par l’auteur de l’œuvre, Cory Arcangel, ne propose plus que Mario, personnage éminent de l’histoire du jeu vidéo, abandonné au milieu du vide complet, sur un bloc « ? », sans aucune alternative possible. Totally Fucked montre la condamnation du personnage par l’artiste qui exprime la frustration ressentie face à une technologie incapable d’aider l’humanité.
Sur sa fin, Worldbuilding peut laisser une impression en demi-teinte, ce qui met à rude épreuve l’imaginaire coloré et onirique du jeu vidéo proposé par les multiples installations de l’exposition. Mais elle parvient à lever ce doute : le jeu vidéo ne sera pas cette fin tragique de la réalité par la dématérialisation.
En comprenant les multiples facettes des jeux vidéo, de leurs modes de fonctionnement, de leurs représentations et utilisations, les êtres humains devraient être capables de s’adapter, de les comprendre et de les utiliser comme des portes ouvertes sur de nouveaux possibles. WorldBuilding répond à cette nécessité de construire ces nouveaux mondes.
Étudiant en Master Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles, sa recherche se concentre sur l’art audiovisuel, plus particulièrement sur le jeu vidéo et l’immersion.
L’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques (Oslib) fait part de « son indignation face aux violations des droits fondamentaux dans le cadre des manifestations liées à l’actualité ». Il rappelle qu’il est illégal de saisir des pancartes ou d’interpeller sur ce motif.
À la veille d’une nouvelle journée de mobilisation nationale, où différents partis, syndicats et associations appellent à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, l’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques (Oslib) a publié un communiqué sur la liberté de manifester. L’Oslib a été créé en novembre 2022 à Strasbourg, par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme et le Syndicat des avocats de France.
Depuis le 7 octobre, date de l’attaque du Hamas contre des civils en Israël, les manifestations se multiplient à Strasbourg en soutien à la population gazaouie face à la répression armée qui provoque des milliers de morts parmi les Palestiniens. Les deux premières ont été interdites par la préfecture, tandis que 14 pancartes ont été saisies et neuf personnes ont été interpellées aux abords de la troisième. Une quatrième manifestation appelant à un cessez-le-feu a eu lieu samedi 4 novembre.
Lors de la manifestation du 28 octobre à Strasbourg, un immense drapeau palestinien avait été déployé tout au long de la manifestation. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
« Porter un drapeau palestinien ou des pancartes ne peuvent être des motifs d’interpellation »
L’Oslib tient à rappeler les cadres juridiques qui autorisent tout citoyen à exercer sa liberté d’expression dans l’espace public. Et pointe les abus de la préfecture du Bas-Rhin dans son recours aux interdictions :
« L’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme protège la liberté d’expression. Conformément à cet article, les consignes d’interpellation ayant été données lors de la manifestation du 13 octobre à Strasbourg liées au seul fait de porter un drapeau palestinien, sont totalement contraires au droit fondamental qu’est la liberté d’expression. »
De même, l’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques insiste :
« Il n’est pas plus légal de saisir des pancartes, voire d’interpeller sur ce motif, qui expriment légitimement une opinion politique sans injure, ni outrage, ni incitation à la haine. »
« Nous dénonçons l’État d’Israël »
Sur les 14 pancartes saisies le 28 octobre, huit appartenaient à Leila Sihabi selon elle. Faisant partie des organisatrices de la mobilisation, elle affirme d’office qu’elle « ne tolère pas les slogans antisémites » :
« Si une personne tient des propos haineux, elle est exfiltrée. Tout ce que j’ai écrit sur les pancartes était factuel. Il n’y avait aucun appel à la haine, aucun propos contre les juifs ou la population israélienne. Nous dénonçons l’État d’Israël, qui commet des crimes de guerre, c’est une réalité. J’ai par exemple écrit “Israël assassin” ou “À Gaza, il pleut du phosphore blanc”. »
Leila Sihabi
Un autre manifestant a été placé en garde à vue après avoir protesté contre la saisie de la pancarte de son épouse, sur laquelle était inscrit « Halte à la transformation de Gaza en camp d’extermination ». Il expose n’avoir eu « aucune volonté de minimiser l’abomination des camps d’extermination nazis » :
« Nous voulions dénoncer les pratiques actuelles d’Israël. C’est extrêmement grave si la police ou la préfecture se met à décider de ce qui peut se dire en manifestation. S’il y a un délit, c’est à la justice de le décider. Je suis sorti du commissariat après 24 heures de garde à vue et on m’a signifié que je n’aurai aucune poursuite. »
Interrogée sur les raisons précises des saisies de pancartes et les motifs des interpellations pendant la manifestation du 28 octobre, la préfecture du Bas-Rhin n’a pas donné suite à la sollicitation de Rue89 Strasbourg.
L’expression de la préfète du Bas-Rhin mise en cause
L’Oslib dénonce également la communication de la préfète du Bas-Rhin sur les réseaux sociaux. Josiane Chevalier a en effet pour habitude de tweeter régulièrement sur X, avant, pendant ou après les manifestations. Comme le 13 octobre au soir, après la fin de la première manifestation :
Un rassemblement s’est tenu ce soir à #Strasbourg place Kléber malgré l’interdiction. La police nationale a interpellé 13 personnes dont l’organisatrice de la manifestation qui sera présentée à la justice. La @Prefet67 remercie les forces de l’ordre pour leur professionnalisme.
— Préfète de région Grand Est & du Bas-Rhin 🇫🇷🇪🇺 (@Prefet67) October 13, 2023
Pour l’Observatoire strasbourgeois, « la préfecture viole la séparation des pouvoirs en prenant la liberté d’annoncer qu’une personne sera présentée à la justice » :
« Elle énonce des éléments en omettant de prendre en compte tous les paramètres comme le fait que la personne n’était plus organisatrice de la manifestation qu’elle avait annulée suite à l’arrêté d’interdiction, et fait croire aux citoyens que les personnes sont en infraction du simple fait d’être présentes lors d’une manifestation interdite. Cette pratique participe à la confusion concernant les droits et devoirs des citoyens. »
L’Oslib conclut enfin en s’interrogeant « sur le respect du secret de l’instruction et de l’enquête à travers les tweets de la préfète du Bas-Rhin ».
Une série de tags menaçant de mort les juifs ont été découverts sur les murs extérieurs d’une école maternelle de Strasbourg au matin du vendredi 4 novembre.
Des parents de l’école Vauban ont découvert ce vendredi 4 novembre au matin des tags antisémites sur les murs extérieurs de l’établissement. L’un d’entre eux a alerté la police et une enquête a été ouverte, selon BFM Alsace.
Le conseiller municipal (Horizons) Pierre Jakubowicz a reçu des photos de ces tags et les a publiés sur le réseau social X. À la bombe noire, des croix gammées ont été dessinées ainsi que des étoiles de David avec des inscriptions comme « Mort aux juifs » et « un bon juif est un juif mort ». Le conseiller municipal relève qu’à « quelques jours du 85e anniversaire de la Nuit de Cristal, la haine des juifs s’affiche à nouveau en grand dans nos rues ».
La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EE-LV) a également réagi sur les réseaux sociaux :
« Je condamne ces mots et actes abjects avec la plus grande fermeté et rappelle qu’ils constituent des délits. J’adresse tout mon soutien à la communauté juive de notre ville et reste mobilisée, en lien avec l’État, pour assurer la sécurité des habitants. L’antisémitisme n’a pas sa place à Strasbourg. »
Jeanne Barseghian
Depuis l’attaque du Hamas contre des civils israéliens du 7 octobre, faisant 1 200 morts, et les bombardements de Gaza qui ont suivi, faisant plus de 8 000 morts selon l’organisation gazaouie, trois tags appelant à la mort de juifs ont été retrouvés à Strasbourg, selon le délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives Pierre Haas. D’autres tags ciblant Israël et les juifs ont été retrouvés notamment sur le réseau de la CTS. Un portrait de Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen et victime de la déportation, a été vandalisé à Colmar.
L’audience pour suspendre le confinement définitif des déchets de Stocamine a eu lieu jeudi 2 novembre au tribunal administratif de Strasbourg. Pour l’association Alsace Nature, la décision du gouvernement va à l’encontre du droit des générations futures à vivre dans un environnement sain.
La salle d’audience du tribunal administratif est presque comble ce jeudi 2 novembre. Seul face aux représentants de la préfecture du Haut-Rhin, de l’entreprise Mines de potasse d’Alsace (MDPA), de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et du ministère de la Transition écologique, Me François Zind, avocat d’Alsace Nature, expose ses arguments. Ce dernier tente de suspendre l’arrêté préfectoral qui autorise le confinement définitif des déchets de Stocamine.
En jeu lors de l’audience : 42 000 tonnes de produits toxiques stockés à Wittelsheim, sous la nappe phréatique rhénane, la plus grande ressource d’eau potable d’Europe occidentale. L’association écologiste demande l’extraction de ces déchets estimant qu’ils pollueront, un jour, peut-être dans plusieurs siècles, la nappe phréatique. « Les citoyens ont le droit de vivre dans un environnement sain et équilibré, comme le proclame la Charte de l’environnement », rappelle Me François Zind.
Cette stratégie d’Alsace Nature s’inspire notamment d’une décision prise le 27 octobre par le Conseil constitutionnel. Après avoir validé le projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, les Sages du Conseil ont tenu à préciser : « Le législateur doit veiller à ce que les choix destinés à répondre aux besoins du présent ne compromettent pas la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins. »
« On dépasse ce que l’État peut prévoir »
Dès lors, pour l’avocat François Zind, « permettre l’enfouissement définitif est impossible », car personne ne peut affirmer avec certitude que l’eau de la nappe ne sera pas fortement polluée. « Vous avez une occasion merveilleuse de faire appliquer le principe de précaution (intégré dans la Constitution, NDLR) », lance t-il, à l’adresse des juges administratifs. Ce principe oblige théoriquement les administrations à prévenir tout risque de dommages graves et irréversibles à l’environnement.
François Zind, avocat d’Alsace Nature, devant le tribunal administratif de Strasbourg.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Guillaume Bailly, du Bureau du sol et du sous-sol du ministère de la Transition écologique, assure que le confinement des déchets par des barrages en béton est la meilleure solution pour les générations futures : « Son objectif est justement de préserver la nappe phréatique. » Comme à son habitude, l’État fait valoir que le déstockage des déchets n’est plus possible vu la dégradation du site de Stocamine. Une conclusion que conteste fermement Alsace Nature, exemples de déstockages en Allemagne et en Suisse à l’appui.
Présent au tribunal, le député strasbourgeois Emmanuel Fernandes (LFI) se dit « surpris et inquiet » que le gouvernement prévoie un confinement impliquant un engagement, une surveillance et de potentielles opérations de dépollution sur plusieurs siècles : « C’est illusoire. On dépasse ce que l’État peut prévoir. Il est impossible de porter un budget aussi loin pour assurer le financement des opérations. »
Le tribunal administratif de Strasbourg rendra sa décision mardi 7 novembre.