Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Contre le tram Nord sur l’avenue des Vosges, les opposants présentent leur alternative

Contre le tram Nord sur l’avenue des Vosges, les opposants présentent leur alternative

En s’adossant au travail d’un architecte urbaniste bénévole, plusieurs élus d’opposition ont présenté un projet alternatif à celui de la municipalité, qui prévoit de faire passer le futur tram Nord par l’avenue des Vosges.

Dans la salle de réunion d’un troquet chic du centre-ville de Strasbourg, Pierre Jakubowicz (Horizons) enchaîne les diapos avec la prose d’un urbaniste. Lundi 14 novembre, devant une poignée de journalistes studieux, le conseiller municipal d’opposition présente les axes, courbes et tracés du futur « tram Nord », qui reliera le nord de l’Eurométropole à Strasbourg. Assises à sa gauche, Anne Tenenbaum et Anne Reymann, les deux conseillères de la Collectivité d’Alsace (CEA), qui ont participé à l’élaboration du projet, opinent du chef, devant les schémas d’un tram longeant les quais Sturm et Finkmatt.

Ce plan sera-t-il mis en œuvre un jour ? Pour la municipalité écologiste c’est clair, le futur tram passera bien par l’avenue des Vosges comme elle l’a présenté en mars 2023. Mais avec cette ébauche de projet alternatif, l’opposition veut croire qu’elle peut encore influer sur les débats et changer les plans de l’exécutif. « Tant qu’il n’y a pas encore eu de bilan de concertation et l’aboutissement de l’enquête publique, le combat politique continue », plaide Pierre Jakubowicz en amont.

Le conseiller municipal Horizons Pierre Jakubowicz.Photo : Roni Gocer

L’esquisse d’un tracé alternatif

Pour formuler leur contre-proposition, les trois élus d’Horizons assurent qu’ils s’appuient sur une démarche transpartisane. Les plans proposés seraient le fruit d’un travail mené auprès des habitants, avec cinq réunions publiques réunissant près de 500 participants, plus de 1 000 contributions citoyennes et l’aide d’un architecte urbaniste, Lionel Heiwy. Ce dernier, qui a déjà œuvré pour l’écriture d’une tribune avec Pierre Jakubowicz, travaille depuis l’été sur ce projet alternatif. « Il s’agit d’une esquisse », précise d’emblée Pierre Jakubowicz, « nous n’avons pas les mêmes moyens que la Ville ou l’Eurométropole ».

Le tracé alternatif du tram, avec les lignes existantes en noir et la contre-proposition en violet. Le tracé proposé par la majorité et passant par l’avenue des Vosges n’apparait pas sur ce schéma. Photo : Document remis

En substance, leur schéma reprend la proposition d’un tram longeant les quais Sturm et Finkmatt, pour remonter vers la place d’Haguenau par la rue de Sébastopol à côté des Halles, la rue du Travail et la rue de Bischwiller. « C’est celle qui avait recueilli le plus d’approbations, lors de la consultation publique », justifie le conseiller municipal. Pour 1,4 km (contre 1,5km pour le projet de la Ville, en passant par l’avenue des Vosges), le tracé proposé desservirait trois nouvelles stations : Tribunal-Fonderies, Halles-Sébastopol et Place de Haguenau.

Une avenue des Vosges arborée

Dans cette contre-proposition, le tram ne passe pas par l’avenue des Vosges : cette dernière deviendrait un espace arboré, plus propice à la promenade. Sans remettre en cause le trafic automobile. En conservant une 2×1 voies, le nombre de places de stationnement – actuellement 450 – diminuerait de 40%. Ces places seraient supprimées dans les espaces aux abords des façades orientées sud, plus exposées au soleil, donc plus intéressantes pour de futures terrasses ou pour les badauds.

Le plan de l’avenue des Vosges repensée par les élus d’opposition.Photo : Document remis

Cette végétalisation, également promise dans le projet des écologistes, irait plus loin que celle de l’exécutif. Au lieu de s’arrêter à l’avenue de la Liberté, elle s’étendrait sur la totalité de l’avenue jusqu’au pont du Travail. En prime, elle comporterait une piste cyclable bidirectionnelle sur site propre, pour éviter les conflits piétons-cyclistes.

S’ils n’ont pas budgétisé de manière précise le coût des travaux, les élus estiment que l’addition ne dépassera pas l’enveloppe des 50 millions d’euros prévus par la municipalité pour financer son projet. Reste à pousser politiquement cette alternative, pour qu’elle ne reste pas qu’à l’état d’esquisse. Le conseil municipal du 12 décembre sera l’occasion, pour Pierre Jakubowicz, d’interpeller la maire sur le sujet.

En Alsace, Caritas aide des milliers de mères isolées touchées par l’inflation

En Alsace, Caritas aide des milliers de mères isolées touchées par l’inflation

Caritas constate une augmentation importante du nombre de personnes qui demandent de l’aide alimentaire et financière en Alsace. Près de 30% sont des mères isolées.

Olivier Coupry, directeur de Caritas Alsace, décrit méticuleusement l’augmentation de la pauvreté que son association observe en 2022 et 2023, lors d’une conférence de presse mercredi 15 novembre. L’association a fourni des denrées alimentaires, réglé des factures impayées ou accompagné socialement 10 000 ménages en 2022, soit 25 000 personnes dont un tiers d’enfants. « C’est 20% de plus qu’en 2021 », s’alarme Olivier Coupry :

« En 2023, même si l’année n’est pas terminée, nous avons une nouvelle augmentation de 10% de notre fréquentation avec des pics dans certains lieux, comme la permanence de l’Arc-en-ciel au centre-ville de Strasbourg, où l’on constate une hausse de 57% par rapport à 2022. C’est évidemment lié à l’inflation sur les produits alimentaires, sur l’énergie, et à la sortie de la pandémie. »

AvatarOlivier Coupry, directeur de Caritas Alsace

Surtout, 60% des personnes aidées dans les 83 lieux d’accueil alsaciens (épiceries solidaires, permanences) de Caritas sont des femmes, contre 50% en 1989. « Cette proportion augmente lentement, mais de manière constante », précise le directeur de l’association. En 2022, 27% des ménages bénéficiaires de l’association étaient des mères isolées, soit près de 3 000, ce qui en fait le profil le plus représenté. Parmi elles, deux tiers ont un niveau de ressource en dessous du seuil d’extrême pauvreté, fixé à 800 euros par mois.

L’impossible cumul de la garde des enfants et d’un emploi

« Elles assument, dans neuf cas sur dix, la charge financière et mentale de leurs enfants. Et les problématiques de garde d’enfants empêchent l’accès à l’emploi », résume Olivier Coupry. Pour dénoncer cette situation, quatre de ces mères isolées sont présentes lors la conférence de presse. Toutes racontent, avec émotion, les difficultés inhérentes à leur condition de mère isolée.

Angélique cherche un emploi d’Atsem, mais ne trouve rien de compatible avec la garde de ses six enfants. Elle vit avec le RSA, des aides au logement et 100 euros de pension de son ancien conjoint. La Mulhousienne de 41 ans va désormais tenter de « faire des ménages » : « Mon rêve, c’est de travailler, au moins à mi-temps. » En attendant, elle dépend d’une épicerie solidaire de Caritas où elle peut acheter des produits à prix très bas.

Isolée, Angélique a besoin de l’épicerie solidaire pour nourrir sa famille.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Parfois, c’est un événement inattendu qui fait basculer dans la grande précarité. Marie (prénom d’emprunt), qui habite dans le Kochersberg, ne peut plus exercer en tant qu’auxiliaire de vie depuis qu’elle s’est cassée le genou et qu’elle est atteinte d’une algodystrophie. Tina a dû arrêter de travailler dans la restauration collective depuis une rupture de tendons de l’épaule. Des problèmes de santé que les deux femmes attribuent en partie à la fatigue que provoque le fait d’élever des enfants seules tout en travaillant. Certaines mères isolées ont subi des violences ou le départ soudain de leur mari, et composent avec des traumatismes psychologiques.

Caritas appelle aux dons

Tina se dit en colère contre « ceux qui critiquent sur les réseaux sociaux » les personnes en difficulté financière : « J’ai travaillé toute ma vie et j’ai élevé mes enfants, je n’ai pas arrêté. Ce qui m’arrive peut arriver à tout le monde. » Toutes s’accordent à dire que le soutien de Caritas est très précieux. « Quand j’ai rencontré ces bénévoles, enfin on m’a écouté. C’est comme une famille », témoigne Sophie (prénom modifié), les larmes aux yeux.

Outre les mères célibataires, 25% des ménages soutenus par Caritas en 2022 étaient des couples avec enfants. 17% étaient des femmes seules et 21% étaient des hommes seuls. Les 10% restants concernent d’autres profils, plus rares, comme des couples sans enfants ou des pères célibataires. L’association fonctionne grâce à 1 800 bénévoles en Alsace, dont « 350 doivent être remplacés tous les ans », explique Olivier Coupry :

« Nous avons un budget de 4 à 5 millions d’euros par an, dont 80% de dons et legs, 15% de subventions et 5% de revenus générés par des actions comme des tombolas. »

Olivier Coupry, directeur de Caritas Alsace.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

En 2022, Caritas Alsace a dépensé 5,3 millions d’euros et avait reçu 6,8 millions d’euros. L’association fini donc avec un résultat positif qui permet de faire face, en 2023, à l’augmentation du prix des denrées et de l’énergie. « Avec l’augmentation de notre activité, nous appelons aux dons, qui sont censés venir en majorité dans les trois derniers mois de l’année. C’est vraiment important pour qu’on puisse continuer », souffle Olivier Coupry.

« Avant que les flammes ne s’éteignent » : Strasbourg au cœur d’un film sur les violences policières

« Avant que les flammes ne s’éteignent » : Strasbourg au cœur d’un film sur les violences policières

Le long-métrage de Mehdi Fikri, Avant que les flammes ne s’éteignent, raconte les violences policières du point de vue des proches de victimes, entre drame intime et prise de conscience politique. Le film prend Strasbourg et sa périphérie pour décor.

Cité des écrivains, hôpital de Hautepierre, conseil municipal de Schiltigheim, cour d’appel de Colmar… La capitale alsacienne et le reste de la région ont servi de décor au long-métrage Avant que les flammes ne s’éteignent du réalisateur et scénariste Mehdi Fikri. Le film raconte la vie bouleversée d’une famille endeuillée par des violences policières ayant entrainé la mort de Karim, un jeune homme de 25 ans vivant à Hautepierre.

Mehdi Fikri, ex-journaliste du service police-justice du journal L’Humanité, réalisateur et scénariste du film Avant les flammes ne s’éteignent. Photo : Vincent Tchymedian

Rue89 Strasbourg : Pourquoi avoir choisi Strasbourg pour tourner un film sur une histoire de violences policières ? 

Mehdi Fikri : Pour le tournage à Strasbourg, il y a d’abord eu une nécessité. On a tourné avec le soutien de la Région Grand Est et de l’Eurométropole de Strasbourg. Mais c’est une contrainte que j’ai embrassée à 200%. J’ai voulu ancrer le film à Strasbourg.

L’esthétique froide de Strasbourg

J’aime beaucoup le cinéma politique britannique, celui de Ken Loach, ou celui de Paul Greengrass avec Bloody Sunday. Cette esthétique froide, qu’on retrouve dans Hunger de Steeve McQueen, a marqué mon imaginaire du cinéma. On a tourné le film en novembre-décembre 2022 et j’ai eu l’impression de retrouver cette esthétique à Strasbourg. Il y avait cette atmosphère hivernale du ciel alsacien et la configuration spécifique des cités qu’on retrouve dans les plans séquence sur des grandes barres d’immeubles. Ça m’a permis de me détacher du socle documentaire pour aller vers la fiction.

Quels sont les lieux strasbourgeois qui vous ont marqué pendant le tournage ? 

À Strasbourg, il y a le deuxième plus grand cimetière musulman de France (dans le quartier de la Meinau, NDLR). Avec le cimetière de Bobigny, c’est le seul réservé aux musulmans en France. Ce qui me rappelle aussi la participation de Mariame Rachedi qui apparaît à la veillée funéraire. Elle chante le Coran au cimetière. Mariame, qui accompagne les croyants, nous a fait le cadeau de chanter dans le film. Ce n’était pas facile. On a tourné dans le cimetière de Strasbourg par moins 4 degrés. Malgré son âge, elle a chanté et rechanté pour toutes les prises qui ont été nécessaires. Peu de personnes le verront, mais qu’une femme chante le Coran, c’est quelque chose qui existe et que l’on voit rarement au cinéma.

Évidemment, la cité des Écrivains, qui est un quartier populaire très sensible, m’a aussi marqué. C’est une cité particulière, elle est très étendue, entre bâtiments modernes et immeubles très anciens, dont certains sont en train d’être détruits. Et puis c’est étonnant aussi comme cette cité est à cheval entre deux communes. 

Douleur intime et apprentissage politique

Il faut aussi souligner que la mairie de Schiltigheim nous a prêté la grande salle du conseil municipal, où on a tourné la conférence de presse du procureur. À Colmar, on a tourné à la cour d’appel, parce que le tribunal de Strasbourg nous avait dit non, et aussi dans une prison désaffectée. 

Au début du film, on entend effectivement parler de la cité des Écrivains à Schiltigheim. À moins d’un kilomètre, le jeune Enzo est mort en avril 2023 alors qu’il fuyait la police…

Ce sont des violences systémiques, elles n’ont rien d’exceptionnel. On n’a pas de chiffres qui existent officiellement à ma connaissance. Alors je me réfère à BastaMag qui évoque 861 personnes décédées suite à une intervention de police entre 1977 et 2022

J’espère que mon film permettra de sensibiliser à ces questions-là. Lors des avant-premières du film, je vois des gens qui ne sont pas du tout concernés, ni par les violences policières ni par la vie en quartier populaire. Ces gens sont très touchés. C’est pour ça que j’ai voulu mêler l’intime et le politique dans une fiction. J’ai voulu montrer l’expérience des personnages qui vivent cette douleur intime et cet apprentissage politique lorsqu’un proche meurt sous les coups de la police. 

Le moment pour agir, malgré le deuil

Le cinéma a ça de puissant : il permet de donner aux gens l’expérience d’une vie qu’ils ne vivront jamais. Cette expérience cinématographique est entière. Elle permet d’accéder à un rapport total au monde, au niveau mental et sensible. 

“Dès que le feu s’éteindra, tout sera fini” : que veut dire cette phrase prononcée au début du film, qui ressemble aussi au titre du long-métrage ?

Après la mort d’un jeune, la famille doit bouger très vite. Quand la révolte monte, les familles sont encore dans le temps du traumatisme et du deuil. Pourtant, c’est le moment où elles doivent agir : parler aux médias, se saisir d’un avocat, se porter partie civile, refuser d’enterrer le corps pour demander des contre-expertises, alors que dans la religion musulmane, il faut enterrer les corps vite… Ce moment, avant que le feu s’éteigne, c’est l’élément déclencheur de ce film. 

Y a-t-il d’autres violences policières qui ont eu lieu à Strasbourg ou en Alsace et qui vous ont inspirées ?

En amont du tournage non. Mais la famille de Hocine Bouras a vu le film à Colmar, la veille de sa sortie officielle. Hocine Bouras a été tué par un gendarme sur l’A35 pendant son transfert entre Strasbourg et Colmar. La mère d’Hocine Bouras a animé le débat après la projection, c’était hyper émouvant de l’entendre dire : « Ce film, c’est mon histoire. » Je suis très content que des familles se sentent représentées dans ce film et qu’elles s’en saisissent pour aborder le sujet des violences policières.

Au conseil municipal de Strasbourg, divorce entre écologistes et communistes

Au conseil municipal de Strasbourg, divorce entre écologistes et communistes

Divisées sur le vote d’une motion concernant la guerre Israël-Hamas, les deux composantes de la majorité municipale amorcent leur divorce politique. Le groupe du Parti communiste, « Pour la Justice sociale et l’écologie populaire », ne participe plus aux réunions communes et suspend sa participation à la majorité.
Rarement un débat n’aura été aussi contre-productif. Le vote de la motion de soutien aux victimes civiles israéliennes et palestiniennes, lors du conseil municipal du 6 novembre, devait être un moment de concorde et d’apaisement. Il fut orageux du début à la fin. Pire, il a marqué une division profonde entre les deux composantes de la majorité : les groupes « Strasbourg écologiste et citoyenne » (dominé par EE-LV) et « Pour la Justice sociale et l’écologie populaire » regroupant les élus communistes.

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :

À Citiz, l’élan de l’entreprise solidaire plombé par un management toxique

À Citiz, l’élan de l’entreprise solidaire plombé par un management toxique
Jean-Baptiste Schmider, PDG du réseau Citiz et directeur de France Auto Partage. Il est mis en cause par une dizaine d’anciens salariés qui dénoncent un management brutal et violent.

Citiz est une entreprise phare de l’économie sociale et solidaire strasbourgeoise depuis plus de 20 ans. Mais derrière l’image d’une société qui défend des valeurs de solidarité et de coopération, une dizaine de salariés dénoncent un management brutal et violent.
« Suite à cet épisode, j’ai tremblé pendant trois semaines et j’ai eu des crises de panique pendant trois mois. » La jeune femme qui a accepté de témoigner est encore sous le choc de ce qu’elle a vécu à Citiz, la coopérative d’autopartage. À tel point qu’elle n’est toujours pas capable de quitter son quartier en périphérie de Strasbourg, de peur de croiser son ancien patron, Jean-Baptiste Schmider, le président-directeur général de Réseau Citiz.
Mais Caroline (tous les prénoms ont été modifiés) tient tout de même à partager son histoire. « Je témoigne pour que cela s’arrête, pour protéger les suivantes. »

Dépôt d’une main courante

En mars 2023, Caroline, 45 ans, fait partie du service communication de Réseau Citiz depuis plusieurs mois, lorsqu’elle se retrouve convoquée un soir après 18h, dans le bureau de son directeur.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :
,

Manifestation « pour la protection du peuple palestinien » samedi 18 novembre à Strasbourg

Manifestation « pour la protection du peuple palestinien » samedi 18 novembre à Strasbourg
Des manifestations de soutien aux Palestiniens ont lieu régulièrement depuis octobre 2023 à Strasbourg.

Les 40 organisations membres du collectif Palestine 67 appellent à une manifestation samedi 18 novembre « pour un cessez-le-feu et pour l’arrêt du blocus » à Gaza. Il s’agit du troisième défilé en soutien aux Palestiniens depuis la réplique israélienne à l’attaque du Hamas du 7 octobre.

La conférence de presse a eu lieu dans la maison de l’amitié et de la culture, une antenne de la confédération des travailleurs de Turquie en Europe. Lundi 13 novembre, le collectif Palestine 67 appelle à une manifestation « pour le cessez-le-feu et l’arrêt du blocus à Gaza et pour la protection du peuple palestinien, aussi en Cisjordanie ».

Samedi 18 novembre à 14h, le cortège partira de la place Dauphine, devant le centre commercial Rivétoile, pour se diriger vers la gare en passant par la place Kléber, selon le même trajet que les deux précédentes manifestations similaires. « On continue de se battre, explique le porte-parole du collectif Hervé Gourvitch, et l’appel du président de la République Emmanuel Macron à un cessez-le-feu nous encourage à continuer. De toute façon, on ne peut pas s’arrêter tant que la guerre continue. »

« La vie n’est plus possible à Gaza »

Parmi les organisations membres du collectif, Ali Rastegar, de l’Union juive des Français pour la paix (UJFP), rappelle la résolution 242 des Nations Unies qui condamne l’occupation des territoires palestiniens :

« Elle ordonne à l’armée israélienne de quitter les territoires occupés et de faciliter la création d’un État palestinien. Israël n’a jamais respecté cette résolution. Il faut donc toujours rappeler qu’il y a une lutte légitime menée par le peuple palestinien contre le colonialisme. »

Mireille Pelka est présidente de l’association France Palestine solidarité Alsace, qui fait aussi partie du collectif. La militante rapporte les témoignages d’amis palestiniens qui vivent en Cisjordanie :

« La vie n’est plus possible à Gaza et elle devient impossible en Cisjordanie. Les Palestiniens qui y vivent ne peuvent plus aller travailler car ils sont attaqués par des colons armés quand ils tentent de passer les points de contrôle. La violence de la réaction d’Israël contre les civils est disproportionnée par rapport à l’attaque du Hamas. »

« Un conflit colonial de plusieurs décennies »

Emmanuel Fernandes (LFI), député de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, co-déclarera la manifestation du samedi 18 novembre avec un représentant du collectif Palestine 67. Il présente sa position :

« Le 7 octobre n’est pas le début de l’Histoire. Cette attaque du Hamas est un crime de guerre qui s’inscrit dans un conflit colonial de plusieurs décennies. Les exécutants doivent être amenés à comparaître devant la Cour pénale internationale.

Mais les bombardements de la bande de Gaza et le blocus sur l’eau, l’électricité et les denrées alimentaires sont aussi condamnables. Après plus de 5 000 enfants tués, ce n’est plus une réplique mais un massacre. D’autant que le blocus échappe au droit de la guerre. Nous demandons donc un cessez-le-feu immédiat et regrettons de n’avoir été rejoints par le président de la République que tardivement. Je souligne qu’il aura fallu une mobilisation dans tout le pays pour aboutir à cette position d’Emmanuel Macron. »

Selon les derniers bilans, 11 800 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, d’après une communication du ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas. Cette résurgence du conflit a fait au moins 1 200 morts du côté israélien, pour la plupart des civils tués lors de l’attaque du Hamas au matin du 7 octobre.

En 2024, Citiz va proposer 350 véhicules à partager à Strasbourg

En 2024, Citiz va proposer 350 véhicules à partager à Strasbourg

La coopérative Citiz va augmenter en 2024 son offre de voitures à partager avec 60 véhicules supplémentaires dans le Grand Est dont 30 à Strasbourg. Le parc total passera à 420 véhicules dans la région, dont environ 350 dans l’Eurométropole.

Les dirigeants de Citiz Grand Est ont annoncé lundi 13 novembre la poursuite du développement de leur service d’autopartage à Strasbourg en 2024. Depuis 2001, cette société coopérative propose de louer rapidement et simplement des voitures à l’usage, réparties dans la plupart des quartiers de la ville. Les personnes ou les entreprises abonnées à Citiz peuvent réserver ces voitures pour un coût dépendant du type de véhicule, dont 50% sont hybrides, de la durée de la réservation et du kilométrage.

« Plus de 10 000 Strasbourgeois utilisent notre service », indique Jean-François Virot-Daub, directeur général de Citiz Grand Est. Il détaille l’augmentation de l’offre prévue pour 2024 :

« En novembre, nous proposons 320 emplacements de location à Strasbourg, avec une voiture tous les 100 mètres. En 2024, une trentaine de véhicules supplémentaires sont prévus au quartier des XV, à la Krutenau et dans l’hypercentre. Ce sont les endroits où l’on observe un début de saturation. Nous allons atteindre 350 voitures sur le territoire de l’Eurométropole. L’objectif est de proposer des véhicules dans toutes les communes de plus de 5 000 habitants de l’Eurométropole. »

AvatarJean-François Virot-Daub, directeur général de Citiz Grand Est

L’autopartage peine à convaincre en périphérie

De nouvelles voitures Citiz seront disponibles à Lingolsheim, Wolfisheim, Bischheim ou encore Souffelweyersheim. Des stations devraient ouvrir au Port-du-Rhin, mais les quartiers populaires de Strasbourg sont globalement moins dotés. « Nous avons un emplacement au Neuhof, mais il est peu utilisé pour l’instant et on ne gagne pas d’argent avec, donc on ne peut pas ajouter un véhicule là-bas », illustre Jean-François Virot-Daub.

Ce dernier assure que l’autopartage permet d’économiser par rapport à l’utilisation d’une voiture personnelle :

« Le budget moyen pour être propriétaire d’une voiture est de l’ordre de 5 000 à 7 000 euros par an selon l’Automobile Club contre un peu moins de 2 000 euros pour les utilisateurs de l’autopartage. »

AvatarJean-François Virot-Daub, directeur général de Citiz Grand Est

Le directeur général de Citiz Grand Est rappelle également que les prix de Citiz restent les mêmes tout au long de l’année, contrairement aux agences de location qui peuvent avoir tendance à augmenter les tarifs en été par exemple, ou à proposer des promotions lors des périodes creuses. Si Strasbourg reste la ville où l’offre Citiz est la plus développée, la coopérative s’est installée dans toute la région depuis la fusion avec Citiz Lorraine en 2018 avec près de 400 véhicules disponibles.

La coopérative France Autopartage, à laquelle adhère Citiz Grand Est, propose 2 300 véhicules dans 200 communes au total. En 2022, la société nationale avait fait appel à un financement participatif pour développer l’offre de location dans les petites villes. Après une enquête auprès de ses 15 000 utilisateurs en France, Citiz indique que 75% d’entre eux estiment que l’autopartage leur a permis de renoncer à l’achat d’une voiture. Mais en dehors des métropoles, le service d’autopartage ne parvient pas à être suffisamment développé pour que les foyers renoncent à leur véhicule personnel.

Une solution contre l’occupation de la voirie

Outre Strasbourg, une trentaine de véhicules supplémentaires seront disponibles dans la région Grand Est en 2024, notamment à Colmar, Sélestat, Reims ou Metz. « On est conscients que le problème des mobilités ne va pas se régler par un coup de baguette magique, mais on pense que la solution passera par un mix des modes de déplacement pour donner une offre adaptée à tous les profils », assure Jean-François Virot-Daub.

Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole en charge du transport, souligne que l’autopartage fait partie du « service public des mobilités » en s’ajoutant au train, au tram, au bus ou au vélo : « C’est aussi une manière de libérer l’espace public, sachant qu’un véhicule en autopartage remplace 5 à 8 voitures personnelles. »

Masquant les discordes politiques, 5 000 Strasbourgeois ont marché contre l’antisémitisme

Masquant les discordes politiques, 5 000 Strasbourgeois ont marché contre l’antisémitisme

Plus de 5 000 personnes ont défilé « contre l’antisémitisme » et « pour la République » dimanche 12 novembre à Strasbourg, au sein d’une manifestation hétéroclite mais calme, aux enjeux en millefeuille.

Onze heures, place de l’Université. Plusieurs centaines de Strasbourgeois et Strasbourgeoises se sont rassemblées à l’appel de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme du Bas-Rhin (Licra 67) pour une marche « contre l’antisémitisme » et « pour la République ». Dans d’autres villes de France le même jour, des marches similaires ont été organisées à la demande des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.

« Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur »

Fabielle Angel, Licra du Bas-Rhin

Parmi les manifestants, plusieurs députés La France insoumise (LFI) ont choisi de battre le pavé à Strasbourg plutôt qu’ailleurs, après que la présidente de la Licra du Bas-Rhin, Fabielle Angel, ait annoncé ne pas inviter le Rassemblement national à défiler à Strasbourg. « Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur médiatique », confesse-t-elle avant le début de la marche.

« J’ai clarifié mon propos depuis : la Licra n’invite pas le RN à manifester mais en réalité, on n’invite aucun parti politique. Historiquement, nous n’avons jamais défilé à leurs côtés car nous ne portons pas les mêmes valeurs. Aujourd’hui, nous voulons défendre l’universalisme : ce ne sont pas que les juifs qui sont attaqués mais toute la nation. »

AvatarFabielle Angel, Présidente de la Licra 67

Seuls les drapeaux français sont autorisés et aucune bannière politique n’a été tolérée. La présence politique pourtant est bien marquée par les écharpes tricolores des élus municipaux, de la Collectivité européenne d’Alsace, de la Région Grand Est ou de l’Assemblée Nationale, portées par des élus du Parti communiste au Rassemblement national, en passant par Europe Ecologie – Les Verts (EE-LV) et LFI.

Dans le cortège, Francis, 70 ans, aurait aimé que la manifestation rassemble au-delà :

« Cette manifestation est un symbole de la République et ne devrait pas devenir une bataille politique. Si on va commémorer la rafle du Vélodrome d’Hiver, on doit aussi être capable de venir marcher contre l’antisémitisme qui existe aujourd’hui. Ça n’a aucun sens de se souvenir des morts sans se mobiliser pour les vivants. »

Manif antisémitisme 12 novembre 2023
Face à 5 000 manifestants, Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg, a rappelé que l’éducation participe à lutter contre l’antisémitisme et a ainsi justifié le parcours de la marche, reliant le palais universitaire à la place de la République.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc

Des députés insoumis en nombre

Après le discours du président de l’Université de Strasbourg, Michel Deneken, et une Marseillaise entonnée à l’unisson, la marche de 600 mètres reliant le palais universitaire à la place de la République démarre. Un peu à la traîne, François Ruffin, Alexis Corbière, Clémentine Autain, Rachel Garrido et Emmanuel Fernandes, tous députés Insoumis répondent aux nombreuses sollicitations des journalistes sur leur présence à Strasbourg plutôt qu’à Paris.

« Nous sommes là car nous savons la peur face à la montée de l’antisémitisme. À Strasbourg, la Licra a été très claire sur son souhait de ne pas inviter le Rassemblement national, c’est pour cela que je suis à Strasbourg. »

AvatarFrançois Ruffin, député LFI de la Somme

« Strasbourg a une des communautés juives les plus grandes de France, ce n’est pas étonnant que ce soit ici que la marche rassemble le plus », estime Clémentine Autain, qui est venue pour exprimer sa « solidarité » et son « empathie ».

Récemment nommé ambassadeur auprès du Conseil de l’Europe, Pap Ndiaye présent également estime que « la manifestation strasbourgeoise échappe aux controverses politiques » : « Ce que l’on voit à Strasbourg est encourageant, la lutte contre l’antisémitisme doit rassembler ».

Manif antisémitisme 12 novembre 2023
Emmanuel Fernandes et Clémentine Autain ont fait partie des députés LFI présents à la marche contre l’antisémitisme de dimanche 12 novembre 2023.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc

Un peu plus loin, Jacqueline et Marie-Paule marchent bras-dessus, bras-dessous. Les septuagénaires sont satisfaites car la manifestation est « calme ». « Je suis là pour l’entente entre les peuples, en-dehors de la religion », détaille Jacqueline. Les deux amies ne voient pas le côté politique de la mobilisation et ne savent pas trop qui a dit quoi. « C’est comme si tous les partis voulaient se faire bien voir dans cette histoire », résume simplement Jacqueline.

D’ailleurs, elles n’ont pas fait attention aux élus présents :

« Après la deuxième guerre mondiale, le monde s’est élevé pour dire “plus jamais ça”. Mois je suis là pour affirmer mon soutien contre les actes antisémites. Et c’est tout. »

Marie-Paule, septuagénaire strasbourgeoise

Une récupération politique qui divise

Camouflée sous une écharpe épaisse, Rita marche seule au milieu de petits groupes. Elle a fait 30 kilomètres pour se déplacer jusqu’à Strasbourg, malgré une voix enrouée, un rhume qui perdure et aucune velléité militante. Mais cette fois-ci, ne pas se mobiliser aurait été inimaginable :

« Que des Français aient peur de sortir de chez eux en raison de leur religion m’indigne. Je trouve ça épouvantable. Je suis outrée par toutes les confusions qui sont faites, mais je suis aussi outrée que tous les partis politiques ne soient pas capables de s’unir contre l’antisémitisme. »

Arrivés sur la place de la République, Lionel et Abraham saluent des connaissances tout en estimant le nombre de personnes encore présentes. En tant que « juifs de France », ils se disent satisfaits de n’avoir vu que des drapeaux français :

« On ne défile pas pour Israël mais contre le racisme. Qu’on soit pour ou contre la politique israélienne, ça n’a rien à voir avec l’antisémitisme, il y a beaucoup d’amalgames. Ce matin, je ne me suis pas levé contre le Hamas mais bien contre les tags de croix gammées ou ceux qui appellent à tuer les juifs. Tout ça se passe en 2023, à Strasbourg, et j’ai l’impression que la société tolère ces actes et les banalise. »

Lionel, 35 ans

Pour eux, le rôle des politiques est crucial mais consiste uniquement à les protéger. Abraham attend des positionnements forts du gouvernement et des responsables élus :

« Quand je vois la division entre les partis, ça me fait peur. En tant que citoyen, mon champ d’action pour lutter contre l’antisémitisme est limité : je peux partager des choses sur les réseaux sociaux mais c’est tout. J’aimerais que lorsqu’on raye ma voiture à cause des kippas qui sont sur la banquette arrière, ça soit sévèrement puni. »

Abraham, 34 ans
Manif antisémitisme 12 novembre 2023
Sous les nombreuses caméras et cerné de micros, François Ruffin a développé son choix de manifester à Strasbourg plutôt qu’à Paris.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc

« Il faut agir avant que la haine touche tout le monde »

Yves, 77 ans

Une fois le cortège arrivé place de la République, de petits groupes se forment puis commencent à se disperser. Au milieu des pelouses encore vertes, peu après midi, plusieurs manifestants prennent à parti Alexis Corbière qui range son écharpe tricolore. Parmi eux, Ventura, qui considère que Jean-Luc Mélenchon est antisémite et que les députés LFI, quels qu’ils soient, ne sont pas les bienvenus dans la mobilisation.

Avec sa casquette enfoncée jusqu’aux sourcils, Yves, 77 ans, est dubitatif. « Peut-être qu’au fond, Alexis Corbière est contre l’antisémitisme », lâche-t-il. Le retraité ne comprend pas que LFI n’ait pas voulu défiler aux côtés du RN. « Ils l’ont déjà fait pour les retraites, alors pourquoi pas cette-fois », questionne-t-il.

« Tout le monde devrait être raccord pour dénoncer l’antisémitisme, ça devrait faire consensus. Car pour le moment, ce ne sont que les juifs qui sont concernés. Il faut agir avant que la haine touche tout le monde, mais c’est peut-être trop tard. »

Yves, 77 ans, retraité strasbourgeois

Quant au RN, « peut-être qu’ils ont changé d’avis, tout le monde n’est pas Jean-Marie Le Pen », estime-t-il. Le fondateur du Front national, désormais Rassemblement national, a notamment été condamné pour « antisémitisme insidieux » en 1986, puis pour « contestation de crimes contre l’humanité » en 2018 – suite à des propos qualifiant les chambres à gaz de « détail de l’Histoire ».

Manif antisémitisme 12 novembre 2023
À l’issue de la manifestation, plusieurs personnes ont alpagué Alexis Corbière, député LFI, lui demandant pourquoi il faisait encore partie de la formation politique de Jean-Luc Mélenchon.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc

Une communauté juive tentée par le vote RN

Plusieurs manifestants de confession juive croisés dimanche 12 novembre ne voient pas de problème avec la nouvelle génération d’élus du Rassemblement national. C’est le cas d’Emmanuel, 38 ans :

« Dans ma communauté, on se sent abandonné par la gauche française. Alors que certaines idées du Rassemblement national nous font penser qu’ils veulent plutôt nous protéger. Bien sûr qu’il y a une méfiance envers ce parti, on sait très bien d’où il vient. Je ne sais pas si on peut en changer l’ADN en si peu de temps, mais les élus sont d’une génération qui n’est pas celle de Jean-Marie Le Pen et le judaïsme n’est plus la bête à abattre. »

Emmanuel, 38 ans

Il cite Serge Klasfeld, historien et avocat, qui a dans une interview au Parisien applaudi la venue du RN aux marches de dimanche. Une interview aussi citée par Angèle, 74 ans, qui se veut précautionneuse dans les mots qu’elle utilise pour qualifier la présence du parti d’extrême droite. « Tout ce qui nous rapproche est bon à prendre », estime-t-elle.

Du haut de ses 24 ans, Axelle fait partie des plus jeunes manifestants et trouve naturel que le RN marche contre l’antisémitisme : « Je pense que ça concerne tout le monde, et je suis triste de voir qu’Emmanuel Macron n’est même pas sorti dans la rue ». Pour elle non plus, pas d’incohérence entre la présence du RN et le fond des revendications soulevées par la manifestation.

Métabolites de pesticides : « Il n’y a pas de danger à consommer l’eau du robinet », selon l’ARS

Métabolites de pesticides : « Il n’y a pas de danger à consommer l’eau du robinet », selon l’ARS

Face au défi sanitaire posé par la contamination de l’eau potable aux métabolites de pesticides en Alsace, l’Agence régionale de santé relativise les effets toxiques sur les individus.
En août 2022, Rue89 Strasbourg révélait des contaminations aux métabolites de pesticides au-dessus des seuils réglementaires dans 36 unités de distribution qui alimentent en eau potable plus de 300 000 Bas-Rhinois. Un quart des Alsaciens boivent une eau du robinet concernée par ces dépassements. En réaction à ce défi sanitaire, l’Agence régionale de santé (ARS) a publié des arrêtés dérogatoires afin de continuer à distribuer cette eau non-conforme, et ce pour une durée de trois ans, en l’absence « d’autres moyens raisonnables immédiats ». La communauté de communes de la Basse-Zorn (CCBZ), qui regroupe six villages situés au nord de Strasbourg, est concernée, de même que les habitants de l’ouest de l’Eurométropole jusqu’à Ernolsheim-sur-Bruche.

Des dérogations qui interrogent

Le même phénomène existe au niveau national. Comme l’a révélé le journal Le Monde, deux métabolites dérivés de l’herbicide S-métolachlore, le ESA-métolachlore et le NOA-métolachlore, ont été discrètement reclassés le 30 septembre de « pertinents » à « non pertinents » par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Conséquence : les seuils de tolérance de leur présence dans l’eau potable passent de 0,1 microgramme par litre (µg/l) à 0,9 µg/l. 
Toutes ces manœuvres, entre arrêtés dérogatoires et déclassements discrets de métabolites, suscitent des interrogations légitimes sur la qualité de l’eau potable et les risques liés à ces contaminations en produits de dégradation de pesticides. Arielle Brunner, directrice de la promotion de la santé, de la prévention et de la santé environnementale, ainsi que Laurent Caffet, responsable du département de santé environnementale, ont accepté de répondre sur la gestion de la problématique des métabolites de pesticides dans l’eau potable.
À gauche, Arielle Brunner, directrice de la promotion de la santé, de la prévention et de la santé environnementale à l’Agence régionale de santé. À droite, Laurent Caffet, responsable du département de santé environnementale.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :
,

Des associations de locataires demandent aux bailleurs sociaux d’annuler la hausse des loyers en 2024

Des associations de locataires demandent aux bailleurs sociaux d’annuler la hausse des loyers en 2024

Dans un contexte de fragilisation des ménages par l’inflation, trois associations de locataires demandent à l’Eurométropole la suppression de la hausse de 3,5% des loyers des logements sociaux en 2024. La collectivité assure ne pas avoir d’autre solution pour dégager des moyens afin de construire et rénover les habitations.

« Ce n’est pas sur le logement social qu’il faut faire des économies », souffle Geneviève Manka, porte-parole de la Confédération nationale du logement du Bas-Rhin (CNL 67). Elle est atterrée par la décision des bailleurs sociaux de l’Eurométropole (Habitation Moderne, Ophéa, et Foyer Moderne de Schiltigheim), qui prévoient une hausse des loyers de 3,5% au 1er janvier 2024, comme début 2023, soit un peu plus de 7% en deux ans.

Cette augmentation correspond au maximum légal et représentera en moyenne 15,40 euros de surcoût par loyer tous les mois. Une opération qui doit permettre de dégager 5,35 millions d’euros pour ces trois bailleurs sociaux en 2024.

Une hausse des loyers qui s’ajoute à l’inflation

Concernant le bailleur social Alsace Habitat, rattaché à la Collectivité d’Alsace, un conseil d’administration doit encore avoir lieu en fin d’année 2023 pour déterminer s’il y aura une hausse ou non des loyers. Dans un communiqué commun publié début octobre, la CNL 67, Consommation logement et cadre de vie (CLCV 67) et la Confédération syndicale des familles (CSF 67) ont justement appelé les bailleurs sociaux à un gel des loyers :

« La situation financière des familles et des locataires en général est dramatique (21% de français sont concernés par la privation [matérielle et sociale] et la pauvreté selon Oxfam). Vingt-trois communes alsaciennes sont classées en zones tendues, le parc locatif privé est devenu inaccessible aux familles populaires et de la classe moyenne, alors que les délais d’attente pour un logement social sont de 24 mois dans le Bas-Rhin. »

Les délais pour obtenir un logement social sont très longs à cause d’une saturation du parc dans l’Eurométropole.Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Les associations de locataires évoquent également l’augmentation du coût du gaz, de l’électricité, l’inflation et la fin du bouclier tarifaire qui « fragilisent les ménages vulnérables ». « La CNL a lancé une campagne nationale dés juin pour demander aux bailleurs de ne pas augmenter les loyers. Aujourd’hui, il y a un mécontentement généralisé chez les locataires », constate Geneviève Manka.

Dégager des moyens pour construire et rénover

Suzanne Brolly, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des politiques immobilières, assure que « cette décision n’est pas agréable, mais totalement nécessaire » :

« Nous avons une crise du logement à Strasbourg. Je dois concentrer les moyens sur la construction de logements sociaux pour répondre à la demande. Et nous devons aussi réduire les charges des locataires grâce aux rénovations. Pour cela, les bailleurs investissent sur leurs fonds propres, qui ne sont pas illimités. On ne peut pas leur imposer une double peine, avec d’un côté des investissements massifs, et de l’autre un gel des loyers.

Les aides au logement ont augmenté de 3,7% en octobre, ce qui doit couvrir la hausse des loyers pour les allocataires. Par ailleurs, nous avons prévu une augmentation de 1,6 million d’euros du fonds de solidarité afin d’aider les ménages en difficulté pour payer une partie de leurs charges. »

« 50% des locataires n’ont pas d’APL à Strasbourg », balaye Daniel Bonnot, président de la CLCV 67. « Comme d’habitude, c’est aux plus pauvres de se mobiliser. Nous sommes absolument contre cette logique », poursuit-il. « En 2023, Alsace Habitat avait appliqué une hausse de 1 à 2,5%, avec les augmentations maximales là où le marché du logement est le plus tendu, c’était déjà mieux », rappelle Grégoire Ballast, chargé de l’habitat à la CSF 67.

Cibler l’État plutôt que les locataires ?

Il explique que son association aurait attendu « un positionnement fort des bailleurs sociaux et des collectivités pour demander des moyens à l’État plutôt que d’augmenter les loyers, car le logement est le poste de dépenses le plus important des ménages » :

« Nous sommes bien conscients des difficultés budgétaires des bailleurs, causées principalement par un désengagement de l’État. Nous demandons par exemple la suppression de la réduction du loyer de solidarité (RLS, NDLR). Une prise en charge demandée aux bailleurs sociaux après la diminution des aides au logement (APL, NDLR). Les APL doivent réaugmenter pour que l’État couvre à nouveau ce coût. »

« C’est contre l’État que les bailleurs doivent se mobiliser, pas les locataires, encore moins ceux qui vivent dans des quartiers prioritaires », abonde Daniel Bonnot. Suzanne Brolly regrette que les demandes de moyens pour les bailleurs sociaux, qu’elle dit porter au niveau national, restent inaudibles pour le gouvernement.

La CLCV, la CNL et la CSF revendiquent également l’encadrement des loyers à Strasbourg, un dispositif juridique de plafonnement utilisé par certaines villes pour éviter que des loyers soient bien au-dessus du prix du marché. « D’après l’observatoire des loyers, il n’y a pas de décrochage (écart aberrant entre les loyers, NDLR). J’utiliserai ce dispositif quand il aura une réelle utilité », affirme Suzanne Brolly.

Enquête en cours sur l’incinérateur : plus d’une trentaine de personnes se constituent partie civile

Enquête en cours sur l’incinérateur : plus d’une trentaine de personnes se constituent partie civile

Selon le délégué syndical CGT de l’entreprise Sénerval Mathieu Schneider, plus d’une trentaine de salariés ou anciens ouvriers de l’incinérateur se sont constitués partie civile dans l’enquête en cours visant la filiale du groupe Séché pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

« Ça m’est déjà arrivé quatre fois d’être recouvert de cendres toxiques. Sous la douche à l’incinérateur, je me rendais compte que j’en avais partout sur le corps, de la tête aux pieds. » Maxime (le prénom a été modifié) travaille à l’incinérateur de Strasbourg depuis plusieurs années. Avec la perquisition des bureaux de l’usine en février 2023, l’ouvrier a pris conscience du danger encouru du fait de l’exposition régulière des salariés de Sénerval aux cendres ultimes d’incinération, connus sous le nom de CMR pour leurs effets cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

« Depuis l’intervention de la police, je suis devenu anxieux. J’ai entendu parler d’anciens salariés qui ont développé des cancers Je me demande si ma santé restera bonne. » Maxime fait partie de ces employés de l’Unité de Valorisation Énergétique (UVE) qui se sont constitués partie civile dans l’enquête en cours pour « mise en danger de la vie d’autrui » visant l’entreprise Sénerval, filiale du groupe Séché.

« Il faut que la justice fasse éclater la vérité »

Matthieu Schneider, délégué CGT de Sénerval

Selon le délégué syndical CGT de l’entreprise Sénerval Mathieu Schneider, « entre 30 et 35 salariés actuels et une quinzaine d’anciens employés de l’incinérateur se sont constitués partie civile. » Le syndicaliste explique avoir incité les ouvriers et autres retraités à entamer cette démarche dans le cadre de l’enquête en cours :

« On a expliqué aux salariés que s’ils s’estiment victimes d’une exposition, ils doivent se constituer partie civile. Comme ça, si le groupe Séché est condamné, ils pourront être dédommagés. »

Mathieu Schneider espère que cette somme de constitutions de partie civile poussera la juge d’instruction en charge du dossier à mettre en examen les dirigeants de l’entreprise Sénerval :

« Il faut que la justice fasse éclater la vérité. Les salariés de l’incinérateur ont été exposés à des cendres cancérigènes pendant des années. La direction de l’usine n’a jamais respecté les règles en terme de protection des ouvriers. Il a toujours fallu forcer la direction pour que l’exposition aux cendres CMR soient réduite ou que les ouvriers soient équipés de matériel de protection. »

Plus d’une centaine de personnes auditionnées

Didier fait partie de ces anciens salariés qui se sont constitués partie civile à l’issue d’une audition par la police. « À la fin de l’entretien, l’enquêtrice m’a demandé si je voulais me constituer partie civile. » L’ancien ouvrier, atteint d’un cancer, estime que sa maladie est liée à l’incurie du groupe Séché, délégataire de service public pour l’incinérateur de Strasbourg.

Le syndicat de consommateurs de la CGT, Indecosa, s’est également constitué partie civile, estimant que la pollution engendrée par les cendres toxiques à l’extérieur de l’usine peut affecter les riverains de l’incinérateur.

Selon nos informations, la police et l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) ont auditionné plus d’une centaine de personnes, entre actuels ouvriers de l’usine, anciens salariés et autres retraités. Les différents agents de l’inspection du travail en charge du suivi de l’incinérateur ont également été auditionnés.

Sollicité, le parquet de Strasbourg n’a pas donné suite à notre demande concernant le nombre actuel de personnes qui se sont constitués partie civile.

Au conseil de l’Eurométropole : gare à 360 degrés, prime aux agents et transmission des terres agricoles

Au conseil de l’Eurométropole : gare à 360 degrés, prime aux agents et transmission des terres agricoles
Doris Ternoy, vice-présidente en charge de la politique agricole, lors d’un conseil de l’EMS.

Lors du conseil de l’Eurométropole de Strasbourg ce vendredi 10 novembre, les élus examineront le projet d’ouverture de la gare de Strasbourg, le versement d’une prime exceptionnelle aux agents et un dispositif favorisant l’installation des jeunes agriculteurs.

« Parler d’agriculture, ça peut être alambiqué… » En sortant de la salle de réunion 916 du centre administratif, la vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg en charge de la politique agricole, Doris Ternoy, paraît soulagée. Jeudi 9 novembre, elle a présenté les principales délibérations du prochain conseil des 33 communes strasbourgeoises avec la présidente Pia Imbs, le vice-président chargé de la mobilité Alain Jund (EELV) et celui chargé des ressources humaines, Valentin Rabot.

En plus du dossier de la gare à 360 degrés, abondamment débattu lors du dernier conseil municipal de la Ville de Strasbourg, les conseillers eurométropolitains devront voter le versement d’une prime exceptionnelle « anti inflation » aux agents de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et un dispositif encourageant l’installation de jeunes agriculteurs sur les terres fertiles de l’EMS.

« Favoriser le renouvellement » des agriculteurs

Pour présenter sa délibération, Doris Ternoy commence par dresser un tableau inquiétant : d’ici à 2029, plus d’un exploitant agricole sur deux partira à la retraite. Pour l’ensemble de l’Eurométropole, les services dénombrent actuellement 97 agriculteurs de plus de 55 ans sur près de 250 exploitants agricoles en activité. À l’échelle du Bas-Rhin, c’est 62% des exploitants qui ont plus de 50 ans selon des chiffres datant du 1er janvier 2020.

Avec ses 500 hectares de terres agricoles qu’elle loue à des exploitants, l’Eurométropole entend œuvrer pour enrayer la disparition des agriculteurs. « Avec le départ des agriculteurs, beaucoup de terres appartenant à l’EMS vont se retrouver libres », expose Doris Ternoy. « Nous avons donc monté une convention avec la Safer, pour qu’elle gère ces parcelles le temps de trouver des repreneurs ».

Une fois en charge des parcelles, la Safer pourra proposer des baux temporaires aux exploitants. Ces derniers doivent être moins contraignants et faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs. En aparté, l’élue conclut :

« En louant plus facilement ces terres, l’objectif est aussi d’éviter qu’elles ne disparaissent pour des projets urbains et donc d’éviter d’accentuer l’urbanisation des sols. »

AvatarDoris Ternoy, vice-présidente en charge de la politique agricole métropolitaine

En prime, la délibération comporte d’autres mesures incitatives, comme la création d’un module de formation au lycée agricole de 70h sur « l’agriculture en agglomération », c’est-à-dire dans un milieu péri-urbain.

La vice-présidente Doris Ternoy est également maire de Breuschwickersheim.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Contre l’inflation, l’EMS veut verser une prime à ses agents

Lors du conseil, les élus voteront également l’octroi d’une prime exceptionnelle versée aux agents de la collectivité. Partant de 250 à 800 euros suivant les revenus, elle touchera la quasi-totalité des agents de l’EMS. Les titulaires sont concernés, de même que les contractuels ayant travaillé au moins 30 jours sur une période s’étalant du 1er juillet 2022 au 30 juin 2023.

La délibération fait écho au décret publié le 1er novembre au Journal officiel, portant sur le versement d’une prime exceptionnelle aux agents de la fonction publique territoriale. Le décret fixe le règlement d’une prime aux salariés touchant une rémunération brute mensuelle inférieure à 3 250 euros bruts mensuels en moyenne. L’Eurométropole fait le choix de verser cette aide à tous ses agents. Le montant de cette prime au pouvoir d’achat coûtera près de 4 millions d’euros à l’EMS et à la Ville.

Le vice-président en charge des ressources humaines de l’EMS, également maire d’Achenheim, Valentin Rabot.Photo : Abdeslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Nouveau vote sur la gare à 360°

Après un débat animé au dernier conseil municipal strasbourgeois, la délibération sur la gare à 360 degrés, c’est à dire ouverte vers l’ouest, revient animer les discussions des élus. Comme pour la Ville, le texte présenté à l’EMS consistera à ajouter un avenant au protocole d’accord sur « l’aménagement et le développement du nœud ferroviaire de Strasbourg ».

La présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, Pia Imbs. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Concrètement, la délibération fixera les principes d’aménagement et l’objet des études servant de base aux discussions entre l’Eurométropole, la Ville, la région Grand Est et la SNCF. Plusieurs éléments seront débattus, par exemple le parcours piéton reliant la gare au futur parking en silos de 800 places pour les voitures. Pia Imbs tempère d’avance les débats : « Tout ce qui se dit se fait sous réserves des études. Beaucoup de choses en dépendront. » Une autre délibération portant sur les aménagements au secteur des Halles sera également examinée.

Didier, ancien ouvrier chez Sénerval : « Quand j’ai découvert mon cancer, j’ai tout de suite pensé à l’incinérateur »

Didier, ancien ouvrier chez Sénerval : « Quand j’ai découvert mon cancer, j’ai tout de suite pensé à l’incinérateur »
Didier, ancien ouvrier de l’usine d’incinération : « Quand j’ai découvert mon cancer, j’ai tout de suite pensé à l’incinérateur. »

Trois ans après son départ à la retraite, Didier s’est vu diagnostiquer un lymphome. Pour l’ancien mécanicien d’entretien à l’incinérateur des déchets de Strasbourg, l’incurie du groupe Séché est à l’origine de sa maladie.
Perte de cheveux, fatigue et nausée… Didier fait la liste des effets secondaires de la chimiothérapie entamée en mars 2023. Deux mois plus tôt, l’ancien mécanicien d’entretien de l’incinérateur de Strasbourg s’est vu diagnostiquer un lymphome folliculaire au niveau des ganglions. Installé sur sa terrasse dans une commune de l’Eurométropole, l’ex-salarié du groupe Séché se souvient de sa réaction lorsqu’il apprend la terrible nouvelle, trois ans à peine après son départ en retraite : « Quand j’ai découvert mon cancer, j’ai tout de suite pensé à l’incinérateur. »

« Les poussières nous tombaient dessus »
Didier, ancien ouvrier de Sénerval

Didier a travaillé pendant 20 ans à l’usine d’incinération de Strasbourg. L’incinérateur était géré par le groupe Protires jusqu’en 2010. Puis, c’est le groupe Séché qui a exploité le site. Pour l’ancien mécanicien d’entretien, l’incurie a commencé avec l’arrivée de ce nouveau délégataire de service public :

« Quand Séché est arrivé, c’était le jour et la nuit. On sentait qu’ils voulaient économiser le plus d’argent possible en repoussant toujours l’entretien des chaudières. Sous Protires, il y avait une maintenance tous les 18 mois. Avec Séché, c’était seulement en cas d’incident. »
Didier, ancien ouvrier de l’incinérateur de Strasbourg

Soutenez le suivi de l’incinérateur

La rédaction a besoin de votre soutien pour enquêter sur ce dossier

Pour accéder à cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?

Rue89 Strasbourg enquête depuis 2017 sur l’incinérateur de Strasbourg, l’entreprise Sénerval. Nous avons révélé les dysfonctionnements, grâce aux alertes des ouvriers sur place. Notre travail a rendu visible l’incurie dont ils sont victimes. Suite à nos articles, des mesures ont été prises pour améliorer la sécurité dans l’incinérateur et des enquêtes ont été ordonnées.

Mais nous ne lâchons pas cette pression sur les pouvoirs publics et nous resterons mobilisés tant que les conditions de travail sur place ne seront pas satisfaisantes pour les ouvriers, ni tant que les rejets des installations ne seront pas acceptables.

Pour continuer ce travail, nous avons besoin d’une petite contribution de votre part. Chaque abonnement compte. Toutes ces recettes servent directement à financer un journalisme engagé et documenté sur la salubrité et la sécurité de nos installations publiques.

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :
,

En novembre, une série de soirées chaleureuses pour contrer la grisaille

En novembre, une série de soirées chaleureuses pour contrer la grisaille

En novembre, Strasbourg propose les festivals Jazzdor et Augenblick, mais aussi d’autres rendez-vous dont voici une rapide sélection.

Alors c’est vrai oui, novembre est un mois gris, triste et froid. Mais à Strasbourg, c’est un mois très dense en propositions culturelles, puisque nombre de scènes proposent leurs événements avant le grand éteignoir du Marché de Noël. Les agendas de toutes les institutions culturelles sont donc remplis, du TJP au TNS en passant par Pôle Sud. Voici une sélection principalement musicale, pour tenter de réchauffer l’âme avec les notes, en cette période pas évidente pour les corps et les cœurs.

La fraîcheur du cinéma allemand

Le festival Augenblick propose une sélection de films germanophones (mais sous-titrés) jusqu’au 24 novembre dans 36 cinémas alsaciens dont à Strasbourg le Star Saint-Exupéry, le Vox et le Cosmos.

Bande annonce du festival Augenblick

Parmi cette sélection, le festival propose deux compétitions (longs et courts métrages), des projections en avant-première, une rétrospective, des documentaires et des films dédiés à la jeunesse, le tout agrémenté de rencontres. Il y a même un concert de KG, vendredi 17 novembre à 22h30 au Graffalgar.

Une fenêtre sur la scène européenne émergente au Maillon

Du 10 au 18 novembre, le Maillon accueille un festival dédié aux jeunes artistes du spectacle vivant européen. Premières, la suite, c’est son nom, propose des spectacles d’auteurs émergents, de metteurs et metteuses en scène débutantes, ainsi que des tables-rondes et d’autres rendez-vous plus informels. Le programme complet est disponible sur le site du Maillon. Parmi les spectacles du festival, citons Sauvez Bâtard, vendredi 10 et samedi 11 novembre : une fable vengeresse, dystopique et queer qui dit beaucoup sur la remise en cause du « monde normal » par la jeunesse européenne.

Bande annonce de Sauvez Bâtard (vidéo Le Maillon / Youtube)

Présente dans Sauvez Bâtard, la catastrophe climatique l’est également dans La Taïga court, quatre représentations les vendredi 17 et samedi 18 novembre. Dans cette pièce, Antoine Hespel – formé au TNS – « dresse le tableau de l’aveuglement du monde, mais aussi celui d’une incompréhension entre celles et ceux qui vivent l’écroulement des équilibres et celles et ceux qui les regardent… » Le tout avec humour, ce qui n’est pas évident, considérant le thème.

La lutte contre les discriminations forme probablement l’autre grand thème de mobilisation de la jeunesse, et elle est présente à Premières au travers de la performance de Lucile Saada Choquet, qui se présente comme une « artiviste décoloniale », autrement dit une artiste – militante contre la « charge raciale ». Dans Jusque dans nos lits vendredi 16 et samedi 17 novembre, Lucile Saada Choquet discute pendant trois heures avec plusieurs personnes issues du public, sur leur rapport au monde dominé par les Blancs.

Passage annuel des étoiles du jazz

L’un des grands rendez-vous de novembre, c’est Jazzdor. Le festival qui depuis plus de trente ans propose les formations les plus innovantes du jazz est tellement envié qu’il se décline désormais à Budapest et Berlin. À Strasbourg, le festival s’établit cette année principalement au Planétarium du jardin des sciences, mais quelques concerts sont aussi proposés au Fossé-des-Treize ou au Blue Note Café.

Comme chaque année, la programmation est un mélange subtil entre les créations directement soutenues par Jazzdor, les formations de passage et les étoiles filantes du jazz. Et parmi cette dernière catégorie, Jazzdor invite Bill Frisell trio pour son concert d’ouverture, vendredi 10 novembre. Le guitariste américain de 71 ans est connu pour être un compositeur fin, amoureux du son minimaliste, épuré. Un travail qui donne à ses œuvres un caractère poétique, voire méditatif.

Bill Frisell en acoustique solo (vidéo NPR / Youtube)

Autre date à noter, celle de San mardi 14 novembre au Fossé-des-Treize. Cette formation composée de trois artistes d’origine japonaise inclut Yuko Oshima, une batteuse exceptionnelle de Strasbourg. La voir jouer à domicile n’est plus aussi fréquent qu’avant. Le premier album de San, Hibiki, est produit par Jazzdor et il est disponible sur Bandcamp. Dans la même soirée, Jazzdor a programmé James Brandon Lewis, un saxophoniste de free jazz américain, particulièrement remarqué par les amateurs du genre.

Jazzdor propose également quelques rendez-vous gratuits, dont Skaterjazz de Uassyn vendredi 10 novembre et le concert de Couleurs Trio dimanche 12 novembre.

Rock à Django et à la Maison bleue

L’Espace Django accueille une belle soirée rock français vendredi 24 novembre avec Dead Chic et Liv Oddman. Le premier groupe balance un rock alternatif solide et direct, un peu classique mais toujours réjouissant. Liv Oddman en revanche est beaucoup plus transgressif avec les genres musicaux. Empruntant volontiers ses rythmiques au rock, il n’hésite pas à tout déconstruire avec une voix parfois jazz, parfois rap, parfois presque d’opéra… Bizarre Oddman ? En tout cas étonnant, détonnant et à découvrir.

https://www.youtube.com/watch?v=IRb_FATrk2s
Dreadful Love de Liv Oddman

Toujours dans le genre énervé, la Maison Bleue programme samedi 25 novembre une soirée « Les femmes s’en mêlent » avec deux groupes très badass (mais mixtes) : We Hate You Please Die et Fournaise. Le premier groupe est composé d’un trio de Rouen et propose un rock parfois orchestral, parfois brutal. Il faut suivre selon les albums…

En première partie, Fournaise est un duo de Nancy, avec les voix et les guitares d’Hélène Bazic et les rudes batteries de Benjamin Racine. Efficace, classique, brutal. Parfait pour une soirée revendicative.

Vous avez votre recommandation ? Publiez-la dans les commentaires ci-dessous et n’hésitez pas à proposer des événements qui sortent des habitudes.

« Simple comme Sylvain », une comédie sensuelle et grinçante sur la rencontre

« Simple comme Sylvain », une comédie sensuelle et grinçante sur la rencontre

Pour son troisième opus en tant que réalisatrice, la comédienne québécoise Monia Chokri signe avec Simple comme Sylvain un film drôle et profond autour d’une histoire entre une professeure de philosophie et un charpentier.

Une fille rencontre un garçon… L’histoire de Simple comme Sylvain paraît banale mais on en redemande quand celle qui la raconte, l’actrice et réalisatrice québécoise Monia Chokri, pourrait être la petite sœur féministe de Woody Allen. Elle commence par une cassure, celle de Sophia (Magalie Lépine-Blondeau) et de Xavier (Francis-William Rhéaume), ensemble depuis dix ans. Tous deux universitaires, ils partagent les mêmes lectures mais plus le même lit. Les discussions sur l’extinction de l’Humanité commencent à fatiguer Sophia quand elle rencontre Sylvain (Pierre-Yves Cardinal), l’homme à tout faire qui est censé réparer sa résidence secondaire.

Sylvain vit à la campagne, aime la chasse et cite Michel Sardou plus volontiers que Schopenhauer. Pourtant Sophia est bouleversée. Monia Chokri, qui s’amuse des comédies romantiques et autres romans photos, filme ses personnages à coups de zooms très « seventies », sur des couchers de soleil kitsch, c’est réjouissant. Sur le fond, le film reste partagé entre humour féroce et gravité.

La bande-annonce de Simple comme Sylvain

Rue89 Strasbourg: Dans les histoires d’amour, la rencontre entre deux personnes que tout oppose, ici deux milieux sociaux différents, est un classique. Que vouliez-vous apporter de nouveau ?

Monia Chokri: Je ne me suis pas dit que je m’inscrivais dans un genre en particulier et que j’allais tenter de le révolutionner. Je voulais écrire une histoire d’amour, car c’est un sujet sans fin, qui me passionne. Au Québec, de plus, il n’y a pas beaucoup de films qui parlent d’amour, le dernier cela doit être Laurence Anyways de Xavier Dolan.

Nous sommes une des nations où les rapports hommes-femmes sont les plus égalitaires au monde et cela doit changer mon regard sur les relations amoureuses. Souvent, dans la littérature comme au cinéma, ce sont les femmes qui viennent d’un milieu social inférieur, comme dans Pretty Woman ou Love story… Mais dans cette histoire Sophia est une femme puissante.

On nous a beaucoup martelés que la femme a besoin d’un homme pour s’élever. Cela reste compliqué quand la femme a un statut social supérieur à l’homme. Mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui les jeunes hommes ne sont plus mal à l’aise d’être avec une femme puissante. Je voulais aussi qu’on ne soit pas dans un rapport toxique, d’un homme qui refuse de s’engager et d’une femme qui lui court après. Sylvain est émotionnellement disponible.

Sophia (Magalie Lépine-Blondeau) et Sylvain Photo : Pierre-Yves Cardinal

Votre récit est émaillé de figures de philosophes masculins qui ont réfléchi sur l’amour, Platon, Schopenhauer, Spinoza… pour finir sur une femme: bell hooks, autrice et militante féministe afro-américaine.

J’étais très contente de conclure avec bell hooks, ce n’était pas prévu au départ, mais j’ai lu son livre À propos d’amour pendant le montage du film. Ce livre m’a vraiment aidé à grandir, il a changé ma façon de penser et j’ai rajouté le passage sur bell hooks en VFX (effets spéciaux, NDLR). Je me suis rendu compte que c’était des hommes qui avaient pensé les rapports amoureux et qu’encore une fois, on était construit par ces points de vue. bell hooks apporte une parole libératrice, son regard sur l’amour est teinté du poids des luttes qu’elle a mené, elle aurait pu avoir une parole de victime mais elle a une parole active. Pour elle, l’amour est un choix. Je voulais aussi la citer car elle est encore mal connue dans le monde francophone, À propos de l’amour (All About Love: New Visions), qui date de 2000, n’a été traduit en français qu’en 2022.

À deux reprises, Sophia prononce la phrase « On ne devrait pas faire ça » quand elle s’apprête à coucher avec son nouvel amant, puis avec son ancien amant. Dans un cas, elle se laisse aller à son désir, dans l’autre, elle subit le désir de l’autre… Cette deuxième scène est très violente.

Je n’avais pas remarqué cela ! Voilà qui me fait remonter mon inconscient ! Dans sa relation avec Sylvain, je voulais que le spectateur soit de plein pieds dans son désir à elle : elle affirme son désir et Sylvain lui confère du plaisir.

Dans la deuxième scène avec Xavier, son ex-compagnon, je montre un garçon qui n’a pas été éduqué à écouter l’autre. Il lui dit « J’en ai besoin« , il se place en victime et elle ne veut pas l’humilier dans sa virilité. Malheureusement c’est la vérité de la vie des femmes : on n’est pas bien quand on sort de ça, mais on se dit que c’est un moment « plate » à passer. Le souci, c’est que les femmes se sentent redevables, par exemple ici, de l’attention que Xavier lui a porté dans la scène qui précède.

Sylvain (Pierre-Yves Cardinal) cite Michel Sardou comme personne.

Grâce à votre film, on apprend que Michel Sardou est connu au Québec ! Il vous a donc donné l’autorisation d’utiliser « La première fois qu’on s’aimera » ?

Oui, je ne sais pas si c’est lui directement, mais on a eu l’autorisation ! Disons que Michel Sardou est connu par la génération de mes parents, les jeunes québécois d’aujourd’hui ne le connaissent plus vraiment. Les réactions sont plus fortes en France quand on fait la blague sur Sardou. Je voulais montrer le snobisme des intellectuels vis à vis de la culture populaire, cette chanson n’a aucun sens mais c’est plutôt beau.

Xavier Dolan, avec qui vous avez beaucoup travaillé, a dit qu’il arrêtait le cinéma. Est-ce que vous allez continuer à faire des films ?

Oui ! L’art est utile et cathartique ! L’être humain fait de l’art depuis toujours, déjà dans les cavernes il posait ses mains sur les murs ! Ce n’est pas accessoire. Quand je vois les gens sortir de mon film et qu’ils me disent qu’ils ont ri, qu’ils ont envie de faire l’amour ou de tomber amoureux, je vois bien que ce n’est pas vain. Et même au-delà de la relation amoureuse, le couple est une métaphore. Le film pose la question de la rencontre avec l’Autre en général : est-ce qu’on est encore capable de se rencontrer ? On a besoin de sublimer le réel.

L’élue alsacienne Anne Sander, porte-voix de l’agro-industrie au Parlement européen

L’élue alsacienne Anne Sander, porte-voix de l’agro-industrie au Parlement européen

Eurodéputée depuis 2014, Anne Sander est issue d’une famille de hauts responsables agricoles alsaciens. Très à l’écoute des lobbies industriels, elle n’hésite pas à défendre farouchement leurs intérêts contre des mesures écologistes comme l’interdiction du glyphosate.
« Restaurer la nature ne doit pas signer l’arrêt de mort de toute production artisanale, industrielle, forestière ou agricole. Non, produire n’est pas un gros mot. » Anne Sander s’emporte contre la loi sur la restauration de la nature au Parlement européen, lors de la séance plénière du 11 juillet. L’eurodéputée alsacienne, affiliée aux Républicains (eux-mêmes associés au Parti populaire européen), cible en particulier une mesure visant à consacrer 10% des terres agricoles à des zones favorisant la biodiversité grâce à la plantation de haies, la création de fossés ou de zones humides d’ici à 2030. Ce point ne sera finalement pas retenu au moment du vote le lendemain.

Comme de coutume, Anne Sander porte la voix des syndicats agricoles productivistes, qui y voient une nouvelle contrainte environnementale et donc une réduction « du potentiel de production ». Membre de la commission de l’agriculture, l’eurodéputée s’est aussi opposée à l’interdiction du glyphosate cet automne. Résultat, la molécule toxique a été ré-homologuée jusqu’en 2033, malgré le fait qu’on en retrouve partout dans l’eau, l’air, l’alimentation et jusque dans l’urine des femmes enceintes. Enfin, elle est hostile à l’une des mesures phares du pacte vert pour l’Europe : réduire de moitié l’utilisation des pesticides.

La FNSEA, une histoire de famille

Sa proximité avec l’industrie agroalimentaire ne sort pas de nulle part. Anne Sander a grandi dans une famille de producteurs de houblon à Ohlungen, à l’ouest de Haguenau. Son père n’est autre que Jean-Marie Sander, qui a été à la tête du Crédit agricole. Avant ça, il a présidé la FDSEA 67, syndicat agricole majoritaire connu pour sa vision productiviste, ainsi que la Chambre régionale d’agriculture d’Alsace. Franck Sander, le frère d’Anne, est l’actuel président de la FDSEA 67, le vice-président de la FNSEA, en charge des affaires européennes, et le président de la Confédération générale des planteurs de betteraves.

Abonnez-vous

Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.

Contribuez à consolider un média indépendant à Strasbourg, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.

    Paiement sécurisé
    Sans engagement
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné ?

Connectez-vous

L’investigation locale à portée de main.

Abonnez-vous et profitez d’un accès illimité à Rue89 Strasbourg. Annulez quand vous voulez.

Déjà abonné ? Connectez-vous

Choisissez votre formule :