Vendredi 24 novembre, le tribunal administratif de Strasbourg a validé l’arrêté de la préfecture du Bas-Rhin imposant une jauge de 100 supporters marseillais maximum pour le match de football opposant le Racing à l’Olympique de Marseille samedi 25 novembre.
L’Olympique de Marseille (OM) et l’association de supporters Les Amis du virage Sud, plus connue sous le nom de South Winners 87, avaient déposé un référé-liberté contre un arrêté du 13 novembre de la préfecture du Bas-Rhin. Ils contestaient une jauge de 100 marseillais maximum autorisés à assister au match de foot Racing club de Strasbourg – Olympique de Marseille. L’OM et les South Winners 87 demandaient l’augmentation de cette jauge à 600 personnes. La rencontre se déroulera samedi 25 novembre à 21h, pour la treizième journée de Ligue 1.
Le tribunal administratif de Strasbourg a finalement rejeté la requête de l’Olympique de Marseille et des South Winners 87, selon une décision communiquée à Rue89 Strasbourg le 24 novembre dans la soirée.
La police mobilisée sur le Marché de Noël
La juge des référés a suivi les arguments de la préfecture du Bas-Rhin, selon lesquels les forces de l’ordre seront déjà mobilisées pour encadrer trois manifestations ainsi que les débuts du Marché de Noël. Jean-Baptiste Peyrat, directeur de cabinet de la préfète du Bas-Rhin, avait expliqué lors de l’audience du 23 novembre qu’il ne disposait pas des moyens nécessaires pour encadrer 600 supporters marseillais, à savoir deux unités de forces mobiles selon lui (escadrons de gendarmerie mobiles ou CRS).
Dans sa décision, le tribunal administratif a énuméré plusieurs débordements qui ont eu lieu « dans et à proximité des stades lors de rencontres récentes impliquant l’Olympique de Marseille, notamment à Auxerre le 3 septembre 2022, à Londres le 7 septembre 2022 et à Marseille les 13 septembre 2022, 7 janvier 2023 et 14 janvier 2023 ». La juge a également évoqué le fait que « le 29 octobre 2023, les bus des joueurs et supporters lyonnais ont été la cible de projectiles faisant sept blessés ».
Le tribunal administratif a donc considéré que des mesures moins contraignantes ne permettraient pas de prévenir des troubles à l’ordre public et que l’arrêté préfectoral du 13 novembre n’était pas illégal.
Un groupe d’une quinzaine de personnes cagoulées, déclarant « défendre les Français de souche », a provoqué une rixe jeudi soir devant un bar du centre-ville, la Taverne française, après avoir proféré plusieurs remarques racistes et homophobes sur son passage.
Vers 22h jeudi 23 novembre, un groupe d’une quinzaine de personnes cagoulées arrive devant la Taverne française, rue de la Marseillaise dans la Neustadt, un bar fréquenté par la gauche militante strasbourgeoise. Quelques secondes plus tard, ils s’attaquent à des clients du bar, provoquant une brève rixe devant l’établissement.
L’affrontement se déporte dans la rue Pierre-Bucher et dure environ trois minutes. Dans ce court laps de temps, les coups de poings pleuvent des deux côtés. Le groupe cagoulé utilise une bombe au poivre avant de repartir en courant vers la passerelle des Faux-Remparts. Aucun blessé grave n’a été identifié par Rue89 Strasbourg.
« Ils m’ont dit qu’ils défendaient les Français de souche »
Vers 20h30, la bande était déjà passée une première fois devant la Taverne française, pour coller devant l’établissement des affiches du jeune Thomas, tué lors d’une rixe à Crépol dans la Drôme dans la nuit du 18 au 19 novembre. Ces affiches mentionnaient que Thomas a été « tué par des barbares ». Ailleurs en France, d’autres groupes d’extrême droite ont appelé à des rassemblements après sa mort. Les neuf suspects interpellés suite à la mort de Thomas, âgés de 16 à 22 ans, sont tous natifs de Romans-sur-Isère, sauf un, né en Italie.
Un peu plus tard, vers 21h30, une étudiante a croisé la même bande sur le campus de l’Université de Strasbourg :
« Ils m’ont dit qu’ils défendaient les Français de souche, que de toute façon je n’étais qu’une asiatique et que je ne comprenais pas. J’étais avec quelqu’un qu’ils ont traité de sale pédé, en nous expliquant que c’était à cause de gens comme nous que les Français mouraient. »
Contacté par Rue89 Strasbourg, l’un des gérants de la Taverne française indique qu’il ne souhaite pas porter plainte auprès de la police pour ces faits. Le député de la 2ème circonscription de Strasbourg, Emmanuel Fernandes (LFI), affirme qu’il a effectué un signalement auprès du procureur ce vendredi 24 novembre.
Après une audience devant le tribunal administratif de Strasbourg jeudi 23 novembre, la juge des référés a décidé d’autoriser les drones prévus par la préfecture du Bas-Rhin pour surveiller le Marché de Noël pendant toute sa durée.
Pour la première fois depuis que leur utilisation est légale, une préfecture a décidé de permettre aux forces de l’ordre l’utilisation de deux drones pour surveiller le Marché de Noël, tous les jours pendant un mois, et venir « en appui » à son dispositif de sécurité.
Trois avocats dont les cabinets sont situés dans le périmètre de la Grande-Île de Strasbourg ont déposé en recours en référé-liberté contre l’utilisation de ces drones. Ils estiment que les captations vidéos pourraient porter atteinte au secret professionnel qu’ils doivent à leurs clients. La procédure en référé permet d’obtenir une décision rapide, mais qui n’est pas définitive.
Leurs conseils Me Nathalie Goldberg, Orianne Adreini et Florence Dole ont plaidé lors d’une audience tenue jeudi 23 novembre que ces techniques de vidéosurveillance dans le cadre du marché de Noël répondent à une logique « liberticide » et opposent « convivialité et sécurité ». « Ce sont des avocats qui pensent à leurs clients, mais les médecins ou les journalistes pourraient aussi se poser des questions sur ce dispositif », assène Me Florence Dole.
Dans sa décision d’autoriser le dispositif, la juge des référés a estimé jeudi 23 novembre que les conditions de mise en place de vidéosurveillance par drones étaient réunies et participaient à une sécurisation plus efficace du Marché de Noël.
« La juge a également souligné, en réponse aux craintes soulevées par les requérants de détournement des images enregistrées, qu’en dehors de ces objectifs de maintien de l’ordre, l’utilisation des images à d’autres fins était strictement prohibée, à l’exception de la découverte, de manière fortuite, d’une infraction pénale dont la gravité imposerait un signalement au procureur de la République. […] La juge n’a pas retenu d’atteinte grave et manifestement illégale à la vie privée ou au secret couvrant la profession d’avocat. »
Communiqué du Tribunal administratif de Strasbourg, jeudi 23 novembre
Une durée d’autorisation inédite
« La durée autorisée de survol de drones, de 11h30 à 21h entre le 25 novembre et le 23 décembre est sans précédent », a expliqué Me Nathalie Goldberg pendant l’audience.
« Lors des manifestations pendant lesquelles les drones ont déjà été utilisés, les manifestants savaient quel secteur était surveillé et pouvaient choisir en conséquence de participer, ou non, aux protestations. Cette fois-ci, l’usage des drones concerne un périmètre extrêmement large (toute la Grande-Île, la gare et ses abords, NDLR) et s’immisce dans le quotidien des habitants de ce secteur, tous les jours, pendant un mois. Cela constitue selon nous une atteinte au droit à la vie privée et familiale, pourtant consacré par l’article huit de la Convention européenne des droits de l’Homme. »
Me Oriane Andreini
Depuis le décret d’application de la loi sécurité globale, paru le 19 avril 2023, six finalités permettent aux forces de l’ordre de demander l’autorisation de capter des images de vidéosurveillances embarquées sur des drones. Parmi elles, « la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés », « la sécurité des rassemblements de personnes sur la voie publique » ou encore « la prévention d’actes de terrorisme ».
Selon le code de la sécurité intérieure, le recours aux drones doit être proportionnel et représenter une nécessité absolue pour atteindre le but recherché. « Quelle est la plus-value de l’utilisation des drones dans le dispositif de sécurité de 2023 ? Qui pourra consulter les images ? Comment sont-elles stockées ? », questionne Me Goldberg.
Les dérives potentielles listées par les requérants
Au fil de l’audience, les conseils des requérants ont illustré les dérives qui pourraient découler de la captation d’images par des drones :
« Des images aériennes permettent d’étudier non seulement les flux de personnes, mais aussi d’identifier des comportements d’individus, donc d’obtenir des renseignements sur un individu en fonction de ses déplacements. D’autant plus que la préfecture interdit aux visiteurs de se dissimuler le visage. »
Me Florence Dole
Interrogé par la magistrate, Me Laurent Gabalda, conseil de la préfecture du Bas-Rhin, a précisé la hauteur de vol des objets et le cadre de leur utilisation :
« Ils doivent voler à 120 mètres de haut au moins, 300 mètres au plus. En gros, on ne voit que des cranes sur les images. De toutes façons, les drones sont là pour porter assistance aux forces de sécurité au sol. Ils permettront une intervention plus rapide. »
Afin de prendre sa décision, la juge des référés a demandé à la préfecture des éléments supplémentaires permettant d’estimer la précision des images qui pourraient être capturées. Dans sa décision, elle estime que dans les conditions d’emploi, les visages ne seront pas reconnaissables sur les vidéos captées. Me Goldberg a précisé vouloir plus d’information sur le logiciel de traitement des images, supposément supprimées 48 heures après leur captation si aucune autorité judiciaire n’en a demandé la conservation.
Le centre socio-culturel du Fossé-des-Treize pourrait fermer son restaurant, déficitaire et vétuste. Mais il sert de cantine pour le collège public du quartier, un élément indispensable face à la concurrence du secteur privé.
Le centre socio-culturel du Fossé-des-Treize, dans le quartier du Tribunal, s’interroge sur les suites à donner à son activité de restauration, La faim de loup. Environ 250 enfants y mangent tous les jours des repas cuisinés sur place : les petits de la crèche du centre, une partie des élèves des écoles Saint-Jean et Schoepflin, ainsi que les 6e et 5e du collège Foch.
Mais à la fin de l’année scolaire, le chef de cuisine fera valoir ses droits à la retraite. Sa seconde s’oriente quant à elle vers une nouvelle carrière. En outre, l’équipement de la cuisine n’est plus aux normes, il faut presque tout changer et en particulier les frigos. Des éléments qui font que le conseil d’administration du Fossé-des-Treize s’interroge sur les suites à donner à cette activité, comme le détaille Vincent Lefebvre, trésorier de l’association gestionnaire du centre :
« La faim de loup était un restaurant collaboratif lancé en 1986 pour que des parents puissent manger avec leurs enfants. Il a ensuite évolué vers un service de restauration, et il arrive aujourd’hui en fin de cycle, ce qui amène les administrateurs à s’interroger sur sa pertinence dans le projet pédagogique du centre, d’autant que l’activité est déficitaire. »
Vif débat en interne
Si Vincent Lefebvre est prudent dans l’expression, c’est parce qu’il n’y a pas de consensus au sein du conseil d’administration. Une commission travaille depuis près de deux ans sur ce sujet, des alertes ont été envoyées aux partenaires financeurs du CSC, dont la Ville de Strasbourg et la Collectivité d’Alsace (CeA), mais aucune solution satisfaisante n’a été trouvée, ni aucune décision prise.
Car selon la directrice du centre, Valérie Béguet, La faim de loup a coûté 45 000€ au centre en 2022 et ce déficit d’exploitation « augmente chaque année » :
« Les parents paient entre 5,5€ et 8€ par repas, qui nous revient environ à 9,5€. On reçoit des subventions de fonctionnement de la Ville et de la CeA, mais qui ne couvrent pas ce déficit. Pour embaucher un nouveau chef de cuisine, vu la tension sur le marché de l’emploi, il faudrait sortir un salaire de 35 000€ bruts annuels, puis trouver un second de cuisine et on estime encore à 40 000€ l’investissement nécessaire pour mettre la cuisine aux normes. »
La question de l’existence même de cette activité est donc posée. Les administrateurs doivent prendre une décision à ce sujet, lors d’une ultime réunion vendredi 30 novembre.
Un collège laissé sans cantine
Quelques rues plus loin, l’équipe pédagogique du collège Foch est très inquiète de la situation, qui lui échappe complètement. Le collège public, qui lutte contre le secteur privé sur ses deux écoles de recrutement, Saint-Jean et Schoepflin, pourrait pâtir d’une fermeture du restaurant du Fossé-des-Treize. Situé dans un ensemble historique de la Neustadt, le collège n’a jamais eu de cantine mais depuis huit ans, sa direction avait réussi à nouer un partenariat avec le Fossé-des-Treize pour ses élèves de 6e et 5e, ainsi qu’avec le lycée René Cassin pour ceux de 4e et 3e. Ces derniers doivent toutefois s’y rendre en bus, alors que le restaurant du Fossé est à cinq minutes à pied.
Elphège Tignel, représentante des parents d’élèves à l’école Saint-Jean, détaille :
« L’absence de cantine pour les élèves de 6e amènera de nombreux parents à mettre leurs enfants ailleurs, on le sait bien. Tout le monde ne peut pas s’occuper de ses enfants entre midi et deux. Or, le collège Foch bénéficie d’une mixité sociale, 30% des enfants sont boursiers, c’est un environnement précieux pour les élèves et pour les enseignants ».
Représentante des parents du collège Foch, Émilie Turgis, rappelle aussi le rôle important d’un service de restauration au sein d’un établissement scolaire :
« La pause de midi, c’est le moment où les enfants ont du temps pour se retrouver entre eux. Quand on parle de lien social, c’est de ça qu’il s’agit. Emmener les enfants en bus dans un autre endroit supprime cette pause et les activités qui y sont associées. Pour les enfants à mobilité réduite, c’est même impossible. »
Les représentants des élèves des écoles et du collège ont écrit aux élus de la Ville de Strasbourg et de la Collectivité d’Alsace mais n’ont reçu que des réponses de principe. Des représentants du Fossé et des financeurs doivent se retrouver lors d’une réunion vendredi 24 novembre.
Victime d’un coup de matraque sur le crâne lors d’une interpellation, Philippe a porté plainte contre quatre policiers municipaux en octobre 2021. Sa plainte a été classée sans suite. Accusé de rébellion, le jeune homme a été relaxé par le tribunal.
« J’ai le palpitant quand je croise des policiers municipaux. L’uniforme me rappelle les violences. » Deux ans ont passé et Philippe reste traumatisé par son interpellation dans la nuit du 22 au 23 octobre 2021 à Strasbourg. Âgé de 26 ans au moment des faits, le logisticien avait reçu un violent coup de matraque à la tête après avoir tenté, sous le coup de l’ivresse, de fuir la police municipale à la sortie d’un bar. Il avait dû être opéré au centre hospitalier de Hautepierre. Rue89 Strasbourg s’était fait l’écho de cette arrestation violente et de la plainte pour violences en réunion contre les quatre agents municipaux présents. Du côté des policiers, une autre plainte, pour « violences contre personnes dépositaires de l’autorité publique et rébellion » avait été déposée à l’encontre de Philippe. Philippe, logisticien strasbourgeois de 28 ans, a fini avec quatre agraphes dans le crâne après une interpellation par la police municipale en octobre 2021.
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Le photographe M3RS0 a collé une série de clichés sur les panneaux du campus universitaire de l’Esplanade. Une exposition qui permet d’occuper l’espace urbain, un geste important pour le photographe.
J’ai toujours été intéressée par les sous et contre-cultures, comme le tatouage, le graffiti, le skateboard… À mon arrivée à Strasbourg, j’ai noué des liens avec les acteurs de ces cultures urbaines. La rue est une source d’inspiration, parfois vite oubliée, pourtant les artistes y sont nombreux. Laissez-moi vous faire part de ma récente découverte : l’artiste photographe M3RS0 (prononcer Meursault).
Il fait beau, c’est le début de l’automne… Nous sommes en octobre et je me rends sur le campus universitaire de l’Esplanade. Au détour d’un sentier, pas loin du bâtiment de l’Atrium, une silhouette placardée sur un panneau d’affichage m’interpelle, il s’agit d’un jeune homme débout, un skate à la main, le regard fixe, il « tire la gueule ». Ce visage je le connais, je l’ai déjà vu sur Instagram, il s’agit d’un portrait du photographe, cinéaste et tatoueur Flopin pris par l’artiste M3RS0. Durant la nuit, une demi-douzaine de photos ont « pop » sur le campus passant alors d’une visibilité numérique à une exposition physique, elles semblent vouloir prendre place au côté des citadins. En bas des collages, une affiche dit « Exposition éphémère — sois mignon affiche pas ».
Ces photos, par leur échelle, leur sujet et leur système de monstration interrogent, redimensionnent la question d’exposition et d’art. La ville est un espace public. Lieu d’une activité continue, la rue offre une visibilité constante et permet de toucher un public plus large.
M3RS0 donne à voir à tous et gratuitement son travail. Les modèles issus du milieu urbain semblent reprendre vie dans leur espace naturel. La rue se mêle au quotidien de l’artiste. Si certains artistes, comme Raphaël Zarka, intègrent les formes et les espaces urbains liés au skateboard, M3RS0 met en avant les acteurs directs de ces rencontres urbaines.
En venant directement auprès de son public, il invite à son tour à aller à sa rencontre en exposant ses sujets de prédilection : une bande de potes cherchant sans cesse à prendre ses marques dans une ville pas toujours accueillante. C’est le soir, ou en journée, rarement le matin, que ces jeunes, parfois plus si jeunes, sortent et s’immiscent dans les rues de la ville.
Je suis allée à mon tour le rencontrer et discuter avec lui, lors de quelques sessions skate puis dans son garage / atelier du Neudorf.
M3RS0 : « Beaucoup de choses m’ennuient »
Rue89 Strasbourg : comment te présenter aux lecteurs et lectrices de Rue89 Strasbourg ?
M3RS0 : Je m’appelle Matthieu, je suis né à Strasbourg, je n’y ai pas toujours habité mais c’est là que sont mes racines. J’ai eu plusieurs carrières dans ma vie, j’ai 35 ans, je suis papa, c’est quelque chose d’important pour moi. C’est chouette la paternité, c’est fondateur. Je fais du skateboard et de la photographie, ce n’est pas évident mais j’essaie. Il me fallait prendre un pseudo pour la crédibilité professionnelle. C’est venu assez naturellement, Meursault c’est le protagoniste de L’Étranger d’Albert Camus. C’est quelqu’un qui s’emmerde. Je m’ennuie souvent, beaucoup de choses m’ennuient.
Il n’est pas rare de tomber sur tes photographies dans Strasbourg, tu me dis si je me trompe mais il y a un aspect plutôt vrai dans tes photos. D’où celà vient-il ?
J’ai une amie photographe qui dit que ma production est mégalomane et ce n’est pas faux : je me documente moi-même, je documente les gens que j’aime, mon entourage. Je documente d’une façon très brute la partie de mon quotidien qui me parait intéressante. J’aime bien parler d’auto-fiction parce que je fais parfois rejouer les scènes, je prends en photo ce que l’on est en train de vivre mais de temps en temps je mets sur pause. Maîtriser comme ça à un moment la situation ça me permet d’y appliquer une esthétique, je suis assez sensible à ce que je trouve beau.
« Tire la gueule », « Les gens qui sourient c’est moche »… Ces phrases, tu les prononces sur tes sessions photo, pourquoi cette volonté d’absence d’émotion ? Ces visages fermés font penser aux photos de mode, est-ce une inspiration ?
J’aime vraiment beaucoup la photo de mode. Contrairement à ce qu’on peut penser. Y’a des mecs qui faisaient des séries photo engagées qui sont devenus des stars de la photo de mode. Par exemple, Philip-Lorca diCorcia qui a fait The Hustler, a réalisé des photos de prostitués hommes sous forme d’une série. Il maîtrisait tout. Il a inspiré des tonnes de photographes de mode. On peut avoir un regard sociologique dans la photo de mode. On n’est pas obligé d’être convenu. Je pense que Philip-Lorca est mille fois plus engagé : il a pris des risques, il peut tomber sous le coup de la loi, il se retrouve visible dans un hôtel.
Il y a aussi les vêtements qui sont des marqueurs d’une époque. On achète tous des vêtements. La mode est très présente dans la tête des gens. Purple magazine, le magazine de mode en France, présentait une série de photos avec des personnes dans des situations inattendues : dévaliser une maison en Ralph Lauren par exemple. Il y a un propos politique. Les gens vont le voir. La photo de mode est beaucoup plus importante et sociale que ce que l’on pense.
Pourquoi utiliser la rue pour exposer ? Est-ce une volonté de réappropriation de l’espace urbain, de recherche de reconnaissance ? Tu es représenté par la galerie Guillaume Daeppen à Bâle où tes photos sont actuellement présentées. Pourquoi alors continuer d’afficher dans la rue ?
C’est par simplicité. J’ai eu une première carrière dans la street photographie en noir et blanc très cadré, très institutionnel. Réexposer quand on a plus de réseau, c’est compliqué or créer sans jamais exposer, il manque quelque chose. Coller dans la rue c’est assez facile. C’est d’ailleurs une tradition à Arles, les photographes « sans talents » collent en espérant être repérés.
Et puis j’ai toujours aimé les grands formats. Coller dans la rue permet de faire des très grands formats pour pas cher. Ça devient accessible, c’est important pour moi que ça ne soit pas cher. Ça donne également la possibilité de coller avec les copains qui ont été pris en photo. On fait ça ensemble. Les photos continuent de leur appartenir, les gens sont acteurs de tout le processus. Ça donne lieu à des petites résistances, à des moments sympas.
Au début, oui il y avait cette recherche de reconnaissance. Maintenant, je peux faire ce que je veux avec la galerie de Guillaume Daeppen mais retourner coller dans la rue est important. Je reste à ma place. C’est bien de se rappeler d’où l’on vient, de garder les pieds sur terre.
Les artistes présents dans la rue font souvent face aux policiers. Pourtant vous persistez, comme des parasites, vous revenez et prenez place. Est-ce que cette notion de parasitage te parle ?
On ne le fait pas assez, on pourrait parasiter beaucoup plus. C’est l’âge. Je pense qu’on a un devoir de faire chier le monde. Venir coller sur la production de la Laiterie ou du Zénith, par exemple. Il y a plusieurs types de parasites, que ce soit les skaters, le roller ou encore la trottinette… J’ai connu plusieurs générations dans le skate. J’ai arrêté très longtemps et j’ai recommencé. J’encourage les gens à faire du skate, à être ce parasite dans l’espace urbain, qui l’envisage avec un regard différent.
De plus en plus, tout est pensé pour empêcher la pratique du skate. C’est sûr ça abime un peu, ça fait du bruit… Les communes construisent des skate-parks plus ou moins biens et cherchent à nous sortir de la ville… J’ai vu l’exposition d’Allan Mag (artiste et skateur), on pouvait y prendre un sachet de sable pour le mettre dans les skate-parks… Cette démarche avait pour but de faire revenir les skateurs en ville en rendant les parks inutilisables. Strasbourg c’est une ville hyper propre, les gens débordent peu. C’est pourquoi c’est important de vivre l’espace urbain autrement.
Au sein d’une session de collage avec M3RS0
Après notre première rencontre, nous avons réalisé un petit shooting, il s’agissait de jouer avec le décor nous entourant tout en gardant un côté naturel. Une fois la photo prise, elle a été développée puis scannées pour être légèrement retouchée.
Pour exposer sur les panneaux d’affichages du campus, les photos sont découpées en plusieurs feuilles A3, environ 25, et imprimées à la Corep à la Krutenau.
Mercredi 22 novembre, soir de collage. À 21h, l’équipe composée de quelques copains s’attelle à préparer les supports et dans un jeu de mains à deux, applique la colle sur les surfaces avant d’y poser les feuilles. En l’espace de quelques minutes la photographie prend vie. Une heure et demie plus tard, les six panneaux sont prêts.
Cette exposition éphémère est à retrouver pendant quelques jours sur le campus universitaire de de l’Esplanade. Sa durée de vie dépend du temps et du bon vouloir des autres colleurs…
Devant le tribunal administratif de Strasbourg, l’Olympique de Marseille a contesté la jauge de 100 supporters imposée à ses soutiens pour le match de football entre Strasbourg et Marseille, au stade de la Meinau le 25 novembre. Le club demande à la préfecture du Bas-Rhin d’augmenter cette jauge à 600 personnes.
D’un côté, l’Olympique de Marseille (OM) et l’association de supporters marseillais Les amis du virage sud, plus connue sous le nom de South Winners 87. De l’autre, la préfecture du Bas-Rhin. L’audience qui se tient ce jeudi 23 novembre au tribunal administratif de Strasbourg n’est pas habituelle. Les requérants ont déposé un référé liberté contre l’arrêté préfectoral du 13 novembre 2023, « portant limitation de stationnement, de circulation sur la voie publique et d’accès au stade de la Meinau », à l’occasion du match de football Strasbourg – Marseille, samedi 25 novembre, pour la treizième journée de Ligue 1.
L’arrêté précise notamment que « toute personne se prévalant de la qualité de supporter de l’Olympique de Marseille, ou se comportant comme tel », est interdite de circuler ou stationner dans la Grande Île, à la plaine des Bouchers ou près de la gare centrale, le samedi 25 novembre de 8h à minuit. Les bus des supporters marseillais devront être escortés par les forces de l’ordre à partir de l’aire de service du Haut Koenigsbourg.
Le premier jour du Marché de Noël
« Ces points sont logiques, nous sommes conscients que tout doit être sécurisé », estime Me Schwing, avocate de l’Olympique de Marseille et des South Winners 87. Elle vise uniquement une mesure de l’arrêté préfectoral imposant une jauge de 100 personnes maximum aux supporters marseillais :
« Nous souhaitons permettre aux supporters marseillais d’assister au match en nombre cohérent, c’est à dire 600 personnes, comme lors de la dernière rencontre opposant le Racing club de Strasbourg à l’Olympique de Marseille au stade de la Meinau, en octobre 2022. »
La zone du stade de la Meinau dédiée aux soutiens des équipes visiteuses peut accueillir environ 1 000 personnes au total.
Les supporters des équipes opposées au Racing vont dans une zone du stade de la Meinau entourée de grilles appelée le parcage visiteurs. Photo : remise
Jean-Baptiste Peyrat, directeur de cabinet de la préfète du Bas-Rhin, justifie une telle mesure par le fait que les forces de l’ordre seront déjà mobilisées le 25 novembre pour la sécurisation du premier jour du Marché de Noël, ainsi que trois manifestations (notamment pour un cessez le feu à Gaza et contre les violences sexistes et sexuelles). Il signale que les policiers municipaux ont prévu une grève ce jour là. « Pour que les choses se passent bien lors d’un match entre le Racing et l’OM, il nous faut deux unités de forces mobiles. Là nous n’en avons aucune qui serait disponible », assure Jean-Baptiste Peyrat.
Une unité de force mobile correspond à un escadron de la gendarmerie mobile qui regroupe environ 110 militaires, ou à une compagnie républicaine de sécurité (CRS), composée de 130 policiers. Le directeur de cabinet rappelle que des incidents peuvent survenir lors des matchs de l’Olympique de Marseille. Comme le 29 octobre dernier, avec le caillassage du bus de l’équipe de l’Olympique de Lyon, à Marseille.
La décision sera rendue le 24 novembre
« Ces événements ont eu lieu loin du stade, au passage du bus, ça n’a rien à voir avec la configuration d’un match à Strasbourg, avec un déplacement organisé par les associations de supporters et encadré », considère Me Schwing :
« La préfète dit qu’il y aura des manifestations le même jour, mais elle doit avoir des dons divinatoires, parce qu’elles n’étaient pas encore déclarées quand l’arrêté est sorti le 13 novembre. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures, les supporters ont le droit de se rassembler aussi. »
Jean-Baptiste Peyrat pointe également la Ligue de Football qui a fixé la date du match pendant le Marché de Noël :
« Dés mai 2023, nous avions signalé que le week-end du 25-26 novembre était à éviter pour une rencontre à risque. Strasbourg – Marseille est classé au niveau deux sur cinq par la Division nationale de lutte contre le hooliganisme. La plupart des matchs ne sont pas classés. Si c’était Strasbourg – Clermont ce jour-là, il n’y aurait aucun problème. »
Pour Me Schwing, il serait préférable de laisser entrer 600 personnes dans le stade, car la mesure de restriction pourrait inciter des supporters à venir tout de même ce qui créerait davantage de tensions. La décision du tribunal administratif de Strasbourg sera rendue vendredi 24 novembre en fin de journée, la veille du match.
Alors que le Parlement européen vient de rejeter une réglementation contraignante sur l’usage des pesticides, les agriculteurs productivistes manifestent vendredi en France sous le mot d’ordre « pas de transition sous pression ». Un convoi de tracteurs est prévu au nord de Strasbourg.
La Fédération des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs trouvent que les agriculteurs sont trop encombrés par les normes environnementales dans leur travail. Ils appellent à une mobilisation nationale de leurs membres vendredi 24 novembre avec comme mot d’ordre « Pas de transition sous pression ». À Strasbourg, une manifestation composée de tracteurs doit partir à 9h15 de la Maison de l’agriculture à Schiltigheim jusqu’à la Direction départementale des territoires, rue Pierre-Montet à Strasbourg – Krutenau.
Dans un communiqué, la FDSEA détaille :
« Depuis des mois, les sujets réglementaires s’accumulent, venant plomber la compétitivité et la productivité des exploitations agricoles. Dernier exemple en date, l’application du Plan eau qui prévoit de limiter la consommation d’eau agricole au volume prélevé en 2019. Pourtant, il est établi que le réchauffement climatique va augmenter significativement les besoins et que la nappe d’Alsace peut globalement le permettre. Le plan eau constitue une décroissance et une paupérisation de l’agriculture alsacienne. »
Contre une directive de 1991
Les deux syndicats productivistes fustigent également « l’obligation de mettre en place au moins 3% de jachères sur le territoire » alors « qu’une année sur deux, les éleveurs manquent de fourrage ». Ils s’élèvent contre « la directive nitrates qui va s’appliquer en 2024 », après avoir été adoptée par la Commission européenne en… 1991. Jeudi 22 novembre, le Parlement européen a une nouvelle fois fait obstacle à un texte devant réglementer l’usage des pesticides, dans le cadre du Pacte vert préparé par la Commission européenne. Anne Sander, eurodéputée alsacienne du Parti populaire européen (droite) s’en félicite dans un communiqué.
Les syndicats productivistes notent que « la production agricole recule dans tous les secteurs (viandes, céréales, fruits et légumes) alors que « la part des importations augmente ». Ils appellent à une « cohérence des politiques publiques » et à « une pause réglementaire ». Pour dénoncer cette situation où « on marche sur la tête », ils ont en outre retourné les panneaux d’entrée dans plusieurs communes alsaciennes.
Le stade Émile Stahl, de l’AS Pierrots Vauban.Photo : Fantasio Guipont
La direction du club de football amateur AS Pierrots Vauban (Régional 2) traverse une grave crise. L’ancien président Philippe Weiss a porté plainte pour menace avant de démissionner. Une partie des dirigeants quitte le club avec lui. « C’est malheureux si ça se termine comme ça, après 100 ans d’histoire. » Dans la cafétéria déserte du club-house de l’AS Pierrots Vauban (ASPV), Maxime (prénom modifié) range par réflexe quelques chaises oubliées entre les tables. Derrière lui, le mur est tapissé de photos des anciens effectifs et les étagères débordent de trophées du club, l’un des plus titrés du foot amateur français. Trois semaines plus tôt, dans cette même cafétéria, le mardi 7 novembre, Maxime assiste à une confrontation entre le président Philippe Weiss et une soixantaine de membres du club. Il livre son récit de la scène :
« C’était juste après l’entraînement, vers 18h30. J’étais en haut quand j’ai vu tous les joueurs de l’équipe première, de la réserve et les joueurs de 16 ans se réunir. Ils étaient une soixantaine de personnes, avec d’autres membres du club. Au bout d’un moment, ils ont fait venir le président dans le bureau. Il y a eu des cris, des insultes. Philippe Weiss était entouré d’une dizaine de personnes. Ils sont ressortis avec les clefs du club et la démission signée du président. Pour moi, ils l’ont forcé. »
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Les drones de Noël seront-ils déployés ? Au tribunal administratif de Strasbourg de statuer.Photo : Pok Rie
Trois avocats ont déposé un recours en référé liberté contre le déploiement de deux drones pendant le Marché de Noël de Strasbourg. L’audience aura lieu au tribunal administratif dans la matinée du jeudi 23 novembre.
Manifestation contre la réforme des retraites, Halloween, opération contre les rodéos urbains… À Strasbourg, les « caméras installées sur des aéronefs » font désormais partie de l’arsenal de maintien de l’ordre. Mais la préfète du Bas-Rhin utiliserait-elle excessivement les drones ? C’est la question soulevée par trois avocats strasbourgeois dans un recours en référé liberté contre un nouvel arrêté préfectoral autorisant l’usage de drones pour surveiller le Marché de Noël. Les juristes ont déposé ce recours mercredi 22 novembre devant le tribunal administratif de Strasbourg.
« Une violation de plusieurs libertés fondamentales »
Les avocats Vincent Tallinger et Myriam Hentz ont leur cabinet dans le centre-ville de Strasbourg. Spécialisés en droit des étrangers, les deux conseils craignent que les images filmées par les drones puissent servir à identifier des personnes sans-papiers pour ensuite contrôler leur identité. « Une grande partie de notre clientèle n’a pas de titre de séjour et vient dans notre cabinet pour régulariser sa situation », précise Me Hentz :
« Avec la mise en place de ces drones, on craint que nos clients soient dissuadés de nous voir, à cause de risques accrus de contrôles d’identité, qui impliquent éventuellement une retenue administrative pouvant aller jusqu’à un placement en centre de rétention administrative. Ce qui nous dérange, c’est qu’on n’a pas de précisions sur l’utilisation des données. Que va-t-on dire à nos clients s’ils nous demandent si c’est plus risqué de nous voir avec des drones qui surveillent le centre ? »
Julien Dupont est le troisième requérant dans cette procédure. Habitant hors de la Grande Île, le Strasbourgeois met en avant la scolarisation de ses enfants dans le centre-ville pour attaquer le fait que les écoliers pourraient aussi être filmés par les drones lors de la récréation.
L’audience fixée jeudi 23 novembre
Présidente de la section strasbourgeoise du Syndicat des Avocats de France (SAF), Nathalie Goldberg compte intervenir dans la procédure pour « démontrer la violation de plusieurs libertés fondamentales ». L’avocate invoque deux arguments. Le premier s’appuie sur une « violation du droit à l’image, du respect de la vie privée, du droit d’aller et venir et du secret professionnel » par le recours aux drones. Le second s’attaque à une surveillance jugée « disproportionnée » :
« L’arrêté autorise le déploiement de drones pendant un mois sur une amplitude horaire extrêmement longue (du 25 novembre au 23 décembre inclus, de 11h30 à 21h, NDLR). Près de trois millions de personnes sont susceptibles d’être filmées. Or il n’y a pas de doctrine d’emploi : qui va voir les images ? Qui contrôle leur utilisation ? De plus, on ne sait pas pourquoi c’est plus pertinent d’avoir des drones à grand angle. Enfin sur l’information du public, l’arrêté préfectoral dit que la population est suffisamment informée grâce à des publications sur les réseaux sociaux et dans les médias. Sauf qu’il y a trois millions de touristes attendus, et aucune information en langue étrangère dans l’espace public. »
À Rouen, le tribunal administratif a déjà suspendu un arrêté préfectoral autorisant l’usage de drones dans le cadre d’une manifestation contre un projet de contournement routier début mai 2023. Le magistrat estimait que, en l’état de l’instruction, le préfet « ne justifie pas (…) de la nécessité de recourir à des caméras installées sur des aéronefs ».
L’audience est prévue au tribunal administratif de Strasbourg jeudi 22 novembre à 9h. Selon Me Nathalie Goldberg, la décision du juge devrait tomber « rapidement » mais rien ne garantit qu’elle interviendra avant le début du Marché de Noël.
Le journal Le Temps a révélé mercredi 22 novembre que l’actuel directeur de l’Opéra du Rhin, Alain Perroux, prendra la tête du Grand Théâtre de Genève en 2026.
Le Grand Théâtre de Genève a annoncé que Alain Perroux deviendra directeur de la structure en 2026 ce mercredi 22 novembre, d’après le journal suisse Le Temps. Ce dernier avait été nommé directeur de l’Opéra du Rhin à Strasbourg en 2019.
Comme 29 autres candidats, le Genevois a déposé un dossier cet été pour prendre la tête du Grand Théâtre de Genève. Il a été choisi à l’unanimité par le jury, toujours selon Le Temps.
L’ancien critique musical et directeur artistique du Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence quittera donc l’Opéra du Rhin au début de trois années de travaux de rénovation, qui doivent aussi commencer en 2026. Alain Perroux s’était pourtant réjoui, en mars dernier, de préparer trois années « hors les murs » pour « rencontrer de nouveaux publics ».
Des bâtiments en instance de démolition rue de Sarlat, au Neuhof, occupés par des sans-abris depuis avril 2023, ont été évacués par la police et la gendarmerie mercredi 22 novembre au matin.
La préfecture du Bas-Rhin a fait procéder à l’évacuation des bâtiments occupés d’Habitation moderne situés rue de Sarlat au Neuhof mercredi 22 novembre. L’opération a débuté à 6h30 ce matin pour se terminer vers 8h30, selon des constatations de Rue89 Strasbourg. Les accès aux bâtiments ont été murés.
Les occupants restants ont été conduits au gymnase du Conseil des XV rue du Général-Picquart, afin que leurs situations administratives soient examinées.
L’évacuation s’est déroulée dans le calme. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Selon un communiqué diffusé dans la soirée par la préfecture, 40 personnes ont été évacuées, dont 31 ont été prises en charge comme suit :
16 personnes orientées vers des hébergements répartis dans la région Grand Est,
11 demandeurs d’asile orientés vers des hébergements dédiés,
4 personnes ont été remises à la police aux frontières,
9 personnes n’ont pas souhaité être prises en charge.
La préfecture précise ensuite quelle « poursuivra son action déterminée contre ces occupations illicites ».
Les occupants restants ont été emmenés au gymnase du Quartier des XV.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Le 20 octobre, une partie des bâtiments occupés avaient déjà été évacués. La préfecture avait alors réorienté 23 personnes. Les bâtiments en instance de démolition avaient été occupés à partir d’avril, après qu’un squat rue de Bourgogne à la Meinau ait été évacué.
Plus d’une dizaine d’organisations appellent à manifester contre les violences sexistes et sexuelles samedi 25 novembre à Strasbourg. Le cortège partira du Palais universitaire à 14 heures pour rejoindre le palais de justice.
Marché de Noël oblige, la préfecture a raccourci le trajet de la manifestation contre les violences sexistes et sexuelles. Samedi 25 novembre, le cortège s’élancera à 14 heures du Palais universitaire pour rejoindre le palais de justice de Strasbourg. « Une invisibilisation scandaleuse », pour Aline (le prénom a été modifié), militante du Bloc révolutionnaire insurrectionnel féministe (Brif), une des organisations signataires de l’appel à manifester (voir encadré ci-dessous). « Nous souhaitions partir de la place Dauphine pour rejoindre la gare », insiste-t-elle.
Contre les violences sexistes et sexuelles
Le 25 novembre est une journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Pour la manifestation strasbourgeoise, le mot d’ordre est différent. Les organisatrices préfèrent parler d’une lutte « contre les violences sexistes et sexuelles« , une dénomination qui permet d’inclure les « personnes LGBTQIA+ (Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transsexuelles, Queer, Intersexes, Asexuelles…), qui ne se conforment pas à la norme hétérosexuelle ou aux traditionnelles catégories de genre, dites binaires ».
« Nos solidarités queer et féministes sont anticapitalistes, internationalistes, et antifascistes : nous combattons les lois sécuritaires et le racisme d’État comme composante intégrante des dominations masculinistes et machistes. Nous ne laisserons personne instrumentaliser nos luttes pour renforcer la xénophobie, ou la transphobie qui semble s’immiscer partout dans les représentations médiatiques, ni pour justifier les politiques impérialistes, réactionnaires et guerrières. »
La manifestation sera composée d’une tête de cortège « en mixité choisie », c’est à dire sans « hommes cisgenres hétéros ». Les premières rangées de la manifestation seront occupées par les militantes du collectif « Racisé·es Queer Autonome ». « C’est une manière pour nous d’affirmer notre solidarité avec les camarades qui dénoncent les crimes policiers et le racisme d’État comme composante des violences quotidiennes qui se rajoute à celles liées au genre », explique Aline du Brif.
Des occupants de bâtiments vides situés au Neuhof se sont rassemblés devant le centre administratif de Strasbourg mardi 21 novembre pour dénoncer leur expulsion, prévue le 22 novembre. Elles demandent des solutions d’hébergement pérennes.
« Je ne sais pas encore ce que nous allons faire, où nous allons dormir demain soir », s’inquiète Lali, une mère de famille géorgienne. Accompagnés de quelques soutiens, une quinzaine d’occupants de bâtiments en instance de démolition rue de Sarlat au Neuhof sont rassemblés devant le centre administratif de la Ville de Strasbourg, mardi 21 novembre. Lali fait partie des 150 sans-abris, qui ont vécu depuis avril 2023 dans ces immeubles, propriété du bailleur social Habitation Moderne, lui-même détenu par la Ville de Strasbourg. Suite à l’évacuation d’une partie du squat Sarlat le 20 octobre, entre 20 et 30 personnes seulement dorment encore sur place.
Selon un mail envoyé par Lucette Tisserand, présidente d’Habitation Moderne, à des associations de solidarité, l’expulsion du reste du squat par la préfecture du Bas-Rhin est prévue mercredi 22 novembre. Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la solidarité, confirme que l’État a réquisitionné un gymnase de la Ville pour la journée.
Lali est une mère de famille qui vit dans le squat Sarlat depuis avril 2023.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
La trêve hivernale empêchant les expulsions de logements a pourtant commencé le 1er novembre. Mais depuis l’entrée en vigueur de la loi Elan de 2018, cette mesure ne concerne plus les occupants des squats, mais seulement les locataires. Et Habitation Moderne a choisi d’exploiter cette possibilité, malgré le risque que des familles se retrouvent à la rue alors que les températures baissent. Contactée, Lucette Tisserand n’a pas répondu à Rue89 Strasbourg concernant le timing de cette expulsion.
Des solutions souvent précaires
Comme à chaque évacuation d’un squat ou d’un campement de sans-abris à Strasbourg, les occupants devraient être orientés vers un gymnase, où leurs situations administratives seront étudiées par les services de l’État en charge de l’immigration et du droit d’asile. En fonction, les anciens occupants du squat seront redirigés soit vers un hébergement, soit vers un dispositif visant à les inciter à retourner dans leur pays d’origine, voire un centre de rétention administrative.
Mardi matin, les manifestants ont distribué des tracts aux agents de la Ville et de l’Eurométropole ainsi qu’aux personnes qui se rendaient aux guichets, dans lesquels ils dénoncent que « ces mêmes familles ont auparavant été dans d’autres squats (comme celui situé rue de Bourgogne à la Meinau), se sont vues proposer des solutions d’hébergement précaires et non pérennes (gymnase, nuitées à l’hôtel), et ont vécu des nuits à la rue ».
Les militants ont distribué des tracts devant le centre administrative de la Ville de Strasbourg.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Ils déplorent un « manque de coordination et de soutien de la Ville pour construire avec les habitants et les associations, des solutions adaptées à tous ». « On a rencontré les occupants du squat Sarlat quatre ou cinq fois depuis avril et on leur a constamment dit que ce bâtiment allait être évacué », rétorque Floriane Varieras :
« Il doit être démoli dans le cadre de la rénovation urbaine du quartier du Neuhof, qui est un programme social très important. Nous avons des moyens et un budget limités, qui ne nous permettent pas de faire plus. C’est à l’État de prendre en charge l’hébergement des personnes sans-abri, et malgré ça, nous avons créé 600 places. »
« J’espère que mon fils pourra rester dans son école »
Ekaterina est venue d’Ukraine à Strasbourg, après l’invasion de son pays par la Russie. Elle bénéficie du statut de réfugié mais n’a aucune solution d’hébergement. Elle va essayer de se rendre dans le gymnase pour tenter de bénéficier d’un logement. « Je ne sais pas où je me retrouverai, dit-elle. J’espère juste que mon fils pourra rester dans son école. Il est déjà très stressé, je n’aimerais pas qu’ils soit obligé de changer de camarades ».
Ekaterina ne sait pas si elle pourra obtenir un logement permettant à son fils de rester dans la même école. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
De son côté, Lali pense quitter le squat Sarlat avant l’arrivée de la police. Son fils est aussi scolarisé mais elle a reçu une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). La France considère son pays d’origine, la Géorgie, comme étant sûr, malgré de nombreuses atteintes aux droits humains répertoriées par Amnesty international. Avec une vingtaine d’habitants du squat Sarlat, elle a tenté d’occuper un autre bâtiment vide à Illkirch-Graffenstaden, au 25 rue du Général-Libermann. « On voulait investir l’immeuble pour le mettre en état », affirme Lali.
Une surenchère contre les squats
Mais, selon des témoignages recueillis mardi matin, le bâtiment a été évacué par la police dès lundi 20 novembre, sans décision de justice, comme le permet la loi Kasbarian du 27 juillet 2023 : les propriétaires peuvent porter plainte et demander directement au préfet l’expulsion de leurs biens désormais. « Ça va devenir quasiment impossible de créer des squats pour les sans-abris, je ne sais pas comment les gens vont faire », dénonce Gabriel, militant pour les droits des migrants.
Contacté par Rue89 Strasbourg, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement (DAL), s’inquiète des conséquences de cette loi : « Nous demandons son abrogation, c’est une vraie surenchère contre les squats. Nous sollicitons la réquisition des appartements vides. Il y a 3,1 millions de logements vacants en France. »
Lali assure que les occupants du squat Sarlat sont prêts à « réparer et nettoyer n’importe quel bâtiment » qui leur serait mis à disposition, plutôt que de retourner vivre dans la rue.
Des manifestations de soutien à la population palestinienne ont lieu toutes les semaines depuis le début des bombardements de l’armée israélienne en octobre 2023.Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Alors que les combats se prolongent à Gaza, les mobilisations et les manifestations se multiplient à Strasbourg. Le point sur quatre rendez-vous organisés sous l’égide de deux collectifs.
Le collectif Palestine 67, dont quarante organisations sont membres, organise une manifestation de la campagne Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) mercredi 22 novembre. Les membres se retrouveront devant un endroit non révélé, avec comme objectif d’informer le public sur des liens existants entre une enseigne commerciale et l’État d’Israël. La campagne BDS cherche à exercer une pression économique sur Israël, afin de lutter contre la politique de colonisation qualifiée d’apartheid.
Veillée vendredi 24 novembre
Le même collectif organise une veillée (c’est la deuxième depuis le 7 octobre). Le but : « Nous allons présenter des Palestiniens qui ont été tués dans le conflit, pour qu’ils ne soient pas que des chiffres« , explique Hervé Gourvitch, membre du collectif Palestine 67. L’heure prévue pourrait être modifiée en fonction du début du Marché de Noël. Cet article sera mis à jour en fonction.
Manifestation samedi 25 novembre
Une nouvelle manifestation publique, la quatrième depuis l’attaque du Hamas visant des civils israéliens, est prévue samedi 25 novembre avec « toujours le même mot d’ordre » prévient Hervé Gourvitch : « Halte aux massacres avec un appel au cessez-le-feu« . En raison de la manifestation pour la lutte contre les violences faites aux femmes (le même jour à 14h), l’horaire du rassemblement pour la Palestine est avancé par rapport aux précédents appels. Et puisque le Marché de Noël aura débuté, la Grande-Île est inaccessible, le cortège empruntera les quais sud pour se rendre place de la Gare.
Rassemblement dimanche 26 novembre
Un autre rassemblement « en soutien aux Palestiniens » est prévu dimanche 26 novembre, à l’initiative d’un collectif différent, appelé Strasbourg Palestine. « L’idée, explique Leïla Sihabi, membre du collectif, c’est d’occuper un maximum la place publique et parler le plus possible de ce qu’il se passe à Gaza ». Le collectif Strasbourg Palestine prévoit d’organiser un rassemblement similaire tous les dimanches « jusqu’à ce que la situation évolue ».
Une intersyndicale appelle les policiers municipaux de Strasbourg à faire grève samedi 25 novembre, premier jour du Marché de Noël. Le mouvement devrait être très largement suivi.
Les syndicats Unsa, CFDT, CGT, FA-FPT, FO et CFTC de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, réunis en intersyndicale, appellent les policiers municipaux à faire grève samedi 25 novembre. Ils demandent des revalorisations salariales, des revendications qui existent au sein des policiers municipaux depuis des dizaines d’années.
Thiebault Parré, policier municipal et délégué syndical CFTC, résume :
« Depuis une loi cadre de 1999, de très nombreuses missions ont été ajoutées à la police municipale, sans qu’il n’y ait jamais eu de compensation salariale. Donc ça suffit. Les policiers municipaux des villes de France se sont unis au sein d’un collectif, pour demander que les salaires soient revalorisés, en lien avec les missions de la police municipale d’aujourd’hui. Et dans ce cadre, nous prévoyons une journée d’action le premier samedi du Marché de Noël à Strasbourg. »
Les syndicats des policiers municipaux demandent notamment que les catégories de la fonction publique qui leur sont appliquées soient modifiées vers la catégorie supérieure et que les primes soient inclues dans le calcul des cotisations retraite. Ils demandent également la « bonification spéciale des fonctionnaires de la police nationale ».
Une réforme des primes et indemnités relatives à leur fonction et prévue par le gouvernement leur fait craindre une moindre rémunération. À Strasbourg, ce mouvement est soutenu par la municipalité et l’exécutif métropolitain, selon Thiebault Parré :
« Le cadre réglementaire de notre statut ne dépend pas de la collectivité. C’est pourquoi nous n’appelons qu’à une seule journée de grève, pour ne pas trop gêner le Marché de Noël. Les agents seraient déterminés à en faire beaucoup plus si ces revendications n’étaient pas entendues par le gouvernement. »
Thiebault Parré assure que « 100% de la cinquantaine d’agents prévus aux deux rotations de samedi seront en grève. Il n’y aura que les agents maintenus au centre de commandement. »