La députée écologiste a été sanctionnée par l’Assemblée nationale, mercredi 13 décembre, pour des propos jugés outranciers sur le Rassemblement national et les violences sexuelles. Une autre écologiste, Cyrielle Chatelain, dénonce les propos sexistes d’un député macroniste.
L’épisode est bavard. Il témoigne des tensions qui traversent l’Assemblée nationale depuis le début de la XVIe législature, du climat étouffant qui y règne après le camouflet infligé au gouvernement sur la loi « immigration » et des clivages profonds sur les violences sexuelles. Mercredi 13 décembre, la députée écologiste de la première circonscription de Strasbourg, Sandra Regol, a été sanctionnée pour avoir très vivement accusé le Rassemblement national (RN) de taire les affaires en son sein, lors de l’examen du projet de loi porté par Gérald Darmanin.
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Journaliste à Mediapart depuis novembre 2010. J’ai longtemps écrit sur la politique française, avant de me consacrer aux enquêtes sur les violences sexistes et sexuelles. Je suis responsable éditoriale aux questions de genre depuis 2020. Et, depuis le 1er octobre 2023, je suis codirectrice éditoriale aux côtés de Valentine Oberti.
Alors que la filière industrielle d’extraction de lithium du sous-sol alsacien s’organise, militants, élus et associations écologistes peinent à définir une position commune. Une extraction locale de ce minerai peut-être entendable mais les débouchés et les risques acceptables sont en débat…
Perplexes, les écologistes alsaciens observent la ruée vers l’or blanc alsacien qui se déroule sous leurs yeux. L’État a accordé de nombreux permis de recherche de gisements de lithium à des industriels. Fin 2023, le géant minier Eramet a présenté son processus à l’œuvre à la centrale géothermique d’Électricité de Strasbourg (ÉS) à Rittershoffen.
La technique utilisée par ces entreprises consiste à extraire l’énergie et le lithium contenus dans des eaux chaudes situées à plus de 3 000 mètres de profondeur, en les faisant remonter à la surface et en y filtrant le minerai. Une méthode qualifiée d’aubaine pour la transition écologique par les industriels. À l’horizon 2030, Eramet se fixe comme objectif de fournir tous les ans 10 000 tonnes de lithium, le volume nécessaire pour produire 250 000 batteries de voiture électrique.
Autant de lithium, pour quoi faire ?
Mais si une opinion fait consensus chez la plupart des écologistes sollicités, c’est bien que l’extraction de ce minerai ne doit pas s’inscrire dans une logique productiviste : « Il faut d’abord questionner à quoi va servir cette filière, en gardant à l’esprit l’idée de sobriété, qui est centrale », analyse Cécile Germain-Ecuer, conseillère écologiste à la Région Grand Est :
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Lors du conseil municipal du mardi 12 décembre, l’opposition s’est animée lors des débats concernant la construction d’une école dans le quartier du Neuhof et l’adoption de nouveaux forfaits de stationnement. Une mobilisation du Piquet féministe a également eu lieu en fin de séance.
Après un long débat sur le tram nord, essentiellement tourné sur le coût du projet et la concertation, et en plus des principaux points votés, le conseil municipal du 12 décembre a aussi été marqué par des débats politiques animés sur le stationnement et la construction d’une nouvelle école, sur des terrains sportifs au Neuhof.
Vers la fin de journée, une nouvelle mobilisation du Piquet féministe, a provoqué un sursaut dans l’hémicycle. Les militantes ont brandi des affichettes pour réclamer la démission du conseiller municipal d’opposition Serge Oehler (ex-PS), condamné pour « violences habituelles » sur son ex-conjointe.
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Jeudi 7 décembre, les Dernières nouvelles d’Alsace ont titré sur un investissement de leur propriétaire, le Crédit Mutuel, dans la forêt vosgienne. L’article a été placé en tête de page sans que la rédaction alsacienne n’ait été consultée.
Stupeur parmi les journalistes des Dernières nouvelles d’Alsace (DNA). Le jeudi 7 décembre, ils découvraient en Une de leur quotidien le nom de leur actionnaire, le Crédit Mutuel, associé à un investissement détaillé en tête des pages régionales. Sur le ventre de la Une s’étale ce titre « Le Crédit Mutuel investit dans la forêt vosgienne », tandis que l’article en pages intérieures évoque « Crédit Mutuel Alliance fédérale dévoile son fonds dédié à l’environnement ».
Merci pour la publicité ! L’article, non signé, détaille comment le Crédit Mutuel trouve un bon moyen de verdir son image en achetant la forêt de Dambach et relaie la parole de la banque, sans distance. Un choix de rédaction qui interroge, puisque les DNA sont la propriété du Crédit Mutuel depuis 2011, comme huit autres quotidiens régionaux présents dans 23 départements de l’Est de la France, via une filiale, le groupe Ebra.
Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.
Après avoir saisi la procureure de la République lundi, le syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg a dénoncé des conséquences graves pour les patients dues au manque de moyens. Il envisage de généraliser la méthode dans toute la France.
« Cette nuit, à 4h30, une patiente a attendu deux heures dans une ambulance devant les urgences. Son état s’est aggravé. Elle a perdu connaissance. On a dû l’intuber et elle a été emmenée en réanimation à Saverne. Nous avons exercé un droit d’alerte. » Mercredi 13 décembre, Christian Prud’homme, secrétaire du syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) dévoile les conséquences de la saturation des urgences :
« Notre service est calibré pour 30 patients aux urgences du NHC (Nouvel hôpital civil, NDLR). Ce matin, il y avait 61 personnes. C’est un taux d’occupation de 200%. La situation s’aggrave alors que nous alertons tout le monde, y compris le ministère de la Santé, depuis des années. Mais nous sommes face à un déni de notre institution. »
Pour Force ouvrière, cela ne fait aucun doute, cet engorgement conduit à un risque accru pour les patients, pouvant aller jusqu’à la mort. Deux cas récents viennent appuyer l’argumentaire des syndicalistes, à savoir les décès de personnes liées à un défaut de prise en charge en mars et septembre 2022 aux urgences du NHC.
Retrouvé mort aux urgences
Me Matthieu Airoldi, avocat de Force ouvrière, défend également la famille de l’un de ces défunts. Il rappelle les circonstances de la mort de cet homme de 81 ans : « Il s’appelait Victor Briones et il a été retrouvé mort par hasard, lors du changement d’équipe entre le matin et l’après-midi. Le personnel ne s’en était même pas rendu compte avant. » Ces accidents liés au manque de moyens ont lieu régulièrement selon Force ouvrière.
Après avoir recouru au droit d’alerte pour « danger grave et imminent » à 55 reprises en 2022 et 37 fois en 2023, le syndicat Force Ouvrière estime avoir tout tenté. C’est pourquoi il a décidé « d’utiliser un levier plus coercitif », déclare Christian Prud’homme, en saisissant la procureure de la République de Strasbourg pour non assistance à personnes en danger lundi 11 décembre. Les personnes en danger désignées sont les patients des hôpitaux universitaires de Strasbourg qui subissent un défaut de prise en charge.
« Nous ne voulons incriminer personne en particulier. L’objectif de cette démarche, c’est qu’enfin, des mesures concrètes soient mises en place. Quand j’ai commencé en 1999, on avait plus de moyens, il n’y avait pas ces problèmes. Nous avons calculé qu’en dix ans, nous avons perdu 800 lits d’hospitalisation à Strasbourg. On ne peut plus accepter cet état de fait. »
Christian Prud’homme
Des mesures proposées
Suite à cette saisie, la procureure Yolande Renzi peut décider d’instruire le signalement, de saisir un juge d’instruction, ce qui aboutirait à une enquête, et potentiellement au renvoi de responsables de la direction des HUS ou de l’Agence régionale de santé (ARS) devant une juridiction. Didier Birig, secrétaire général de Force ouvrière à l’échelle nationale, surenchérit :
« En ce moment, il ne faut pas tomber malade en France. Cette situation catastrophique est généralisée partout. Donc cette méthode [de judiciarisation], une première pour Force ouvrière, s’il le faut, on la généralisera pour les autres hôpitaux. »
Me Matthieu Airoldi insiste sur le fait que « le syndicat FO propose des mesures qui ne sont pas suivies ». Dans un communiqué envoyé ce 13 décembre, la direction des HUS se défend de ne pas répondre à la problématique des urgences et assure par exemple qu’un poste de « gestionnaire de lit » existe depuis juin 2023 : il s’agit d’un « professionnel qui vérifie, organise et consolide les parcours des patients et les lits disponibles ».
FO estime qu’un « gestionnaire de lit » est une bonne solution mais que le poste mis en place par la direction des HUS ne correspond pas à ce que demande le syndicat, comme l’explique Christian Prud’homme :
« Cette personne n’a pas le pouvoir d’imposer qu’un patient des urgences rejoigne un lit dans un service. Les chefs de service peuvent le refuser, par exemple si d’autres personnes doivent être admises le lendemain. Ce poste n’a pas les bonnes attributions pour être utile. »
Désengorger les urgences en désengorgeant des services
Autre revendication du syndicat FO : la création de lits de soins de suite et réadaptation (SSR) à Strasbourg, dans des établissements du type du centre de rééducation Clemenceau. Eve Donas, déléguée du personnel Force ouvrière et sage-femme, précise que ces moyens permettraient de transférer des patients qui sont bloqués dans des services de gériatrie ou de médecine générale à l’hôpital : « Ce sont des personnes qui sont dans un entre-deux. Leur état ne justifie pas d’être à l’hôpital mais elle ne peuvent pas encore rentrer à la maison. » Libérer ces lits permettrait de désengorger les urgences.
En l’absence de réaction de la procureure de la République au bout de trois mois, Me Matthieu Airoldi indique que Force ouvrière pourrait aller jusqu’à porter plainte contre X. « Je ne le souhaite pas et je pense que nous n’en aurons pas besoin », considère t-il, étant donné le degré de précision du dossier transmis à la procureure, « de 500 pages » avec notamment les droits d’alerte et des rapports d’audit.
Le syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg a signalé des faits pouvant être qualifiés de non-assistance à personnes en danger lundi 11 décembre. Il considère que le manque de moyens et de personnels engendre des décès évitables aux urgences.
« Au sein des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), les patients attendent parfois plus de 40 heures avant d’être pris en charge, sur des brancards au milieu des couloirs, faute de lits et de personnel. » Me Matthieu Airoldi, avocat du syndicat Force ouvrière (FO), expose la situation aux urgences à Strasbourg.
Il a déposé au nom du syndicat hospitalier lundi 11 décembre un signalement auprès de la procureure de la République de Strasbourg, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Une fois des faits susceptibles de constituer des infractions signalés et documentés, c’est au procureur de décider d’y donner suite ou non, par exemple en ordonnant une enquête judiciaire ou en engageant des poursuites.
Dans ce signalement, Me Matthieu Airoldi relate des faits pouvant « revêtir la qualification pénale de non-assistance à personne en danger », à savoir les patients en attente de soins. L’avocat a transmis en annexe des rapports d’audit déposés en 2020, 2021 et 2022. Ces derniers pointent tous selon lui « les déplorables conditions de travail au sein des HUS particulièrement pour le personnel hospitalier mais également les conditions d’accueil des patients au service des urgences, pour des raisons de flux intense, ingérable en l’état, de carence de personnel ainsi que de manque de lits ».
Des décès évitables
En réponse à cette situation, FO estime que la direction des HUS et l’Agence régionale de Santé (ARS) n’ont pris « aucune mesure opérationnelle ou concrète ». « Cela fait trois ans qu’on alerte, explique Christian Prud’homme, secrétaire du syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Les conditions de travail actuelles mettent en danger les patients, les professionnels et engendrent des risques psycho-sociaux ».
Me Matthieu Airoldi cite plusieurs décès « évitables » survenus ces dernières années. Rue89 Strasbourg avait révélé le décès d’un patient aux urgences du Nouvel hôpital civil (NHC) le 17 mars 2022, en raison d’une hémorragie digestive après 12 heures d’attente pour une transfusion. Et un octogénaire a été retrouvé mort suite à une attente d’une vingtaine d’heures sur un brancard le 1er septembre 2022.
Des préconisations ignorées selon FO
FO a réalisé 55 signalements « danger grave et imminent » en 2022 et 34 depuis le 1er janvier 2023. « L’infraction de non-assistance à personne en danger est caractérisée si l’institution visée a été informée de la situation, qu’elle a les moyens d’y faire face et ne l’a pas fait. Force ouvrière propose des solutions qui ne sont pas mises en place… », détaille Me Matthieu Airoldi.
Les rapports d’audits de 2020, 2021 et 2022 ont aussi émis des préconisations à la direction des HUS et à l’ARS, « notamment un point clé, créer un poste de “gestionnaire de lits” », indique le signalement. Il s’agirait d’une personne à temps plein au sein des urgences, dont la mission serait de gérer les tâches administratives liées à l’attribution de lits, aux entrées et aux sorties des patients. Une tâche actuellement dévolue aux infirmières et aux médecins. Ce poste n’a jamais été créé selon Force ouvrière, malgré des moyens attribués par l’ARS. « Nous avons la volonté de faire réagir, la situation actuelle ne peut plus durer », souffle Christian Prud’homme.
Le conseil municipal de Strasbourg du mardi 12 décembre 2023 a été dominé par les débats sur le tram nord, par plusieurs concessions sur le tarif du stationnement et par la construction d’une nouvelle école dans le secteur du Stockfeld au Neuhof.
Pour cette fin d’année, l’esprit de Noël s’était immiscé jusque dans l’austère centre administratif de Strasbourg. Pour l’occasion, la grande salle des pas perdus était transformée avec l’installation d’une dizaine de tables, parfaitement apprêtées pour un repas convivial entre élus strasbourgeois. Mais la magie de Noël ne dure que le temps d’une pause-déj’ : le conseil municipal du mardi 12 décembre s’est tenu dans son habituelle ambiance orageuse.
Dès l’entame, le débat sur le coût du tram nord enflamme l’opposition. S’ensuit plusieurs résolutions sur le stationnement – sujet tout aussi inflammable – ainsi qu’une délibération sur la construction d’une école dans le secteur du Stockfeld, dans le quartier du Neuhof.
Le tram nord poursuit son développement
Au terme d’un débat tempétueux de trois heures, le conseil municipal a adopté un avis favorable concernant la poursuite de la construction d’un tram reliant le nord de Strasbourg et les communes de Schiltigheim et de Bischheim.
La délibération porte sur le bilan de la deuxième phase de concertation, fixe une première enveloppe budgétaire de 268 millions d’euros pour les chantiers entourant le tram, approuve les études d’avant-projet et donne le feu vert à l’Eurométropole (EMS) pour « la mise en œuvre des enquêtes publiques et autres dispositions permettant la poursuite de l’opération ». Une délibération permettant la « poursuite » du projet sera ainsi présentée au prochain conseil de l’EMS, le mercredi 20 décembre.
Tarifs du stationnement en baisse pour les professionnels
Le deuxième point voté porte sur le stationnement payant pour les professionnels. Alors que l’exécutif annonçait son intention de réduire l’impact de la hausse des tarifs du stationnement – que la Ville avait décidé le 20 mars 2023 – elle adopte une résolution visant à proposer des « forfaits » spécifiques pour ces derniers.
À partir du 1er janvier 2024, il est proposé aux artisans, aux commerçants non sédentaires et aux « métiers de bouches » des forfaits « Pro Mobile » à la demi-journée (5,50€), au mois (60€) ou à l’année (600€), qui s’ajoute au tarif existant à la journée (11€). Ces forfaits permettront de stationner sur toutes les zones payantes, sauf places violettes.
En complément de la gratuité de stationnement déjà existante pour les médecins, les infirmiers, les sages-femmes et les kinésithérapeutes, la Ville propose également des forfaits spécifiques ouvert à « tous les professionnels du soin et de l’aide à la personne ». Ces forfaits « Pro Mobile – Santé » pourront être pris pour une journée (7€), un mois (40€) ou un an (400€).
Pour les personnes travaillant principalement en horaires décalés (avant 6h ou après 22h), la Ville crée un tarif spécifique de 3€ à la demi-journée. En prime, la municipalité propose aux personnes vivant en zone payante d’offrir jusqu’à 12 jours de stationnement gratuit au véhicule d’un tiers en visite ; ce dernier dispositif est une expérimentation, qui débutera en septembre 2024.
Gratuité du stationnement pour les usagers de l’autopartage
Autre point adopté sur le stationnement : la gratuité du stationnement pour les usagers de l’autopartage en boucle, comme le service bleu de Citiz par exemple. À partir du 1er janvier 2024, ces derniers n’auront pas à payer de redevance de stationnement sur les places en voirie (sauf « violettes »). En revanche, les opérateurs d’autopartage devront payer une redevance supplémentaire par voiture.
Création d’un groupe scolaire au Stockfeld
Au Neuhof, l’exécutif relève une hausse du nombre d’enfants sur le secteur du Stockfeld, autour de la rue des Jésuites et de la rue de la Ganzau. Le conseil municipal a voté en conséquence une délibération créant un nouveau groupe scolaire sur la zone, pour un coût estimé à 23 millions d’euros.
Le futur bâtiment sera situé sur une surface de 12 000 m², à l’arrière du gymnase du Stockfeld, sur l’emplacement de terrains sportifs extérieurs, à l’angle de la rue des Jésuites et de la rue Schengen. Il pourra accueillir jusqu’à 180 élèves en maternelle et 356 en élémentaire. Les bâtiments seront opérationnels pour la rentrée 2029.
Création d’un bus dédié à la promotion de la santé publique
Le conseil municipal a voté le financement d’un « bus de médiation et de promotion de la santé publique et environnementale ». Il s’agira d’un véhicule électrique qui sillonnera les quartiers populaires, pour évoquer un ensemble de thématiques « identifiées comme prioritaires » : l’information sur les pathologies chroniques métaboliques ou cardio-vasculaires, la santé environnementale ou encore les effets du tabagisme.
Le bus sera composé d’un espace ouvert dédié à la médiation, ou un professionnel de santé se chargera d’accueillir le public, et d’un espace « plus confidentiel », servant à réaliser des entretiens individuels et des dépistages.
Attribution de bourses pour l’aide à la création littéraire
Projet plutôt consensuel, l’attribution de bourses d’aides à la création « en matière de livre et d’illustration » a été adoptée d’emblée sans débats. Elle concerne seize auteurs et autrices, touchant des sommes allant de 3 000 à 10 000 euros, pour une somme totale de 77 000 euros.
L’attribution des subventions fait suite à l’examen de 167 dossiers par un jury d’experts. Les projets retenus sont hétéroclites, allant de l’adaptation au théâtre d’une nouvelle d’Alain Damasio, Les Hauts parleurs, à la création d’un livre-jeunesse ou de plusieurs bandes dessinées.
Sensibilisation contre la prolifération des rats
Pour sensibiliser les habitants du quartier de l’Elsau à la prolifération des rats, le conseil municipal a accordé une subvention de 12 000 euros à l’association Voisin malin. Cette dernière opère en formant des « habitants messagers » dans le quartier, chargés de sensibiliser leurs voisins aux gestes permettant d’éviter la prolifération des rats.
Mardi 12 décembre, le juge des référés du Conseil d’État a estimé que l’utilisation de drones pour surveiller le centre-ville de Strasbourg pendant le Marché de Noël ne constituait pas une atteinte grave aux libertés individuelles. Le Conseil d’État avait été saisi par trois avocats strasbourgeois.
Vendredi 8 décembre, Myriam Hentz, Vincent Thalinger et Julien Dupont, avocats à Strasbourg ont plaidé devant le juge des référés du Conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant la surveillance par drones du marché de Noël. Mais le juge des référés du Conseil d’État a rejeté leur requête, estimant que les avocats strasbourgeois ne démontraient pas que la surveillance du centre-ville de Strasbourg pendant le Marché de Noël constituait une atteinte grave aux libertés individuelles.
Les trois avocats, installés au centre-ville de Strasbourg, faisaient valoir que l’utilisation de drones pouvait porter atteinte au secret professionnel qui les lie à leurs clients. Ils avaient déjà attaqué l’arrêté préfectoral devant la juge des référés du tribunal administratif, laquelle avait rejeté leur requête. La juge de Strasbourg avait estimé que les drones utilisés n’avaient pas la résolution optique nécessaire pour reconnaître les visages et que leur utilisation tous les jours aux horaires et dans le périmètre du Marché de Noël ne constituait pas une atteinte au secret professionnel des avocats ni aux libertés individuelles, comme celle de se déplacer.
Le juge du Conseil d’État reprend ces arguments en ajoutant :
« Compte tenu de l’autonomie de vol limitée à deux heures des drones et du nombre restreint de personnes habilitées à les piloter, ils ne sont pas susceptibles de procéder à une captation d’images en continu. Ils ne peuvent par ailleurs être utilisés en vue de capter des sons ou de recourir à un traitement automatisé de reconnaissance faciale, ni à des rapprochements avec des traitements de données à caractère personnel. »
À événement exceptionnel, moyens exceptionnels
Le juge rappelle dans son ordonnance que la captation d’images à l’intérieur des domiciles ou de leurs entrées est interdite et que « l’enregistrement doit être immédiatement interrompu lorsque leur emploi conduit à visualiser de tels lieux ».
Pour le juge du Conseil d’État, l’ampleur du Marché de Noël de Strasbourg, son exposition médiatique et sa notoriété, en fait un événement suffisamment exceptionnel pour que la préfecture soit légitime à déployer des moyens de sécurité exceptionnels pour suivre les foules et surveiller de larges zones. Le Conseil d’État fait droit aux arguments de la préfecture qui estime que les quelques 300 caméras de vidéosurveillance déployées à Strasbourg ne suffisent pas pour ces tâches.
Samedi 9 décembre, une altercation a suivi un match de football entre l’International Meinau Académie et l’entente Kometrib. Trois jeunes de cette fédération de clubs du nord de l’Alsace ont dû être hospitalisés, dont un en urgence relative.
Selon France 3 Alsace, trois adolescents ont dû être hospitalisés samedi 9 décembre après un match de football à Strasbourg. À l’issue d’une rencontre de Régional 2 au stade de la Canardière entre l’International Meinau Académie et l’Entente Kometrib, une fédération de cinq clubs du nord du Bas-Rhin (FC Kindwiller, FC Obermodern, US Ettendorf, US Bouxwiller et l’US Imbsheim), une bagarre a éclaté après des provocations.
France 3 Alsace rapporte les déclarations de Delhia Lageard, dirigeante de l’Entente Kometrib. Selon elle, une vingtaine de supporters de l’Inter Meinau s’en sont pris à des joueurs de l’Entente au hasard à la fin du match :
« Ils ne recherchaient pas quelqu’un en particulier. Les trois qui sont sortis en premier, ce sont les trois qui ont le plus pris. Certains ont même enlevé leur survêtement pour ne pas être identifiés comme étant des joueurs du club. On a récupéré nos joueurs et on s’est enfermé dans le vestiaire en attendant les secours. »
Les trois joueurs blessés ont été évacués par les pompiers, dont un en urgence relative. La commission de discipline de la ligue Grand Est de football amateur, saisie de ces faits, doit se réunir prochainement. L’Entente Kometrib a avertit sur Facebook cesser « l’activité au club ; plus d’entrainement, plus de match, plus de foot tant qu’il n’y aura pas de réaction forte au niveau des instances ». Selon France 3 Alsace, trois personnes ont été interpellées suite à cette rixe.
Le conseil municipal de Strasbourg doit rendre un avis ce mardi 12 décembre sur l’aménagement du tram nord, reliant Strasbourg aux communes de Schiltigheim et Bischheim. Parmi les points au centre du débat, le quasi doublement annoncé du coût des travaux, passant de 140 à 268 millions d’euros.
Intarissable source de débats, le dossier du tram nord est à nouveau examiné par les élus du conseil municipal de Strasbourg. Presque deux ans plus tôt, le 17 décembre 2021, le conseil de l’Eurométropole (EMS, regroupant Strasbourg et 32 communes) avait adopté une première délibération lançant les études préalables pour ce projet. Ce mardi 12 décembre 2023, les conseillers strasbourgeois devront rendre un avis sur une nouvelle délibération présentée par l’EMS, pour la poursuite du projet. Une semaine plus tôt, le conseil municipal de Schiltigheim avait rendu un avis favorable.
La délibération sur laquelle les élus de la Ville se prononceront est programmée au premier point de l’ordre du jour du conseil municipal. Elle dressera notamment un bilan de la deuxième phase de concertation, qui se tenait du 29 mars au 6 juillet 2023. Elle valide aussi une « première enveloppe » budgétaire, pour le financement du projet. Son coût passe de 140 à 268 millions d’euros.
Un budget global décrié par l’opposition
Installé dans un bureau tapissé de plans et de schémas, Alain Jund (EELV) donne l’air d’être prêt à défendre son dossier dans l’hémicycle. Inlassablement, le vice-président de l’EMS chargé des mobilités plaide pour le projet qu’il porte, répétant la nécessité de « desservir le nord de l’agglomération, avec un bassin de population entre 40 et 50 000 habitants », de « travailler sur la transformation urbaine, dans les zones où la qualité de l’air est la plus mauvaise », ou « d’améliorer la desserte des usagers du Réseau express métropolitain (Reme) ».
Concernant le coût global des travaux, l’enveloppe budgétaire présentée s’élèvera in fine à 268 millions d’euros. L’élu réplique d’avance à l’opposition :
« Le chiffre qui a toujours été défini, c’est le coût travaux. En 2021, le montant estimé était de 140 millions d’euros. Aujourd’hui, on a réévalué ce chiffre à la hausse, à 161 millions, en prenant en compte l’inflation. Maintenant, on a intégré les autres coûts au nombre global, comme les 22 millions pour les déviations de réseaux, ou les 44 millions d’euros pour le matériel roulant. »
Pas convaincu, le co-président du groupe d’opposition de la majorité présidentielle Pierre Jakubowicz (Horizons), estime que ces chiffres n’ont été communiqués que trop tardivement :
« On nous avait déjà expliqué en commission des finances qu’il y aurait un surcoût lié à l’inflation mais on ne s’attendait pas à ces sommes-là. Ce chiffre de 268 millions d’euros, on ne l’a eu qu’à la toute fin novembre, il y a deux semaines de ça. Ça faisait des mois pourtant qu’on disait que ça coûterait plus cher parce qu’on voyait qu’il y avait des aménagements connexes qui n’étaient pas budgétés. »
Parmi ces aménagements, la transformation de la place de Haguenau en parc urbain et la végétalisation de la route de Bischwiller à Schiltigheim. Contactée, le service communication de la Ville confirme que les chiffres ont été présentés lors de la plénière du 4 décembre et en amont lors de la commission « mobilités et infrastructures » de l’EMS, le 30 novembre.
« Le coût double, c’est de l’enfumage »
La délibération dressera également un bilan de la seconde phase de concertation concernant le tram nord. Celle-ci ne portait que sur les aménagements accompagnant le déploiement du tram, comme les travaux sur l’avenue des Vosges ou le parc de Haguenau. Cette concertation a débuté par une première réunion le 29 mars 2023, qui a réuni plus de 730 personnes au Palais des fêtes (plus 440 connectés à distance) selon la Ville. Elle a pris fin le 6 juillet 2023.
« C’est irrespectueux de tenir des concertations sans avancer les vrais chiffres, c’est complètement opaque », peste Nicolas Matt (Renaissance), l’autre co-président du groupe de la majorité présidentielle (Centristes et progressistes). Le conseiller d’opposition assure que l’absence de chiffres clairs a faussé les débats et les présentations :
« Il y a trois mois à peine, le 27 septembre 2023, lors d’un atelier au quartier du Conseil des Quinze, le coût global annoncé par la Ville aux habitants était de 140 millions d’euros. Deux mois plus tard, le coût est presque double, c’est de l’enfumage. On ne peut pas avancer comme ça, demander aux gens de se prononcer sur les aménagements sans donner le vrai coût. »
« Il y a une vraie rupture de confiance avec la majorité », tranche Jean-Philippe Vetter, président du groupe d’opposition Les Républicains :
« Et je ne parle pas que des élus d’opposition, mais de tous les Strasbourgeois. Il y a une fuite en avant des coûts, quand on voit que le montant global est déjà à 268 millions d’euros, avant le premier coup de pioche. Qu’est-ce qu’il se passera, si les coûts augmentent après le début des travaux, comme ça arrive malheureusement souvent pour les chantiers publics ? »
Pour la présidente du groupe communiste Hülliya Turan (PCF), le coût présenté n’altère pas le soutien de son groupe au projet :
« Nous continuons de penser que c’est nécessaire de réaliser ce projet. Ce ne sera pas qu’un futur tram, mais un développement plus large de la ville. Et l’arrivée du tram nord permettra enfin de relier le quartier des Écrivains en tram. C’était le dernier quartier prioritaire de la Ville (QPV) à ne pas l’être. »
En rendant leur avis sur le projet du tram nord, les élus de Strasbourg prennent de l’avance sur le second débat, qui aura lieu lors du prochain conseil de l’Eurométropole, le mercredi 20 décembre. Les conseillers eurométropolitains voteront cette fois-ci directement sur la délibération.
Depuis mi-novembre, le système de chauffage de la maison d’arrêt de Strasbourg, à l’Elsau, peine à alimenter correctement l’infrastructure et à assurer une température décente dans les cellules et dans les douches. Contraignant les détenus à s’emmitoufler pour ne pas avoir froid.
« Bonnet, doudoune ou peignoir en cellule ». Accompagné d’une photo, Yohan (le prénom a été modifié) affiche les couches de vêtements qu’il doit mettre dans sa cellule de la maison d’arrêt de Strasbourg, à l’Elsau, pour ne pas avoir froid, fin novembre.
Depuis mi-novembre 2023, les deux systèmes de chaleur de l’établissement pénitentiaire peinent à fonctionner correctement et à assurer les 19 degrés normalement maintenus en cellule. Certaines sont traversées par des tuyaux qui font office de chauffage, reliés au réseau de chaleur, d’autres sont chauffées grâce à de l’air pulsé. Dans la semaine du 27 novembre, plusieurs cellules n’étaient plus alimentées en chauffage, selon nos informations. Et ce, malgré des températures extérieures inférieures à cinq degrés.
10 degrés dans les salles de classe
Les salles de classe ont affiché une température de 10 degrés les jours les plus froids mais les enseignants ont continué à donner cours.
« Nous avons une panne qui est en train d’être réglée », assure un assistant de prévention à la maison d’arrêt. Selon lui, le recours à des chauffages d’appoint électriques pendant les périodes les plus froides a permis de maintenir des températures ambiantes normales. Il confirme que l’administration a dû choisir entre chauffer correctement l’établissement et assurer deux heures d’eau chaude quotidiennes, pour les douches collectives. « C’était soit l’eau, soit le chauffage, mais ce sera bientôt réglé », assure-t-il.
« Quand l’eau des douches collective est chaude, c’est la course », illustre un intervenant social à la maison d’arrêt. Un prisonnier témoigne que lorsque l’eau chaude est présente, elle est parfois bouillante, rendant les douches très compliquées.
« Nous avons eu beaucoup de problèmes à la suite les uns des autres », concède-t-on à la communication de la direction inter-régionale des services pénitentiaires du Grand Est. Le 6 décembre au soir, une panne a touché le réseau électrique de l’Elsau et impacté le réseau de chaleur. Dès le 7 décembre au matin, la situation était revenue à la normale selon cette même personne, tant au niveau du chauffage que de l’eau. « Nous effectuons des relevés de température quotidiens et ils sont normaux », affirme-t-elle, précisant que diverses interventions ont dû être menées sur le système de chauffage de la maison d’arrêt.
Selon plusieurs sources concordantes, la panne de chauffage serait liée à un mauvais entretien du système et à des réparations temporaires chaque hiver, à la place de travaux plus conséquents. L’installation nécessite de renouveler certaines pièces tous les deux ou cinq ans, ce qui n’aurait jamais été fait. Certaines réparations partielles imposeraient en outre trop de pression sur d’autres parties du système, plus anciennes. La maintenance du chauffage aurait été lancée mi-novembre, imposant une restriction sur son efficacité étant donné les travaux.
Chauffage d’appoint, gants et gilets de rigueur
Dans certaines cellules, des chauffages d’appoint ou convecteurs électriques ont été utilisés en renfort et l’étaient encore la semaine du 4 décembre. « On est obligé d’apporter des gilets et des bonnets lors des parloirs, car les détenus se plaignent d’avoir froid », témoigne un visiteur dont un proche est incarcéré à la maison d’arrêt. « Les personnes qui se plaignent le plus du froid sont celles dont les cellules sont à l’extrémité des couloirs, où les murs sont en contact direct avec l’extérieur », confirme une source interne.
Interrogé, un ancien détenu n’est pas surpris par ces problèmes de chauffage à la maison d’arrêt de Strasbourg, qui existaient déjà lorsqu’il était incarcéré. Il se souvient avoir produit des requêtes écrites à l’administration sur ce sujet :
« Si vous avez de la chance, on vous donne une couverture pas trop vieille et ça suffit lorsqu’il fait froid. Si vous avez les vieilles couvertures vertes, vous devez vous emmitoufler pour ne pas souffrir de la température. Les fumeurs renoncent même à ouvrir la fenêtre pour conserver le chaud, malgré l’odeur. »
Lors de ses discussions avec les détenus, un intervenant social observe une certaine lassitude : « Beaucoup me disent que chaque hiver, c’est la même chose ». En 2018, un détenu avait déjà contacté la presse pour dénoncer l’arrêt momentané du chauffage dans sa cellule.
De son côté, la direction inter-régionale des services pénitentiaires du Grand Est assure que « la situation est suivie de près » et que des protocoles d’urgence sont mis en place lorsque la température baisse, comme au soir du mercredi 6 décembre, après une panne électrique dans le quartier de l’Elsau.
Des problèmes avec l’eau chaude depuis 2009
En 2017, le rapport du contrôleur général des lieux de privation de libertés (CGLPL) estimait, après sa troisième visite, que des travaux étaient nécessaires « concernant notamment le circuit de chauffage et de distribution d’eau chaude sanitaire ». Il observait déjà que des douches dans le bloc de détention restaient froides et que la capacité de production d’eau chaude était calibrée pour 450 détenus – en novembre 2022, elle en accueillait 641. En 2009, un autre rapport du CGLPL pointait également le manque d’eau chaude dans les lavabos. Depuis, en 2018 et 2019, le système d’eau chaude a été remplacé dans les bâtiments A et B – les travaux ont coûté 86 000 euros.
La maison d’arrêt de l’Elsau, mise en service en 1988, a vocation à accueillir les détenus provisoires (ceux qui attendent d’être jugés) ou condamnés à deux ans de privation de liberté maximum. Le renouvellement permanent de détenus et de personnels rend invisibles les requêtes concernant le chauffage, selon un intervenant social :
« Vu que ce sont souvent de nouvelles personnes, contrairement à un centre de détention où les détenus restent plusieurs années, c’est comme si le problème était sans cesse nouveau. Comme si ce n’était pas la peine de le régler, vu qu’en terme de vécu, c’est temporaire. »
Contactée, la direction de la maison d’arrêt de l’Elsau « ne souhaite pas communiquer sur ce sujet ».
Jusqu’au 7 janvier à la galerie de la Chaufferie à Strasbourg, sept artistes du pays rhénan partagent leur pratique vivante et singulière en une exposition éphémère. En collaboration avec des élèves de la Haute école des arts du Rhin, l’exposition teste la nature et propose des oeuvres temporaires, car vivantes.
L’exposition « Eau de là et autres arpentages » s’inscrit dans le projet transfrontalier Regionale24. Elle témoigne d’une rencontre poétique entre trois pays autour du Rhin, commun à la France, à l’Allemagne et à la Suisse. Que faire autour de ce vaste fleuve ? Dans une optique biorégionale, les étudiants en « design réhabitant » de la Haute école des arts du Rhin (Hear) ont arpenté ses horizons autour des oeuvres de sept artistes du pays rhénan.
Arpenter, marcher, mesurer, analyser et parcourir. L’artiste strasbourgeoise Jade Tang s’inspire de la nappe phréatique lorsque Marion Neumann, documentariste allemande, plonge dans les grandeurs souterraines du mycélium. Guidés par ces artistes, les travaux des étudiants réunis à la Chaufferie offrent au regard le ciel, l’eau et la terre, avec toujours la volonté d’un ancrage au sol, au plus proche de ses ressources.
Interroger le vivant, renouer avec le mycélium
Le mycélium est le plus grand organisme vivant au monde. Il correspond à la partie souterraine du champignon et est constitué de filaments. Sa puissance amène à parler de « royaume fongique », une notion explorée par l’artiste Marion Neumann.
Sa vidéo, extraite de son film The Mushroom Speaks (2021), dévoile l’étendue des capacités du mycélium. Qualités gustatives, thérapeutiques, spirituelles… Il irait jusqu’à transformer les déchets toxiques et se recycle pour l’occasion en divers objets – en cendrier par exemple.
Non loin de la projection du documentaire scientifique et artistique, les expérimentations des étudiants jonchent les tables. Des récoltes de champignons, des spores, des empreintes et plusieurs ouvrages plongent les visiteurs dans cet univers souterrain. Toute une culture va continuer à se développer et pousser au fil de l’exposition.
Vue de l’exposition « Eau de là et autres arpentages »Photo : Lisa Christ Vue de l’exposition « Eau de là et autres arpentages »Photo : Lisa Christ Vue de l’exposition « Eau de là et autres arpentages »Photo : Lisa Christ
Au premier étage de la galerie, les travaux présentés s’interrogent : comment montrer une recherche ? Étape par étape, pour étudier la métamorphose des matières, Jade Tang collecte des photographies de fouilles et cherche à donner forme à ses archives. Le résultat de ses investigations tapisse les murs. Pour l’accompagner, les étudiants ont créé des cartes mentales afin de lier les différentes recherches et des plans pour marquer les lieux explorés.
Utilisés pour la communication de l’exposition, les collages de Ruben Gray font écho à ces recherches et à ces expérimentations. L’artiste assemble l’inassimilable et combine les opposés. Un miroir qui incite à réfléchir à la manière d’associer l’humain au non-humain et à créer le lien entre des sujets qui ne se rencontrent sinon jamais.
Un lieu où tout est éphémère
« La capacité des artistes à laisser disparaître les choses est très importante pour moi. C’est fondamental de montrer que nous sommes de passage », explique Béatrice Josse, commissaire de l’exposition. Les photographies de Capucine Vandebrouck, réalisées à partir de jus végétaux, résonnent avec cette idée.
Appelées « anthotypes », deux images centrales montrent des nuages jaunis par le produit qui les révèle. Et comme pour regarder le ciel, il faut lever les yeux pour les apercevoir. Paradoxe poétique, la lumière qui a fait apparaître ces images les fera progressivement disparaître. Une deuxième série d’anthotypes expose une « forêt ivre » canadienne et participent à l’ambiance naturelle de l’exposition. De loin, on y verrait presque des gravures brunâtres.
Lisa Wintermantel, artiste multidisciplinaire basée à Berlin, extrait elle aussi du jus végétal. Grâce à l’églantine, inspirée par son jardin, elle teinte un tissu neutre devenu rose. Placé au-dessus d’une soufflerie, il se transforme en tapis volant.
Juste à côté, un entrelacs de branches de roses et de mûres descend du plafond. Bien qu’elle les sculpte à sa façon, l’artiste tente de suivre les lignes offertes par les branches car, d’après elle, « la nature fait ce qu’elle veut ». L’assemblage des tiges avec des agrafes provoque alors une fragilité paradoxale. En produisant cette pièce, Lisa ne connaît pas sa forme finale à l’avance. Les branches vont évoluer durant l’exposition, laissant tomber, quelques fois, des épines ou des feuilles.
Vue de l’exposition « Eau de là et autres arpentages »Photo : Lisa Christ
Voués à s’effacer, les mots du suisse Dario Zeo écrits à la craie se répandent jusqu’à l’extérieur. Fil rose autour des mot-clés de l’exposition – « magique » et « eau » – il en propose des synonymes éloignés et les transforme.
Au-delà des murs
Entre le mycélium, l’eau et la disparition, « Eau de là et autres arpentages » embarque son public dans une expérience des sens, entre odeur du mycélium, sonorités de la vidéo, images, mots et épines.
Benno Blome, à l’origine de la fresque de l’exposition, incite à « voir au-delà du mur, au-delà du paraître ». Ses lignes tremblantes s’imbriquent et forment leur propre alphabet, inspiré des mouvements de l’eau du Rhin. Donnant à voir un équilibre instable, l’artiste cherche à ouvrir un espace derrière le mur.
Benno Blome, Zwischen uns ein Fluss [Entre nous un fleuve], fresque murale in situ, 480 x 970 cm, 2023Photo : Lisa Christ Benno Blome, Zwischen uns ein Fluss [Entre nous un fleuve], fresque murale in situ, 480 x 970 cm, 2023 | détailsPhoto : Lisa Christ
« Eau de là et autres arpentages » stimule les sens de ses visiteurs et ouvre à des questions profondes et subjectives : Comment ré-habiter le monde ? Co-habiter avec le vivant ? Quel est le pouvoir de ce vivant, parfois si petit, sur l’impermanence des œuvres ? Mettant en doute les perceptions, les installations invitent à être plus attentifs à l’invisible.
Elles rendent aussi compte de l’urgence. Depuis cinq ans, les expositions autour du vivant témoignent de la nécessité d’y sensibiliser le public. Elles donnent aux artistes le rôle que leur attribue Béatrice Josse, celui de « raconter une autre histoire pour la faire changer ».
Étudiante en Master Écritures critiques et curatoriales de l’art et des cultures visuelles, ses champs d’étude sont orientés d’une part, vers l’art sonore et d’autre part, vers la photographie engagée.
Roger Siffer (au centre), toujours présent en tant que meneur de revue.Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
La saison 2023 – 2024 de la Revue de la Choucrouterie traite du réchauffement climatique, de la pollution et de l’agriculture intensive. Mais les sketchs satiriques n’épargnent pas pour autant les élus écologistes de Strasbourg, même s’ils manquent encore de charisme pour en faire de bons personnages de revues.
C’est un exercice extrêmement rodé : une série de sketchs alternant des chansons aux paroles revisitées étrillent les maux de la société actuelle et de la vie politique locale, sur fond de chauvinisme alsacien assumé. Le cocktail est imparable : dès la première blague, la salle se gondole. Deux heures plus tard, rien de tout ce qui nous préoccupe ne semble bien grave finalement. C’est la marque d’une satire réussie, une capacité à combler les fossés invisibles en rappelant que nous sommes tous un peu acteurs d’une forme de gigantesque comédie.
Roger Siffer (au centre), toujours présent en tant que meneur de revue. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
L’édition 2023 – 2024 de la Revue satirique ne déroge pas à la règle. Roger Siffer, 75 ans, est toujours le premier à porter la revue. En s’aidant face au public d’un club de golf qui trouve là un usage beaucoup plus éthique, il est secondé par une troupe de comédiens issus du terroir – l’un d’eux est même haut-rhinois, par souci de diversité. Tous sont rodés au cabaret alsacien, une tradition singulière de la critique du pouvoir à laquelle Roger Siffer n’oublie jamais de faire référence en citant son créateur, Germain Muller.
Époque compliquée pour la satire
Mais l’époque accepte-t-elle encore la satire ? Alors qu’à France Inter, l’humoriste Guillaume Meurice est rappelé à l’ordre pour une blague juive, la Revue de la choucrouterie évite tous les thèmes religieux. Titrée « La Flam’s olympique », elle évoque des sujets tels que l’athlétisme du quotidien, mais aussi de l’écologie : l’agriculture intensive, la pollution atmosphérique… Pas facile de rire avec la fin du monde, surtout quand elle approche sans qu’on semble en capacité d’agir. Mais la Revue parvient tout de même à s’en sortir, tout en distillant des flèches contre la société de consommation.
L’agriculture intensive de maïs en Alsace, un thème qu’on n’avait pas vu venir dans le cabaret alsacien… Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Évidemment, les élus locaux en prennent pour leur grade. Mais, autre drame de l’époque, la Revue manque de personnalités fortes – ces stars des revues satiriques qui déclenchent des rires dès que leur avatar apparaît sur scène. La Choucrouterie a donc ressuscité Gilbert Meyer, le maire de Colmar de 1995 à 2020 qui était déjà un sketch à lui tout seul. Les comédiens font de la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian surnommée Barsi, un personnage idéaliste et rêveur, peu soucieuse de sa popularité mais la caricature manque de prise. Même difficulté pour brocarder Syamak Agha Babaei, simplement présenté en médecin surmené.
Reste qu’après deux heures de ce régime, le public ressort avec les zygomatiques détendus et une forme de relativisme de bon aloi. Alors que des guerres de tranchées se livrent tous les jours sur les réseaux sociaux, une séance de la Revue de la Choucrouterie détend tout le monde. Le spectacle devrait être remboursé par la Sécurité sociale, au nom de la cohésion nationale.
Samedi 9 décembre, pour dénoncer le jumelage de Strasbourg avec Ramat Gan, une ville israélienne, plusieurs membres de l’organisation anti-fasciste la Jeune Garde ont déployé une banderole sur le centre administratif de Strasbourg.
« Madame Barseghian, vous ne pouvez pas ne pas prendre position. » Face au centre administratif de la Ville de Strasbourg, samedi 9 décembre en fin d’après-midi, Cem Yoldas, porte parole de la Jeune Garde, interpelle la maire écologiste de Strasbourg. En arrière-plan, plusieurs membres de l’organisation anti-fasciste accrochent une banderole sur la façade du bâtiment et allument des fumigènes verts, blancs et rouges, aux couleurs du drapeau palestinien.
Un jumelage « culturel, scolaire et universitaire »
Depuis 1991, la Ville de Strasbourg est jumelée avec la Ville de Ramat Gan, près de Tel Aviv, en Israël. Cet accord consiste essentiellement, selon le site de la Ville, en des échanges culturels, scolaires et universitaires.
L’organisation anti-fasciste espère que le conseil municipal du 12 décembre sera l’occasion pour les élus de la majorité de dénoncer ce jumelage et pourquoi pas, d’y mettre un terme.
« C’est impossible de prétendre être une ville inclusive et solidaire lorsque ce jumelage soutient la politique d’apartheid raciste que subissent les palestiniens et la colonisation en Cisjordanie. Il envoie le signal que Strasbourg cautionne la politique de l’État d’Israël alors que ce même État bombarde Gaza et que plus de 17 000 personnes ont été tuées en deux mois, notamment des enfants. »
Cem Yoldas, porte-parole de la Jeune Garde
Le même jour, une manifestation de soutien au peuple palestinien a pris place à Strasbourg pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza. « Ça fait deux mois que des milliers de personnes dénoncent les bombardements, ici dans les rues de Strasbourg, il faut que les élus locaux entendent et réagissent », assène Cem Yoldas.
Face au centre administratif, Cem Yoldas, porte parole de l’organisation anti-fasciste la Jeune Garde, explique face caméra les raisons pour lesquelles ils demandent que le jumelage cesse.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
« Cette initiative honorera Strasbourg »
Le 25 novembre, huit autres organisations strasbourgeoises réunies au sein du Collectif Palestine 67 ont interpellé Jeanne Barseghian dans une lettre ouverte et également appelé à la « suspension » du jumelage.
« Nous sommes conscients que cette décision fera bondir au plafond les esprits étroits à l’indignation sélective, mais nous sommes persuadés que cette initiative honorera Strasbourg, siège des institutions européennes dont la Cour Européenne des droits de l’Homme. »
Extrait de la lettre adressée à Jeanne Barseghian le 25 novembre 2023 par huit organisations du Collectif Palestine 67
Symbolique, la demande de la Jeune Garde appelle surtout la maire de Strasbourg à apporter une réponse locale à une situation internationale pour laquelle les strasbourgeois et strasbourgeoises manifestent régulièrement. « On entend souvent que se mobiliser à des milliers de kilomètres est inutile, mais c’est faux », estime Cem.
Lors du conseil municipal du 6 novembre, des clivages entre la majorité EE-LV et les élus communistes sont nés pendant le vote d’une motion appelant à la paix en Israël et en Palestine.
Franck Bodein et sa fille Andréa, 21 ans. La jeune femme a déjà prévu de reprendre l’affaire familiale. Le chalet est dans la famille depuis 22 ans.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Sur les 304 chalets du Marché de Noël, seule une dizaine est occupée par de nouveaux exposants en 2023. L’évènement semble réservé depuis des décennies aux mêmes familles de forains, malgré la volonté de la Ville de diversifier les produits proposés. Pas évident pour les artisans et les nouveaux, de se faire une place.
Il y a déjà désaccord sur le chiffre. Selon Guillaume Libsig, adjoint à la maire de Strasbourg en charge de la coordination du Marché de Noël, sur les 304 chalets exposants, un tiers serait tenu par les forains. Faux, rétorque Franck Bodein, du comité de défense du Marché de Noël, « qui représente tous les exposants » : « Nous avons environ deux tiers de forains, et un tiers d’artisans ». Également faux pour Patrick Balga, président du Syndicat National des Industries Forains (Snif), qui confirme les chiffres de Franck Bodein. « La Ville n’a pas envie de dire que ce sont les forains qui ont créé le Marché de Noël », commente le septuagénaire, amer.
Le ton est donné. Lorsqu’on se promène au Marché de Noël, la présence des forains est en effet bien visible. Les chalets alimentaires et ceux où l’on vend des objets en série (boules de noël, santons, peluches bretzel, chaussettes de Noël, mugs…), sont les leurs. Souvent, les vendeurs y sont nombreux, et les chalets de taille imposante (de 20 à 70 m2). Ceux des artisans sont en général plus petits (12 m2 en moyenne), avec un ou deux vendeurs maximum. On y retrouve des objets uniques, faits à la main, en France ou en Allemagne. Il y a aussi quelques chalets de commerçants qui ont déjà des boutiques dans Strasbourg.
Casserole de choucroute et de quenelle de pommes de terre, proposée au Chalet de l’Opéra, tenu par la famille Bodein depuis 21 ans. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Mais même si la Ville fait des efforts de communication pour mettre en avant la présence d’artisans locaux sur son Marché de Noël, force est de constater qu’en réalité, on trouve plus facilement une barquette de knacks plutôt qu’une décoration de Noël faite à la main par un petit artisan des Vosges. Une réalité totalement assumée – et même revendiquée – par les forains.
Des chalets qui se transmettent depuis trois ou quatre générations
Il suffit de se promener place Broglie et d’interroger une dizaine d’exposants. Deux tiers d’entre eux sont forains et appartiennent aux mêmes familles. Il y a, par exemple, les Balga. Patrick, président du Snif, et sa femme Véronique tiennent un chalet où ils vendent du vin chaud et des souvenirs de Noël (bonnets de Père Noël, mugs, peluches, boules à neige). L’emplacement est dans la famille de Patrick Balga depuis 1910.
« C’était ma grand-mère à l’époque, au même emplacement. Avant, on y vendait des sapins, des corbeilles en osier, des fruits de saison. Petit à petit, les choses ont changé, et on s’est mis à importer des produits. »
Patrick Balga, 75 ans, tient le chalet familial depuis 1994 sur le Marché de Noël de Strasbourg. Avant lui, sa mère, et sa grand-mère, étaient déjà là. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
À 75 et 60 ans, le couple tient bon, malgré la fatigue et le froid. Ils sont présents chaque année, depuis 1994. Fatigués et parfois las, ils assurent pourtant qu’ils seront dans leur chalet jusqu’au bout. « Tant qu’on a la santé« , commente Patrick Balga, qui ajoute qu’il ne peut pas – financièrement – arrêter de travailler. « Quand je bossais avec mon père, il ne me déclarait pas, ça lui coûtait trop cher. Donc je n’ai pas assez cotisé pour ma retraite. Aujourd’hui je touche 480€ de retraite chaque mois. » Juste à côté, leur fille tient également un chalet qui vend des produits alimentaires. Une autre de leur fille est installée place Kléber. « Et j’ai une troisième fille, qui a son chalet au Marché de Noël de Mulhouse. »
Familles Hoffman, Bodein, Bertani, Balga : 13 chalets en héritage
À quelques mètres du chalet du couple, il y a celui d’Estelle Hoffman, 58 ans. Petites lunettes et doudoune grise sur le dos, la cheffe d’entreprise occupe son immense chalet (60 m2) de décorations de sapins de Noël depuis 32 ans. « Je suis la quatrième génération de ma famille à avoir cet emplacement, explique-t-elle fièrement. Avant moi il y a eu mon père, mon grand-père, et mon arrière-grand-père. » Et la tradition familiale n’est pas prête de s’éteindre, puisque le fils d’Estelle Hoffman tient le chalet juste à côté, où il vend des santons. « J’ai aussi mon frère tout au bout de la place et deux neveux plus loin !« , s’amuse-t-elle. « C’est vrai que nous sommes nombreux », sourit la quinquagénaire, qui va et vient d’un stand à un autre, et interpelle les passants dans une joie communicative.
Estelle Hoffmann, 58 ans, a repris l’affaire familiale au Marché de Noël de Strasbourg il y a 32 ans. Elle travaille 7 jours sur 7, de 10h à 22h pendant le mois que dure l’évènement. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
On trouve aussi la famille Bodein, emblématique du monde forain et présente sur la place Broglie depuis 21 ans avec Franck et sa femme Abigaëlle. « J’ai aussi deux frères et une sœur, précise le forain, qui sont installés place Saint-Thomas, cour du Château et place Kléber ». Chacun a son chalet, tous dans l’alimentaire.
La famille Bertani elle, a son emplacement place Broglie depuis 1946, avec le chalet Fortwenger. « Et mon fils tient la boutique Fortwenger, place de la Cathédrale », explique Fabien Bertani, le patriarche de 62 ans :
« Nous sommes un peu l’âme du Marché de Noël. Imaginez le même évènement, sans nos grands chalets et nos stands exceptionnels et avec uniquement des petits artisans et leurs créations. Les gens ne viendraient pas du monde entier pour voir ça ! »
3% de renouvellement des chalets
Interrogé au sujet de la forte présence des mêmes familles de forains parmi les exposants, l’élu Guillaume Libsig reconnaît « des usages qui ont pu être décourageants par le passé ».
« Lorsqu’on est arrivés en 2020, on a constaté qu’il y avait un important travail de dépoussiérage à faire. Derrière le Marché de Noël, il y a 450 ans de culture marchande foraine et toute une culture politique d’accords et de négociations. Nous, on a voulu faire un point d’étape, mettre tout sur la table et clarifier des choses. »
Guillaume Libsig raconte ainsi comment les premières réunions avec les instances représentatives des exposants (le Snif mais aussi la Chambre des métiers et de l’artisanat, la Chambre de commerce, le Carré d’Or, les Vitrines de Strasbourg…) ont été houleuses, notamment quand il s’est agi de parler des emplacements avec les forains :
« La première réunion, ça a donné des jets de chaises et des menaces de mort, oui ! Mais, après deux ans et demi de négociations, on a réussi à s’entendre, à trouver des solutions. Pour le renouvellement, c’est sûr qu’on a un faible taux : 2 ou 3%, chaque année. Pour l’instant, c’est un renouvellement naturel qui se fait lorsqu’un exposant meurt, ou qu’il fait faillite. Mais là encore, nous réfléchissons à des solutions. Par exemple à Dresde, il y a un taux obligatoire de renouvellement, de 10%. Nous verrons si nous allons jusque-là. »
Au Marché de Noël de Strasbourg, sur les 304 exposants en 2023, deux tiers seraient des forains selon le Syndicat national des industries forains. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
L’élu sait bien que, là encore, l’usage et les traditions foraines font que les emplacements se transmettent de père en fils, de génération en génération. Mais il assure qu’un vaste chantier de réflexion a été engagé, avec la commission de sélection, sur l’évolution des critères pour les futurs nouveaux exposants. Tous les exposants, forains ou non, doivent y présenter leur candidature chaque année :
« Nous établissons des critères précis : le sérieux, la provenance des produits, l’expérience, l’éco-responsabilité… C’est une grille d’analyse qui permet de dire si oui ou non, les candidatures sont sérieuses. »
Cette année, 400 dossiers ont été étudiés par cette fameuse commission de sélection, composée de 15 membres : cinq élus, cinq représentants des chambres de commerce, de l’hôtellerie, de l’artisanat et cinq représentants du terrain, dont Franck Bodein, des artisans, et des membres du Carré d’Or.
Bilan : 120 dossiers sont restés sur liste d’attente pour obtenir un emplacement, peut-être, l’an prochain. Il y en avait 80 en 2020. Au final, 304 heureux élus ont été sélectionnés pour l’édition 2023, parmi lesquels une dizaine de petits nouveaux.
Sur les 304 exposants du Marché de Noël, 2/3 seraient des forains selon le Syndicat national des industries forains. Ils vendent des produits en série, importés, ou proposent de l’alimentaire. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Les petits nouveaux
Parmi eux, il y a par exemple, le chalet des « Sapins Bleus ». Une toute nouvelle marque, créée il y a quelques mois par quatre amis qui ont fondé un collectif. Leur but : créer des ronds de bois pour orner le sapin de Noël, sans impact pour la planète et de la façon la plus locale possible. Challenge réussi, semble-t-il. Taillés en bois de hêtre issu de Franche-Comté, mis dans des boîtes en épicéa du Jura, et ornés de dessins et d’illustrations réalisés par des artistes strasbourgeois, voici les produits qui ont permis au collectif de cocher toutes les cases rêvées par la majorité écolo : du local et de l’éco-responsable.
Les petits chanceux ont visiblement tapé dans l’œil du comité de sélection. Première candidature, première sélection en 2023. « On est très heureux d’être ici, au pied de la Cathédrale, c’est vraiment génial », glisse Jonathan Fralin, l’un des co-fondateurs des Sapins Bleus. Mais cette chance du débutant est peu répandue parmi les exposants artisans.
Jonathan Fralin est l’un des co-fondateurs de « Sapins Bleus » et vend leurs produits sur le marché de la place de la Cathédrale.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Retour Place Broglie, sur l’allée secondaire du Marché de Noël. Dans un chalet de taille modeste (12 m2), on trouve Samuel Lopes, 41 ans. Il vend des petites figurines en plâtre. Venu des Landes avec sa petite-amie pour passer le mois de décembre à Strasbourg, le magicien de profession est également artisan créateur au Marché de Noël depuis six ans. Mais il a mis plusieurs années avant d’intégrer le cercle privilégié des exposants :
« J’ai candidaté environ six fois avant d’être enfin accepté. C’était long et compliqué. Et chaque année, je considère que ma place n’est pas garantie ! Le Marché de Noël de Strasbourg, tout le monde veut le faire, donc les places sont chères ! »
« Nous c’est notre vie, nous avons besoin de ces emplacements ! »
Conserver son emplacement d’une année à l’autre ne semble pas être une question pour les forains interrogés. Pourtant techniquement, chaque année, eux aussi doivent remplir un dossier et l’envoyer au comité de sélection de la Ville. Mais dans la réalité, selon les forains, jamais aucun d’entre eux n’a perdu son emplacement. Patrick Belga, président du Snif :
« Nous, c’est notre vie. Nous avons besoin de ces emplacements pour vivre, c’est normal qu’on garde nos places ! Le Marché de Noël a été créé à la base pour les forains, parce que nous arrêtons les fêtes foraines en octobre, quand il se met à faire froid. Il a fallu trouver d’autres évènements pour nous, commerçants non sédentaires. Ça a été les marchés de Noël. »
Fabien Bertani, 62 ans, est le patron du chalet Fortwenger. Il y travaille depuis ses 16 ans, lorsque ses parents ont débuté. « Ce serait indécent que la Ville nous enlève notre emplacement ». Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Stasbourg
Le père de famille ajoute que sa place au Marché de Noël de Strasbourg, c’est comme un héritage familial :
« On aimerait transmettre ça à nos enfants. Mes filles n’ont pas de diplôme, pas de bagage. Elles sont foraines, comme nous, et tout ce que nous avons ce sont des chalets et des places dans les marchés de Noël ! »
Idem du côté des familles Hoffmann, Bodein ou Bertani : pas un de ces exposants n’a paru inquiet du comité de sélection et de leur avenir au Marché de Noël 2024. « Cet emplacement, c’est le mien, explique simplement Estelle Hoffmann en montrant du doigt son immense chalet de 21 mètres de long. C’est écrit nulle part, et ce n’est pas officiel, mais c’est comme ça. C’est dans l’usage. »
Fabien Bertani, lui, va même jusqu’à dire qu’il serait « indécent » que la Ville lui retire son emplacement. Et prévient : « On est très solidaires entre forains, ce serait dangereux de s’attaquer ainsi à l’un d’entre nous. » Emmitouflé dans une épaisse doudoune, bonnet jusqu’aux sourcils, il conclut en souriant : « Le comité de sélection, je ne m’en soucie pas. »
Véronique Balga travaille sur le stand familial, avec son mari, depuis 1994. Elle espère conserver cet emplacement encore longtemps et pouvoir le léguer à ses filles. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Interrogé sur le faible taux de renouvellement et le côté clanique du Marché de Noël de Strasbourg, Patrick Belga botte en touche :
« C’est vrai que c’est difficile de proposer quelque chose de nouveau, il y a déjà tout ! Et notre présence foraine est importante, elle fait partie du Marché de Noël. Donc oui, il n’y a pas de place pour les nouveaux, c’est vrai. Mais prenez un commerçant qui a sa boutique place Kléber, vous imaginez si on lui dit qu’il doit la donner à un nouveau ?! Il refusera. Nous, c’est pareil. »
30% du chiffre d’affaires annuel au Marché de Noël
Le président du Snif semble inquiet pour l’avenir et insiste sur les difficultés économiques des forains. « Nous ne sommes pas riches ! », répète-t-il à plusieurs reprises. D’autres glissent simplement que « les affaires marchent bien ». Plusieurs exposants, forains et non forains, estiment que 30% de leur chiffre d’affaires annuel est réalisé au cours du Marché de Noël de Strasbourg. Mais personne ne souhaite donner de chiffre précis.
Franck Bodein possède l’emplacement du « Chalet de l’Opéra » Place Broglie depuis 21 ans. Dans sa famille, ses deux frères et sa sœur occupent chacun un emplacement au Marché de Noël de Strasbourg. Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Impossible donc de savoir combien rentre dans les caisses des familles Belga, Bertani, Hoffmann ou Bodein, entre le 24 novembre et le 24 décembre. Mais il est certain que sur l’imposant « chalet de l’Opéra » de 10 mètres sur 7 mètres, où cinq salariés travaillent (en plus de la femme et de la fille de Franck Bodein), le rythme est intense. Les poêles et les casseroles de spaetzle à la crème, choucroute garnies et currywurst se vident et se remplissent toute la journée à un rythme effréné. Et les barquettes à 9€ se vendent bien. Sourires entendus de Franck Bodein. « On n’aime pas parler chiffres », mais le forain assure : « Si nous arrivons à garder notre emplacement depuis 22 ans, c’est justement parce qu’on fait bien le boulot. On est compétents. »
La préfecture du Bas-Rhin interdit une manifestation qui devait avoir lieu le 10 décembre en « hommage à Thomas ». Elle argue notamment que des groupes d’extrême droite ont prévu de se joindre à ce rassemblement déclaré par un membre du parti Reconquête! et que les risques de troubles à l’ordre public sont trop grands.
Déclarée par Arthur Wolff, membre du parti Reconquête! (le parti d’Éric Zemmour), une manifestation statique en « hommage à Thomas » qui devait se dérouler dimanche 10 décembre devant le tribunal judiciaire de Strasbourg a été interdite par un arrêté préfectoral du vendredi 8 décembre 2023.
« Risques sérieux de rassemblements de militants identitaires »
Depuis la mort de Thomas Perotto à Crépol (Drome), poignardé fin novembre 2023, des rassemblements ont été organisés par des militants d’extrême droite – à Lyon ou Paris notamment. Après un rassemblement à Romans-sur-Isère, certains militants ont été condamnés à de la prison ferme pour des faits de « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences » ou encore de « violence sur policier ».
Pour justifier l’interdiction, la préfecture du Bas-Rhin rappelle ces condamnations et précise que ces militants « ont scandé des cris tels que « l’Islam hors d’Europe » ou « la rue, la France nous appartient » et qu’ils ont commis des violences envers les forces de l’ordre.
Concernant la manifestation de dimanche, elle mentionne notamment les « risques sérieux de rassemblements de militants identitaires et ultra-nationalistes » et fait référence à celui organisé le 1er décembre à Paris, pendant lequel des saluts nazis ont été observés ainsi que des « chants anti-immigration ».
Les forces de l’ordre mobilisées sur le Marché de Noël
Elle pointe également l’annonce par le groupuscule d’extrême droite « Les Lansquenets » d’un rassemblement appelé « halte au massacre des Français » à Strasbourg, en même temps que la manifestation déclarée par Arthur Wolff.
Selon elle, ce rassemblement pourrait « véhiculer des propos ou des références, même indirects, de nature à mettre en cause la cohésion nationale ou les principes consacrés par la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen » et inciter à la haine, « notamment raciale ».
Comme systématiquement depuis novembre 2023, la préfecture rappelle la mobilisation déjà grande des forces de l’ordre pour sécuriser le Marché de Noël ainsi que la menace terroriste au niveau élevé. Elle conclut donc que ce rassemblement présente trop de risques de troubles à l’ordre public.